UE11 - Génétique - UMR2 Cours 5 (Non relu par le prof) 12/11/2015 Jean-Paul BONNEFONT [email protected] RT : Benoît LADRETTE RL : Hugo CRESPIN Maladies génétiques liées à des anomalies épigénétiques Plan : I. AB- Modifications épigénétiques Méthylation de l’ADN Méthylation et acétylation des histones II. ABCDE- Phénomène d’empreinte génétique Définition, généralités, rappels Mise en évidence de l’empreinte génomique Chronologie Mécanismes moléculaires Applications en génétique médicale Conclusion Tout d’abord quelques définitions : Epigénétique : phénotype transmissible résultant de modifications chromosomiques réversibles, sans altération de la séquence d’ADN, c.à.d. qu’on peut trouver des modifications de l’ADN, de l’expression des gènes sans altération de la succession des bases nucléiques. Empreinte génomique : mécanisme épigénétique aboutissant à l’expression monoallélique d’un gène en fonction de son origine parentale. L’empreinte est sous la dépendance d’un élément de contrôle de cette empreinte appelé ECE. Phénomène encore mal connu. ECE : petit morceau d’ADN dont l’état épigénétique contrôle l’expression soumise à empreinte des gènes inclus dans une région chromosomique. Effet en cis : action du produit d’un gène (ARN non codant, protéine) sur l’expression d’un autre gène porté par le même chromosome. Effet en trans : action du produit d’un gène sur l’expression d’un autre gène mais porté par un autre chromosome. ARN “non codants” : ARN non traduits en protéine (ARNt, ARNr…) dont il existe plusieurs classes (micro, macro, court…). Parthénogénèse : chez les mammifères, reproduction asexuée nécessitant la duplication du lot chromosomique de l’ovocyte (on colle deux noyaux d’une femme ou deux noyaux d’un homme dans un ovocyte, on déclenche l’embryogénèse et on voit ce qu’il se passe : étude fréquente en génétique). I. Modifications épigénétiques L’épigénétique a pris un essor considérable avec les techniques de séquençage haut débit et les nouvelles méthodes d’analyse des protéines. Cette épigénétique est considérée comme très importante par la communauté internationale, d’où l’émergence de l’« International Human Epigenome Project » qui s’est fixé pour objectif de séquencer 1 000 épigénomes humains. Ce projet a débuté il y a 5 ans et doit durer 10 ans. Ce projet va contribuer à expliquer comment le génome fonctionne et donner des pistes thérapeutiques pour savoir comment certaines maladies génétiques fonctionnent. Les modifications épigénétiques sont identiques dans leur nature, qu’elles soient sollicitées pour la mise en place et le maintien de l’empreinte génomique ou pour la régulation de l’expression de gènes non soumis à empreinte (ex : inactivation de l’X). Ces modifications épigénétiques sont rapidement réversibles dans le cas de la régulation de l’expression des gènes, alors que dans les phénomènes d’empreinte, ces modifications sont stables et font intervenir essentiellement 3 processus intervenant au niveau du remodelage de la chromatine (cf la suite du cours) : ● la méthylation/déméthylation de l’ADN ● au niveau des histones : acétylation/désacétylation et méthylation/déméthylation. ● recrutement de protéines chaperonnes. Ces différents processus aboutissent à une modification de la compaction de la chromatine. Elle est : - soit compactée, ce qui empêche les facteurs de transcription d’arriver au niveau des gènes. L’expression des gènes est donc réprimée ; - soit relaxée, ce qui permet la transcription des gènes. Bien sûr, la chromatine n’a pas la même conformation sur toute sa longueur, elle varie d’une région à l’autre. Nous n’en sommes qu’au début de la compréhension moléculaire des maladies génétiques et nous connaissons encore très mal la physiopathologie des maladies épigénétiques. A. Méthylation de l’ADN 1. Répartition dans le génome L’ADN est pratiquement exclusivement méthylé au niveau des cytosines présentes dans les paires CG (îlots CpG en anglais, méthylation/déméthylation dans la moitié des paires CG environ). On s’est aperçu qu’il existe aussi des cytosines en dehors des paires CG qui peuvent être méthylées. Mais, essentiellement, la méthylation impacte les cytosines des paires CG. Ainsi, dans les 3 milliards de paires de base du génome haploïde, on trouve : ● 45% de C et G ; ● 1-4% de dinucléotides CG, ils sont donc rares dans l’ensemble du génome. La méthylation des paires CG est conservée lors de la réplication. Les paires CG ne sont pas présentes au hasard, mais dans certaines régions précises (en particulier les régions répétées : α et β satellites, SINES, LINES, ALUs, tansposons…), souvent régulatrices de l’expression des gènes. Les paires CG peuvent être organisées en îlots (CpG islands) qui font quelques centaines de nucléotides et dont le contenu en C et G est supérieur à 55%. Ces îlots CpG sont flanqués par des régions relativement pauvres en paires CG. Les dinucléotides CG sont présents dans les régions intergéniques (peu, généralement les cytosines de ces régions sont méthylées et ces régions ne sont peu ou pas transcrites). Les dinucléotides CG se retrouvent également, de manière abondante, au niveau des promoteurs des gènes et des régions régulatrices flanquantes. Selon que les cytosines sont méthylées ou non, on a une absence de transcription ou transcription du gène en cis des îlots. Par contre, dans les régions flanquantes, il y a une relative raréfaction des îlots CG : les cytosines y sont généralement méthylées et il n’y a pas de transcription. Les dinucléotides CG peuvent se trouver à l’intérieur des gènes (généralement dans les introns). 2. Données biochimiques Les mécanismes de méthylation de l’ADN : La méthylation de l’ADN se fait à partir d’enzymes : l’ADN méthyl-transférase, dont il existe 4 isoformes impliquées dans la méthylation de l’ADN. Les isoformes 3A et 3B agissent avec le cofacteur 3L et sont principalement exprimées au tout début de l’embryogenèse (implantation J7). Elles mettent en place de novo la méthylation et interviennent dans l’établissement de l’empreinte. L’isoforme DNMT1, abondante dans les cellules somatiques, assure le maintien de la méthylation en fonction des nécessités (maintien de l’empreinte ou maintien en fonction des besoins de transcription des gènes) les déméthylases interviennent pour déméthyler l’ADN (on les connaît moins bien). Les isoformes 3A et 3B interviennent pour méthyler l’ADN. Soit l’ADN est maintenu méthylé (rôle de DNMT1 associée à des protéines), soit l’ADN doit être déméthylé. Dans le cas de la déméthylation, 2 processus sont possibles : un processus passif de méthylation, pas très bien connu ; un processus mené par les déméthylases qui coupent les groupes méthyl. Ainsi, la méthylation/déméthylation assure la régulation de l’expression des gènes. 3. Chronologie de la méthylation/déméthylation de l’ADN : Abordons la méthylation de l’ADN au cours du développement humain. Au cours du développement (valable chez l’ensemble des mammifères), en séparant les cellules en plusieurs catégories (somatiques, germinales et placentaires), on observe des phases de méthylation et de déméthylation. Sur ce schéma, on a séparé les gènes soumis à empreinte (qu’ils soient au niveau de l’embryon ou du placenta : noir pour les méthylés et gris pour les déméthylés) et les gènes non soumis à empreinte (embryon rouge : origine maternelle, placenta bleu : origine paternelle). Lorsque les cellules germinales primordiales (qui ont un fort taux d’ADN méthylé) émergent pendant la gamétogenèse, on constate une phase de déméthylation très importante, puis une phase de reméthylation pour les gènes non à l’empreinte génomique (bleu, rouge) et les gènes réprimés suite à l’empreinte (noir : méthylés). On observe un brassage des gènes soumis à empreinte et la mise en place de l’empreinte dans les gamètes du futur parent (l’embryon) qui, on le verra, dépend du sexe de l’embryon. Dans les cellules somatiques de l’embryon, il y a une déméthylation, aussi bien pour les gènes paternels (bien plus précoce) que pour les gènes maternels, (plus tardive) qui dure pendant une bonne partie de l’embryogénès, afin de permettre l’expression des gènes du développement notamment. On récupère une « méthylation normale » en fin d’embryogénèse. Les gènes soumis à empreinte maintiennent stable leur état de méthylation. 4. Etude de la méthylation et régulation de la transcription Sur ce schéma explicatif, on distingue les histones (cylindres) entourés d’un filament d’ADN. Au début, la chromatine est décompactée, la transcription fonctionne et on trouve des facteurs de transcription. Puis survient une méthylation lorsque des signaux indiquent aux méthyl-transférases de méthyler l’ADN. Les méthyl-transférases fixent des méthyl-cytosines (5mC) à l’ADN (les ronds rouges sur le schéma). Ces méthyl-cytosines modifient l’organisation du nucléosome (qui est l’association des histones et de l’ADN). Cette modification de la conformation de l’ADN s’accompagne du recrutement de methylbinding proteins (MBD). Ces MBD s’associent à une compaction de la chromatine et empêchent donc la fixation des facteurs de transcription (ronds orange) : il n’y a plus de transcription des gènes. 5. Techniques d’études de la méthylation de l’ADN Etudier la méthylation de l’ADN est plus complexe que séquencer un gène. Nous allons voir deux approches principales : • Le Methylation-sensitive Restriction Enzyme Sequencing (MRE-Seq), une technique qui utilise des enzymes de restriction sensibles à la méthylation (méthode la plus ancienne et la plus simple). Ces enzymes coupent l’ADN double brin. On met des enzymes de restriction avec de l’ADN. Elles coupent ou non selon que l’ADN est méthylé ou non. Ensuite, on peut travailler sur cet ADN qui a été modifié grâce à plusieurs techniques, mais surtout avec le séquençage haut débit ; • Une méthode employant du bisulfite de sodium (BS). Celui-ci transforme les cytosines non méthylées en uraciles. L’ADN traité par le bisulfite peut être analysé par PCR ou par séquençage : c’est le bisulfite sequencing (séquençage BS). Cette méthode a l’avantage par rapport à la première de ne pas nécessiter d’enzyme de restriction spécifique de la séquence. Quelques exemples : 1) L’emploi d’enzymes de restriction sensibles à la méthylation : ici, on observe une région d’ADN avec un état de méthylation différentiel selon la provenance maternelle ou paternelle du chromosome. L’enzyme Hha1 est une enzyme de restriction sensible à la méthylation. Hha1 coupe l’allèle paternel non méthylé et pas l’allèle maternel. En faisant un Southern Blot, on voit une petite bande pour l’allèle paternel coupé (3.4 kb) et une plus grande bande pour l’allèle maternel (6.6 kb). 2) Le bisulfite sequencing : le bisulfite de sodium a la propriété de transformer les cytosines non méthylées en uracile. En haut, on peut lire une séquence quelconque. Les cytosines méthylées sont en rouge et les cytosines non méthylées en vert. Après traitement au bisulfite, les cytosines méthylées restent des cytosines (restent rouge), alors que les cytosines non méthylées deviennent des uraciles. On peut donc voir dans une région d’ADN quelles cytosines sont méthylées et quelles cytosines ne le sont pas en comparant la séquence de l’ADN natif avec la séquence traitée par le bisulfite (dans laquelle on trouvera des thymines à la place des cytosines). 6. Maladies génétiques en rapport avec des mutations de partenaires de la machinerie épigénétique impliqués dans la méthylation de l’ADN L’identification de maladies qui impliquent des méthyltransférases ou des déméthylases est récente. En effet, il y a encore quelques années, on ne savait pas analyser le niveau de méthylation de l’ADN. Voici quelques exemples de maladies : ● Mutations de DNMT1 (découverte en 1999) : qui occasionnent une maladie autosomique récessive (avec déficit immunitaire, instabilité des centromères (car il y a beaucoup d’îlots CpG au niveau des centromères) chromosomiques et une dysmorphie faciale) ou une maladie autosomique dominante (avec une neuropathie héréditaire sensorielle et du SN autonome, une démence et une surdité). ● mutation de DNMT3A (découverte en 2014) : maladie autosomique dominante avec une avance statural, une dysmorphie faciale et une déficience intellectuelle. Ce qui est fascinant c’est qu’avec des mutations affectant la méthylation de l’ADN on puisse être vivant. On n’explique pas bien encore les symptômes de ces maladies rares. Utiliser du matériel génétique/cellulaire de ces patients permet d’obtenir des informations de sciences fondamentales et inversement. Ces anomalies épigénétiques constitutionnelles impactent souvent les fonctions cognitives, la croissance, le développement de la face (dysmorphies), le développement des membres et des extrémités (anomalies fréquentes des doigts et des orteils). D’autre part, certaines maladies sont liées à des protéines (methyl binding proteins) qui se lient à l’ADN méthylé : • syndrome de Rett (la plus ancienne, connue depuis 1999) : il est dû à une mutation de la MecP2 (Methyl CpG binding protein 2). Il touche les petites filles car il est lié à l’X et est dominant. Les garçons porteurs de la mutation meurent in utero (fausse couche).Ce syndrome donne un tableau neurologique très sévère : les petites filles régressent vers l’âge de 1 an (elles perdent leurs acquisitions), elles ont des mouvements stéréotypés (stéréotypies), une microcéphalie (le cerveau ne grossit pas) et elles convulsent ; • mutation de MBD5 (Methyl CpG binding domain protein 5) : on trouve encore un tableau neurologique important : déficit intellectuel, stéréotypies, microcéphalie, convulsions, petite taille. Il est frappant de constater que le phénotype du syndrome de Rett et le phénotype de la mutation de MBD5 sont superposables. B. Méthylation et acétylation des histones 1. Nucléosomes La chromatine est constituée de nucléosomes. Les nucléosomes sont des unités constituées d’un brin ADN (<150 pb) qui s’enroule autour d’un octamère d’histones. Un octamère d’histones est une hétéro-octamère (2×H2A, 2×H2B, 2×H3, 2×H4). Ces histones peuvent subir des modifications post-traductionnelles par différents processus chimiques : méthylation, acétylation… Il existe plus de 700 isoformes d’histones décrites chez l’Homme. Les histones sont le site de liaison de protéines qui vont régler la compaction de la chromatine. On connaît moins bien les processus épigénétiques qui impliquent les histones que les processus qui impliquent la méthylation l’ADN car il est plus facile d’étudier de l’ADN que des protéines. 2. Acétylation/désacétylation des histones Les histones acétylées (petits ronds rouges) constituent un signal pour certaines protéines (à bromodomaine) : ces protéines se fixent sur les histones ce qui permet la décompaction de la chromatine. Cette dernière devient active et les facteurs de transcription viennent se fixer sur l’ADN : la transcription peut donc se faire. La désacétylation, associée à une libération de ces protéines à bromodomaine, aboutit à la condensation de la chromatine et donc à un arrêt de la transcription 3. Méthylation des histones La méthylation est plus complexe que l’acétylation/désacétylation. En effet, une histone est soit acétylée, soit désacétylée. La méthylation, quant à elle, comprend plusieurs états intermédiaires, càd divers degrés de méthylation. Une histone peut avoir un ou plusieurs groupes méthyles: la combinatoire est donc plus compliquée. Le nombre de groupes méthyles a un effet plus ou moins prononcé sur la dynamique de la chromatine. La méthylation se fait sur des résidus lysine (Lys ou K). Selon la place de la lysine (K1, K2…) dans l’histone (H3, H4…) et selon son degré de méthylation, un signal est émis pour que la chromatine soit compactée ou relaxée. Exemple : la triméthylation de la Lys 9 de la sous-unité 3 de l’histone est associée à de la chromatine compactée inactive. Même chose pour la Lys 27 de la sous-unité 3 et la Lys 20 de la sous-unité 4. Ces marques de la relaxation ou de la compaction de la chromatine repoussent et attirent des protéines et sont retrouvées de manière universelle dans le génome. Il faut noter qu’il existe différents degrés de compaction et de relaxation régulant l’expression de la chromatine, ce n’est pas du tout ou rien. 4. Méthylation/acétylation des histones : les partenaires Concernant la méthylation/déméthylation les enzymes sont plus ou moins spécifiques : ● le type de méthyltransférase qui intervient dépend de la position de la Lys à méthyler au sein de l’histone. C’est donc un système très complexe qui fonctionne grâce à une grande variété de méthyltransférases ; ● certaines déméthylases commencent à être connues Exemple : la protéine KDM5C (K = Lys ; KDM = lysine demethylase) assure la déméthylation de la Lys 4 de la sous-unité 3 de l’histone. Exemple 2 : KDM6A assure la déméthylation de la Lys 27 de la sous-unité 3. Concernant l’acétylation/désacétylation : ● ce processus est moins bien connu et il est presque aussi complexe que la méthylation/déméthylation ; ● on connaît à ce jour seulement 3 gènes qui codent chacun pour une acétyltransférase différente. Il en est de même pour les désacétylases. Mot du RT : les noms des différentes enzymes ci-dessus ne sont pas à connaître mais tendent à montrer la complexité du système. 5. Passage d’une chromatine relaxée à une chromatine compactée Résumons avec ce schéma ce que nous venons de voir. Depuis la chromatine relaxée jusqu’à la chromatine condensée, on passe par les étapes suivantes : 1) méthylation de l’ADN par les ADN méthyltransférases (fixation de groupes CH3) ; 2) action des histone-désacétylases : les groupes acétyles disparaissent (les scoubidous oranges sur le schéma) ; 3) action des méthyltransférases : méthylation des histones sur les lysines ; 4) recrutement de protéines sur ces histones méthylés et désacétylés ; 5) condensation de la chromatine. 6. Maladies intervenant dans l’acétylation/désacétylation des histones Mot du RT : les maladies et leurs symptômes ne sont pas connaître mais illustrent l’implication épigénétique en médecine, ici au niveau des histones. Une revue sortie en 2014 a fait le point sur les maladies génétiques en rapport avec des anomalies de la méthylation ou de l’acétylation des histones. Les protéines impliquées dans ces maladies interviennent dans le contrôle des mécanismes épigénétiques : Anomalies des acétyltransférases : le syndrome de Rubinstein-Taybi : 2 gènes (CREBBP, EP300) responsables sont connus et donnent le même phénotype (dominant autosomique): - dysmorphie faciale, des doigts et orteils - retard de croissance - déficience intellectuelle le syndrome génito-patellaire : gène KAT6B (récessif autosomique) - dysmorphie faciale - déficience intellectuelle + microcéphalie - absence de rotule - anomalies urogénitales Anomalies d’une déacétylase : Le syndrome de Cornelia de Lange (anomalie de la désacétylation) : c'est une maladie autosomique dominante lié à l'X, touchant aussi bien les filles que les garçons, due à une mutation du gène de la protéine HDAC8 (histone desacetylase C8), Signes cliniques : dysmorphie faciale avec synophris (sourcils joints), grande bouche, visage large, anomalies des doigts, retard de croissance, déficience intellectuelle. Message du généticien : Il est intéressant de constater que des mutations d'acétyltransférases et des mutations de désacétylases entraînent des pathologies génétiques assez proches, c'est-à-dire des pathologies qui ont des signes cliniques communs (mêmes anomalies : faciales, de la cognition, de la croissance +++…). Les différentes maladies auront tendance à augmenter ou diminuer la compaction de l’ADN. Elles mettent en avant la nécessité d’une certaine balance compaction/relaxation pour un développement sain de l’embryon. II. Phénomène d’empreinte génomique L'empreinte génomique a un rôle important en génétique médicale : beaucoup de maladies sont associées à des anomalies de l'empreinte génomique. Ce phénomène d'empreinte génomique fait intervenir des mécanismes épigénétiques. A. Définitions, généralités (/ !\ à bien connaître), rappels L’empreinte génomique est le phénomène par lequel un gène : Est présent en une copie sur chacun des 2 chromosomes homologues paternel et maternel s’exprime de façon mono-allélique du fait de l’inactivation fonctionnelle de l’autre allèle. Cette inactivation dépend de l’origine parentale (origine paternelle ou maternelle) du chromosome qui le porte. Exemple : un gène soumis à empreinte maternelle est présent sur le chromosome paternel et sur le chromosome maternel, mais ce gène ne s’exprime que sur le chromosome paternel. Sa transcription est verrouillée sur le chromosome maternel. Ce phénomène physiologique d'empreinte n’intéresse que certaines régions du génome nommées Imprinting Control Regions (ICR). On trouve une vingtaine d'ICR répartis dans une centaine de gènes humains : l'empreinte ne concerne que certaines régions de certains chromosomes (alors que nous avons environ 20000 gènes codant une protéine, cela représente environ 0,4% de ces gènes !). Ce phénomène d’empreinte est un processus héritable qui se produit au cours de la gamétogénèse. Il est stable au cours des mitoses successives, càd que l'empreinte génomique ne bouge pas une fois qu'elle est mise en place dans une cellule, et ce jusqu'à la fin de la vie sauf en cas d'anomalies comme dans les cancers. Par contre, le phénomène d'empreinte est réversible dans un seul type cellulaire : les cellules germinales. Dans ces cellules germinales, l'empreinte s’efface puis se réappose. Quelques rappels embryologiques : Juste au moment de la fécondation les pronucléi maternel et paternel fusionnent puis débute le clivage. Ce tas de cellules s’organise au 6e jour de développement en blastocyste où on a le trophectoderme (cellules bleues) qui donnera le placenta et une masse cellulaire interne (vertes) qui donnera l’embryon. Avec ce type de matériel on peut étudier, soit dans l’embryon précoce soit plus tardivement chez le fœtus, les modifications épigénétiques qui existent, l’empreinte génomique, son installation, ses phases avec différents systèmes non expliqués dans ce cours. (Attention le schéma traite du développement murin). Le prof ne traitera pas plus en détails les méthodes d’étude. B. Mise en évidence de l’empreinte génomique Elle provient à la fois d’expériences faites sur des embryons animaux et d’observations faites sur les disomies parentales. 1. Chez la souris Dans les années 60, Cattanach, un généticien américain, réalisait des transplantations nucléaires afin d’obtenir des ovocytes à deux génomes paternels (ovocyte androgénique) ou des ovocytes à deux génomes maternels (ovocyte gynogénétique). Il déclenchait ensuite l’embryogénèse. (cf schéma page suivante) Pour l’ovocyte à 2 génomes paternels : le plus souvent il n’y a pas d’implantation de l’embryon. Et chez les embryons qui ont pu s’implanter, on observe un développement des annexes extraembryonnaires (placenta) correcte mais une absence de développement de l’embryon. Ainsi le génome paternel est surtout responsable du développement des tissus extra embryonnaires (placenta). Pour l’ovocyte à 2 génomes maternels : l’implantation est normale mais il y a une insuffisance du développement du placenta. Du fait de cette carence de croissance des tissus extra embryonnaire, l’embryon n’arrive pas à terme. Ainsi le génome maternel est surtout responsable du développement des tissus embryonnaires. La conclusion à en tirer est que pour un développement embryologique sain il y a besoin à la fois du génome paternel ET maternel (quel scoop !). 2. Chez l’homme a. Jumeaux monozygotes L’observation des jumeaux monozygotes (qui proviennent d’un même ovocyte et qui a subit ensuite un clivage précoce en deux embryons) a montré que ces vrais jumeaux avaient le même génome. Il existe cependant des jumeaux monozygotes discordants. b. Phénotype des môles hydatiformes et des triploïdies Chez certaines femmes enceintes, on a observé une prolifération monstrueuse et dérégulée du placenta (= môle hydatiforme) pouvant entrainer un cancer de placenta. Les chercheurs se sont intéressés à ce placenta présentant une aberration et ont découvert la présence de deux génomes paternels. La présence de deux génomes maternels peut entrainer l’apparition d’un tératome ovarien avec une anomalie de la différenciation des ovocytes en l’absence de fécondation. Elle peut entrainer également une triploïdie (=présence de trois lots de chromosomes au lieu de deux) qui sera à l’origine d’un cancer de l’ovaire. La triploïdie est non compatible à la vie sauf si elle existe à l’état de mosaïque. Le développement embryonnaire humain dépend de deux conditions : - la présence d’un génome maternel ET d’un génome paternel - la présence d’UN seul génome maternel et UN seul génome paternel c. Transmission préférentielle par un parent Exemple d’un gène soumis à empreinte de telle façon que seul le gène maternel est exprimé ; le gène paternel est verrouillé par le phénomène d’empreinte phénomène physiologique. Si une mutation apparaît au niveau de ce gène, elle aura une conséquence différente si elle touche le gène porté par le chromosome maternel ou le gène porté par le chromosome paternel. En effet : ● si le gène maternel est muté l’individu est porteur de la mutation et il est malade. ● si le gène paternel est muté l’individu est porteur de la mutation mais il n’est pas malade (individu sain). Les mères mutées (atteintes ou saines) transmettent (une fois sur deux) la mutation et transmettent le phénotype. Alors que les pères mutés (atteints ou sains) transmettent (une fois sur deux) la mutation mais ne transmettent pas le phénotype. d) Disomies uniparentales (DUP) Définition : Une disomie uniparentale correspond à la présence chez un individu d’une paire de chromosomes homologues issue d’un même parent. Non expliqué par le prof en cours : On connaît les chromosomes impliqués dans les disomies uniparentales. On n’a pas décrit de disomies uniparentales chez certains chromosomes (représenté par des idéogrammes blancs, ex le chromosome 19) soit parce que ça n’existe pas, soit parce que les individus touchés ne sont pas viables (DUP va entrainer des fausses couches) soit parce que ces DUP ne donnent aucune manifestation pathologique. Mécanismes : Une disomie uniparentale nécessite deux évènements Tout à droite, on a une méiose normale avec ses deux divisions : M1 (première division) et M2 (deuxième division). Il existe des anomalies de disjonction chromosomique : + non disjonction au niveau de M1 (suivie d’une M2 normale) aboutissant à un gamète nullosomique et un gamète hétérodisomique. + M1 normale suivie d’une non disjonction au niveau de M2 aboutissant à un gamète nullosomique et un gamète isodisomique. Il y a 3 situations : + Fécondation entre un gamète disomique et un gamète nullosomique. On observera une disomie uniparentale. Il y a une complémentation gamétique. C’est une situation assez rare car elle nécessite la survenue d’une aberration de non disjonction à la fois chez le père est chez la mère. + Fécondation entre un gamète disomique (en noir) et un gamète normal (en rouge) qui aboutit à la formation d’un embryon trisomique (les trisomies ne sont pas viables sauf pour la trisomie 21). Un phénomène de correction post-zygotique de la trisomie en disomie peut avoir lieu dans certains cas au tout début de l’embryogénèse : - si le chromosome rouge est enlevé au cours de cette correction, alors on se retrouve avec une disomie uniparentale. - si le chromosome noir est enlevé, alors on se retrouve avec un embryon normal avec un chromosome maternel et un chromosome paternel. + Fécondation entre un gamète nullosomique et un gamète normal qui aboutit à la formation d’un embryon monosomique (en dehors de la monosomie X toutes les monosomies ne sont pas viables). Un phénomène de correction (duplication) post-zygotique de la monosomie en disomie peut avoir lieu dans certains cas aboutissant ainsi à une disomie uniparentale. Conséquences : Le parent est normal (possède un chromosome maternel et un chromosome paternel) et l’enfant a une disomie uniparentale paternelle (ses deux chromosomes sont d’origine paternelle). Il y a 3 conséquences possibles : Légende : Etoile = mutation X = empreinte génomique (gène non exprimé) Méthodes d’analyse (non expliquées) Principe : étudier la ségrégation intrafamiliale de marqueurs polymorphes (microsatellites) Pour le même locus : ● La mère est hétérozygote (possède deux marqueurs B et C) ● Le père est homozygote (possède deux copies du marqueur A) ● L’enfant a une disomie uniparentale et a reçu les deux marqueurs (B et C) correspondant au chromosome maternel. Il s’agit donc d’une DUP maternelle. Il y a donc une double contribution maternelle et une absence de contribution paternelle. NB : Le fait que des gens par des méthodes de cytogénétique aient pu repérer chez des enfants dont le caryotype montrait une disomie d’un chromosome (3 ou autre) qu’il venait d’un seul et même parent ; ou qu’une disomie du 7 est forcément maternelle si présence de tel ou tel symptôme, a permis de grandes avancées dans la compréhension de l’empreinte génomique et de son importance. C. Chronologie Comment l’empreinte parentale au niveau des cellules germinales change d’une génération à l’autre en fonction du sexe de l’enfant ? Les deux gènes A et B sont soumis à empreinte génomique. Le gène B n’est pas exprimé sur le chromosome paternel alors qu’il est exprimé sur le chromosome maternel. Le gène A n’est pas exprimé sur le chromosome maternel alors qu’il est exprimé sur le chromosome paternel. Deux situations : en haut la fécondation aboutit à un garçon alors qu’en bas, la fécondation aboutit à une fille. Ainsi au niveau des cellules somatiques, le garçon et la fille auront un chromosome paternel avec le gène B soumis à empreinte et un chromosome maternel avec le gène A soumis à empreinte. Au niveau des cellules précurseurs de la lignée germinale, il y a un effacement de l’empreinte parentale héritée à partir de la 20e SD (dû à la vague de déméthylation, vu dans la première partie du cours). Au cours du développement de la lignée germinale, il y a une réapposition d’une nouvelle empreinte spécifique du sexe (du futur parent), dans les gamètes matures. Dans la mesure où le petit garçon est un futur père, il va avoir au niveau de tous ses gamètes une réapposition de l’empreinte génomique de telle façon qu’il aura le même modèle d’empreinte génomique que celui d’un père (càd gène B non exprimé et gène A exprimé). A l’inverse, dans la mesure où la petite fille est une future mère, elle va avoir au niveau de tous ses gamètes une réapposition de l’empreinte génomique de telle façon qu’elle aura le même modèle d’empreinte génomique que celui d’une mère (càd gène A non exprimé et gène B exprimé). D. Mécanismes moléculaires de l’empreinte génomique 1. Schéma général Durant la gamétogénèse il y a un signal épigénétique dont on ne connaît pas exactement la nature (mécanique, chimique, hormonal, environnemental ?) qui entraîne une initiation de l’empreinte (nommée épigénèse) par des phénomènes épigénétiques impliquant des protéines de liaison à l’ADN et des ARN non codants. Chez l’embryon au niveau des cellules gamétiques et somatiques, il y a un maintien de l’empreinte qui implique la méthylation de l’ADN, la modification des histones et le remodelage de la chromatine. 2. Mécanismes Biochimiques Le niveau de méthylation des gènes soumis à empreinte dans les cellules somatiques au moment du développement embryonnaire reste stable. Alors qu’au niveau des gènes non soumis à empreinte (de l’embryon et du placenta), il y a une variation du niveau de la méthylation. Ainsi au niveau des cellules somatiques, l’empreinte génomique est un phénomène stable. La chronologie et la dynamique de la méthylation dépend beaucoup du sexe de l’embryon : Considérons l’embryon au stade « quelques cellules ». Toutes ses cellules sont méthylées. Au moment où se différencient les précurseurs germinaux, ils subissent une phase de déméthylation qui a une durée variable selon que l’embryon est un mâle ou une femelle (valable chez tous les mammifères). A partir de 20 semaines de développement, au moment de l’expression du gène SRY et de l’acquisition de la différenciation mâle/femelle, les gènes portés par les futurs spermatozoïdes se reméthylent, alors que les gènes contenus dans les futurs ovocytes restent déméthylés. Les gènes des futurs ovocytes ne se reméthyleront qu’au moment de l’ovulation. Ainsi, le processus de méthylation/déméthylation du génome dans les cellules germinales diffère en fonction du sexe de l’embryon. 3. Les partenaires Parmi les 20 000 gènes codants pour une protéine, 100 gènes sont soumis à une empreinte génomique chez l’homme. Les ICR (au nombre de 20 chez l’homme) sont des clusters de 2 à 12 gènes : dont tous ne sont pas soumis à empreinte il y a toujours au moins un gène qui code pour un ARN non codant (ncRNA) nécessaire au maintien de l’empreinte pour tout le cluster sous le contrôle d’un élément de contrôle de l’empreinte (ECE) (= petit morceau d’ADN) a) Elément de contrôle de l’empreinte (ECE) L’élément de contrôle de l’empreinte est inclus dans un cluster de gènes de taille ~ 1 Mb. La taille d’un ECE est de quelques kb. L’ADN de l’élément de contrôle de l’empreinte a des marques épigénétiques qui sont différentes du reste de l’ADN (méthylation de l’ADN et modifications des histones spécifiques de l’allèle parental). Un ECE non méthylé (donc ACTIF) est répresseur de l’expression de gènes positionnés en CIS. Un ECE méthylé (donc INACTIF) permet l’expression des gènes positionnés en CIS. De plus s’il y a une délétion de l’élément de contrôle alors il y a perte de l’empreinte des gènes dans la région. Les mécanismes de contrôle : (peu expliqués lors du cours) La méthylation de l’ECE intervient durant la gamétogénèse, le plus souvent sur le chromosome maternel. La méthylation se fait par le biais d’une DNA méthyltransférase DNMT3A et son co-facteur DNMT3L, qui reconnaît l’ECE en fonction de sa structure particulière avec : La présence de 2 paires CpG distantes de 8-10 bases La présence d’histones particulières Un ECE non méthylé a un profil de méthylation et d’acétylation des histones particulier. Un ECE méthylé a un profil épigénétique différent. b) ARN non codants La majorité du transcriptome (=totalité des transcrits dans un tissu) des mammifères correspond à de l’ADN non codant. Ces derniers jouent un rôle dans la régulation de l’expression des gènes et jouent un rôle dans l’empreinte. Ces ARN peuvent agir : en Trans : - short interfering RNA (siRNA: 21 nt) - microRNA (miRNA ou MIR: 22 nt) - Piwi-interacting RNA (piRNA: 26-31 nt) - Short nucleolar RNA (snoRNA ou snoR 60-300 nt) en Cis : - long (macro) ncRNA (n x 105 nt) autres actions: - maintien de l’empreinte - interaction ARN-ARNantisens - interaction avec protéines - précurseurs de petits ARNnc - interaction avec petits ARNnc Les ARN non codants ont des caractéristiques structurales : - peu d’introns - peu d’épissage - rétention nucléaire - accumulation au site de transcription Les ARN non codants ont également des caractéristiques fonctionnelles : - Les ARN non codants sont indispensables à la mise en œuvre de l’empreinte - Ils sont répresseurs en cis de l’expression des gènes flanquants - Ils ont une expression tissu-spécifique corrélée avec l’empreinte tissu-spécifique des gènes qu’ils contrôlent. Exemple : l’empreinte du gène UBE3A est présente au niveau des neurones mais absente au niveau des cellules gliales (empreinte tissu-spécifique) Un exemple de macro ARN non codant : les transcrits XIST et TRIX au niveau du chromosome X. En effet les femmes possèdent deux chromosomes X dont l’un va être inactivé très tôt dans l’embryogénèse). Avant la mise en place de l’inactivation du chromosome X : le gène XIST est responsable de l’inactivation du chromosome X. Il code pour un ARN non codant XIST. Près de ce gène, on trouve le gène TSIX qui code pour un ARN non codant qui se combine avec l'ARN XIST et l'empêche alors d'avoir un rôle fonctionnel. Lors de la mise en place de l’inactivation du chromosome X : Par un mécanisme qu'on ne connaît pas encore, le gène TSIX est réprimé sur l'un des chromosomes X, il ne pourra donc plus fixer l'ARN XIST. Ce dernier va donc pouvoir inhiber la transcription des gènes portés par le chromosome où il est lui même exprimé → Chromosome X inactif. Ce sont les mêmes bases moléculaires que pour l’empreinte. E. Applications en génétique médicale 1. Impact des gènes soumis à empreinte en physiologie a. Gènes soumis à empreinte et placenta Il y a de nombreux gènes soumis à empreinte exprimés seulement dans le placenta (on ne sait pas encore pourquoi). Ils interviennent dans les capacités de transport nutritionnel du placenta : la régulation de la croissance et de la structure du placenta, les systèmes de transport spécifiques et les interactions materno-fœtales. b. Gènes soumis à empreinte et croissance Chez l’animal une délétion ou une surexpression de certains gènes soumis à empreinte entraîne des modifications de la croissance (retard de croissance ou avance de la croissance). Chez l’homme on a étudié l’expression génique différentielle des gènes du placenta chez les enfants ayant un RCIU: 7 % des gènes du placenta sont soumis à empreinte (c’est bien supérieur au reste du génome !) et 22% des gènes placentaires soumis à empreinte sont exprimés différentiellement selon un RCIU ou pas. c. Gènes soumis à empreinte et nutrition (non expliqué en cours) Un exemple : Chez la souris, des nouveaux-nés ont été soumis à un allaitement maternel anormalement prolongé et ont déclaré une anomalie de la sécrétion d’insuline au niveau des ilots pancréatiques chez les souris adultes. Cette altération de la sécrétion d’insuline est associée à une expression différentielle de 2 gènes soumis à empreinte dans le pancréas. 2. Impact des gènes soumis à empreinte en pathologie Les caractéristiques de l’hérédité non mendélienne liée à l’empreinte génomique : les sujets atteints : homme ou femme issus de l’union d’un conjoint sain non muté avec un conjoint sain muté (mutation héritée) ou avec un conjoint sain non muté (mutation sporadique, de novo) la pénétrance est incomplète (maladie autosomique dominante, il suffit d’une mutation), variable en fonction du sexe du parent transmetteur avec saut de génération (sujet normaux transmetteurs) pas de variabilité d’expression (contrairement aux maladies autosomiques dominantes classiques) le mode de transmission de la mutation se fait par les mères ET par les pères (indépendant de l’origine parentale de l’empreinte du gène considéré) alors que le mode de transmission de la maladie se fait par les mères OU par les pères (dépendant de l’origine parentale de l’empreinte du gène considéré). risque de transmission à la descendance directe : de la mutation : ½ quel que soit le sexe du parent transmetteur de la maladie : 0 ou ½ en fonction du sexe du parent transmetteur Exemples de maladie : Selon que l’anomalie est sur le gène maternel ou paternel on aura des phénotypes différents. Chromosome 11 Beckwith-Wiedemann (BWS) : en période néonatale on observe une viscéromégalie, une avance staturopondérale, une anomalie de la paroi abdominale et des hypoglicémies. Silver-Russel (SR) : retard de croissance pré et post-natal, dysmorphie. Chromosome 15 Angelman (AS) : retard mental sévère, microcéphalie, convulsions (atteinte du gène qui s’exprime sur le chromosome maternel). Prader-Willi (PWS) : retard mental modéré, retard de croissance prénatal puis obésité postnatale, hypotonie néonatale, dysmorphie (atteinte d’un autre gène qui s’exprime cette fois-ci sur le chromosome paternel). Gène contrôlant l’empreinte : anomalie de la DNMT3A (2014) Elle a pour rôle la mise en place de novo de la méthylation (cf début du cours) et est impliquée dans l’établissement de l’empreinte et dans la croissance. Une mutation perte de fonction conduira à une avance staturale. (Les autres exemples n’ont pas été traités en cours) Schématiquement, ces maladies se manifestent par des problèmes de croissance, de développement des membres et de développement intellectuel. 3. Exemple de maladie épigénétique par anomalie « directe » d’une région soumis à empreinte au niveau du chromosome 15 (région proximale) : les syndromes de Prader-Willi et Angelman (15q11-q13) Mot du RT : il faut comprendre les mécanismes encore une fois, savoir le nom maladies ne sera pas exigé. Les syndromes de Prader-Willi et les syndromes d’Angelman sont liés à des réarrangements d’une même région chromosomique mais aux conséquences phénotypiques très différentes (en fonction de l’origine parentale du chromosome qui porte l’anomalie). Ce sont des maladies rares mais qui ne sont pas exceptionnelles non plus. Dans le syndrome d’Angelman on retrouve un retard mental sévère, une démarche ataxique avec des tremblements, des troubles de comportement, une microcéphalie et des convulsions. (Absence ou perte de fonction du gène UBE3A porté par le chromosome 15 MATernel) Dans le syndrome de Prader-Willi on retrouve une hypotonie néonatale, avec une difficulté de succion néonatale, un retard mental léger (plus rare) et une hyperphagie qui se développe après l’âge de 1 an entraînant une obésité (qui fait la gravité, la morbidité de la maladie). (Absence ou perte de fonction des gènes 15q11-q13 portés par le chromosome 15PATernel) Il existe un ECE dans cette région qui est séparé en deux clusters de gènes : une partie contrôle un gène d’origine maternelle (et s’il est endommagé on a un Angelman), une autre partie un peu plus loin (qui une fois endommagé donne un Prader-Willi). Mécanismes : a) le gène UBE3A (impliqué dans l’ubiquitination) d’origine maternelle dont la mutation donne le Syndrome d’Angelman est soumis à une empreinte par le même mécanisme que l’inactivation du chromosome X. On a deux gènes : un gène UBE3A et un gène antisens (sur l’autre brin d’ADN) codant un ncRNA antisens qui va inhiber le RNA UBE3A. C’est ce qui se passe lorsque la transcription se fait sur les deux brins : cas du chromosome paternel. Sur le chromosome maternel la transcription d’UBE3A se fait sur un seul brin : on a donc expression du gène et production de la protéine. b) On observe des mutations ponctuelles, des délétions ou insertion au niveau d’un gène soumis à empreinte ou au niveau de l’élément de contrôle de l’empreinte (ECE) : Exemples de mécanismes qui peuvent contribuer à la mise en place du syndrome d’Angelman (qui correspond à une non contribution maternelle) : délétion maternelle, mutation du gène maternel, disomie uniparentale paternelle ou une mutation du centre d’empreinte maternel. Abréviations : RCIU : retard de croissance intra-utérin Mot du RT : un des cours les plus longs depuis le début de l’année mais très intéressant ! Il fait appel à nos connaissances à la fois de P1 (biochimie) et P2 (génétique moléculaire et médicale). Attention les maladies et leur sémiologie ne sont pas à connaître pour l’examen : elles illustrent les différents mécanismes épigénétiques qui sont eux à comprendre. Bon courage à tous et aimez-vous les uns les autres ! Quelques contrepèteries : Taisez-vous en bas ! C’est ici qu’on pendit le fuselage de l’aviatrice. Les laborieuses populations du Cap. FICHE RECAPITULATIVE Points clés à retenir 1. L’épigénétique est définie par l’ensemble des processus biologiques à l’origine de modifications chromosomiques sans altération de la séquence de l’ADN. 2. Les principaux processus épigénétiques sont la méthylation/déméthylation de l’ADN, la méthylation/déméthylation et acétylation/désacétylation des histones, la compaction/relaxation de la chromatine 3. La chromatine compactée est caractérisée par la méthylation de l’ADN, la désacétylation des histones, la méthylation de certaines histones et la liaison de protéines « chaperonnes d’histone». 4. L’empreinte génomique est définie par l’expression (synthèse d’ARN et/ou de protéine) monoallèlique d’un gène biallélique, déterminée par l’origine parentale, maternelle ou paternelle, des chromosomes homologues portant ce gène. Elle est initiée et maintenue par des mécanismes épigénétiques. 5. Les caractéristiques de l’empreinte génomique sont 1/ la restriction à certaines régions du génome, 2/ l’initiation et le maintien résultant de modifications épigénétiques, 3/ l’héritabilité transgénérationnelle, 4/ la stabilité durant la vie de l’individu 5/ la réversibilité transgénérationnelle 6. L’empreinte génomique est contrôlée par une région d’ADN, nommée élément de contrôle de l’empreinte (ECE), agissant de concert avec des macroARN non codants. 7. La méthylation de l’ECE gouverne sa capacité d’activer ou de réprimer en Cis l’expression des gènes soumis à empreinte 8. L’inactivation d’un X chez la femme fait intervenir des processus épigénétiques similaires à ceux qui interviennent dans l’empreinte génomique 9. Durant le développement embryofoetal, le génome paternel est principalement impliqué dans le développement des annexes extra-embryonnaires, alors que le génome maternel est principalement impliqué dans le développement de l’embryon/fœtus 10. Les gènes soumis à empreinte interviennent principalement dans 1/ les fonctions placentaires, 2/ la croissance staturopondérale, 3/ le développement cognitif. 11. De nombreuses pathologies humaines résultent d’anomalies (réarrangements, mutations) affectant des gènes soumis à empreinte ou des génes contrôlant les phénomènes d’empreinte. Elles se manifestent le plus souvent par 1/ des anomalies du développement intellectuel, 2/ des anomalies de croissance, 3/ des malformations