LA POLYARTHRITE RHUMATOIDE DR MATTERA Définition : rhumatisme inflammatoire chronique polyarticulaire prédominant aux extrémités (mains et pieds), relativement symétrique, évoluant par poussées vers la déformation et la destruction des articulations intéressées 1% de la population Tout âge mais surtout entre 35 et 55 ans Plutôt des femmes I – les signes A) période de début 1. diagnostic Le diagnostic est difficile car en général c’est progressif Douleur des mains d’intensité variable et raideur des poignets, des articulations meta carpo phalangiennes, inter phalangiennes des 2e et 3e doigts de manière bilatérale et symétrique le plus souvent Douleur dans la 2e partie de la nuit, maximale au réveil ; elle disparaît après des manœuvres de dérouillage (durée du dérouillage importante pour l’évolution) Démarrage insidieux mais progressif 2. examens À l’examen peu de choses : o diminution de la mobilité, o augmentation du volume des articulations o radios normales biologie : Syndrome inflammatoire non spécifique : VS augmentée, CRP positive, hyper alpha 2 et Gammaglobulinémie, fibrine augmentée Facteurs rhumatoïdes négatifs à ce stade échographie des articulations Synovite Signes inflammatoires Plus précoce que la radio la scintigraphie osseuse a moins d’intérêt que l’échographie biopsie synoviale (prélèvement) IRM mais cher et RDV difficile B) phase d’état de la maladie 1. interrogatoire Douleur permanente surtout la nuit avec des insomnies et une raideur matinale ; cette raideur ne cède qu’après un dérouillage de plus en plus long 2. examen Dès l’inspection, le diagnostic est posé articulations touchées : mains, poignets, doigts déviés vers le bord cubital de la main (coup de vent cubital), les inter phalangiennes se déforment en flexion ou extension, les Meta carpo phalangiens font saillie au dos de la main, les poignets présentent une déformation en dos de chameau Les coudes sont limités (épaules plus tardivement) Les pieds : déviation externe des orteils (coup de vent péronié) qui vont se rétracter en marteau, gros orteils dévié, articulation de l’avant pied tuméfié et douloureuse à la marche, têtes Meta tarsiennes sub luxées avec des durillons, voûte plantaire affaissée Les chevilles : atteinte fréquente et invalidante Les genoux sont le siège d’épanchement L’atteinte des hanches est rare La colonne : seul le rachis cervical peut être touché avec un risque de luxation au niveau de l’atlas et de l’axis (ligament entre l’atlas et l’axis) Mais aussi troubles trophiques (atteinte juxta articulaire) comme : o les kystes (poplités) o les ruptures tendineuses o les atteintes de l’état général 3. radiologie o o o o pincement de l’interligne articulaire érosion des contours articulaires géodes sous chorales (sous le cartilage il y a des trous) lyse complète d’une extrémité osseuse Si cet interligne est diminué à la radio c’est un pincement de l’interligne articulaire Le liquide synovial joue le rôle d’une « huile » pour le glissement des deux surfaces osseuses 4. biologie syndrome inflammatoire facteurs rhumatoïdes positifs dans 70 à 85% des cas : immunoglobulines mises en œuvre par les réactions de Waaler Rose et du Latex ; les anticorps sont dirigés contre nos propres anticorps ; mais ce test ce positive seulement après deux ans d’évolution. Maintenant on dose les anti CCP, d’autres anticorps plus spécifiques C) l’évolution de la maladie Elle dépendra de la fréquence et de la durée des périodes évolutives qui vont conditionner l’importance des séquelles Soit extinction spontanée après diverses poussées, soit aggravation progressive jusqu’à un handicap II –les formes cliniques A) manifestations articulaires Forme typique : oligarthrite distale Mais cela peut aussi être une mono arthrite ou une polyarthrite d’emblée B) manifestations extra articulaires atteintes pulmonaires avec pleurésie, fibroses pulmonaires (poumon rhumatoïde) atteintes cardiaques : péricardite, myocardies complications neuro musculaires : multinévrites syndrome sec : bouches et yeux secs C) formes selon le terrain Personnes âgées : début rhizomélique (épaule et hanche) Enfant : maladie de arthrite (polyarthrite destructive) Hommes : épanchements du genou II – le traitement A) les médicaments Le phénomène lésionnel initial c’est une synovite chronique. Elle est d’abord isolée mais responsable après de destruction cartilagineuse, osseuse et ligamentaire. Ce sont des désordres immunologiques qui surviennent sur un terrain prédisposé génétiquement. 1. les antalgiques : cela va du paracétamol à la morphine 2. les AINS (attention aux complications digestives) 3. les corticoïdes (bonne efficacité) On les utilise chez les plus âgés, mais on en donnera seulement quand il y a une atteinte viscérale On le donne en attente d’un traitement de fond efficace On dose toujours la dose minimum car il y a des effets secondaires : rétention d’eau et de sel, diabète, ostéoporose, fragilité infectieuse, problèmes digestifs 4. les traitements de fond Leur but : ralentir ou stopper l’évolutivité de la maladie. Ils agissent surtout sur le système immunitaire et dans un second temps sur l’inflammation. Ils comprennent des produits de classe chimique différente mais qui ont des points communs : Un délai d’action long (d’une semaine à 2/3 mois) Une efficacité inconstante Un échappement (ils ne marchent plus sans raison aucune) Des effets secondaires qui nécessitent une surveillance constante a) plaquenil : antipaludéen de synthèse Pour la polyarthrite débutante peu inflammatoire Effets secondaires : troubles oculaires (cécité), troubles digestifs, neuro myopathies, atteintes cutanées ou hématologiques b) les sels d’or : l’allochrysine En intra musculaire Effets secondaires : problèmes cutanés (prurit) et rénaux donc avant chaque injection il faut faire une protéinurie et NFS tous les mois puis tous les trois mois c) trolevol – acadione d) salazopyrine pareil que pour la maladie de Crohn Effets secondaires : problèmes cutanés, hématologiques, pulmonaires, rénaux Surveillance : hématologique, hépatique, rénale e) methotréxate (dans les chimio) = novatrex Effets secondaires : hépatique, digestif, atteinte cutanée, pneumopathie d’hypersensibilité, anomalies hématologiques, et atteinte rénale Surveillance : hématologie, hépatique, et rénale 1 fois par semaine, comprimés ou intra musculaires f) arava : immuno modulateur Surveillance : tension, NFS, plaquette, transaminases g) les anti TNF Bonne efficacité Ce sont : remicade, embrel, humira Mais il y a un risque infectieux : tuberculose et insuffisance cardiaque B) traitements locaux 1. infiltrations de cortisone 2. synoviorthèses Injection de produit radio actif dans l’articulation donc destruction de la synoviale abîmée et donc une nouvelle synoviale se reforme On ne le fait que sur les articulations pas déjà détruites 3. la rééducation Kiné, ergothérapeute, attelles de la main (pour éviter la déformation), semelles orthopédiques, chaussures orthopédiques sur mesure C) la chirurgie Synovectomie sous arthroscopie et donc prothèse de l’articulation détruite Arthrodèse : on immobilise une articulation