Il y a les nourritures du corps, et celles de l’esprit. En ces lieux, le Chef s’efforcera de vous procurer les premières selon vos désirs ; les lignes suivantes, Cher Ami touriste curieux de notre Cité, et à nous autres, vivant au « PAÏS » apporteront peut-être autre chose. Voici quelques informations sur la petite ville chargée d’histoire et d’histoires, où vous avez fait choix de vous arrêter, doublées de la version écoutée aux portes de la légende, relayée par une sensibilité subjective. Un peu de géographie, VIVIERS est idéalement située sur la rive droite du Rhône, à la porte de la Provence, assez bien protégée des vents du nord par la colline de Lafarge, et des vents du sud par le défilé de DONZERE, (y voir le Pont du Robinet). Quelques rochers épars servent de promontoires aux statues de Saint Michel, terrassant le dragon (la peste noire en 1348), de la Vierge, dite de la Joanade (réf. à St Jean), aux ruines de Saint MARTIN, et le plus important d’entre eux, sur lequel fut édifiée la Cathédrale Saint VINCENT, dès le 2ème siècle, puis la Ville ancienne blottie sur son flan, alors enserrée de ses remparts. Le RHONE et la voie terrestre parallèle, voie de VALENTINIEN du temps de ROME, et RN 86 aujourd’hui, ainsi que la vallée de l’ESCOUTAY, D107, grande pénétrante dans le MASSIF CENTRAL, ont de tous temps, fait de VIVIERS un lieu de passage, et un carrefour. Jusqu’au 19è siècle, Le PONT ROMAIN, datant probablement du règne d’ANTONIN LE PIEUX (2ème siècle de notre ère), restauré au fil du temps, et encore praticable de nos jours, était le seul lien entre les deux rives de l’Escoutay , et le passage obligé pour se rendre vers le Centre Centre Ouest. Il se compose de 11 arches, mesure 100 m de long, et offre toutes ses aises à la rivière de type cévenol (c’est à dire à régime torrentiel), en cas de crue ! L’ESCOUTAY charrie en ses eaux des galets calcaires, provenant du versant sud de sa vallée, et du basalte, venant des affluents qui entaillent la coulée volcanique du COIRON, au nord. Le climat de type méditerranée, y autorisa la culture du mûrier, avec production de soie, de l’olivier avec production d’huile, de la lavande avec ses distilleries, toutes quasi abandonnées, au profit de la vigne (A.O.C. VIVARAIS, depuis Mai 1999). Un peu d’élevage caprin, pour nos Picodons ! et 3 vaches, pour nos excellents fromages de VALVIGNERES ! Une grande tranche, près de 2000 ans d’HISTOIRE : A l’époque romaine, le sud Ardèche (l’Ardèche Rhodanienne Méridionale) s’appelait HELVIE , et sa capitale était la Cité d’ALBA, à 13 km d’ici. C’est ainsi que sur la voie de VALENTINIEN, passèrent successivement en remontant jusque en –600 : les Grecs, commerçants et civilisateurs fondateurs de MARSEILLE empruntant la Vallée de l’Escoutay pour se rendre aux Iles CASSITERITES, en CORNOUAILLE (Iles SCILLY ?) pour y chercher l’étain. Le cuivre de CHYPRE, allié à l’étain des îles CASSITERITES, (aujourd’hui disparues) furent à l’origine des plus belles pièces de bronze de l’époque. La vallée de l’Escoutay était l’une des routes de l’étain ! en –207 HASDRUBAL comptant plusieurs milliers de Celtes enrôlés à ses côtés, allant en Italie prêter main forte à son frère HANNIBAL (il y périt). Puis errant par là, les Cimbres et les Teutons qui en - 105 s’en allaient livrer bataille à Marius près d’Orange. On assiste en – 52 au défilé d’une partie des légions de CESAR allant vers ALBA collaborer avec les Helviens et partir conquérir la GAULE. Peu après, on tombe en admiration devant les chariots chargés de marbre destiné à parer ALBA, qu’AUGUSTE élève alors au rang de Cité. ALBA est la capitale de l’HELVIE, et toujours la vallée de l’Escoutay est empruntée, comme grande communicante, et reliante. Peu avant la fin de ROME (476), les envahisseurs barbares, VANDALES, ALAMANS, WISIGOTHS ardents défenseurs de l’arianisme (ARIUS 256-336) mettent plusieurs fois ALBA à sac. C’en est trop pour AUXIONUS, l’évêque de l’époque, qui pour des raisons économiques, mais aussi stratégiques, décide de transférer son siège d’ALBA à VIVIERS, vers 475. Le cortège emprunte la vallée de l’ESCOUTAY, mais cette fois en sens inverse, sans fastes ni ors., VIVIERS était alors le vivarium de la Cité administrative (poissons, écrevisses, …) véritable garde-manger sur pied, il fallait nourrir les garnisons! Et toute la population, plusieurs milliers d’habitants, peut-être quelques dizaines de milliers. Cet événement n’est pas un déplacement banal, il est en fait l’événement fondateur de notre Cité. A VIVIERS, depuis son rocher, l’Evêque pouvait alors faire surveiller la vallée, et faire face aux assaillants. Nous avons depuis à VIVIERS un Evêque, et le VIVARIUM est devenu VIVIERS, qui donnera son nom à la province tout entière, le VIVARAIS. La vallée de l’ESCOUTAY, trait d’union entre l’ancienne et la nouvelle devient la « route des deux capitales », la route de la naissance, de la reconnaissance ! De plus grandes facilités de communication facilitent alors le développement du commerce, avec en parallèle son cortège d’invasions. Les grands envahisseurs barbares, dont les BURGONDES, qui seront nos maîtres de 453 à 534. L’une d’elle CLOTHILDE, chrétienne, épousera CLOVIS (465-511) roi des Francs, qui se convertira ; ainsi naîtra l’occident chrétien. Puis viennent les FRANCS. Parmi eux, REMIGIUS (St REMI, qui baptisa CLOVIS le 25 décembre 498) venu rendre visite à l’évêque (JEAN ?), il rencontre aussi l’ermite St MONTAN. Il est lui même contemporain de St OSTIAN. L’on peut visiter les deux chapelles qui perpétuent leur souvenir, la chapelle St OSTIAN est à deux pas d’ici (en bordure d’une parcelle de vignes ), en arrière de nous sur la colline. En 515, à notre grand étonnement VENENTIUS, fils du roi des BURGONDES, SIGISMOND, devient évêque de VIVIERS ( 515 à 535). Il dotera le diocèse de monuments et de richesses. On lui doit la magnifique église, dont les vestiges furent découverts en 1987 par l ‘entrepreneur chargé des travaux d ‘échange Evéché/Hôtel de Ville. Le site recouvert s’apprête aujourd’hui à tomber dans l’oubli, ignoré de la plupart des vivarois ! Puis vinrent les SARRASINS, qui font plusieurs aller-retour dans la vallée du RHONE, infiltrent les vallées latérales, et finissent par être battus en 737 par CHARLES MARTEL, lors de la bataille dite de VIVIERS, puis à nouveau en 739. C’est alors qu’éclate une querelle avec l’évêque ARCONCE, que CHARLES MARTEL fait assassiner. Le nom des Sarrazins se perpétue dans un quartier qui surplombe l’ESCOUTAY. CHARLEMAGNE le petit fils de CHARLES MARTEL emprunte lui aussi, le même chemin pour la même cause. LES NORMANDS quant à eux ont des difficultés à naviguer sur le RHONE ; ils ne s’y attardent pas. Au début des années 1200, les hordes nordiques de SIMON DE MONTFORT s’en vont massacrer les CATHARES (albigeois), avec la bénédiction du pape, et de notre roi très chrétien. C’est l’époque des Prince-Evêques très riches, grâce en particulier à l’argent des mines de LARGENTIERE. VIVIERS est alors au point de vue des revenus le 13è évêché d’une France qui en comptait plus du double qu’aujourd’hui. Voici la guerre de 100 ans, et son cortège de misères, de pillages, et de destructions provoquées par les mercenaires sans solde, les BOURGUIGNONS, et même les BRETONS du pape CLEMENT VII, et les armées du roi. A cela, s’ajoute la grande peste de 1348 qui fait d’énormes ravages. « VIVIERS est moult despopulé et comme destruit » RENAISSANCE ET REFORME. VIVIERS voit arriver sur son siège épiscopal un certain JULIEN DE LA ROVERE ( GIULLIANO DELLA ROVERE 1443-1513), qui semble peu intéressé, car la papauté en effet lui tend les bras. Il deviendra JULES II, construira une grande partie de ST PIERRE DE ROME, et décorera la chapelle SIXTINE (entre 1510 et 1513). VIVIERS sera marquée par un autre personnage : Noël ALBERT, bailli de l’évêque de VIVIERS. Enrichi par le commerce du sel, il se fait construire un magnifique hôtel particulier renaissance dit, de nos jours à tort, « Maison des CHEVALIERS » appelons la plutôt, « Maison des TETES ». On ne passe pas à VIVIERS sans aller en admirer la façade. Mais il adhère à la réforme protestante, prend la tête d’une troupe, fait démolir la voûte de la cathédrale tout juste restaurée, pille les trésors, et brûle de nombreuses maisons. Il sera exécuté à TOULOUSE en 1568. L’Evêque CLAUDE DE TOURNON fait démolir une partie de la Cathédrale qui datait du XI ème siècle, et la fait rebâtir avec un cœur gothique. La voûte détruite est remplacée par une charpente, en attendant l’actuelle. Et c’est ainsi que l’on marie le Roman au Gothique Flamboyant ! Le XVIII ème siècle nous gratifie de nombreuses et belles constructions. Le Palais Episcopal devenu Hôtel de Ville en 1986, par échange avec l’Hôtel de ROQUEPLANE voisin, de même architecture, mais mieux adapté aux besoins réciproques. C’est au XVIII ème siècle que la Cathédrale est achevée. Construction de NOTRE DAME DU RHONE avec toujours les mêmes voûtes en marqueteries de pierre signées JEAN BAPTISTE FRANQUE ET SES FILS. Construction du Grand Séminaire, et de plusieurs autre hôtels particuliers disséminés dans la Ville. La REVOLUTION ne produira que peu de dégâts dans VIVIERS, probablement grâce à son Evêque. CHARLES LAFONT DE SAVINE, prélat d’opérette, imbus des « lumières » qui sera l’un des quatre évêques qui prêtèrent le serment constitutionnel. Avoir un évêque jureur fut un bon passeport pour la sauvegarde de VIVIERS. La Cathédrale fut même peinte en tricolore ! Cet Evêque dérangé cérébralement fera amende honorable, il mourût misérablement. Et VIVIERS , avec des hauts et des bas, parviendra à conserver intact son patrimoine architectural et artistique, celui-là même qu’il vous est permis de voir de nos jours. VIVIERS se cache derrière ces siècles d’histoire, se cache sur son rocher, on la dirait timide de ce qu’elle est, alors nous tous admirateurs soyons fiers d’elle, et œuvrons pour sa lumière. Elle est en RHONE-ALPES, classée troisième secteur sauvegardé. L’INDUSTRIE Savez-vous que le développement de notre Cité est très intimement lié à l’activité cimentière ? Elle a vu le jour dans le courant du 19 ème siècle. A cette époque, un certain Monsieur PAVIN arrivait à VIVIERS, où il exploita la colline de Lafarge. Outre le ciment, se sont fabriqués dès les années 1851, (ou 59), les carreaux de mosaïque faits de ciment teinté et compressé. Ils servirent très probablement à habiller les sols des 3 châteaux des 3 fils de Monsieur PAVIN. Fierté de la Cité, avant que le brevet ne tombe dans le domaine public, et que les pays à la main d’œuvre « bon marché » ne s’en approprient la fabrication, (milieu du siècle dernier). Ces carreaux sont l’identité de cette Cité, ont peut les voir de partout dans nos commerces, boulangeries, restaurant… On les voit beaucoup plus ornant les murs de la Médina que dans nos maisons ! Et pourtant, leur origine est là, à VIVIERS, où bien souvent, témoins d’une époque difficile à vivre, ils ont été cachés, par une dalle, un parquet, un lino… Ils sont maintenant devenus très « tendance », et on se les arracherait avec leurs histoires, (peut-être). Même pas un espace à VIVIERS pour retracer cette œuvre. Des histoires, VIVIERS en a certainement beaucoup à raconter, où sont les conteurs, rapporteurs d’anecdotes ? de celles là même qui nous enrichiraient. Que sont devenus les témoins du passé, et pourquoi ne pas les inviter à nous initier. 2000 ans d’histoire qui partent, laissant indifférents trop d’esprit. Non, pas tous les esprits ! Merci