Cours élémentaire de chimie

publicité
COURS ELEMENTAIRE DE CHIMIE
H. DEBRAY
TOME II.
CHAPITRE XVII
ANTIMOINE
ANTIMOINE, Sb : 120,3
L’antimoine parait avoir été isolé pour la première fois par Basile
Valentin, dans le quinzième siècle. On l'extrait ordinairement de son
sulfure.
128. Préparation. Berthier conseille de chauffer ensemble un mélange
intime de 100 trou lies de sulfure d'antimoine naturel, 42 parties de
limaille de fer, 10 parties de sulfate de soude desséché et 2 parties de
charbon. Il se forme du sulfure de sodium qui dissout le sulfure d'arsenic
; le fer réduit le sulfure d'antimoine et donne du sulfure de fer qui passe
dans la scorie et de et de l’antimoine métallique qui se rassemble en culot
au fond du creuset. Toutefois, il faut fondre plusieurs fois le métal avec
du carbonate de soude afin de le débarrasser des dernières traces de
soufre.
Le métal obtenu par ce moyen contenant du fer est désigné en pharmacie
sous le nom de régule d’antimoine martial.
Comme l'antimoine sert à préparer divers médicaments, il importe de le
séparer de l'arsenic auquel il est toujours associé dans la nature. C’est
une opération qui est rarement complète, et il est difficile d'obtenir
l'antimoine assez pur pour que, fortement chauffé au chalumeau avec du
carbonate de soude sur du charbon, il ne donne aucune odeur d’arsenic.
Pour opérer la purification des régules d’antimoine que l’on trouve dans
le commerce, Liebig conseille de mêler 16 partie d’antimoine
grossièrement pulvérisé avec 1 partie de sulfure naturel et 2 parties de
carbonate de soude sec et de chauffer le mélange jusqu’à fusion dans un
creuset de terre. Il se forme dans cette opération un sulfo-antimoniate
dans lequel l’antimoine est précipité par l’arsenic ; le fer, le plomb et le
cuivre de ces sulfures restent dans la scorie avec le sulfo-arséniate,
l'antimoine se rassemble en culot au fond du creuset. Il convient de le
refondre deux fois avec son poids de carbonate de soude, qui lui enlève
les dernières traces de soufre. On obtient 15 parties de régule purifié
pour 16 parties du produit employé, mais il n'est pas absolument
dépouillé d'arsenic.
M. Wöhler chauffe dans un creuset 4 parties de régule avec 5 parties de
nitre et 2 parties de carbonate de potasse sec. La masse brûle
tranquillement et se transforme en antimoniate et arséniate de potasse,
que l'on sépare par un lavage prolongé à l'eau froide. On réduit, ensuite
l'antimoniate en le chauffant au rouge avec la moitié de son poids de
tartre, ce qui donne un régule d'antimoine et de potassium, que l'on
pulvérise et que l'on jette dans l'eau où il donne un violent dégagement
d'hydrogène ; il reste une poudre d'antimoine qu’ont réunit ensuite par
la fusion
On remplace aujourd'hui le nitre et le carbonate de potasse par les sels de
soude correspondants, dont l'emploi est plus économique. L'antimoniate
de soude est d'ailleurs plus insoluble encore que celui de potasse.
On obtient encore de l'antimoine très pur en fondant de la poudre
d'Algaroth avec du flux noir ou avec un mélange de carbonate de soude
et de charbon. On refond ensuite le métal avec un peu de carbonate de
soude additionné de salpêtre pour enlever les dernières traces de chlore
et de charbon.
M. Lefort recommande de fondre avec du sucre l'oxyde d'antimoine
obtenu en traitant, l'antimoine du commerce par l'acide azotique ; dans
cette oxydation l'arsenic passe alors à l'état d'acide arsénique soluble.
1329. Propriétés. L'antimoine est doué de l'éclat métallique, il a presque
la blancheur de l'étain ; sa structure est très cristalline et lamelleuse ;
aussi les pains d'antimoine sont-ils faciles à reconnaître à leur surface
recouverte d'une étoile produite par des cristallisations arborescentes,
qui rayonnent du centre à la circonférence. Sa densité est 6,7, il est
cassant et facile à pulvériser ; il fond à la température de 430° et
cristallise en rhomboèdres par le refroidissement ; il est volatil au rouge
vif, surtout dans un courant de gaz. Il est inaltérable à l'air à la
température ordinaire ; mais quand il est porté au rouge, il brûle avec
facilité dès qu'il a le contact de l'air, en répandant une fumée blanche
inodore d'oxyde d'antimoine. On fait ordinairement l'expérience en
laissant tomber d'urne certaine hauteur de l'antimoine bien rouge sur
une planche qui le projette de tous côtés en globules très petits, qui
s’enflamme avec vivacité, en donnant d’épaisses vapeurs, qu’il ne faut
pas respirer, car elles sont toxiques.
Il se combine directement avec la plupart des métalloïdes, et notamment
avec le chlore, dans lequel il brûle vivement, même quand on opère à la
température ordinaire.
Les acides chlorhydrique et sulfuriques faibles sont sans action sur lui ;
concentré, l’acide chlorhydrique le dissout avec lenteur, en dégageant de
l’hydrogène ; l’acide sulfurique concentré et chaud le transforme en
sulfate d’antimoine, en dégageant de l’acide sulfureux. L’acide nitrique
le transforme en acide antimonique insoluble, l’eau régale le dissout
facilement, en donnant du chlorure d’antimoine.
1330. Antimoine obtenu par la pile. L’électrolyse des dissolutions
d’antimoine donne un métal cristallin d’une densité égale à 6,6 environ
qui ne diffère pas du métal ordinaire. Mais si l’on opère sur une
dissolution concentrée de 1 partie d’émétique et de 4 parties de chlorure
d’antimoine, avec un courant faible, on obtient de l’antimoine amorphe
d’une densité plus faible (5,74 à 5,83) qui possède la curieuse propriété
d’être explosible. Quand on le chauffe ou quand on le soumet à la
percussion, il se transforme en antimoine ordinaire en développant une
grande quantité de chaleur. Il se produit en même temps des fumées de
chlorure d’antimoine que l’antimoine retenait en proportion notable (de
6 à 22 pour 100). C’est au dégagement de cette matière, au moment de la
transformation isomérique du métal qu’est due sa propriété explosive.
Les diddolution de bromure et de iodure donnent des résultats analogue
(Gore).
COMPOSOSE OXYGENES DE L’ANTIMOINE.
L’antimoine forme avec l’oxygène deux composés, l’oxyde d’antimoine
Sb2O3, et l’acide antimonique Sb2O5 ; ces deux composés donnent en
s’unissant un composé intermédiaire, l’acide antimonieux Sb2O4.
1331. Préparation et propriétés. On le prépare en chauffant de
l’antimoine au rouge dans un creuset percé latéralement de deux ou trois
trous et recouvert par un creuset semblable, dont le fond est également
percé. On détermine ainsi un courant d’air dans l’intérieur du creuset
inférieur, sous l'influence oxydante duquel l'antimoine volatilisé se
transforme en oxyde d'antimoine qui se dépose sous forme d'aiguilles
satinées (fleurs argentines d'antimoine) à la partie supérieure du creuset.
Ces aiguilles sont souvent accompagnées de petits octaèdres réguliers
(Wöhler). Lorsqu'on chauffe de l'antimoine dans un tube de porcelaine
traversé par un courant d'air très lent. il se dépose, d'après Terreil, de
l'oxyde octaédrique dans les parties froides du tube, et de l'oxyde
prismatique dans le voisinage du métal. Si l'on essaye de sublimer
l'oxyde octaédrique, il se transforme totalement en cristaux prismatiques
dans un courant rapide de gaz. Ces deux formes incompatibles de l'acide
antimonieux sont, les mêmes que celles de l'acide arsénieux, seulement,
tandis que, pour l'acide antimonieux, la forme prismatique est la forme
la plus fréquente et la plus stable, pour l'acide arsénieux, c’est la forme
octaédrique. (H. Debray.)
La décomposition par l'eau de l'oxychlorure d'antimoine donne
également les deux formes de l'oxyde d'antimoine. A 150°, en vases clos,
on obtient l'oxyde prismatique, la décomposition lente à la température
ordinaire fournit l'oxyde octaédrique.
L'oxyde d'antimoine existe dans la nature sous ces deux formes, en
Bohème, en Algérie dans la province de Constantine, à Bornéo. La
valentinite (prisme rhomboïdal droit), a pour densité 5,70, la
sénarmonitite (octaèdres réguliers) a pour densité 5,11 ; les produits
artificiels ont la même densité.
L'oxyde d'antimoine chauffé devient jaune, il rond au rouge et se
sublime. Il est insoluble dans l'eau, l'acide azotique, mais il se dissout
dans les acides chlorhydrique et sulfurique concentrés et dans les alcalis.
Son meilleur dissolvant est l'acide tartrique ou le bi-tartrate de potasse
avec lequel il forme l'émétique. Les réducteur (charbon, hydrogène), le
ramènent facilement à l'état métallique. L’oxyde prismatique pur est plus
facilement attaquable par les divers réactifs que l'oxyde octaédrique.
L'oxyde d'antimoine hydraté Sb2O3, H2O s'obtient en versant à froid une
dissolution de protochlorure d'antimoine dans du carbonate de soude. A
chaud, on obtient des cristaux anhydres d'oxyde d'antimoine. C'est une
base faible qui joue aussi le rôle d'acide vis à vis des oxyde basiques.
Acide antimonieux Sb2O4
1332. Il se forme dans l’action de l’acide azotique sur l’antimoine
métallique, lorsqu’on chauffe à l’air de l’oxyde d’antimoine, ou que l’on
décompose par la chaleur l’acide antimonique. Poudre blanc jaunâtre, un
peu soluble dans l’eau, que l’acide chlorhydrique décompose en donnant
du sesqui-chlorure d’antimoine et de l’acide antimonique, le tartrate
acide de potasse le décompose de la même manière. Fondu avec la
potasse, il forme un sel double K2O, Sb2O3 + K2O, Sb2O4, soluble dans
l’eau bouillante et incristallisable. Il existe dans la nature un sel de chaux
correspondant au sel de potasse, la bornine (2CaO, Sb2O3).
Acide antimonique, Sb2O5.
1333. L’acide antimonique s’obtient lorsqu’on décompose par l’eau
bouillante le pentachlorure d’antimoine, ou lorsqu’on traite le métal par
une eau régale contenant un grand excès d’acide azotique. Dans ces
conditions, il retient un équivalent d’eau (Sb2O5, H2O). C’est un poudre
jaunâtre à peu près insoluble dans l’eau à laquelle il communique
cependant une réaction acide, insoluble à froid dans l’ammoniaque,
soluble dans la potasse caustique et dans l’acide chlorhydrique
concentré.
L’acide antimonique donne avec les bases, des antimoniates
monobasiques qui correspondent au méta-phosphate ; il existe toutefois
des antimoniates bibasiques 2RO, Sb2O5 et RO, H2O, Sb2O5 qui
correspondent aux pyrophosphates. M Frémy qui les a découvert les a
désigné à tort sous le nom de méta-antimoniates et de bi-métaantimoniates. Mais on ne connaît pas d’antimoniates tribasiques
correspondant aux phosphates et aux arséniates ordinaires.
Antimoniates.
1334. Les antimoniates mono-basiques sont gélatineux et incristallisable,
les antimoniates bi-basiques sont cristallins, le pyro-antimoniate acide de
soude Na2O, H2O, Sb2O5 + 6H2O est insoluble. C’est le seul sel de soude
qui possède ce caractère : aussi peut-on employer le sel correspondant de
potasse K2O, H2O, Sb2O5 + 6H2O, bi-antimoniate de potasse de M. Frémy
comme réactif des sels de soudes.
1335. Antimoniate de potasse K2O, Sb2O5 + 3H2O. On l’obtient en
oxydant l'antimoine par l'azotate de potasse (1 partie d'antimoine pour 4
de nitre). On chauffe le mélange dans un creuset de terre et on reprend
d'abord la masse fondue par l'eau froide pour dissoudre l'azotite de
potasse qui s'est formé dans la réaction en même temps que de
l'antimoniate anhydre insoluble dans l'eau froide ; par une ébullition
prolongée, on transforme cet antimoniate en un sel hydraté soluble dans
l'eau. La solution aqueuse ainsi obtenue donne par évaporation une
niasse sirupeuse, lentement soluble dans l'eau.
Lorsqu'on fait passer un courant d'acide carbonique dans la solution de
l'antimoniale neutre, il se précipite un sel acide K2O, Sb2O3 qui est
insoluble dans l'eau, mais qui peut se dissoudre à chaud dans la solution
de l'antimoniate neutre et s'y dépose par refroidisseur eut sofas forme de
poudre cristalline. C'est, ce produit que l'on connaît en médecine sous le
nom d'antimoine diaphorétique lavé ; comme il est facile à obtenir
exempt d'arsenic, il peut sertir à préparer, les autres combinaisons
médicinales de l'antimoine.
1336. Pyroantimoniate neutre de potasse K2O,Sb2O3. - On obtient ce sel
en fondant, dans, un creuset. d'argent, de l'acide antimonique (ou de
l'antimoniate de potasse) avec un grand excès de potasse. On reprend
par une petite quantité d'eau et on évapore dans le vide. Il se dépose us
sel blanc, cristallin, déliquescent, que l'eau décompose en le transformant
en sel acide (K2O, H2O, Sb2O3, 6H2O), jouissant de la propriété de
précipiter la soude.
1337. Pyroantimoniate acide de potasse. (Biméta-antimoniate de Frémy)
On le désigne. aussi quelquefois sous le nom d'antimoniate grenu, parce
qu'il est cristallin. C'est un sel blanc, lieu soluble dans l'eau froide et
beaucoup plus soluble dans l'eau à 45 ou 50°. Sa dissolution froide
s'altère à la longue, le sel se transformant en antimoniate monobasique ;
à l'ébullition, cette transformation est instantanée. Lorsqu’on se sert de ce
sel pour reconnaître la soude, il faut donc ne faire la dissolution qu'au
moment de s'en servir.
Voici comment M. Frémy prépare ce réactif. On commence par préparer
la solution, d'antimoniate neutre de potasse comme il vient d'être dit
(1333) et on l'évapore dans une capsule d'argent ou de platine ;
lorsqu'elle a atteint une consistance presque sirupeuse, et que
l'antimoniate de potasse gommeux commence à se déposer et à former
une pellicule à la surface du liquide, on y ajoute plusieurs fragments de
potasse caustique, afin de transformer l’antimoniate neutre en
antimoniate bibasique, et l’on continue à évaporer en refroidissant de
temps en temps une goutte ou deux de liqueur sur une lame de verre.
Quand elle commence à cristalliser, on retire la capsule du feu et on la
laisse refroidir ; il se forme au bout de quelques instants, un dépôts
cristallin très abondant qui est un mélange d’antimoniates basiques de
potasse (2K2O, Sb2O3 et KHO2, SbO2 + 6H2O). On décante la liqueur
alcaline et l’on dessèche le sel sur des doubles de papiers, ou mieux sur
de la porcelaine dégourdie.
Pour faire usage de ce réactif, on en prend 5 ou 6 grammes que l’on
introduit dans un verre à expériences ; on verse sur ce sel 10 à 15
grammes d’eau froide, afin de dissoudre l’excès de potasse que le sel
peut retenir et de décomposer le pyro-antimoniate neutre en sel acide
(K2O, H2O, Sb2O3 + 6H2O), qui est peu soluble dans l’eau froide. On
décante la liqueur et on lave à 3 ou 4 reprise le biméta-antimoniate.
Ces derniers lavages devant être faits assez rapidement pour dissoudre
le moins possible de pyro-antimoniate acide de potasse, lorsqu’on s’est
assuré que la potasse en excès a été enlevée, on laisse le sel acide en
contact avec l’eau, pendant quelques minutes ; on filtre la liqueur qui est
toujours un peu trouble et l’on peut s’en servir pour reconnaître des
quantités très faibles de sel de soude.
On prépare encore le réactif de la soude en calcinant 1 partie d’antimoine
avec 4 parties de nitre ; on fond la masse résultant de cette opération
avec son poids de carbonate de potasse, on obtient ainsi un sel blanc,
soluble dans l’eau bouillante, qui précipite immédiatement les sels de
soude.
Les autres antimoniates monobasique ou bibasique offrent peu d’intérêt.
Trichlorure d’antimoine, SbCl3.
1338. Préparation. On l’obtient de plusieurs manières :
1° En distillant 1 partie d’antimoine avec 2 partie de bichlorure de
mercure.
2° En attaquant l’antimoine par une eau régale formée de 1 partie d’acide
nitrique et de 4 parties d’acide chlorhydrique, évaporant à sec et
distillant.
3° Le meilleur procédé consiste à faire passer du chlore sur le métal en
excès.
1339. Propriétés. Matière incolore, d'apparence butyreuse (beurre
d'antimoine des anciens chimistes), fusible à 72°, volatile à 225°. Le
chlorure d'antimoine absorbe rapidement l'humidité de l'air et se dissout
dans une petite quantité d'eau ; mais si l'on ajoute une plus grande
quantité d'eau, il se décompose en produisant un précipité blanc
cristallin, connu sous le nom de poudre d’Algaroth, que l'on employait
autrefois, en médecine, aux mêmes usages que l'émétique. Ce corps est
un oxychlorure d'antimoine (SbOCl) qui se dissout dans un excès d’acide
chlorhydrique (beurre d'antimoine liquide). La poudre d'Algaroth se
décompose elle-même en présence d'une grande quantité d’eau, en
donnant de l'oxyde d'antimoine.
Le chlorure d'antimoine se combine aux chlorures alcalins. M. Dehérain
a décrit les combinaisons cristallisées NH4Cl, SbCl3 et (NH4Cl) 2, SbCl3. Il
absorbe le gaz ammoniaque, et donne avec lui les deux combinaisons
NH4Cl, SbCl3 et (NH4Cl) 2, SbCl3 qui, en s'unissant à l’acide
chlorhydrique, donnent naissance aux deux combinaisons précédentes.
1340. Usages. On se sert du beurre d'antimoine pour cautériser les
morsures des chiens enragés ou les piqûres d'animaux venimeux, pour
bronzer le cuivre et les armes et les préserver de l'oxydation dans ce cas,
le fer de l'arme détermine, en réagissant sur le chlorure, un dépôt
superficiel d'antimoines bien moins altérable que le fer.
Pentachlorure d’antimoine SbCl5.
On l'obtient facilement en faisant passer du chlore en excès sur du
trichlorure d'antimoine. Il est liquide à la température ordinaire,
jaunâtre, et répand des fumées blanches à l'air. Il se décompose en chlore
et protochlorure d'antimoine quand on essaye de le distiller. La facilité
avec laquelle il cède son chlore le fait employer comme chlorurant en
chimie organique. L’eau le décompose en acide antimonique et acide
chlorhydrique ; on peut néanmoins obtenir un chlorure hydraté en le
dissolvant dans une très petite quantité d'eau et faisant évaporer la
liqueur sur de l'acide sulfurique. Il se dépose des cristaux déliquescents,
correspondant à la formule SbCl5, 4H2O.
1341. Combinaisons. - Le perchlorure d'antimoine se combine à
l'ammoniaque et au chlorhydrate d’ammoniaque en plusieurs
proportions. M. Déherain a obtenu les composés
SbCl5, 3NH3 ; SbCl5, 4NH3 ; SbCl5, 3NH4Cl et SbCl5, 4NH4Cl
Ce dernier forme des beaux octaèdres d'un jaune doré. On connaît aussi
des combinaisons du perchlorure d’antimoine avec le perchlorure et
l’oxychlorure de phosphore, avec les chlorures de soufre et de sélénium.
Enfin, le pentachlorure d’antimoine absorbe l’hydrogène sulfuré avec
élévation de température et dégagement d’acide chlorhydrique. Il se
produit une masse cristalline blanche SbS2Cl3 qui correspond au sulfochlorure de phosphore. Ce composé, facilement fusible, ne peut être
distillé ; la chaleur le décompose en protochlorure et soufre ; l’eau le
décompose aussi en mettant du soufre en liberté et en produisant de
l’oxychmorure (Cloëz).
SULFURES D’ANTIMOINE.
Il existe deux sulfures, d'antimoine qui correspondent, comme les deux
chlorures, aux acides de l'antimoine. Le persulfure a peu d'intérêt, on le
prépare en faisant passer un courant d'hydrogène sulfuré dans une
dissolution acide, de perchlorure ou d'antimoniate de potasse. C’est un
précipité jaune hydraté, que la chaleur décompose en soufre et
protosulfure. C'est un sulfacide.
Protosulfure.
1345. État naturel et propriétés. Il est, abondant dans la nature, en filons
dans les terrains anciens, où il est associé à du quartz et à du sulfate de
baryte, ou en amas dans les terrains neptuniens. Les cristaux sont des
prismes rhomboïdaux. Leur densité est 4,62. Ce sulfure est tellement
fusible, qu’on peut le fondre à la flamme d’une bougie ; aussi le sépare-ton facilement de sa gangue par une simple fusion. On le coule ensuite en
pains pour le livrer au commerce. On peut le préparer dans les
laboratoires en fondant à plusieurs reprises un mélange d’antimoine et
de soufre. Celui qu’on obtient en précipitant une dissolution d’oxyde
d’antimoine par l’acide sulfhydrique est un sulfure hydraté d’une
couleur rougeâtre, qui perd son eau à une douce chaleur sans changer de
couleur. Chauffé plus fort, il devient noir.
Le sulfure d’antimoine se volatilise à une température élevée ; il se grille
facilement et se transforme en oxyde d’antimoine, qui s’unit avec la
portion du soufre non décomposée et donne des substances connues
sous les noms de verre d’antimoine, de safran des métaux, de foie
d’antimoine, qui ne sont en définitive que des oxysulfures de
composition variable et contenant parfois un peu de silice provenant des
creuset dans lesquels on les a fondus (verre d’antimoine). Il existe un
oxysulfure naturel (SbS2O)
L'hydrogène réduit complètement le sulfure d’antimoine ; le charbon le
réduit partiellement, en donnant du sulfure de carbone et de l'antimoine.
Le fer et d'autres métaux le désulfurent, facilement.
Les acides l'attaquent plus facilement que le métal ; nous rappellerons
seulement ici que l'acide chlorhydrique concentré peut le dissoudre
complètement, en donnant du protochlorure d’antimoine et de l'acide
sulfhydrique pur. Le sulfure d'antimoine est un sulfacide. C'est ce que
l'on démontre facilement avec le sulfure hydraté.
1346. Kermès. On désigne sous ce nom un oxysulfure d’antimoine,
employé encore actuellement en médecine, que l’on prépare de la
manière suivante :
On fait bouillir, pendant une bonne environ, 1 partie de sulfure
l'antimoine pulvérisée, 22 ½ parties de carbonate de soude desséché et
250 parties d'eau ; la liqueur filtrée, laisse déposée par refroidissement
une matière d’un jaune brun, c’est le kermès. Le sulfure, en réagissant
sur le carbonate de soude, donne du sulfure de sodium, de l’oxyde
d’antimoine, et dégage de l’acide carbonique. Du sulfure d’antimoine
s’unit au sulfure de sodium, et l’oxyde d’antimoine à la soude. Ces deux
corps restent dissout dans l’eau bouillante ; mais par refroidissement la
liqueur laisse déposer une partie du sulfure d’antimoine et de
l’antimoniate de soude dissout, à l’état de kermès. Ce composé retient
toujours un peu de sulfure alcalin.
Si dans la liqueur froide qui contient encore une certaine quantité de
sulfoantimonite, on ajoute de l’acide chlorhydrique, on en précipite du
sulfure d’antimoine hydraté rougeâtre, mélangé de sexquioxyde, qu’on
désignait autrefois sous le nom de soufre doré d’antimoine.
1347. Cinabre ou vermillon d’antimoine. Ce composé employé depuis
quelques années dans l’industrie est un oxysulfure de même
composition que le produit naturel SbS2O. On l’obtient en précipitant à
chaud le chlorure d’antimoine par l’hyposulfite de soude en excès. Ce
produit inaltérable à l’air, à la lumière et aux émanations sulfureuse,
s’emploie dans le fabrrication des toiles et des papiers.
Sulfoantimonites.
1348. Le sulfure d’antimoine est soluble dans les sulfures alcalins avec
lesquels il forme des composés bien cristallisés. Ces sels doubles
donnent, dans les dissolutions métalliques, des précipités peu étudiés,
qui sont peut-être analogues ausx sulfoantimonites naturels ; la plupart
de ceux-ci peuvent se rapporter aux trois types suivants :
1° Le type 3RS, SbS3, qui comprend la boulangérite (sulfure double de
plomb et d’antimoine, et l’argyrithrose, sulfure double d’argent et
d’antimoine), la bournonite (3(Pb,Cu)S,SbS3).
2° Le type 2RS, SbS3, auquel appartient la panabase (sulfure triple
d’antimoine, de fer et de cuivre 2(Cu,Fe)S, SbS3, et la plumonite (2PbS,
SbS3).
3° Le type RS, SbS3, qui comprend la zinckenite (sulfure double de plomb
et d’antimoine), la miargyrite (sulfure d’argent et d’antimoine), la
berthierite (sulfure de fer et d’antimoine).
Sulfoantimoniates.
1349. Les sulfoantimoniates alcalin sont solubles et cristallisables, ils ont
la composition des phosphates ordinaires, c’est-à-dire que leur
composition rentre dans le type tribasique 3RS, SbS3. Les mieux étudiés
sont le sel de potasse, et surtout le sel de soude (sel de Schlippe) 3NaS,
SbS3 + 9H2O, qui cristallise en cristaux jaunes volumineux, formés de
tétraèdre réguliers, très solubles.
On prépare ce sel, qui est quelquefois employé en médecine, en
chauffant un mélange de protosulfure d’antimoine, de soufre, de
carbonate de soude et de chaux ; on reprend par l’eau et on évapore.
Sels d’antimoine.
L’oxyde d’antimoine forme avec les acides des sels peu stables (à
l’exception des tartrates) on connaît peu de sels neutres de cet oxyde ; les
mieux définis, les tartrates et les oxalates, peuvent être envisagés comme
résultant de l’union d’un acide anhydre avec un sesquioxyde
d’antimoine qui, d’après M. Péligot, se comporterait alors comme un
protoxyde d’un radical analogue à l’oxyde d’uranyle. La composition de
ces sels deviendrait (SbO2)O,A ; le corps SbO2 serait l’antimonyle
analogue à l’uranyle, la poudre d’Algaroth serait le chlorure de ce
composé (SbO2)Cl.
1352. Nitrate d’antimoine. L’oxyde d’antimoine se dissout dans l’acide
nitrique fumant et donne un nitrate basique nacré 2SbO3, NO3 ; que l’eau
décompose en oxyde d’antimoine et acide azotique.
1353. Sulfate d’antimoine. L’acide sulfurique fumant dissout l’oxyde
d’antimoine et donne le sel SbO3, SO3 en petit cristaux blancs brillants.
L’action de l’acide sulfurique concentré sur l’oxychlorure d’antimoine
donne un sulfate SbO, 4SO3, H2O, cristallisé en petites aiguilles.
1354. Phosphate d’antimoine. L’acide phosphorique dissout aussi
l’oxyde d’antimoine et donne un sel cristallisable qui est décomposé par
l’eau en sels basiques.
Hydrure d’antimoine SbH3 ?
On sait que les dissolutions d’antimoine, introduites dans l’appareil de
Marsh donne un gaz qui brûle avec une flamme blanche et donne dans
les même circonstances que l’hydrogène arsénié, des tâches noires
d’antimoine.
Il est probable que l’hydrogène ainsi dégagé contient de l’hydrogène
antimonié SbH3, mais la proportion de ce gaz est toujours très minime et
ne dépasse jamais 2 ou 3 p 100. Un alliage de 2 parties de zinc et de 1
d’antimoine traité par l’acide chlorhydrique en fournirait la plus forte
proportion. L’hydrogène antimonié réagit sur les dissolutions
métalliques comme l’hydrogène arsénié.
Alliages d’antimoine.
L’antimoine donne peu d’alliages utiles, le plus important est l’alliage
des caractère d’imprimerie qui contient environ 20 d’antimoine et 80 de
plomb. Il entre également dans la composition du Pewter des anglais qui
sert à faire des brocs et des vases à boire. Cet alliage principalement
composé d’étain contient 8 p 100 d’antimoine, 1 de bismuth, et 4 de
cuivre.
Le métal de la reine, le métal d’Alger, contiennent de l’étain, du plomb,
du bismuth, de l’antimoine.
1355. Antimoine et potassium. Serullas a obtenu cet alliage en calcinant
pendant deux ou trois heures au rouge, un mélange de 6 parties
d’émétique (tartrate double de potasse et d’antimoine) avec une partie de
nitrate de potasse ou encore parties égales d’antimoine métallique et de
crème de tartre (bitartrate de potasse). On trouve au fond du creuset une
masse métallique lamelleuse, très dense, cassante et d’un gris bleuâtre.
Quand le mélange a été fortement chauffé et que le refroidissement est
très lent, l’alliage est nettement cristallisé et doué de l’éclat métallique ; il
peut contenir jusqu’à 12 p 100 de potassium. On le conserve dans l’huile
de naphte ou du pétrole.
L’antimoniure de potassium décompose l’eau avec énergie, et s’il est très
divisé il s’enflamme à l’air humide et détonne au contact d’une petite
quantité d’eau. Serullas a obtenu des antimoniures pyrophoriques en
calcinant un mélange intime de 100 parties d’antimoine, 75 partie des
crème de tartre et 12 parties de noir de fumée. L’eau acidulée par l’acide
chlorhydrique en dégage un peu d’hydrogène.
1356. Antimoine et fer. C’est l’alliage de Réaumur, matière très dure et
qui fait feu sous le briquet. On l’obtient en fondant au creuset brasqué,
au rouge blanc, un mélange de 70 parties d’antimoine et de 30 parties de
fer.
1357. Antimoine et zinc. On connaît deux alliage de ces métaux SbZn3 et
SbZn dont le caractère chimique est de décomposer l’eau à 100°C.
Le premier renferme 42,8 % de zinc et 57,2 % d’antimoine ; il cristallise
en prismes rhomboïdaux d’un blanc d’argent qui ne sont pas modifiés
par un excès de zinc ; avec un léger excès d’antimoine on n’obtient que
des lamelles minces d’alliage SbZn. Ce dernier contient 33,5 % de zinc,
mais pour l’obtenir en beaux cristaux, il faut faire fondre et refroidir
lentement un alliage renfermant au plus 31% de zinc.
CARACTERES DES DISSOLUTIONS D’ANTIMOINE.
Dissolution d’oxyde d’antimoine. Elle se décomposent quand on les
étend, à moins qu’elles ne soient trop fortement acides. La présence de
l’acide tartrique empêche dans tous les cas la précipitation.
Potasse. Soude. Précipité blanc soluble dans un grand excès d’alcali.
Ammoniaque. Précipité blanc, insoluble dans un excès de réactif.
Carbonates alcalins.
Même
réaction,
avec
dégagement
d’acide
carbonique.
Acide sulfhydrique.
Précipité rouge caractéristique dans les liqueurs
acides, insoluble dans l’acide chlorhydrique froid, soluble dans l’acide
chaud et dans les sulfures alcalins.
Chlorure d’or. Les dissolutions chaudes d’oxyde d’antimoines réduisent
les sels d’or et en précipitent l’or métallique.
Dissolution antimoniques. Les solutions alcalines sont précipitées par
les acides, le précipité se redissout facilement dans l’acide chlorhydrique,
mais plus difficilement dans l’acide sulfurique et l’acide nitrique. L’acide
sulfhydrique ne précipite que les dissolutions acides, en donnant un
précipité orange.
Chlorure d’or. Pas de réduction.
Nitrate d’argent.
Pas de réduction, mais
d’antimoniate soluble dans l’ammoniaque.
précipité
blanchâtre
Iodure de potassium. L’iode est précipité par les solutions antimoniques
acides, l’acide antimonique est ramené à l’état d’oxyde d’antimoine.
Ces trois derniers caractères distinguent nettement les deux espèces de
dissolutions. Les dissolutions acides d’antimoine, quelque soit leur degré
d’oxydation, donnent un précipité d’antimoine quand on y introduit une
lame de zinc, de fer, de cadmium, de cuivre et d’étain. Le cuivre
constitue même un réactif très délicat de l’antimoine, en solution
chlorhydrique, même étendue ; il s’y recouvre d’une couche violacée
d’antimoniure de cuivre, facile à distinguer de celle qui se produit dans
les même circonstances avec l’arsenic, parce qu’elle ne se sublime pas
quand on la chauffe dans un tube.
Les solutions d'antimoine peuvent être facilement, reconnues avec
l'appareil de Marsh. Elles donnent un anneau et des taches faciles à
distinguer de celles de l'arsenic. L'anneau d'antimoine, chauffé dans an
tube au contact de l'air, s'oxyde sans se déplacer, les hypochlorites ne
dissolvent pas les taches d'antimoine.
Enfin, les combinaisons d'antimoine chauffées an chalumeau dans la
flamme d'oxydation, se volatilisent presque entièrement en donnant un
enduit blanc jaunâtre de protoxyde d'antimoine ou d'acide antimonieux,
dans lequel on reconnaît facilement des cristaux à la loupe. Dans la
flamme de réduction, surtout avec du cyanure de potassium, il se forme
sur le charbon un globule d'antimoine cassant en même temps qu'on
enduit d'oxyde d'antimoine. La flamme du chalumeau prend dans les
deux cas une coloration bleu verdâtre.
Téléchargement