Contexte géologique

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Contexte géologique
Caractérisée par des charriages, la chaîne rifaine est formée d’un ensemble de nappes
qui ont été charriées les unes sur les autres du nord vers le sud présentant des formes
géosynclinal. Le géosynclinal rifain a été transformé en un orogène complexe durant les
phases tectoniques tertiaires.
La structure géologique de la chaîne rifaine, elle prend forme d’un arc caractérisé par
un déversement (plis, écailles profondes) et un écoulement de nappes superficielles qui se font
des zones internes vers les zones externes intéressant la terre ferme.
Quant à la Lithologie des matériaux de la chaîne rifaine s'échelonne du Primaire au
Quaternaire donnant lieu à la prédominance des roches tendres et sensibles à l'érosion
(flyschs, argiles, schistes et marnes feuilletées).
Cette chaîne comprend :
- Le Rif septentrional composé, géomorphologiquement, de la chaîne calcaire et la zone
paléozoïque et cristallophyllienne.
- Le Rif oriental qui s'étend au-delà de la vallée de Nekkor.
- Le Prérif et le sillon sud rifain à collines et reliefs mou formés de roches tendres (argiles et
marnes).
- Le Rif central est composé de deux ensembles majeurs : Le premier issu de l'ancien sillon
externe, est constitué par les unités intrarifaines et à leur marge externe par les unités
mésorifaines. Le second est essentiellement allochtone et est constitué de nappes ultra-rifaines
couvrant le matériel rifain externe. Les nappes ultra-rifaines (Beni-Idere, Tizirene,
Chouamates- Melloussa et Numidienne) de provenance plus lointaine sont supposées issues
lors des compressions tertiaires de la partie interne du sillon. Parmi les nombreuses nappes
intrarifaines on distingue les unités de Tanger, de Kétama, de Habt, d'Aknoul , etc.
Domaines de la chaine rifaine :
La zone d’étude se trouve dans le Rif. Ce dernier est subdivisé en deux domaines
inégaux : le Domaine interne et le Domaine externe.
Le Domaine interne
Le Domaine interne résulte de l’empilement à vergence externe, dès l’Oligocène
supérieur, de trois ensembles de nappes, bien contrastés sur le terrain et qui sont dans le sens
interne – externe:
- Les Sebtides à matériel infracrustal (péridotites), entourées de terrains métamorphiques
de haut grade (kinzigites, gneiss) et de terrains sédimentaires affectés de métamorphisme;
- Les Ghomarides, terrains schisteux épi-métamorphiques hérités de la chaîne varisque ;
- La Dorsale calcaire, dominée par les formations carbonatées massives triasico-liasiques.
Le Domaine externe1
Le Domaine externe est côtoyé par le sud et par le SW l’ancien Domaine interne. Il est
le résultat de la structuration de la partie occidentale du sillon des flyschs maghrébins. Les
terrains de flysch (séries allant du Crétacé au Miocène inférieur) sont d’abord expulsés sous la
forme de nappes de charriage (nappes du Tisirène, des Béni Ider et du Numidien) sur leur
para-autochtone intra-rifain (unités de Tanger-Kétama et du Loukous) à partir du Burdigalien
moyen-supérieur). En même temps, le domaine mésorifain (série d’Ouezzane-Zoumi, «
1 El Khadiri K. et al «Oligocène inférieur de la série maurétanienne (nappe des Béni Ider, Rif septentrional,
Maroc) : implications paléogéographiques », Bulletin de l’Institut Scientifique, Rabat, section Sciences de la Terre,
2003, n° 25, 73-91.
ferrysch ») est structuré en bassins piggy-back recevant des accumulations silico-clastiques
souvent épaisses au
Miocène inférieur-moyen. Durant le restant du Miocène et jusqu’au Messinien, cette
disposition s’accentue par l’émergence du socle mésozoïque le long des anticlinaux de
propagation qui bordent des synclinaux syn-orogéniques, en particulier dans le Prérif interne
(caractérisé par les « sofs » jurassiques). Corrélativement, le Prérif externe évolue
progressivement en avant-fosse abritant des olistostromes.
Compte-tenu de la taille du sillon des flyschs maghrébins et des répercussions des
phases alpines successives durant le Méso-Cénozoïque, la reconstitution de l’évolution
paléogéographique détaillée dudit sillon ainsi que de ses raccords changeants avec le
Domaine interne, restent une tâche délicate.
Quant à la zone prédorsalienne, elle peut être définie comme étant la transition
paléogéographique possible entre la Dorsale calcaire, zone bordière de l’ancien « Domaine
interne », et la partie limitrophe du sillon des flyschs, représentée par la série maurétanienne.
Celle-ci couvre l’intervalle large Jurassique supérieur – Miocène inférieur et englobe les deux
séries du Tisirène et des Béni Ider.
En position plus externe, la série massylienne qui englobe les séries massylienne sensu
stricto et numidienne, est replacée du côté de la marge africaine.
Sur le plan stratigraphique, la série maurétanienne préserve la continuité entre les deux
grands corps gréseux qui la caractérisent dans les intervalles Barrémien – Albien (flysch
gréseux fin du Tisirène) et Oligocène supérieur – Burdigalien inférieur (flysch gréso-micacé
des Béni Ider), et ce en plusieurs endroits le long de la rive sud du détroit de Gibraltar et le
long de l’oued El Kébir des Béni Ider.
Nappes des flyschs
Quatre nappes de flyschs à distinguer dans la région de Tanger-Melloussa et qui sont :
- Nappes des grès à faciès numidien : situées à l’extrême nord-ouest du Rif occidental, au
nord de l’Oued Mharhar et entre celui-ci et l’Oued Haricha. C’est une nappe, caractérisée par
sa faible perméabilité est constituée des :
* Marnes gris-clairs et des marnes avec grès à faciès « contourites » (Burdigalien) ;
* Alternance de lits de grès à faciès numidien et de pélites ainsi que des pachystrates
gréseuses (Aquitanien) ;
* Pélites sableuses rouges à raraes niveaux microbréchiques : Eocène supérieur-Oligocène ;
* Argiles varicolores à tubotomaculum : Oligocène ;
* Pélites brunes à rares tubutomaculum avec localement de petits bancs de grès quartzitiques
flyschoides : Eocène moyen à Oligocène ;
* Argiles varicolores à bancs calcaires : Crétacé supérieur-Eocène.
- Nappes de Melloussa : se trouve au nord et à l’est de la zone d’étude et composée des :
* Pélites calcaires argileux fins à rares lits de microbrèche ; phtanites : Crétacé moyensupérieur ;
* Flysch pélito-quartzitique à petits lits et bancs quartzitiques vert-bouteuille : Barrémien à
Albien ;
* Pélites à rares lits micritiques et calcitiques (Néocomien).
- Nappes de Bni Ider et Nappes de Jbel Tisirène : les premières façonnent le territoire de
Tanger (au sud et à l’est) et essentiellement son arrière pays notamment aux cotés nord, est et
sud (Région de Melloussa). Les deuxièmes longe la ville de Tanger de son coté nord et
s’étend vers le territoire de Melloussa jusqu’à sa terminaison sud. Ces deux nappes sont
composées de :
* Flysch argilo-calcaire détritique à bancs de micrites argileux verdâtres et microbrèches :
Sénonien ;
* Alternance de grès métacés et de pélites à faciès flysch (Oligocène gréso-micacé) ;
* Argiles rouges à microbrèches, calcaires à silex en dalles : Cénomanien-Turonien ;
* Flysch du Tisirène :
- Alternance de grès jaunes à grains fins et d’argiles bariolées : Barrémien à Albien ;
- Argilites feuilletées à lits gréseux et bancs de micrites argileux : Néocomien.
- Nappes de Talaa-Lakraa : situées à l’est de la ville de Tanger et s’étend vers la zone
limitrophe entre Tanger et Ksar Es Sghir. Elles sont formées de :
* Flysch argilo-calcaireux à bancs détritiques : Séonien-Paléocène ;
* Flysch marno-gréseux à faciès Bni Ider et interaction de grès à faciès numidien : OligocèneAquitanien ;
* Argiles rouges à petits bancs de calcarinites (turbidites) ;
* Argiles à bancs doubles : microbréchiques (base) et micritiques (sommet) : Crétacé
supérieur, ou biocalcarénites : Eocène.
Schéma structural de Tanger, El Manzla et Melloussa au 1/500 000
Contexte hydrogéologique :
Dans la région de Tanger, les ressources en eau, notamment, souterraines, font preuve
d’une inégalité au niveau de la disponibilité et l’abondance. Ceci résulte des diversités liées :
- A la topographiques (sommets culminantes des montagnes du Rif d’une part, et basses
altitudes au niveau des plaines côtières de l’autre) ;
- Aux effets climatiques ((montagnes très arrosés et plaines orientales semi-arides) ;
- Aux formations géologiques (plaines et vallées réduites, zones étendues sans aquifères et
nappes karstiques très importantes).
A ce niveau la zone d’étude, faisant partie de la zone rifaine du domaine mésozoïque
(l’unité de Tanger externe), est formée essentiellement d’une série argileuse bien tassée à
intercalations de niveaux calcairo-gréseux qui a débouché sur une succession de terrains
argileux, d’une part, et gréso-calcaires de l’autre.
La plus grande partie des terrains de l’unité est constituée d’argiles et de marnes
schisteuses, ou de flyschs schisto-gréseux, rarement schisto-calcaires.
En relation avec l’eau, l‘unité de Tanger externe manifeste d’une pluviosité
relativement abondante qui fait face à la rareté des roches-réservoirs, aux risques de pertes
soit par ruissellement et/ou évapotranspiration.
A ce niveau, deux éléments majeurs sont à retenir :
- La prédominance des faciès argilo-schisteux engendre une extrême rareté de l’eau
souterraine qui n’existe que dans les grés numidiens et les alluvions fluviatiles avec de très
faibles débits.
- Les faciès numidiens, malgré qu’ils contiennent de l’eau, ne peuvent être considérés comme
des aquifères. Leur faible volume se conjugue avec la faible porosité ainsi qu’aux
intercalations des lits d’argilites importance hydrogéologique.
Les eaux de surface :
Les bassins du Tangérois sont drainés par trois oueds principaux : Oued Mharhar,
Oued Hachef et Oued Ayacha dont les bassins versants constituent les principales unités
hydrographiques. Ces bassins sont caractérisés par de fortes pentes dans la partie amont et par
des plaines à l'aval qui constituent de larges étendus d'épandage des eaux en périodes de
crues.
Volume et débits de pointe (période de retour décennale)
Oued
Bassin (Km2)
Débits
de
pointe Volume de la crue
(m3/s)
(Mm3)
Oued Hachef
650
800
36
Oued Mahrar
460
820
55
Oued Ayacha
272
450
11
Les Oueds Mharhar, Hachef et les cours d’eau de Boukhalf ainsi que Bougadou
débouchent dans l’océan Atlantique. Quant aux autres cours d’eau et qui sont les Oueds
Lihoud, Souani, Mghogha et Mellaleh, ils débouchent dans la mer Méditerranée.
A retenir l’existence de biens des sources d’eau2 de bonne qualité telles Aïn El Assel, Aïn
Dalia Kebira, Aïn Bellout, etc.
Les bassins du Tangérois dispose de deux barrages (Ibn Battouta et 9 avril 1947) ainsi
que des petites retenues sous forme de lacs collinaires (Boukhalf, Saboun, Sghir, Sidi Ahmed,
El Mekhfi et Moudjahidine).
Barrages et retenues d’eau
Barrages
Mise en service
Retenue (Mm 3 )
Volume régularisé (Mm 3 )
9 Avril 1947
1995
300
79
Ibn Batouta
1977
35
26
Boukhalef
1991
1,1
Saboun
1991
1,1
2
Particulièrement entre Tanger et le Cap Spartel.
Sghir
Total
1991
2.3
105
Les eaux de surfaces de surfaces diffèrent non seulement au niveau quantitatif, mais
également, et surtout, au niveau qualitatif. Si les eaux des Oueds Mharhar et Hachef sont
classées comme bonnes et servent comme eau potable suite à un traitement ordinaire de
désinfection, les eaux des Oueds Mghogha et Lihoud attestent d’une qualité dégradée à cause
de l’ampleur des rejets domestiques et industriels de la ville de Tanger.
Concernant les retenues des barrages Ibn Batouta et 9 Avril 1947, leur teneur en
chlorophylle-a témoigne de leur bonne qualité.
Il est à noter la grande ampleur du ruissellement et l’irrégularité des régimes
hydrologiques accentués par les écoulements torrentiels en périodes de crues3. Constat
résultant de la topographie accidentée des unités hydrographiques et la fréquence des
précipitations qui font face à des terrains le plus souvent imperméables.
Les disparités temporelles des précipitations font que les cours d’eau des bassins
Tangérois deviennent secs en été, et ce à l’exception, relativement, des Oueds Ksar Sghir et
Lediane situés à l'Est de la ville de Tanger.
Les
eaux
souterraines :
Vu sa situation géographique qui fait partie de la chaîne rifaine à faciès argiloschisteux faiblement perméable, la zone d’étude compte quelques aquifères dont le plus
important demeure celui de Charf El Akab considéré comme réservoir vital d’eau potable de
la ville de Tanger. La superficie de cet aquifère global est de 17Km2. elle est subdivisée en
deux :
- la nappe supérieure : s’étend sur une superficie de 10,5 Km2. Elle circule dans des sables
ainsi que des grès fins et repose sur substratum marneux sableux.
- La nappe inférieure : circule dans des formations biocalcarénites, des grès et des sables et
s’étend sur une superficie de 15.5 km2 dont 6.5 km2 d'affleurement ( à revoir).
Les autres ressources sont localisées au niveau de petits réservoirs et constituées de
petites nappes superficielles, tantôt, occupant des vallées alluviales et la partie altérée des
schistes, tantôt perchées dans les bancs calcaires ou gréseux des flyschs.
Ces nappes sont en nombre de quatre:
- Aquifère de Jbel Zhirou : Situé au Nord de Charf El Akab. Sa superficie est de l'ordre 22
km2 et ses apports sont évalués entre 1 et 3 Mm3/an.
- Aquifère de Jbel Mediar : Situé entre l'aquifère de Charf El Akab et le bassin d'El Hachef.
Sa superficie de près de 100 km2 et les apports sont évalués entre 7 et 15 Mm3/an.
- Aquifère de Jbel Kébir : à l'Ouest immédiat de Tanger. La superficie des affleurements est
de 35 km2. Les apports sont évalués entre 2 et 5 Mm3/an.
- Aquifère des grès d’El Habt : d'une superficie globale de l'ordre de 18 km2, leur épaisseur
moyenne est de 100 m.
Les efforts fournis en vue de mobiliser les ressources existantes en eaux ont contribué
à la régularisation d'un volume de l'ordre de 120 Mm3 dont 105Mm3 d'eau de surface.
3 Les apports mensuels maximums sont enregistrés entre les mois de Décembre et Février sous forme de crues à importants débits.
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