Fiche 8

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COMMERCE EXTÉRIEUR
Le commerce extérieur d'une nation désigne généralement l'ensemble des échanges de biens et de
services entre cette nation et les autres pays. Toutefois, la balance des paiements retient une
conception plus étroite du commerce extérieur (échanges de marchandises).
1. Les instruments d'analyse du commerce extérieur
1.1 Le solde commercial
Le solde commercial est la différence entre les exportations (ventes de produits nationaux à
l'étranger) et les importations (achats de produits étrangers) de marchandises. Le solde est calculé
en valeur, c'est-à-dire en euros courants.
solde commercial = exportations - importations
On peut le calculer pour l'ensemble d'une économie, pour un secteur (l'industrie par exemple) ou
pour une zone géographique (le solde franco-allemand est calculé avec les exportations françaises
en Allemagne et les importations de produits allemands en France). On dira qu'il y a un déficit
commercial si le solde est négatif (importations supérieures aux exportations) et un excédent s'il
est positif (exportations supérieures aux importations). Si le solde est égal à 0, le commerce
extérieur est en équilibre (équilibre commercial).
1.2 Le taux de couverture
Le taux de couverture permet de comparer, pour une économie ou un secteur particulier, les
exportations et les importations, celles-ci étant mesurées en valeur ou en volume. Il s'exprime en
pourcentage.
Taux de couverture = Exportations/Importations x 100.
Si le commerce extérieur est en équilibre, le taux de couverture est de 100%, puisque les
exportations et les importations sont égales
1.3 Les termes de l'échange
Les termes de l'échange s'intéressent aux prix des produits importés et exportés.
terme de l'échange = prix des exportations / prix des importations
Cet indicateur est précieux pour mesurer des évolutions. Imaginons que d'une année sur l'autre, le
volume des exportations et des importations ne change pas et supposons qu'il y ait équilibre la
première année. On échange donc toujours les mêmes quantités. Mais si durant cette période les
prix des produits exportés diminuent alors que ceux des produits importés augmentent, le solde
commercial va diminuer (la valeur des exportations sera inférieure à celle des importations). Dans
ce cas, il y a une dégradation des termes de l'échange.
Cette notion montre aussi que l'on peut accroître l'excédent commercial en vendant les mêmes
quantités de produits à l'étranger si leurs prix relatifs augmentent.
1.4 Le degré d'ouverture d'une économie
Ce degré d'ouverture mesure la place que tient l'environnement extérieur (les autres économies)
dans l'économie nationale.
degré d'ouverture = moyenne des exportations et des importations / PIB
La France s'est ainsi largement ouverte sur l'extérieur puisque son degré d'ouverture est passé de
moins de 15% du PIB au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à près de 30% aujourd'hui.
1.5 Taux de pénétration et effort à l'exportation
Le taux de pénétration, calculé pour une économie, un secteur ou une branche (l'automobile, par
exemple), indique la part du marché intérieur qui est couverte par les importations.
taux de pénétration = importations / marché intérieur x 100
Le marché intérieur représente la production nationale augmentée des importations et diminuée
des exportations (P + I - E). La part de la production nationale qui est exportée est appelée
effort à l'exportation = exportations / production x 100
1.6 Le décalage conjoncturel
Enfin, la notion de décalage conjoncturel permet de comparer les évolutions respectives de la
demande nationale et de la demande des clients extérieurs. Si la demande augmente plus fortement
en France que chez ses partenaires commerciaux, il se produira mécaniquement une augmentation
des importations en France et une baisse des exportations vers l'étranger, ce qui détériorera le
solde commercial. Le décalage conjoncturel peut aussi jouer de façon favorable si la croissance
économique des partenaires de la France est plus rapide que la croissance de l'économie française.
2. Compétitivité et spécialisation
L'analyse du commerce extérieur permet d'évaluer les forces et les faiblesses d'une économie.
2.1 La compétitivité
La compétitivité représente la capacité d'une entreprise, d'un secteur ou d'une économie à faire
face à la concurrence étrangère, tant sur les marchés extérieurs que sur son marché interne. La part
de marché est la principale mesure de la compétitivité. La compétitivité de l'industrie française en
Europe se mesure par la part de marché à l'exportation suivante :
exportations industrielles françaises en Europe / somme des importations industrielles européennes
La part de marché interne (qui est le complémentaire du taux de pénétration) des industries
automobiles françaises est : (production automobile nationale – exportations) / marché intérieur automobile
Un secteur, par exemple, peut être compétitif car il vend moins cher que ses concurrents ; on
parlera alors de compétitivité-prix. La compétitivité-prix fait intervenir trois éléments différents :
- les coûts de production : les produits sont d'autant plus chers que les coûts de matières premières
ou les coûts salariaux, par exemple, sont élevés ;
- le comportement de marge des exportateurs : les prix des produits vendus à l'étranger peuvent
être relevés afin d'augmenter les marges perçues ;
- le taux de change : les produits sont plus onéreux en cas d'appréciation de la monnaie.
Ces trois éléments peuvent évoluer différemment, se compenser ou se renforcer l'un l'autre. Par
exemple, si les taux de change ne varient pas, une entreprise peut compenser des coûts de
production (compétitivité-coût) plus élevés que chez ses concurrents étrangers en acceptant de
réduire sa marge afin d'aligner ses prix sur la concurrence.
Mais le niveau de prix n'est pas le seul élément qui entre en compte dans la décision d'achat. Les
produits se vendent aussi pour d'autres raisons (qualité, efficacité du réseau de commercialisation,
sérieux du service, positionnement dans la gamme, image de marque, etc.). On regroupe
l'ensemble de ces éléments, qui expliquent aussi les performances des entreprises à l'exportation,
sous le terme de compétitivité structurelle
2.2 La spécialisation
A la différence de la compétitivité qui désigne plutôt un résultat, la spécialisation représente la
répartition des activités productives entre les différents pays qui participent à l'échange
international. La spécialisation s'oppose ainsi à l'autosuffisance.
Mais la notion de spécialisation permet aussi de caractériser le commerce extérieur d'un pays car
on met en relation la situation de son appareil productif, découpé en secteurs, branches ou
entreprises, et les performances réalisées à l'extérieur. Grâce aux indicateurs que sont le taux de
couverture et le solde commercial, on met ainsi en évidence les points forts (secteurs où le taux de
couverture est élevé ou dont le solde commercial est important) et les points faibles d'une
économie. On peut alors classer les différentes nations, selon le nombre et l'importance de leurs
points forts, ou analyser une économie particulière en examinant l'évolution de ses forces et
faiblesses. Une économie peut être ainsi plus ou moins spécialisée.
La spécialisation peut être sectorielle ou géographique (lorsque les taux de couverture et les soldes
sont calculés, pour tous les produits, entre la France et une certaine zone choisie).
La notion de spécialisation peut aussi permettre d'apprécier, de façon dynamique, la situation du
commerce extérieur en analysant sa position plus ou moins favorable face aux évolutions futures
de la demande mondiale. Si un pays produit des biens qui sont de plus en plus demandés (produits
de haute technologie par exemple), son économie présente une spécialisation favorable. En
revanche, la spécialisation sera défavorable s'il produit des biens qui sont de moins en moins
demandés ou s'il vend à des zones dont la demande diminue fortement (mauvaise spécialisation
géographique).
3. La contrainte extérieure
3.1 Définition
La notion de contrainte extérieure traduit la dépendance d'une économie à l'égard des autres
économies et peut se définir par l'impossibilité pour certains pays de concilier une croissance forte
et l'équilibre des échanges avec l'extérieur.
La principale manifestation de cette contrainte extérieure est donc l'existence d'un déficit
commercial ou d'un déficit des transactions courantes. Comme un pays ne peut pas être longtemps,
et de façon importante, déficitaire, il doit chercher à réduire ses importations et à accroître ses
exportations. Il cherchera ainsi à éviter une trop forte demande interne de biens de consommation
et d'équipement, ce oui permettra d'une part, de limiter la quantité de biens importés et d'autre part,
de libérer pour les clients étrangers (exportations) des produits qui ne seront plus destinés aux
clients internes.
Une illustration de ces liens entre croissance et équilibre extérieur est donnée par l'échec de la
politique française de relance de 1981-1982, car la vive relance de la demande s'est traduite par
une augmentation très nette des importations et un déficit commercial considérable, ce qui a
contraint les autorités à ralentir l'activité économique (politique de rigueur à partir de 1983).
3.2 Les composantes de la contrainte extérieure
La contrainte extérieure est apparue dans les années 70 avec la contrainte énergétique, celle-ci
revêtant une double forme : l'importance de la facture pétrolière dans l'apparition et l'aggravation
du déficit commercial et l'obligation d'importer davantage de produits énergétiques avec
l'augmentation de l'activité. Cette contrainte énergétique a obligé de nombreux pays à développer
leurs exportations et à accroître leur ouverture sur l'extérieur afin de pouvoir financer leurs
importations de pétrole. L'interdépendance des économies s'est donc fortement accentuée et,
aujourd'hui, la conjoncture interne d'un pays est beaucoup plus liée qu'autrefois à l'évolution de la
conjoncture internationale (croissance américaine, chocs pétroliers par exemple). Une politique
nationale autonome devient ainsi plus difficile à mener.
Cependant, tous les pays ne sont pas soumis à la contrainte extérieure. Celle-ci s'impose aux
économies souffrant d'une faible compétitivité, externe autant qu'interne (les importations
augmentent aussi lorsque les entreprises nationales sont incapables de répondre correctement à
une augmentation brutale de la demande), et d'une faiblesse de l'offre.
La modification des taux de change peut permettre de desserrer cette contrainte (avec une
dépréciation), mais certains pays, comme les pays adhérents du Système monétaire européen, ont
pris des engagements qui excluent une telle politique. Lorsque ces pays doivent. comme la France,
maintenir des taux d'intérêt élevés pour respecter la parité de leur monnaie, ils se trouvent
confrontés au volet monétaire de la contrainte extérieure dans la mesure où ces taux élevés
pénalisent la croissance.
La contrainte extérieure se manifeste aussi à travers les "contenus en importations" des
composantes de la demande. L'INSEE a calculé, au début des années 90, que 100 euros
consommés par les ménages renfermaient 18 euros de produits importés (produits finis mais aussi
consommations intermédiaires), 100 euros exportés comportaient 23 euros de produits importés et
100 euros investis intégraient 28 euros d'importations. Ainsi, investir ou exporter davantage
conduisent aussi à accroître les importations et à peser sur l'équilibre extérieur.
La contrainte extérieure
Causes
Manifestations
Conséquences
-faible compétitivité
- offre des entreprises
insuffisante ou inadaptée
- contenu en
importation
élevé
- déficit extérieur
important
- impossibilité d'utiliser
le taux de change pour encourager
les exportations
- contrainte
énergétique
- croissance bridée
- politique économique
plus difficile
- dépendance de la
conjoncture mondiale
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