Séance plénière du 22 octobre 2012 LES ORIENTATIONS BUDGETAIRES 2013 ET LES TARIFS DE LA TICPE POUR 2013 Le Conseil économique, social et environnemental régional, Vu le code général des collectivités territoriales et notamment ses articles L 4131-2, L 4134-1 et suivants ; Vu le décret n° 2001-731 du 31 juillet 2001, modifiant le code général des collectivités territoriales et relatif à la composition et au renouvellement des conseils économiques et sociaux régionaux ; Vu l’avis des 4 commissions ; Vu l’avis du bureau ; Monsieur Bernard DUBOIS, rapporteur entendu ; DÉLIBÈRE Les orientations budgétaires pour 2013, qui sont soumises au CESER, sont dans la continuité de la politique adoptée par la Région depuis le début de la mandature en mars 2010. Le contexte structurel de base est néanmoins en train de se modifier sur un certain nombre de points : - - Installation d’un nouveau Gouvernement avec lequel la Région dit « être en résonance » suivant les mots du Président. Phase d’attente d’un nouvel acte de la Décentralisation et du pacte de confiance et de solidarité qui devrait être conclu entre l’Etat et les collectivités locales. De ce pacte, la Région attend une révision des relations financières sur un plan global, et « entrevoit » la création de recettes nouvelles et le renforcement de la péréquation entre l’Etat et les collectivités. La possibilité de recourir à la Banque européenne d’investissement (BEI) pour conforter les moyens en faveur du développement économique. Il n’en reste pas moins que pour 2013, les orientations budgétaires sont basées sur certaines réalités qui s’imposent à court terme : - Gel total des dotations de l’Etat (donc montant strictement identique à celui perçu en 2012) qui appelle les Régions à participer à l’effort pour rétablir les finances publiques. Rappelons que pour 2012, les dotations avaient déjà été limitées dans leur progression d’une valeur inférieure à l’inflation. Page 1 sur 5 - - Pour les recettes de la fiscalité dite « activable » (autrement dit la part des recettes dont la Région maîtrise les taux), en raison de la crise économique et de la récession dans le marché automobile en particulier, les immatriculations sont en forte réduction et la consommation pétrolière est en baisse. Comme il n’est pas possible de relever les taux de TICPE (ex TIPP) qui sont au maximum et que la taxe sur les cartes grises a été fortement augmentée en 2012, il est plus que probable que ces recettes seront en baisse. La crise semble bien s’inscrire dans la durée (aucun signe à ce jour d’une embellie à venir) et les perspectives de croissance assez sombres (0,8 % pour le Gouvernement, 0,4 % pour le FMI). Face à ces perspectives, à court et à moyen terme, l’Exécutif régional prévoit un budget dit de « transition » qui maintient globalement les mêmes priorités qu’en 2012. Il affirme qu’il préservera sa capacité d’investissement à hauteur de 290 M€, tout en limitant le recours à l’emprunt. Ce qui nécessite, si les recettes ne progressent pas, voire régressent, d’exercer la plus grande vigilance sur les dépenses d’intervention et de financer ses priorités par des redéploiements de crédits. LES PRIORITES DE L’ACTION REGIONALE A) La Région mobilisée pour la croissance soutenable, l’emploi et la jeunesse Compte tenu de la situation du chômage qui a continué à progresser, et dont les perspectives ne permettent pas de prévoir une nette amélioration à court terme, la Région affirme vouloir : - Renforcer son action en matière de développement économique couplée à une exigence en matière environnementale. S’appuyer sur les dispositifs nationaux, tels que « contrats de génération », « emplois d’avenir », et « rénovation thermique de l’habitat » pour consolider et développer l’emploi régional. Poursuivre l’investissement dans les lycées et dans l’apprentissage pour accompagner les jeunes dans leur préparation à s’insérer dans la société. Accentuer son effort en matière de formation professionnelle pour les salariés et les demandeurs d’emploi, et les adapter aux besoins des salariés et des entreprises de la Région. Amplifier son soutien à la recherche et à l’innovation. Le CESER apprécie les efforts de la Région pour soutenir l’économie à travers les dispositifs existants. Ils ont certes démontré leur bien fondé, mais ils ont aussi montré leurs limites. Et compte tenu des perspectives persistantes de prolongation de la crise, il y a lieu de s’interroger en profondeur sur les leviers à mettre en œuvre pour relancer vigoureusement la dynamique économique dans notre région. Les prêts bonifiés sont une aide appréciable, mais ils resteront lettre morte s’il n’y a pas de projet d’investissement. L’engagement de la Région en faveur de l’économie verte est essentiel, mais le développement de ce secteur sera-t-il suffisant pour créer les emplois dont la Région a besoin ? Enfin la rénovation thermique sera certes créatrice d’emplois, mais pour en récolter le plein effet, il faudrait faire en sorte que ces chantiers soient au maximum attribués aux entreprises de la région. Page 2 sur 5 Dans tous les cas, la clé du développement passe par l’émergence de projets concrets de croissance dans les entreprises. La Région, par sa politique en faveur du développement industriel et de l’innovation a bien sûr toute sa place dans cette dynamique. Le CESER préconise qu’une réflexion plus approfondie soit engagée sur le sujet avec les organisations professionnelles afin de trouver de nouvelles pistes favorisant le développement économique et l’emploi. Le CESER réaffirme son soutien aux mesures qui répondent aux besoins des demandeurs d’emploi (Contrat régional pour l’emploi et la qualification, Pacte de continuité professionnelle lancés en 2011). Cependant, compte tenu de l’aggravation du chômage et des perspectives économiques, il y a lieu là aussi à trouver de nouvelles actions, en collaboration avec les entreprises afin de prévenir la précarisation des emplois par des formations de reconversion en amont des difficultés économiques. La Région a décidé d’accompagner le Gouvernement dans la mise en place des nouveaux dispositifs nationaux (emplois d’avenir, contrats de génération). Le CESER s’en félicite d’autant plus qu’il a toujours appelé à une cohérence des actions entre les partenaires. Il conviendra d’en déterminer les conséquences financières pour la Région. Dans son avis sur les OB 2012, le CESER souscrivait à la volonté de la Région de poursuivre l’effort financier en matière de recherche et d’innovation, effort nécessaire au regard des indicateurs sur la mise en œuvre de l’Agenda 21. Ceci reste évidemment valable pour 2013. Il faut cependant insister sur le fait qu’il serait bon que ce soutien soit appliqué dans tous les secteurs de la recherche, qu’elle soit appliquée ou fondamentale. Néanmoins, le développement de l’emploi ne passe pas seulement par l’innovation, mais nécessite également que nos entreprises soient compétitives. L’innovation sans compétitivité est totalement inefficace. Enfin le CESER s’interroge sur la signification concrète du terme « économie de la connaissance » et de son champ d’application. B) La Région, un bassin de vie dans un environnement préservé La Région prévoit de poursuivre son action pour soutenir : - la biodiversité, - le transport ferroviaire, - la transition énergétique, - le sport et la culture, - la coopération décentralisée. Si la préservation et le développement de la biodiversité constituent un objectif incontournable, la volonté de la Région d’en faire « un nouveau levier de développement » apparaît plus floue et appelle incontestablement un développement du plan d’actions soutenant cet objectif. Tout en reconnaissant le bien fondé et la volonté que la Région met à développer et promouvoir le transport ferroviaire, le CESER s’interroge de plus en plus sur les budgets qui y sont consacrés. La nouvelle augmentation de 2 M€ pour compenser le désengagement du STIF, et l’investissement dans la modernisation des ateliers de maintenance à Montrouge en sont les deux derniers exemples. L’impression d’un contrat totalement déséquilibré entre un client totalement soumis aux exigences formulées et un fournisseur de service abusant de son monopole, est renforcée par la qualité de service qui semble, au mieux, ne pas s’améliorer, voire se dégrader dans un certain nombre de cas. Le CESER souhaiterait que soit établie une transparence totale sur les sommes importantes réclamées par la SNCF à la Région et que la Région affirme davantage son rôle d’AOT. Page 3 sur 5 C) Un nouvel élan aux politiques territoriales pour construire des espaces de solidarité Le présent avis ne revient pas sur cette question. En effet, le CESER a eu l’occasion de s’exprimer sur les différentes politiques territoriales mises en œuvre par la Région, soit à travers des avis spécifiques (SRADDT, Plan Climat Régional, Maisons de Santé Pluridisciplinaire), soit à travers des contributions (telles celles sur le logement social de juin 2012). En outre, un avis spécifique est rendu à cette même plénière sur le rapport relatif aux politiques territoriales. LES CONTRAINTES BUDGETAIRES Comme pour les années précédentes le texte de présentation des orientations budgétaires pour 2013 fait largement état des contraintes et du manque d’autonomie financière pour la Région. Comme pour 2012, l’Exécutif régional propose de maintenir le tarif de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) pour 2013 et de maintenir la majoration du tarif de la taxe intérieure de consommation pour le financement de projets structurants (dans le cadre de la mise en œuvre du Grenelle de l’Environnement). Le CESER approuve ces propositions. Cette année, compte tenu de l’annonce de l’acte III de la décentralisation et du pacte gouvernemental qui le compléterait, l’Exécutif régional espère une évolution positive de son autonomie financière et donc de ses recettes, ce que le CESER a souvent défendu. Mais, pour que la Région puisse bénéficier de recettes supplémentaires propres, il faudra : - soit que l’Etat abandonne à la Région certaines de ses taxes, sans changer ses dotations, (et compte tenu de la situation de l’Etat vis-à-vis des engagements de réduction de déficit on voit mal l’application d’une solution de ce type.) ; soit que la Région soit autorisée à exercer une pression fiscale supplémentaire sur les entreprises ou sur les particuliers. Concernant ce dernier cas de figure, bien que la fiscalité ait une fonction redistributive, le CESER souhaite attirer l’attention sur les réalités suivantes : - - il est important de veiller à ce que la pression fiscale ne dégrade pas la compétitivité des entreprises, compétitivité qui, certes ne dépend pas uniquement du facteur « charges », mais qui y est néanmoins très sensible. De cette compétitivité dépendent la croissance des entreprises et le niveau des emplois ; une pression additionnelle sur les particuliers aurait aussi des conséquences sur la consommation, seul levier maintenant tant bien que mal actuellement le reste de croissance. En conséquence, retrouver une progression positive des recettes pour la Région passe obligatoirement par une croissance de l’assiette fiscale. Ce qui implique une croissance du PIB et de l’économie de la région. Il est donc essentiel que tous les moyens soient mis en œuvre pour l’amélioration de la compétitivité de l’économie régionale, au moyen de l’innovation certes (mais toutes les entreprises n’ont pas une marge de manœuvre importante dans ce domaine), mais aussi par la formation et la mobilité des personnels, et enfin par la réduction des charges qui pèsent sur elles. Page 4 sur 5 Par ailleurs, l’autonomie de la Région dans la gestion de ses dépenses doit aussi permettre, comme souligné dans le document des OB 2013, de gérer ses dépenses d’intervention de manière extrêmement rigoureuse et de privilégier pour ses interventions, ses domaines de compétence. CONCLUSION Le CESER est conscient que les marges de manœuvre pour réorienter brutalement le budget de la Région sont limitées du fait des contraintes de recettes d’une part, et des engagements dans les dépenses d’autre part. Néanmoins, compte tenu de l’urgence qu’il y a à relancer une dynamique positive en matière d’emploi, le CESER souhaite que 2013 ne soit pas une année de transition dans l’attente d’une hypothétique amélioration de la situation, mais qu’en plus des dispositifs existants qui ont montré leur efficacité, mais aussi leurs limites, de nouvelles initiatives et actions concrètes soient étudiées et mises en œuvre (en collaboration avec les organisations professionnelles et les entreprises) pour que cette région devienne une terre de développement économique et de plein emploi. Vote : Pour : 40 Contre : 19 Abstention : 21 Avis adopté à la majorité. Xavier BEULIN Page 5 sur 5