BIOACOUSTIQUE : FONCTIONNEMENT DE L’OREILLE I) OREILLE EXTERNE • Le pavillon (lame fibrocartilagineuse faisant un angle de 30° avec la tête) • La conque le conduit auditif externe (C.A.E) • Chez l'être humain, le conduit auditif externe a une longueur de 2 à 3 cm et un diamètre de 0,7 cm. La principale fonction de l’oreille externe est la captation et l’orientation des ondes sonores vers l’oreille moyenne. Toute fois, sa structure offre une sélection préliminaire des fréquences auditives. D’une part elle amplifie l’intensité des ondes sonores utiles (du langage) ayant une fréquence comprise entre 1 et 5 Khz et d’autre part elle diminue l’intensité des fréquences nuisibles (10Khz). • L'ensemble de la conque et du conduit auditif externe a une fréquence de résonance de 2,5 kHz. • La conque seule a une fréquence de résonance vers 5,5 kHz. • L’intensité d’un son sur le tympan est multiplié par un facteur 10 dans cette gamme de fréquence. Remarque : La perception du son s’accompagne d’une aide à la localisation de la source, par rotation réflexe et inconsciente de la tête, dans le sens le plus favorable à la pénétration des ondes sonores. L’orientation auditive (différence de temps interaural) se réalise avec un retard temporel d’environ 2x10-4 secondes. 1,7x10-4 s pour un son qui arrive du coté droit avec un angle de 15° par ex. Enfin les interférences constructive ou destructive de l’oreille externe sont plus efficaces pour les sons venant de face que de haut. II) OREILLE MOYENNE • Le tympan(4) sépare le conduit auditif externe de la cavité de l'oreille moyenne qui est en relation avec la cavité buccale par la trompe d'Eustache (6). • La fenêtre ovale, sur laquelle s'applique la platine de l'étrier (3), et la fenêtre ronde (5) séparent oreille moyenne et oreille interne. • La chaîne ossiculaire comprend le marteau (1), l'enclume (2) et l'étrier (3) : elle relie le tympan à la fenêtre ovale. La membrane tympanique, zone de vibration impliquées : • Aux basses fréquences, le déplacement de la membrane tympanique est grand et la transmission augmentée. • Aux plus hautes fréquences, la membrane tympanique "se sépare" en plusieurs zones moins efficaces pour transmettre le son. Avec des hautes fréquences, l’amplitude de déplacement est grande mais ce déplacement est « anarchique ». La chaine ossiculaire : • Les osselets assurent la transmssion de la vibration sonore à travers cavum tympani (milieu aérique) vers l’oreille interne (milieu liquidien). Ils permettent l’amplification du signal mais aussi et surtout suppriment cet interface acoustique. Le rapport entre deux impédances acoustiques (air/eau) est très élevé : Z1/ Z2 = 1/ 3750. • Mécanismes mis en jeu : La pression est augmentée dans le rapport des surfaces utiles des osselets (15 à 30 fois). La vitesse de propagation diminue à partir de l’étrier (divisée par 1,3). Les variations d'incurvation des parois du cône tympanique entraîne une augmentation de la force (par 2,6) et une diminution de la vitesse. • Au total une augmentation de pression d'environ 45 fois = un gain de 35 dB Fonction de protection : • La contraction réflexe des muscles de l'oreille moyenne atténue sélectivement les composantes de basse fréquence (inférièures à 1000 - 2000 Hz) et permet donc une meilleure perception des stimuli complexes aux intensités élevées ainsi d’une protection de l’oreille interne. • Ce réflexe bilatéral, polysynaptique présente un seuil à 70 - 90 dB au dessus du seuil de l'audition, diminuant chez les personnes âgées : il augmente pour les hautes fréquences, ou pour des stimuli brefs. • La contraction du stapédius est également provoquée par la vocalisation, la réponse du muscle précédant l'émission vocale. III) OREILLE INTERNE La cochlée (ou limaçon) se présente comme un tube tronconique (la columelle) enroulé autour d'un axe creux, de 35 mm de long, le Modiolus, sur deux tours trois quart chez l'être humain.Sur une coupe transversale, le tube cochléaire apparaît divisé en trois canaux : canal cochléaire contenant l'endolymphe, celui des rampes vestibulaire et tympanique contenant la périlymphe. Au centre (modiolus) le ganglion spiral et les fibres du nerf cochléaire. • Le canal cochléaire (1) est isolé de la rampe vestibulaire (2) et de la rampe tympanique (3). • Il contient l'organe de Corti, dont les cellules ciliées externes et internes vont assurer l'amplification (CCE), la sélectivité, et en final la transduction de l'énergie mécanique en énergie électrique (CCI), c-à-d potentiel d'action du nerf auditif. • L'organe de Corti est recouvert par la membrane tectoriale (6) flottant dans l'endolymphe ; il repose sur la membrane basilaire (5) au contact de la rampe tympanique (3). • La lame spirale osseuse (9) relie l'organe de Corti au ganglion (8). a)Tonotopie Von Békesy (Prix Nobel en 1961) montra qu’une vibration de l'étrier provoque une vibration de la membrane basilaire entraînée par la différence de pression hydraulique entre les deux rampes. En fonction de sa fréquence, la vibration à un effet maximal (résonance) en un point différent de la membrane basilaire : c'est la tonotopie passive. Un son de fréquence élevée affecte une portion basale de la cochlée. Un son de fréquence grave affecte une portion plus apicale de la cochlée (vers l’hélicotrema). Tonotopie passive : Puisque du fait de sa structure, la membrane basilaire est plus rigide à la base qu’au sommet, la déformation est 10 000 fois plus importante au sommet. Les oscillations de pressions dans la rampe vestibulaire se traduisent au niveau de la membrane basilaire par une onde propagée progressant de la base vers l’apex avec une amplitude croissante. Puis, au delà d'un maximum, dont la position est fonction de la fréquence de la stimulation, l'onde s'arrête brusquement. Ainsi plus la fréquence est basse, plus la déformation est grande plus le nombre de cellules ciliées stimulées est grand et inversement. Tonotopie cochléaire : Rhodes montra le premier en 1978 que la réponse de la membrane basilaire n'était pas linéaire. En effet, lorsque l'intensité d'un son (IdB) augmente, la valeur du rapport des déplacements de la membrane basilaire sur celui du marteau n'est pas une constante. Un grand nombre de chercheurs ont étudié le mode de vibration non pas de la membrane basilaire, mais du complexe (Membrane basilaire + Organe de Corti), révélant des modes de vibration variant avec la fréquence, et pour une fréquence avec l'intensité : c'est la tonotopie cochléaire. De toutes manières, ces 2 types de tonotopies sont passives, il n’y a pas de phénomènes actifs. b) L’organe de Corti • Dans cette section transversale de la partie basale d'une cochlée de mammifère, 1 CCI (1) et 3 CCEs (2) sont représentées de part et d'autre du tunnel de Corti (3). • La membrane tectoriale (6), flottant dans l'endolymphe coiffe les stéréocils des cellules ciliées. • Les fibres nerveuses gagnent ou quittent l'organe de Corti par l'habenula perforata (5) au travers de la membrane basilaire (4). Les cellules ciliées : Les 4 rangées de cellules sont régulièrement espacées, tous les 10 µm, le long de la membrane basilaire. Dans chaque rangée, on compte environ 100 cellules ciliées par mm, soit au total 3 500 cellules ciliées internes et 12 000 cellules ciliées externes. Il y a donc seulement 16 000 cellules ciliées dans la cochlée comparé aux 100 millions de photorécepteurs dans l'œil. De plus, les cellules ciliées ne se renouvellent pas. L'organe de Corti est donc très fragile. Toutes les agressions se cumulent au cours du temps, pouvant déclencher une surdité de perception. Les cellules ciliées internes (CCI): Les CCI,). Implantés au pôle apical de la plaque cuticulaire, une centaine de stéréocils sont alignés en 3 ou 4 rangées de taille croissante. Ils plongent en totalité dans l'endolymphe, MAIS ne sont pas en contact avec la plaque tectoriale. La présence de filaments d'actine dans les stéréocils assure leur rigidité. A la base des CCI, 95 % des neurones du ganglion auditif font synapse. Les cellules ciliées internes sont les cellules assurant la transduction mécano-électrique. Les cellules ciliées externes (CCE): Les CCE, cylindriques, 6 m de diamètre, ont une longueur passant de 25 m au tour basal (Perception des Hautes Fréquences) à 70 m au tour apical (Perception des BF). Elles sont disposées en rangées parallèles de la base au sommet de la cochlée ; le nombre de CCE par range varie selon les espèces de 3 à 5. Chaque CCE est solidement ancrée sur la cellule de Deiters. Ce qui permet un couplage mécanique entre la membrane basilaire et la membrane tectoriale. Illustration du couplage mécanique : • A la base, la CCE est courte, les stéréocils sont les plus longs et fortement implantés dans la membrane tectoriale, la cellule de Deiter est très rigide : un couplage ferme est donc réalisé entre les membranes basilaire et tectoriale et la contraction de la cellule ciliée externe peut modifier la mécanique cochléaire. • A l'apex, la CCE est longue, simplement posée sur une cellule de Deiter peu rigide et le couplage MB/MT est pratiquement inexistant. c) Les cils Implantés dans la plaque cuticulaire apicale ou lame réticulaire, les cils sont longs de 6 à 7 m et forment un W pour les cellules ciliées externes. Les stéréocils sont liés entre eux par des liens transversaux et apicaux dont l'intégrité fonctionnelle est primordiale. La flexion des stéréocils est à l'origine de la mécanotransduction. Dans la membrane tectoriale, la flexion horizontale des cils vers l'extérieur, soit vers les plus grands, est à l'origine de la dépolarisation cellulaire, tandis qu'une flexion vers les plus courts (vers l'intérieur), est à l'origine de l'hyperpolarisation. Les mouvements des liens apicaux constitués de myosine permettent l'ouverture des canaux ioniques situés au sommet des cils. L'influx de K+ dans la cellule ciliée est responsable du changement de potentiel membranaire, proportionnel à l'intensité acoustique du son stimulant • Au niveau des CCI, la dépolarisation entraînera une augmentation de la décharge dans les fibres afférentes du nerf auditif, proportionnelle à l'amplitude de la flexion. • Au niveau des CCE, la dépolarisation entraînera un changement de longueur de la cellule, proportionnelle à l’amplitude de la flexion. Tonotopie active : Les CCE sont donc capables à la fois de transmettre le mouvement de l'organe, et de produire des forces qui agissent en retour sur cet organe selon un mode unique de mobilité cellulaire. La contraction des CCE permet d’amplifier le signal à l’endroit où la vibration cochléaire (cf tonotopie passive) est la plus importante. Ceci offre un gain de 50 Db. SHEMA FONCTIONNEL : Le fonctionnement de l'organe de Corti peut schématiquement se résumer en 5 phases : (1) Les vibrations sonores transmises à la périlymphe font onduler la membrane basilaire : tonotopie passive (2) Transduction mécano-électrique au niveau des CCEs : La CCE est dépolarisée (3) Les CCEs excitées (dépolarisées) se contractent (électromotilité). Du fait du couplage étroit entre CCEs, membrane basilaire et lame tectoriale, ce mécanisme actif fournit de l'énergie amplifiant la vibration initiale ; en même temps il joue un rôle de filtre sélectif (tonotopie active). (4) Transduction mécano-électrique au niveau de la CCI : La contraction des CCEs amplifie la vibration, les stéréocils de la CCI sont déplacés et la cellule est dépolarisée (5) La synapse entre CCI et fibre du nerf auditif est activée et un message est envoyé au cerveau.