Version 2009 en cours de mise à jour LOGIQUES ÉCONOMIQUES ET STRATÉGIES FINANCIERES DANS L'ENTREPRISE CULTURELLE Il n'y a pas de projet culturel aujourd'hui sans projet économique. La question posée dès lors est la suivante : quel est le rapport choisi ou subi entre les valeurs de la culture, celles de l'argent et enfin celles du marché? Questions à résoudre: En quoi les activités culturelles sont-elles différentes/semblables des autres activités Quels sont les critères de gestion (économiques, financiers, autres?) La question des rapports entre art et argent... (Orson Welles…) 1 LA PRODUCTION CULTURELLE EST ELLE SPECIFIQUE ? Questions à résoudre: le marché ou l'Etat? (mondialisation, exception culturelle) la valeur de la production le secteur non marchand 11 SITUER LA CULTURE PAR RAPPORT A L'ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE 111 QUE DIT L'ECONOMIE DES ACTIVITES CULTURELLES ? La théorie ... L'économie ne s'intéresse à la culture que depuis les années 70 : -Les économistes classiques ne se sont pas intéressés aux activités culturelles sauf Adam Smith qui déclare "les activités artistiques sont improductives" - Le premier livre d'économie culturelle est celui de Baumol (1966) - Le 1er livre français sort en 1986 ("Economie et culture" MCC). Ce livre visait surtout à rendre plus efficaces les actions culturelles. En fait les économistes s'intéressent surtout à deux questions : - l'efficacité de l'intervention publique - l'efficience des subventions Les statistiques Jusqu’à la fin des années 90, la statistique ne disait pas grand chose des activités culturelles en 1995, le ministère de la culture estimait que le secteur représentait 800000 emplois. Traditionnellement, on mesure le poids des secteurs économiques par des indicateurs tels que part dans l’emploi, part dans le PIB, part des exportations. Les nomenclatures établies par l’INSEE après la guerre (nomenclatures NAP)ne prenaient pas en compte ces activités. Ce n’est qu’avec la réforme récente de ces nomenclatures et leur harmonisation européenne que des statistiques sont désormais possibles. Les emplois culturels au sens strict sont maintenant évalués plus modestement. Une autre manière d’estimer l’importance du secteur culturel est d’étudier les pratiques (statistiques du DEPS) ou d’observer la consommation des ménages (INSEE). Dans l’enquête sur la consommation des ménages français, on observe que le poste loisirs culture augmente de 4 à 6 % par an ces dernières années, soit deux à trois fois plus que la consommation globale. Cela représente 85 milliards d’€ par an (9,2 % de la consommation des ménages en 2004). Pratiques culturelles des français : Voir les chiffres : http://www.insee.fr/fr/ffc/chifcle_fiche.asp?ref_id=NATTEF 05443 Source : Insee, enquête permanente sur les conditions de vie (EPCV). Au moins une fois au cours des 12 derniers mois... Année 2005 Lecture de livre Cinéma Musée ou expositi on Théâtre Concert, spectacl e Écoute de la radio Ensemble Âge 15-29 ans 30-39 58 47 39 16 31 87 Écoute de CD, disques, cassette s 75 66 78 41 17 41 88 96 58 54 41 14 34 93 92 ans 40-49 ans 50-59 ans 60-69 ans 70-79 ans 80 ans ou plus Sexe Femme Homme 57 51 43 16 31 91 82 56 38 41 21 30 89 70 56 30 43 17 26 85 58 51 17 31 12 18 75 39 49 9 17 4 7 64 31 67 48 48 46 41 38 18 14 31 30 85 88 76 74 Champ : personnes de 15 ans ou plus. Quels sont les enseignements de la dernière enquête sur les pratiques culturelles des Français ? - La révolution opérée par la NTIC, longtemps annoncée, est maintenant visible : 65% des français ont accès à internet, contre 1% 10 ans plus tôt… - Développement du parc audiovuel domestique associé à une nouvelle « culture de l’écran » - La dématérialisation des contenus accentue la porosité entre culture et loisirs entre l’art et le divertissement. - Importance de la musique et des images. Augmentation des temps passés, hausse des « parts de marché » des produits anglo-saxons. - Pour la première fois, tassement du temps passé devant la TV ou la radio - Erosion de la lecture - Nouvelles formes de pratiques culturelles « autoproduites » (photo, vidéo) ; - Effet générationnel (moins de 30 ans, « 3e age de l’audiovisuel »). 112 LE PRIMAT DE L'ECONOMIQUE ? Questions à résoudre: La "pensée unique", est-ce le règne de l'économique, ou la contrainte de la mondialisation? l'économique répond au besoin de justifier l'utilité sociale (culture= nb d'emplois; valeur ajoutée; export; etc) la perte de pouvoirs des Etats et de la sphère politique, au profit du marché? 113 LA CELLULE DE PRODUCTION: VISION HISTORIQUE des "physiocrates" à la "nouvelle économie"... Domination du secteur primaire jusqu'à la fin de la première guerre mondiale, puis 10% de la pop active en 1970 et 3% aujourd'hui : la société rurale d’avant l’industrialisation représente le modèle "originel" de la cellule de production, de type familial, fondée sur l'exploitation des "richesses" de la terre. L'ère industrielle dure du milieu du 19e jusqu'au milieu du 20e siècle et impose un nouveau modèle de production autour de la machine (vapeur), de l'accumulation du capital et de la productivité. L'avènement de la "société de l'information" Après 1945, les économies se tertiarisent (62% de la VA française). La notion de "société de l'information" apparait dans les années 70 et s'impose durant les années 90. La mondialisation et le développement des TIC fait oublier l’inégal développement de la planète et par corrélation l’inégal accès à la culture. Mais qu’est-ce que le développement ? La mesure du développement intègre t’elle la dimension culturelle ? Rappel : qu’est-ce que le développement ? Amartya Sen, prix Nobel d’économie en 1998, définit le développement comme « processus d’expansion des libertés réelles dont jouissent les individus » (Sen, 2003, p.15) ; il affirme qu’un ensemble de «libertés fondamentales» (ou«capacité élémentaires ») sont « consubstantielles au processus de développement » (Sen, 2003, p.57) et que leur privation définit la pauvreté (Sen, 2003, p.123). Pour Sen, droits et libertés doivent être recherchés comme des biens en soi. L’IDH tente d’incorporer des valeurs non économiques au PIB. Mais la classification par IDH ne crée pas une hiérarchie différente de celle du PIB… L'économie post-industrielle (cf plus loin) est caractérisée par la "dématérialisation" de l'économie, rendue possible par les NTI. Paradoxe: elle se caractérise également par le développement d'un secteur non-marchand. A retenir : aujourd’hui en France il y a un million de personnes qui travaillent directement ou non dans le champ culturel… et il y a moins de 1 million de personnes employées dans l’agriculture… Quels scénarios pour le XXIe siècle ? - L’information et le savoir sont-ils les nouvelles « matières premières » de la prospérité des pays riches. Selon Alvin Toffler (les « nouveaux pouvoirs » 1991), la formation de nouvelles multinationales maîtrisant les industries de contenus et les médias sont le signe d’une nouvelle concentration planétaire du pouvoir et des richesses, voire d’un nouvel impérialisme. - Selon Jeremy Rifkin (« l’age de l’accès » 2001), ce qui caractérise les nouveaux termes de l’échange marchand dans la société post-industrielle, c’est la notion d’accès, l’ensemble des activités humaines tendant à faire l’objet de prestations de services marchands, contrôlées par de grandes sociétés de « réseaux ». Cette « marchandisation » des services gagne y compris les fonctions collectives (santé, école, sécurité, culture) et donc les « services publics ». - On doit rappeler également le concept de société duale, qui pourrait prendre acte d’une fracture sociale assumée, certaines catégories de populations étant définitivement hors du monde du travail « productif ». - Mais on constate aussi dans les pays développés l’émergence de nouveaux besoins qualitatifs auxquels l’économie libérale ne sait pas répondre : voir 115. 114 LE MODELE LIBERAL D'ENTREPRISE ET LES AUTRES ? Une définition de l'entreprise : "L'entreprise n'est pas une unité de production quelconque... elle combine le prix des facteurs de production et elle tend à obtenir un produit évalué luimême en termes de prix. La combinaison technique n'est qu'un moyen de la combinaison économique. L'optimum économique seul est décisif, non le maximum technique". François Perroux "le capitalisme" (PUF 1951) La notion d’équation économique de la production. Les gains de productivité Les rendements croissants dans le processus industriel Réfléchir sur les autres structures : association, fondation, coopérative, collectivité publique, administration... Notion de secteur marchand et non marchand Les quatre secteurs culturels Spécificité du secteur culturel (voir §12) 115 LE SECTEUR NON-MARCHAND Part croissante du secteur non lucratif dans le PIB et l'emploi des pays développés. Un étude à l’orée des années 90 dans les 7 pays ( USA, F,GB;D,HR,I,J, source : "the emerging sector", john hopkins university ), le secteur non lucratif représente en 1990 : • 3,4% de l'emploi (4,2 en France, soit 802619 etp) • 3,5% du PIB (3,3 en France soit 217 milliardsF), dont 16,5% culture et loisirs (17,8 en France) • Les ressources propres représentent 47,4% (F=33,5), les dons privés 9,5% (F=7,0), les subventions publiques 43,1% (F=59,5) Emergence d'un secteur "quaternaire" orienté vers la satisfaction des besoins "qualitatifs" (environnement, culture, économie sociale, caritatif, etc). Le passage à la société post-industrielle n’entraine pas nécessairement le déclin ou la disparition des activités du secteur non-marchand. Le débat sur le devenir du secteur public. Le développement du secteur non marchand sur internet. La question de la gratuité. 116 Compléments sur le secteur non lucratif en France : Un enquête récente (avril décembre 2005), permet de quantifier le secteur ,on lucratif en France. Ces chiffres sont assez cohérents avec ceux d’études précédentes. Source des données : CNRS, centre d’économie de la Sorbonne, enquête auprès de 10 000 associations. Synthèse des résultats publiée dans le supplément associations du Monde du jeudi 7 décembre 2006. Publié en décembre 2007 : Le paysage associatif français, Viviane Tchernonog Éditions Dalloz, Paris & Éditions Juris Associations, Lyon. ISBN : 978-2-910992-94-1 2007 - 203 p. Prix : 22 € - 1 million d’associations, dont : o 150 000 sont employeur (40 000 ont plus de 10 salariés) o 7% ont un budget >150 000€, mais 66% ont un budget de moins de 7500€/an - 204 600 associations dans le secteur culturel (2e secteur en importance après les associations sportives) - près de 60 millairds d’€ de budget cumulé, dont o 49% de ressources propres recettes d’activités : 32% dons et mécénat : 5% cotisations : 12% o 51% de subventions Communes : 14% Etat : 12% Départements : 10% Régions : 4% Organismes sociaux : 7% Divers : 3% Europe : 1% - Entre 2000 et 2005, on constate : o Baisse de 5% des subventions d’Etat o Augmentation de 25% des aides des départements et de 35% des aides des régions o Au total +10% pour les financements publics. Le mécénat est en augmentation : 1800 entreprises mécènes (x3,5 en 20 ans) et 2000 fondations. Voir www.admical.org et www.fdf.org Selon l’INSEE (2004), les associations comptent : - 12 millions de bénévoles - 21 millions de membres - 1,6 millions de salariés - au total : 2 millions d’ETP dont 50% de bénévoles et 50% de salariés. Selon l’Acoss-MSA, le secteur de l’économie sociale (associations, fondations, coopératives, mutuelles…) regroupe en France 2,6 millions de salariés en 2006 (contre 2,4 en 2000), dont 65% pour le secteur associatif (chiffre assez cohérent avec la source ci-dessus). Ce secteur augmente plus vite que la population active et représente 10% de la population active (contre 3% par exemple pour les exploitants agricoles). Par comparaison, l’Etat emploie 2,3 millions de salariés (3,1 avec les Etablissements publics, GIP, la Poste et l’enseignement sous contrat), les collectivités territoriales 1,6 million, dont 1,3 pour les communes. 12 SPECIFICITE DE L'ENTREPRISE CULTURELLE 121 LA PRODUCTION ARTISTIQUE ET CULTURELLE Si l'on met à part les "industries culturelles", appartenant au secteur marchand, la majorité des entreprises culturelles sont des "PME", à logique mixte (privée/publique, marchand/non-marchand). voir l'article des cahiers d'ecume. La majorité des projets culturels se trouvent dans le secteur non lucratif, même si les « industries culturelles » contribuent de manière croissante au financement du secteur. Voir la partition du secteur culturel en quatre secteurs. La PME culturelle : - faiblesse financière et commerciale - sous qualification des équipes de management, tournée vers les contenus ou le technique, non vers la gestion du projet - faible délégation des pouvoirs De plus, problèmes spécifiques des associations : - absence de fonds propres - difficultés dans l’accès aux produits financiers - défiance des partenaires publics et parfois privés. par opposition, les industries culturelles (production, reproduction , diffusion) relèvent du secteur marchand et concernent de plus en plus de grands groupes industriels. La multinationale : Par opposition, les industries culturelles se sont concentrées à grande vitesse (voir l'édition), et se sont regroupés autour de grands pôles industriels orientés sur l'information et les réseaux de communication (en France, voir Vivendi, Bouygues, Matra, etc) Questions à résoudre: De quelle production parle t'on? (de biens, de services, de symboles?) Existence ou non de valeur marchande L'usage collectif, la non appropriation des biens ou des services culturels Le statut de l'artiste, à ne pas confondre avec celui du porteur de projet culturel L’impact du développement des NTI sur la production culturelle : - maintien d’un secteur traditionnel majoritairement public - développement des industries de la reproduction et de la diffusion des œuvres - financement de l’amont par l’aval - l’émergence de la question des droits 122 LE RAPPORT AU POUVOIR Questions à résoudre: La culture, emblème du pouvoir (la "représentation" du pouvoir dans la culture, le rôle du "patrimoine culturel") L'instrumentalisation de la culture financée sur fonds publics (la dictature du financeur) La culture au service du nationalisme (les "guerres" culturelles) L'impérialisme culturel (les grandes puissances, les cultures dominées, la contre-culture) 123 LE RAPPORT AU TEMPS Questions à résoudre: Le temps de production (l'unité de travail n'est pas l'unité de temps) Les cycles de production (lents) Le retour sur investissement (lent) La valorisation par le temps (oeuvres d'art, patrimoine) 124 LES RENDEMENTS DECROISSANTS Questions à résoudre: La question de la productivité: problème d'une économie de prototype, problème de l'incertitude des résultats (cf l'édition ou le cinéma) théorème du rendement décroissant: Plus les structures sont grandes, plus elles sont subventionnées, moins elles sont productives. Les industries culturelles connaissent un développement foudroyant, car elles permettent la reproduction en série et la diffusion planétaire des œuvres. Les conditions techniques (qualité de la reproduction) et économiques (prix payé par l'usager) sont de plus en plus attractives et la croissance est financée sans subventions. Surtout, les industries culturelles permettent de régler la question de l’ improductivité du secteur culturel… Cependant la copie des œuvres numériques ne dégradent pas l’œuvre et produisent de nouveaux « originaux », dont la diffusion illégale menace l’équilibre général. Apports des économistes de la culture (Baumol & Bowen) : 3 idées à retenir : - la réalité des rendements décroissants explique la non productivité du secteur culturel - les subventions compensent cette mauvaise performance économique - existence d’une économie duale (secteur progressif, secteur non progressif) - finalement, le principal enseignement est qu’il existe une rationalité dans la production culturelle. Les échecs et les déficits ne sont ni une fatalité ni les résultats de mauvais choix de gestion, mais les éléments d’une contrainte économique qu’il convient de prendre en compte dès la conception du projet culturel. 125 LA NOTION D’ « INDUSTRIE DE CRÉATION » Une nouvelle notion se répand depuis quelques années dans les instances européennes et internationales, celle d’industries de la création qui regroupe non seulement la reproduction des œuvres, mais plus généralement : - l’architecture et le design - les industries de contenus et du multimédia - l’industrie cinématographique - l’art et le marché de l’art - les industries musicales - les jeux électroniques - la publicité etc.. 13 LA CULTURE DANS LA SOCIÉTÉ DE L'INFORMATION 131 LES ENJEUX DU SAVOIR DANS LA SOCIETE POST INDUSTRIELLE 132 LES INDUSTRIES CULTURELLES ET LES NOUVELLES TECHNOLOGIES 133 ACCÈS À LA CULTURE, EXCLUSION 133 CULTURE, DÉVELOPPEMENT, IDENTITÉ 2 VALEUR CULTURELLE ET VALEUR ECONOMIQUE 21 COMMENT MESURER LA VALEUR? 211 HISTOIRE DE LA COMPTABILITE 212 VALEUR DE LA PRODUCTION? 213 LES TERMES DE L'ECHANGE 22 LA VALEUR AJOUTEE 221 LES COMPTES DE FLUX 222 LA NOTION DE VALEUR AJOUTEE ET L'INTERET DES "SOLDES INTERMEDIAIRES" 223 PRINCIPAUX PROBLEMES LIES A LA VALORISATION DE LA PRODUCTION CULTURELLE 23 MARCHÉS ET PUBLICS DE LA CULTURE 231 PRATIQUES CULTURELLES 232 PROBLEMES DU MARKETING ADAPTE AU SECTEUR CULTUREL 233 MEDIATION OU VENTE ? 3 FINANCEMENT DE L'ENTREPRISE CULTURELLE 31 LES DIFFICULTÉS PROPRES AU SECTEUR CULTUREL 311 LA NON PRODUCTIVITÉ 312 LA LONGUEUR DES CYCLES DE PRODUCTION 313 LA NON RENTABILITÉ DU CAPITAL "CULTUREL" 314 LES DÉCALAGES DE PAIEMENT 32 L'ARGENT RÉGULATEUR ? 321 L'ÉQUILIBRE DES POUVOIRS 322 LA SANCTION DES MARCHÉS 323 PLUS D'ETAT OU PLUS DE PROFITS ? 33 COMMENT ABORDER LA RECHERCHE DE RESSOURCES FINANCIERES ? 331 TYPES DE SUBVENTIONS ET DOSSIERS TYPES 332 QU'ATTENDRE DU MECENAT ? 333 RENFORCER LES FONDS PROPRES 334 QUELLES ATTITUDES FACE AU BANQUIER