Le rôle de l’État dans la théorie économique I Le mercantilisme contexte : colonisation du Nouveau Monde et triomphe de la monarchie absolue (XVIe et XVIIe siècles) = prééminence de l’Etat ensemble de mesures de politique économique basées sur l’intervention étatique : - protectionnisme douanier (barrières tarifaires) - sous-évaluation de la monnaie nationale - octroi de monopoles et de privilèges - réglementation des métiers - aide à la colonisation - création de manufactures royales - aide à la constitution de compagnies commerciales - réglementation des échanges - dvpt des transports Etat doit permettre à l’activité individuelle de s’épanouir Ortiz : insistance sur l’idée que la puissance d’un Etat dépend de la quantité d’or et métaux précieux qu’il possède (métaux précieux du Nouveau Monde) II La physiocratie contre l’intervention de l’Etat : l’échange doit être libre 1789 : libéralisation du commerce des grains 1790 : création de l’impôt sur la terre Dauphin : « Et que feriez-vous si vous étiez roi ? » Quesnay : « Je ne ferai rien ! » → laisser agir la libre concurrence pour que les produits agricoles atteignent le « bon prix » + émulation (=sentiment qui pousse à égaler ou à surpasser quelqu’un) (moteur de la production) → liberté économique (travail / industrie / commerce) Dupont de Nemours « laisser faire, laisser passer » Quesnay : baisse de l’impôt pour faciliter la production et baisser les prix à la consommation → conception très proche des thèses actuelles sur l’Etat minimum libéralisme, mais absence de liberté politique (→ despotisme éclairé) III Les classiques - État : fonctions régaliennes (ou tutélaires) = État-gendarme Défense (armée, police, justice) : Smith, « État doit s’occuper de l’édification et de l’entretien des ouvrages d’art », c’est-à-dire des actions qui ne peuvent être entreprises ni entretenues par un ou des particuliers. - Infrastructures - Justice Pour Smith, l’État ne doit pas sortir de ces rôles et ne doit pas intervenir dans l’économie. Pensée véritablement révolutionnaire : sortie de l’idée d’un État absolutiste, lutte contre les privilèges. Absence de réglementation excessive (« main invisible ») : - Impôt = contrainte sur le développement de l’offre et de l’investissement - État général dépend de la réalisation des intérêts particuliers de chacun Respect de la loi naturelle (marché) : si elle s’applique, on obtient l’optimum de satisfaction pour chacun. L’intérêt général dépend de la recherche individuelle de son intérêt égoïste, il naît de la liberté laissée à chacun d’agir qui explique le processus de division du travail. Smith : « Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme et ce n'est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage. Il n'y a qu'un mendiant qui puisse se résoudre à dépendre de la bienveillance d'autrui. » - Liberté permet l’innovation, le progrès et la division du travail (recherche de gains de productivité) IV Marx (et les marxistes) L’idéologie de l’intérêt général est défendue par l’État sous ses différentes formes mais toujours sous le contrôle de la classe dominante => alliance entre bourgeoisie et État. De même, la thématique de l’égalité des chances masque la reproduction sociale. Les étapes de la construction de la société sans classes sont : étape de transition du capitalisme vers le socialisme : la dictature du prolétariat : l’État subsiste pour défendre l’intérêt des travailleurs, mais commence aussitôt à dépérir ; survie partielle de la production marchande et de l’économie monétaire, de plusieurs classes et couches sociales ; planification, appropriation collective des grands moyens de production ; développement de la démocratie et de l’autogestion. étape du socialisme : disparition de l’État ; dépérissement des classes sociales par la disparition de l’économie marchande et monétaire ; autogestion, socialisation des moyens de production, le surtravail du travailleur revient à la société tout entière ; la rétribution de chacun, même si les besoins de base sont gratuitement satisfaits, continue à être mesurée en fonction de la quantité de travail fournie à la société. étape du communisme : principe général: “de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins”; disparition de la division du travail, de la séparation du travail manuel et intellectuel; la société est organisée sous la forme de communes libres de producteursconsommateurs, capables de s’administrer eux-mêmes sans aucun organe séparé. Le communisme est donc l’étape supérieure, ultime, du développement historique après le renversement du système capitaliste. Marx s’est néanmoins refusé à “donner des recettes pour les marmites de l’avenir”; l’organisation concrète de cette société n’est pas proposée. Pour Marx le communisme n’est pas une utopie; il est certes un idéal, une idée régulatrice, un pari sur la rationalité de l’humanité, mais il est inscrit dans le développement de l’histoire humaine et suppose que soient réalisées des conditions à la fois économiques, politiques, sociales, culturelles. V Les néo-classiques Les néoclassiques mettent au centre de leur analyse l’individu rationnel, « homo œconomicus » (sujet épistémologique) qui effectue un calcul économique pour atteindre ses objectifs sous les contraintes qui s’imposent à lui => problème d’optimisation. Il y a donc un rejet de tout interventionnisme étatique suivant la formule de Gournay : « laisser faire les hommes, laisser passer les marchandises ». Musgrave définit trois fonctions principales de l’État : -fonction d’affectation (satisfaire les besoins collectifs et internaliser les effets externes) -fonction redistributive (répartir les revenus à la suite d’un jugement normatif) -fonction de stabilisation (assurer la régulation de l’économie par la régulation de la demande globale pour obtenir le plein-emploi sans inflation). L’ophélimité parétienne peut être atteinte quand l’équilibre général est réalisé. Mais les conditions extrêmement restrictives de la réalisation de l’optimum ouvrent la porte à l’intervention de l’État (notamment pour les biens collectifs, produits dont la consommation est indivisible comme l’éclairage public ou la pollution, bien aux effets externes). Il existe des situations de concurrence imparfaite où l’intervention de l’État peut s’avérer nécessaire. Cet interventionnisme est cependant combattu par les autres néoclassiques : - Risque de passager clandestin (Samuelson) : individu qui profite des biens collectifs sans en payer le coût (même principe que le pacte de stabilité). - « Logique du tout ou rien » : si une condition de l’optimum de Pareto n’est pas remplie, il est inutile de satisfaire les autres, on ne peut pas créer de situation d’ophélimité. Paradoxe de Condorcet : pour Arrow (1951), même si les préférences individuelles sont toutes cohérentes, on ne peut pas en déduire une relation de préférence collective cohérente par un procédé démocratique. Si les jugements de valeur peuvent être représentés par un grand nombre d’ordres individuels, l’idéologie de la souveraineté du travailleur est incompatible avec l’hypothèse de rationalité collective. Pour l’école optimaliste de Kantorovitch, théoricien de la réforme socialiste des années 60 et partisan d’une mathématisation de l’économie (prix Nobel en 1975), la planification remplace le marché tout en restant dans une logique parétienne (le planificateur remplace le commissaire-priseur walrassien). La pensée néoclassique est donc compatible avec une intervention importante de l’État. VI Schumpeter Les facteurs externes (l’État, l’or -la monnaie-, la démographie) ne jouent qu’un rôle peu important, Schumpeter se montre donc critique de l’analyse en termes de pouvoir par tête. VII Keynes et les keynésiens Les politiques budgétaires, de grands travaux, d’I de l’État sous forme d’infrastructures ont pour but de diffuser du pouvoir d’achat dans l’économie, de redistribuer des revenus et donc de stimuler la demande, etc. etc. critique : on reproche le dvpt trop important des structures étatiques et l’élévation des prélèvements obligatoires (Économie de l’offre avec Courbe de Laffer), mais un certain nb de mécanismes keynésiens continuent de fonctionner (État providence, redistribution, …) → frein à la crise (permettent d’éviter une dépression trop forte) VIII Le monétarisme L’un de ses 3 principes de base est que l’État doit s’abstenir de toute intervention dans l’allocation des ressources. L’État est un agent particulier et par son intervention, il engendre des comportements arbitraux. Si l’État intervient trop, il y a une fausse anticipation des agents et l’équilibre économique est perturbé. Depuis 50’s, pensée monétariste dont l’un des projets est de dénoncer le keynésianisme « keyneso-classique » L’un des axes qui, selon Karl Brunner (qui a inventé le terme monétarisme), guident l’analyse monétariste est que les autorités monétaires peuvent contrôler l’évolution de la masse monétaire pour réguler les cycles économiques. Milton Friedman a démontré la complexité des politiques de stabilisations. Il prône la supériorité du marché sur toute autre forme de régulation. (postulat de l’école néo-classique). Les contrôles centralisés des prix et des salaires provoquent des distorsion, sources d’inefficacité et de gaspillage de la main d’œuvre : l’inflation est encouragée car les agents économiques essayent de se rattraper sur d’autres prix faute de pouvoir accéder de la meilleur façon possible au marché officiel. Pour Friedman, il existe un seuil en dessous duquel le chômage ne peut pas descendre, c’est le taux de chômage naturel, cad qui résulte de la régulation du marché sans aucune intervention étatique. Friedman conduit à considérer que tt réglage financier de la conjoncture économique est impossible → rupture avec le courant de la synthèse (microéco class + macro keynésienne) Comme la monnaie n’est pas neutre pour l’activité économique, il faut avoir un usage extrêmement modéré de la politique monétaire car si on en abuse, on aura des effets pervers : la créa° de monnaie modifie la hiérarchie des prix, l’apprécia° que les agents éco peuvent avoir de l’activité éco. Cette pol mon ne doit dc pas dépendre des apprécia° des décideurs éco, elle doit ê pr Friedman la + neutre possible ; cette pol doit dc ê stable et stricte, de telle façon que les anticipa° que les agents écos feront ne soient pas perturbées par les modifica° des prix. La règle la + simple est que la masse mon croisse à un tx fixe sans varia° ds le tx de croissance qui serait destiné à suivre les cycles écos. La politique budgétaire doit rester neutre car faute d’accompagnement mon, elle aurait sur la P et les prix un as° inefficace Friedman est contre têtes les politiques publique et ts les systèmes d’organisation économique trop contraignants ; il est également contre ts les systèmes de changes fixes (Bretton Woods) et préconise la mise en place d’un système de changes flexibles « Ds un sys de tx de change fluctuants, le pbl de liquidité disparaît, les réserves de devises deviennent inutiles. » → ac sys de changes flexibles, la contrainte extérieure disparaît et les politiques budgétaires peuvent ê orientées vers les pbl intérieurs → critique radicale de ttes les politiques élaborées depuis les 30’s => volonté de mise en place de sys de régula° bcp + spontanés. monétarisme budgétaire = Brunner, Meltzer Le déficit budgétaire a une influence sur la P et les prix. Il faut limiter le déficit budgétaire et la pression fiscale pour avoir une croissance saine. monétarisme des anticipations rationnelles : Muth, Lucas, Sargent, Wallace il met en cause l’existence d’anticipa° adaptatives, il va + loin ds la théorie de Friedman, il peut exister une part d’illusion monétaire, du moins à très court terme Pr eux, les anticipa° st rationnelles, cad qu’elles empêchent tte autorité monétaire de tromper les agents écos ; tt agent éco est immédiatement au fait de la réalité monétaire. IX La nouvelle économie libérale A) La nouvelle école classique (NEC) Elle démontre l’incapacité des politiques écos à lutter contre le chô. Sargent, Lucas, Prescott, Wallace Les agents économiques ont des anticipa° rationnelles (sans retard) = prévisions informées sur les événements à venir. Cette information est f° de l’ens des valeurs observées ds le passé ms aussi de ttes les infos dont ils ont connaissance et qui peuvent agir sur la valeur future de la variable qui les intéresse. ex : baisse d’impôts annoncée = pr les agents une hausse future de l’infla° ou une hausse des impôts ds le future => hausse de l’S par anticipa° au lieu de la hausse de C recherchée Le multiplicateur budgétaire keynésien est dc réduit et la pol budgétaire keynésienne est limitée ds sa portée. Les anticipa° peuvent même conduire à des « parties de cache-cache » entre gouvernants et gouvernés : politique budgétaire = gadget qui a pr f° de stimuler l’activité économique pol mon : bouger le tx d’intérêt (modifier le coût de l’argent) peut donner lieu à des anticipations et des effets pervers. ex : quand une baisse du tx d’î du livret A est annoncée, les gens se précipitent pour ouvrir un PEL B) La théorie de l’offre (Supply siders economics) Laffer, Guilder, P.C. Roberts Ils renouent ac la loi des débouchés de Say et ne croient pas ds la vertu régulatrice du Ma pr assurer la meilleure alloca° des ressources et déterminer seul la hiérarchie des prix relatifs nécessaires à l’optimum parétien Courbe de Laffer Au-delà d’un certain tx d’imposition, l’impôt est contre-productif → zone de désincita° au L et à l’activité éco => réformes fiscales sont nécessaires La baisse des tx marginaux est préconisée, ce qui s’applique particulièrement aux R élevés critique radicale de ttes les politiques de redistribu°, qui st considérées com contreproductives. En prélevant les + riches pr redistribuer aux pauvres, on paralyse le R futur + important. « Ds le système d’État-providence, protestations et revendications remplacent diligence et discipline comme source de R. » Guilbert Il faut stimuler l’O car l’efficacité de l’éco est dépendante de cette capacité des individus à générer des richesses futures ainsi que de leur motiva°. méfiance des agents écos accrue envers les E C) L’école du Public Choice Elle s’intéresse au rôle de la puissance publique et essaye d’en vérifier l’efficacité. Son but est de renouveler l’analyse néoclassique de l’E. Cette école reconnaît l’imperfec° des Ma du fait de l’indivisibilité de certains biens (ex : défense nationale) et dc de la difficulté d’y accéder par le Ma + les effets externes de ces biens. théorie assez critique de l’E notamment, critique de la théorie de l’intérêt général Buchanan a montré qu’en général, l’E n’adopte pas des solutions optimales. L’ac° publique, d’une façon générale, adopte tjs une solution qui optimise la satisfaction des décideurs (fonctionnaires, élus) plus que la satisfac° de la collectivité. L’élu, dans sa recherche du pouvoir adopte des positions qui visent sa réélection. Cela explique le poids des lobbies dans l’action publique. L’homo oeconomicus, face à ce fonctionnement, est conduit à adopter une position de cavalier libre (il bénéficie des avantages sans en supporter les coûts et même en les aggravants) Buchanan critique les modalités d’organisation de la démocratie : le scrutin majoritaire ne crée pas les conditions de l’efficacité sociale et en particulier elle conduit à l’émergence de groupes de pressions et à un marchandage politique → adoption de règle → hausse structurelle des coûts sociaux au regard des gains attendus = théorie du vote Tullock montre que les comportements bureaucratiques ont la même incidence sur la dépense de l’E. Le bureaucrate préfère l’immobilité au chgt, la croissance du budget qu’il gère à la stagnation ou la baisse. Il défend ses intérêts propres (carrière) ou ceux de son service. Théorie des effets pervers. X L’école de la régulation L’État est à la fois l’instrument de la lutte des classes et un arbitre au-dessus de cette lutte. Il possède un appareil idéologique qui s’exprime par l’école, les médias, les syndicats et les églises et un appareil répressif qui contraint (armée, police, justice). L’école de la régulation reprend l’idée de Poulantzas qui insiste sur le rôle organisationnel de l’État qui n’est pas seulement répressif mais cherche un « équilibre instable » et un compromis entre les différentes formes sociales. Il intervient aussi dans le jeu économique et social. L’internationalisation provoque ainsi une crise de l’État et un bouleversement de la régulation qu’il exerce. Quelle forme peut-il adopter pour satisfaire les nouveaux besoins de l’appareil productif ? La même question se pose pour la monnaie, dont l’utilisation est aujourd’hui différente de ce qu’elle a été dans le passé.