Vaccination HPV et médecine générale La vaccination contre le HPV va bientôt être remboursée pour les jeunes filles et nous nous en réjouissons. Ce remboursement permettra l’accès financier à ce vaccin pour une grande partie de la population. Cependant l’amélioration de l’accessibilité financière n’est qu’une partie du problème et devrait s’inclure dans une politique générale de vaccination qui nous parait actuellement déficiente en Communauté Française. Cette politique devrait tenir compte de plusieurs facteurs, indispensables à une bonne couverture de la population, particulièrement la plus défavorisée et éviter perte de temps, d’énergie et d’argent par une dispersion des moyens et des informations, voire une perte de vaccins périmés par des stockages peu judicieux ou des transports aléatoires Trois questions fondamentales sont la base d’une politique vaccinale cohérente 1) Quelles structures de soins sont, pour les différents vaccins, le plus à même de toucher la population visée, particulièrement les patients les moins informés qui risquent, plus que d’autres, de ne pas pouvoir bénéficier de cette protection. 2) Quelles structures de soins sont les plus à même d’intégrer cette vaccination dans une dynamique de prévention plus globale, qui puisse inclure le dépistage et les conseils généraux de prévention et d’hygiène de vie 3) Quelle centralisation des données vaccinales pour éviter des répétitions inutiles voire dangereuses et permettre une meilleure connaissance de l’état vaccinal d’un patient et d’une collectivité. C’est dans cette dynamique générale que nous voudrions replacer le médecin généraliste. Une telle vision nécessite de donner aux différents acteurs choisis les moyens réels de réaliser leur mission. Pour chaque vaccin les deux premiers points doivent être repensés de façon évolutive. Une bonne campagne vaccinale nécessite de connaître sa population cible. La couverture vaccinale des nourrissons semble très bonne malheureusement le transfert de l’information de la couverture vaccinale des nourrissons se fait mal. Pour les âges plus avancés, il faut définir une politique cohérente où les MG devraient jouer un rôle plus central. Il est en effet celui qui est en contact avec un grand nombre de citoyens, qui le consultent, en moyenne, 4 à 5 x par an. De plus il peut l’intégrer dans une dynamique plus générale de prévention et tenter de maintenir cette relation dans le temps. Cependant cela nécessite une population cible mieux précisée, basée par exemple sur les patients qui possèdent un DMG. Cela nécessite aussi une meilleure logistique, que cela soit au niveau de la fourniture de vaccin, d’information actualisée, de supports pédagogiques et d’information au public. Cela nécessite également l’utilisation d’échéancier et d’une infrastructure administrative permettant des rappels et une information ciblée. Un réel contrat pourrait être imaginé entre les MG et l’Autorité pour se donner des buts et des moyens. Actuellement en Belgique la couverture vaccinale est mauvaise après la petite enfance. Les MG sont bien placés pour assumer cette mission. Si l’on pense que c’est leur rôle, voyons ensemble comment se donner les moyens d’y parvenir. Un autre mode de délivrance que les vignettes actuelles seraient un plus. Le pharmacien pourrait être un partenaire privilégié du MG pour la disponibilité des vaccins. Pourquoi les vaccins recommandés à certains groupes de population pour des raisons de santé publique ne seraient-ils pas remboursés à 100% ? Enfin pour ce qui concerne la centralisation de l’information sur l’état vaccinal, deux options paraissent sensées, soit un fichier central nourri, de façon obligatoire par tous les vaccinants et accessible au patient et au personnel soignant, soit autour du DMG Le DMG nous parait le lieu probablement le plus adéquat actuellement. Centraliser les vaccinations réalisées par différents structures de santé dans le DMG n’est possible qu’en développant des incitants majeurs, financiers ou informatifs, aux différents acteurs concernés, et en donnant les moyens au MG de gérer ces données. On peut par exemple imaginer une transmission « obligatoire », informatisée de ces données chez les MG qui, eux aussi seraient équipés pour gérer ces données et les intégrer dans un dossier informatisé. Cela nécessite pour commencer aussi l’encouragement à ouvrir un DMG chez un MG, par des mesures promotionnelles, organisationnelles mais aussi financières importantes. Les médecins généralistes sont prêts à relever ce défi. Quand aux modalités avancées pour le remboursement du vaccin contre l’HPV, elles nous paraissent une fois de plus être une sorte de bricolage hasardeux, sans aucune vision cohérente d’une politique de vaccination responsable et globale en Belgique francophone. Cette politique de saupoudrage des responsabilités et de la politique de prévention, entre toute une série d’acteurs de santé qui ne se concertent pas aboutit à la catastrophique couverture vaccinale de notre population adolescente et adulte