Innovation et croissance à partir des analyses de Schumpeter Schumpeter analyse la société capitaliste en prenant en compte de nombreux champs disciplinaires (statistique, histoire, sociologie, mathématiques, économie) afin de construire une socio-économie capable d'expliquer l’évolution de la société capitaliste. Libéral parce qu'il accorde à l’entrepreneur innovateur un image tout à fait positive (élément principal dans la dynamique de la société capitaliste) avant d’admettre que la grande entreprise puisse être efficace vis à vis de l’évolution, il est cependant sur des positions en rupture avec l'orthodoxie de la pensée libérale (analyse néoclassique). Il considère en effet que -le développement économique suit un schéma évolutionniste : le capitalisme est amené à disparaître au profit du socialisme -le monopole est jugé positivement quand il est temporaire puisqu’il permet d’améliorer l’efficacité du système économique : la concurrence pure et parfaite n'est plus jugée efficiente, le monoploe est source de progrès.. I. L’évolution économique et l’entrepreneur innovateur A - Schumpeter et le circuit fiche auteur a) Le circuit de l'économie (document 1) Le circuit correspond à une situation d’état stationnaire et c'est le propre des sociétés non capitalistes. b) L’évolution, une économie non stationnaire (document 2) L’évolution est une rupture totale dans le circuit elle est le propre des sociétés capitalistes. C’est aussi un phénomène dont il faut se réjouir. B - Les éléments explicatifs de l’évolution a) Définition de l'innovation (document 3) L’évolution a toujours pour origine l’innovation ou plutôt l’introduction d’innovations (plus ou moins importantes et plus ou moins nombreuses) b) Le rôle de l'entrepreneur innovateur (document 4) L’entrepreneur se définit comme l’agent économique qui innove. A ce titre, il est caractéristique de la société capitaliste. Pour mieux faire ressortir les spécificités du capitalisme, Schumpeter distingue deux situations idéales types, le circuit et l’évolution. Le capitalisme s’identifie à l’évolution et celle-ci est le résultat de l’activité de l’entrepreneur II. L' analyse du processus de croissance économique A - Les grappes d'innovation (document 5) Différentes raisons qui tiennent aux spécificités du processus d’innovation font qu’elles arrivent par grappe, comme les entrepreneurs arrivent en troupe. B - Révolution industrielle et croissance cyclique (document 6) Par révolution industrielle il faut comprendre changement de système technique (nouvelle source d’énergie ou innovation majeure de produit ou de procédé) "Les" révolutions industrielles sont un moment particulier dans les « fluctuations de longue durée affectant l’activité économique », le cycle long. Les grappes d’innovation déterminent l’influence de l’innovation sur la dynamique économique. Les changements sont sensibles et brutaux puisque les innovations arrivent groupées. Elles produisent leurs effets sur une période de temps réduite ce qui explique une croissance cyclique. C - Vers le socialisme (document 7) Ce sont des troupes d’entrepreneurs qui innovent sur une période relativement courte (quelques années, 10 ans au max). Ainsi, l’effet tout à fait perceptible sur les grandeurs économiques. Les innovations génèrent de la croissance mais une croissance cyclique (avec trois durées - trois périodes - de cycle envisageables). L’évolution se caractérise par un processus de destruction créatrice, elle permet donc une amélioration des conditions de l’offre (conditions d'élaboration de la production). Finalement, chaque vague d'innovations amène une hausse du niveau de vie et une évolution des modes de vie. Les sociétés capitalistes, par leur efficacité, génèrent leur propre disparition (perspective dialectique) puisque l’entrepreneur disparaît avec le développement du capitalisme. Les caractéristiques de la société socialiste dépendent des modalités du passage d’une société à l’autre. . III. L’analyse schumpéterienne de la situation actuelle des économies développées A. Les années 1980-90 connaissent des innovations importantes... (document 8) La crise des années 1970-1990 est le résultat de la période de prospérité et on serait aujourd’hui à l’aube d’un nouveau cycle long autour des technologies de l’information et de la bio – technologie. B. Lesquelles sont souvent le fait des grandes entreprises. (document 9 ) Les grandes entreprises en France notamment réalisent l’essentiel des innovations ce qui confirme l’analyse de Schumpeter de 1939 mais contredit celle de 1911. Conclusion Les travaux de Schumpeter ont un écho dans les théories de la croissance endogène ainsi que dans la reformulation des analyses des échanges internationaux. Pour ce dernier point, en effet, en 1961 Michael Posner développe une analyse radicalement nouvelle, centrée sur le changement technique. L'idée initiale consiste à étendre à la sphère internationale les conséquences des activités de R&D des firmes : une firme innovatrice bénéficie, pendant une période plus ou moins longue, d'un monopole dans la production du bien nouveau. Si ce bien est consommé à la fois par des résidents du pays d'origine et par des consommateurs localisés à l'étranger, un flux d'exportations est créé qui ne disparaîtra que lorsque les firmes étrangères auront réussi à mettre au point un produit concurrent. Le déterminant de ce commerce est " l'écart technologique ". Trois conséquences découlent de cette nouvelle perspective : - L'accent est mis sur les firmes et sur leurs stratégies, plus que sur les caractéristiques nationales comme les dotations factorielles ; - Les déterminants des flux commerciaux ne sont pas stables dans le temps ; - La théorie n'explique qu'une partie des échanges internationaux : parallèlement aux exportations des biens " high tech ", il existe un commerce de biens banalisés qui peut être expliqué par les approches traditionnelles. Des travaux ultérieurs ont prolongé cette approche, notamment sous l'influence de Raymond Vernon et de la théorie du " cycle de vie " du produit exposée dès 1966. Document 1 retour au plan Le circuit est dominé par certaines nécessités et reste semblable à lui-même aussi longtemps que ces nécessités ne se modifient pas. La théorie décrit la manière dont les agents économiques réagissent sous l'effet de conditions données et montre que cette manière est déterminée inéluctablement. [... ] Sans doute notre tableau parait-il, au premier abord, un peu étonnant. Il semble étranger à la réalité par sa constance rigide, son absence de contingence, ses hommes qui restent toujours semblables à eux-mêmes et ses quantités de biens qui se renouvellent d'une manière toujours identique. Nous n'avons pas rencontré tous les types d'agents que la vie quotidienne nous révèle. L’absence d'entrepreneur est surtout sensible. Nous sentons encore l'absence des revenus, c'est à dire l'absence du profit et de l'intérêt. S'il existait, l'entrepreneur serait un agent ne faisant ni bénéfice ni perte. Dans tout notre tableau, il n'y a pas un surplus de valeur d'où pourrait découler intérêt et profit. Enfin, il ne peut y avoir de crises dans une économie nationale ainsi constituée car chaque action économique a lieu sur un fond connu par l'expérience. J. Schumpeter, Théorie de l'évolution économique ( 1912), D Dalloz, 1935. Questions sur le document 1 1) Quel est le sens de la notion de circuit ? ? Réponse 2) pourquoi le circuit est-il associé par Schumpeter à l’équilibre économique néo-classique ? Réponse Document 2 Retour au plan Pour parler d'évolution économique, il faut viser la transformation totale et de manière discontinue du circuit, par des éléments qui ne sont pas extérieurs au système: "par exemple, le remplacement des coches par les chemins de fer" (Théorie de l'évolution économique, p. 311). Schumpeter en déduit que "la vie économique modifie les données par à-coups" (Théorie de l'évolution économique p. 312). Car le circuit" représente l'économie pure alors que 1'évolution" s'inscrit dans le temps historique. En fait, 1'évolution "affecte le "circuit" de façon spontanée, globale et distinctive dans un rapport causal non réversible dont l'origine se situe dans le processus productif lui-même : « L’observation économique part du fait fondamental que la satisfaction des besoins est la cause de toute production, cependant les innovations en économie ne sont pas, en général, le résultat du fait qu'apparaissent chez les consommateurs de nouveaux besoins mais du fait que la production procède en quelque sorte, à l'éducation des consommateurs et suscite de nouveaux besoins. » (Théorie de l'évolution économique, p. 318). Jean-José Quilès, Schumpeter et l'évolution économique, Nathan, 1997. Questions sur le document 2 1) Montrez que l’évolution implique un changement endogène Réponse 2) Commentez la phrase soulignée Réponse Document 3 Retour au plan La forme et la matière de l'évolution au sens donné par nous à ce mot sont alors fournies par la définition suivante: exécution de nouvelles combinaisons. Ce concept englobe les cinq cas suivants : 1° Fabrication d'un bien nouveau, c'est-à-dire encore non familier au cercle des consommateurs, ou d'une qualité nouvelle. 2° introduction d'une méthode de production nouvelle, c'est-à-dire pratiquement inconnue de la branche intéressée de l'industrie ; il n'est nullement nécessaire qu'elle repose sur une découverte scientifique nouvelle et elle peut aussi résider dans de nouveaux procédés commerciaux pour une marchandise. 3° Ouverture d'un nouveau débouché, c'est-à-dire d'un marché où jusqu'à présent la branche intéressée de l'industrie du pays intéressé n'a pas encore été introduite, que ce marché ait existé avant ou non. 4° Conquête d'une source nouvelle de matières premières ou de produits semi-ouvrés; à nouveau, peu importe qu'il faille créer cette source ou qu'elle ait existé antérieurement, qu'on ne l'ait pas prise en considération ou qu'elle ait été tenue pour inaccessible. 5° Réalisation d'une nouvelle organisation, comme la création d'une situation de monopole (par exemple la trustification) ou l'apparition brusque d'un monopole. J. Schumpeter, Théorie de l'évolution économique ( 1912), D Dalloz, 1935. Questions sur le document 3 1) Donnez pour chacun des types proposés, un exemple économique d’actualité Réponse 2) Montrez que les types 3 et 5 sont propres au 20 ème siècle, notamment pour la trustification. Réponse Document 4 Retour au plan Nous appelons "entreprise" l'exécution de nouvelles combinaisons […] et entrepreneurs les agents économiques dont la fonction est d'exécuter de nouvelles combinaisons […]. Tandis que dans les voies accoutumées, l'agent économique peut se contenter de sa propre lumière et de sa propre expérience, en face de quelque chose de nouveau, il a besoin d'une direction. Alors que dans le circuit connu de toutes parts, il nage avec le courant, il nage contre le courant lorsqu'il veut en changer la voie. Ce qui lui était là bas un appui, lui est ici un obstacle. Ce qui lui était une donnée familière, devient pour lui une inconnue. Là où cesse la limite de la routine, bien des gens […] ne peuvent aller plus avant […]. Pour cette raison, l'exécution de nouvelles tâches est une fonction particulière ; pour cette raison, les entrepreneurs sont un type particulier d'agents. J. Schumpeter, Théorie de l'évolution économique ( 1912), D Dalloz, 1935. Questions sur le document 4 1) Quel est le rôle de l'entrepreneur ? Réponse Document 5 Retour au plan Pourquoi les entrepreneurs n'apparaissent-ils pas d'une manière continue dans chaque période, mais en troupe ? Uniquement parce que l'apparition d'un ou quelques entrepreneurs rend plus facile et, par là, provoque l'apparition d'autres entrepreneurs. Qu'est-ce à dire ? L’exécution de nouvelles combinaisons est difficile et accessible seulement à des personnes de qualité. Si une ou quelques-unes ont marché de l'avant avec succès, maintes difficultés tombent. D'autres peuvent suivre les premières, ce qu'elles feront sous l'aiguillon d'un succès qui paraît désormais accessible. Les premiers suppriment les obstacles pour les autres, non seulement dans la branche de production où ils apparaissent, mais aussi dans les autres branches comme c'est le cas pour l'ouverture des marchés. Plus le processus d'évolution devient familier, plus il devient susceptible de calcul sur l'ardoise, moins l'on a besoin d'un chef pour donner vie à une nouveauté. C'est pourquoi l'apparition en groupes de nouvelles combinaisons explique les traits fondamentaux de la période d'essor. Elle explique pourquoi les dépôts croissants de capital sont le tout premier symptôme, pourquoi l'industrie des moyens de production est la première à témoigner d'une activité au-dessus de la normale. Elle explique l'apparition massive d'un nouveau pouvoir d'achat, le recul du chômage et le déclenchement de vagues secondaires. Bref une prospérité qui atteint toute l'économie. L’apparition répartie dans le temps des entrepreneurs signifie une perturbation imperceptible de l'équilibre, car elle peut être continuellement résorbée. Au contraire, l'apparition en groupe des entrepreneurs détermine un processus particulier d'adaptation de l'économie à la nouveauté. J. Schumpeter, Théorie de l'évolution économique ( 1912), D Dalloz, 1935. Questions sur le document 5 1) Pourquoi les innovations arrivent-t-elles par grappe ? Réponse 2) Comment se manifeste l’introduction des innovations ? Réponse 3) Commentez la phrase soulignée Réponse Document 6 Retour au plan Quand nous considérons ces fluctuations de longue durée affectant l'activité économique, l'analyse nous révèle la nature et le mécanisme de l'évolution capitaliste. Chacune de ces oscillations comprend une "révolution industrielle" , puis l'assimilation des effets de cette dernière. Nous sommes, par exemple en mesure d'observer historiquement et statistiquement l'ascension d'une telle vague de longue durée vers le terme de la période 17801790, son point culminant aux alentours de 1800, son mouvement de baisse ultérieur, puis une sorte de reprise qui a pris fin vers le début de la période 1840-1850. Telle a été l'allure de la Ière révolution industrielle" , chère aux auteurs de manuels économiques. Sur ses talons, cependant, est survenue une autre révolution analogue, génératrice d'une autre oscillation de longue durée, dont l'ascension, amorcée à partir de 1840, a culminé juste avant 1857, puis a reflué jusqu'en 1897, pour être suivie, à son tour, par la vague dont le sommet a été atteint environ en 1911 et qui, depuis lors, poursuit son mouvement de reflux. De telles révolutions remodèlent périodiquement la structure existante de l'industrie. [... ]. Ce processus de mutation industrielle imprime l'élan fondamental qui donne leur ton général aux affaires : pendant que ces nouveautés sont mises en train, la dépense est facile et la prospérité est prédominante. Mais, en même temps que ces réalisations s'achèvent et que leurs fruits se mettent à affluer, l'on assiste à l'élimination des éléments périmés de la structure économique, et la "dépression" est prédominante. Ainsi se succèdent des périodes prolongées de gonflement et de dégonflement des prix, des taux d'intérêt, de l'emploi, et ainsi de suite, ces phénomènes constituant autant de pièces du mécanisme de rajeunissement récurrent de l'appareil de production. Joseph Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942 Questions sur le document 6 1) Quelles sont les phases des différents cycles présentés par Schumpeter ? Réponse 2) Comment se manifeste les phases de prospérité et de dépression ? Réponse 3) Commentez la phrase soulignée Réponse Document 7 Retour au plan Mais, ce faisant, la bourgeoisie creuse sa tombe. Non pas, comme le prétendent les économistes orthodoxes (que Schumpeter accuse de ne comprendre rien à rien), parce que de telles pratiques réduisent l'efficacité générale du système. Au contraire, loin d'être des obstacles au changement, de telles pratiques en sont la condition : " Les automobiles, parce qu'elles sont munies de freins, roulent plus vite que si elles en étaient dépourvues " (p. 128,CSD). Le succès même de ces pratiques a engendré des grandes entreprises efficaces et prospères, au sein desquelles des divisions spécialisées sont chargées de l'innovation. Cette dernière " se bureaucratise " : au lieu d'être le fruit du pari d'un homme hors du commun, qui prend des risques et accouche du changement, l'innovation devient le résultat d'une activité planifiée, organisée, rationalisée. " L'unité industrielle géante parfaitement bureaucratisée (...) élimine l'entrepreneur et exproprie la bourgeoisie en tant que classe appelée à perdre, de par ce processus, non seulement son revenu, mais encore, ce qui est infiniment plus grave, sa raison d'être " ;(p. 190). (…) Jusqu'ici, la croissance économique résultait largement de décisions prises par des individus qui engageaient leur fortune et leur statut social. A l'avenir, estimait Schumpeter, elle proviendra de processus bureaucratiques et collectifs : triomphe de la rationalité, mais déclin de la bourgeoisie, car, si l'innovation est le fruit du système et non plus des entrepreneurs qui prennent des risques, c'est la preuve que ces derniers sont devenus superflus. Le capitalisme est devenu si rationnel qu'il n'a plus besoin d'aventuriers ou de risque-tout pour fonctionner : dès lors, plus rien ne justifie la propriété privée. (…)De profondes différences séparent donc Schumpeter de Marx ou de Keynes. Le système n'est pas menacé par les crises et le chômage (Keynes) ou condamné par ses contradictions internes (Marx). Economiquement, il est viable (" il n'existe pas de raisons purement économiques interdisant au capitalisme de franchir avec succès une nouvelle étape ", écrit-il) : ce qui le menace, c'est la disparition progressive d'un type d'hommes qui donnait à la bourgeoisie sa légitimité et justifiait les revenus parfois considérables qu'elle s'appropriait. Son analyse est de type sociologique plus qu'économique. Denis Clerc, Alternatives économiques, n° 180, 04-2000 Questions sur le document 7 1) Commentez la phrase soulignée Réponse 2) En quoi le socialisme est-il produit par le capitalisme ? Réponse Document 8 Retour au plan Depuis bientôt dix ans, les Etats-Unis connaissent une croissance régulière et sans inflation, malgré un taux de chômage devenu faible. Et les firmes américaines font preuve d'une forte capacité d'innovation. (…)L'ampleur des mutations justifie sans doute qu'on qualifie de nouvelle cette économie en train d'émerger. Mais sa cohérence et sa stabilité ne sont pas suffisantes pour garantir une croissance mondiale forte. Essayons de démêler le vrai du faux dans le puzzle des affirmations les plus courantes. Vrai : la troisième révolution industrielle est en marche La numérisation, la transformation en une suite de 1 et de 0 de toutes les informations possibles et imaginables, combinée aux effets de la loi de Moore, c'est-à-dire le doublement tous les dix-huit mois de la capacité de traitement des microprocesseurs, ouvre des perspectives inconnues jusque-là de stockage, de transport et de traitement de l'information. L'Internet tel que nous le connaissons actuellement constitue seulement la préhistoire de l'économie de l'information à naître. Cette révolution est un des moteurs de la mondialisation des firmes, en fluidifiant leur communication interne. Elle dope également la mondialisation des marchés en facilitant les relations interentreprises. Elle est enfin un puissant facteur d'industrialisation des services, en permettant d'intégrer le savoir des spécialistes dans des machines, et de personnaliser la relation client-fournisseur tout en l'automatisant. Parallèlement, les biotechnologies ouvrent aux hommes des possibilités d'action sur le vivant, aux conséquences sans doute plus importantes encore que celles entraînées par la maîtrise de la chimie des matières inertes. A la fois dans leurs opportunités et dans leurs risques. Les potentialités économiques de ces technologies ne font guère de doute. De nombreux emplois seront certes supprimés du fait de ces technologies, mais d'autres pourront naître si les innovations techniques vont de pair avec une croissance forte. Mais là intervient toute la complexité de la mécanique sociale. Vrai : les entrepreneurs sont de retour Microsoft et Bill Gates, Intel et Andy Grove, puis aujourd'hui Amazon et Jeff Bezos, AOL et Steve Case, les entrepreneurs sont de retour. C'est le fruit d'une alchimie compliquée entre politiques publiques ambitieuses, qualité de la recherche dans les universités et les entreprises américaines, concentration de matière grise associée à la capacité d'attirer celle du reste du monde et esprit d'entreprise lié au rêve américain. La dynamique entrepreneuriale actuelle diffère cependant profondément de celle des Ford, Edison, Philips et autre Thomson d'antan. On peut certes, encore aujourd'hui, démarrer dans son garage, mais il faut très rapidement mobiliser des sommes colossales pour s'imposer sur un marché d'emblée mondial et bénéficier de la rente de situation des first movers, comme a su le faire Microsoft. Capital-risque et marchés des valeurs de croissance, comme le Nasdaq américain, ont financé ces entreprises. Alors que les banques classiques étaient inaptes à le faire et que les grandes entreprises avaient toujours autant de mal à développer en leur sein produits ou services nouveaux. Guillaume Duval, Alternatives économiques, n° 178, 02-2000 Questions sur le document 8 1) En quoi consiste la « troisième révolution industrielle » ? Réponse 2) Commentez la phrase soulignée Réponse 3) En quoi la "troisième révolution industrielle" peut-elle générer une phase de prospérité forte ? Réponse Document 9 Retour au plan Innovation technologique dans les entreprises industrielles françaises entre 1994 et 1996 Nombre de salariés Entreprises innovantes (en %) Part du chiffre d'affaires (en %) Total des dépenses d'innovation (en milliards d'euros) 20 à 49 33.3 10.5 50 à 99 43.8 13 100 à 249 53.4 17.2 250 à 499 66.3 17.5 0.8 1 1.4 1.8 500 et + Total 85.3 29.8 40.8 23.1 16.2 21.3 Sessi, enquête innovation 1999. Questions sur le document 9 1) Faites une phrase pour exprimer les grandeurs soulignées. Réponse 2) Quelle est la relation entre la taille de l'entreprise et l'innovation ? Réponse Questions sur le document 1 Question 1 Le circuit est une situation d’état stationnaire (reproduction à l’identique des grandeurs par tête) prédéterminé puisqu’il est « dominé par certaines nécessités et reste semblable à lui-même aussi longtemps que ces nécessités ne se modifient pas ». Les technologies, les conditions d’approvisionnement, les caractéristiques de la demande etc … sont connues et chacun agit conformément à ses habitudes, se comporte comme un routinier. Les circuits de distribution, les méthodes de production etc … sont préservées. En fait, si les choses changent (passage du moulin à bras au moulin à eau par exemple), cela prend beaucoup de temps et sur plusieurs décennies, la situation est assimilable à un état stationnaire. Chacun obtient une rémunération normale et aucun « surplus de valeur d’ou pourrait découler intérêt et profit » n’est envisageable. Les revenus de tous sont normaux, le profit est nul. Profit (au sens de Schumpeter) = rémunération de l’entrepreneur pour le service d’innovation qu’il a rendu. L'innovation crée à la fois du risque et de l'incertitude. On parle de risque lorsque l'on peut avoir un aperçu assez clair des différents états à envisager et, dans le cas contraire, d'incertitude. La distinction est implicite chez Schumpeter mais elle est précisée avec F. Knight. L'entrepreneur n'assume pas le risque lié à l'innovation. L'évaluation et la gestion du risque reste l'affaire du banquier (ou du capitaliste qui achète des obligations). La rémunération du risque s'apparente à un coût de production. Il faut donc distinguer la rémunération du banquier, du profit de l'entrepreneur qui est un résidu, un profit pur. Remarque : la notion de circuit est idéale typique (méthode de Weber), c'est une catégorie logique, elle ne se rencontre pas telle quelle dans la réalité mais sert à la compréhension de la réalité. Elle se perçoit à « l’absence du profit ou de l’intérêt ». Le profit peut avoir d'autres explications (rémunération pour le capital avancé selon les classiques, résultat de l'exploitation de la force de travail selon Marx, rémunération de l'intérêt et absence de profit pur à l'équilibre avec Walras, rémunération de la fonction d'entrepreneur pour Marshall, profit d'aubaine d'après Keynes). Question 2 Schumpeter associe le circuit à l’équilibre néoclassique car - il a une tendance à la stabilité - le profit est nul - il n’y a pas de crise (puisque « chaque action a lieu sur un fond connu par l’expérience ») Schumpeter apparaît donc comme un libéral hétérodoxe puisqu’il positionne la société capitaliste en rupture avec l’équilibre général. Cette notion ne permet ni de comprendre la capitalisme ni d’expliquer son évolution. Le capitalisme se définit par l’évolution (pour Marx, il se définit comme le salariat, même si la dynamique du capitalisme - son évolution - est centrale dans l'analyse de Marx). Questions sur le document 2 Question 1 L’évolution est le produit de la vie économique elle-même, elle est endogène à un certain système économique, le capitalisme. Certains « éléments qui ne sont pas extérieurs au système » produisent l’évolution dans le système capitaliste. Evolution = rupture dans le circuit = situation où les méthodes de production, les caractéristiques de la production (type de biens, de distribution) sont bouleversées = situation où la rupture du circuit se traduit par une évolution dans les modes de vie = transformation suffisamment forte pour être «totale » et elle intervient de manière discontinue (cycle de croissance économique). Question 2 L’objet premier de l’analyse économique est la satisfaction des besoins. Cela rejoint une définition de la science économique (science des choix dans un contexte de rareté) tout à fait admise par les néoclassiques. Une fois les besoins identifiés, on ne peut pas comprendre l’innovation (aucun entrepreneur ne fait quelque chose qui ne correspondra pas à un besoin à un moment donné) d’où l’incapacité de l’analyse néoclassique à comprendre l’évolution dès lors que l’on réfléchit en termes de rationalité en finalité (1). Effectivement, l’innovation est le fait de la production qui « procède en quelque sorte, à l’éducation des consommateurs et suscite de nouveaux besoins ». Certains producteurs (et non pas tous les producteurs) sont à l’origine de l’évolution puisqu’ils prennent des risques en suscitant de nouveaux besoins chez le consommateurs. Ces producteurs sont les entrepreneurs innovateurs. Ils sont les éléments qui appartiennent au système et produisent le changement. Remarque : - l’ entrepreneur innovateur est celui qui innove (cf définition de l’innovation) - l’ évolution est discontinue car les innovations arrivent par grappes - l’ entrepreneur innovateur va se trouver en situation de monopole (c’est un élément de sa motivation) et réaliser du profit - la perspective de Schumpeter est reprise par John Kenneth Galbraith (thème de la filière inversée) à la nuance près que ce sont les grandes entreprises qui manipulent les consommateurs. - pour que l’entrepreneur innovateur apparaisse, il faut que les étapes préalables au développement soit réalisées (acceptation du changement, valorisation du profit). - le temps et l’incertitude sont des caractéristiques de l’évolution. Il faut du temps pour qu’une innovation soit acceptée par les consommateurs, pour qu’elle se généralise à d’autres producteurs, pour qu’elle suscite de nouvelles innovations. L’incertitude tient au fait que l’entrepreneur ne sait pas s’il saura surmonter tous les obstacles (réaction des entrepreneurs en place, problème pour trouver le financement, problème pour mettre en place un réseau de distribution, réactivité de la demande). Aussi, l’entrepreneur innovateur doit avoir des qualités spécifiques (ténacité, clairvoyance, goût pour le risque). Les entrepreneurs recouvrent une catégorie d’individus peu nombreux, il est donc nécessaire que les institutions les aident (éducation, banques). Questions sur le document 3 Question 1 - fabrication d’un bien nouveau (téléphone portable, DVD) - nouvelle méthode de production (néotaylorisme, élargissement des réseaux commerciaux grâce à Internet) - ouverture d’un nouveau débouché (développement du marché automobile en Chine) - nouvelle source de matière première (uranium, énergie solaire, éoliennes) - nouvelle organisation du capital (fusion BNP - Paribas, prise de contrôle de Nissan par Renault) Question 2 trustification = processus de concentration des unités de production Ces deux situations sont typiques de contextes où les marchés sont saturés. Pour ce qui est plus précisément de la trustification : - la concentration des unités de production permet alors de bénéficier d’économies d’échelle réelles ou monétaires à l’origine d’un surprofit. A partir de là, une stratégie de développement de l’entreprise est souhaitée, qu’elle repose sur les IDE (investissements directs à l'étranger) à vocation productive ou de marché ou bien sur le financement de la RD (recherche-développement). - la recherche d’une nouvelle organisation plus concentrée est nécessaire pour éviter la guerre des prix et maintenir les marges bénéficiaires (ce qui est intéressant dans le cadre du processus d’innovation). L’automobile et les PC sont 2 exemples qui recoupent les innovations de produit et les innovations de procédés Chacune de ces 5 formes d’innovation permet l’obtention d’un profit et de dynamiser la vie économique (en suscitant des investissements supplémentaires) soit directement, soit indirectement quand il s’agit des innovations 3 (hausse des exportations) et 5 (hausse de la capacité de RD). Questions sur le document 4 Question 1 L’entrepreneur a pour fonction d’entreprendre. Il se définit par le fait qu’il rompt le circuit. Cela requiert des qualités spécifiques puisqu’il doit « nager contre le courant lorsqu’il veut en changer la voie », il doit aussi faire face aux obstacles qui se dressent devant lui. En particulier, il faut : -trouver un financement pour un projet incertain (importance du rôle du banquier) -faire face à l’accroissement de la compétitivité prix ou hors prix que lui imposent, en réaction, les routiniers -remettre en cause un marché établi et développer de nouveaux canaux de distribution Ces efforts doivent lui permettre d’obtenir un profit temporaire car la situation de monopole est peu durable. En effet, les entrepreneurs routiniers vont petit à petit adopter l’innovation. La hausse de l’offre devient relativement plus rapide que la hausse de la demande et génère la baisse du prix du produit et celle du profit. Remarque : il faut que le monopole soit temporaire afin de dynamiser la vie économique (pour inciter l’entrepreneur a toujours innover mais il faut qu’il y ait monopole pour qu’un profit soit possible et que l’entrepreneur soit incité à rompre le circuit. L’analyse néoclassique qui considère que la concurrence pure et parfaite est la situation économiquement idéale est rejetée. le profit n’est pas la seule motivation de l’entrepreneur (il peut être salarié). Il est aussi intéressé par la volonté d’imposer son point de vue, de fonder une dynastie. Son comportement s’explique par une rationalité en valeur (il détermine les meilleurs moyens qui lui permettront de satisfaire ses valeurs) et l’évolution requiert de l’irrationalité d’un point de vue économique dans son ouvrage de 1939, l’auteur amende la perspective qu’il a adoptée 30 ans auparavant en reconnaissant que l’entrepreneur individuel n’est pas le seul agent à produire de l’innovation. La concentration de l’appareil productif est allée de pair avec des efforts d’innovation qui sont restés considérables. Il semble même que la grande entreprise dispose d’atouts particuliers, notamment sur la capacité de financement de RD, dans le processus de production de l’innovation. Par ailleurs, elle est incitée à innover en permanenc comme le souligne la théorie des marchés contestables (2). Le problème est que la grande entreprise facilite le passage au socialisme. Questions sur le document 5 Question 1 Plusieurs raisons sont à envisager qui tiennent toutes au fait que « l’apparition d’un ou de quelques entrepreneurs rend plus facile et par là, provoque l’apparition d’autres entrepreneurs ». Les pionniers facilitent l’activité d’entreprise des autres agents productifs. suppression des obstacles au financement (les banquiers sont plus confiants en période de conjoncture favorable car ils pensent que les remboursements ne poseront pas trop de problème). réalisation de profit par les pionniers incite les autres à introduire l’innovation ouverture de nouveaux marchés offre des possibilités de bénéficier de relations politiques établies et stabilisées hausse des débouchés pour d’autres activités (innovation de procédé dans le tissage induit une hausse des débouchés pour l’industrie du filage (et par ailleurs innovation dans le filage). hausse du pouvoir d’achat auorise le développement de l’ensemble des activités économiques. introduction de nouvelles connaissances est à l’origine d’externalités positives (machine à vapeur permet le développement du chemin de fer au cycle suivant) Remarque : on distingue des innovations majeures et des innovations mineures. Les premières se caractérisent par le fait qu’elles ont l’impact le plus fort sur la dynamique économique. Question 2 hausse du taux d’investissement productif (donc des taux d’intérêt) hausse de la production des biens d’équipement hausse du pouvoir d’achat baisse du chômage réalisation de profits Les grappes d’innovations génèrent « une prospérité qui atteint toute l’économie ». Question 3 Dernière phrase du document : apparition en grappes des innovations génère un effet sensible mais plus ou moins important selon la qualité des innovations sur les variables précitées ainsi que la phase de prospérité du cycle long. Celui-ci correspond à la transformation radicale du circuit (la dynamique économique est caractérisée par le cycle). Questions sur le document 6 Question 1 Prospérité Dépression Industrie (s) motrice (s) 1780-1800 1800-1840 Machine à vapeur, textile 1840-1857 1857-1897 Chemin de fer, sidérurgie 1897-1911 1911-1940 Moteur à explosion, électricité, taylorisme 1945-1973 1973- ? Pétro-chimie, biens semi-durables Le nombre de "révolutions industrielles" (vapeur, électricité et pétrole, informatique) ne correspond pas au nombre de cycles longs étant donné l’importance considérable de certaines révolutions industrielles et donc du temps qu’il faut pour en trouver toutes les applications. La périodicité est irrégulière et les périodes de prospérité sont toujours plus courtes que les périodes de dépression (ou récession). On ne s’intéresse là qu’aux cycles longs (préoccupation principale de l’auteur) ; résultats de la mise en œuvre des innovations majeures alors que Schumpeter met en relation les innovations avec 3 types de cycles ( Kitchin, Juglar, Kondratiev). Les mouvements coordonnés de chacun de ces cycles donnent les fluctuations économiques les plus importantes (cf importance de la crise de 1929). Les innovations, parce qu’elles arrivent par grappe sont à l’origine des fluctuations de l’activité économique et selon leur importance ; elles ont des conséquences plus ou moins durables sur la société capitaliste. Il est certain que la dépression succède à l’évolution. Selon Clément Juglar (1819-1905), « la seule cause de la dépression vient de l’essor ». La prospérité est la période durant laquelle l’innovation se diffuse dans les branches d’activité. Les producteurs introduisent l’innovation ou bénéficient d’externalités positives relatives à cette innovation d’où une hausse de l’offre de plus en plus rapide dans les différentes activités, un renforcement de la concurrence par les prix, la disparition du profit et l’apparition des difficultés financières pour les entrepreneurs les moins bien établis (ceux qui ont introduit l’innovation le plus tard et qui ont emprunté au taux d’intérêt le plus élevé). Au final, on observe des faillites d’entreprises et de banques, la hausse du chômage, la baisse des prix et des taux d’investissement. Durant la prospérité, on a un surinvestissement et le retournement conjoncturel apparaît comme inéluctable pour assainir le système. Cependant, la prospérité succèdera à la dépression. Les entrepreneurs ne se satisfont pas des situations de basse conjoncture et l’incitation à innover est d’autant plus grande que la période de dépression a été longue. On retrouve le caractère endogène de l’innovation et on peut affirmer que le capitalisme renaît toujours de ses cendres (tant qu’il y a des entrepreneurs). Question 2 Durant la prospérité, on a une hausse pour chacune des grandeurs suivantes : le taux d’investissement, le taux d’intérêt, les prix, le profit, l’emploi. Durant la dépression , on a les évolutions inverses. Remarques : durant la dépression , les consommateurs bénéficient largement des innovations car elles deviennent plus accessibles (baisse des prix sachant que l’écart par rapport au plein-emploi n’est jamais très important). les conséquences de l’évolution ne sont pas uniquement quantitatives mais aussi qualitatives (évolutions dans les structures de la production et au niveau des modes de vie, cf automobile, développement de l’éducation). Par ailleurs, l’évolution est un « mécanisme de rajeunissement récurrent de l’appareil de production ». Question 3 L’innovation génère une destruction créatrice destruction créatrice = développement de nouvelles activités économiques en substitution à des activités périmées (qui ne satisfont plus les besoins des consommateurs ou qui sont devenues techniquement obsolètes). L’innovation permet d’éliminer les canards boiteux, de sélectionner les producteurs les plus efficaces. Elle permet d’améliorer les conditions de l’offre et à ce titre, elle est souhaitable. La destruction créatrice est inhérente au capitalisme ; elle s’observe durant la phase de prospérité (disparition de ceux qui n’ont pas innover) et durant la phase de dépression (disparition de ceux qui ont adopté trop tard l’innovation) Questions sur le document 7 Question 1 Socialisme pour Schumpeter = « système institutionnel dans lequel une autorité centrale contrôle les moyens de production et la production elle-même, ou encore pouvons-nous dire, dans lequel les affaires économiques ressortissent en principe au secteur public et non pas au secteur privé ». Définition suffisamment large pour renvoyer à différentes sociétés (pouvoirs totalitaires, communismes, socialdémocratie.) La remise en cause de la classe bourgeoise fait que les inégalités économiques qui naissaient avec la réussite des entrepreneurs n’ont plus de fondement. De là, la possibilité de collectiviser l’appareil productif ou au moins (pas dans le texte) d’organiser la redistribution des revenus (développement de l’Etat providence). La mort de la classe bourgeoise est inéluctable et avec elle le passage au socialisme. Question 2 L’efficacité du capitalisme le conduit à sa propre perte (perspective dialectique semblable à celle de Marx, mais à partir de contradictions internes différentes). L'efficacité économique génère et suppose la concentration des unités de production. On a donc une évolution des modes de prise de décision dans les directions (de salariés) qui deviennent plus collégiales d’où substitution de la rationalité en finalité à la rationalité en valeur tout en préservant la capacité à innover (les moyens financiers, d’organisation de la production et des réseaux de distribution sont considérables). Ainsi, l’entrepreneur n’est plus aussi utile à la dynamique économique. Le capitalisme des grandes entreprises (propriété par actionnariat) offre moins de réticences à l’appropriation collective que le capitalisme d’entrepreneurs. L'efficacité économique autorise une éducation généralisée d’où la remise en cause par les intellectuels des valeurs bourgeoises. Le développement du capitalisme conduit à l’affirmation de situations organisationnelle ou sociologique qui requièrent ou facilitent le passage au socialisme. Le socialisme peut-il être économiquement efficace ? Pour Schumpeter (contre la position de Hayek), le socialisme peut être tout aussi efficace que le capitalisme d’un point de vue économique puisque théoriquement, la gestion de la vie économique par un organisme central est tout à fait concevable. Il faut néanmoins que : - les anciens chefs d’entreprise continuent à diriger les entreprises - l’ on trouve un système de motivation pour inciter à l’efficacité économique (et donc à l’innovation). Le passage au socialisme ne doit pas être réalisé sur le mode de la révolution et s’effectuer plutôt lorsque le capitalisme est arrivé à maturité. Le socialisme est-il compatible avec la démocratie ? Démocratie (selon Schumpeter) = processus de prise de décisions qui concernent la collectivité. Le socialisme peut être démocratique si les décideurs politiques ne prennent pas toutes les décisions et particulier ne participent pas directement à la gestion de la vie économique. Pour que cela soit envisageable, il faut mettre en place (ou garder) les hommes compétents, dans la plupart des cas, ce sont les anciens dirigeant d’entreprise. Cela renvoie à la conclusion précédente. Questions sur le document 8 Question 1 Elle concerne : - la numérisation de l’information - le développement de l’internet - l’ essor des bio-technologies Question 2 Contrairement à ce que prévoyait Schumpeter, les entrepreneurs n’ont pas disparu comme le prouve les différents exemples du texte. D’ailleurs les années 1980 sont aussi celles de l’apologie de l’esprit d’entreprise. Cependant, l’entrepreneur d’aujourd’hui n’est pas celui du début du 20ième siècle. Il est fortement en relation avec les institutions publiques (cf Croissance endogène) et souvent ne risque pas sa fortune personnelle mais celle des actionnaires, notamment ceux qui achètent les titres des entreprises émergentes (sur la Nasdaq ou le nouveau marché). Question 3 Elle est un moteur de la mondialisation des firmes (développement des FMN) grâce à l’amélioration des possibilités de communications internes. Elle est un moteur des relations entre les firmes (développement de la division du processus productif) Elle développe la mondialisation des services (cf production des logiciels) La nouvelle révolution industrielle est une condition importante de l’amélioration des conditions de l’offre. D'ailleurs, les performances économiques remarquables aux USA sur les années 1990 sont attribuées largement (même s'il ne faut pas oublier le rôle favorable des politiques économiques keynésiennes) au développement de la nouvelle économie. Les USA seraient entrés dans un nouveau cycle long de croissance bien avant les autres pays développés. Cependant, contrairement aux autres révolutions industrielles (tout le monde a profité de l’éclairage électrique), elle risque d’être moins partagée au niveau national (les moins qualifiés sont perdants) et au niveau international (le savoir est très concentré sur certaines zones géographiques tel que la Sillicon Valley). Cela est d’autant plus remarquable que la barrière à l’entrée « technologique » devient insurmontable pour presque tous les pays : le monoploe n'est pas temporaire. Questions sur le document 9 Question 1 85,3 : Pour 100 entreprises industrielles françaises de plus de 500 salariés, 85,3 ont innové (lancé un nouveau produit ou procédé) entre 1994 et 1996. 23,1 : Pour 100 euros de chiffre d'affaires des entreprises industrielles françaises, 23,1 sont destinés au financement de l'innovation entre 1994 et 1996. 0,8 : Les entreprises industrielles françaises qui ont entre 20 et 49 salariés ont consacré 0,8 milliards d'euros à l'innovation pour chaque année entre 1994 et 1996. Question 2 On observe une corrélation positive forte entre la taille de l'entreprise et l'innovation. Les entreprises les plus innovantes sont aussi les plus grandes. Cette relation est vérifiée en parts relatives comme en grandeurs absolues. Les écarts d'attitude face à l'innovation sont importants. Par exemple, les entreprises de plus de 500 salariés sont 2.6 fois plus concernées par l'innovation que les entreprises qui ont entre 20 et 49 salariés et la proportion est encore de 2.1 lorsqu'elles sont comparées à l'ensemble des entreprises industrielles. Par ailleurs, les entreprises les plus grandes investissent les parts de chiffre d'affaires comme les montants absolus les plus importants dans l'innovation. Ces informations semblent confirmer l'analyse de Schumpeter de 1939 lorsqu'il admettait que les grandes entreprises disposaient d'atouts importants face à l'innovation. La compréhension du processus d'innovation requiert de prendre en compte la complémentarité des petites structures par rapport aux grandes structures plutôt que de parier sur des aspects antinomiques. Remarques : Ce document statistique concerne les entreprises industrielles. Or les entreprises de services produisent aussi de l'innovation (automatisation de certaines activités bancaires, fusions-acquisitions entre grandes institutions financières internationales.). Toutes les innovations ne se valent pas. Il est plus important de disposer d'un entrepreneur innovateur tel que Bill Gates que d'une multitude d'innovateurs. Cela renvoie à la perpective originelle de Schumpeter.. (1) rationalité en finalité : analyse de Max weber qui distingue différentes formes de rationalité en opposant en particulier la rationalité en valeurs (le comportement est guidé en référence à des valeurs qui reçoivent l'adhésion de celui qui agît) à la rationalité en fianalité (le comportement est guidé par un calcul d'efficacité (principe d'économicité = l'acteur compare les avantages et les inconvénients et choisit la solution la plus efficace compte tenu de ses objectifs et des contarintes qui lui sont imposées). (2) Théorie des marchés contestable : John Kenneth Galbraith (1908 -): économiste américain (né au Canada) La filière inversée s'oppose à celle qui est retenue par la théorie économique dominante. Pour cette dernière c'est le consommateur qui commande la filière de production en exprimant ses besoins. Le producteur répond à une demande. Pour Galbraith, les producteurs exercent un pouvoir (des effets de dominations) sur les consommateurs. Ils produisent et s'efforcent de convaincre les consommateurs qu'ils ont besoin de ces produits. Joseph Kitchin : Les cycles ultra courts ont été étudiés par Kitchin, Burns et Mitchell (économistes américains qui travaillaient avec Schumpeter au National Board of Economic Reserch (NBER). Celui de Kitchin a une périodicité moyenne de 3 ans 1/2 et celui de Burns et Mitchell de 4 ans. Les uns et les autres s’expliquent à partir de phénomènes de stockage. En période de croissance les entreprises constituent des stocks qui soutiennent la croissance, mais en période de récession, les entreprises tendent à déstocker ce qui aggrave d'autant la situation économique. Ces cycles mineurs s'enroulent autour des cycles Juglar. Clément Juglar (1819 - 1905) La multiplication des crises depuis les débuts de l'industrialisation, avec leur cortège de chômage et de révoltes, semble donner raison aux penseurs socialistes qui annonce la fin du capitalisme. Juglar cherche à y voir plus clair et consacre dix ans à l'étude des principales économies de son temps. Il publie en 1860 les résultats de son travail dans un article qui devient en 1862 un livre intitulé Les Crises commerciales et leur retour périodique en France, en Angleterre et aux Etats-Unis. Il isole un cycle décennal, au scénario relativement précis : l'expansion, qui se nourrit de l'ouverture de nouveaux marchés ou de l'engouement du public pour un produit commercial ou financier, débouche sur une surchauffe, qui se traduit par des tensions sur les prix, les salaires et les capacités de production. Le retournement – la crise – commence alors par un krach boursier (les opérateurs anticipent une moins bonne rentabilité, certains commencent à vendre et entraînent avec eux le public, d'où la débâcle), se poursuit par une contraction des marchés et de l'activité. Une hausse du taux de l'escompte (seule intervention publique admise à l'époque) renchérit l'argent et aide à l'élimination des entreprises fragiles ou spéculatives; la «purge» permet alors à l'économie de redémarrer sur des bases assainies. Nicolaï Dmitrijewitsch Kondratieff (1892 - 1938) : Nicolaï Kondratieff montre (thèse de 1922) que les cycles majeurs s'inscrivent dans des mouvements de 30 à 50 ans. Joseph Schumpeter, en hommage au grand analyste, les popularise sous le nom de cycles Kondratieff tandis que les phases de croissance soutenue de la production (hausse des prix) et celles de croissance économique ralentie (baisse des prix) seront dénommées par François Simiand respectivement phase A et phase B. En étudiant 21 séries statistiques essentiellement à partir des mouvements pluridécennaux des prix de gros ou de détail ,Kondratieff remarque que les prix suivent des vagues longues entre 1789 et 1920 .Les vagues de croissance et de récession se succédant ,la durée moyenne d'un cycle est d'environ 50 ans (20-25 ans pour la phase A et idem pour la phase B). Pour la production ,les périodes de baisse des prix (phase B) ne sont pas des phases de recul ,mais de croissance ralentie (1815-1848-50 et 1873-1896 appelée parfois "grande dépression" bien qu'elle ne corresponde pas ,globalement ,à un recul de la production )et les phases de hausse des prix (A) des temps de croissance accélérée .Ces ondes longues résultent du cumul de Juglar orientés différemment selon la phase du Kondratieff dans laquelle ils s'inscrivent .Des phases d'expansion plus fortes donnent un mouvement long de hausse ,des dépressions plus creusées engendrent un mouvement de baisse .On peut le remarquer notamment pour la période allant de 1850 à 1896 . Friedrich von Hayek (1899 - 1992) Hayek fait ses études supérieures à l'Université de Vienne où il obtient un double doctorat en Droit (1921) et en Sciences politiques (1925). Il est tout d'abord fonctionnaire puis, en 1929, professeur à l'Université de Vienne. En 1931, fuyant le nazisme, il est professeur à la London School of Economics et le restera jusqu'en 1950. Il s'oppose à Keynes dès la publiation par ce dernier du "Traité sur la monnaie" (1930) et en publiant en 1931 un essai important : "prix et production". De 1950 à 1962 il est professeur de Sciences morales et sociales à l'Université de Chicago, puis professeur d'Economie à l'Université de Fribourg, en Allemagne, jusqu'en 1967. De 1967 à 1976 il est professeur à l'Université de Salzburg en Autriche. En 1974 il obtient le Prix Nobel de Science Economique. C'est un libéral convaincu qui conduit une critique soutenue des idées socialistes ("La route de la servitude" 1943). Il fonde la société du MontPellerin pour défendre l'économie de marché contre le développement des économies mixtes (intervention de l'État croissante et sociale-démocratie). Frank Knight (1885-1972) Economiste américain, Knight est le premier économiste à distinguer entre le risque, où les différents événements possibles sont connus - ou appréciables ; et l'incertitude où il est impossible d'établir un tel environnement. L'explication du profit et de la nature de la firme et de la concurrence renvoie à ce cadre de raisonnement. Le profit est la rémunération de l'incertitude et la firme a pour fondement l'activité de l'entrepreneur innovateur (ce qui se distingue de la perspective en termes de réduction des coûts de transaction développée par R Coase). Alfred Marshall (1842-1924) Économiste anglais, Professeur à Cambridge, il étudia et développa la théorie microéconomique, utilisant notamment l'analyse marginaliste. Ses Principes d'économie politique (1890-1907) ont contribué à former des générations d'étudiants en économie. Léon Walras (1834 - 1910) Économiste français, Professeur d'économie politique à Lausanne, où Pareto lui succéda en 1892, il est considéré comme le créateur de l'économie mathématique. Fondateur de l'«école de Lausanne», il se rendit surtout célèbre par son travail sur l'interdépendance des problèmes économiques généraux. Walras est l'auteur d'un modèle d'équilibre économique général. John Meynard Keynes (1883-1946) Economiste anglais.Il publie en 1936 son ouvrage essentiel : "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie". Il est le véritable fondateur de l'approche macroéconomique et il ouvre de nombreuses directions de recherches en insistant sur la place de l'incertitude, le rôle du temps et le caractère fondamentalement monétaire des économies contemporaines. Fiche auteur Karl Marx (1818-1883) Philosophe, économiste, sociologue, historien allemand, théoricien de la lutte des classes. Marx considère que le capitalisme est la forme achevée du développement "historique" des forces productives. La lutte de classe oppose dans ce mode de production un petit nombre de personnes propriétaires des moyens de production (les capitalistes) et la masse considérable des exploités (les prolétaires). Elle est inéluctable (dialectique) et génère l'effondrement du système. Fiche auteur