303sq2séance6 - Mon année de lettres

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SEANCE 6
Grammaire
Les difficultés de la mémoire : étude de la modalisation
Plus j'avance dans mes souvenirs, plus je suis hésitant quant à la façon de les rédiger. Je ne peux
décrire les événements en liaison avec mes états d'âme, car je ne me souviens pas de cette liaison ni
de la succession de mes états d'âme. D'autre part, en dépeignant, comme je l'ai fait jusqu'à présent,
des personnages séparés, au milieu desquels s'est déroulée mon enfance, je ne sais où m'arrêter
dans l'évocation du destin de ces personnages : m'arrêter là où finit mon enfance, je n'en ai pas
envie, parce que je n'aurai peut-être plus l'occasion de revenir à ces personnages : or, ils sont
intéressants ; d'autre part, poursuivre la description de ces personnages plus loin que mon enfance
serait peu clair pour le lecteur qui perdrait le fil du récit.
Je vais continuer comme cela viendra. Je doute d'avoir le temps de raconter toute ma vie, je suis
même sûr du contraire, aussi vais-je écrire comme cela viendra, sans me corriger. Ce sera toujours
mieux que rien pour ceux que peut intéresser ma vie et pour moi qui passe ma vie en revue et qui en
retire beaucoup de profit.
Donc, je poursuis comme j'en avais l'intention : en décrivant d'abord ceux de nos domestiques qui
vivaient le plus près de nous et qui m'ont tous laissé un bon souvenir, puis ma sœur et mes frères.
Lorsque j'aurai terminé, je ferai un récit en suivant le temps, mais sans lien, à bâtons rompus, de ce
qui m'est resté de mes impressions les plus fortes, les unes plus tôt, les autres plus tard.
Léon TOLSTOÏ, Souvenirs, Trad. Sylvie LUNEAU,
Questions préparatoires :
1. Quelles sont les difficultés de la mémoire évoquées par Tolstoï?
2. Relevez les phrases et les expressions qui montrent que l'auteur est hésitant quant à la façon
d'écrire ses souvenirs.
Ecriture :
Rédigez un paragraphe dans lequel vous allez tenter d'évoquer votre souvenir le plus ancien (réel ou
fictif). Afin de montrer vos difficultés, vous utiliserez un très grand nombre de modalisateurs (que
vous soulignerez en rouge.).
I-
Questions préparatoires :
1)
-
Tolstoï évoque 3 difficultés principales de la mémoire :
La difficulté à se souvenir de tout, dans les moindres détails
-
Ne pas savoir où commencer ni où arrêter son récit
-
La difficulté à lier ensemble les évènements d’une vie
2) Voir texte
II-
A retenir (voir fiche synthèse) :
La modalisation du discours
Rares sont les énoncés qui restent objectifs, neutres. Nombreux sont ceux qui reposent, d’une façon
ou d’une autre, sur des modalisateurs, procédés par lesquels le locuteur révèle son point de vue.
Quand un énoncé contient les traces, les indices de la subjectivité de son locuteur, c’est ce qu’on
appelle « la modalisation du discours ».
La modalisation est l’attitude qu’adopte le locuteur par rapport au contenu de son énoncé. Il peut
l’évaluer, le présenter comme incertain, vrai ou faux et y adhérer un peu, beaucoup, ne pas
s’impliquer ou même le rejeter.
Les modalisateurs peuvent être :
Des signes de ponctuation et de typographie : guillemets, mots en italique (prise de distance par
rapport à l’énoncé), caractères gras, majuscules etc.
Des adverbes ou des groupes nominaux prépositionnels compléments circonstanciels
marquant le doute, la certitude, la distance… (peut-être, sans doute, à vrai dire, en réalité,
selon, aux dires de …).
Des adjectifs évaluatifs (possible, probable, éventuel, difficile) ou des tournures attributives
(déclarer probable, être difficile à).
Des auxiliaires modaux exprimant la possibilité, l’éventualité, la probabilité (pouvoir, vouloir,
devoir).
Des verbes à valeur modale (paraître, sembler).
Des verbes d’opinion (penser, juger, estimer, supposer, affirmer etc.)
Des temps et des modes à valeur modale : le subjonctif (incertitude), futur et présent de
l’indicatif (fait probable, éventuel, possible), le conditionnel ( fait potentiel, fait incertain et
douteux).
Des phrases interrogatives (incertitude, doute), des phrases déclaratives ou assertives
(certitude), des phrases exclamatives (subjectivité), des phrases impératives (injonction).
Des subordonnées hypothétiques (potentiel, incertitude) : « Que dirait la chambre, si quelqu’un
se levait et disait ces paroles sérieuses ».
Le vocabulaire mélioratif et péjoratif (voir connotation et dénotation).
Les figures de style (la comparaison, la métaphore, l’hyperbole, la litote, l’antiphrase etc.)
La forme emphatique (mise en valeur) : « Cette maladie, vous la traitez mal ».
Remarque : tous ces procédés de modalisation peuvent se combiner : « il semblerait qu’il soit
possible de cloner l’être humain. »
A retenir : selon les modalisateurs et le vocabulaire utilisé, l’émetteur d’un énoncé prend plus ou
moins de distance, reste plus ou moins neutre par rapport à ce qu’il dit.
Exercice1 : Repérez les modalisateurs utilisés dans les énoncés suivants.
a) Lui, t’apprécier ? forme emphatique + phrase interrogative
b) Il est évident que les voyages permettent une plus grande ouverture d’esprit. Phrase
déclarative + adjectif évaluatif
c) Il semble sûr de lui. Verbe à valeur modale + adjectif évaluatif
d) Je dis que tu as tort et je n’en démordrai pas. Phrase affirmative + verbe de parole + adjectif
évaluatif
e) Il est maigre comme un lacet. Comparaison péjorative
Exercice 2 : Parmi ces énoncés, soulignés ceux qui traduisent une prise de position du locuteur.
a)
b)
c)
d)
III-
Le temps est couvert aujourd’hui.
L’incendie est sans doute d’origine criminelle.
Spielberg est, décidément, le maître du sensationnel.
En latin, la forme des mots indique leur fonction dans la phrase.
Travail d’écriture :
Je me souviens du jour de mon anniversaire, mais à vrai dire, il m’est difficile de me
rappeler de tous les détails. Il me semble que toute ma famille était réunie, du moins je
le crois, mais peut-être mes grands-parents étaient absents. Y avait-il beaucoup de gens
heureux ce jour-là ? Certainement.
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