Les étapes de l`extermination des Juifs et des

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Réaliser un montage pour l’émission historique : "L’Ombre d’un doute" sur France 3
Franck Ferrand, le présentateur de l’émission historique "L’Ombre d’un doute" souhaite donner aux
téléspectateurs la possibilité de comprendre la politique d’extermination nazie durant la Seconde
Guerre mondiale. Tous ses assistants ont enquêté et effectué des recherches sur le sujet. Mais au
moment du montage, toute son équipe de monteurs et d’historiens est retenue en Islande en raison
d’une éruption volcanique.
Pour pouvoir passer le documentaire le soir, il doit absolument trouver une nouvelle équipe de
monteurs et d’historiens. Il vous envoie les textes et les images en urgence par Internet. Vous
disposez de 2 heures pour réaliser le film de l’émission.
1. Les Einsatzgruppen
Les Einsatzgruppen (traduction littérale : « groupes d'intervention ») étaient des unités de police
politique militarisées du IIIe Reich, créées dès l'Anschluss et chargées, à partir de l'invasion de la
Pologne, de l'assassinat systématique des opposants réels ou imaginaires au régime nazi et en
particulier des Juifs. Ces groupes sous l'autorité administrative de l'armée dépendaient pour les ordres
opérationnels du Reichssicherheitshauptamt ( « Office principal de la sécurité du Reich » ou RSHA) et
agissaient dans les territoires occupés de l'Est (Pologne, Union soviétique et Pays baltes), à l'arrière
du front de l'Est.
Ils étaient principalement composés par des membres de la SS, appartenant au RSHA (Gestapo,
Kripo, SD) et par des membres de l’Ordnungspolizei ; ils comprenaient également des auxiliaires
locaux de la police de sécurité, la Schutzmannschaft.
Les missions d'extermination des Einsatzgruppen furent successivement l'élimination en masse des
cadres polonais, des handicapés, des Juifs et des Tziganes, puis, à partir de la rupture du pacte
germano-soviétique et de l'invasion de l'Union soviétique du 22 juin 1941, des prisonniers de guerre et
des civils soviétiques, des partisans (qualifiés par les SS de saboteurs et terroristes), des cadres
soviétiques, dont les commissaires politiques et des communistes au sens général du terme.
De 1940 à 1943, les Einsatzgruppen assassinèrent plus d'un million de personnes, essentiellement
des Juifs et, à partir du 22 juin 1941, des prisonniers de guerre soviétiques. Leur action fut la première
phase de la Shoah, dans un premier temps les fusillades (appelée Shoah par balles), et dans un
deuxième temps les camions à gaz itinérants, avant la mise en place des camps d'extermination pour
la première vague en 1941 et parallèlement à ceux-ci pendant la deuxième vague en 1942.
Bilan des Einsatzgruppen
Les Einsatzgruppen gardaient des registres de leurs massacres et un des plus célèbres d'entre eux
est le rapport Jäger, couvrant l'opération de l’Einsatzkommando 3 sur plus de cinq mois en Lituanie. Il
fut écrit par Karl Jäger, le commandant de l'unité. Il y inclut une liste détaillée récapitulant chaque
massacre, se montant à 137 346 victimes, et y atteste : « […] je peux confirmer aujourd'hui que
l'Einsatzkommando 3 a réalisé son objectif de résoudre le problème juif en Lituanie. Il n'y a plus de
Juifs en Lituanie, mis à part les travailleurs juifs et leurs familles. » Après la guerre, en dépit de ces
registres, Jäger habita en Allemagne sous son propre nom jusqu'en 1959, date à laquelle il fut
finalement arrêté pour crime de guerre, suite à quoi il se suicida.
Au terme d'un décompte partiel obtenu grâce aux rapports d'Einsatzgruppen, et du rapport d'Heinrich
Himmler à Adolf Hitler en décembre 1942, Raul Hilberg totalise 900 000 victimes. Outre les Juifs non
comptabilisés mais effectivement tués par les Einsatzgruppen, il faut ajouter, écrit Hilberg, ceux qui
ont été tués par la deuxième vague d'unités mobiles de tuerie, partie après les Einsatzgruppen, et de
composition semblable, bien qu'elles ne portent pas ce nom, ainsi que les Juifs tués par l'armée
allemande et l'armée roumaine. Au total, il estime qu'1,4 million de Juifs ont été tués par les unités
mobiles de tuerie pendant la Seconde Guerre mondiale.
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2. Camps d’extermination : Auschwitz-Birkenau
Implanté en Pologne à partir de 1940, le camp d'Auschwitz est devenu rapidement le plus important
et le plus vaste des complexes aménagés par les nazis dans le cadre de la « solution finale ». Les
habitants des alentours ont été expulsés et près de 300 membres de la communauté juive
d'Auschwitz furent également arrêtés et utilisés comme travailleurs dans la construction du camp. Les
premiers prisonniers arriveront en juin 1940. Le camp fut étendu à mesure des besoins en mars
1941 ; Himmler ordonne l'agrandissement afin de pouvoir contenir 30 000 prisonniers. Au départ,
Auschwitz n'était pas destiné à devenir un camp d'extermination. Himmler ordonna ensuite la
construction d'un second camp pour accueillir 100 000 prisonniers à Birkenau (à 4 km du camp
principal). Mais ce camp a reçu également des déportés non raciaux, déportés politiques et
résistants, classés Nacht und Nebel (« Nuit et Brouillard »), c'est-à-dire destinés à disparaître « sans
laisser de traces ».
Cette enceinte était dirigée par les Schutzstaffel (les SS), principale organisation du régime nazi,
sous les ordres de Henrich Himmler. En outre, le responsable du camp était le SS
Obersturmbannführer Rudolf Höss jusqu'à l’été 1943.
Créé à partir de 1940, le complexe d’Auschwitz est divisé en trois parties.
Première partie : Auschwitz I
Mis en service le 20 mai 1940. Camp de concentration où siégeait la direction responsable de
l’ensemble du complexe concentrationnaire d’Auschwitz. C'était le camp principal ou camp souche.
Environ 15000 détenus résistants de différences nationalités dont de nombreux Polonais et des Juifs
y étaient enfermés. Enfin, l'entrée dans le camp se fait par un portail qui porte l'inscription « Arbeit
macht frei » (le travail rend libre), comme sur la grille d'entrée du camp de Dachau.
Deuxième partie : Auschwitz II-Birkenau
Début 1942. Camp de concentration et d’extermination
Birkenau possède une superficie de 175 hectares comportant 175 baraquements dont 45 en briques
et 22 en bois encore intacts aujourd'hui. C'est dans ce camp que la politique d'extermination fut
systématique pour les juifs d'Europe. Notons que c’est le 27 mars 1942 que le premier convoi de
déportés juifs de France a lieu vers Auschwitz. Ce camp est le plus grand mais aussi celui qui
fonctionna le plus longtemps. Sa durée de vie est due à l'organisation technique et industrielle qui
permettait aux nazis de perfectionner leurs méthodes d'extermination.
Le 3 septembre 1941, des prisonniers soviétiques furent utilisés comme cobayes lors d'essais sur
l'efficacité du Zyklon B. Après cet essai, une chambre à gaz fut construite à l'extérieur du camp
principal en février 1942.
À Birkenau les nazis ont mis en place la plupart des installations servant à l'extermination. Ainsi on
retrouve :

4 Chambres à gaz et fours crématoires ;

2 Chambres à gaz provisoires situées dans des fermes de paysans et adaptées spécialement
pour ce but ;

des fosses et des buchers d'incinération.
En mars 1942, un camp de femmes fut construit pour 6000 prisonnières à Auschwitz mais en août
1942 il fut déplacé à Birkenau pour pouvoir accueillir plus de femmes.
Troisième partie : Auschwitz III-Buna-Monowitz
Octobre 1942. Camp de travail pour les usines IG FARBEN. De plus, l’une de ses filiales, la
Degesch, sera amenée à fabriquer le gaz Zyklon B qui était utilisé par les nazis dans les chambres à
gaz.
Monowitz, au départ est conçu comme un camp de travail même s’il compte un fort taux
d'extermination. Le camp de Monowitz était associé à la Buna Werke, une fabrique de caoutchouc où
on envoyait les détenus travailler. L'usine devait être entièrement construite par les prisonniers, qui ne
recevaient que le minimum d'outils. Ils avaient très peu de nourriture et de logements. L'épuisement
ou l'inanition après quelques mois les conduisaient très souvent à la mort, mais de nouveaux
prisonniers arrivaient régulièrement.
Monowitz a été le seul sous-camp d'Auschwitz à avoir été bombardé par les Alliés en 1944, l'usine
de la Buna était une cible militaire. Ces bombardements empêchèrent la construction de la Buna, et
aucun kilo de cacoutchouc ne pourra sortir de l'usine pendant la guerre, Monowitz deviendra le plus
grand camp de travail en activité d'Auschwitz.
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3. Arrivée des convois à Auschwitz-Birkenau
Les déportés, hommes, femmes et enfants, arrivaient de toute l’Europe, entassés par centaines dans
des wagons de marchandise verrouillés pendant le trajet. Ils ne recevaient ni à boire ni à manger,
n’avaient aucune toilette à leur disposition. Le voyage pouvait durer jusqu’à 10 jours. De plus, en
arrivant à Auschwitz, une partie d'entre eux étaient morts.
Ceux qui étaient déportés à Auschwitz débarquaient dans une gare située près du camp principal et
devaient marcher ou étaient transportés au camp pour l'enregistrement. Ils étaient alors tatoués,
déshabillés, désinfectés puis rasés, douchés tandis que leurs vêtements étaient désinfectés au gaz
Zyklon-B. Ils entraient enfin dans le camp par la grande porte portant la fameuse inscription 'Arbeit
Macht Frei' ("Le travail rend libre")
A partir de l’été 1942, les Juifs déportés à Auschwitz sont soumis, dans le cadre de la « solution
finale », à la sélection. Celle-ci était souvent effectuée par un médecin SS. Les hommes étaient
séparés des femmes et des enfants et ils formaient deux groupes. Ceux qui étaient jugés inaptes au
travail c'est-à-dire les enfants de moins de 16 ans, les vieillards, les infirmes et les femmes enceintes,
étaient immédiatement dirigés vers les chambres à gaz.
Dès leur arrivée à Auschwitz-Birkenau, les déportés étaient triés et rangés sur deux files :
- d'un côté, les plus vigoureux, ceux que les SS pensaient pouvoir utiliser au moins un temps
pour le travail forcé ;
- de l'autre côté, les enfants, les vieillards, les adultes hommes et femmes malades ou trop
affaiblis par le voyage, qui étaient dirigés immédiatement vers les chambres à gaz.
4. Conditions de vie des déportés
En ce qui concerne ceux qui n’étaient pas sélectionnés, ils étaient conduits au Zentralsauna pour la
procédure d’admission au camp. C’est à partir de ce moment là que commençait le processus de
déshumanisation. Ils étaient déshabillés, tondus, désinfectés. De plus c’est dans le camp d’Auschwitz
à partir de 1942 que les déportés étaient tatoués d’un numéro sur l’avant-bras, puis après une période
de quarantaine, étaient affectés à une équipe de travail à Monowitz ou à Birkenau.
S’ils constituaient un système d’extermination, les camps étaient aussi, ce qu’on ne sait pas
toujours, un système économique fondé sur l’esclavage. Les déportés gardés en vie à leur arrivée à
Auschwitz ou dans les autres camps devaient pouvoir servir l’économie allemande et son effort de
guerre. Considérés comme "rentables", ils étaient utilisés comme main d’œuvre gratuite, taillable et
corvéable à merci. Bref, ils étaient transformés en esclaves. Epuisés par le travail, beaucoup d’entre
eux mourraient.
De plus, certains travaillaient dans ce que l’on appelait le Kanada du camp de Birkenau, qui était
composé d’une trentaine de baraques en bois servant d’entrepôts. Y était déposés et triés les
bagages et tous les biens personnels de déportés. Tout ce qui était en bon état était expédié à
l’intérieur du Reich.
Mais certains déportés Juifs étaient chargés d’un travail beaucoup plus inhumain. Ils faisaient partie
des équipes du Sonderkommando qui était constitué d’un millier de déportés Juifs. Le
Sonderkommando était chargé de la destruction des cadavres et de toutes les tâches annexes
passant du nettoyage des chambres à gaz à l’arrachage des dents en or.
En ce qui concerne la vie dans les baraquements, les déportés devaient supporter les odeurs
insalubres, la promiscuité, le froid et le manque de confort. Si le camp était déjà très peuplé, il atteint
son activité maximale entre mai et juillet 1944 avec le début de la déportation massive des Juifs de
Hongrie vers Auschwitz-Birkenau. Chaque bloc abrite 700 prisonniers, soit 4 par couchette. Humidité,
fuites d'eau dans les toits, paille et paillasses souillées par les prisonniers souffrant de diarrhée, de la
faim, de vermine grouillante, rats, manque chronique d'eau, absence d'installations sanitaires
convenables, tel est le terrible lot quotidien des détenus.
Réduits à l’état d’objets totalement déshumanisés, les déportés devaient pouvoir être utilisés au
maximum. Des milliers d'entre eux ont ainsi subi des "expériences" médicales menées notamment par
le Dr Mengele, parfois baptisé le "médecin de la mort" dans le Revier, l’infirmerie du camp, en fait
plutôt un mouroir. Des recherches ont notamment été entreprises sur le typhus : pour ce faire, la
maladie était injectée à des cobayes humains.
5. Les chambres à gaz et les crématoires
Ceux qui étaient déportés à Auschwitz étaient alors tatoués, déshabillés, désinfectés puis rasés,
douchés tandis que leurs vêtements étaient désinfectés au gaz Zyklon-B. Un système identique
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fonctionna un peu plus tard à Birkenau en 1942-43, à la différence près que les douches étaient en
fait des chambres à gaz. A peine 10% des prisonniers juifs étaient enregistrés, tatoués, douchés et
désinfectés au 'sauna central' avant d'être transférés dans les baraques. En mai 1944, une ligne de
démarcation fut construite à l'intérieur du camp afin d'accélérer et de simplifier la procédure de triage
des dizaines de milliers de juifs hongrois déportés au cours de l'été 1944.
L'histoire d'Auschwitz-Birkenau en tant que centre d'extermination est complexe. Depuis fin 1941
jusqu'à octobre 1942, la morgue du camp principal, déjà équipée de crématoires, fut transformée en
chambre à gaz. Au printemps 1942, deux chambres à gaz provisoires furent construites dans des
maisons paysannes. Elles étaient connues sous le nom de "bunkers".
Le premier "bunker", composé de deux salles hermétiques, fut opérationnel de janvier 1942 à la fin de
la guerre. Le second, composé de quatre salles, devint superflu au printemps 1943, mais subsista et
resta en activité jusqu'à l'automne 1944, quand les autres chambres à gaz utilisées pour
l'extermination des juifs hongrois et des habitants des ghettos ne purent plus suivre. Les victimes
gazées dans les deux bunkers étaient obligées de se déshabiller dans des baraques en bois situées
tout près des chambres à gaz. Après gazages, les corps étaient évacués et brûlés à l'air libre. Entre
janvier 1942 et mars 1943, 175.000 juifs y furent exterminés, dont 105.000 entre janvier et mars 1943.
Les deux paires de chambres à gaz étaient numérotées II et III ainsi que IV et V. La première s'ouvrit
le 31 mars 1943, la dernière le 4 avril 1943. La surface totale de ces chambres à gaz s'élevait à 2.255
mètres carrés; leur capacité totale étant de 4.420 personnes.Ceux qui étaient sélectionnés pour le
gazage devaient se déshabiller dans un vestiaire puis étaient poussés dans les chambres à gaz. La
mort survenait après 15 à 20 minutes. Dans les chambres à gaz II et III, le gazage s'effectuait dans
des salles souterraines, et les corps étaient transférés aux 5 fours par un ascenseur électrique. Avant
la crémation, les dents en or étaient arrachées et tous les bijoux enlevés (alliances, bagues, etc...).
Les chambres à gaz IV et V étaient quant à elles situées au même niveau que les crématoires, mais
ceux-ci étaient tellement mal conçus et leur usage tellement intensif qu'ils étaient sujets à des pannes
fréquentes et qu'ils furent finalement abandonnés. Les corps furent brûlés à l'air libre, comme en
1943. Les "sonderkommandos" juifs (équipes chargées de la crémation des corps) travaillaient aux
crématoires sous la surveillance des SS.
A l'origine, ces infrastructures furent "sous-utilisées". D'avril 1943 à mars 1944, "à peine" 160.000
furent gazés à Birkenau, mais de mars 1944 à novembre 1944, alors que tous les autres camps
d'extermination étaient abandonnés, Birkenau battit tous les records précédents en matière
d'extermination de masse. La déportation des juifs hongrois et la liquidation de tous les ghettos juifs
polonais, tel celui de Lodz, eut comme conséquence le gazage de 585.000 juifs.
6. Fin du camp d’extermination, bilan
En octobre 1944, le "sonderkommando" du crématoire IV se révolta et détruisit plusieurs fours. En
novembre Himmler ordonna l'arrêt des gazages, et une opération de "nettoyage" fut mise en place
pour effacer touts les traces d'extermination. En janvier 1945, les nazis évacuèrent du camp 58.000
prisonniers encore capables de marcher. Ils laissèrent derrière eux dans le camp principal, Birkenau
et à Monowitz près de 7.000 prisonniers malades ou invalides. Les nazis étaient persuadés qu'ils ne
survivraient que très peu de temps.
Quand les troupes soviétiques libérèrent Auschwitz le 27 janvier 1945, ils trouvèrent ces survivants
dans un état pitoyable. Ils découvrirent en même temps 836.525 vêtements féminins, 348.820
vêtement masculins, 43.525 paires de chaussures ainsi qu'un nombre incroyable de brosse à dent,
miroirs et autres effets personnels. Ils découvrirent de même 460 prothèses et 7 tonnes de cheveux
humains provenant des victimes gazées. Ces cheveux humains étaient achetés 50 pfennig/kilo par la
société allemande "Alex Zink" (établie en Bavière) pour la réalisation de vêtements.
Au total, 1 million de déportés sont morts dans ce camp.
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