TES2 Thème : Mondialisation et croissance TRAVAIL PREPARATOIRE (10 POINTS). 1. Qu’est ce qu’un investissement direct à l’étranger (IDE) ? (document 1) – 1 point. 2. Comparez la situation des IDE entrants pour les PDEM et les PED dans le document 1. Que pouvez-vous en conclure ? – 2 points. 3. Inscrivez les deux données pour la période 2000-2003 du document 2 dans une phrase permettant d’en comprendre le sens. – 1 point. 4. Quels liens peut-on établir entre l’évolution du PIB mondial et celle de l’exportation de marchandises ? (Document 2) – 1 point. 5. A partir de l’exemple Boeing – Airbus, montrez en quoi la politique commerciale peut être un facteur de croissance économique – 2 points. 6. Qu’est ce que le GATT, l’OMC (document 4) – 2 points. 7. Expliquez le passage souligné du document 4 – 1 point. QUESTION DE SYNTHESE (10 POINTS). Après avoir expliqué en quoi on assiste à un processus de mondialisation de l’économie, vous montrerez sous quelles conditions celui-ci est un facteur de croissance économique. Dossier documentaire Document 1 M. Crozet. P. Koenig. Le rôle des FMN dans le commerce international. Cahiers Français n°325, La documentation française, 2006. Document 2 L. Abdelmalki. R. Sandretto. La nouvelle géographie du commerce international. Cahiers Français n°325, La documentation française, mai 2005. 1 Document 3 Si sur un marché le nombre de producteurs est limité par la taille des investissements à effectuer, la politique commerciale stratégique consiste à dissuader la concurrence de se lancer dans la fabrication du produit concerné : ainsi sera protégée la rentabilité des firmes déjà installées. P. Krugman illustre cette politique d'exploitation des imperfections de la concurrence par un exemple désormais très connu : celui de l'affrontement entre Boeing et Airbus. Sur le marché des avions gros porteurs moyen courrier où Boeing était virtuellement en position de monopole avec le « 767 » l'arrivée de « l'Airbus A300 » en 1974 a été possible grâce à une politique de soutien financier en provenance de la CEE [...]. La concurrence a été stimulée, le prix des avions a baissé ce qui a été finalement favorable aux consommateurs. Les gains obtenus par les compagnies aériennes américaines n'ont pas compensé la réduction des bénéfices de Boeing, les Etats-Unis ont été les grands perdants de cette opération. En revanche, selon Krugman, les gains réalisés par les transporteurs européens ont été approximativement égaux au montant des subventions versées à Airbus, l'opération a donc été blanche d'un point de vue financier, mais de nombreux emplois ont été créés en Europe. (…) Dans l'exemple de Krugman, ce qui est perdu par les Etats-Unis est gagné par les Européens. L'intervention de l’Etat condamnée par les classiques (…) retrouve des possibilités d'expression dans les relations commerciales internationales. Les échanges revêtent alors une dimension conflictuelle : le gain réalisé par une nation réduit le bien-être dans les autres. On assiste aussi au travers de la politique commerciale stratégique à une reformulation de l'argument de la protection des industries naissantes énoncé par F. List au XIXème siècle. F. Teulon, La Nouvelle Economie mondiale, 3e éd., coll. Major, PUF, 1997. Document 4 La libéralisation des échanges sous la conduite du GATT puis de l'OMC ne s'est pas traduite par une convergence entre chacun des acteurs de l'économie mondiale. L'intégration s'est en général faite sur la base de spécialisations peu avantageuses pour les PED, en particulier en produits primaires dont la valeur relative par rapport aux autres biens échangés (exprimés par les termes de l'échange) s'est réduite. Entre 1960 et 2000, les PED non exportateurs de pétrole ont vu leurs termes de l'échange diminuer d'environ 25%, et parmi eux, les pays les moins avancés ont subi une perte de 50 % (…). Ceci tendrait à accréditer l'idée que les gains tirés de l'ouverture économique ne vont pas de soi, en particulier en cas de spécialisation trop marquée et sur des produits à faible valeur ajoutée. L'ouverture économique a profité à de nombreux pays toutefois, à l'instar de la Corée du Sud ou de Singapour. Cette ouverture s'est néanmoins matérialisée pour ces pays après avoir atteint un certain degré de développement dans des secteurs porteurs et avec l'appui protecteur des États locaux. B. Ferrandon, « Inégalités, pauvreté : comment les mesurer ? », Cahiers français n° 305, © La Documentation française, novembre-décembre 2001. 2 Travail préparatoire : Question 1 : L’IDE se définit comme une opération par laquelle un agent économique basé dans un pays acquiert un actif situé dans un autre pays avec l’intention de le gérer. On distingue deux types d’IDE : 1/ la création, via les investissements productifs, d’une filiale de production nouvelle dans le pays d’accueil (stratégies de « green field ») ; 2/ la prise de contrôle majoritaire d’une entreprise déjà existante. Dans ce cas on parle d’investissement direct : la prise de contrôle est égale ou supérieure à 10 % du capital de l’entreprise d’accueil. Question 2 : Sur le plan longitudinal, on observe une hausse importante des IDE entrants tant en ce qui concerne les PDEM que les PED. En 1980, on enregistrait 46,6 milliards de dollars US d’IDE entrants dans les PDEM ; en 2003, ce montant s’élève à 366,6 milliards de dollars. S’agissant des PED, on enregistrait 8,4 milliards de dollars d’IDE entrants en 1980 ; 172 milliards en 2003. Sur le plan transversal en 2003, on constate que le flux d’IDE entrants est nettement plus important pour les PDEM que pour les PED. On peut donc en conclure que le processus de mondialisation des firmes concerne surtout les PDEM et dans une moindre mesure les PED. Autrement dit, les déplacements internationaux de capitaux à vocation industrielle répondent davantage à l’attractivité des PDEM (extension des marchés, activités de Recherche & Développement, etc.) qu’à celle des PED (faiblesse des coûts de production). Question 3 : Entre 2000 et 2003, chaque année en moyenne le PIB planétaire a augmenté de 2,5 %. Entre 2000 et 2003, chaque année en moyenne, les exportations mondiales de marchandises ont augmenté de 4,5 %. Question 4 : Il existe une corrélation positive entre l’évolution du commerce international et la croissance économique mondiale. Durant les périodes où les échanges internationaux se sont accentués, le PIB planétaire a, en moyenne, augmenté plus vite (période des Trente Glorieuses et de la décennie 1970 sur le graphique). On constate par ailleurs que le TCAM des exportations a toujours été plus soutenu sur la période étudiée que celui du PIB. De nombreux travaux scientifiques ont montré qu’il existe un lien de causalité direct ou indirect entre ces deux variables. Il semble toutefois difficile de rendre compte du sens de la causalité : d’une part, lorsque la croissance économique mondiale s’intensifie, le commerce augmente ; et, d’autre part, le recours à un libre échange plus soutenu est selon les économistes classiques et néoclassiques un facteur qui stimule la croissance. Question 5 : Il existe des débats économiques récurrents quant au rôle de la politique commerciale sur la croissance économique. L’exemple de la concurrence oligopolistique entre Airbus et Boeing illustre un type particulier de politique commerciale : la politique commerciale stratégique. Ce type de politique a pour ambition de dépasser le clivage traditionnel entre libre-échange et protectionnisme et donne en même temps une illustration du concept de « protectionnisme éducateur » énoncé par F. List au XIXème siècle. L’Etat conduit une politique de partenariat avec certaines entreprises à forte dotation technologique (politique de Recherche & Développement, de qualification de la main d’œuvre, de soutien financier, etc.). Dans le cas d’Airbus, c’est grâce à cette politique que l’entreprise européenne a pu concurrencer Boeing et ainsi faire sortir l’économie mondiale d’une situation de monopole. L’arrivée d’Airbus a été facteur de croissance économique mondiale : baisse des prix, stimulation des innovations, etc. Question 6 : Le GATT(General agreement on tariffs and trade) est un ensemble d’accords commerciaux passé entre des pays qui repose sur le principe du commerce international multilatéral. Il a été fondé par la Charte de la Havane signée en 1947 par 23 pays et disparaît au moment de la crise du cycle de l’Uruguay en avril 1994. A cette date, les accords de Marrakech instituent l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Le principe fondateur est toujours le multilatéralisme commercial mais l’OMC est une institution internationale et pas seulement un ensemble d’accords. Elle est dotée d’une capacité de sanction financière portée à l’encontre des pays qui ne respectent pas les accords ainsi que d’une instance juridique dont la fonction est de trancher les conflits commerciaux (Organe de Règlement des Différends,ORD). A la fin de l’année 2005, l’OMC compte plus de 150 Etats membres. 3 Question 7 : Les « termes de l’échange » représentent un indicateur de la position d’un pays dans le commerce international. Il établit une comparaison entre la variation relative du prix des exportations (exprimée en indices) avec la variation relative du prix des importations (également en indices). Une détérioration des termes de l’échange signifie qu’un pays devra exporter une plus grande quantité de produits pour obtenir une quantité constante de produits importés. Le document 4 indique qu’entre 1960 et 2000, certains pays ont vue leur termes de l’échange se dégrader d’environ 25 %. Cela signifie que pour importer une quantité constante de produits, ces pays ont besoin d’exporter 25 % de produits supplémentaires. Question de synthèse : proposition de plan Introduction : Accroche (proposition parmi d’autres) : le cas des NPI (Corée du Sud...), Chine, Inde Définir mondialisation et croissance économique. Reformulez la problématique 1. De l’internationalisation à la mondialisation de l’économie Le processus de passage de l’internationalisation à la mondialisation s’effectue selon trois vecteurs : le commerce international, la monnaie et la finance, les firmes. 1.1. Vers une mondialisation du commerce Extension du commerce mondial : passage des produits bruts aux produits manufacturés, des marchandises aux services ; Baisse des coûts relatifs au commerce : baisse des coûts de transports, activités de Recherche & Développement, etc. ; Développement du commerce multilatéral : accords du GATT + OMC ; Développement d’un commerce intra-zone : triade de l’économie mondiale et commerce intra-branches. 1.2. Vers une mondialisation monétaire et financière Abandon du régime de changes de Bretton-Woods (officieusement en août 1971, officiellement en 1976 lors des accords de la Jamaïque) au profit d’un régime de changes flottants ; Augmentation importante des flux internationaux de capitaux entre les principales places financières à partir de la fin des années 1970 (3 D…, mondialisation financière). 1.3. Vers une mondialisation des firmes Extension du nombre de FMN à partir du début des années 1970 (d’abord sur les produits bruts puis sur les produits manufacturés et enfin les services) ; La mondialisation des systèmes productifs se développe à partir du moment où le déplacement des firmes est moins coûteux que le transport des produits ; Développement de la DIPP (Décomposition internationale du processus productif). 2. Mondialisation et croissance économique : un lien mécanique ? Pour certains, la seule condition pour que la mondialisation soit facteur de croissance économique pour la planète est de recourir au mécanisme autorégulateur du marché mondial. Pour d’autres économistes, la mondialisation du marché est source d’effets pervers : l’enjeu porte alors sur la maîtrise politique de la mondialisation afin qu’elle soit un vecteur de croissance pour toutes les zones de la planète. 2.1. Le recours au marché mondial : une condition nécessaire et suffisante à la croissance La mondialisation est vecteur de croissance grâce au marché qui génère un gain mutuel : Smith, Ricardo, HOS : la spécialisation internationale conduit à la croissance économique ; Développement d’un commerce mondial fondé sur la DIT ; Développement d’accords commerciaux internationaux fondés sur le multilatéralisme qui visent à accentuer le recours au marché par des politiques commerciales libre échangistes : GATT puis OMC. Des études récentes ont montré que le développement des FMN intensifiait la croissance économique planétaire cours et travail en TD). 2.2. Le recours au marché mondial : un obstacle à la croissance économique 4 La mondialisation est vecteur de croissance pour certains pays (PDEM) et non pour d’autres (PED) : Critique de F. List à l’encontre des théorie classiques du commerce international : plaidoyer pour le protectionnisme éducateur ; Théorie de l’échange inégal (Théories marxistes) ; Certains PED subissent des inégalités croissantes face à la mondialisation de l’économie : détérioration des termes de l’échange entre le commerce des produits à forte VA (PDEM) et le commerce des produits à faible VA (PED) ; effets négatifs des IDE pour les pays d’accueil / d’origine ; Actualisation de la thèse de List : protectionnisme permettant d’accompagner la reconversion des systèmes productifs. 2.3. Le recours au marché : une condition parfois nécessaire mais toujours insuffisante Des travaux contemporains montrent que la mondialisation de l’économie peut être un facteur de croissance pour toutes les zones de la planète dès lors que l’on met en place un dispositif politique efficace et légitime permettant sa maîtrise : Les « frontières du marché » doivent faire l’objet d’un débat public mondial afin de limiter les effets pervers de la mondialisation. Par exemple, l’eau et la santé sont-elles des marchandises comme les autres ou doiventelles faire l’objet d’un « traitement » particulier ? Si on répond par la seconde assertion (par exemple parce que l’accès à l’eau potable est politiquement considéré comme un déterminant essentiel de la vie humaine), alors la planète doit chercher à se doter d’institutions légitimes qui ont vocation à réglementer ces types de marchés ; S’agissant des effets pervers de la mondialisation commerciale (échange inégal), le développement de régionalismes commerciaux permet : 1) aux pays dominés de s’organiser entre eux afin de mieux faire entendre leur voix sur la scène mondiale ; 2) de réduire le nombre de négociants dans le cadre de l’OMC : ALENA, Union Européenne, Mercosur, etc. S’agissant de la compétitivité des économies, les politiques industrielles (comme la politique commerciale stratégique – Krugman- ) peuvent être un facteur de croissance pour la zone concernée (au niveau d’un pays s’agissant des Etats-Unis, au niveau régional s’agissant de l’Europe). Enfin, la condition finale pour que la mondialisation soit un facteur durable de la croissance consiste à doter les institutions internationales telles que l’OMC ou le FMI d’une plus grande légitimité démocratique afin que les décisions prises tiennent davantage compte de l’état du débat public mondial (et ainsi permettre que l’OMC cesse d’être l’organe de défense des intérêts des pays riches). En fait, il s’agit de doter l’économie mondiale d’un mode de gouvernance à la fois légitime donc démocratique et efficace donc contraignant face aux règles du marché. 5