La politique américaine en asie

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LES RELATIONS INTERNATIONALES EN ASIE – M.HERVOUET – IEP Bordeaux – Cours d’option – 2000/2001
LES RELATIONS INTERNATIONALES EN ASIE
(M.HERVOUET)
Tout d'abord on distingue Asie Centrale et Asie du Sud (Pakistan, Inde, Sri-Lanka, Népal, Bouthan,
Bangladesh, Maldives), qui ne seront pas traités dans ce cours car relèvent plus des civilisations islamiques
et hindous. Il existe une sorte de frontières avec l'Asie orientale ou Asie de l'Est qui regroupe deux entités:
- Asie du Nord Est, Mongolie extérieure, Chine, péninsule coréenne, Japon, Taiwan, on peut aussi y inclure
la Russie.
- Asie du Sud Est, c'est l'ASEAN de 1967 (5 membres) + 5 autres pays, soit la Birmanie (Myanmar), la
Thaïlande (ex-Siam), la Fédération de Malaysia, le Sultanat de Brunei, Singapour, Philippines, Laos,
Cambodge, Vietnam.
Aujourd'hui de nouvelles appellations apparaissent (depuis environ 20 ans). L'APEC, la bassin du Pacifique,
la Communauté du Pacifique. Traduit une volonté d'inclure les pays du Pacifique Sud ou Nord dans la
mouvance économique de l'Asie Orientale (Australie, Nouvelle-Zélande, PNG, EUA, Canada...) Les EUA
ont poussé à l'élargissement des organisations du Pacifique et de leur concept afin d'y être inclus. Volonté
des certains pays mis à l'écart de s'intégrer à ces organisations cf. Sri-Lanka et ASEAN, ou la PNG.
Dans la région il convient de ne plus négliger la masse considérable (population, taille, politique,
économique) que représente la nouvelle Chine communiste.
Les fleuves jouent aussi dans cette région un rôle considérable à tous les niveaux : économique,
civilisationnel ... Prennent, pour nombre d'entre-eux, leur source dans les monts de l'Himalaya cf. Mékong, le
Fleuve Bleu (Yangzi Jiang), le Fleuve Jaune. Problème des reliefs en termes de désertification, densité de
population très faible cf. Xinjiang. Concentration des populations sur les bords de fleuves et de mers. La
plupart des pays se partagent entre une partie continentale et une partie maritime (parfois sous forme de
péninsule) cf. Vietnam et la Corée. Les Espaces maritimes y sont parfois très éclatés, comme en Indonésie,
conduisant parfois à des conflits cf. Paracels.
Grande diversité dans la composition des populations :
- Chine
1,2 milliard
- Inde
1,0 milliard
- Indonésie
200 millions
- Vietnam
80 millions
- Laos
4 millions
- Singapour
3 millions
La composition ethnique des divers États à l'apparence d'une véritable mosaïque sauf au Japon et en Chine:
- Chine (93% Han, 7% = 56 minorités)
- Japon (100% Japonais)
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- Malaysia(58% Malais, 31% Chinois, 11% Indiens, imposition de la langue malaise)
Grande diversité linguistique: Thaï, Anglais, Coréen, Mandarin, Cantonnais, Tagalog (Philippines), Tami,
Bahasa Malaysia, Hakka. Diversité religieuse: Hindouisme, Islam, Shinto, Christianisme. La notion
d'asiatitude est ainsi incorrect car il y a, on le voit, de nombreuses différences. L'impérialisme japonais c'est
notamment défié de ces différences, ce qui a conduit à un véritable drame.
L'espace asiatique a été l'objet de superpositions de civilisations, différentes les unes des autres:
- Au Haut Moyen-âge l'hindouisme était puissant en Asie du Sud-Est. Des royaumes se sont construits
autour de cette croyance cf. Khmers, Java (île de Bali), Vietnam et le royaume du Champa jusqu'au XIVe
siècle.
- Puis propagation du bouddhisme de l’Inde vers l’Asie du Nord Est sous la forme du « grand véhicule »
(notion d’aide mutuelle, de salut…), en Asie du Sud Est sous la croyance du « petit véhicule ».
- Dans un troisième temps, c’est l’islam qui se répand, notamment en Indonésie (premier pays musulman au
monde). Sunnisme en majorité, mais aussi chiisme en Malaysia (plus fondamentaliste) où l’islam est
imposé de façon autoritaire pour différencier la communauté malaise de la population chinoise.
- Enfin, c’est l’apport colonial et impérialiste sous la forme du christianisme et des valeurs de la modernité
(monnaie, division du travail, efficacité, valeurs morales…) qui bouleversent les structures traditionnelles
des pays, notamment le caractère fortement agricole de ces sociétés.
La Seconde Guerre mondiale fut un véritable boulversement au niveau géopolitique en Asie. Essentiellement
imputable au Japon : sphère de coprospérité en Asie Orientale. Aura fait basculer la Chine dans le marxismeléninisme maoïste. Le Japon a fortement contribué à accélérer les indépendances.
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INTRODUCTION HISTORIQUE
L’ETAT DES LIEUX APRES LA SECONDE GUERRE MONDIALE
Les Américains sont victorieux mais épuisés, « bring the boys home ». La guerre fut aussi épuisante pour les
pays asiatiques. Nécessité pour les EUA de revenir à l’isolationnisme, leurs préoccupations sont la
décolonisation de l’Asie et ce d’autant plus que le Japon a réactivé le nationalisme pour le tourner contre les
puissances occidentales lors de la guerre, et ce dès les années 1930. le Japon est ainsi à l’origine du
nationalisme des élites locales, ce qui pose des problèmes lorsque l’on revient sur l’histoire des héros
nationaux cf.Birmanie et le père de Aung San Suu Kyi qui s’était compromis avec l’occupant. Les
Américains veulent promouvoir la décolonisation et le libre-échange.
De son côté, la Grande-Bretagne souhaite retrouver sa prééminence en Asie, mais elle comprend vite que ce
ne sera pas possible et elle s’adapte petit à petit aux réalités. La GB offre une alternative politique,
économique, culturelle… au sein d’un Commonwealth britannique. C’est notamment le problème des
colonies qui fera échouer Churchill. Aboutit à l’indépendance de l’Inde et du Pakistan en 1947.
La France et la Hollande, elles, s’accrochent, veulent réaffirmer leur présence de manière forte. Ces deux
pays ne souhaitent partir de la région que le plus tard possible. Ce conservatisme est pour la France, tout
comme pour la Hollande, la recherche d’une gloire passé qui s’est effritée lors du conflit.
Mais très vite la Guerre froide apparaît et le Komintern (puis le Kominform) va encourager les mouvements
contestataires qui s’affirmaient déjà au lendemain de 1945. A l’époque, le camp occidental n’est pas
vraiment convaincu de la menace communiste qui pèse en Asie car sa présence lui semble suffisamment
ancienne et solide pour pouvoir résister. De même les valeurs religieuses locales fortement enracinées lui
semblent être un bon rempart contre l’idéologie marxiste. C’est à Java que les occidentaux prennent
conscience pour la première fois du risque et que ceux-ci font cause commune contre l’insurrection. Puis,
très vite, c’est le tour du Vietnam où depuis 1944/45 l’insurrection nationaliste et communiste couve. Les
occidentaux minimisent ces événements, ils pensent encore en partie qu’il ne s’agit que de révoltes. En
1946/47, les Américains matent une révoltes aux Philippines (mouvement des Huks) grâce à une guerre de
guérilla avec des troupes locales. La guérilla se développe aussi en Malaisie, mais les britanniques sont
victorieux. La guérilla est-elle alors vouée à l’échec ?
C’est dans cette espèce de béatitude que la Chine bascule dans le communisme le 1e octobre 1949. les
Américains, pour qui la défaite des troupes du Guomindang qu’ils avaient entraînés leur apparaissait
impossible, sont surpris. La Chine maoïste s’empresse de dépêcher ses troupes à ses frontières et reconnaît
de suite la légitimité du gouvernement nationaliste de Ho Chi Minh. Celui-ci est un vieux leader
communiste, charismatique et emblématique en Asie, qui bénéficie du soutien de la Chine et de l’URSS (qui
le reconnaît un mois plus tard) Dès septembre 1949, la Chine appelle à l’insurrection nationale dans toute
l’Asie contre les anciennes puissances coloniales, soutenues localement par les bourgeoisies asiatiques.
Février 1950, l’URSS et la Chine signent un traité d’amitié et de coopération en même temps qu’une alliance
militaire : c’est le début de la Guerre froide en Asie. Mise en place progressive de la politique américaine du
« containment » qui est une stratégie militaire mais aussi de développement, d’enrichissement des nations
asiatiques, car apparaît comme un rempart tout aussi efficace face au communisme. Plan d’aide
économique : le plan Colombo (sorte de plan Marshall), qui est toujours d’actualité en Asie du Sud, mis en
place en juillet 1950 avec l’aide des pays du Commonwealth (Australie, Nouvelle-Zélande, Canada, Inde,
Pakistan, Sri-Lanka) En 1951, les EUA se joignent à ce projet.
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L’INDOCHINE
C’est la première grande préoccupation internationale dans la région. Le pays a été occupé par le Japon après
la défaite française de 1940. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Japonais se retirent et ce sont les
britanniques qui libèrent le Vietnam par le sud et les Chinois du Guomindang par le nord. Profitant de la
situation (la France n’est pas présente dans la région), le PC vietnamien proclame son indépendance le 2
septembre 1945. L’empereur Bao Daï est renversé et le Viet Minh installe un nouveau gouvernement à sa
place. Mais la France revient et en profite pour proposer au Laos et au Cambodge de faire partie de la
nouvelle Union française à travers la Fédération d’Indochine (1946). Ces deux pays n’étaient jusqu’alors que
des protectorats ayant demandé au XIXe siècle la protection française contre le Vietnam et le Siam (la France
rendra au Cambodge ses provinces du nord reprises au Siam).
Le cas du Vietnam est plus problématique. Pourtant, le 6 mars 1946 un accord politique est signé, permettant
aux troupes françaises d’occuper le Tonkin à condition que la France reconnaisse l’Etat libre du Vietnam,
son armée, son gouvernement… La gouvernement français est relativement d’accord, mais les autorités
françaises sur place s’y opposent, c’est notamment la position du Haut-commissaire Thierry d’Argenlieu.
Les négociations continuent et en septembre 1946 sont conclu les accords de Fontainebleau : La France
supervisera l’Union Indochinoise à laquelle participera le Vietnam, de même, le Vietnam accepte l’union
monétaire avec la France. Mais les troupes françaises sur place refusent et le 24 novembre 1946 elles
bombardent le port de Haïphong. La guerre est déclenchée, représailles vietnamiennes, insurrection générale
au Tonkin dès le 19 décembre 1946. C’est la rupture entre l’armée française et les politiques et citoyens
français qui fut fatale.
A partir de 1947, nouvelles négociations, volonté de rétablir Bao Daï. Un accord est conclu entre celui-ci et
le PR V.Auriol le 8 mars 1949 : le Vietnam sera unifié (union des 3 Kys = Tonkin, Annam et Cochinchine),
consacre l’indépendance du pays comme Etat associé à la France, accepte les représentations diplomatiques
du Vietnam en Inde, Thaïlande et au Vatican, la France soutiendra sa candidature à l’ONU. Le nouvel Etat
aura sa propre armée mais la France conservera des bases militaires, la liberté culturelle sera garantie. Le
même accord est signé avec le Laos et le Cambodge.
Fin 1950, les EUA et la GB reconnaissent le gouvernement de Bao Daï. Toutefois, la guerre ne s’arrête pas
pour autant, le gouvernement français estimant l’accord si juste que l’opposition du Viet Minh est à ses yeux
infondée, légitimant ainsi la répression. Mais la situation a changé radicalement dès 1949, lors de la victoire
communiste en Chine : le Viet Minh dispose dorénavant de l’aide chinoise.
La guerre se termine par le désastre militaire de Dien Bien Phu le 8 mai 1954, qui a des répercussions
politiques hors de proportion avec cet événement. L’attaque vietnamienne avait été prévue pour le début des
négociations de la conférence de Genève. La défaite est symbolique car le France et les EUA faisait du
conflit un combat du monde libre contre le communisme. A Genève, PMF accepte tous les compromis. Une
question se pose : pourquoi le Viet Minh, si puissant, ne réalise t’il l’unification de toute la péninsule ? Il
semblerait que les Chinois aient refusé car craignaient l’émergence d’un rival trop puissant à leur frontière
sud. Les Chinois ont d’ailleurs été garant de la séparation du Vietnam jusqu’en 1975 !
Les accords de Genève divisent le Vietnam au niveau du 17e parallèle, le Laos et le Cambodge de Sihanouk
sont neutralisés, prévoit la mise en place d’un gouvernement démocratique à Saïgon (ce qui n’a jamais eu
lieu finalement)
LA GUERRE DE COREE
Le cas de la Corée avait été discuté à Yalta, on en organise la décolonisation. On en rediscute à Potsdam. Le
38e parallèle sépare les zones Russes et Américaines pour l’occupation du pays après la défaite japonaise. En
1945 est évoquée la possibilité d’un régime de tutelle avec la Russie, la GB, la Chine et les EUA. Ces
discussions aboutissent à la constitution d’une commission mixte soviéto-américaine, appuyée par l’ONU.
Mais déjà, des problèmes de fonctionnement se font sentir à l’ONU. Division de l’organisation en groupes
pro-Moscou et pro-Washington. L’influence sur le terrain est exercée par deux leaders locaux qui
s’opposent : Singhman Rhee au sud, Kim Il Sung au nord.
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Le 31 mars 1948 est mis en place une commission temporaire de l’ONU (Australie, Chine, Inde, Canada,
Syrie, Philippines, France). Contre sons avis, les troupes russes et américaines se retirent car leur
cohabitation est de plus en plus conflictuelle. Ce vide militaire et probablement l’une des causes du conflit
qui débute le 25 juin 1950 lorsque les troupes du nord franchissent le 38 e parallèle. L’affaire est portée
devant le CS de l’ONU qui décide d’une intervention sous l’égide des EUA (l’URSS boycotte alors l’ONU
car la RPC n’y est pas admise) Le 27 juin 1950, Truman annonce que l’intervention américaine est en cours.
Pourquoi un tel conflit ? Provocation du Sud lors des discours violents de Singhman Rhee ? Peu probable car
le Sud a été surpris, la ville de Séoul est prise en 72 heures. Moscou aurait appuyé cette agression car
l’URSS essuyait échecs sur échecs en Europe et en Asie (cf. Berlin) et était plus faible que les EUA (cf. ne
possédait pas encore les nukes. La Chine approuve et apporte son soutien afin d’obtenir une reconnaissance
de son importance dans les RI.
Sur le plan militaire, toute la péninsule est occupé par le Nord en juin 1950 à l’exception d’une petite enclave
au sud, autour de Pusan. La situation se débloque seulement lorsque les EUA organisent un débarquement en
arrière des lignes de front, coupant ainsi les lignes de ravitaillement du nord qui doit alors reculer. Le 28
septembre 1950, Séoul est reprise par Mac Arthur. Dans l’intervalle, le CS mandate l’envoi d’une armée des
Nations-Unies (ce qui après 1956 ne sera plus possible, seuls les actions par forces interposées seront
possibles), majoritairement composée de soldats US. Les troupes de l’ONU parviennent petit à petit jusqu’à
la frontière nord de la péninsule coréenne. Dans le même temps, l’Inde joue le rôle de médiateur et explique
que si la RPC est reconnu à l’ONU, alors le conflit cessera. Mais les EUA sont en plein Mac Carthysme et
l’intransigeance est de mise. Le 16 octobre 1950 la situation se dégrade fortement lorsque 600000
« volontaires » Chinois franchissent le Yalou. Les raisons de cette interventions sont mal connus : Faire
pression sur le cas de Taïwan ? Manipulation de Pékin par Moscou qui lui aurait fait des promesses ? La
Chine s’est elle sentie menacée à ses frontières ?
En juin 1951, les troupes américaines et coréennes battent en retraite au delà du 38 e parallèle. Séoul est de
nouveau occupée par les Nord au pris de pertes considérables : idée du rouleau compresseur où les pertes
humaines passent après les victoires symboliques, politiques. Mac Arthur s’inquiète de cette offensive
massive et propose d’utiliser l’arme nucléaire. Le problème de sa révocation commence à se poser lorsqu’il
refuse de se rendre à Washington pour s’expliquer. Il est finalement remplacé par Ridgway le 10 avril 1951.
A partir de juillet 1951 commence une nouvelle phase qui dure jusqu’au 21 octobre 1953. la guerre se
poursuit en même temps que les négociations qui aboutissent aux accords et à l’armistice de Panmunjon. On
y a discuté notamment du problème des prisonniers nord-coréens réticents à retourner chez eux ou en Chine.
A nouveau, l’Inde jouera le rôle de médiateur et parviendra à un accord pour que ceux-ci soient renvoyés
vers le Nord. En définitive la nouvelle situation n’est qu’un retour à la case départ puisque le partage le long
du 38e parallèle est maintenu.
LA POLITIQUE AMERICAINE EN ASIE
Avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, les EUA avait une mauvaise vision de la configuration
géopolitique de l’Asie, de sa complexité et de ses mystères. L’intervention en Asie en 1941 s’était faite sous
le poids de la contrainte. En Février 1945, à Yalta, l’Asie est à l’ordre du jour, surtout dans l’esprit de
Staline. Pour Churchill, le problème est fort simple : il s’agit de maintenir les anciennes colonies dans la
situation d’assujettissement qui prévalait en 1939. Staline, lui, préférait que l’URSS occupe une place plus
importante en Asie, place qu’elle convoite depuis déjà bien longtemps. Les Américains conclu un accord
avec l’URSS, selon lequel les Russes interviendront en Asie deux mois après la défaite de l’Axe en Europe.
Les Américains sont un peu naïf et ne se rendent pas compte que c’est la porte ouverte à l’influence
communiste en Asie. Les Russes attaquent finalement le 8 août 1945 sans rencontrer trop d’opposition, ce
qui leur donne des avantages territoriaux avant la fin du conflit cf. Sakhaline, Kouriles, occupation des
infrastructures de la Mandchourie.
Lors des négociations EUA/URSS, les Chinois seront une fois de plus mis à l’écart comme au temps des
grandes puissances coloniales. Les EUA soutiennent à cette époque le Guomindang mais, à nouveau, les
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Américains se révèlent naïfs et misent sur le mauvais cheval. Dans le même temps les EUA sont incapables
de repérer les futurs points de conflits. La doctrine US, développée par Dean Acheson parle de périmètre US
de défense qui englobe le Japon et les Aléoutiennes, omettant la Corée et Taïwan, ce qui sera par le suite une
erreur fatale.
A partir de 1948 la Guerre froide en Asie se précise. Les Américains mettent en place la stratégie du
containment, remplacé par une doctrine plus souple, celle du roll-back, plus graduelle, plus pragmatique, step
by step. Ce qu’il faut retenir, c’est l’ensemble des verrouillages mis en place :
- Alliances bilatérales militaires : Philippines (30 août 1951, toujours en cours), Japon (8 mars 1951 =
assistance mutuelle, 8 septembre 1951 = alliance militaire), Corée du Sud (8 octobre 1953)
- Alliance militaire multilatérale : ANZUS (1 septembre 1951). Traité de Manille = OTASE (8 septembre
1954) dissoute en 1977 après être intervenue au Vietnam ; regroupait l’Australie, la Nouvelle-Zélande, La
Grande-Bretagne, le Pakistan, la Thaïlande, les EUA, la Corée et la France ; art.4 : « tous les signataires
doivent intervenir en cas d’agression contre la zone du traité » (elle comprenait par ailleurs les 3 pays de
l’Indochine)
- Assistances mutuelles : Pakistan (mai 1954), Taïwan (2 décembre 1954)
Le problème de Formose, quelle politique américaine ? Dès 1949, Tchang Kaï Tchek estime qu’il représente
la Chine dans son ensemble et qu’il en est la seule autorité légitime. Toutefois, la Grande-Bretagne reconnaît
la RPC en 1950 et la France en 1963. Le Guomindang va tenter de prolonger la guerre civile et va soutenir
les mouvements de résistance dans la province du Fukien, face à l’île de Formose. En septembre 1954 un
grave incident se produit : un avion de Hong Kong, affreté par la Cathay Pacific est abattu par la RPC, en
représaille, les EUA abattent deux Migs chinois. Cette tension extrème aboutie à l’attaque des îles Quemoy
et Matsu par la RPC en août 1954, mais sans grand succès. Les bombardements deviennent permanent à
partir de septembre 1954, deux îles indéfendables sont retournées à la RPC. Les EUA sont contraints
d’envoyer la flotte du Pacifique pour faire cesser les combats et protéger Taïwan. En février 1955, le
Congrès US vote la résolution Formose qui engage les EUA à défender l’île ainsi que Quemoy et Matsu et
les îles Pescadores. La Chine finie par céder et lors de la rencontre d’avril 1955 à Bandung, Chou En Laï
semble préférer discuter avec les EUA afin d’éviter un embrasement total. Des négociations informelles
s’ouvrent aussi à Varsovie entre les Chinois et les Américains, ce qui plus tard rendra furieux les
Vietnamiens lorsque pendant la guerre, les EUA violeront le territoire chinois sans risque alors que Pékin
était censé être l’allié des Viet Cong.
Les bombardements de Quemoy et Matsu reprennent en juillet 1958. Provoqués par la caution qu’aurait
donné Krouctchev lors d’une visite à Pékin à ce moment là. Septembre 1959, la crise oerdure, l’URSS
menace d’employer l’arme nucléaire si les EUA interviennent. La crise finie avce le début du conflit sinosoviétique au début des années 1960. Manifestement, la Chine considérait le problème de Taïwan comme un
éxutoire des tensions internes à l’époque du Grand Bond en avant.
LE PROBLEME DE L’INDE
Pratique du neutralisme fort, militantisme pour la neutralité. L’Inde souhaite entretenir des relations
harmonieuses avec la Chine cf. discussions Chou En Laï-Nehru en 1954. Affirmation d’un DI qui serait
moins occidentalisé, en concordance avec les positions chinoises sur le sujet. L’Inde est très militante lors du
sommet de Bandung en avril 1955, elle refuse l’OTASE, une aide militaire extérieure et repousse tout
alignement sur la position d’un camp ou d’un autre. Elle n’accepte aucune concession vis à vis des pays qui
occupent encore son territoire cf.France/Pondichéry et Portugal. Les comptoirs français sont rendus à l’Inde
en 1954. Dans le cas du Portugal cela se passe moins bien : Goa est envahi par l’Inde en 1961, alors que des
négociations étaient en cours, ce qui choque l’opinion internationale pour qui n’était pas habituée à de tels
comportements de la part de l’Inde.
Le problème du Cachemire occupe l’Inde depuis 1947. 80% des habitants du territoire sont Musulmans, ce
qui renforce les prétentions pakistanaises, mais le Radjah était hindou et souhaitait son rattachement à l’Inde.
Dès 1947, début des affrontements qui vont durer deux ans. A partit de 1949, division le long d’une ligne
imaginaire. Partie indienne = Jamou Cachemire, pakistanaise = Lazad Cachemire. Depuis, une consultation
populaire a échoué en 1954, une guerre a éclaté en 1965 et cela a failli se reproduire récemment.
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CONFERENCE DE BANDUNG (AVRIL 1955)
Est organisé à l’initiative du groupe de Colombo (Inde, Pakistan, Birmanie, Ceylan, Indonésie) pour réunir
l’ensemble des non-alignés et des neutralistes. 24 pays sont présents, asiatiques pour la plupart et quelques
pays africains (Ghana, Ethiopie…). Ils sont à la recherche d’une troisième voie, ils tentent de dénoncer le
colonialisme et les discrimintaions économiques dont ils font l’objet de la part des pays occidentaux, ils
réfutent la course aux armements, ils se battent contre le danger que représente l’arme nucléaire. Ils élaborent
un projet de paix pour l’Asie, on a un temps l’illusion d’une entente Chine-Inde. La Chine fait même des
concessions quant aux Chinois d’outre-mer : Les Chinois qui vivent en Indonésie ne se verront plus
reconnaître la double nationalité. On presse une réconciliation régionale au nom d’un « panasiatisme » revu
et corrigé.
5 grands principes de coexistence pacifique :
- Respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale
- Engagement à ne pas recourir à des moyens violents, non-agression mutuelle
- Non-ingérence dans les affaires intérieures car on craint ces « relents » de colonialisme
- Etats égaux qui doivent s’accorder des avantages identiques, mutuels
- Le dernier principe est une sorte de synthèse qui réaffirme la coexistence pacifique
LE PROBLEME DU TIBET
Se pose dès 1947. L’Inde milite pour l’indépendance du Tibet. Ses espoirs s’effondrent en 1949 : la RPC ne
veut rien concéder et le 15 octobre 1949 son armée entre dans Lhassa. Protestations de l’Inde qui finalement
reconnaît la RPC à la suite de la Grande-Bretagne, apaisant ainsi les tensions entre les deux pays.
En 1959, la répression est si forte (division du Tibet, démantèlement du territoire, politique culturelle
irrespectueuse des mœurs locaux, combats, stérilisation des femmes…) que les tibétains, pourtant
relativement pacifistes, prennent les armes. Le Dalaï Lama fint par s’enfuir en Inde. Les Chinois franchissent
alors la ligne Mac Mahon (frontière entre la Chine et l’Inde) ce qui relance l’activité militaire dans cette
région. C’est l’URSS qui calme le jeu en s’alignant sur la position de New Dehli au détriment de Pékin. En
1962, un nouveau conflit, bref, se déroule entre l’Inde et la Chine.
LE CONFLIT SINO-SOVIETIQUE
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LA POLITIQUE ETRANGERE AMERICAINE EN
ASIE
Deux facteurs dans la politique étrangère américaine : internes et externes. Les facteurs externes se résument
aux engagements pris par les EUA dans la région. L’espace asiatique est vaste, turbulent avec de nombreux
acteurs qui parfois les sollicitent pour être protégés. Les Américains sont ainsi soumis à de nombreuses
pressions externes. Leur politique s’inspire du libéralisme, du laisser-faire économique, open-door policy,
promotion des valeurs et normes qui depuis le XIXe siècle tentent de se démarquer de l’impérialisme
occidental. Les engagements sont d’abord commerciaux puis militaires et politiques. Les EUA pratiquent
beaucoup la diplomatie secrète, détournée en Asie. On utilise toutefois un autre terme moins teinté
d’impérialisme : « informal diplomacy » Utilisation de « back channels » cf. Kissinger/Nixon.
La politique américaine est faite d’un ensemble de contradictions qui s’expriment dès 1863 : on ouvre le
commerce avec les canonnières de Perry. Même chose en 1898, en total contradiction avec le discours antiimpérialiste. Pourquoi de telles incohérences ? Il faut s’attarder sur le poids du Congrès qui désapprouve
parfois les propos du gouvernement américain, le Président n’a pas toujours la marge de manœuvre qu’il
souhaiterait avoir. Problème, aussi, des rivalités bureaucratiques, les militaires s’opposant au pouvoir civil cf.
Kennedy/Cuba, Guerre du Vietnam. Il y aussi le poids de l’opinion publique et des médias, ainsi que celui
des lobbies qui défendent des intérêts économiques et enfin celui des Asiatiques vivant sur le territoire
américain. Ces rapports de force déclenchent des crises au sein de l’administration américaine, donnant à la
politique US une ligne de conduite qui n’est pas toujours très clair.
Ces hésitations, contradictions de la politique étrangère américaine rendent celle-ci incompréhensible pour
les partenaires asiatiques qui ont l’habitude des gouvernements autoritaires, monolithiques qui définissent
seuls l apolitique étrangère de leurs pays. Ils cherchent toujours un masterplan qui de fait ne peut exister, il
s’agit plutôt, dans le cas des EUA, de politiques conjoncturelles. Depuis quelques années une certaine
cohérence apparaît cf. Philippines où les EUA suivent une politique prudente, d’ingérence minimale. De
même pour Taïwan et la Corée. Grande habileté dans la gestion de la crise au Timor-Occidental.
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LE DEVELOPPEMENT DE L’ASIE DEPUIS LES
ANNEES 1960
L’Asie a montré que des pays sous-développés pouvaient sortir de cette situation de dépendance et accéder à
la richesse. Au niveau historique, le développement économique de l’Asie peut apparaître comme une
nécessité pour les EUA qui y voient là une meilleure solution pour stopper la progression du communisme.
Pour cette raison, une certaine tolérance est de mise vis à vis des régimes autoritaires qui tentent d’appliquer
un modèle d’économie de marché et de libre-échange. Au niveau économique il y a le développement du
Japon qui se traduit par une hausse de ses coûts de production, d’où une délocalisation en Asie des industries
à faible valeur ajoutée. Développement des pays ateliers, théorie de la division internationale du travail. Dans
les années 1960/70 on assiste à un pessimisme généralisé et à un contre-attaque du communisme. Mais cette
situation ne perdure pas et le décollage économique en Asie devient bientôt fulgurant. Ce phénomène a été
beaucoup étudié au niveau économique mais peu dans sa globalité (phénomènes sociaux, politiques…)
Jusqu’en 1965, la contribution américaine au PNB de la région Asie-Pacifique et à peu près égal à 50%, le
japon y participe à hauteur de 13%. A partir de 1965 les EUA ne représente plus que 36% et le Japon 35% du
PNB régional (50% vingt ans plus tard). Décollage économique des Petits Dragons et des Tigres. Le modèle
dominant est de comparer la dynamique du mouvement régional à un vol d’oies sauvages avec le Japon
comme leader. Système particulièrement directif, autoritaire, cadencé par le mouvement des délocalisations
japonaises.
LES MESURES ECONOMIQUES
Utilisation, de la part du Japon, puis de Taïwan, HK, la Corée du Sud et de Singapour (les Dragons) de tous
les outils à l’intérieur du GATT. Libéralisme : exigences vis à vis des EUA, signature d’accords
commerciaux avec les EUA qui représentent le premier marché à l’exportation et avec d’autres pays
occidentaux (cf. accords sur le textile dénommés « multifibres ») Couplage des investissements américains et
japonais, se qui créer une dynamique d’entraînement. Le Japon se pose comme modèle à suivre et va
commencer à délocaliser en Asie avant les Européens et les Américains, ce qui va lui procurer un avantage
compétitif et lui permettre d’occuper la place de premier investisseur en Asie. Les asiatiques n’hésitent pas à
accueillir les investissements étrangers et négocient l’acquisition de technologies à travers des accords de
transferts de technologies avec les FMN. Les FMN reçoivent des garanties sur le rapatriement des capitaux,
la sécurité de leur activité, leur non-nationalisation…
Des réformes sont menées dans le domaine de l’agriculture, en particulier à Taïwan et en Corée du Sud.
Redistribution des terres, remboursement en bons du Trésor pour les propriétés nationalisées. On est aussi
parvenu à industrialiser les campagnes. A permis de drainer l’épargne d’une nouvelle classe rurale moyenne.
Modernisation et mécanisation de l’agriculture. Meilleure utilisation des surfaces cultivables, amélioration
des semences, utilisation d’engrais, amélioration des systèmes d’irrigation et de gestion. Volonté, dans les
zones urbaines, de restructurer les industries pour les rendre plus performantes. Interventions de l’Etat dans
certains secteurs, en privilégiant ceux destinés à l’exportation. Réformes fiscales pour favoriser les meilleurs
entreprises, pas de loi anti-monopole, ce qui explique la constitution de groupes gigantesques et tout
puissants.
LES MESURES POLITIQUES
Sans elles, les politiques économiques seraient restées lettre morte. L’Etat intervient pour protéger son
marché, il prend en charge l’organisation de programmes économiques et de développement au sein même
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des entreprises cf. MITI japonais. Modèle qui est aujourd’hui défaillant. Existence d’un interface très fort
entre le privé et le public. Rôle important joué par l’éducation. Jusqu’aux années 1980, ces pays sont
caractérisés par un autoritarisme certain, prééminence des systèmes à parti unique, perdure encore
aujourd’hui à Singapour. Au Japon, même si le système est démocratique et multipartite, il existe un parti
dominant depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Tentative de structurer des Etats-nations, ce « nationbuilding » se fait au moyen de la scolarisation, du culte du drapeau, des symboles nationaux. Nécessité de
désamorcer les mouvements d’opposition qui pourraient déstabiliser ces constructions récentes et donc
fragiles. Les budgets militaires restent très faibles afin de ne pas entamer la compétitivité des entreprises
nationales par des prélèvement trop élevés, ce qui s’avère possible grâce à la garantie américaine en matière
de sécurité.
LES MESURES SOCIALES
Valorisation importante de l’école, on supprime les enseignement « inutiles » (littéraires) au profit
d’enseignements plus techniques. Parfois l’éducation est militarisée. Eradication de la corruption afin de ne
pas se heurter à des réseaux parallèles. Au japon, on a légitimé les réseaux parallèles afin de mieux les
contrôler. Situation qui est aujourd’hui remise ne cause. Volonté de ne pas reprendre à la lettre le modèle des
relations de travail à l’occidental : les syndicats sont interdits, aucune régulation du monde du travail. Les
femmes sont mises à contribution, on les sort des maisons pour aller travailler sur les chaînes (considération
sociale qui masque l’exploitation d’une main-d’œuvre abondante et bon marché)
QUELLES RECOMPENSES ?
Les pays qui ont sut récompenser leur population sont ceux qui ont généralement réussi car permettait de
matérialiser les efforts demandés. Echec aux Philippines car aucune redistribution. Même problème en
Indonésie où les politiques économiques n’ont su fonctionner correctement à cause d’un Etat cleptomane,
prédateur.
Les récompenses prennent souvent la forme de satisfactions de base. Conditions de logement décentes pour
des gens qui n’y étaient pas habitués cf. le HDB à Singapour. Les biens de consommation deviennent
accessibles, du moins sont visibles à tous, culte du centre commercial. Accès à l’école dans les meilleures
conditions. Mise en place de systèmes de santé minimums afin de donner aux populations les moyens
d’assurer leur bien-être. Apparition de systèmes de financement des retraites, ce qui va à l’encontre des
traditions de la région, l’enfant étant l’assurance vieillesse (de telles politiques ont été mises en place car
commence à se poser le problème du vieillissement de la population. Phénomène de l’automobile, le
symbole suprême du développement. Mais pose de nouveaux problèmes liés aux difficultés de circulation, à
la gestion du parc automobile… le seul pays qui semble s’en sortir est Singapour.
Systèmes de redistribution des richesses accumulées, permet l’émergence d’une classe moyenne, d’une
société civile qui réclame plus d’avantages et qui milite pour plus de démocratie cf.Taïwan, Corée du Sud.
Les pays qui ont le mieux réussi dans ces domaines sont ceux qui ont su redistribuer sans que les classes
dirigeantes ne s’approprient toutes les richesses. En terme de théorie du développement on ne peut exiger
beaucoup de la population que si elle y gagne quelque chose.
AUTRES CARACTERISTIQUES DU DEVELOPPEMENT
Pourquoi un tel développement de Taïwan, de la Corée du Sud, de Singapour et de Hong-Kong ? Il faut
s’intéresser au paradoxe de la colonisation japonaise, thèse assez provocatrice que tous ne soutiennent pas :
ces pays se seraient plus facilement adaptés au modèle japonais grâce aux infrastructures qui avaient été à
l’époque mises en place (ponts, routes, ports, industries…) D’autres explications plus communément
admises : dans les années 1950 ces sociétés avaient des taux de fécondité qui donnaient une population jeune
en état de travailler, les EUA participaient aussi fortement à cette nouvelle dynamique économique et de
développement. Il y avait aussi une dimension politique dans la mobilisation des populations : l’ennemi qu’il
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fallait surpasser à tous prix cf. Taïwan/Chine, HK/RPC, Corée du Sud/Corée du Nord, Singapour/Malaysia
qui avait expulsé l’île en 1965. Ce facteur est toutefois difficile à évaluer.
Problème du phénomène des Chinois d’outre-mer et du confucianisme. En Asie du Sud-Est les Chinois
d’outre-mer sont massivement représentés à Taïwan, à Singapour (75% de la population), en Malaysia
(30%), à Hong-Kong, en Thaïlande (14%) et au Vietnam (les chiffres sont peu connus depuis 1979/80, date
de la tentative d’exclusions des Viet-Hoa ; représentent environ 5 à 6% de la population actuelle ; forte
insistance de la part du gouvernement vietnamien pour les faire revenir car ils possèdent d’importants
capitaux) Les Chinois représentent 2 à 3% de la population indonésienne mais possèdent 50% des capitaux.
Dans certains pays ils parviennent à s’intégrer sans difficultés : Thaïlande, Philippines ; mais pas en
Indonésie cf. les émeutes lors de la chute de Suharto. En Malaisie ils restent très puissants malgré des
tentatives gouvernementales pour favoriser les Bumiputra.
Les Chinois d’outre-mer sont puissants car ils possèdent les capitaux, la richesse cf. grandes familles
d’armateurs. Leurs réseaux sont très segmentés, très complexes et l’on ne sait que très peu de choses à leur
sujet. Ils sont capables de mobiliser ces réseaux très rapidement dès que les situations l’exigent et de prendre
des décisions politiques et économiques qui peuvent influer sur la position de certains gouvernements. Ils
cultivent une logique de prudence malgré les rivalités familiales. Réseaux qui dépassent du cadre financier
cf. réseaux d’immigration. 80% des capitaux investis en RPC viennent des Chinois de la diaspora, d’où un
rapport complexe avec les autorités chinoises.
De nouvelles difficultés sont apparus dans ces nouvelles sociétés développées. Eclatement des familles (cf.
Yi Yi), remise en cause des valeurs culturelles et religieuses, apparition d’une corruption à grande échelle
(cf. Daewoo). Peu de cas fait des DDH et des libertés publiques. Dégâts environnementaux causés par une
industrialisation trop rapide et parfois anarchique cf. Taïwan. Exacerbation des conflits internes avec
concurrence entre les différents segments de la population, conflits sociaux aussi important qu’inédits.
Montée des classes moyennes et des revendications qui l’accompagnent. Celles-ci sont de plus en plus tenté
de s’expatrier d’où la mise en place de politiques pour les retenir. Aujourd’hui, certains pays comme Taïwan,
la Japon, la Malaysia, HK et Singapour ont de grands besoins de main-d’œuvre qualifiée.
LA CRISE DE 1997
Elle est révélatrice de la crise du modèle. C’est un réplique de l’éclatement de la bulle spéculative japonaise
consécutive à une hausse du crédit non-contrôlé. De 1989 à 1992 il y avait déjà l’apparition de problèmes et
d’éléments précurseurs de la crise à venir : pendant ces années, le Nikkei avait perdu 60% de sa valeur.
Surinvestissements dans les capacités de production des pays périphériques du Japon et surévaluations
consécutive des monnaies locales. En 1997, dévaluation du Yen par rapport au dollar à cause de la
libéralisation du secteur bancaire. Ces deux phénomènes ont provoqué une hausse du prix des exportations
d’Asie du Sud-Est vers la Japon, qui perdent alors leur avantage compétitif, tout comme le Japon y perd une
partie de sa compétitivité. Parallèlement, développement des exportations chinoises qui s’engouffrent dans le
vide ainsi créé, dès 1994, dévaluation compétitive du Yuan.
L’effondrement du Bath thaïlandais intervient en 1997 lorsque la plupart des prêts à court terme accordés à la
Thaïlande arrivent à échéance. Les débiteurs se sont trouvés dans l’impossibilité de payer, ce qui a mis en
évidence le manque de transparence des systèmes financiers et bancaires locaux qui étaient très corrompus et
vulnérables. A partir de la mi-1997, phénomène de contamination, les capitaux étranger se retirent, de très
nombreux pays sont obligés de laisser flotter leur monnaie car ils ne parviennent plus à se prémunir des
attaques spéculatives. Effet d’entraînement sur toutes les économies de la région.
La crise a été révélatrice de très nombreux problèmes structuraux inhérents à ces pays émergents. La
Thaïlande a été très touché à cause de son endettement qui avoisinait les 94 millions de $ dont 39 à brève
échéance. La crise a provoqué l’effondrement des indices boursiers, la démission de nombreux
gouvernements et le désarroi de la population, notamment à Bangkok où les classes moyennes laminées sont
pour partie retournées dans les campagnes. Recrudescence de la pauvreté dans les milieux urbains. La
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contamination rapide de la crise et de ses phénomènes sociaux a surpris les dirigeant régionaux, à tel point
que l’Indonésie n’a put y faire face, ce qui abouti à l’éclatement du régime de Suharto.
L’occident, à travers le FMI, est intervenu après coup pour restructurer des économies qui n’avaient peut-être
pas besoin d’être aussi rapidement et radicalement réformées. A fait naître une centaine hostilité vis à vis
l’occident, la population locale est même allé jusqu’à envisager un complot pour ruiner l’Asie. Aggravation
de la situation en Corée du Sud, restructuration forcée des Chaebols qui échappaient de plus en plus à tout
contrôle. La crise fut l’occasion de leçons en matière politique, économique et sociale : le néolibéralisme
financier peut s’avérer fatal s’il n’est pas maîtrisé, la mise en place d’Etat de droits est cruellement
nécessaire, la transparence doit enfin être de mise. Des corrections ont été apportées dans le sens du
développement d’une expertise économique et financière locale (rôle de la Banque Asiatique de
Développement)
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LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA CHINE
LA TRADITION IMPERIALE
Syndrome de l’Empire du Milieu, arrogance face à ses voisins. La Chine s’est toujours considérée comme un
Empire, ce qui est différent d’une pays ou d’une Nation. La « Civilisation » chinoise, la politique étrangère
n’a aucune raison d’être, autosuffisance. Organisation d’un système tributaire fait de cercles concentriques
plus ou moins éloignés et plus ou moins contrôlés. L’unification de la Chine se fait en 221 BC. Rapports très
codés selon le degré de vassalité (périodicité, nature des cadeaux…) La cérémonie la plus importante, celle
du Kow Kow (version linguistique britannique car l’ambassadeur britannique s’était fait connaître pour ne
pas s’y soumettre) La tradition impériale visait à l’harmonie, le monde se devait de graviter autour du centre.
L’ordre international n’est que l’extension du territoire chinois et de son harmonie.
La Chine, en se fabriquant après les « royaumes combattants » (les Qin en sortent vainqueurs) développe des
systèmes d’alliances et d’équilibre des pouvoirs bien avant que ces concept n’apparaissent en occident. Les
Chinois inventent le principe de la sécurité collective afin que les petits s’allient pour contrer les grands.
Forte tradition de la guerre et de la stratégie cf. Sun Ze qui a été redécouvert en occident à partir des années
1950 car s’approchait des modèles de guérillas alors en pleine expansion : pas de combat rangé ou majeur, se
dérober, guerre populaire, Nation en arme, moral des troupes, importance du climat… S’inspire du taoïsme,
philosophie qui corrige par des éléments dits faibles des éléments dits de force. On y retrouve le côté
psychologique de la guerre, le rôle du renseignement. Il faut viser la possession du territoire plus que
l’anéantissement de l’ennemi, stratégies qui visent à encercler l’ennemi et à faire de l’espace. Gagner sans
que l’adversaire ne se rende compte qu’il a perdu. Nécessité d’éviter de faire perdre la face à l’adversaire, il
faut toujours lui laisser une porte de sortie.
UNE TRADITION REVOLUTIONNAIRE IMPORTANTE
Basculement tardif de la Chine dans la modernité à la fin du XIX e siècle. Humiliation de 1919 lorsque le
Japon lui est préféré par l’occident pour reprendre les concessions allemandes, mouvement nationaliste du 4
mai 1919. Son nationalisme est puisé dans la guerre civile qui fait rage mais aussi par opposition au Japon.
Véritable guerre de guérilla, militarisation de la société, animosité vis à vis du Japon. Les Chinois
s’enthousiasmes pour le système bolchevique mais se méfient tout de même de l’ennemi séculaire qu’est la
Russie puis l’URSS. La Chine éprouve aussi une certaine fascination pour les EUA alors qu’elle méprise
l’Europe et son esprit colonial, impérialiste, qu’elle se défie de sa culture qu’elle veut bien admirer mais
qu’elle ne veut pas se voir imposer. Toutes ces traditions se superposent pour aboutir à un vif ressentiment
face à l’impérialisme occidental.
En arrière plan, une sorte de sentiment d’infériorité de la Chine sous lequel se profile le non-dit de la
revanche à venir. Alimente un attachement farouche à la souveraineté et à la non-ingérence. Méfiance à
l’endroit du droit international car la Chine n’a pas eu grand chose à y redire, tout comme le reste de l’Asie.
La Chine veut bien provoquer des mouvements révolutionnaires à ces frontières mais ne souhaite entretenir
cette situation d’instabilité éternellement cf. France/Vietnam.
LA POLITIQUE ETRANGERE COMME PROLONGEMENT DE LA POLITIQUE
INTERIEURE
La Chine accepte beaucoup plus qu’autrefois les règles du jeu international cf. l’ONU où la Chine véhicule
de plus en plus le point de vue du 1/3 monde. L’immensité de son territoire et sa population gigantesque
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représentent la véritable puissance de la Chine sur la scène internationale, son armée et son économie pèsent
de plus en plus depuis les 4 réformes de Deng Xiaoping. Deux points importants pour la politique étrangère
chinoise : importance du régionalisme et des factions rivales qui peuvent influencer le pouvoir central quant
aux politiques extérieures à mener et farouche volonté chinoise de maintenir son indépendance et sa
souveraineté (à mettre en parallèle avec la France de De Gaulle) ; réticence à accepter les contraintes
extérieures. On assiste à une corrélation certaine entre les périodes de troubles internes et les conflits
externes (sorte d’exutoire des tensions internes ?) : 1949/53, 1957/58 = Grand Bond et Taïwan, 1960/62 =
réformes et Inde + URSS, 1969 = révolution culturelle et URSS. Depuis la fin des années 1970 le découplage
est significatif cf. 1989 Tiananmen.
Un élément interne important de la politique étrangère chinoise : le processus décisionnel. Difficile de
l’isoler. Gravite vraisemblablement autour de deux ou trois personnes, dont Zhou En Laï lorsqu’il était
encore en vie. Reste le domaine de la haute politique, « domaine réservé », du secret absolu.
Le poids de l’histoire fait que l’influence chinoise se fait plus ressentir en Asie que dans les autres aires
civilisationnelles. La Chine s’intéresse peu à l’ensemble des dossiers internationaux, comme pourraient le
faire les Européens.
L’IDEOLOGIE REVOLUTIONNAIRE
Elle est restée très virulente jusqu’en 1978/79, autour de quatre thèmes : l’impérialisme occidental, hostilité
au révisionnisme, encouragement à l’internationalisme prolétarien autour des campagnes, coexistence
pacifique (1955) Des contradictions pratiques on été nécessaires car l’internationalisme nécessite une
certaine ingérence de la part du pouvoir chinois. Mise en place d’un montage idéologique et pratique
complexe, trois niveaux de politique extérieure : la politique d’Etat à Etat, de peuple à peuple et de parti à
parti. La Chine a ainsi la possibilité de jouer avec chaque acteur un jeu différent.
La Chine a procédé à des grandes classifications théoriques pour légitimer son action, d’autant plus que
personne ne comprenait sa politique étrangère :
- Une première époque où elle penche d’une seul côté, le monde est divisé en deux camps (1949-1952)
- Une deuxième, celle de la coexistence pacifique, deux camps + les neutres (1953-1960)
- La troisième est une période intermédiaire où les deux camps sont au côté d’une zone internationale mal
définie (1963)
- Dans un quatrième temps il y a deux camps + 1/3 monde + Europe/ Australie/ Nouvelle-Zélande (1964)
- La cinquième est une période où l’on parle de l’encerclement des villes par les campagnes. Villes = EUA
et URSS, campagnes = RDM avec la Chine à sa tête.
- La sixième est celle de la théorie des Trois Mondes EUA/URSS, Europe/Japon et le 1/3 monde avec la
RPC à sa tête.
Depuis 1978/79 plus de découpages de la sorte car le militantisme idéologique chinois s’est endormi.
LES SEQUENCES DE LA POLITIQUE ETRANGERE CHINOISE EN ASIE
DEPUIS 1949
1950-1958 : Alignement sur l’URSS. Protéger son territoire, l’une des raisons probable de l’intervention en
Corée. Nécessité de délimiter son territoire avec l’URSS dès 1950, également avec l’Asie du Sud Est cf.
Philippines, Mer de Chine, Inde… Crises successives vis à vis de Taïwan. Pratique la coexistence pacifique
tout en la condamnant.
1959-1969 : La Chine se retrouve seule dans les RI entre l’URSS et les EUA, politique d’autarcie,
d’autosuffisance, compte sur ses propres forces. Exerce des pressions sur l’Asie du Sud Est pour l’empêcher
de s’aligner. Souffle le chaud et le froid, alimente les guérillas. Elle montre au monde qu’elle peut signer des
accord frontaliers et les brandit en modèle (avec le Myanmar et le Népal) Fermeté à l’endroit de l’Inde sur la
question du Tibet, guerre frontalière en 1962. La Chine organise une tentative de coup d’état contre Sukarno
en liaison avec le PC indonésien et chinois, ce qui conduit au massacre de milliers de chinois. L’armée
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indonésienne renverse finalement Sukarno au profit de Suharto. Approche amicale envers le Japon dès 1964,
politique de compromis de la part de Mao qui accepte les revendications japonaises sur les Kouriles. La
Chine commence à jouer la voie européenne, notamment avec la France et le Royaume-Uni, des pourparlers
sont entamés secrètement par le Gal J.Guillermoz. En 1964 la Chine se dote de sa première bombe nucléaire.
Lors de la guerre du Vietnam qui commence en 1965, la Chine est réticente à aider les Vietnamiens car ceuxci sont plus proches de Moscou que ne le souhaiterait Pékin. Réthorique très dure à l’égard des EUA, mais
les contacts secrets continuent à Varsovie (notamment la signature d’un accord pour ne pas bombarder les
frontières chinoises). En 1969, éclatement d’un conflit frontalier avec l’URSS, probablement mené par des
éléments incontrôlés du PCC. La Chine sort de la Révolution culturelle en ayant détruit sa politique
étrangère. Elle est coupée du monde, elle a des ennemis partout, les PC s’écartent de Pékin, tous les
ambassadeurs ont été rappellés, sauf celui du Caire.
1970-1981 : La Chine fait le bilan des changements de sa politique étrangère. Elle va entamer une contreoffensive pour rompre son encerclement en jouant d’abord la carte américaine puis un jeu triangulaire. Pékin
envoi des signaux ambigus de plus en plus appuyés aux EUA, signaux que ceux-ci n’ont pas toujours
compris car ils étaient trop subtiles. La Chine est réadmise aux Nations-Unies en janvier 1971, et prend la
place de Taïwan au CS en 1979. Toutefois, la RPC fait preuve de retenue à l’endroit de la RDC. Dans le
même temps les dirigeants chinois exerce des pressions sur les vietnamiens du nord afin qu’ils reconnaissent
le Sud, bloquant ainsi toute réunification ; mais ceux-ci refusent lors des accords de Paris qui se tiennent de
1973 à 1974. Le gouvernement chinois tente de séduire l’ASEAN afin de persuader ses membres que la
Chine, à travers le PC, n’est plus vraiment dangereuse et belliciste. La Chine acquiert l’autorisation d’ouvrir
des ambassades dans ces pays. A chaque fois, Taïwan perd un peu plus de sa légitimité sur la scène
internationale. En 1978, les rapports avec le Japon sont à leur tour normalisés. A Chine s’ouvre et en 1979
elle établie des relations diplomatiques avec les EUA, puis s’aligne au sein d’une coalition qui dénonce
l’invasion du Cambodge par le Vietnam (les Khmers se réclamaient plus ou moins de Pékin, alors que le
Vietnam est aligné sur Moscou). En février 1979 la Chine lance une offensive contre le nord du Vietnam,
mais l’humiliation est totale pour les troupes de Pékin.
1982-1989 : La Chine est plus indépendante, sûre d’elle. Elle commence à prendre ses distances avec les
EUA. Lors du XIIe Congrès du PCC les dirigeants communistes annoncent qu’ils vont essayer d’être un
exemple pour le 1/3 monde, ils en recherchent le leadership. Il est aussi fait une distinction entre les nécessité
de l’économie de marché et le régime politique qui pourrait suivre d’autres lois. Des ouvertures sont faites
vers l’URSS alors que la puissance américaine se reprend. L’idéologie de la lutte des classes dans le monde
est abandonnée. La Chine se rapproche petit à petit de Taïwan, des gestes sont effectués à l’endroit de la
Corée du Sud. En 1984, la Chine et la Grande-Bretagne signent un accord sur le futur statut de Hong-Kong,
« un pays, deux systèmes » (Deng Xiaoping). Les britanniques avaient en fait obligé les Chinois à négocier
car ceux-ci ne faisaient que parler, ce qui inquiétait les investisseurs et menaçait la place financière de HK.
Les accords sur HK et Macao et la situation actuelle dans ces territoires, sont brandis en exemple auprès de
Taïwan dans l’hypothèse d’une réunification. A partir de 1989 se pose le problème de l’après Tiananmen.
1989 à nos jours : Situation d’incertitude, de désarroi pour la Chine qui voit le bloc communiste, dont elle
fait plus ou moins partie, s’effondrer. Peur d’un effet de contamination que traduit bien le retard pris par les
autorités pour annoncer la chute du Mur de Berlin. Les conséquences à court terme sont que la Chine se
retrouve sans ennemi à ses portes pour la première fois depuis 1842 (Guerre de l’Opium). La chute du
communisme russe fait peur aux dirigeants chinois qui se sentent menacés, la survie devient pour un temps la
première préoccupation du régime. Des craintes se font aussi jour dans la population qui a horreur du
désordre tel qu’il existe en Russie car lui rappelle trop les guerres civiles. Craintes des étudiants, même les
plus révolutionnaires, qui à Tianamen ne souhaitaient pas aller aussi loin qu’en Russie.
La Chine fait une nouvelle analyse des relations internationales. Elle s’atèle à trouver des compromis avec
les EUA afin de se faire pardonner les événements de 1989. Les Chinois accordent leur soutien à la Guerre
du Golfe. Les EUA fascinent les militaires et les dirigeants chinois par leur technologie et leur façon de faire
la guerre. Ils acceptent en 1991 les accords de Paris relatifs au Cambodge, ils vont même jusqu’à soutenir les
Vietnamiens. Demande est faite à la Corée du Nord d’adoucir ses propos, début de participation de la Chine
à l’APEC et acceptation de la présence de Taïwan en son sein sous le nom de « Chinese Taïpeh » (tout
comme au comité olympique) (la Chine parle aussi de 21 « économies » membres de l’APEC et non de 21
« pays ») Volonté d’intégrer l’OMC.
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La Chine obtient en 1990 la reconnaissance de son gouvernement par l’Indonésie qui le lui refusait depuis les
événements de 1965. Suivie de Singapour. La Chine développe une nouvelle politique d’armement, ces
gestes deviennent aussi plus conflictuels. Elle prend conscience de son sous-équipement et se fourni à
l’étranger cf. Ukraine et SU.27, vote d’une loi en 1992 sur le protection du territoire maritime chinois. Selon
ce texte, toute la Mer de Chine appartiendrait à la RPC (Paracels, Spratleys, Diao Yutai) Occupation d’un
îlot des Spratleys près des Philippines en 1995, panique des Philippins car les Pelawan, selon leurs dires, leur
appartiendraient. Les EUA vont justifier leur non communication d’information par le peu d’importance que
représenterait cette zone (événements du Mischief Reef) Cette position pourrait changer d’ici peu.
LA POLITIQUE DE DEFENSE CHINOISE
Depuis longtemps, le métier militaire est déprécié en Chine, lié à l’histoire ancienne et aux humiliations du
XIXe siècle. Ce t aspect des choses change avec l’armée révolutionnaire qui a permis au nouveau régime de
se mettre en place : l’Armée du Peuple (APL : Armée Populaire de Libération) Depuis 1949, l’armée a
permis la survie du régime, comme en 1967 lorsqu’elle est intervenue pour arrêter les combats, et a servie
d’instrument de promotion sociale tout en donnant au régime des grands leaders cf. Lin Biao, Chen Yi. Une
véritable symbiose entre le parti et l’armée a existé jusqu’aux années 1990.
Depuis 1990, allègement des menaces aux frontières du à la fin de l’URSS. Le traumatisme de Tiananmen a
aussi poussé à la réorganisation des forces armées. La répression des étudiants à fait naître des dissensions au
sein de l’armée, des officiers (suivant en cela le chef de la place de Pékin) ayant refusé d’obéir il a fallu
appeler des troupes lointaines qui, mal entraînées pour ce genre d’intervention, ont tué de nombreux
manifestants. Constitution d’une police populaire armée et équipée pour le contrôle des foules.
Tous ces événements ont conduit à une réorganisation en profondeur de l’armée. Xiang Zemin a ainsi
concrétisé la modernisation de l’armée, la priorité a été donnée à la professionnalisation, ce qui entre en
contradiction avec le terme Armée Populaire. Diminution des effectifs par un million de 1990 à 2000. il
s’agit en partie d’une fausse démobilisation car la nouvelle police armée, de 800000 hommes, en a intégré
une bonne partie. L’armée compte aujourd’hui environ 3 millions de soldats. C’est maintenant la police, sous
le contrôle du comité central et du commandement militaire qui est le soutien principal du régime. Mise en
place en parallèle d’une politique d’acquisition de haute-technologies militaires, nouvelle politique de
recrutement très stricte, valorisation de l’outil et de la fonction militaire. La Chine a dans le même temps
cherché à ne pas couper l’armée de la croissance. Ainsi les militaires participent au développement de 15000
entreprises, mais devrait progressivement disparaître car créer des problèmes de corruption, de fraudes aux
frontières que cette même armée contrôle et enfin cela tend à la formation de rivalités entre les militaires qui
participent à ce mouvement, et en touchent les dividendes, et les autres. Le même phénomène se rencontre au
Vietnam.
Le 14 mars 1997, le Congrès national (Assemblée) du peuple a voté une loi sur la défense nationale, qui
définie les missions et les responsabilités de l’armée, soulignant ainsi sa subordination au PC, au Conseil
d’Etat (sorte de cabinet du PM) et au Comité Permanent Militaire du Congrès National en adoptant leur
texte. La stratégie générale est définie par le Conseil d’Etat et ce depuis le Livre Blanc de 1998 alors que les
directives sont laissées aux soins du Comité aux affaires militaires. La doctrine stratégique est très
continentaliste, notamment en direction du nord et de l’ouest où se trouvent les républiques musulmanes qui
fournissent à la Chine une partie de ses hydrocarbures qui seront d’autant plus nécessaire pour la future
croissance de l’économie chinoise. La Chine se tourne aujourd’hui de plus en plus vers l’élément maritime à
l’est et au sud de son territoire. En 2001, le budget chinois de la défense a augmenté de 17%.
LES RAPPORTS ENTRE LA RDC ET LA RPC
Le problème existe depuis 1949, après que 1 million de personnes s’y soient réfugiées avec le gouvernement
en exil du Guomindang. De 1949 à 1991 Taïwan a prétendu représenter la légitimité de l’ensemble du
continent chinois.
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En 1975, Chang Kai Shek meurt. Son fils Chiang Ching Kuo lui succède, il décède à son tour en 1988. Le
régime autoritaire s’effrite, en 1987 la loi martiale avait été abrogée. Le nouveau PR est désigné
automatiquement car il s’agit du vice-président : Lee Teng Hui. Il lance des réformes qui ne plaisent pas à
tous. En 1991 il renonce au contrôle théorique du continent et reconnaît qu’il est contrôlé de-facto par Pékin..
La même année sont organisées les premières élections démocratiques de l’Assemblée. Aucunes n’avaient
été organisées car il était impossible qu’elles se déroulent sur l’ensemble du territoire !
1996 : élection du PR lors d’élections totalement démocratiques. Réélection de Lee Teng Hui. La RDC se
dirige vers le multipartisme et la liberté d’expression. Quelles institutions ? Un Yuan législatif de 225
membres élus au suffrage universel ; un Yuan exécutif qui est une sorte de cabinet du premier ministre ; un
Yuan judiciaire composé de 16 membres nommés par le PR ; un Yuan de contrôle des services publics dont
la tâche principale est de lutter contre la corruption et un Yuan d’examen de recrutement qui veille à la
garantie des bonnes mœurs et de la transparence du recrutement.
Comme en RPC, il y a à Taïwan un lien permanent entre les affaires extérieures et intérieures. La démocratie
est par exemple utilisée comme une arme contre Pékin. Depuis 1991, les dirigeants n’ont cessé d’apporter
leur garantie pour pérenniser la démocratie et ont fait souvent preuve de modération dans leurs attitudes. Un
facteur essentiel dans les relations avec le continent est la réussite économique de l’île de Formose, ce qui en
fait aujourd’hui le premier investisseur en RPC. Pour la RDC l’enjeu de Taïwan est très important par le
symbole politique et culturel qu’il représente, sorte d’Alsace-Lorraine. Pour Taïpeh, ce défi est un instrument
fort de la mobilisation de la population dans toutes ses composantes ; mais encore plus pour Pékin qui en fait
un exutoire de sa politique intérieure. Depuis 1984 la RPC ne pense qu’à la réunification, tous les accords
signés depuis prennent en compte l’avenir de Taïwan où s’en inspire étrangement cf. les accords au sujet de
HK.
Ces tensions ont provoqué de nombreuses crises récemment. En 1995 lorsque Lee Teng Hui se voit accordé
un visa pour se rendre aux EUA prononcer un discours dans son ancienne université de Cornell. La crise a
été déclenchée par Pékin car elle remettait en cause l’existence d’une seule Chine. Au mois de mars 1996 la
situation est plus grave car elle coïncide avec les élections à Taïwan. Les causes en sont les gesticulations
militaires de Pékin dans la province du Fukien et le lancement de missiles dans les eaux territoriales de la
RDC pour répondre à des propos trop indépendantistes du PR. Les EUA sont obligés d’envoyer deux PAN
pour faire redescendre la pression. En mai 1996 Zhu Rongji (PM) déclare « Washington n’a pas hésité à
faire la guerre pour l’unification » ; la RDC lui répond que ce fut effectivement le cas mais que si la RPC y
songe ce sera sanglant.
Juillet 1999 : Lee Teng Hui parle de relations de « pays à pays » ! Signifie en substance que la RDC serait
déjà souveraine de-facto et qu’il n’est en rien nécessaire de déclarer formellement l’indépendance. Tollé à
Pékin. Le 13 juillet Lee Teng Hui persiste et dit que la « Republic of China as always been a sovereign State
and not a local government » Le conflit s’atténue grâce à la reprise de la diplomatie secrète informelle et
commerciale. Se fait à travers des ONG (pas aussi indépendantes des pouvoirs politiques que l’on voudrait le
penser) ! Pour Pékin l’ « Association pour les relations des deux rives du détroit » (ou ARATS selon le sigle
anglais) Du côté de Taïpeh la « Strait Exchange Commission » On utilise se système car tout dialogue
officielle serait une reconnaissance des deux Etats par l’un et l’autre. Les échanges se sont interrompus à la
fin de l’année après le durcissement des positions et des discours. Pour Pékin on parle de « un pays, deux
systèmes ». Taïwan préfère « un pays, deux entités » ou « un pays, deux Etats » ou « deux Etats dans une
nation », ce que rejette totalement Pékin. Pourquoi un tel durcissement ? De part et d’autre il y a des
considérations de politique intérieure. Pour la RDC c’est élément fondamental de la politique locale. Prenons
à titre d’exemple les élections de mars 2000 où de nombreux électeurs exigeaient un durcissement de la
position de ses dirigeants. Les candidats à la présidence ont alors surenchérit chacun à leur tour. Lee Teng
Hui a soutenu le candidat du Guomindang, Lien Chian qui a obtenu 23% des votes, qui s’opposait à Soong
Chu-Yu du Nouveau Parti Chinois qui a recueilli 36% des voix et à Chen-Shui Bian le candidat
indépendantiste qui a été élu par 39% des suffrages. Malgré l’élection d’un indépendantiste il n’y a pas eu
d’escalade militaire comme en 1996, Pékin ne voulant pas compromettre ses relations avec les EUA ainsi
que les discussion du WTO. De plus les propos violents de Chen-Shui Bian n’étaient destinés qu’à
convaincre les électeurs de voter pour lui, depuis lors il est resté très modéré sur le sujet.
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LES POSITIONS OFFICIELLES DES DEUX GOUVERNEMENTS SUR LA
QUESTION
La République Populaire de Chine (en 7 points) :
- S’oppose à toute formule, geste qui favoriserait l’indépendance de Taïwan
- Elle est d’accord pour que la RDC est des ONG reconnus et ce afin de consolider ses rapports avec
l’étranger, accepte sa présence à l’APE, l’ADB et le PECC sous le nom de « Chinese Taïpeh »
- Volonté d’avoir des négociations politiques à le suite des négociations informelles
- La violence n’est pas un moyen qui puisse être autorisé sauf si l’indépendance est proclamée, s’il y a une
intervention étrangère, si la RDC cherche à posséder l’arme nucléaire
- Distinction nécessaire entre ce qui relève du politique et ce qui relève de l’économique
- Rappelle la culture vieille de 5000 ans qui est un lien fort entre les deux populations
- Engagement de Pékin quant au respect du style de vie des taiwanais et de leurs droits (sans plus de
précisons toutefois !)
La République de Chine a une position plus pragmatique :
- Peut-être peut-on discuter si la RPC renonce complètement à la force et reconnaissait notre autonomie defacto depuis 1949
- La PC doit reconnaître formellement les efforts fait par Taïwan depuis 1991
- Pékin doit reconnaître les échanges privés (économie, familles…) et l’interaction qui existe de peuple à
peuple
- Des négociations pour la réunification seront entamées une fois la RPC totalement libre et démocratique
- Persistance de doutes quant à la garantie véritable de nos droits
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LE DOSSIER COREEN
INTRODUCTION
République Populaire de Corée du Nord
République Démocratique de Corée du Sud
21 millions d’habitants
48 millions d’habitants
Kim Jong Il
Kim Dae Jung
La première unification est réalisée en 668 au sein du royaume de Silla et ce jusqu’en 935 (dynastie issue du
nord). De 935 à 1392, règne de la dynastie de Koryo, puis jusqu’en 1910 des Choson. 10% de la population
du Sud vient du Nord. 25% de la population du Sud est chrétienne.
La RPCN est un régime fermé sur lui-même, autoritaire, féodale qui a été dirigé par Kim Il Sung jusqu’en
1994. Pendant plus de 40 ans le régime a vécu en symbiose avec l’URSS et la Chine. Depuis le début des
années 1990 il a perdu ces deux alliés, la résultante étant de graves problèmes économiques. La famine s’est
développée alors que 1/3 du PIB est consacré aux forces armées qui avoisinent les 2 millions de soldats.
La RDCS était dirigé par Synghman Rhee jusqu’en 1960, date de sa mort. Des élections sont organisées mais
elles sont suivis d’un coup d’état militaire du Gal Park Chung Hee qui est réélu de 1963 à 1979, année où il
est assassiné. A partir de 1987/88 les putschs s’arrêtent et des efforts de démocratisation sont réalisés. Roe
Toe Woo mène les réformes et écarte les militaires dès 1987, son opposant, Kim Dae Jong, est tout de même
envoyé en prison. Un moment charnière, les Jeux olympiques de Séoul en 1988 qui coïncident avec les
premières élections législatives présidentielles. 1992, première élection d’un Président civil, Kim Young
Sam, qui va se distinguer en faisant poursuivre ses prédécesseurs pour corruption… 1997, élection de Kim
Dae Jung alors que la crise économique sévit.
LES RAPPORTS NORD/SUD
Tensions qui perdurent depuis 1953, logique de guerre civile. Il s’agit de plus en plus d’un problème
d’antagonisme des régimes politiques plus que d’un conflit entre les deux populations. Depuis l’armistice,
les EUA sont garants de la frontière au niveau du 38e parallèle. 37000 soldats américains sont aujourd’hui
présents en Corée du Sud. En Corée du Sud, la loi martiale et le couvre-feu ont été levés en 1983/84. Des
attaques répétées du Nord n’ont pas cessées d’avoir lieu : en 1968 un attentat est perpétré contre Park Chung
Hee ; à nouveau en 1974, tuant cette fois-ci sa femme ; en 1983 contre le cabinet sud-coréen en visite à
Rangoon ; en 1987 contre un avion de la Corean Airlines faisant 115 morts. En 1996/98 il a été retrouvé des
sous-marins sur les côtes sud-coréennes, découverte régulière de tunnels au niveau du no man’s land (Séoul
n’a qu’a 20 km de la frontière). Le dernier affrontement a été maritime en juin 1999 alors que la Sunshine
policy était déjà de mise depuis quelque temps.
Le Sud tente d’ouvrir le Nord à l’étranger par des actions bilatérales ou multilatérales, ce que souhaite
aujourd’hui la population. Il y a même eu des manifestations d’étudiants et d’ouvriers afin qu’il y ait une
véritable réconciliation des deux régimes et que les familles puissent se réunir à nouveau. 1988, début de la
Sunshine policy (accords commerciaux, échanges touristiques, rencontres de familles séparées)
Rapprochement de Séoul vers Pékin et les pays de l’Est. L’apogée est atteinte en 1990 lorsque Moscou
reconnaît la Corée du Sud. Depuis 1997 on s’achemine vers une politique de conciliation qui différencie le
politique de l’économique, ce qui a eu un certain succès. Pression des Chaebols, notamment de Hyundai qui
a mis sur pied une affaire de tourisme du Sud vers le Nord (rapporterait 1,5 milliard de dollars par an). Tenue
d’un sommet Kim Dae Jung/Kim Jong Il en juin 2000 à Pyongyang. Cet événement a permis au leader du
Nord de se présenter et de se faire connaître comme chef d’Etat au reste du monde et de démontrer qu’il
n’était pas aussi idiot que l’on voulait bien le croire. Le Nord n’a pas garanti au Sud la sécurité amis lui a
garanti l’autorisation de commercer et la possibilité de contacts familiaux. Sommet qui avait été précédé
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d’un discours du Sud à Berlin dans lequel la Corée Démocratique ne souhaitait pas une réunifictaion aussi
rapide qu’en Allemagne car cette solution est jugée trop coûteuse.
LA POLITIQUE DE CHANTAGE NUCLEAIRE DE LA COREE DU NORD
En 1979 les EUA font pression sur la Corée du Sud pour qu’elle ne développe par d’armes nucléaires alors
que la France avait été approchée à ce sujet. La Corée du Nord, de son côté, s’était adressée à Mao Zedong
qui le lui avait refusé en 1964 puis en 1974. En 1977 Moscou donne un petit réacteur nucléaire à des fins
civiles, sous le contrôle théorique de l’AIEA. L’URSS promet aussi la livraison de nouvelles centrales si la
Corée du Nord adhère au TNP et à l’AIEA. C’est seulement en décembre 1985 que la Corée du Nord adhère
au TNP, par lequel on adhère automatiquement à l’AIEA. Pourtant, dès mars 1984 les EUA avaient repéré
une centrale nucléaire douteuse à Yong Byon car celle-ci n’était pas répertoriée. A partir de 1986/88 les
contrôleurs de l’AIEA découvrent des traces de plutonium.
1991, le premier jeu de dupes commence. La Corée du Nord est à la fois conciliante et menaçante, elle joue
de sa puissance nucléaire pour influer sur les RI. En décembre un accord est signé avec le Sud qui permet
une reconnaissance mutuelle des divergences de régimes, reconnaît le principe de non-ingérence, donne des
garanties contre tout acte subversif, transforme l’armistice en paix durable. Les deux Corées signent aussi
des engagements pour faciliter les échanges culturelles et politiques et pour la construction de voies et
canaux de communication. Les deux pays s’engagent également à dénucléariser la péninsule (la Corée du
Sud empêchant théoriquement les EUA d’amener des nukes sur son territoire) De façon symbolique la Corée
du Sud ne participe pas manœuvres américaines dans la région. Tous ces gestes tactiques étaient pour le
Nord destinées à obtenir plus de concessions et à alimenter un chantage nucléaire.
En 1992 Pyongyang dit avoir produit 90 grammes de plutonium à cause d’une défectuosité dans la
production d’uranium. L’AIEA, après examen, conclu qu’il s’agit là de trois échantillons différents datant de
1989, 1990 et 1991, qui de plus ne proviennent pas des sites visités. D’où alors ? La Corée du Nord, après
avoir semé le doute refuse toute nouvelle inspection de ses sites. La tension monte et les EUA planifient un
éventuel remake de la Guerre du Golfe. En mars 1993 la Corée du Nord exprime son souhait de se retirer du
TNP, ce que l’AIEA accepte puisqu’elle ne peut plus effectuer son travail correctement. Au cours de l’année
1994 Pyongyang annonce que le réacteur de Yong Byon va être réactivé, toute sanction contre cela étant une
déclaration de guerre. Les incertitudes s’aggravent lorsque Kim Il Sung décède. En juin les tensions
s’aggravent et J.Carter est envoyé sur place pour calmer le jeu, ce qu’il réussit puisqu’il revient avec des
propositions de discussions autour de la fourniture de centrales nucléaires au Nord pour produire de
l’électricité à usage civil. Les EUA acceptent et en octobre 1994 est signé à Genève le « Agreed
Framewoork » :
- Les EUA organiseront un consortium international pour fournir deux réacteurs à la Corée du Nord d’ici
2003. Ceux-ci seront soumis aux contrôles de l’AIEA et 8000 barres d’uranium seront transportées hors du
territoire nord-coréen.
- La Corée du Nord se pliera aux décisions de l’AIEA, notamment en ce qui concerne la pose de caméras de
surveillance.
- Les EUA fournissent 500000 tonnes de pétrole à Pyongyang.
- La Corée du Nord et les EUA réduisent leurs barrières tarifaires, rétablissement éventuel des relations
diplomatiques (ce à quoi C.Powell s’oppose contrairement à M.Albright qui s’était rendue à Pyongyang)
- Les EUA ne menaceront pas la RPCN avec des armes nucléaires.
- La Corée du Nord s’engage à appliquer les accords de 1991 signés avec la Corée du Sud.
- La RPCN s’engage aussi a demeurer signatrice du TNP.
Pour appliquer cet accord, les trois pays mettent en place un consortium international, le Korean Energy and
Development Organistaion (KEDO) Quel financement ? Coûte 4,5 milliards de $, la Corée du Sud en paye
70%, le Japon 20%, les EUA 200 millions (qu’ils ne verseront probablement jamais) et l’UE une somme qui
reste encore à définir. Dans cette accord, les Coréens du Sud n’ont pas vraiment eu leur mot à dire, toutefois
la Corée du Nord a accepté que ce soit eux qui construisent les réacteurs.
La politique du chantage nucléaire est accompagnée d’un chantage des missiles puisque la RPCN en possède
certains dont le rayon d’action est de 1600 km et qui peuvent atteindre la Chine. Dans le même esprit la
Corée du Nord a accepté les inspecteurs américains de l’AIEA à la seule condition que les EUA paient
300000 $, ce que William Perry a accepté. Le problème est en fait celui de la survie du régime qui monnaye
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ses activités militaires pour compenser les pertes économiques liées à la chute de l’URSS et du commerce
avec la Chine qui ne le fait plus que contre un paiement en devises. De manière anecdotique, une visite
familiale en Corée du Nord coûte 4000 $.
La Corée du Sud, de son côté, recherche l’apaisement et la réinsertion lente de la Corée du Nord afin d’éviter
un nouveau choc économique. Cette politique permet aussi à la Corée du Sud de se donner un peu plus
d’autonomie vis à vis des EUA. La Chine se tourne aujourd’hui de plus en plus vers le Sud pour des raisons
économiques et financières, de même, elle souhaiterait bien régler avec la Corée du Nord le problème de
l’immigration clandestine et éviter un prolifération nucléaire dans la région. Le Japon s’intéresse aussi de
plus en plus au cas coréen en jouant le rôle de véhicule de l’aide humanitaire et ce d’autant plus qu’il perçoit
la nouvelle menace que le Nord représente pour lui cf. missiles.
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L’ASEAN
(Association of the South East Asia Nations)
10 pays depuis 1999 (fondée en 1967): Le Vietnam, la Birmanie, la Cambodge, le Laos, la Malaisie,
Singapour, la Thaïlande, l’Indonésie, les Philippines et Brunei.
Volonté d’établir un ensemble homogène régional. Le régionalisme est pour l’Asie du Sud-Est un vieil enjeu.
Le régionalisme c’est la volonté politique de coopérer ensemble alors que la régionalisation est le processus
qui y mène. Difficultés, controverses dues à la diversité géographique de cette immense zone mais aussi aux
diversités ethniques, linguistiques, religieuses, sociologiques et politiques. Au delà, il y l’histoire de grands
empires dont le déclin se fait toujours ressentir : Khmers, royaume de Aceh ; notamment à travers les
revendications territoriales et maritimes. Tout cela fait de l’Asie du sud-est une région fortement balkanisée.
On trouve en plus une diversité dans la présence coloniale et des différences de statuts héritées de la Guerre
froide. Certains se sont alliés au camp occidental, d’autres moins, d’autres ont choisi le non-alignement alors
que les derniers étaient membres de « l’international socialiste ». Ces événements ont accentué les clivages
idéologiques qui se sont aggravés suite au conflit sino-soviétique. Aujourd’hui, c’est essentiellement la
Chine qui pèse sur cette aire géopolitique.
Pour créer l’ASEAN les pays ont accepté de respecter quelques principes fondamentaux comme le concept
d’ethnicité ou de non-ingérence, ce dernier principe signifiant que l’on ferme les yeux sur les affaires
intérieures, comme en Birmanie par exemple.
LES PREMIERES TENTATIVES DE RASSEMBLEMENT
1961 : L’ASA (Association of South Asia) Thaïlande, Malaisie et Philippines. Vise à faciliter (ce qui est plus
souple que la coopération) les échanges économiques et maritimes. On trouve des comités d’experts, un
Commissariat central sans pouvoir réel. Le projet va vite avorter car les Philippins et la Malaisie ont un
différent au sujet de Sabah, région du nord de Bornéo, qui est revendiquée par les Philippins au nom d’une
ancienne allégeance du Sultan local.
1963 : Le Maphilindo entre la Malaisie, les Philippines et l’Indonésie. Association pour l’aménagement des
rapports mutuels, au sens ethnique c’est le regroupement du monde malais, l’organisation étant alors perçue
comme excluant les autres peuples de la région. Regroupement qui est vite menacé par la Konfrontasi
lorsque Sukarno s’oppose à la création de la Fédération de Grande Malaisie qui intègre le continent, le Sabah
et le Sarawak, menant à un quasi conflit militaire. C’est le Commonwealth qui sauve la Malaisie d’une
attaque indonésienne. En 1965 le coup d’état qui a lieu à Jakarta met fin à ce conflit.
1967 : L’Indonésie, les Philippines, Singapour (indépendant depuis 1965), La Malaysia et la Thaïlande
essaient de se mettre à discuter pour régler leurs problèmes = déclaration de Bangkok en juillet 1967. Ces
cinq Etats cherchent un association économique et non politique (car serait alors trop instable), ils veulent
rectifier les divergences entre l’Indonésie et la Malaysia, essayer de se rapprocher, de coopérer avec d’autres
pays de la région élargie. Les débuts sont assez difficiles car pendant plus d’un an le rupture diplomatique
entre les Philippines et la Malaysia empêche le bon fonctionnement de l’association. La Guerre froide exerce
aussi des contraintes liées aux divisions idéologiques : Les Philippines et la Thaïlande sont du côté
américain, Singapour et la Malaysia sont membres du Five Power Defense Arrangement avec la GrandeBretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. On est alors en pleine Guerre du Vietnam, l’Indonésie prend
ses distances et adopte une politique de non-alignement tout en soutenant discrètement les Vietnamiens. En
1971 la Malaysia propose une zone de paix, de liberté et de neutralité (ZOPFAN Zone of Peace, Freedom
and Neutrality) Sorte de pacte pour essayer de tenir à distance les grandes puissances afin d’éviter toute
ingérence dans la région. C’est aussi le point de départ de discussions avec le Japon, la CEE, le Canada et
l’Australie.
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LES RELATIONS INTERNATIONALES EN ASIE – M.HERVOUET – IEP Bordeaux – Cours d’option – 2000/2001
La véritable avancée intervient au sommet de Bali en février 1976, un an après la fin de la Guerre du
Vietnam, alors que le retrait américain créer un vide stratégique. Les cinq pays font une déclaration connue
sous le nom de « ASEAN concord ». S’appui sur la notion de « national and regional resilience », idée de
maintien de la stabilité interne malgré des initiatives de coopération communes, indivisibilité des Etats mais
amélioration de la stabilité régionale (conservatisme doublé de progressisme ?!) Comment maintenir de
jeunes Etat-nations tout en prônant une politique d’ouverture, de régionalisation, mondialisation qui
contribue fortement au développement économique ? Cette déclaration est doublée d’un Traité d’Amitié et
de Coopération (TAC) qui parle de respect mutuel de l’indépendance et de la souveraineté et de rapports qui
excluent la force au profit de moyens plus pacifiques. Engagement sur l’honneur, ce qui n’a pas de valeur
juridique. Dans ce contexte, la non-ingérence devient un principe fondamental pour la simple et bonne raison
que toute ingérence dans les affaires intérieures est potentiellement explosive pour ces pays fait de
multitudes d’identités différentes les unes des autres. Signifie aussi le refus de toute concession de
souveraineté à une autorité supérieure issue d’une association contraignante, comme c’était le cas du modèle
européen.
LES PREMIERS DEFIS DE L’ASEAN
Dans un premier temps il s’agit de parler d’une voix commune dans les relations internationales, de lancer
des coopérations économiques. Début de projets industriels communs dans la sylviculture et la pêche. Les
membres adoptent un dialogue unique avec les grands interlocuteurs de la région, par exemple avoir une
position commune face aux Chinois qui ont souvent joué du manque de solidarité entre Etats asiatiques.
Pourtant la coopération économique pose problème dans la mesure où tous ces pays ont des structures
économiques très proches et se font donc concurrence sur de nombreux marchés (matières premières,
produits agricoles, investissements des capitaux américains…)
L’ASEAN va en fait être renforcée non pas par la croissance économique de ses membres mais par ses
activités politiques. Après l’invasion du Cambodge en 1978 l’ASEA va se donner une grande crédibilité car
sa diplomatie incessante va en partie permettre le retrait des troupes vietnamiennes et 1989. En 1982
l’ASEAN soutient la création d’un gouvernement de coalition Kampuchéa démocratique (GCKD). Elle offre
un appui sans faille au Prince Norodom Sihanouk, qui en est le Président, et aux autres membres du
gouvernement (Le Front national de libération du Cambodge qui est d’extrême droite et avait tenté de
renverser le Prince dans les années 60 avec le soutien américain et les Khmers rouges)
Malgré cette consolidation de l’organisation, il n’y a pas d’architecture contraignante. On trouve un sommet
des Chefs d’Etats environ tous les 3 ans. Chaque année se déroule une Assemblée des ministres des AE (qui
prennent les décisions) doublée d’une Assemblée économique qui réunie les ministres écofi, puis des
réunions sectorielles. Ensuite ce sont des structures subalternes qui assure le suivi des dossiers sans pour
autant disposer de pouvoirs : comités des haut-fonctionnaires, secrétariat général basé à Jakarta qui n’a qu’un
pouvoir de coordination. Tout se fait par consensus et de façon informelle (lors d’un golf, d’un karaoké !)
Depuis quelques années il y a une tendance à moins sacraliser ce principe.
L’ASEAN multiplie les comités sectoriels qui au total se réunissent entre 250 et 300 fois par an. Mais
certains pays comme le Laos ne peuvent participer à tous compte tenu du coût de la participation à toutes les
réunions. Problème de communication puisque tous ne parlent pas la même langue, n’ont pas les même
cultures et sensibility, ainsi, lorsque ils ne sont pas sûr de pouvoir dire quelque chose dans des formes
diplomatiquement acceptables, les membres de l’ASEAN sans abstiennent, ce qui ne fait pas toujours
avancer les choses.
LA FIN DE LA GUERRE FROIDE
L’ASEAN doit se chercher une nouvelle raison d’exister. Se rend compte que le commerce régional est
stagnant depuis les années 70 alors que c’était sa raison d’être. En 1992 ses membres s’emploient à formuler
une proposition qui vise à abaisser les droits de douane sur une période de 15 ans. Proposition d’une AFTA
(Asian Free Trade Association). Ce projet a été coupé dans son élan par la crise de 1997.
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En 1995 un débat se fait jour sur l’opportunité de faire participer des membres occidentaux ou hors de la
région. La Malaysia propose l’EAEG (East Asia Economic Group) qui regrouperait l’ASEAN + Japon +
Corée du Sud. Cette hypothèse est rejeté et pour ne pas faire perdre la face à Mahatir les autres membres
acceptent l’idée mais renomment cet ensemble East Asia Economic Caucus, ce qui ne veut en soi rien dire.
C’est en 1996 que Mahatir souhaite prendre ses distances avec l’occident et l’APEC. Il entreprend alors un
dialogue avec l’UE au sein de l’Asia Europe Meeting (ASEM) Toutefois, l’UE s’est révélé intraitable, du
moins pour l’instant, sur la situation des DDH.
Un autre défi à relever, l’élargissement de l’association aux pays anciennement communistes ou toujours
dictatoriaux. Le premier pays à être admis est le Vietnam en 1995. C’est un pays pauvre (300 $ revenu par
tête et par année, 33000 $ à Singapour) et très peuplé (80 millions d’habitants) La Birmanie et la Laos y
entrent en 1997, le Cambodge en 1999 car en 1997 avait eu lieu un coup d’état.
Les préceptes de l’ASEAN des débuts ont été en partie oubliés. La non-ingérence a été bafouée au Timor et
au Vietnam. La crise de 1997 a vu des comportements de « chacun pour soi ». Dans toute la région, le
développement de la société civile s’est fait différemment. L’ASEAN s’intéresse beaucoup au dossier de la
sécurité régionale. Depuis 1993, l’ASEAN est la seule tribune où l’on en parle lors de « l’ASEAN Regional
Forum » auquel participent les membres de l’ASEAN + tous les ministres invités (Australie, NouvelleZélande, Inde, UE, EUA, Pakistan, Chine…) Alors que la diplomatie occidentale s’inspire du droit romain et
de ses traités, pactes… les asiatiques préfèrent « l’informal diplomacy ».
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