Vingt-huitième Réunion des Parties au Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone Intervention de l’Archevêque CHARLES DANIEL BALVO Chef de la délégation du Saint-Siège Kigali, 13 octobre 2016 Monsieur le Président, le Saint-Siège se joint aux nombreux délégués qui se sont exprimés précédemment pour vous féliciter pour l’important travail accompli au cours des Rencontres des Parties au Protocole de Montréal. Nous remercions aussi le gouvernement du Rwanda pour l’engagement dans la lutte contre le changement climatique dont il témoigne en accueillant ces importantes assises à Kigali et en les organisant si bien. Le Saint-Siège est membre plénier de la Conférence des Parties car il veut être associé à la lutte pour la préservation de bonnes conditions de vie pour toute l’humanité, qui est une exigence fondamentale du mandat que Dieu notre Créateur a confié à la responsabilité des hommes. La déclaration d’adhésion du Saint Siège à la Convention de Vienne pour la protection de la couche d’ozone et au Protocole de Montréal, le 5 mai 2008, disait ceci : « le Saint-Siège souhaite encourager la communauté internationale tout entière à favoriser résolument une authentique coopération entre la politique, la science et l’économie. Une telle coopération, comme le prouve le régime adopté pour l’ozone, peut obtenir des résultats importants qui permettent simultanément de préserver la Création, de favoriser le développement humain intégral et d’œuvrer pour le bien commun, dans un esprit de solidarité responsable et avec des retombées profondes et positives pour les générations présentes et futures ». La même conviction de l’importance de l’engagement universel pour la protection de la couche d’ozone et le même engagement du Saint-Siège pour cette cause furent solennellement réitérés lors de la 24e Conférence des Parties, le 15 novembre 2012, année du 25e anniversaire du Protocole par S.E. Mgr Silvano M. Tomasi, ancien Représentant Permanent du Saint-Siège aux Nations Unies : « La couche d’ozone est fine et fragile mais elle est une partie essentielle de la création. La famille humaine dépend de la création pour sa survie. Les progrès que la communauté internationale a accomplis grâce au Protocole pour la protection de la couche d’ozone promettent des avancées plus importantes encore dans le futur pour que la couche d’ozone puisse de nouveau être un bouclier solide de notre protection. De plus, le Protocole aide également à protéger le climat (…) en réduisant de façon significative les émissions de gaz à effet de serre. (…) La question qui se pose est de savoir comment nous pourrons arriver avec une claire et ferme volonté politique à adopter les mesures nécessaires qui permettront de répondre au besoin urgent de protéger toute la création comme un tout ». Pour sa part, vous le savez bien, le Pape François est engagé dans ce combat. Vous connaissez sa Lettre Encyclique Laudato Si adressée à tous les hommes de bonne volonté pour la protection, non seulement de l’environnement sous son aspect flore et faune, mais aussi de nous tous les humains et de la sauvegarde de la Planète Terre, notre maison commune à tous. Voici ce qu’il disait dans son adresse à la communauté des Nations Unies dans le complexe de Gigiri à Nairobi, le 26 novembre 2015 : « Dans le contexte international, où nous sommes devant une alternative que nous ne pouvons pas ignorer – améliorer ou détruire l’environnement –, chaque initiative, petite ou grande, individuelle ou collective, prise pour sauvegarder la création indique le chemin sûr de cette « créativité généreuse et digne, qui révèle le meilleur de l’être humain (…) Le climat est un bien commun, de tous et pour tous ; le changement climatique est un problème global aux graves répercussions environnementales, sociales, économiques, distributives ainsi que politiques, et constitue l’un des principaux défis actuels pour l’humanité ». Un dialogue sincère et ouvert est nécessaire, avec la coopération responsable de tous : autorités politiques, communauté scientifique, entreprises et société civile. Les exemples positifs ne manquent pas qui nous démontrent comment une vraie collaboration entre la politique, la science et l’économie peut permettre d’obtenir d’importants résultats. Nous nous réjouissons donc avec vous pour les étapes importantes réalisées au cours de cette 28e Conférence des Parties au Protocole de Montréal. Nous soutenons totalement l’amendement au Protocole proposé par le Canada, Mexico et les États-Unis d’Amérique pour l’abandon total des substances hydrofluorocarbures. Conscients de la nécessité, soulignée par le Pape François, d’une vraie collaboration entre la politique, la science et l’économie, nous nous réjouissons d’apprendre la constitution d’une Alliance pour des politiques responsables pour la protection de l’atmosphère, regroupant plus de 100 partenaires économiques. Nous apprécions et soutenons la Déclaration de New York pour la Coalition en vue d’assurer l’adoption d’un amendement ambitieux pour l’exclusion totale des substances HFC. Les travaux réalisés au cours de la présente conférence ont été substantiels ; les progrès en matière scientifique sont un indicateur du sérieux des travaux de recherche ; les engagements politiques de toutes les parties sont prometteurs pour l’avenir. Mais comme le disait le chef de notre délégation récemment à Vienne, les solutions techniques sont nécessaires mais pas suffisantes. La plupart des problèmes environnementaux concernent l’éducation et la culture car la prise de conscience est encore insuffisante des effets graves et autodestructifs de nos styles de vie non équilibrés en matière de consommation. Comme il l’a fait depuis le début, le Protocole de Montréal doit continuer à informer, à éduquer, à former au sens de la responsabilité, les enfants et les adultes en matière de protection de l’environnement. Pour que cet effort de collaboration entre la politique, les sciences et l’économie ne se relâche pas, nous sommes convaincus qu’il doit être soutenu par des motivations fondamentales solides, éthiques et spirituelles, et par la foi en Dieu, le Créateur de tout ce qui existe, qui a remis entre nos mains la gestion de ce monde merveilleux, notre maison commune, la planète Terre. Merci de votre attention.