Assemblée des Patriarches et des Evêques Catholiques au Liban مجلـس البـطــاركـة واألساقفة الكــاثــولــيــك في لبنان 2 : وثيقة رقم 50ème Session Ordinaire 2016 6102 الدورة العادية الخمسون للعام Doc. N°: 2 Bkerké, 14 – 17 Novembre 2016 6102 تشرين الثاني01 - 01 ،بكركي Mot de Son Excellence Monseigneur Gabriele CACCIA Nonce Apostolique au Liban À l’ouverture de la 50ème Session de L’Assemblée des Patriarches et des Evêques Catholiques au Liban Bkerké, le 14 novembre 2016 Eminence, Béatitudes, Chers Frères dans l’épiscopat Révérends Pères Supérieurs Majeurs Révérendes Mères Supérieures Générales Chers frères et sœurs, Je me réjouis de pouvoir être présent avec vous au début de la 50 ème Session Ordinaire de l’Assemblée des Patriarches et des Evêques Catholiques au Liban, qui entre dans son Jubilée d’Or d’existence, commencé quelques temps après la grande assise du Concile Vatican II, qui avait entamé le travail d’ « Aggiornamento » de l’Eglise Catholique. Je suis content de pouvoir parcourir avec vous une partie de ce chemin, étant la huitième fois que je participe à votre rencontre et je salue les nouveaux arrivés, en particulier son Excellence Mgr. César Essayan, qui a pris la relève de son Excellence Mgr. Paul Dahdah, en qualité de Vicaire Apostolique de la Communauté latine, et à qui nous souhaitons un long et fructueux travail. Une bienvenue aussi à son Excellence Mgr. Joseph Nafaa, Evêque de Curie Maronite, et au Révérend Abbé Neematallah El-Hachem dernièrement élu Supérieur Général de l’Ordre Maronite Libanais, comme à la Révérende Sœur Christina Salameh, déléguée de la Congrégation des Sœurs de Saint Joseph de Lyon. Secrétariat Général, Complexe Patriarcal Maronite (Tribunal Ecclésiastique), Zouk Mosbeh - LIBAN (B.P. 92) Tél. & Fax : + 961 9 220923 - 226923 * E-Mail : [email protected] * ي ّ ي المارون ّ المج ّمع البطريرك،األمـانـة العـامـة )29 .ب. ذوق مصبح ـ لبنان (ص،)(المحكمة الروحية Web Site : www.apecl.org Dimanche prochain, en la solennité du Christ Roi de l’Univers, toute l’Eglise s’apprête avec le Saint Père François à clôturer le Jubilée extraordinaire de la miséricorde. « En refermant la Porte Sainte à Rome (et dans toutes les Cathédrales du monde), écrivait le Pape dans la Bulle d’indiction, nous serons animés de sentiments de gratitude et d’action de grâce envers la Sainte Trinité qui nous aura donné de vivre ce temps extraordinaire de grâce. Nous confierons la vie de l’Eglise, l’humanité entière et tout le cosmos à la Seigneurie du Christ, pour qu’il répande sa miséricorde telle la rosée du matin... Combien je désire que les années à venir soient comme imprégnées de miséricorde pour aller à la rencontre de chacun en lui offrant la bonté et la tendresse de Dieu! Qu’à tous, croyants ou loin de la foi, puisse parvenir le baume de la miséricorde comme signe du Règne de Dieu déjà présent au milieu de nous. » (Misericordiae Vultus n° 5). Cette année vécue dans la méditation du mystère du grand amour de Dieu révélé en Jésus Christ et rempli d’œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles envers nos frères et sœurs dans l’humanité nous a fait comprendre surtout dans le contexte troublé et dramatique du Moyen Orient comment la paix soit un don de Dieu et un engagement de la part de l’homme le plus nécessaire au niveau personnel et communautaire. Comment y parvenir ? Rappelons-nous ce que disait Saint Jean Paul II : « Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon » (35ème journée de la paix 2002). Même si nous clôturons l’année jubilaire, l’engagement pour la paix et la réconciliation reste une priorité pour les Eglises d’Orient qui ont tant souffert en termes de persécution et de martyre. Dans ce sens, nous nous unissons aux Patriarches qui iront cette semaine à Rome pour la création de nouveaux Cardinaux parmi lesquels le Saint Père a voulu nommer le Nonce de la Syrie, Mgr. Mario Zenari, en le laissant dans sa Mission ecclésial et diplomatique, pour témoigner la proximité de l’Eglise en faveur d’un Pays et d’un Peuple qui a tant souffert et souffre encore les conséquences de la guerre, de la violence et de la haine. Que ce signe, accompagné par les efforts humanitaires, ecclésiaux, diplomatiques et politiques, puisse apporter à tous les Pays qui vivent des conflits plus ou moins connus, la paix et la stabilité. Nous voulons aussi exprimer au saint Père François le remercîment de l’Eglise pour le don de l’Exhortation apostolique post-synodale « Amoris Laetitia » adressée « aux Évêques, aux Prêtres et aux Diacres, aux Epoux Chrétiens et à tous les Fidèles 2 laïcs sur l’amour dans la famille ». C’est le fruit de deux synodes consécutifs auxquels aussi l’Eglise du Liban a porté sa contribution. Il s’agit d’un texte très riche, dont nous avons déjà la traduction arabe, que nous sommes invités à méditer personnellement et communautairement dans toutes les paroisses et associations pour redécouvrir la beauté du mariage Chrétien et le soutenir face aux plusieurs défis de la société d’aujourd’hui. Elle nous engage à guider les fiancés sur le chemin de la préparation du mariage, à accompagner les couples dans les premières années de leur vie matrimoniale et à éclairer et surmonter les crises, les angoisses et les difficultés avec une solide spiritualité matrimoniale et familiale. La famille reste pour l’Eglise et pour la société la cellule primaire et fondamentale et l’annonce chrétienne qui la concerne est vraiment une bonne nouvelle dont le monde en a aussi un grand besoin. Il faudra à tous les niveaux programmer des rencontres et des initiatives aptes à soutenir le chemin des couples et des familles. Nous voulons aussi remercier le Saint Père pour avoir sensibilisé le monde et l’Eglise sur la sauvegarde de la « maison commune » qui est notre monde, comme il l’a dit dans l’encyclique « Laudato Si’ ». La semaine passée, le protocole de Paris des Nations Unies sur le changement climatique était ratifié par un nombre suffisant de pays et donc commence à prendre force de loi. Mais nous devons aussi en tant qu’Eglise travailler pour garder fort vivante la sensibilité pour une écologie intégrale pas seulement environnementale, économique et sociale, mais aussi humaine. La séance de cette année de l’APECL, comme je disais au début, nous introduit dans son Jubilée d’Or et différentes sessions de travail sont dédiées à ce sujet. Avec la gratitude pour le chemin parcouru, nous sommes invités à renouveler cet instrument de communion ecclésiale dans l’esprit du grand document programmatique pour l’Eglise du Pape François, qui est « La Joie de l’Evangile », dans lequel il nous invite à « une nouvelle étape évangélisatrice en indiquant des voix pour la marche de l’Eglise dans les prochaines années ». Je cite un passage aussi significatif où le Saint Père affirme « Je rêve d’un choix missionnaire capable de transformer toute chose, afin que les habitudes, les styles, les horaires, le langage et toute structure ecclésiale devienne un canal adéquat pour l’évangélisation du monde actuel, plus que pour l’auto-préservation. La réforme des structures, qui exige la conversion pastorale, ne peut se comprendre qu’en ce sens : faire en sorte qu’elles deviennent toutes plus missionnaire, que la pastorale ordinaire 3 en toutes ses instances soit plus expansive et ouverte, qu’elle mette les agents pastoraux en constante attitude de “sortie” et favorise ainsi la réponse positive de tous ceux auxquels Jésus offre son amitié. Comme le disait Jean-Paul II « tout renouvellement dans l’Église doit avoir pour but la mission, afin de ne pas tomber dans le risque d’une Église centrée sur elle-même » (Evangelii Gaudium, n° 27). Dans ce contexte de mission et d’élan vers « les périphéries du monde » selon un esprit d’inclusion et de proximité qui doit accompagner le message des croyants, je voudrais signaler trois réalités qui touchent particulièrement l’Eglise au Liban. Premièrement, nous ne pouvons pas oublier l’émergence du grand nombre des réfugiés qui sont arrivés ici dans les dernières années. Il y a un an, le Pape avait fait un appel aux chrétiens d’Occident : « que chaque paroisse et monastère accueille une famille » et avait donné l’exemple en prenant au Vatican un certain nombre. Où en sommes-nous ici au Liban ? Qu’est-ce que nous avons fait dans nos communautés chrétiennes? Il y a aussi un esprit de « pardon » et de « réconciliation » comme nous le demande le Seigneur ? Avec toute l’attention et la vigilance qui sont nécessaires, n’oublions pas ce que le Christ nous a dit : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Mt. 25 :35). Nous rendons grâce et nous remercions toutes les personnes et communautés pour tant d’initiatives qui ont été mise en place à plusieurs niveaux personnels, ecclésiaux, sociaux et politiques, mais ne restons pas tranquilles face au drame qui touche tant de nos frères et sœurs et demandons-nous comment travailler davantage. Deuxièmement, je voudrais attirer l’attention de toutes les Eglises sur la présence de tant de travailleurs et travailleuses surtout domestiques étrangères qui viennent au Liban, et parmi lesquels plusieurs sont chrétiennes. Souvent, on se plaigne que les fidèles quittent le Moyen Orient, mais qu’est-ce que nous faisons pour accueillir les milliers de chrétiens non-orientaux qui vivent dans tout le Moyen Orient ? Comment pouvons-nous montrer le visage accueillant de l’Eglise que tant de chrétiens d’Orient désirent à leur tour trouver dans l’immense diaspora. Un effort majeur d’inclusion, d’hospitalité et de justice est nécessaire, si nous voulons être vraiment l’Eglise catholique, c’est-à-dire universelle. Troisièmement, je pense que l’Eglise d’Orient doit aider l’Eglise universelle sur le chemin du dialogue islamo-chrétien. Vous avez une longue expérience, un esprit de connaissance et de respect qui aboutit à la collaboration et à l’amitié qui est 4 remarquable, et pour lequel on parle justement de « pays message ». Je vous invite à continuer avec un effort renouvelé sur ce chemin qui a déjà donné beaucoup de résultat. J’invite à valoriser toutes initiatives qui vont dans cette direction surtout dans ce temps où la région et le monde vivent des tensions et des conflits qu’on n’imaginait pas possible dans le temps contemporain. On peut en sortir seulement ensemble et seulement un esprit de collaboration entre musulmans et chrétiens peut aider à surmonter la grave crise d’aujourd’hui. Pour terminer, je me réjouis au nom du saint Père avec l’Eglise Libanaise et tout le Liban pour l’élection d’un nouveau Président de la République, après deux ans et cinq mois de vacance à la tête de l’Etat. Que l’entente qui a permis d’arriver à l’élection et ensuite à la nomination d’un nouveau Premier Ministre soit le début d’une nouvelle page pour l’édification de l’Etat où chaque libanais et libanaise puisse se sentir chez soi, en jouissant de tous ses droits et en accomplissant volontiers aussi tous ses devoirs. Le Saint Siège accompagne, encourage et soutient ce chemin de dialogue commencé au Liban en espérant qu’il puisse s’élargir à tant de Pays du Moyen Orient en quête de paix, de justice et de stabilité. L’année 2017 signera le 20ème anniversaire de la visite de Saint Jean Paul II et la consigne de l’exhortation « Une Esperance Nouvelle pour le Liban » dont les paroles finales restent toujours d’actualité «Chers fils et filles du Liban, je vous renouvelle ma confiance et, comme le Christ, je vous envoie dans le monde, pour être des témoins de la foi, de l’espérance et du salut. Que la grâce du Christ vous remplisse de charité! Les efforts de chacun par amour pour le Seigneur et pour son Église porteront de nombreux fruits pour la vie ecclésiale et pour la société libanaise tout entière. Alors, le Liban, l’heureuse montagne, qui a vu se lever la Lumière des Nations, le Prince de la Paix, pourra pleinement refleurir; il répondra à sa vocation d’être lumière pour les peuples de la région et signe de la paix qui vient de Dieu. Ainsi l’Église en ce pays fera la joie de son Dieu » (§ 125). Que la Vierge, Notre Dame du Liban, intercède pour nous. ****** 5