LES OPHTALMOLOGISTES DE FRANCE communiquent « MAAF Santé décide de rembourser le renouvellement des lunettes de vue sans ordonnance pour ses assurés (âgés de 16 ans et plus) se rendant chez les opticiens partenaires Santéclair. Ce remboursement s’effectue sur la part obligatoire et sur la part mutuelle, une première dans le monde de l’assurance. Pour le moment, seuls les adhérents MAAF ont accès à ce service. Les autres complémentaires partenaires de Santéclair (MMA, AGF et IPECA) suivront dans les mois à venir. MAAF Santé voudrait que son initiative soit imitée par d’autres acteurs du secteur. » On compte chaque année en France 600.000 glaucomes non dépistés, 800.000 diabétiques non suivis , près de 400.000 cataractes et une augmentation importante des cas de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) LE RENOUVELLEMENT DES LUNETTES DOIT RESTER UN ACTE MEDICAL C’EST UN MOYEN IRREMPLACABLE DE DEPISTAGE DE MALADIES GRAVES CONTACT PRESSE Nicole Priollaud Tél : 01 45 25 33 17 et 06 09 48 50 38 Fax : 01 45 25 35 76 email :[email protected] Pour lutter contre ce projet, les ophtalmologistes s’engagent à informer systématiquement les patients du danger et de la perte de chance que peut comporter un passage direct par l'opticien lors d'un renouvellement de lunettes. Le dispositif mis en place par la MAAF constitue une intrusion du commerce et de l'assurance dans le domaine de la santé publique. En réduisant le passage devant l'ophtalmologiste sans proposer d'alternative acceptable, on pose de graves problèmes de santé publique dans un pays où les besoins de soins et de dépistage sont loin d'être remplis. La mesure de la pression intra-oculaire et le fond de l'œil sont réalisés systématiquement par l'ophtalmologiste au moment du renouvellement de lunettes, ce qui permet justement de dépister un certain nombre de ces pathologies. Lorsque Maaf Santé affirme que l'opticien orientera vers un ophtalmologiste au moindre doute, cela n'offre aucune garantie. Pour avoir un véritable doute, il faudrait être scientifiquement et médicalement formé à faire un diagnostic. Et les actes de dépistages sont essentiels au diagnostic. Un opticien ne peut pas mesurer la pression intra-oculaire ou effectuer un fond de l’œil, ou alors il est dans l'exercice illégal de la médecine Par ailleurs, les problèmes démographiques de la profession dénoncés par MAAF Santé se fondent sur des données de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) pas tout à fait exactes. Les derniers recensements montrent qu'au contraire les effectifs des ophtalmologistes se sont maintenus depuis trois ans aux alentours de 5.300. Et la décroissance sera beaucoup moins rapide que le prétend Maaf Santé qui annonce une baisse de 40% des effectifs d'ophtalmologistes d'ici 2020. Maaf Santé ignore surtout complètement les travaux réalisés par Yvon Berland à la demande du ministre de la Santé, qui prévoit la délégation de certains actes aux orthoptistes. L'Académie de médecine a statué de la même façon dans un rapport publié en mai dernier. Seuls les orthoptistes ont la légitimité pour alléger les ophtalmologistes d'un certain nombre d'actes. Ces auxiliaires médicaux sont suffisamment formés mais, surtout, leur décret de compétence a été modifié en 2001 pour leur permettre de réaliser ces actes en toute légalité De plus en plus de cabinets d'ophtalmologistes embauchent ces professionnels pour les aider à réaliser un certain nombre d'actes et notamment la mesure de la réfraction automatique, la mesure de la pression intra-oculaire, l'examen du champ visuel, l'examen des couleurs, l'électrophysiologie ou l'angiographie rétinienne. Le patient d'abord examiné par l'orthoptiste passe ensuite dans le cabinet de l'ophtalmologiste pour les examens médicaux complémentaires nécessaires C’est pourquoi il faut renforcer les effectifs d'orthoptistes qui sont actuellement seulement 2.000 en exercice. Les douze écoles qui sont en train de faire évoluer leur formation devront également, en fonction de leurs possibilités, renforcer les flux de formation. On considère qu'il faudrait doubler les effectifs formés chaque année. La formation minute qui sera dispensée par Maaf Santé aux opticiens ne peut pas se comparer aux trois ans de formation universitaire, théorique et pratique, dispensée aux orthoptistes par la Faculté de Médecine et par les Services d’ophtalmologie des CHU.