INTERVENTION DE PATRICK GALLAUD Président de la Conférence internationale des ONG et du Comité de liaison ONG/UNESCO Lucca 9 mars 2013 Qu’il me soit permis tout d’abord de remercier les Autorités de la Municipalité de Lucca de m’avoir invité à cette importante rencontre autour de l’art et de la musique au service d’une éthique universelle. A travers moi, c’est toute la communauté des ONG partenaires officiels de l’UNESCO que vous avez invitée, c’est-à-dire près de 400 ONG réparties à travers le monde et travaillant sur une ou plusieurs thématiques de l’UNESCO. Comme vous le savez, les deux dernières décennies ont vu un accroissement sans précédent de l’influence et de la capacité d’intervention de la société civile. Les organisations non gouvernementales ont ainsi pris une place grandissante au sein de la communauté internationale, en défendant les causes et les priorités mondiales dans des secteurs aussi divers que l’éducation, la science, les sciences sociales, la culture et la communication. L’ancien Président du Brésil, Fernando Henrique Cardoso, avait été, il y a quelques années, chargé par le Secrétaire général des Nations Unies de constituer un groupe de réflexion sur les relations entre l’ONU, la Communauté internationale et la société civile. Dans ses conclusions, le Rapport Cardoso préconisait 4 changements d’orientation visant à renforcer et améliorer les relations de l’ONU avec la société civile : se tourner vers l’extérieur, travailler avec de nombreuses parties prenantes, établir des liens entre l’action locale et l’action au niveau mondial et aider à remodeler la démocratie au XXIe siècle. C’est une véritable culture du partenariat que le Président Cardoso souhaitait voir mise en place, afin que la communauté internationale, ONU, Etats, ONG, puisse élaborer ensemble des programmes relatifs aux grandes questions du XXIe siècle, telles que l’éducation pour tous, le développement durable, la diversité culturelle, la culture de la paix … A cet égard, la contribution des ONG partenaires de l’UNESCO constitue un réseau mondial d’initiatives et de projets : éducation de base, alphabétisation, éducation inclusive, lutte contre la pauvreté, égalité entre les sexes, éthique des sciences et bioéthique, éducation artistique, liberté de l’information, dialogue entre les cultures, sont quelques-unes des thématiques promues à travers une multitude de projets mis en place par la société civile. C’est cette même société civile qui a le pouvoir, je devrais dire le devoir, d’aiguillonner les Etats, les organisations internationales gouvernementales, afin qu’ils prennent en compte les Objectifs de Développement du Millénaire qui devraient être atteints d’ici à 2015. Si la communauté internationale ne respecte pas les engagements pris dans les domaines aussi divers que le changement climatique, la promotion de la paix, l’accès à l’eau, pour ne citer que quelques exemples, il revient à la société civile de réagir immédiatement. La rencontre à laquelle vous m’avez invité se situe sous les auspices des Fédérations italienne et mondiale des Clubs UNESCO, ONG partenaire officiel de l’UNESCO. Or, l’UNESCO, créée en 1945, a reçu pour mandat de fonder la paix sur « la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité » : elle apparaît donc bien comme l’une des grandes organisations les plus nécessaires au XXIe siècle. C’est bien l’UNESCO et ses ONG satellites qui ont pour mission de faire évoluer les mentalités et de donner, à travers des actions concrètes, un cadre moral à l’humanité. Le thème que vous avez choisi, autour d’une éthique universelle, est donc de la plus haute importance pour le réseau des clubs, associations et centres UNESCO que vous représentez et qui, comme vous le savez, sont chers à mon cœur. Mais, il est aussi capital pour toutes les autres ONG à qui je ne manquerai pas de transmettre vos réflexions et recommandations. Depuis que j’ai été élu à la présidence de la Conférence internationale des ONG en décembre dernier, j’ai rencontré beaucoup de responsables d’ONG de toute nature ; j’ai été frappé notamment par leur action militante, mais aussi par leur volonté inébranlable de remettre un peu d’humain, en quelque sorte un peu de morale, au cœur de l’humanité. Nous ne serons jamais assez nombreux pour mener à bien cette tâche si nécessaire, qui donne du sens à notre temps.