IBM PS/VP P60D Le mariage Pentium - PCI Dans sa gamme PS/ValuePoint, IBM vient de réaliser le modèle P60D avec un P pour Pentium ,60 pour une cadence de 60 MHz et D pour Desktop. Quel nom poétique ! Avec un tel monstre aux 3 millions de transistor, à l' architecture 64 bits, et deux caches instructions et data de 8 KB, un bus de données ISA ou EISA est tout à fait inapproprié et constitue un véritable goulot d'étranglement. IBM a donc choisi de se frotter au bus PCI ou Peripheral Component Interconnect prôné par Intel et une centaine d'autres sociétés. Tefal La machine que nous a confié IBM pour quelques heures est d'une conception tout à fait neuve. Le chipset PCI dessiné par Intel suppose un redesign complet des cartes mères. Nous avons donc examiné celle-ci en détail. Première constatation, le chip Pentium ne transforme plus votre PC en poêle Tefal : un refroidisseur et un ventilateur associés au processeur comblent l'effet de dissipation de chaleur. Un soquet Overdrive et un levier ZIF (Zero Insertion Force) sont là pour garantir l'évolutivité de la station. Au centre de la carte, on retrouve le nouveau chipset 82430 PCIset. Au coeur de la famille 82430, se retrouve le 82434LX, le contrôleur principal du PCI et gestionnaire de cache. Relié directement au Pentium, le chip contient ses propres SRAM's réduisant d'autant le coût de fabrication de la carte mère. Le contrôleur cache supporte théoriquement les protocoles write trough et write back. Mais les premiers prototypes signés Intel souffrent encore de bugs empêchant l'utilisation du write-back. Deux composants 82433 LX servent de commutateurs entre le PCI et le bus hôte. Le BIOS est signé AMI. Datant de novembre 92, il est normalement conçu pour les 486DX à bus ISA. Il contient néanmoins des particularités propres au bus PCI au niveau des IRQs 9,10 et 15 utilisables par les cartes ISA ou réservées pour le PCI. Le BIOS contient d'intéressantes fonctions de sécurité pour la gestion d'un mot de passe utilisateur ou administrateur et l'accès au disque dur et au lecteur de disquette. Le BIOS et la configuration du système sont conservés sur des Flash EEPROM réinscriptibles. Le BIOS signale bien la présence d'un cache interne de 16 KB et externe de 256 KB. Le disque dur Maxtor 528 MB temps d'accès 9 ms est de facture IDE conventionnelle. Le contrôleur IDE figure à même la carte mère. Les disques disponibles sont de 340, 424 ou 528 MB Mach 32 Plus intéressante est la partie graphique. On y retrouve un prototype du chip ASIC 68800AX de ATI soudé sur la carte-mère. Le chip ATI est dans la lignée de la famille des accélérateurs MACH32 et contient 4 VRAMs de 256 Kb. L'ATI 68800AX intègre le concept de Memory Aperture, permettant à la mémoire vidéo d'être «mappée» dans l'espace mémoire adressable du système pour accélérer les accès vidéo. Pour ce faire, il suffit de sélectionner une adresse de départ et de choisir la taille de la Memory Aperture entre 1 et 4 MB. La carte communique avec le processeur à la vitesse de 33 MHz. Sa RAM vidéo peut être étendue à 2 MB. Une carte fille dressée à la verticale contient 2 slots ISA 16 bits, un slot PCI et un shared PCI/ISA. Les «shared» slots PCI et ISA sont si proches l'un de l'autre qu'il ne peuvent être utilisés ensemble. Un bus PCI peut contenir jusqu'à dix unités : un périphérique PCI sur la carte mère compte pour une unité, un slot PCI compte pour deux unités. La plupart des machines PCI seront donc livrées avec trois slots. Les slots accueillent des cartes 5V. Le 3.3 V ou le voltage mixte, ce sera pour plus tard. Il a été difficile dans l'état actuel de mesurer la puissance réelle de la bête vu que la plupart des benchmarks actuels reconnaissent encore mal et Pentium et bus PCI. La machine nous a été fournie avec 8 MB RAM et un système OS/2 2.1. La machine pourra grimper jusque 128 MB lorsque les SIMM 32 MB verront le jour. L'OS/2 ne disposant pas encore de drivers pour le chip ATI, nous avons du nous contenter de test en 640 sur 480 pixels fois 16 couleurs. Pour paraphraser la pub d'IBM, sans drivers, le plus puissant des ordinateurs reste une belle caisse vide ! Sysinfo de Norton nous signale une vitesse de 29 MHz. Il est dupé par une petite anomalie dans la gestion du timer et donne des résultats incohérents. Les tests orientés processeurs ( Drhystones, Whetstones ) donnent évidemment des résultats remarquables. L'indice ICOMP est de 528 contre 100 pour un 486SX25 et 250 pour un 486DX266. Le 188 à l'indice Norton Sysinfo montre toute sa puissance par rapport au 72 d'un 486DX33. Le test Celem Cache Test prouve à suffisance les anomalies au niveau de la gestion du cache write back puisque le Pentium obtient les mêmes performances qu'un 386SX25 une fois cette option activée. Les performances vidéo sont nettement moins spectaculaires. Dans le meilleur des cas, les performances ne croissent que d'une trentaine de %. Il est frappant de constater que, sous un GUI tel Windows, une carte de type «graphic accelerator» obtient des résultats identiques si pas supérieurs en termes de performances vidéo. La carte S3 83C605 dans notre 486DX33 VL tient plus qu'honorablement la route face au couple Pentium/PCI. Il est clair que cette machine ne donnera le meilleur d'elle-même qu'avec un système d'exploitation 32 bits, un BIOS spécial, des drivers spécifiques pour l'ATI 68800, une version stable du chipset PCI et surtout d'autres cartes ( PCI/IDE, SCSI, Ethernet) tirant parti de la bande passante de ce bus prometteur. Le P60D est un bon exemple de ce que sera une machine du futur ( processeur 64 bits superscalaire, flash EEprom, bus à haut débit, carte graphique intégrée ). Mais mieux vaut attendre encore un peu que le standard PCI ait atteint la maturité et que le chipset PCI d'Intel soit plus convaincant. Info Produit IBM PS/VP P60D Prix non encore disponible Renseignements IBM Belgique ?? IBM Hollande ?? !!Kader PCI en bref Le développement du PCI (Peripheral Component Interconnect) a été initié par Intel qui a rapidement décidé de placer les spécifications dans le domaine public et de confier le contrôle du standard au PCI Special Interest Group. Un «Steering committee» regroupe les neuf voix d'Intel, Compaq, DEC, IBM, NCR, AMD, ATI, Adaptec et National Semiconductor.140 sociétés ont versé à ce jour 2500 $ pour faire partie du SIG. De tous ces grands noms, c'est peut-être celui d'Apple qui est à épingler puisque le géant de Cupertino entend bien remplacer son NUBus par le PCI dans les prochains mois. Il y a déjà deux versions du PCI : la variante 32 bits 132 MBps de Juillet 92 et la plus récente version 2.0 64 bits et 264 MBps de mai 93, deux modèles aussi au niveau voltage 3,3 V et 5 V, deux longueurs enfin, 7 et 12 pouces. Le VL-Bus repose sur des bus existants qu'ils soient ISA, EISA ou MCA. Au contraire, le bus PCI est capable de remplacer ces vieux bus ou de les cotoyer. Le bus PCI hérite d'un design plus avancé que le VL-Bus et peut servir comme un bus d'extension entièrement autonome. VL-Bus et PCI supportent tous deux les fonctionnalités de bus évolués : partage d'interruptions, transferts «burst mode» et bus mastering arbitré (gestion des interruptions en fonction des priorités de chaque carte). Mais, le PCI bénéficie d'un meilleur design pour plusieurs raisons. PCI est trop souvent défini à tort comme un simple local bus. C'est beaucoup plus que cela. Il a été pensé pour fonctionner dans un environnement multiprocesseurs, il supporte directement un cache secondaire et dispose de son propre langage de commande constitué d'un code à 4 bits. S'il intéresse tant DEC et Apple, c'est qu'il est «processor independent» dans sa conception. Une carte d'extension PCI devrait fonctionner dans n'importe quel PC, qu'il soit articulé autour d'un Bus ISA, EISA ou MCI puisque le bus PCI complète ces bus au lieu de les supplanter. Au lieu d'avoir sa propre horloge, le bus PCI est lié à l'horloge du processeur central de sorte que ses composants sont synchronisés avec le CPU hôte. Comme les bus EISA ou MCA, le bus PCI permet la configuration entièrement logicielle des cartes d'extensions. 256 registres sont prévus pour stocker cette configuration en mémoire et pour arbitrer tout conflit. Chaque périphérique PCI a son propre espace adressable intégré et son propre marqueur d'identification. Les futures machines PCI permettront l'autoconfiguration de ces cartes : reconnaissance de nouvelles cartes, décision quant à la configuration optimale, arbitrage de conflits et redémarrage automatique. Une carte 64 bits marchera - mais plus lentement bien sûr - dans un slot 32 bits PCI 1. Après plus de cinq ans, les bus MCA et EISA n'ont toujours pas réussi à supplanter l'antédiluvien bus ISA. Ils sont restés cantonnés à des niches, serveurs haut de gamme ou applications scientifiques, malgré des qualités techniques évidentes. Le local bus signé VESA, malgré son plus jeune âge, a accompli une pénétration du marché plus importante en raison du prix de revient ridiculement bas et de la facilité de conception. Le couple 486-VL reste une valeur sûre du marché pour une quinzaine de mois encore. Son prix ne fera que chuter face à l'apparition en série des Pentium et des bus PCI. Pentium et PCI sont deux technologies encore jeunes et techniquement difficiles à maîtriser. Il faudra attendre début 94 pour voir dans les étalages des stations finalisées, débuggées et à des prix peut-être encore surfaits. Le chipset PCI 82430 coûte encore 76$ contre 15 $ pour son équivalent VL-bus. Et pour les exploiter un minimum, il faudra aussi attendre quelques mois pour voir fleurir cartes graphiques puis contrôleurs disque appropriés. Et enfin, si les drivers spécifiques pour OS/2 , Windows NT ou Novell Netware se font attendre, le PCI perdra toute sa saveur. Les convoyeurs attendent !