A. Introduction I. Difficultés de comportement/Pathologies comportementales : Il est nécessaire de pouvoir distinguer les difficultés comportementales normales liées aux aléas du développement de l’enfant ou à certains événements extérieurs ayant une incidence ponctuelle sur la vie scolaire. Les difficultés comportementales peuvent être régulées par une gestion pédagogique de classe appropriée et par certains aménagements spécifiques. Les troubles du comportement nécessitent une gestion de classe adaptée, un accompagnement individualisé spécifique, un travail en équipe pluridisciplinaire élargi. Il est donc important d’installer un cadre contenant, sécurisant et permettant à l’enfant d’évoluer aussi au niveau de son comportement. Ceci fait, on peut alors repérer les enfants qui restent en difficulté, organiser des observations complémentaires et mettre en œuvre des aides spécifiques. L’identification d’un trouble du comportement ne peut être envisagée que lorsque la pédagogie de gestion de classe est efficace, lorsque l’enseignante de la classe et l’école ont mis en place un minimum d’aides spécifiques : pédagogie différenciée, projet individualisé, contrat, rencontre avec la famille, etc... L’évaluation des troubles et difficultés s’effectue toujours par rapport à la classe d’âge de l’enfant, dans le cadre normal de son développement. II. On distingue deux types de difficultés ou troubles du comportement : a) Comportement sur-réactif en regard des stimuli de l’environnement : L’élève réagit de manière extravertie, inadaptée et exacerbée à l’environnement : aux relations aux adultes et/ou aux pairs, au groupe, aux règles et lois, aux changements, aux obligations, à la nécessité de devoir partager, différer son désir, distancer, attendre etc... Ses difficultés de comportement gênent le bon déroulement de la classe et peuvent mettre l’enfant et son entourage en danger. Quelques comportements caractéristiques : génère les conflits ; refuse d’obéir, discute les règles ; a des difficultés importantes à respecter les règles de vie ; perturbe le bon déroulement des activités scolaires ; manifeste fréquemment son désaccord ; crie, pleure bruyamment, hurle en classe sans raison apparente ; agresse verbalement et physiquement l’adulte et/ou les pairs ; cherche à contrôler, dominer ses pairs voire l’adulte ; réagit violemment à la moindre contrariété ou remarque (se roule par terre, hurle, tape...) manifeste une agitation de plus en plus grande lors des temps d’attente, des changements de lieux, de personne, les activités dirigées etc... 1 b) Comportements sous réactifs en regard des stimuli de l’environnement : L’élève réagit de manière introvertie et inadaptée à l’environnement. Ce type d’élève passe souvent inaperçu malgré l’importance de ses difficultés d’adaptation dans la mesure où son comportement n’entrave pas le bon déroulement des activités scolaires. Comportements caractéristiques : inhibition motrice et/ou langagière et/ou intellectuelle ; manque de relation de communication et/ou langagière ; manifestations de craintes, peurs, d’angoisses de phobies, sur le mode du repli, du retrait, de l’isolement ; niveau très faible d’intégration dans le groupe; victimisation ; manque de confiance en soi, ose peu ; faible degré d’implication dans la tâche, voire évitement et/ou refus de l’effort et de la production ; réagit aux changements de personnes, de lieux, aux événements inhabituels par le retrait, l’isolement et. Ces difficultés sont considérées comme significatives lorsqu’elles nuisent au développement de l’élève ou à celui des autres en dépit des actions pédagogiques habituelles et particulières mises en place. III. Indices généraux permettant de distinguer difficulté et troubles : Certains indices doivent être pris en compte dans l’évaluation du trouble : Durée : un comportement inadéquat peut être considéré comme persistant quand il se manifeste depuis 3 mois. Constance : la perturbation doit être observée dans des situations scolaires et sociales. Il est important de recueillir des données en classe, en récréation, dans l’école, à la maison.... Fréquence : on considère que l’indice de fréquence est significatif à partir de 3 ou 4 incidents critiques par semaine. Le trouble peut être qualifié de continu lorsqu’il se manifeste plusieurs fois par jour. Gravité : le trouble est grave lorsqu’il est entraîne des conséquences graves pour l’enfant ou son entourage. Complexité : l’enfant présente souvent une association de symptômes (plusieurs comportements inadaptés). Certaines combinaisons sont plus inquiétantes que d’autre. Plus le comportement de l’élève correspond aux dimensions que l’on vient de citer, plus le risque est grand d’être en présence d’un trouble comportemental. 2 Difficulté de comportement Trouble du comportement Crise passagère ou épisodique ; Manifestation momentanée. Persiste depuis plusieurs mois. Constance Dans un seul contexte (ex : dans la cour) Se manifeste dans diverses situations scolaires et sociales. Fréquence Dans la moyenne des enfants de son âge. De trois à quatre incident critiques par semaine ; Plusieurs fois par jour. Peu dommageable pour luimême ou les autres. Entraîne des conséquences graves pour soi et les autres. Comportement isolé. Plusieurs comportements inadaptés. Durée Gravité Complexité http://www.csmb.qc.ca/gesclasse/contexte.htm IV. Conclusion : On peut considérer qu’un élève présente des troubles du comportement lorsque son comportement nuit considérablement à son développement et/ou à celui des autres enfants et résiste aux aménagements pédagogiques généraux et spécifiques mis en place. Les perturbations doivent par ailleurs être fréquentes, graves, et durer assez longtemps pour constituer un trouble véritable. B. Organisation de la classe : Il est important de rappeler qu’un enseignement favorisant le respect des règles et des procédures devrait être assuré préalablement à toute identification de l’élève en difficulté comportementale et à l’élaboration d’un projet particulier : évaluations, progressions, objectifs conformes à la législation ; articulations des activités, organisation matérielle de la classe et exigences tenant compte de l’âge, du développement, des capacités et des intérêts de l’enfant ; maintient d’une dynamique de travail et enchaînement des activités sans temps morts. Observation du niveau d’attention et de la fatigabilité des élèves pour déterminer le rythme des activités ; bonnes compétences de communication de l’enseignant : interactions de qualité avec et entre les élèves, climat émotionnel propice aux apprentissages, cadre structurant et contenant, remarques et commentaires portant sur les situations et non sur les enfants ou leurs caractères, expression des demandes ferme et calme, valorisation des compétences, attitude d’écoute active, interventions discrètes et privées auprès de l’enfant perturbateur, anticipation des difficultés, contacts individuels brefs en début d’année avec accent sur le groupe et sur la tâche à effectuer. L’habileté à communiquer inclut aussi tout un répertoire de signes verbaux ou non verbaux incitant au calme, à la reprise de l’activité et accompagnant et facilitant la maîtrise du comportement. 3 interventions en fonction des causes du comportement perturbateur et des besoins de l’enfant. D’autres techniques, éléments, manières de gérer la classe peuvent contribuer à favoriser la gestion des comportements. Ils sont développés ci-après. I. Les règles de vie Les règles aident l’enseignant et l’élève à faire face à des situations délicates. De nombreux auteurs soulignent l’importance d’élaborer des règles définissant clairement les comportements attendus ainsi que les conséquences découlant de leur respect ou de leur non respect. Il est recommandé de s’en tenir à 5 ou 6 règles simples, énoncées brièvement, et de façon positive. Les règles doivent être explicitées, illustrées, enseignées, affichées en classe sous forme d’écrit et d’images (photos, pictogrammes) et révisées régulièrement avec les élèves lors de moments spécifiques et/ou en conseil. Elles doivent impérativement être appliquées de manière identique pour tous (y compris l’adulte). Mais préalablement à la mise en place de ce règlement, l’enseignant doit absolument avoir éclairci à son niveau les points qu’il juge non négociables. Les interdits fondamentaux (ceux qui s’imposent à tous, immanents à notre condition humaine ou bien ceux qui gênent le fonctionnement de la classe, le déroulement des apprentissages ou la sécurité des enfants) ne se négocient pas. A titre d’exemple, exercer une forme quelconque de violence ou d’agression physique ou verbale est un interdit fondamental. Il ne se discute pas. a) Quelques pistes pour créer et intégrer les règles de la classe : Suivant le niveau de la classe, les règles peuvent être introduites par l’enseignant ou élaborées intégralement ou partiellement avec les élèves. On peut profiter d’une situation problème dans la classe pour lancer l’élaboration d’une règle de vie. Il est préférable de toujours partir du vécu des enfants. Il est possible de démarrer l’élaboration du règlement de la classe en posant au groupe une question du type suivant : « D’après-vous, qu’est-ce qui est interdit / autorisé de faire à l’école ? » De ce questionnement et du débat qui s’en suivra découleront des réponses qu’il faudra noter et soumettre à la réflexion du groupe de façon à dégager celles qui lui paraissent pertinentes. Les points jugés non négociables seront alors indiqués. Il peut être encore plus intéressant de partir des droits de l’élève dans la classe pour définir ensemble les conditions d'application de ces droits, c'est à dire les devoirs. Cette réciprocité des droits et des devoirs est très importante. Le règlement n'est plus alors une suite d'obligations mais un écrit qui protège l'exercice des libertés. Exemple de règles de vie construites à partir des droits de l’élève : Droits J’ai le droit de me déplacer dans la classe J’ai le droit d’utiliser les coins jeux Devoirs Je marche dans la classe Je fais attention à ne pas déranger mes camarades Je range les coins après utilisation Je respecte le matériel utilisé 4 Le règlement de la classe ne devrait pas s’élaborer en une seule fois. Il devrait être réajusté en fonction du vécu de la classe, des différends, des heurts, des conflits qui deviennent alors à la fois l’origine et le moyen de fixer le cadre et de faire avancer la réflexion collective. Le groupe classe élabore progressivement les règles de vie, mais aussi les conséquences agréables en découlant lorsqu’elles sont respectées et les conséquences désagréables lorsqu’elles ne le sont pas. Prévoir des moments de réflexion collective pour illustrer d’exemples, mimer, dessiner, réajuster, compléter... Ecrire et faire illustrer les règles et les conséquences. Les afficher bien en vue dans la classe (tableau d’harmonie) et s’y référer régulièrement. Penser à faire des cartons amovibles ; cela permet de les enlever et de les remplacer par de nouvelles règles lorsque les premières sont intégrées par les élèves. Organiser des moments collectifs ou individuels d’auto-évaluation. b) Types de règles : Les règles peuvent recouvrir différents secteurs : La tâche : « j’écoute les consignes », « je termine mon travail » Le respect de l’environnement : « je pends soin de mes affaires », « je jette mes papiers dans la poubelle », « je chuchote » ; Le respect des autres : « je ne me fais pas mal », « je ne fais pas mal aux autres » ; « je ne me moque pas ». Les procédures : « je circule dans la classe en marchant », « j’attends mon tour pour parler » ; Le respect de soi : « je suis propre », «j’entraîne mes compétences » c) Les conséquences positives ou négatives : Il y a trois types de renforcements : Sociaux : qui viennent des autres, pairs ou adultes Tangibles : que l’on peut toucher, manger, regarder, sentir, écouter, jouer etc.. Intrinsèques : inhérents à l’activité elle-même d) Recherche de groupe : banque de conséquences positives : Conséquences directes intrinsèques ; Conséquences qui viennent du cœur (être content, se sentir fier, se sentir aimé etc.) ; Recevoir des applaudissements ; Recevoir des félicitations ; Recevoir un autocollant, un bon point, une image, un tampon, une carte .... ; Recevoir une rétroaction positive par écrit ; Recevoir un petit diplôme spécifique ; Recevoir un petit badge « élève super » ou « j’ai réussi ! » ou ; Aller raconter ses réussites à la direction de l’école ; Avoir le droit d’utiliser son jeu ou son programme d’ordinateur préférés, de lire son livre préféré, d’écouter sa musique préférée ; 5 Avoir le droit de regarder dans la boîte aux trésors ; Avoir le droit de faire un dessin au tableau. Avoir le droit de choisir un conte, une comptine au moment du regroupement ; Avoir des responsabilités supplémentaires correspondantes à ses compétences ; Avoir le droit de prendre certaines décisions ; Avoir la possibilité : o de choisir sa place ou son ami(e) pour la journée ; o d’amener à la maison un jeu ou un livre de l’école pour un temps donné ; o d’aller présenter un album, une histoire, une comptine, un chant dans une autre classe ; Transmettre un message « Bonne nouvelle » à ses parents ; e) Les conséquences positives : remarques Il est important de renforcer positivement un comportement attendu, plutôt que de porter attention au comportement gênant ; Renforcer le comportement tout de suite après son apparition ; Au début, pour accompagner l’apprentissage du nouveau comportement, renforcer en continu, chaque fois que le comportement attendu apparaît. Lorsque le comportement est stabilisé, et le comportement attendu bien établi, il est préférable d’espacer les renforcements voire de les arrêter ; Ne recourir aux récompenses que lorsque c’est vraiment nécessaire pour faire disparaître un comportement vraiment récalcitrant, ou avec des enfants ayant des pathologies diagnostiquées ; Mettre l’accent sur la motivation intrinsèque, la valoriser comme un signe de maturité, montrer qu’elle l’emporte sur les récompenses et qu’il est important que l’élève prenne conscience et soit fier de ses capacités et de l’utilité de ce qu’il apprend. f) Conséquences négatives Les conséquences ne doivent pas être dépendantes de l’humeur de l’adulte référent, mais préétablies, explicitées, affichées et identiques pour tous. Idéalement la sanction ou la conséquence négative doit avoir une fonction éducative et être vécue comme telle. Le « fauteur » doit apprendre quelque chose, prendre conscience de sa difficulté, ou s’ouvrir davantage. Les conséquences négatives peuvent dans leur forme extrême, prévoir l’exclusion du jeu ou de l’activité, voire du groupe, mais elles peuvent aussi tenir compte des besoins de l’enfant (être reconnu par les pairs, avoir besoin de marques d’attention etc..) et du sens de ses transgressions. Elles sont alors ludiques et peuvent impliquer un passage obligé dans une activité « à risque » pour l’enfant tel un massage de groupe, un jeu de confiance ou de coopération. Des mîmes, un jeu difficile, chanter une chanson ou toute autre action créative en direction du groupe classe peut également faire partie des conséquences. Autant que possible, il est important de veiller à inclure toujours davantage, plutôt qu’exclure, et à proposer des activités qui vont générer une plus grande cohésion de groupe et un plus grand respect du groupe vers le fauteur. 6 Exemples de conséquences négatives logiques : Face à la tâche : le temps perdu, ou un travail non terminé dans les délais sont « rattrapés » à un moment déterminé par l’enseignant, un travail ne respectant pas les exigences est repris etc... Face à l’environnement : le matériel cassé ou abîmé est remplacé ou réparé ; Face au respect des autres : réfléchir à ses actes avec l’enseignante, les torts causés au groupe sont réparés (chanter quelque chose, offrir un dessin, une récitation, une comptine, faire un massage de groupe, faire écouter une musique..), contrats ; Face au respect de soi : réfléchir avec l’enseignante à comment transformer son comportement ; Exemples de conséquences en lien avec les besoins et sentiments de l’enfant : Besoin de sécurité : passage obligé dans un jeu de confiance, de lâcher prise ; Besoin d’identité et/ou de détermination et/ou sentiment de compétence : présenter un jeu, une histoire, un chant, une comptine, un album de son choix à la classe ou à une autre classe ; Besoin d’appartenance : passage obligé à un jeu de coopération, un massage collectif ; g) Formuler les règles et leurs conséquences : Règles de vie Cadre théorique Conséquences heureuses ou positives Règles de vie Message en « je » Verbe au présent Forme positive Consigne courte Une phrase par geste Description d’une action pratique, observable Ecriture et affichage Illustration de chaque règle de vie (photo, pictogramme, image) Relectures régulières S’y référer régulièrement et particulièrement lors du conseil Conséquences tristes ou négatives Conséquences internes intrinsèques Conséquences qui viennent du cœur Conséquences positives établies par l’enseignante ou avec les élèves en même temps que les règles de vie Expression des émotions Illustration et écriture des conséquences Relecture régulière Conséquences directe (reliées à la nature du geste posé) Conséquences établies par l’enseignant ou avec les élèves en même temps que les règles de vie Conséquences illustrées et écrites Illustration et écriture des conséquences Relecture régulière Les règles et leurs conséquences sont évolutives en fonction du développement des enfants. Elles peuvent être débattues, transformée et enrichies lors du Conseil. 7 II. Le conseil : Le conseil (de coopération) est une réunion qui rassemble toute la classe et l’enseignante à jour et heure fixe, une à deux fois par semaine. L’enseignant et les enfants y abordent la vie de la classe : organisation du travail, des responsabilités, des jeux, des projets en cours et gestion des relations interpersonnelles. C’est un moment de résolution de problèmes et de recherche de consensus où chaque enfant a sa place, avec ses forces, ses faiblesses, sa personnalité, ses ressentis. Il sert à développer des habiletés sociales de coopération, à faire l’apprentissage des droits collectifs et individuels avec la conscience des responsabilités que ces droits supposent. L’enfant y apprend à écouter, à analyser, à comprendre, à prévoir, à planifier, à décider, à organiser, à apporter des solutions, à évaluer et à s¹engager. Ce n’est absolument pas un tribunal, mais un lieu de recherche de solutions et non de punitions où l’on vit dans le respect mutuel. (Que peut-on faire pour aider et non pour punir un ou une camarade de classe?) a) Matériel : Journal mural : il est divisé en trois sections : félicitations ou remerciements (« Je félicite ou je remercie », problèmes (« J’ai un problème et je recherche une solution ») et propositions (« Je propose »). Il est fait pour que les enfants qui souhaitent parler au conseil, puissent s’inscrire au cours de la semaine précédent le conseil, dans la rubrique correspondant à ce qu’ils ont à dire. Suivant le niveau de la classe on peut accrocher : o son signe, o son prénom, o un dessin de la situation dont on veut parler, o un écrit (écrit par soi même ou préalablement dicté à l’adulte) Avant le conseil, les papiers accrochés sur le journal mural sont ramassés. On demande à chaque enfant concerné s’il souhaite encore s’exprimer et l’ordre du jour du conseil est constitué. Le cahier de conseil : y sont écrites les décisions importantes et les choses à faire. Il sert à vérifier qu’on a bien fait tout ce qu’on avait prévu. Les enfants peuvent le consulter à tout moment, le faire relire à la demande. Les décisions majeures du conseil précédent peuvent être relues au début du conseil suivant. b) Règles Le conseil est régit par les mêmes règles que la classe (on ne se moque pas, par exemple). Des règles de fonctionnement supplémentaires et leurs conséquences peuvent être construites au fur et à mesure des besoins. (Ex : lorsque je suis « gêneur » trois fois, je suis exclu des débats du conseil, et je perds donc momentanément mes droits de réponse et de vote.) c) Rituels : le groupe est assis en demi cercle ou en cercle; « Je déclare le conseil ouvert » ; « Félicitations : je donne la parole à » ; « Problèmes : je donne la parole à » ; « Propositions : je donne la parole à » ; « Je déclare le conseil terminé ». 8 d) Déroulement : Avant le conseil, un élève (ou une équipe) rassemble les messages affichés. L’enseignant établit l¹ordre du jour qui est écrit au tableau et/ou dans le cahier et lu aux enfants. Le conseil commence par un rappel du conseil précédent pour voir si les décisions prises ont été respectées ou non. Félicitations et remerciements sont traités d¹abord : ce temps est important, il développe des attitudes de reconnaissance et d¹estime de soi. Ensuite les mécontentements et critiques sont abordés un par un. La parole est donnée successivement à chacun des protagonistes afin de décrire la situation, les sentiments et les besoins ressentis de son point de vue. Chaque élève et l¹enseignant peuvent ensuite poser des questions de clarification, apporter un témoignage, etc. Lorsque le litige est bien explicité et compris de tous, les élèves en conflit et leurs camarades cherchent une solution. Les propositions sont inscrites au tableau. Si les élèves concernés s¹accordent sur une solution, elle est notée dans le classeur. Viennent alors les sujets liés à l¹organisation de la classe, aux projets à venir etc. Comme précédemment : recherche de propositions, analyse, organisation du partage des tâches si nécessaire et vote pour un consensus. e) Le rôle de l’enseignant lors des conseils : L’enseignant : préside le conseil ; clarifie les contenus : reformule, précise, explicite, résume, définit ; contrôle la procédure : vérifie que tous les inscrits on pu parler, que les règles de fonctionnement sont respectées etc. ; protège la parole des enfants ; au début il peut distribuer la parole, puis progressivement laisser la place à un enfant responsable qui donne la parole en donnant le bâton de parole, par exemple (cela peut être un « métier ». il écoute, participe à la recherche des solutions, encourage, cherche à instaurer un réel climat de coopération ; exerce son droit de veto si nécessaire ; écrit sur le panneau du conseil et dans le cahier de conseil les informations, les remerciements, les propositions, les décisions prises. Progressivement les élèves eux-mêmes, selon leur âge peuvent prendre en charge les prises de notes, la distribution de la parole, la gestion des cahiers, la présidence... f) Comment introduire le conseil : En début d’année, quand les enfants demandent « où on range ça ? » l’enseignant peut répondre : « pour l’instant on fait comme ça, mais on décidera tous ensemble en conseil » ou si un enfant vient se plaindre d’un autre enfant on lui dit que toute la classe en discutera au conseil. Dans les deux cas on montre aux enfants comment et dans quelle colonne mettre leur nom sur le tableau de préparation du conseil (coller son signe, son étiquette, écrire son prénom, ou écrire ou dessiner ce qui c’est passé pour s’en souvenir, écrire ce que l’on veut dire etc.) g) Ressources Internet et bibliographie : A lire absolument avant de se lancer : http://www.csdm.qc.ca/CEE/ceici/primaire/jasmin.pdf http://www.ien-quimper1.ac-rennes.fr/pedagogie/conseilcoop.html 9 « Qui c’est l’conseil ? », Fernand Oury et Catherine Pochet, Maspero 1979, réédition La Matrice 1997. « Le conseil de coopération », Danielle JASMIN, Montréal, Les éditions de La Chenelière, 1994. III. Les ceintures de comportement Elles marquent l’autonomie et la socialisation de chaque enfant dans le groupe classe. Elles sont centrées sur la responsabilité individuelle et collective, l’acquisition de comportements «attendus» en groupe. Chaque enfant sait où il en est et voit ce qu’il doit apprendre pour progresser dans tel ou tel domaine (la prise en charge de soi, la politesse, le respect, l’effort...). Des critères (barrettes) établissent la progression dans chacun des différents domaines et sont représentés sur un grand panneau d’affichage, suivant le système des couleurs du judo. Les ceintures permettent une amélioration de la socialisation qui se traduit par la coopération, le jugement intellectuel, le discernement, et qui s’accompagne d’une individualisation comparative et corrélative, d’où l’importance de prendre le temps pour encourager les efforts pour « grandir ». Les ceintures de comportement tiennent compte du fait que tous les enfants n'en sont pas au même stade dans leur comportement. Comme dans les autres disciplines, le fait d'évaluer propose un chemin pour grandir. Les enfants savent ce qui est attendu d'eux et où ils en sont. a) Organisation : Les ceintures peuvent être mises en place de manières très différentes d’une classe à l’autre. Elles peuvent, suivant l’âge des enfants et le choix des enseignants : Etre obtenues définitivement, après une période d’observation par l’enseignante et le groupe classe. Elles sont attribuées en conseil, après délibération et vote. Un enfant peut demander une ceinture en conseil, et demander de l’aide pour en effectuer les apprentissages nécessaires. Etre attribuées en fin de chaque semaine et pour une semaine, après évaluation de la semaine par l’enseignante. Celle-ci remplit au cours de la semaine des grilles d’évaluation ou elle note les transgressions et les progrès. L’attribution de la ceinture est fonction de cette grille explicitée aux élèves. Ces ceintures sont corrélées à des droits, que l’on perd lorsqu’on perd une ceinture. il est possible et même fréquent alors, de perdre des ceintures de comportement. Etre obtenues en entier ou par barrettes, ce qui permet de visualiser les progrès sur un temps plus court. On peut passer, dans la couleur de ceinture visée, la barrette que l’on veut. Cependant seule l’obtention de la ceinture entière, donne les droits correspondants. b) Remarques : On ne peut demander et obtenir une ceinture que lorsqu’on a obtenu la ceinture précédente. Les couleurs se suivent et marquent une progression en général dans l’ordre suivant : blanche, jaune, orange, bleu, verte, marron, noire (pour l’adulte). Le fonctionnement des ceintures de comportement est présenté comme un cadre non négociable. 10 Pour les enfants jeunes, il paraît important de faire un travail régulier, et pas trop espacé dans le temps. Il est primordial de tenir compte des fluctuations du comportement des enfants. Selon l'état de fatigue, d'excitation, selon les événements familiaux, le comportement des enfants varie. C'est le fait même de noter ces changements, ce qui va, ce qui ne va pas, qui permettra à l'enfant d'en prendre conscience et de stabiliser sa conduite. C'est aussi, pour le maître, la garantie que des enfants n'ont pas des droits qu'ils ne seraient pas capables d'assumer. c) Exemples : Ceinture blanche Je range mes affaires et je prends soin du matériel collectif. DONC Ceinture orange Je me déplace en rang en toute sécurité. Ceinture bleue Ceinture noire Je respecte le règlement de la classe. DONC Je ne dérange pas les autres. J'ai le droit de sortir de la classe sans autorisation. J'ai le droit de rester en classe sans adulte et de travailler en dehors de la classe. DONC DONC J’ai le droit d’utiliser le J'ai le droit de matériel collectif sans conduire le rang. autorisation. Pour passer ma ceinture blanche, je dois être capable de : Me ranger sans bruit. Ranger mon cartable. Ne pas courir dans la classe. Ne pas bavarder pendant le travail individualisé (T.I.) Avoir gêné la classe moins de 5 fois. Si je suis ceinture jaune, je dois être capable de Rentrer en classe sans bruit. Me déplacer dans la classe sans bruit. Maintenir ma table en ordre. Ranger le matériel de la classe à sa place. Obéir rapidement à une consigne. Avoir gêné la classe moins de 4 fois. Si je suis ceinture blanche, je peux : Aller aux toilettes sans demander. Aller voir les animaux avec la permission. Prendre un livre après mon travail. Si je suis ceinture blanche je peux avoir les métiers suivants : Si je suis ceinture jaune, je peux : Aller voir les animaux sans autorisation. Distribuer et ramasser les éponges. Etre responsable des plantes. Fermer et ouvrir la porte. Etre responsable du rang. Si je suis ceinture jaune je peux avoir les métiers suivants : Les métiers de la ceinture blanche ; Etre responsable des ballons de la cour ; Etre responsable d’un coin jeu ; Etre responsable du coin lavabo ; Etre responsable du relevé de la cantine. 11 BLANCHE ORANGE RESPECTER AUTRUI, SE RESPECTER Je connais le règlement de la classe. S'ORGANISER, ÊTRE AUTONOME J'ai rangé correctement J'ai terminé mon travail mes affaires. Mes fiches en temps voulu. sont classées. C'est dans la corbeille que j'ai jeté les papiers. Le travail que j'ai présenté a été sérieux et soigné. Je peux circuler dans la classe et utiliser librement le matériel collectif. Je peux circuler librement dans l'école, rester en classe pendant les récréations. MES DROITS J'ai rangé le matériel collectif et j'en ai pris soin. BLEUE Je peux utiliser sans le maître la salle polyvalente ou le bureau du directeur quand ils sont libres. J'ai respecté les règles de vie de la classe et de l'école, même en l'absence du maître / de la maîtresse. IV. Les métiers (responsabilités) dans la classe : a) Recherche collective : les métiers possibles Ramasseur des crayons et/ou du petit matériel (ciseaux, colle) Distributeur des feuilles Effaceur de tableau Facteur (transporte des documents dans les autres classes, au bureau du directeur, à l’administration) Tuteur d’un autre enfant (aider un nouveau à prendre ses repères, aider un enfant en difficulté dans une tâche clairement définie à l’avance ; ranger son cartable, par exemple) Responsable du bureau de l’enseignante Responsable de rang Responsable des poubelles Responsable des plantes vertes Responsable des animaux Responsable du matériel (trier et aiguiser les crayons, classer les feuilles par taille et couleur etc.) Responsable des lumières Responsable des portes Responsable de la propreté de la classe (ramasser les papiers, gérer les poubelles) Responsable du coin poupées : une par berceau, les rhabiller etc.. Responsable du coin cuisine : ranger dans les placard, changer les torchons etc.. Responsable des coins jeux : ranger les jeux en respectant les symboles ou pictogrammes ou les images, rechercher les pièces manquantes etc.. Responsable du coin bibliothèque : trier les livres, les ranger en respectant les symboles, sortir les libres abîmés, mettre un ou deux livres en valeur sur le présentoir par semaine etc.... Responsable du matériel de motricité ou de sport : sortir le ballon, ranger les cerceaux... 12 Responsable du matériel peinture : mettre un pinceau par pot, rassembler les pinceaux sales et les porter au point d’eau etc. Responsable des objets perdus ou trouvés Responsable de l’affichage : choix des dessins, et affichage si à la hauteur de l’enfant Distributeur de parole (donne le bâton de parole à celui qui le demande en levant son doigt) « Hôte d’accueil » : fait visiter l’école et la classe aux visiteurs ou au nouveaux élèves Gardien du bruit : fait sonner sa petite clochette quand le bruit de fond est trop important Gardien des colères de la maîtresse : faire sonner la clochette, quand la maîtresse commence à se mettre en colère Gardien du temps : gère un gros réveil pour annoncer les temps importants de la journée (goûter, récréation, motricité etc..) Gardien des présents et des absents : gère le tableau des présents Gardien des règles de la classe Monsieur ou madame météo : gère le panneau du temps qu’il fait Agent de liaison avec d’autres classes (à titre individuel ou en équipe) etc. b) Remarques : On peut avec les élèves plus grands réfléchir collectivement à la liste des métiers de la classe et surtout à la liste des compétences nécessaires à ces métiers. Les métiers peuvent être reliés aux ceintures de comportement : si j’ai la ceinture blanche j’ai le choix dans tels métiers, si j’ai la ceinture jaune, j’ai les métiers de la blanche et ceux de la jaune etc... Des métiers anciens ou inutiles peuvent disparaître et de nouveaux peuvent apparaître. Ils peuvent être proposés en conseil par les enfant ou l’enseignante spontanément ou en réponse à un problème particulier : ex : « je critique parce que les fiches de travail individuel sont toujours mélangées » « Je propose un nouveau métier : responsable des fiches ». c) Ressources Internet sur «les métiers » : http://ecole.saint.didier.free.fr/cycle1_metiers.htm Un exemple de fonctionnement des métiers au cycle 1 http://www.freinet.org/ne/139/dossier-139.htm Les responsabilités dans la classe coopérative : réflexions théoriques et organisation pratique. http://www.csdccs.edu.on.ca/programmes_et_services/appui_personnel_enseignant_debuta nt/appui_a_la_plannification/documentation/3e_annee/jour_2/J2_partage_des_responsabilite s_f4.pdf Un scénario d’apprentissage pour la mise en place des métiers dans la classe. 13