Les plantes que vous allez voir ne sont pas présentées de façon systématique ; c’est plus un récit de voyage où les souvenirs s’enchaînent au gré de nos pérégrinations, passant de Terre-Neuve à SaintPierre-et-Miquelon selon les espèces. 001 Saint-Pierre-et-Miquelon et Terre-Neuve ont de nombreux points communs, bien qu’étant des territoires d’échelles totalement opposées : Terre-Neuve fait 108 680 km 2 (510 000 hab. en 2006), St Pierre fait 25 km2 (5 509 hab. en 2006) et les deux îles de Miquelon et Langlade 205 km2 (616 hab. en 2006). 002a (internet) La géologie et le climat y ont façonné les mêmes paysages polis par l’érosion glaciaire. Ces îles, rafraîchies par le courant du Labrador, les vents et l’air marin omniprésent, abritent des espèces végétales assez semblables que l’on retrouve en général dans les trois provinces maritimes du Canada 002b (internet) (Nouveau-Brunswick, Ile-du-Prince-Edward et Nouvelle-Ecosse) ainsi qu’au Québec, jusqu’à des latitudes très nordiques. 003 Les zones côtières n’ont qu’une végétation basse et très rustique, devant résister aux vents violents et aux embruns salés. 004 Dès qu’on pénètre à l’intérieur du pays, la forêt boréale est parsemée de lacs, de tourbières et de marais. 005 La nature du terrain et les conditions climatiques sont très peu propices aux cultures. 006 Parfois (Terre-Neuve), un talus un peu plus élevé abrite des vents un petit carré de choux ou une bande de terre plantée de pommes de terre. 007 Ailleurs (St Pierre) le jardinier astucieux abrite son potager des vents marins. C’est à peu près tout pour les cultures ! La flore sauvage est assez riche et diversifiée. 008 Au bord des routes, on trouve en abondance la verge d’or Solidago canadensis associée à l’épilobe à feuilles étroites Chamerion angustifolium 009 Solidago canadensis (Astéracées) Tige (longueur 30-150 cm) grêle, bas glabre, quelquefois haut pubescente ; feuilles plus ou moins dentées, minces, trinervées, linéaires-lancéolées, glabres ou pubescentes sur les nervures de la face inférieure ; capitules petits (longueur 2-2.8 mm), unilatéraux sur les branches de l'inflorescence ; bractées linéaires. 010 Floraison estivale-automnale. Partout dans le Québec et les Maritimes. 130 espèces, reconnaissable par ses très petits et très nombreux capitules. Elle est employée dans la médecine populaire sous forme de tisane. Elle est cultivée comme espèce ornementale, et complètement naturalisée dans la vallée de la Loire. 011 Chamerion angustifolium (Onagracées) que l’on connaît tous. 012a On trouve aussi en abondance, au bord des plans d’eau et au bord des routes, 012b en milieu humide, en lisière de forêt : Sanguisorba canadensis (Pimprenelle). 013 Tiges de 30 cm à plus d’1 m, feuilles pennées, jusqu’à 12 paires de folioles. 014 Petites fleurs blanches en épis cylindriques hauts de 5 à 10 cm. De nombreux asters aussi bordent les routes et colorent le paysage. 015 Aster radula (Aster rude) Tige (longueur 10 cm-1,20 m) grêle, souvent ramifiée près du sommet ; feuilles basales pétiolées, les supérieures sessiles, dentées ; fleurs en capitules. Floraison estivale. Lieux humides, tourbières, roches acides. 016 – 017 Nous en avons trouvé d’autres espèces, en sous-bois et jusque sur les plages, mais n’avons pas toujours pu les identifier. « À la biologie générale, le genre Aster pose l'un des problèmes les plus épineux, celui de la variation. L'extrême variabilité des Aster se manifeste de plusieurs manières : par le passage insensible d'une espèce à une autre ; par la fluctuation à l'intérieur de l'espèce ; par les réactions profondes aux changements du milieu. Il semble que le genre soit en pleine évolution et que les espèces s'y forment actuellement, pour ainsi dire sous nos yeux. » 018 Les fleurs tubulaires de Symphyotrichum puniceum (aster ponceau) sont d’abord jaunes, puis deviennent pourpres. « Au moins 150 espèces pour l'Amérique du Nord. Ces plantes couvrent tout le continent américain, mais sont particulièrement nombreuses dans l'est des États-Unis. Ce genre est relié au genre Solidago par des transitions insensibles. La couleur des fleurs est le caractère qui sépare le plus nettement les deux genres. Le centre de dispersion des Aster est l'Amérique orientale tempérée, où le genre déploie à la fois le plus grand nombre de ses espèces, la plus grande profusion des individus, la plus grande variabilité, et atteint le maximum de taille et de beauté. » Un échange de mails avec l’université Memorial de St Jean de Terre-Neuve nous a permis d’identifier un aster des milieux humides Symphyotrichum novi-belgii qui colonise les rivages, les fossés et la partie supérieure des marais salés 1 019 dont voici 2 specimens : 020 Symphyotrichum novi-belgii_01 021 Symphyotrichum novi-belgii_03 Une autre astéracée est très commune, bien que n’étant pas native du continent, 022 Centaurea nigra Originaire d’Europe occidentale, elle est devenue un fléau en Gaspésie où elle envahit champs et terrains vagues. 023 Anaphalis margaritacea (Astéracées) Immortelle - Tige (longueur 30-100 cm) laineuse ; feuilles linéaires-lancéolées, sessiles, vertes, le plus souvent pubescentes supérieurement et laineuses inférieurement ; capitules (longueur 5-6 mm) en corymbe composé ; bractées blanches, finement striées. 024 Floraison estivale. Partout, souvent en association avec l'Epilobium angustifolium. C'est un remède populaire contre les brûlures. 025 Chelone glabra (Scrophulariacées) indigène (Galane) Tige glabre cylindrique ou à 4 angles peu marqués, de 30 à 90 cm. Fleurs groupées en épi court et serré, fin d’été et automne, corolle blanche à rose, lèvre supérieure bombée en forme de tortue d’où son nom. Lèvre inférieure légèrement trifide. Etamines et anthères velues. 026 Feuilles opposées lancéolées, dentées, à peine pétiolées. Terrain humide et frais, ombragé de préférence (photos faites de loin, car nous n’avions pas de bottes). Il en existe six espèces en Amérique du Nord. 027 (fleur : internet) Cornus canadensis (Cornacées) Le cornouiller du Canada ou cornouiller quatre-temps est une espèce herbacée, ligneuse seulement à la base. Les tiges portant les fleurs sont dressées et peuvent atteindre 20 cm. Les fleurs sont petites, verdâtres, formant un pseudocapitule entouré de 4-6 bractées (long. 8-18 mm) blanches, pétaloïdes. 028 Les feuilles simples, entières, ovales à fortes nervures sont en verticille de 4 à 6. Baies charnues rouge vif (diamètre de 4 à 6 mm), en glomérules, comestibles. 029 C'est une espèce couvrante caractéristique au Canada des forêts de conifères des Laurentides et des Maritimes. De nombreuses espèces se nourrissent de ses baies, notamment l'Orignal, le Tétras du Canada, les oiseaux chanteurs et les êtres humains (qui les consomment en général sous forme de gelée). 030 Le cornouiller, qu'on trouve dans les forêts nord-américaines, a besoin d'ombre et d'un sol humide dont la température ne dépasse pas 18º C. Ses graines doivent subir le gel de l'hiver pour germer. Les tapis de rhizomes peuvent survivre des dizaines d'années et même produire des plantes après des incendies de forêt. 031 Spiranthes romanzoffiana (Orchidacées) Spiranthe de Romanzoff (Hooded Ladies tresses) Orchidée à floraison tardive (fin juillet à fin août) c’est la seule orchidée que nous ayons pu voir. 032 (internet) Petites fleurs (1 cm) en épi odorant. Les sépales et pétales forment un capuchon audessus du labelle qui est incurvé vers le bas. Plusieurs feuilles basales linéaires-lancéolées. 033 Rares feuilles caulinaires étroites (5-6 mm). La plante est glabre, haute de 15 à 25 cm. Très commune dans les prairies côtières humides et les sous-bois de résineux, aussi bien à Terre-Neuve qu’à Saint-Pierre-et-Miquelon. 034 Rosa rugosa var. Scabra (Rosacées) Espèce introduite. Arbuste plus ou moins muni d'aiguillons. Fleurs solitaires ou en corymbe. Pétales grands, normalement cinq, parfois plus nombreux, dans les formes cultivées (fleurs dites doubles). Fleurs roses, grandes (diamètre 3-5 cm) ; fruit rouge, oblong ou pyriforme (diamètre 10-20 mm). Souvent échappé de culture aux environs des anciens jardins, comme des églantiers ici à Langlade : 035 Eglantiers à Langlade 036 Rosa eglanteria, rose ou blanche Autres rosacées très appréciées : 037Rubus idaeus (Framboisier) St Pierre 038 Prunus pensylvanica Terre-Neuve 039 Juniperus horizontalis Arbrisseau prostré, dioïque, toujours vert, aromatique. Feuilles persistantes en écailles bleu-vert sans nervure, étroitement imbriquées sur les tiges. 040 Le fruit est un cône en forme de baie bleue. 041 Couvre de vastes étendues d’où toute autre espèce est pratiquement exclue. Sols sablonneux bien drainés. 042 étang Il était un peu tard pour les Nymphéacées. 043 Ici une fleur tardive, sans doute de Nymphea odorata. 044 Linaria vulgaris Scrophulariacées « Butter and eggs » Linaire commune. 2 Plante introduite qui s'est très bien acclimatée dans tout le Canada. Serait toxique pour le bétail qui évite de paître là où elle pousse. Herbacée à tige souple (long. 10 à 80 cm), feuilles alternes (ou parfois opposées) lancéolées, 045 Fleurs de deux tons de jaune, avec un éperon tourné vers le sol, inflorescence en épis terminaux. Pousse en été et en automne (fossés, bords de routes). Le long éperon contient du nectar recherché par les insectes à trompe. 046 Linaria canadensis Espèce indigène, fleurs mauves 047 ou rayées de mauve. 048 Oenothera biennis (Onagracées) L'onagre est une bisannuelle qui se reproduit seulement par les graines. La première année, la plante forme une rosette. Les feuilles sont alors elliptiques, s'étendent au sol et possèdent des nervures centrales blanches qui changent graduellement au rouge. La deuxième année, une tige généralement poilue et tachetée de rouge émerge et porte des feuilles oblongues rougissant à la fin de la saison. La tige est rigide et se dresse parfois jusqu'à 2 mètres de hauteur. 049 La floraison s'étale de juillet à septembre. Les fleurs larges de 2 à 5 cm sont d'un jaune éclatant qui devient doré avec l'âge. Les fleurs se composent de 4 pétales jaunes et 8 étamines. C'est une plante qui fleurit en soirée et se referme au matin, d'où son nom anglais d'evening primrose. Les fleurs ont une odeur douce qui attire les papillons de nuit et les autres insectes nocturnes, particulièrement en début de floraison. 050 Les fleurs sont produites tout le long de la tige sur des rameaux et au bout de la tige. La tige s'allonge constamment et la plante produit de nouvelles fleurs jusqu'à l'automne. Les fruits sont des gousses allongées qui s'ouvrent en quatre parties. Sols sablonneux, alluvions, bordures de routes. Considérée comme mauvaise herbe dans certains états. 051 Euphrasia nemoralis (on trouve aussi E. nemorosa) (Scrophulariacées – Orobanchacées) Ce sont des plantes hémiparasites, assez petites (20 cm de hauteur au maximum). Les fleurs sont blanches stries violettes, avec une tache jaune sur le lobe du milieu. (« Eyebright ») 052 Les feuilles sont dentées, opposées. Prairies plutôt sèches. 052a Une autre scrophulariacée se trouve en lisière de forêt : Digitalis purpurea 052b avec sa corolle pétales soudés. 053 Hieracium aurantiacum (Epervière) - Herbacée vivace; tige couverte de poils, surtout au sommet (long. 20 à 80 cm), feuilles en rosette à la base de la tige, velues, longues et étroites avec un bout obtus, fleurs ligulées en capitules orange vif. Au sud et à l'ouest du Québec, l'épervière orangée envahit les pelouses et les champs vers le mois de juin. Elle envahit les terrains qu'on ne peut pas labourer, ses feuilles prenant la place de l'herbe et ruinant les prairies et les pâturages. 054 On la trouve en abondance dans tous les lieux ensoleillés : pelouses, champs, bord des routes. C’est un fléau dans certains secteurs où il est interdit de la laisser pousser dans les champs et pâturages. Les Québécois ne comprennent pas qu’elle puisse être protégée par des arrêtés officiels dans plusieurs départements de France ! 055a Iris versicolor (Iridacées) «Blue flag». 055b (internet) Emblème floral du Québec. 056 Grande fleur bleu violet rayée de jaune. Fleurit en fin de printemps, mais nous en avons trouvé encore fin août sur la côte sud de Terre-Neuve, dans des dépressions de terrain humides au-dessus de hautes falaises, en bordure d’océan, 057 alors qu’ailleurs d’autres plants portaient déjà des fruits. Il est très fréquent au Québec et dans les Maritimes jusqu’à des latitudes élevées (début de la taïga). 058 Lycopodium clavatum (Lycopodiacées) - Lycopode (mot-à-mot « pied-de-loup ») en massue. Tige rampant sur le sol (longueur 1-4 m), rameuse en zigzag, densément feuillée, sans fleur ; 059 feuilles linéaires terminées par une longue soie blanchâtre ; rameaux fertiles produisant de robustes pédoncules (long. 7-12 cm) portant un épi, ou le plus souvent plusieurs épis pédicellés et insérés à divers niveaux. Bois et taillis. De toutes nos espèces, celle-ci est la plus grande et la plus connue. 060 Elle est un objet de commerce pour les décorations de Noël. Sa souplesse et son imputrescibilité permettent de l'expédier en gros ballots, des forêts où elle croît, sur nos marchés urbains. Projetées dans la flamme, les spores brûlent instantanément en donnant une vive lumière (soufre végétal). Largement répandu et fréquent jusqu'à l'extrême nord du Québec (toundra arctique herbacée) et dans les Maritimes. 061 Linnaea borealis (Caprifoliacées) - Linnée boréale, Twinflower Tige rampante à rameaux aériens formant des tapis denses (jusqu'à 10 cm de hauteur) d'où émergent 3 de longues hampes florales portant deux fleurs. Feuille : opposée, presque ronde (1-1,5 cm de diamètre), épaisse, faiblement dentée au sommet. 062 Fleur : petite (1 cm), rose pale, en forme de trompette, estivale, réunies par deux sur un long pédoncule poilu. Habitat : sols frais et humides : parterres des forêts mixtes et résineuses, orées des bois et des tourbières. Largement répandue et commune au Québec (jusque dans la toundra arctique arbustive) et dans les Maritimes. Dans la lande sur les hauteurs de Saint-Pierre (hauteur relative : 207 m au Trépied) on rencontre 063 Jacobaea vulgaris aux feuilles pennées et aux corymbes d’un jaune d’or lumineux. Des découvertes récentes (2005) tendent à prouver que cette espèce (ainsi que d’autres) forment un genre Jacobaea, distinct de Senecio (ancien nom : Senecio jacobaea). 064a Il est toxique pour le bétail chez qui il cause la maladie de Pictou, grave et répandue en Nouvelle-Écosse (des alcaloïdes causent une cirrhose du foie irréversible (transmissible à l’homme s’il boit du lait de vaches malades). 064b Insectes et papillons apprécient cependant ses fleurs. 064c Senecio pseudoarnica qui fleurit en été le long des rivages maritimes n’est pas signalé comme toxique. 064d C’est une plante charnue à tige forte et très feuillée. En septembre, il était trop tard pour la cueillette des plate-bières (plaquebières) sur les hauteurs de St Pierre. 064e C’est une rosacée très appréciée, Rubus chamaemorus (ronce des tourbières, « chicouté » au Québec). Nous n’avons vu que les feuilles, la saison des fruits est passée ; nous les avons goûtées en confiture. 064f (internet) Chaque tige porte des feuilles et un seul fruit. 064g Les plants tapissent le sol, souvent mélangés à Cornus canadensis. 065 Bruyère Par endroits, la lande est colorée de bruyères 066 qui n’ont rien de différent des nôtres. On trouve aussi en abondance de petits buissons de « thé du Labrador » : 67 (fleur : internet) Ledum groenlandicum ou Rhododendron groenlandicum (Ericacées) Arbuste dressé (30-120 cm) à rameaux pubescents. Feuille allongée (2,5-7,5 cm), simple, alterne, persistante, à rebord enroulé. Dessus vert jaunâtre, 68 dessous brunâtre et pubescent. Feuillage odorant. Fleur blanche, en ombelle, printanière. Nous en avons cependant vu quelques-unes, 69 petites, en forme d'étoiles (1 cm), regroupées en ombelles. 5 pétales, parfois 4, blancs allongés, arrondis au sommet et étalés. Calice minuscule, à peine visible, blanc verdâtre, 5 à 10 étamines (généralement 5,6 ou 7) dépassant les pétales. 70 Pistil muni d'un long style dépassant la corolle et terminé par un stigmate minuscule. Le fruit est une petite capsule suspendue à un long pédoncule. Habitat : sols frais et généralement humides : tourbières, forêts claires de conifères, lisières des bois frais, tourbeux ou sablonneux, coupes forestières. 71 Largement répandu et commun dans tout le nord du Québec (jusque dans la toundra arbustive) et dans les Maritimes. Fraîches ou séchées, les feuilles, les fleurs au printemps, les feuilles infusées pendant 5 à 10 mn font une tisane de couleur jaunâtre. Les Amérindiens utilisaient le lédon pour toutes sortes de soins. Et l’infusion était excellente… 072 Sur les hauts de St Pierre, les étangs sont nombreux et les tourbières abondent. 073 Les « chemins de bois » sont bien entretenus. 074 Il est plus prudent de les suivre ! 075 La moindre mare abrite des hôtes pas très sympathiques ! Une flore très particulière s’épanouit dans ce secteur. 076 avec bien sûr la linaigrette Eriophorum vaginatum (Cyperaceae) mais aussi des plantes moins connues, comme Sarracenia purpurea, Sarracénie pourpre (Sarraceniaceae). Le genre compte une dizaine d’espèces, toutes indigènes. 077 nommée d’après le naturaliste français Michel SARRAZIN. Elle fut choisie par la reine Victoria pour graver le premier penny de Terre-Neuve et elle est devenu l’emblème floral de l’île. Localement on l’appelle « pitcher plant » : plante pot-à-eau. 078 Les fleurs, pendant comme un lampadaire au sommet d’une haute tige robuste (jusqu’à 35 cm et Ø 5 mm), émergent d’une rosette de grosses feuilles en forme de cornet. 4 079 Ces plantes vivent dans un milieu où elles trouvent peu de nutriments. Les feuilles se remplissent d’eau de pluie, rosée ou brouillard. Les petits insectes se font piéger, attirés par la belle couleur de la plante. 079a Les feuilles coriaces et cireuses forment un cornet à col resserré, allongé (jusqu’à 16 x 4 cm) et courbé vers le haut. Le dos est terminé par une collerette à bordure ondulée couverte de longs poils raides et blancs dirigés vers le bas, interdisant la remontée. 080 Pour l’insecte aventureux, c’est la glissade puis la noyade assurées ! Une lèvre rouge borde l'autre côté de l'ouverture, d’où naît une aile large qui longe la feuille jusqu’à sa base. Les feuilles sont vert acide teintées de rouge différemment réparti d'une feuille à l'autre, mais surtout sur les nervures (qui évoquent des vaisseaux sanguins), les bordures et les gaines. 081 (internet) Les fleurs, que nous avons trouvées dans un état bien avancé, n’avaient plus de pétales. Elles sont grandes (5 cm), rouge foncé, solitaires. Il y a cinq pétales de peu de durée, presque deux fois plus longs que larges et divisés en deux parties par un étranglement ; la plus grande partie arrondie au sommet, plus pâle au revers, d'abord refermée sur le pistil et les étamines, puis pendante; la base du pétale est de couleur crème. 082 Cinq sépales (4 x 3 cm) arrondis, plus larges vers la base, d'un rouge luisant, vert pâle à l'intérieur accompagnés à la base de 083 trois petites bractées bombées de même couleur et texture que les sépales. 084 (internet) Etamines nombreuses formant une couronne autour de l'ovaire; filet crème, anthères jaunes. Le pistil crème est formé d'un ovaire gonflé (1cm), 085 et d'un large style (Ø 4 cm) en forme de parapluie renversé à 5 pointes et 5 stigmates minuscules dissimulés au bout et sous les pointes du style. 086 Le fruit est sec, vert rugueux et bosselé rond (1,6 cm) et dissimulé sous le parapluie du style persistant. Il a cinq loges s'ouvrant par cinq fentes longitudinales. Les sépales sont également persistants. Ici un fruit de l’année précédente. Il y a aussi en abondance : 087 Drosera rotundifolia (Droseraceae) Drosera à feuille ronde ou Rossolis - Plante de petite taille (~10 cm), dont les feuilles sont recouvertes de sortes de « poils » mous rouge vif se terminant par de petites glandes visqueuses. 088 Nous n’avons pas vu de fleurs, petites et blanches au bout d’une hampe (10 cm) qui se déroule comme une crosse de fougère. Elles ont 5 pétales arrondis et 5 étamines minuscules. Le pistil est formé d’un ovaire vert en forme d’œuf et de trois très petits styles blancs, allongés et divisés en deux. 089 Les feuilles sont en touffe, petites (7-8 mm) avec une tige de 2-3 cm. Elles portent deux sortes de glandes : celles du pourtour ont un long pied et servent à la capture, celles du centre à pied très court ou sans pied secrètent les liquides digestifs. 090 Il parait que l’on dénoue les maléfices en portant au cou un bouquet de drosera cueilli le 23 septembre au soleil levant, accompagné d’armoise ramassée le 24 juin à la même heure, sans oublier un brin de gui. 091 Bien utilisé, le drosera sert aussi à se faire aimer de la femme que l’on désire, mais on a perdu le détail de la recette ! 092 (internet) Utricularia cornuta indigène. (Lentibulariaceae) Nous avons rencontré l’Utriculaire cornue, presque les pieds dans l’eau. Peu de photos réussies car de trop loin ! Nous n’avons pas vu la partie souterraine qui porte les utricules, petits sacs transparents. Par contre on ne peut pas manquer la fleur d’un jaune éclatant. Les fleurs sont petites (1,5 cm) rassemblées généralement par 2 ou par 3 à l'extrémité de la tige (qui ne porte pas de feuille, parfois quelques minuscules bractées. 093 Corolle entièrement jaune, en deux parties formant une gueule. La lèvre supérieure est bombée à la base, dressée au sommet, rappelant l’étendard des fabacées. La lèvre inférieure est prolongée à sa base par un éperon pendant (env. un cm). C’est une plante peu fréquente, elle pousse sur les rivages sablonneux ou vaseux des lacs et tourbières. Dans ce dernier habitat, elle préfère nettement les tapis flottants situés sur le pourtour des mares ou des lacs tourbeux. Autre curiosité qui ressemble à des « broches à tricoter » piquées dans l’eau, Eriocaulon aquatique 094 Eriocaulon aquaticum (Eriocaulaceae) C’est une herbacée plutôt petite (20 cm) mais elle peut atteindre 1 m en eau profonde. Les feuilles sont en rosette au fond de l’eau. La tige (Ø 1 mm) est sans ramification, ni poils, ni nœuds mais présente des cloisons transversales. L’inflorescence est un capitule bombé de 0,5 à 1 cm, comprenant de nombreuses fleurs minuscules. 095 Certains étangs en sont couverts. 5 Toutes ces plantes de milieux humides vivent au milieu des sphaignes, omniprésentes sur ce plateau qui domine l’île de St Pierre : sphaigne brune en particulier Sphagnum fuscum (Sphagnacées). 096 Le nom latin signifie mousse. Herbacée de petite taille (environ 10 cm), la sphaigne croît en hauteur indéfiniment, tout en se décomposant lentement par la base. Elle forme ainsi d'épais tapis de tourbe (partie morte de la sphaigne, atteignant souvent plusieurs mètres d'épaisseur très denses et gorgés d'eau, sauf par temps de grande sécheresse). 097 Petite comparée à d'autres espèces, elle se distingue par son diamètre qui excède rarement 1 cm, par sa couleur nettement brune (exceptionnellement teintée de vert au sommet) et du fait qu'elle forme des buttes très denses et un peu plus sèches par rapport au reste de la tourbière. En moyenne ces buttes s'élèvent de 20 à 60 cm au-dessus de la nappe phréatique. (Elle préfère les lieux plutôt secs des tourbières) les sphaignes se reproduisent au moyen de spores contenues dans les sporogone (qui sont des capsules). 098 Les sphaignes retiennent de 10 à 25 fois leur poids sec en eau et échangent des ions hydrogène contre des cations, rendant le sol acide ce qui facilite leur propre développement. Dans ce milieu acidifié la matière organique se décompose très, très lentement. La tourbe sert de combustible, même à grande échelle (URSS). Avec la tourbe on calfeutre, on isole, on rembourre. Elle peut servir à la restauration de sites pollués en absorbant des huiles répandues accidentellement et en ramassant ou filtrant des polluants chimiques. 099 Le Canada occuperait la 3e place au niveau mondial avec 9% des réserves après la Finlande 10% et surtout l'URSS 61%. Différents peuples utilisèrent ces mousses. Leur grande capacité d'absorption et la stérilité relative que leur confère leur acidité en faisaient les couches et les serviettes sanitaires idéales des Inuit et des Amérindiens. Les lapons en remplissaient les berceaux gardant bébé propre, au sec et au chaud. 100 Pendant la première guerre mondiale, ces mousses remplaçaient le coton absorbant dans les pansements car celui-ci était rationné pour la fabrication de la poudre à fusil ! Quel paradoxe ! Il y a de nombreuses autres mousses et lichens que nous n’avons pas identifiés, en voici quelquesuns, lichens terrestres ou épiphytes, mousses terrestres ou aquatiques : 101 – 102 – 103 – 104 – 105 - 106 La bande côtière, à la limite des marées, est occupée par des plantes spécifiques que l’on trouve à Terre-Neuve comme à Saint-Pierre-et-Miquelon : 107 Lathyrus japonicus ou maritimus - Gesse maritime, pois de mer (Fabacées). Herbacée vivace à rhizome, de taille moyenne (longueur 60 cm, hauteur 30 cm sauf quand elle s'appuie sur une autre plante pour grimper). Remarquable pour ses fleurs mauves de type papilionacé, elle forme des touffes d'aspect buissonnant et dégage une odeur de pois. Feuilles alternes terminées par une vrille, bleuâtres et à revers un peu plus pâle 108 Fleurs roses et blanches devenant violettes en vieillissant, réunies en 2 à 3 grappes courtes (3 cm) à l'aisselle des feuilles. Sépales soudés en tube à 5 dents inégales : 2 courtes, 2 moyennes, 1 longue. 5 pétales inégaux ; 10 étamines dont 9 soudées par le filet. Les fruits sont des gousses semblables à celles des pois cultivés mais plus petites (6 x 1 cm) s'ouvrant par une fente contenant environ 7 graines assez grosses (0,5 cm) rondes et lisses, d'abord vertes et devenant brunes. Elle pousse sur le sable des dunes et des cordons littoraux, sur les graviers des plages et parfois sur le bas des falaises, mais hors d’atteinte de la mer et des embruns salés. 109 Elle contribue à retenir le sable des dunes, ses longs rhizomes courant à quelques centimètres sous la surface et aussi en profondeur. Comme beaucoup d'autres légumineuses, elle porte des nodules sur ses racines. Les Inuit de l'Alaska faisaient rôtir les graines pour en faire un café. Au printemps de 1632, ayant passé l'hiver à la baie qui porte son nom, le capitaine JAMES et son équipage se rétablirent du scorbut grâce aux pousses de cette gesse. En 1555 après un hiver de grande famine, les Anglais affamés découvrirent cette plante comme une manne printanière et crurent à un miracle, personne ne l'ayant bien observée auparavant. On la trouve souvent accompagnée de la Smilacine étoilée maritime : 110 Smilacina stellata var. crassa (Liliacées) indigène Herbacée vivace à long rhizome, de petite taille (25 cm). Robuste, raide et bien droite, avec des feuilles rapprochées dressées et parallèles, remarquable par ses jolis fruits rayés. Forme des petites colonies. Tige dressée non ramifiée, verte. Feuilles alternes, allongées (7 x 3 cm) à base embrassante, sans dents mais bordées de quelques cils qui rendent le pourtour un peu rude à rebrousse-poil, à nervures nombreuses et parallèles ; 111 Les feuilles sont épaisses, raides, charnues et luisantes ; le revers est un peu velouté grâce à des poils très courts visibles à la loupe. Fleurs blanches, réunies en une grappe d'une quinzaine, longue 6 de 4 cm au sommet de la plante. Fruits : petites sphères (1 cm) surmontées d'un court bec (0,5 mm) et portées par une queue (0,4 cm) ; jaune pâle avec six stries, 112 devenant rouges à maturité (y compris la chair), puis brun, contenant de 4 à 6 petites graines blanches presque rondes. La Smilacine étoilée maritime pousse en bordure de mer sur des substrats à particules grossières : sable des dunes et des cordons littoraux, graviers des plages, falaises. Elle accompagne souvent la gesse maritime. Le même habitat abrite aussi la Mertensie maritime (Boraginacées) : 113 Mertensia maritima - Herbacée vivace, peu élevée (10 cm) rampante (longueur 50 cm), remarquable par sa texture charnue et surtout par la couleur bleu gris, teintée de rouge violet, des tapis qu'elle forme au ras du sol. Une couche cireuse qui s'enlève au toucher (pruine) confère ce bleu gris à toute la plante par ailleurs totalement glabre. 114 La tige est déposée sur le sol, ne s'enracinant pas aux nœuds, plusieurs partant d'un même point et rayonnant dans différentes directions. La plante est ramifiée vers l'extrémité seulement au niveau de l'inflorescence. 115 Fleurs nombreuses, petites, bleues teintées de rose, portées par une longue tige (1,5 cm) groupées par 1 à 5 à l'aisselle des feuilles supérieures, avec une corolle en tube. Elle croît en bordure des eaux dont la salinité dépasse 1,7% (eaux dites salées), sur des plages de cailloux, de galets, de fragments de schistes ou de graviers, parfois de sables et à l'occasion dans les anfractuosités de rochers. Très dispersée, elle colonise le haut des plages, à la limite des marées. 116 Aux îles Saint-Pierre et Miquelon, cette plante s'employait contre les rhumatismes et les ecchymoses. Elle ne ressemble à aucune autre plante de sa famille qui sont pour la plupart fortement poilues (consoude, myosotis). Les feuilles charnues et la pruine traduisent son adaptation à l'habitat maritime. Les feuilles charnues lui permettent de mieux emmagasiner l'eau, élément faisant souvent défaut sur les grèves de cailloux qu'elle fréquente. La pruine diminue l'évaporation et la transpiration. 117 Les Inuit de l'Alaska en consommaient les parties souterraines et les feuilles ont un goût d'huître (« oyster leaf »). Il vaut mieux manger des yeux seulement cette plante peu abondante. Cette zone limite entre terre et mer est aussi le terrain du Caquillier édentulé 118 Cakile edentula (Brassisaceae) « sea-rocket » : fusée de mer (à cause de la forme particulière de ses fruits). Introduit d’Europe. C’est une des rares plantes qui pousse sur le sable nu des plages ou les cailloux des grèves. Pehr Kalm, 1749, rapporte que la racine (pourtant petite) réduite en poudre servait à compléter la farine en cas de pénurie. « C’est une curiosité de la Providence du Créateur à qui il a plu de mettre cette plante et d’autres sur les rivages à l’intention des marins qui sont souvent atteints de scorbut et qui peuvent ainsi en trouver aisément le remède. » Au Labrador, le caquillier est mangé comme légume cuit. 119 Herbacée annuelle de petite taille (25 cm) ; plante charnue à odeur et saveur prononcées rappelant le raifort ; allure en boule ; remarquable par la forme des fruits et par les caractères des dents qui bordent les feuilles. 120 Jolies petites fleurs blanches ou mauve pâle, rassemblées en grappe d'une trentaine à l'extrémité des rameaux et ne fleurissant pas toutes à la fois. Les fruits sont allongés (2 x 0,7 cm), à 2 sections, celle du haut, plus grosse et terminée par un bec (0,4 cm). 121 La dispersion des graines du segment supérieur se fait par le vent et par les vagues qui les transportent sur de longues distances. Celles du segment inférieur tombent sur place, le vent déracinant et enfouissant les plantes. J’ai gardé pour la fin la plante qui sera pour nous le « coup de cœur » de Terre-Neuve : Monotropa uniflora (Ericaceae, autrefois Monotropaceae) 122 Monotrope uniflore, Indian pipe ou Ghost plant. C’est une espèce indigène qui vit en symbiose avec un champignon (mycorhize) Tige dressée (10-18 cm), cireuse, charnue et blanche, dépourvue de chlorophylle. 123 Emergeant du sol en groupe, le monotrope est d'abord incurvé puis la hampe florale se redresse. Il noircit après la fructification. Feuilles en écailles serrées le long de la tige. 124 Fleur terminale cireuse, solitaire et penchée, estivale. Fruit : capsule ovoïde dressée. Habitat : sols frais, parterres de forêts mixtes et de conifères, d’un bout à l’autre du Canada. 125 Fréquent au Québec et dans les Maritimes, jusqu'à la limite de la forêt boréale à 52° de latitude. La plante noircit là où on la touche. Les Indiens Pieds-Noirs utilisaient le monotrope uniflore pour soigner les blessures, et divers groupes autochtones s'en servaient pour traiter les convulsions et les crises d'épilepsie. 7 J’aurais pu encore vous parler des arbres, des baies nombreuses et variées qui font d’excellentes confitures, des champignons… Mais je n’ai pas approfondi tous ces domaines. Merci de votre patience. 8