Economie / Afrique / BAD BAD : L'économie africaine est en phase de décollage (MFI / 14.06.11) La Conférence annuelle de la Banque africaine de développement (BAD) s’est tenue du 9 au 10 juin à Lisbonne, au Portugal. Après les effets de la crise économique et une année 2011 en demi-teinte, l'horizon semble s'éclaircir pour l'économie africaine. Les nouvelles sont plutôt bonnes puisque l’Afrique est en train de décoller. Depuis plusieurs années, l’Afrique accumule des records de croissance. En 2010, à peine sortie de la crise économique mondiale, le continent africain affichait 5 % de croissance. La base de la croissance, c'est l'appétit des Chinois, des Indiens, des Européens pour les matières premières, le pétrole, les mines de cuivre ou d'or. Il n'y a pas de semaine sans une annonce d'investissements en centaines de millions de dollars. Ces injections de capitaux entraînent dans leur sillage le développement d’industries locales, de la téléphonie mobile, des services. Une croissance fondée sur l’appétit des « ogres asiatiques » Mais 2011 devrait être une année en demi-teinte. Les crises politiques en Tunisie, en Egypte et en Côte d'Ivoire ont coûté cher à ces pays en termes économiques. Leur activité a été paralysée pendant le premier trimestre 2011. A Tunis, au Caire, si tout va bien d'ici la fin de l'année, on s'en tirera au mieux avec une quasi-stagnation du produit intérieur brut (PIB), c'est-à-dire de la richesse produite par l'ensemble des agents économiques. En Côte d’Ivoire, où la crise a duré plus longtemps, le coût sera plus élevé et la croissance 2011 devrait rester négative. Conséquence, l’impact se fera ressentir dans les statistiques globales du continent africain où la croissance ne devrait pas dépasser les 4 %. Mais 2012 devrait permettre à l’Afrique de retrouver un rythme de croissance de 5 à 6 % annuel. Une croissance fondée essentiellement sur l’appétit des « ogres asiatiques » Chine et Inde, pour les matières premières africaines. Une classe moyenne apparaît qui consomme De l’Afrique du Sud à la République démocratique du Congo en passant par le Nigeria, peu de semaines se passent sans annonce d’investissements dans les mines ou les gisements de pétrole. Ces investissements tournent la plupart du temps autour du milliard de dollars. Ils entraînent d’importantes retombées pour l’activité économique générale des zones dans lesquelles ils interviennent. Outre la main-d’œuvre locale qui trouve un emploi, il faut aussi, souvent, développer les infrastructures électriques, routières, ferrées, portuaires qui permettront d’exporter les produits de base dont regorge le sous-sol africain. Cette croissance est appelée à durer. D’abord, parce que les industries asiatiques ont des besoins de plus en plus vitaux à satisfaire. Ensuite, parce que les richesses minières africaines sont considérables et qu’on est loin de les avoir toutes exploitées. Grâce à ces énormes injections de capitaux, l’Afrique accumule des ressources financières qui lui permettent peu à peu de se dégager de cette seule production minière. Une classe moyenne apparaît qui consomme. Des marchandises de plus en plus nombreuses circulent à travers le continent. Les industries locales se diversifient peu à peu... De nombreux défis restent cependant à relever pour considérer que l’Afrique a échappé au sous- développement. D’abord, le chômage continue à frapper une partie majoritaire de la population africaine, en particulier des jeunes africains et des jeunes africaines. La misère est particulièrement sensible dans les milieux ruraux qui ont été abandonnés par les gouvernements centraux pendant des années. La crise alimentaire de 2008 a contribué à inverser la tendance mais la production agricole ne peut encore répondre à la demande. Enfin, l’Afrique manque cruellement d’électricité. De l’Afrique du Sud à l’Ethiopie, du Sénégal au Kenya, le problème se pose partout. C’est l’un des principaux obstacles à l’accélération du processus de développement actuellement en cours en Afrique. Jean-Pierre Boris