Version Word - Commission aires protégées

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Réunion trimestrielle du 30 septembre
2014
Compte-rendu de réunion
10h00 : Actualités
Actualités des réseaux d’aires protégées et agenda trimestriel
Michel Badré, Thierry Lefebvre, Jean-François Sys
Présentation des principaux éléments d’actualité du dernier trimestre et de l’agenda national et
international jusqu’en décembre. Un tour de table a été proposé pour compléter cette
présentation (agendas des réseaux, conférences). A terme, le programme aires protégées va
développer une revue de presse en ligne qui sera mise à disposition des membres et des
réseaux.
Lettre d’information du programme aires protégées
Jean-François Sys
Une lettre d’information a été présentée pour proposition à la commission aires protégées avec
les points suivants qui ont été soulevés :
- Quelle structure ?
- Quelle périodicité ? Elle doit être fréquente pour qu’il existe un intérêt
- Quelle contribution des experts ?
- Comment s’approvisionner en articles ?
La Commission aires protégées souhaiterait la réalisation d’un dossier de fond.
Options proposées suite à la réunion commission aires protégées :
- Une revue mensuelle
- Une synthèse mensuelle factuelle
- Un dossier de fond : un format qui ne parait pas optimal. Néanmoins, les experts peuvent
proposer des articles de fond mais il n’y aura pas de périodicité régulière.
Le choix qui semblerait pouvoir être retenu est la synthèse mensuelle factuelle. Un n°0 sera
présenté lors de la prochaine réunion de la commission aires protégées.
Elle sera transmise sous un format électronique.
Point d’information sur la protection du Massif du Mont-Blanc (note)
Michel Fourcade
1
La dernière note de situation concernant la protection du massif du Mont-Blanc adressée au
Comité français de l’UICN le 20.02.2013 avait pour objet de l’informer au terme du programme
européen de coopération transfrontalière ALCOTRA (2006-2012) .
Ce programme comportait un Plan Intégré de Territoire (PIT) pour l’Espace Mont-Blanc (EMB –
le massif proprement dit et ses territoires périphériques : 34 communes – trois pays). Ce PIT
avait, à la suite du Schéma de Développement Durable (SDD) de l’EMB adopté en 2006 par la
Conférence Transfrontalière Mont-Blanc (la CTMB, créée par les trois Etats en 1991), retenu ,
dans un Plan de Gestion, le projet d’inscription du massif du Mont-Blanc au Patrimoine Mondial
de l’UNESCO. Ce plan de gestion n’ayant pas été réalisé au terme du programme ALCOTRA,
un projet de développement durable de l’EMB, plus global, intitulé « Stratégie d’avenir du MontBlanc », placé comme le PIT sous la tutelle de la CTMB, lui avait succédé (présenté aux
associations le 7.02.2013).
Dans la mesure où le projet d’inscription du massif à l’UNESCO, soutenu depuis 2003 par le
Comité français, n’était plus conservé comme projet structurant dans la Stratégie d’avenir du
Mont-Blanc, le Comité français a accepté la proposition de centrer désormais son action pour
la protection du massif sur ses aires protégées, les Réserves naturelles et le Site classé du
Mont-Blanc. Celles-ci en effet, situées presque en totalité en altitude, bénéficient d’un statut
spécifique reconnu juridiquement (plan de gestion pour les Réserves naturelles, loi de 1930 sur
les sites classés ou inscrits pour le site classé du Mont-Blanc) qui permet d’y appliquer des
mesures de protection plus concrètement et rapidement que dans les vallées de l’Espace MontBlanc, sans statut particulier et soumises aux pressions d’un urbanisme en expansion et au
tourisme de masse.
La présente note se propose, après avoir donné un aperçu sur la situation générale qui
caractérise, à ce jour, selon l’auteur de la note, la protection de la montagne dans les Alpes, de
présenter pour le massif du Mont-Blanc (élargi) et de manière plus explicite, les actions menées
au cours de la période 2013 – 2014 principalement dans le cadre des groupes de travail de la
Stratégie d’avenir du Mont-Blanc.
Situation générale
La protection de la montagne dans les Alpes, de façon générale, que ce soit en France ou dans
les autres pays alpins, s’inscrit de plus en plus dans un contexte très contrasté, caractérisé par:
- d’une part, une plus grande volonté des pouvoirs publics et des élus, aux niveaux régional et
local, pour mettre en œuvre des politiques, pour certaines d’entre elles déjà programmées
et/ou réalisées en partie, destinées à renforcer la protection de l’environnement en altitude mais
surtout dans les vallées, celles-ci connaissant de plus en plus des problématiques de type
urbain ou néo-urbain, avec l’application de mesures concernant la préservation des paysages
et de la biodiversité, la qualité de l’air, la transition énergétique , les transports…
- d’autre part, la création , le plus souvent par les sociétés de remontées mécaniques, dans les
espaces d’altitude accueillant les touristes, en été et/ou en hiver, de nouvelles remontées plus
performantes en termes de capacité et de fréquence ainsi que différentes installations
destinées à « l’animation » de ces espaces (musique techno sur les pistes de ski, panneaux
d’affichage très agressifs, parcours de « découvertes et d’aventures » …). Les impacts de ces
nouveaux aménagements en augmentant l’artificialisation de la haute montagne avec ses effets
sur les paysages, la flore et la faune, y compris dans les aires protégées limitrophes des
espaces concernés, vont ainsi à l’encontre, et de manière paradoxale, aux objectifs de
protection précités.
Situation dans le massif du Mont-Blanc, élargi à l’Espace Mont-Blanc
L’Espace Mont-Blanc présente une situation contrastée identique entre aménagement et
protection.
L’aménagement :
Il faut noter l’importance des chantiers entrepris par la Compagnie du Mont-Blanc qui vient de
signer avec la Municipalité de Chamonix un nouveau contrat, d’une durée de 40 ans, de
délégation de service public des domaines skiables.
Ces chantiers, situés pratiquement en totalité dans le Site classé du Mont-Blanc font partie d’un
programme de requalification des sites qui a été approuvé, bien qu’avec quelques réserves
pour certains, par la Commission Supérieure des Sites, Perspectives et Paysages (CSSPP) :
- En 2011, pour l’Aiguille du Midi
- En 2012, pour le domaine skiable des Grands-Montets
2
- En 2013, pour le site du Montenvers (revalorisation, accès à la Mer de Glace).
Pour les remontées mécaniques, le programme a souligné que plusieurs installations existantes
étaient supprimées et étaient remplacées par de nouvelles plus performantes par
l’augmentation de leur capacité et de leur fréquence. Bien que la Commission ait suivi le rapport
de l’inspectrice de la DREAL qui ne reconnait pas d’impact de ces nouvelles installations sur le
paysage, il faut reconnaître que celui-ci sera malgré tout atteint en raison du volume des
nouvelles gares de départ et d’arrivée.
Quant à l’ « animation » des sites , la compagnie du Mont-Blanc est très engagée dans ce
domaine avec la diffusion de musique et la mise en place de nombreux panneaux d’affichage
en altitude. De même, à l’Aiguille du Midi, une cinquantaine de chantiers sont ouverts à cet
effet. Comme le déclare le président directeur général de la Compagnie du Mont-Blanc « Notre
philosophie : c’est sensation, émotion et esprit » !
La protection :
Les initiatives des élus :
La municipalité de Chamonix a pris, au cours de la période, plusieurs initiatives pour renforcer
son image de station faisant la promotion de l’écotourisme :
La création d’une maison de village à Argentière hébergeant un pôle environnement
comprenant une antenne d’ASTERS (Conservatoire d’espaces naturels, gestionnaire des
réserves naturelles de Haute-Savoie dont celles de l’Espace Mont-Blanc, les ContaminesMontjoie, Aiguilles Rouges , Carlaveyron, Vallon de Bérard) et un point d’information de la
Convention Alpine.
La nomination de Chamonix « Ville des Alpes de l’année 2015 » pour son engagement dans la
mise en œuvre de la Convention Alpine notamment dans le domaine de l’énergie et des
mobilités (application des Plans Energie Climat et Protection de l’Atmosphère, Rénovation de la
ligne ferroviaire St-Gervais - Martigny , le Mont-Blanc Express).
La transition énergétique appliquée dans les refuges, au mois de septembre, la Ministre de
l’Ecologie a inauguré le nouveau refuge du Goûter, bâtiment à haute qualité environnementale
et le Président de la région Rhône-Alpes une micro centrale hydro-électrique au refuge du Lac
Blanc lui assurant son autonomie énergétique. Les élus et les représentants des pouvoirs
publics ont marqué leur intérêt et leur soutien à ce type de réalisation à généraliser dans les
bâtiments d’altitude.
La Stratégie d’avenir du Mont-Blanc :
Présentation : La Stratégie d’avenir du Mont-Blanc qui a succédé, à partir de mars 2013, au
Plan de gestion du Plan Intégré Transfrontalier du dernier programme de coopération
transfrontalière ALCOTRA (2006-2012) (voir introduction) se propose de faire de l’Espace
Mont-Blanc « un territoire exemplaire pour la préservation des ressources naturelles et leur
valorisation au profit des populations » avec comme objectifs prioritaires « la préservation de la
Biodiversité, la prise en compte des effets du réchauffement climatique, le développement
d’activités porteuses de valeur ajoutée pour les acteurs du territoire, un tourisme éco
responsable , la création d’un GECT (Groupement Européen de Coopération Territoriale) en
vue d’obtenir pour l’Espace Mont-Blanc un budget et une capacité juridique propres ».
Pour définir les actions à mener, soit en commun dans les trois Territoires nationaux concernés
(Haute-Savoie et Savoie, Val d’Aoste, Valais), soit séparément dans chacun d’eux, et les
traduire en projets destinés à l’approbation de la Commission européenne en vue de sa
participation à leur financement, six groupes de travail thématiques ont été constitués :
Espace aérien, Espaces Naturels, Gestion de la fréquentation, Réchauffement climatique,
Prospective socio-économique, Stratégie foncière.
Les travaux des groupes porteront sur les questions spécifiques à chacun des deux grands
ensembles (dynamiques territoriales) considérés : les espaces d’altitude et les espaces
valléens et urbanisés.
La participation des associations : L’engagement des associations dans la stratégie d’avenir
s’est
porté dans les quatre premiers groupes et pour le Comité français de l’UICN en priorité dans
le groupe « Espaces naturels et Biodiversité » en étroite collaboration avec ASTERS
(conservatoire
des Espaces naturels de Haute-Savoie, membre du Comité) tout en se tenant informé des
travaux
des trois autres groupes.
Ces groupes se sont réunis en 2014, une année après le lancement de la Stratégie d’avenir :
3
Le groupe Espaces Naturels : Le 11 mars et le 26 mai, des sous-groupes thématiques ayant
été
constitués , ASTERS a animé le sous-groupe « Gestion des Espaces naturels et Biodiversité »
qui a retenu plusieurs actions à mener dont le renforcement des échanges et connaissances
entre les trois territoires nationaux (importance soulignée de la cartographie) et le
développement de la coopération pour la mise en œuvre des « corridors transfrontaliers ».
Le groupe Espace aérien : s’est prononcé pour la limitation de l’usage de l’hélicoptère,
notamment pour les vols de découverte (tourisme). A ce sujet, il faut noter l’action du collectif
pro Mont-Blanc et celle de Mountain Wilderness France en vue de diminuer les nuisances
causées par le survol du massif, notamment sonores, en proposant la mise en place d’une
réglementation transfrontalière harmonisée : vols à moins de 1000 mètres d’altitude réservés
aux seules missions de service public.
Le groupe Gestion de la fréquentation : s’est réuni à plusieurs reprises, avec la participation des
élus locaux et des représentants des pouvoirs publics (préfecture) , la gestion de la
fréquentation des alpinistes en particulier des candidats à l’ascension du Mont-Blanc, constitue
une question de la première importance. Aucune décision n’a encore été prise pour trouver un
compromis entre le maintien du principe de liberté pour les alpinistes et la nécessité de mieux
maitriser l’accès au Mont-Blanc pour limiter les conséquences (sécurité, pollution, incivilités …)
de cette fréquentation de masse.
Le groupe Réchauffement climatique : le 9.09.2014, une réunion a été organisée en Val
d’Aoste portant sur la « Gestion des voies d’accès aux refuges et cabanes de haute-montagne
suite aux changement climatique » regroupant 40 participants dont 4 membres du collectif pro
Mont-Blanc. Le changement climatique, observé notamment avec le recul des glaciers, a des
effets sur « l’accessibilité, la vulnérabilité, l’économie ». Cette question est préoccupante et
devra faire l’objet d’une attention soutenue et se traduire par des actions communes dans les
trois territoires.
Le CREA, le Centre de Recherches sur les Ecosystèmes d’Altitude, implanté à Chamonix, à
l’Observatoire Vallot, participe notablement également à la protection du massif par ses
recherches sur la Biodiversité Alpine et l’évolution de celle-ci face au changement climatique.
Son projet Phenoclim observe l’évolution des cycles de végétation pour analyser l’impact du
changement climatique.
L’ATLAS scientifique du Mont-Blanc (www.atlasmontblanc.org) en cours d’élaboration constitue
l’un des projets majeurs du centre. Déjà intégré dans le dernier programme européen
ALCOTRA, il continuera à l’être dans le prochain programme. L’axe principal de travail de
l’Atlas est l’évolution du massif au cours du temps, pour le climat, les écosystèmes, les glaciers,
avec le développement de modèles de l’évolution du climat et de la flore jusqu’en 2100.
Le Comité français de l’UICN entretient des relations étroites avec le CREA (Commission des
écosystèmes - groupe montagne). Le Comité a participé en 2013 à la campagne de soutien au
CREA qui a réussi à maintenir le centre à l’Observatoire Vallot, dont le terrain avait fait l’objet
d’un projet de vente par l’Etat.
Conclusions :
Au cours de la période, comme on l’a vu, des initiatives pour la protection du massif et de
l’Espace Mont-Blanc ont été prises :
D’une part, par les Collectivités territoriales dans les domaines de la qualité de l’air, de la
transition énergétique et des transports en raison principalement de leurs effets sur la vie des
populations résidantes.
D’autre part, par les associations, qui se sont engagées dans les groupes de travail de la
Stratégie d’avenir du Mont-Blanc en donnant la priorité à des actions concernant les effets du
changement climatique et de la fréquentation.
Il reste cependant à constater que, comme par le passé, très peu d’actions concrètes visant à
la protection, stricto sensu, des milieux montagnards de l’Espace Mont-Blanc n’ont encore été
mises en œuvre, la Conférence Transfrontalière Mont-Blanc, 23 ans après sa création, ne
semblant pas porter une attention prioritaire aux enjeux de protection.
Ce constat conforte la décision du Comité français de l’UICN, prise en 2013, de soutenir les
actions menées dans les aires protégées de la partie française de l’Espace Mont-Blanc, les
Réserves naturelles et le Site classé du Mont-Blanc.
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Ainsi, les Réserves naturelles, gérées par ASTERS, offrent-elles un refuge unique pour la flore
et la faune et un territoire de « tranquillité » pour les randonneurs en été et en hiver, les
mesures adéquates pour ce faire étant regroupées dans le plan de gestion de chaque Réserve.
Pour le Site classé, soumis aux chantiers de construction/rénovation de la Compagnie du MontBlanc, un contact étroit a été maintenu avec les représentants des associations qui siègent
dans les Commissions départementale (74) et supérieure des sites dont les décisions
conditionnent la réalisation des travaux. La connaissance des dossiers de chacun des projets,
qui nous sont adressés, permet de mieux en contrôler la réalisation. A cet égard les
observations sur le terrain menées en liaison avec les représentants des associations avec
lesquels nous collaborons sont indispensables.
Congrès mondial des parcs : délégation et interventions françaises
Thierry Lefebvre
La France est l’un des dix pays les plus représentés :
- 60 personnes soit 1% du nombre total de congressistes (plus de représentants français qu’à
Durban).
- place de la francophonie : 8%.
Ce sont les organismes et les réseaux d’aires protégées qui sont surtout représentés en ce qui
concerne la France. Les territoires d’outre-mer seront bien représentés à travers la NouvelleCalédonie et la Polynésie française.
Les interventions françaises portent en majorité sur la thématique gestion des espaces
protégés.
Les gouvernements de Polynésie française et des Marquises seront également présents (6
personnes).
10h45 : Travaux en cours
Travaux du Groupe Liste verte des aires protégées : bilan des ateliers de Nairobi et
Séville, candidatures françaises, congrès mondial des parcs
Sophie Coste
Depuis le mois de mai, plusieurs étapes ont été finalisées :
- les standards ont été finalisés au mois d’avril
- le système d’assurance a été préparé selon les principes d’ISEAL (consultant) afin d’assurer
la crédibilité des standards
- le nombre de pays qui se sont engagés dans le processus liste verte a augmenté (Mexique,
Japon, Croatie, Algérie, Maroc et Tunisie)
- Le comité international de la liste verte a été établi
- le déroulement au congrès mondial des parcs a été établi : réunion préalable des groupes de
référence pilotes, remise des nominations des aires protégées candidates, atelier technique,
sessions ouvertes au pavillon Protected planet…
- le groupe de référence français comprend 8 membres permanents mais des confirmations
sont attendues de la part d’experts sollicités.
- les cinq aires protégées candidates (Les parcs nationaux des Pyrénées et de Guadeloupe, La
réserve naturelle nationale de Cerbères-Banyuls, l’Espace naturel sensible du marais d’Episy et
le Parc naturel marin d’Iroise) ont été validées par le groupe de référence national.
En ce qui concerne l’avenir de la liste verte en France, dans de nombreux cas, ce sera la tutelle
qui proposera la candidature d’une aire protégée et non pas le gestionnaire lui-même. Il ne
s’agira pas d’une démarche volontaire du gestionnaire mais d’une stratégie de l’Etat.
Sur la communication, il faudra insister sur le fait que ce n’est pas une couche de plus dans le
mille-feuille d’outils existants.
Ensuite, un gros travail de traduction doit-être réalisé par rapport aux indicateurs pour une
bonne transposition dans le système français.
La question du coût a également été soulevée car la liste verte engendre un travail important.
5
Une discussion devra être engagée après le Congrès mondial des Parcs pour mettre en place
une stratégie.
Travaux du Groupe Patrimoine mondial : bilan des ateliers d’accompagnement
Thierry Lefebvre
L’atelier qui avait pour objectif une visite sur site et d’assister techniquement le dossier
Martinique présente le bilan suivant :
- le dossier proposé devait dans un premier temps s’inscrire dans un des paragraphes de la
convention.
- un avis critère par critère a été donné par des experts scientifiques.
Il a été conclu que le dossier allait se concentrer essentiellement sur le continuum forestier.
Les critères retenus sont :
- le ix (être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques
en cours dans l'évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et
d'animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins)
- le x (contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la
conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces
menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la
conservation)
L’association de ces deux critères figure pour la plupart en milieu non insulaire. Dans les petites
Antilles, aucun des sites inscrits au patrimoine mondial ne le sont pour ces deux critères, ce
serait une première.
Enfin, plusieurs scénarios de candidature ont été évoqués :
1- Martinique
2- Martinique + Guadeloupe
3- Martinique + Guadeloupe + Dominique
4- Martinique + Guadeloupe + Dominique + domaine marin
Un prochain colloque sera organisé en février 2015.
Pour la partie marine, c’est le conseil scientifique qui prendra la décision finale.
Travaux du Groupe Wilderness et nature férale
Christian Barthod
Le terme de wilderness est difficilement traduisible en français. Il lui a été adjoint le concept de
« nature férale » afin de comprendre en quoi ces espaces de retour à la nature sauvage
peuvent influencer les politiques.
Le groupe de travail est composé de 20-25 personnes avec une douzaine de participants aux
réunions. Des notes de travail ont été réalisées pour définir les points à développer, les
définitions et la dimension acceptabilité sociale. La volonté est de faire le lien avec les initiatives
réalisées à l’échelle locale.
Troisième colloque des Aires marines protégées (6-8 octobre 2015 à Brest)
Laurent Germain
Les objectifs du colloque sont de tirer un bilan de la stratégie de création et de gestiond es aires
marines protégées issue du grenelle de la mer. Un appel à contribution a été lancé, en
favorisant une plus forte co-construction qu’au cours du dernier congrès.
Une vingtaine de créneaux sont prévus au cours des trois journées du colloque.
La Commission aires protégées et le forum des AMP sont associés afin de valider les
propositions.
Travaux AHPNE-UICN sur l’histoire des aires protégées
Henri Jaffeux (AHPNE)
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Coopération Icomos-UICN pour l’organisation du forum des gestionnaires 2016
(proposition)
Isabelle Palmi (Icomos France)
Le Groupe de travail sites, paysages et espaces patrimoniaux de l’Icomos France, en lien avec
le Comité français de l’UICN, propose un thème pour le forum des gestionnaires de l’année
2016. Une réunion conjointe ICOMOS –UICN aura lieu le 18 novembre. Il faudra préciser en
décembre et une soumission du thème choisi sera proposée à l’ATEN en mars prochain.
14h00 : Atelier thématique
14h00 : Introduction de l’atelier
Michel Badré (Président de la Commission aires protégées)
En décembre 2015 se tiendra la COP (convention des parties) 21 sur le climat.
Les COP qui se sont déjà tenues ne sont pas toutes au même niveau, trois sont d’un niveau
supérieur :
- COP 3 de Kyoto : protocole de Kyoto
- COP de Copenhague : il n’y a pas eu de suite relativement concrète
- COP 21 de Paris : 3e du même genre pour l’objectif 2020
Quel lien existe-t-il entre les politiques sur le climat et sur les politiques publiques d’aires
protégées?
14h05 : Définition et enjeux
Les principaux enjeux scientifiques posés par les changements climatiques à la
conservation de la diversité et du fonctionnement des écosystèmes
Xavier MORIN (CEFE/CNRS)
Le changement climatique induit une perte de diversité à l’échelle du globe avec une pression
supplémentaire pour les écosystèmes. Un réchauffement de l’ordre de 0,8°C a été observé
depuis le début du siècle dans l’hémisphère nord. Les prévisions à venir changent souvent et
on sera surement au-delà des prévisions. Les changements climatiques affectent le climat avec
des impacts à tous les niveaux d’organisation.
Deux constats sont observés :
1-Croissance et productivité des forêts du à l’augmentation du CO2 et l’augmentation de
température.
2- Des exemples aussi de décroissance du au stress hydrique en Espagne (Hêtraie)
Autres constats observés :
Les changements de phénologie sont nombreux depuis 1950, elles sont de plus en plus
précoces.
Entre 1950 et 2000, 20 jours d’avance ont été observés.
Mais il n’y a pas seulement que les changements de phénologie qui ont été constatés.
Par exemple, pour les saumons d’Alaska, une précocité de la période de migration a été
observée.
1- Forte augmentation de la mortalité des arbres et arbustes sur les 30 dernières années du
au stress hydrique
2- Changement de productivité primaire entre 1982 et 1999
Le fonctionnement des écosystèmes a un rétro impact sur le climat.
En ce qui concerne la migration d’espèces de papillons en Europe, des changements de
répartition observés.
Ce phénomène a également été observé chez les poissons.
La répartition latitudinale et/ou altitudinale a changé au cours des 50 dernières années.
7
Les chaines trophiques ont également été modifiées.
Pourquoi et comment faire de la conservation dans un tel contexte ?
- Nécessité de repenser les zones de conservation
- Comprendre les impacts actuels et prédire les futurs
- le fonctionnement des écosystèmes dépend de la composition en espèces des communautés
- La biodiversité augmente la résistance aux perturbations=résilience.
- Les forêts mélangées seraient moins sensibles aux pathogènes, tempêtes, à la sécheresse
- la diversité est une solution pour tamponner les effets du changement climatique
- Des populations adaptées au climat local (variabilité génétique entre populations)
- Ne pas négliger les capacités d’adaptation des espèces et des écosystèmes
Protéger la biodiversité dans un contexte de changement climatique
Raphaël LARRERE
En préalable : ce qui va sans dire, mais qui va mieux encore en le disant. Si la protection de la
biodiversité exige au moins de ne pas entraver les possibilités d’adaptation des espèces au
changement climatique – au mieux de les aider – il faut prioritairement s’engager à limiter les
émissions de gaz à effet de serre. A vrai dire, nous sommes contraints de combiner des
stratégies de limitation et d’adaptation. En effet, même si l’on parvenait à réduire rapidement, et
de manière drastique, le gaspillage énergétique et les émissions de gaz à effet de serre, le
changement climatique est en cours : il se poursuivra quoi que nous fassions parce qu’il résulte
des émissions passées. Mais, si les politiques d’adaptation sont dès aujourd’hui inévitables, il
serait fort dommageable que l’intérêt qui leur est porté dispense les pouvoirs publics des pays
industrialisés de prendre les mesures indispensables pour sortir de leur addiction aux énergies
fossiles, afin de préserver le business as usual.
Ces prolégomènes achevés, j’aborderai, comme il m’a été demandé, ce que peuvent apporter
les éthiques environnementales à une réflexion sur la façon d’appréhender l’adaptation des
espèces (et par voie de conséquence des milieux) au changement climatique.
I – Le point de vue des éthiques environnementales
Les éthiques environnementales se sont développées selon deux directions. La première
(Américaine et anglophone), s’interroge sur ce que pourrait être un rapport juste à la nature, et
quelles en seraient alors les normes. Il s’agit d’établir qu’il y a des valeurs à respecter dans la
nature. La seconde (Européenne et continentale) part d’une réflexion sur la technique : elle
s’interroge sur notre agir technique et pose la question d’une maîtrise (éthique) de notre
maîtrise (technique). Elle en cherche la solution dans l’élaboration d’une éthique de la
responsabilité. Selon Hans Jonas, si les rapports techniques à la nature ont été longtemps
considéré comme moralement neutres, c’est en raison d’interventions techniques qui ne la
perturbaient que provisoirement : inépuisable, la nature absorbait l’agir humain. Tel n’est plus
le cas de nos jours : la puissance acquise par l’ensemble cumulé des actions techniques
contemporaines met l’humanité en face d’une responsabilité considérable : par son activité,
l’humanité est en mesure de rendre la terre inhabitable. Pour Hans Jonas 1, le développement
de notre puissance technique est donc celui de notre responsabilité vis à vis de tous ceux que
notre agir technique rend vulnérables : les populations actuelles, les générations futures et tous
les vivants non-humains qui subiront le même sort.
Lorsqu’il écrivit Le principe responsabilité en 1979, Hans Jonas ne songeait pas au changement
climatique, mais au nucléaire. Mais son argumentation demeure valable avec le changement
climatique : celui-ci relève d’une éthique de la responsabilité. Et c’est ce qui justifie le préalable
de s’engager dans une limitation des gaspillages et des émissions. Il s’agit donc bien, suivant
l’impératif de Jonas d’agir « de façon que les effets de [l’]action soient compatibles avec la
permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre »2. Mais, en la matière la
responsabilité des sociétés humaines (plus précisément de certaines d’entre elles) dans le
changement climatique n’impose pas seulement de se préoccuper des populations actuelles et
1
Jonas, Hans, Das Prinzip Veranwortung, 1979, trad. fr, Le principe responsabilité, Paris, Le Cerf, 1990.
Idem (p. 30/31) – Reste à savoir ce qu’est une « vie authentiquement humaine sur terre », mais cela excède mon
propos.
2
8
des générations futures, mais aussi de toutes les espèces qui subiront les transformations du
climat et devront s’y adapter ou disparaître.
Devons nous donc, selon l’expression de Roland Schaer « répondre du vivant »3, et donc en
prendre soin ? C’est peut-être un peu trop dire. Ce n’est pas la biosphère en tant que telle qui
est en jeu. Rendrions nous la planète invivable aux humains et à la plupart des plantes et des
animaux, que la biosphère nous survivra et pourra, avec les bactéries et les virus, partir pour
de nouvelles aventures. Ce qui doit donc nous préoccuper c’est le sort de toutes les espèces
que le changement climatique rend vulnérables. Cela suppose de s’interroger sur la façon dont
elles pourront s’y adapter et d’agir pour ne pas entraver cette adaptation.
Mais l’érosion de la diversité des espèces a aussi d’autres causes – locales ou générales. La
faune et la flore sont en effet fragilisées par bien de nos activités : les formes de mise en valeur
et d’occupation du sol qui se sont imposées de par le monde (déforestations massives,
utilisation croissante de pesticides et d’herbicides, émissions de polluants, fragmentation des
habitats par l’urbanisation et les infrastructures, etc.). Aider les vivants non-humains à
s’adapter au changement climatique c’est aussi intervenir sur ces facteurs d’érosion de la
diversité des espèces. Se rejoignent ainsi l’éthique de la responsabilité et l’éthique du respect
de la nature.
Avant d’aborder la façon dont peut être adaptée la protection de la nature au contexte du
changement climatique, je voudrais évoquer ce que pourrait apporter une réflexion sur les
techniques dans le double objectif de limiter les émissions de gaz à effet de serre et d’adopter
des formes de mise en valeur des ressources naturelles susceptibles de moins nuire à la
diversité des formes de vie.
Hans Jonas critiquait à juste titre l’optimisme des technophiles qui considèrent que la technique
est moralement neutre et que l’on trouvera toujours une solution technique pour porter remède
aux effets nocifs de l’action technique : les techniques curatives auront elles-mêmes des
conséquences non intentionnelles dont il faudra à nouveau corriger les effets, et ceci sans fin. Il
adoptait ainsi une position qualifiée de technophobe, comme Günther Anders 4 ou Jacques
Ellul5. Mais les discours technophobes ne sont que les négatifs (au sens photographique du
terme) des discours technophiles : tous deux focalisent leur réflexion sur la puissance
technique. L’idée que je défendrais au contraire est qu’il convient de s’intéresser aux
techniques – c’est à dire aux processus et aux objets techniques dans leur diversité – bien plus
qu’à la technique comme puissance d’agir et comme moyen de dominer la nature. Dans cette
conception, il ne s’agit pas de faire toujours plus, ni de s’abstenir de faire, mais de faire
autrement, d’opter pour des actions qui, tout techniques qu’elles soient, respectent et utilisent
les processus naturels.
Or, s’intéresser aux processus techniques dans leur diversité, c’est découvrir que les actions
techniques relèvent depuis longtemps de deux paradigmes : celui de la construction, de la
fabrication, ou de la production d'artefacts et celui du pilotage ou de la manipulation des êtres
vivants et des processus naturels 6.
Le premier art produit des objets et des outils, construit des bâtiments ou des infrastructures,
synthétise des substances qui n'existent pas à l'état naturel. Les arts de ce modèle sont donc
les arts du faire ; ce sont les « arts et métiers » de l’artisanat, puis des manufactures et de
l’industrie. Généralement les réflexions sur la technique ne s’intéressent qu’à ces arts de l’homo
faber.
Le second art ne construit pas : il revient à utiliser des forces naturelles ou des êtres vivants, ou
bien à infléchir des processus naturels, pour obtenir un résultat souhaitable. Ce sont les
multiples façons de composer avec la nature, comme on le ferait avec un partenaire. Ce ne
sont pas les arts du faire, mais ceux du faire-avec . Sans cet art du pilotage de processus
naturels il n’y aurait eu ni domestication d’animaux, ni jardinage et agriculture, ni fermentations
contrôlées pour l’alimentation humaine (si l’on n’avait pas appris à manipuler des fermentations
3
Roland Schaer Répondre du vivant, Paris, Le Pommier, 2013.
Voir aussi Catherine Larrère, « Vulnérabilité et responsabilité : un autre Jonas ? » à paraître dans Alter en 2014.
4
Entre autres ouvrages, cf. Günter Anders, Hiroshima ist über all, 1995, trad fr. Hiroshima est partout, Paris Seuil,
2008.
5
Entre autres ouvrages de Jacques Ellul : La technique ou l’enjeu du siècle, Armand Collin, 1954 (Economica 1990) ;
Le système technicien, Calmann-Lévy, 1977 ; Le bluff technologique Hachette, 1988
6
Un chapitre de l’ouvrage de Catherine et Raphaël Larrère qui paraîtra l’an prochain à La Découverte traite de cette
question. On peut en trouver des éléments dans :
Raphaël Larrère, « Agriculture ou manipulation de la nature ? » in Cosmopolitiques n°1, 2002, p.158-173 , Raphaël
Larrère : « Questions éthiques à propos de la restauration écologique », in F.Rey, F. Gosselin, A. Dobré (eds)
Ingénierie écologique – Action par et/ou pour le vivant, Quae, 2014.
9
naturelles, nous n’aurions ni pains, ni vins, ni fromages, ni yaourts, ni bières, ni salaisons) ! Il
faut de même adjoindre à ces arts, celui du thérapeute, qui aide l’organisme à guérir. Comme
ces exemples le suggèrent, le faire-avec doit être appréhendé selon les deux acceptions de
l’expression. Il s’agit de tenir compte des dynamiques naturelles (ou du comportement des êtres
que l’on manipule) et d’y adapter son action. Mais il s’agit aussi de collaborer avec la nature.
Les objets techniques fabriqués – objets, qui sont de plus en plus standardisés pour des
raisons commerciales - sont conçus indépendamment du contexte dans lequel il sont
employés. C’est ce qui fait le succès des arts de la fabrication, mais c’est aussi ce qui les rend
problèmatiques : ce qui est ainsi introduit dans le monde a un avenir que l’on ne maîtrise pas.
La fabrication d’artifices est ainsi mise en cause dans les questions relatives à l'environnement,
lorsque ses produits, ses sous-produits et ses effluents échappent à la maintenance humaine et
sont repris par des processus naturels qui les transportent, les concentrent ou les diffusent. La
fabrication exige en outre une énergie qui, depuis la révolution industrielle est essentiellement
issue de ressources fossiles, non reproductibles, qui contribuent à augmenter la teneur en gaz
à effet de serre de l’atmosphère.
Tous ces effets non intentionnels de l’action technique témoignent de l’indifférence du monde
d’artefacts (machines, réseaux, objets techniques) que nous produisons pour la complexité de
la biosphère dans laquelle nous les introduisons.
S’ils peuvent avoir aussi des effets non intentionnels sur leur environnement naturel, puisqu’il
s’agit de piloter et pas de maîtriser, les arts du faire-avec , pour avoir quelque chance de
réussite, supposent, à l’inverse, de tenir le plus grand compte du contexte, c’est à dire de
l’environnement naturel complexe (et de l’environnement social – tout aussi complexe) dans
lequel ils s’inscrivent. Ils supposent aussi d’intervenir, dès que l’évolution du système piloté
s’écarte de la trajectoire habituelle et souhaitée. Le pilotage est une démarche attentive,
empirique et précautionneuse, si sensible au contexte de production qu’elle doit toujours être
adaptée et n’est guère reproductible à l’identique. Alors qu’avec l’industrialisation les arts du
faire tendent à la standardisation, les arts du faire-avec se traduisent, en raison même de la
variabilité spatio-temporelle des conditions naturelles et sociales, par une grande diversification
des façons de produire.
Si l’on entend limiter aussi bien les effets délétères de la mise en valeur sur la biosphère que
les émissions de gaz à effet de serre, on a tout intérêt à concevoir et promouvoir des
techniques du faire-avec. Sans doute exigent-elles plus de travail (la main d’œuvre n’est pas ce
qui manque le plus de par le monde), mais elles consomment moins d’énergie (par l’utilisation
maximale de processus naturels) et supposent un rapport plus respectueux du contexte naturel.
Par exemple, pour limiter l’érosion de la biodiversité, il conviendrait de substituer à l’agriculture
productiviste, à l’élevage intensif et à la ligniculture (ou l’exploitation minière des forêts) des
pratiques relevant de l’agroécologie, de l’agroforesterie et de la gestion écologique des
peuplements forestiers7.
II – Dans quelle mesure le changement climatique interroge-t-il les fondements de la
protection de la biodiversité ?
On ne parle de biodiversité que depuis la fin des années 1980 – auparavant, il était question de
protéger la nature. Lorsque l’on parle de biodiversité de nos jours, il s’agit la plupart du temps
de la diversité spécifique (souvent même assimilée à la richesse spécifique, c’est à dire au
nombre d’espèces qui cohabitent dans les mêmes milieux) et bien plus rarement de la
biodiversité intraspécifique (diversité génétique des population, diversité populationnelle des
espèces) ou de la diversité écosystémique.
La protection de la nature s’est résumée jusqu’à la fin du XXème siècle à deux ensembles de
mesures :
La protection des espèces reconnues comme menacées de disparition – au moins locale. Il
s’agissait donc d’espèces connues (y échappaient donc les espèces tout aussi menacées, mais
non identifiées – et elles sont fort nombreuses) et dont l’évolution des effectifs était bien
documentée. Bref, il s’agissait d’espèces qui avaient été remarquées par les communautés de
naturalistes et qu’une loi décidait d’inscrire sur une liste limitative d’espèces protégées. En
Sur ce sujet, voir par exemple : Michel Griffon, Nourrir la planète, Paris, Odile Jacob, 2006 ; Michel Griffon, Qu’est-ce
que l’agriculture écologiquement intensive ? Versailles, Quæ, 2013.
7
10
France tout prélèvement et toute altération des spécimens de ces espèces protégées est
interdit. Mais, ce qui rend la plupart de ces espèces vulnérables relève bien plus de l’altération
ou de la disparition des habitats dont elles dépendent (et pour certaines d’entre elles de la
guerre chimique que l’agriculture productiviste leur a déclarée) que des prélèvements opérés
par la chasse, la cueillette, la pêche ou la simple malveillance. Si bien que la protection stricte
des spécimens est insuffisante pour assurer la postérité d’une espèce menacée. C’est ce qui a
renforcé l’idée de protéger des espaces, puis les habitats bien identifiés d’espèces dont on
considérait qu’elles avaient une « valeur patrimoniale » particulière pour le pays ou la région ou
elles étaient menacées de disparaître.
Des espaces ont été protégés (parcs et réserves) soit dans l’objectif d’éviter l’extinction locale
d’une espèce elle-même protégée (et dans ce sens remarquable), soit parce qu’ils étaient
conçus par des scientifiques et des naturalistes comme des hauts lieux de la naturalité (la
wilderness) ou de la biodiversité (les hot spots).
Plus récemment, l’adoption de la biodiversité comme norme de la protection de la nature et la
prise de conscience de son érosion généralisée ont invité à sortir du remarquable. La
préoccupation s’est élargie, de la seule extinction d’un nombre limité (quoi qu’important)
d’espèces bien identifiées au déclin des effectifs et de la diversité d’un nombre considérable
d’espèces banales. Prendre soin de la nature revient alors à tenter d’enrayer cette érosion, et
pour ce faire, il faut certes préserver les parcs et les réserves, mais il faut aussi en sortir et se
soucier de la nature ordinaire, celle que les hommes côtoient au quotidien, mettent en valeur et
parfois altèrent ou détruisent8.
Les espèces ont (comme elles ont eu lors des fluctuations climatiques du pléistocène) deux
façons de s’adapter au changement climatique : soit par sélection naturelle de génotypes
(présents dans certaines de leurs populations) accordant une plus grande plasticité
phénotypique et/ou une plus grande tolérance aux nouvelles conditions climatiques ; soit en
migrant vers des cieux plus cléments. Mais ce qui distingue le changement climatique en cours
de ceux qui l’ont précédé au pléistocène, c’est son rythme : celui-ci se mesure en décennies et
pas en siècles ou en millénaires. On est en droit de se demander si les populations des
espèces vulnérabilisées (et lesquelles ?) auront le temps de s’adapter par sélection naturelle
ou par migration. Sans doute pouvons nous sélectionner des cultivars et des races d’animaux
domestiques adaptées à des climats plus chauds, plus humides ou plus secs. Mais nous
n’avons guère de prise sur la sélection naturelle, sauf en préservant autant que possible la
diversité génétique des populations et la diversité populationnelle des espèces (mais ces
diversités ne sont connues que pour un petit nombre d’entre elles). Par contre, nos modalités
de mise en valeur du territoire peuvent entraver, ou à l’inverse faciliter, la migration des
espèces vers les pôles et vers les hautes terres des montagnes.
Il ne semble pas que le dispositif des parcs et des réserves suffise à cette tâche. Comme les
autres territoires, les espaces protégés vont voir peu à peu leurs écosystèmes remplacés par
des milieux inédits ayant des compositions spécifiques nouvelles … et transitoires.
Deux stratégies complémentaires sont envisageables.
La première est celle que défendrait volontiers Jean-Claude Génot, par exemple. Elle part du
principe que la nature saura s’adapter – avec plus ou moins de casse – au changement
climatique (comme elle l’a fait au cours du pléistocène et de l’entrée dans l’holocène), si l’on se
garde bien d’entraver ses dynamismes naturels. Pour favoriser les capacités d’adaptation du
maximum d’espèces, il faut donc laisser la plus large place à des espaces en libre évolution.
Prendre soin de la nature, c’est donc lui ficher la paix. En outre, si les espaces en déprise
agricole s’ensauvagent, si leurs milieux se ferment et se reboisent, cela piégera du carbone et
contribuera à atténuer la teneur de l’atmosphère en CO2.
La seconde stratégie se situe dans la continuité de la gestion de la biodiversité qui s’est
imposée depuis deux ou trois décennies. Elle se justifie, si l’on constate que l’agriculture
productiviste, grande pourvoyeuse d’herbicides et de pesticides, l’urbanisation et un réseau de
plus en plus dense d’infrastructures, constituent dans nos contrées de sérieuses entraves à la
migration de nombreuses espèces. On peut déjà concevoir d’implanter des réserves en limite
8
Sur ce sujet, voir en particulier : Patrick Blandin, De la protection de la nature au pilotage de la biodiversité, Versailles,
Quæ, 2009 ; Raphaël Larrère & Catherine Larrère, « Du principe de naturalité à la gestion de la biodiversité », in R .
Larrère, B. Lizet, M. Berlan-Darqué (eds), Histoire des parcs nationaux- Comment prendre soin de la nature ?
Versailles, Quæ/ MNHN, 2009.
11
septentrionale de l’aire de répartition de certaines espèces particulièrement vulnérables – mais
cela ne peut concerner qu’un nombre limité d’espèces qui ont toutes chances d’être
considérées comme remarquables ou emblématiques. On peut aussi mettre en réseaux parcs,
réserves et zones natura 2000, qui forment des îles et des îlots de protection – réseaux qui
d’ailleurs peuvent comporter des espaces en libre évolution. Mais cela ne saurait suffire, dans
la mesure où l’essentiel du territoire serait encore hostile aux déplacements de la faune et de la
flore. Il convient donc de concevoir sur l’ensemble du territoire un continuum de milieux
susceptibles de ne pas entraver les migrations, sortes d’infrastructures écologiques orientées
vers le nord ou vers les hauteurs. Un système de trames vertes et bleues pourrait convenir, à
condition d’infléchir celui qui doit être issu du Grenelle de l’environnement – et dont l’objectif est
de lutter contre la fragmentation des habitats – de façon à ce qu’il serve à l’adaptation aux
changement climatique. Sans doute serait-il souhaitable que ces trames soient élaborées de
façon moins technocratique que celle qui s’est imposée en France et, plus encore, qu’un effort
effectif soit entrepris pour substituer aux formes d’agriculture intensive en intrants, des formes
d’agriculture écologiquement intensives, ayant un meilleur bilan énergétique et moins d’impact
sur la biodiversité.
Je me garderais bien de dire quelle stratégie serait la plus efficace, remarquant simplement
qu’elles ne sont pas exclusives et que cela dépendra des régions, de l’occupation de leur sol,
de l’intensité de leur urbanisation, de la densité de leurs infrastructures et des activités qui s’y
déroulent. Il me semble enfin que, quelle que soit la stratégie choisie, le changement climatique
met en cause la lutte systématique contre les espèces exotiques invasives. Pour s’y adapter, de
nombreuses espèces migrent déjà – et migreront plus encore et plus nombreuses – et
envahissent des territoires où elles étaient inconnues. Lutter contre cette invasion d’animaux et
de plantes non autochtones serait entraver leur adaptation au changement climatique. La notion
d’espèce invasive devra ainsi être révisée (et peut-être réduite aux espèces issues d’autres
continents situés à l’est ou à l’ouest) et il sera de plus en plus difficile d’affirmer, comme le fait
l’UICN, que les invasions biologiques sont la seconde cause d’érosion de la biodiversité au
niveau mondial.
En guise de conclusion
Si les remarques précédentes tentent d’évoquer la façon dont il serait possible de respecter la
nature (et donc de lui rendre justice) dans un contexte de changement climatique d’origine
anthropique, celui-ci invite aussi à élargir l’éthique environnementale à des considérations
concernant le justice entre les hommes.
En premier lieu, les populations humaines sont inégalement menacées par les conséquences
du changement climatique. Des pays comme le Bengale ou les atolls du Pacifique auront à
subir la montée des eaux, les régions tropicales ou subdésertiques, seront atteintes plus
durement que les autres par les sécheresses. Or les populations qui auront le plus à en souffrir
sont celles qui, vivant dans des pays non industrialisés, ont le moins contribué à l’effet de serre.
Cette circonstance invite à réfléchir aux mesures de solidarité à mettre en place pour corriger
cette injustice.
En second lieu, la diminution du gaspillage énergétique et des émissions de CO2, de même
que les stratégies d’adaptation des sociétés humaines et celles qui sont susceptibles de
permettre aux vivants non-humains de migrer, supposent des efforts d’investissement et des
sacrifices. Or les populations humaines sont inégalement capables de consentir ces efforts et
de faire ces sacrifices. Se pose alors la question de la juste répartition des contraintes.
S’orientera-t-on vers une justice corrective, exigeant que les pays les plus responsables du
changement climatique actuel et de l’érosion de la biodiversité (pas seulement sur leur propre
territoire) consentent plus d’efforts que les pays émergeants et que les pays pauvres ? Voire
même qu’ils aident ceux dont ils ont souvent, par le passé, exploité sans vergogne les
ressources naturelles ? On a tout lieu de craindre que l’on s’orientera plutôt en direction d’une
justice distributive qui, à l’instar du protocole de Kyoto, annulera le passé, et de ce fait la
responsabilité particulière des pays riches et industrialisés. On se préoccupera alors de
demander une « juste répartition » en fonction de la contribution actuelle par habitant à
l’augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère. C’est en tous cas dans ce cadre
interprétatif de la justice distributive que porte l’essentiel des débats académiques concernant la
justice environnementale.
12
15h00 : Présentation d’expériences aux échelles internationale et française
Projet « solutions naturelles : mise en œuvre des stratégies d’adaptation aux
changements climatiques dans les aires protégées les plus remarquables du monde »
Alexander Belokurov (WWF)
Natural solutions
L’objectif : collecter des arguments généraux. Différents thèmes ont été développés : nourriture,
eau, agriculture, lutte contre la pauvreté, atténuation des catastrophes, santé, changement
climatique.
Le rapport sur le changement climatique a été réalisé en collaboration avec d’autres
organismes.
Pourquoi les aires protégées sont-elles une solution ?
- elles sont déjà établies et les bénéfices sont en place.
- Il y a des lois, politiques et des objectifs de gestion associés, des connaissances, des équipes
mises en places et un savoir-faire.
- Elles contiennent les seuls grands habitats naturels restants
- Il existe des possibilités d'augmenter leur connectivité au niveau du paysage et leur gestion
efficace, de manière à renforcer la résilience des écosystèmes aux changements climatiques et
sauvegarder les services écosystémiques vitaux
Le rapport « natural solutions » est une collecte de preuves rassemblées. Les aires protégées
répondent à deux principes qui sont l’atténuation (La possibilité d'utiliser les aires protégées
dans le stockage du carbone et la capture) et l’adaptation (Le rôle des aires protégées dans les
stratégies d'adaptation basées sur les écosystèmes).
Des stratégies d’adaptation doivent être identifiées car 60% des services écosystémiques sont
dégradés et les défis suivants doivent être relevés: santé, nourriture, eau, catastrophes
naturelles.
Les aires protégées offrent les opportunités suivantes : la protection (comme maintenir
l’intégrité des écosystèmes) et permettre de maintenir les services écosystémiques essentiels
qui aident les gens à faire face aux changements dans l'approvisionnement en eau, la pêche, la
maladie et la productivité agricole causées par le changement climatique.
Deux niveaux d’adaptation : pour les aires protégées (maintenir la résilience des écosystèmes)
et par les aires protégées (pour contribuer à apporter aux communautés les services
écosystémiques).
Le rôle des aires protégées sera de plus en plus important.
Il faut inclure les aires protégées dans les politiques locales, nationales.
Natural solutions : initiative globale pour les aires protégées et le changement climatique global
Objectif : apporter des solutions aux gestionnaires d’aires protégées
Plusieurs aires protégées sur lesquelles sont testées la méthodologie (géographie, taille,
gestion différentes) :
- Colombie
- Madagascar
- Philippines
Objectifs : développer un outil de lutte contre le changement climatique par les aires protégées.
Les écosystèmes les plus résistants sont étudiés.
Plusieurs critères sont mesurés.
On pourrait tester la méthodologie sur nos sites liste verte ?
13
Présentation du plan national d’adaptation aux changements climatiques (objectifs, bilan
à mi-parcours, reconnaissance du rôle des aires protégées)
Jérôme Duvernoy (ONERC)
A ce jour une centaine de programmes de recherche sont financés.
En 2001 a été mis en place l’observatoire national de l’ONERC.
Aujourd’hui on parle de changement climatique.
L’ONERC est l’observatoire national mais c’est une interface entre le scientifique et le politique.
En amont de la COP 21, une conférence scientifique internationale aura lieu du 7 au 10 juillet
2015.
Pour limiter l’impact du changement climatique à 2°C, il faudrait avoir des effets de gaz à effet
de serre en négatif.
L’ONERC est à l’interface de beaucoup de publications avec de nombreux indicateurs qui ont
été publiés mais il n’en existe pas un en lien avec les aires protégées.
L’ONERC suit le programme adaptation au changement climatique :
- renforcer les outils de suivi existants pour prendre en compte les effets du changement
climatique
- prendre en compte le changement climatique dans la SCAP
- intégrer la prise en compte du changement climatique dans l’élaboration des réglementations.
Le PNACC a un effet structurant.
- Un dispositif multi-échelle, multi-sectoriel en construction
- Une recherche permanente de cohérence
- La construction de l’attractivité future des territoires
- Une démarche pragmatique engagée
- Un renforcement de la mobilisation pour l’atténuation
16h00 : Echange avec la salle
Quel programme d’actions prioritaires à court et moyen terme pour la commission aires
protégées de l’UICN?
Les aires marines protégées sont preneuses de témoignages, de contributions sur les
questions du changement climatique.
Un atelier au colloque AMP 2015 est prévu à ce sujet : prospective et changement climatique.
En ce qui concerne les aires protégées, il ne faut pas négliger les opportunités d’extension
(SCAP).
Retravailler sur la notion de résilience ?
On est dans une problématique d’adaptation.
Dans ce cas la résilience : un écosystème dégage des stratégies d’adaptation dans un contexte
de changement environnemental.
Sur les questions de migration : il faut de la place pour la faciliter (tout le monde ne migre pas
en même temps) :
la TVB mais il manque des inter-connectivités plus larges.
La hiérarchie des valeurs que l’on attribue aujourd’hui à un certain nombre d’éléments va peutêtre changer au cours des prochaines décennies.
Il faudrait identifier des pré aires protégées comme terrain d’accueil à des espèces
intéressantes qui vont migrer.
A ce jour les aires protégées ne sont pas créées en ce sens.
La gestion adaptative dans les aires protégées : face au changement climatique, il faut adapter
la gestion, la réglementation.
Tout ceci s’inscrit dans une dimension de réseau.
Chaque aire protégée devrait faire un audit pour voir comment les habitats et espèces se
situent.
14
La réflexion sur le changement climatique doit-être poursuivie avec la mise en place d’un
groupe de travail. Les intéressés afin de participer à la réflexion : PNF, RNF, Forum des AMP…
17h30 : Conclusion des échanges et choix des prochaines thématiques
Plusieurs thématiques sont envisagées pour les prochaines réunions, parmi lesquelles :
- la SCAP
- la suppression des Réserves naturelles volontaires
- la simplification du mille-feuille administratif et le financement durable des aires protégées
- la gestion des grands prédateurs dans les aires protégées
- les financements innovants des aires protégées
La prochaine réunion trimestrielle de la Commission aires protégées est mardi 16 décembre.
Participants
Présents toute la journée
Présents une demi-journée
Excusés
1. Michel Badré (Président
de la Commission aires
protégées)
2. Henri Jaffeux (APHNE)
3. Frédéric Marchand
(consultant)
4. Thierry Lefebvre (UICN)
5. Sophie Coste (UICN)
6. Jean-François Sys
(UICN)
7. Gilles Landrieu (PNF)
8. Laurent Germain (AAMP)
9. François Delaquaize
(MEDDE)
10. Michel Fourcade
11. Jérôme Duvernoy
(ONERC)
12. Guy-François Frisoni
13. Samuel Depraz
(Géographe)
14. Paul Rouveyrol (SPN)
15. Catherine Gabrié
(consultant)
Matin
1. Jean-Philippe Siblet
(SPN)
2. Isabelle Palmi (ICOMOS)
3. Cédric Godfried
(ICOMOS)
4. Christian Barthod
5. Olivier Pratte (AEV Ile-deFrance)
1. Thierry Mougey (Fédé
PNR)
2. Nicolas Drapier (ONF)
Après-midi
6. Pauline TeillacDeschamp (UICN)
7. Raphaël Larrère
8. Xavier Morin
9. Alexander Belokurov
(WWF)
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