COURS 8 12. CLAQUAGE DES ISOLANTS On appelle claquage la perte subite de la propriété isolante d’un diélectrique soumis à un champ électrique, manifesté souvent comme une modification irréversible du diélectrique La rigidité diélectrique Ec est la valeur maximale du champ auquel peut être soumis un diélectrique, sans apparition d’un claquage. Le claquage est caractérisé par l’apparition brusque d’un courant électrique intense dans un isolant. La décharge électrique désigne le passage du courant dans un isolant, lors d’un claquage. On appelle décharge partielle les décharges ne reliant pas directement les électrodes. Elles sont localisées au voisinage des électrodes et au voisinage des discontinuités où le champ est inhomogène. La rigidité diélectrique d’un matériau dépend des conditions de détermination expérimentale : la pureté et la forme géométrique de l’échantillon, la fréquence et la durée d’application de la tension électrique, les caractéristiques physiques (température, pression, humidité, conductivité électrique et thermique) du milieu environnant, la nature et la forme géométrique des électrodes. Les essais pratiques pour la détermination de la rigidité diélectrique se déroulent selon des procédures précisément définies pour garantir une certaine représentativité aux résultants obtenus. Le claquage détériore définitivement la plupart des isolants solides par l’effet Joule. Seulement les gaz recouvrent très rapidement ses propriétés isolantes après l’interruption de la décharge. A. Claquage des gaz Dans un volume de gaz, les électrons libres fortement accélérés sous l’action d’un champ électrique intense sont susceptibles de produire par leurs chocs avec les molécules du gaz des électrons et ions positifs en avalanche et des ions négatifs dans les gaz électronégatifs. Une avalanche d’électrons se développe par le suivant mécanisme : un électron libre initial dans le volume de gaz est accéléré dans le champ électrique extérieur et cède à un atome pendant l’impact une partie de son énergie. L’électron continue d’être accéléré. Après plusieurs tels impacts, l’électron accumule l’énergie wi qui, fourni à un atome, réussit arracher un électron. Les deux électrons continuent d’être accélérés et après n impacts ionisants le nombre d’électrons créés est 2n. L’énergie wi nécessaire pour l’ionisation d’un atome de gaz s’appelle énergie d’ionisation. La plus complète théorie, la théorie de Townsend, détermine la tension de claquage Uc pour un gaz trouvé entre deux électrodes plans et parallèles de surface étendue, situés à la distance d et alimentés avec une tension continue. On considère que l’électron ne cède pas d’énergie par choc si son énergie est w < wi (impact nonionisant) et la vitesse est nulle après chaque impact. Un choc ionisant avec la création d’un électron secondaire se produit si l’énergie de l’électron devient w > wi. On considère aussi que les ions positifs n’ont pas une vitesse suffisante pour provoquer des ionisations par choc du fait de leur masse supérieure. 1 8 En notant avec a le parcours moyen ionisant (égal avec la distance d’entre deux chocs ionisants successifs) on peut écrire : q0 E a wi (8.1) E a Ui (8.2) où : représente le potentiel électrique d’ionisation. On définit le premier coefficient d’ionisation α comme le nombre des chocs ionisants produits d’un électron sur l’unité de longueur de son parcours. Le coefficient α a l’expression : 1 a α ~ exp ~ l l (8.3) ~ Dans un gaz le parcours libre moyen l 1/p , p étant sa pression, on peut écrire le coefficient α en fonction de grandeurs macroscopiques. Avec les relations : 1 ~ A p , B A U i l (8.4) B p A p exp E (8.5) et (8.2) s’obtient : où A et B sont constantes. En exprimant le champ électrique E en fonction de la tension appliquée aux électrodes (E=U/d) l’expression du coefficient α devient : B pd A p exp U (8.6) La relation (8.6) se vérifie expérimentalement pour certaines valeurs des constantes A et B. On peut trouver expérimentalement une expression de la forme =(U/p) plus générale. Le courant des électrons à la distance x de la cathode est donné par : ie(x) = ie(0) exp [α x] (8.6) où ie(0) est le courant électrique à la cathode. Donc, le courant entier est : i = ie(0) exp [α d] (8.7) et le courant de charges positives (ions positifs) à la distance x de la cathode vaut : 2 8 ig(x) = i– ie(x) (8.8) Les ions positifs atteignant la cathode arrachent des nouveaux électrons par collisions. On note avec la fraction des électrons arrachés par l’impact d’un ion. Donc le courant d’électrons à la cathode devient ie 0 et avec (8.7) le courant entier prend la forme : i ie 0 γi ie (0)expα d (8.9) ie 0 exp α d 1 γ (exp α d 1) (8.10) d’où s’obtient : i Avec la condition de claquage (décharge autonome) i , tenant compte de (8.6) on obtient l’expression de la tension de claquage: Uc Uc B pd A p d ln ln 1 1 (8.11) Cette relation, appelée la loi de Paschen est représentée graphiquement dans la figure (8.1). La dépendance de la tension de claquage Uc p.d du produit de la pression p du gaz par la distance Fig. 8.1 d séparant les électrodes est vérifiée expérimentalement jusqu’à p.g< 200 torr.cm. Il résulte que la tension de claquage augmente avec la pression du gaz, (une conclusion utilisée en technique). En champ électrique nonuniforme Uc a une valeur plus réduite que celle donnée de (8.11). En champ alternatif Uc augmente avec la fréquence. B. Claquage des liquides Le claquage des liquides est un phénomène complexe qui n’a pas une théorie complète. Quelques théories sont consacrées. a. La théorie de l’ionisation (Peek) est similaire à celle du claquage des gazes (théorie de Townsend). On peut justifier les valeurs plus élevées de la rigidité diélectrique Ec des liquides par le parcours moyen ionisant a plus petit du fait que leurs atomes sont plus proches. b. La théorie du claquage thermique considère que par l’effet Joule, le gaz se peut vaporiser localement et dans ces bulles on a lieu le claquage du gaz conformément à la théorie de Townsend. Dans les liquides Ec baisse en présence des impuretés dissociables. L’augmentation de la fréquence du champ implique l’augmentation de la rigidité diélectrique en absence des pertes spécifiques. 3 8 C. Claquage des solides Les claquages des solides sont classés en deux catégories : - claquages intrinsèques; - claquages thermiques. I. Le claquage intrinsèque Ce type de claquage se déroule en avalanche comme aux gaz par collisions ionisantes produits des électrons de conductions. Le déplacement des trous vers la cathode crée des charges d’espace qui renforcent le champ électrique au voisinage de la cathode. Par suite, l’émission électronique augmente et l’isolant est détruit rapidement. Ce type de claquage se déroule très rapide, en temps de l’ordre de la microseconde et laisse dans le matériau une trace sous forme de canal fin. La dépendance de la rigidité diélectrique des dimensions de l’isolant et des électrodes est très faible. II. Le claquage thermique Les pertes diélectriques et par l’effet Joule provoquent un dégagement de chaleur dans l’isolant. Lorsque la quantité de chaleur produite est supérieure à celle évacuée, la température augmente, entraînant l’accroissement de la conduction et de la chaleur par l’effet Joule dans un processus d’instabilité thermique. Il résulte une augmentation de la température de l’isolant par rapport au milieu ambiant qui produit la dégradation de l’isolant. Le mécanisme se déroule en temps relativement long de l’ordre de la seconde. Le claquage thermique est favorisé des conditions défavorables d’évacuation de la chaleur. On peut démontrer que la tension de claquage thermique est reliée à la fréquence f par l’expression : Uc C f (8.12) C étant une constante. Le claquage thermique suit le claquage intrinsèque. En général le claquage d’un isolant solide est une combinaison entre les deux types de claquage. On peut identifier le type de c laquage dominant d’après ses conséquences (la forme de la trace) et du temps de déroulement. 4 8