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Institut FMA
Fondé par St Jean Bosco
et Sainte Marie-Dominique
N. 849
L’EUCHARISTIE, SOURCE DE LA COMMUNION
Nous avons vécu dans la prière, auprès des sanctuaires de nos régions dédiées à Marie, la fête
de la reconnaissance à un niveau mondial. Avec Marie, nous avons contemplé les mystères de
la vie de son Fils et adoré la présence de Jésus dans l’Eucharistie. Dans le mystère de l’amour
eucharistique, notre action de grâces au Père et notre merci réciproque devient plus vrai et
efficace.
Je vous remercie, mes chères Sœurs, de vos paroles d’affection et de reconnaissance et des
nombreuses façons dont vous m’avez rejointe. Elles témoignent aussi de l’effort de solidarité
des Communautés éducatives, en adhésion à la proposition d’aider notre mission de
Myanmar. Je remercie surtout de la communion vécue dans la prière du chapelet, chaîne
ininterrompue de contemplation et d’imploration.
Comme je l’avais indiqué dans la précédente circulaire, ces mois-ci je m’arrêterai sur les
mystères de la lumière par lesquels Jean Paul II a voulu enrichir cette prière mariale.
L’encyclique Ecclesia de Eucharistia (EdE) don du St Père à l’occasion du 25ème
anniversaire de son pontificat, me suggère de m’attarder cette fois sur la 5ème étape de
lumière : l’Eucharistie, mystère d’amour qui alimente la vie chrétienne et qui est source de la
communion en communauté.
Dans le mystère de l’Amour eucharistique :
« Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à l’extrême » (Jn. 13,1)
Non seulement Jésus aime ses disciples jusqu’à son dernier souffle, mais jusqu’au don total
de lui-même sur la Croix. Ce don d’amour est la clef pour lire ce qu’Il accomplit au début de
la dernière Cène : « Il se lève de table, dépose ses vêtements et prend un linge dont il se
Ceint. Il verse ensuite de l’eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples
et à les essuyer avec le linge dont il était ceint » La Croix manifeste l’amour sans limites de
Jésus qui se donne totalement, qui se rend pleinement disponible et solidaire avec l’humanité.
IL purifie l’humanité non seulement avec l’eau du bassin mais avec son propre sang.
L’Eucharistie renouvelle le mystère pascal de mort et de résurrection ; elle propose à nouveau
à l’Eglise le coeur du Christ qui aime jusqu’au bout, d’ un amour qui ne connaît pas de
mesure (cf. EdE n° 11)
Le Sacrement de l’amour révèle au plus haut niveau le mystère de l’abaissement du Fils de
Dieu : non seulement le triple abaissement dont parle St. Paul (cf.Ph.2,6-8) de Dieu à
homme, de l’homme à serviteur obéissant, de serviteur obéissant à crucifié mais le
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dépouillement total et radical de son humanité même, du moment qu’il se rend présent dans
les éléments du pain et du vin. L’Eucharistie est pour cela, un mystère d’humilité, mystère où
la divinité se cache , mystère de faiblesse, le mystère de Dieu qui s’en remet aux mains des
personnes humaines, mystère que l’Eglise accueille, non pas comme une don, pour précieux
qu’il soit, parmi bien d’autres, mais comme le don par excellence, car il est le don que Jésus
fait de lui.-même, de sa personne, de son humanité, de son œuvre de salut (cf EDE II). A
cette offrande que le Sacrifice de la Messe représente, l’Eglise répond avec foi : « Nous
proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous annonçons ta résurrection dans l’attente de ta
venue » : annonce et proclamation qui se réalisent par la vie. En effet, l’Eglise vit de
l’Eucharistie, elle procède dans le temps à la rencontre de la venue du Seigneur, en célébrant
et en exprimant le mystère de l’amour , pour faire du Christ le cœur du monde.
Dans la grande communauté ecclésiale, les communautés religieuses, signe et expression de
radicalité évangélique, trouvent leur profonde raison d’être dans l’Eucharistie. La
consécration religieuse possède en effet une intrinsèque structure eucharistique, caractérisée
par la totalité du don et de l’offrande, par la radicalité de l’amour témoigné dans la
communion et dans le service.
Le Projet de Formation de l’Institut présente sous une forme explicite, la relation entre
consécration par les ux et Eucharistie. Le Projet reconnait que la chasteté est enracinée
dans une intense vie eucharistique et que la béatitude des purs de cœur est donnée à ceux qui
sont disposés à perdre tout pour trouver le tout de l’amour qui est Jésus. Il souligne le rapport
interne entre service aux pauvres et Eucharistie, aussi bien dans la tradition de l’Eglise que
dans la vie salésienne. Dans cette lumière, la pauvreté est une grâce qui vient de la
participation au mystère de l’Eucharistie, mémoire et actualisation du dépouillement de Jésus
pour que tous aient la vie en abondance. Le projet présente l’obéissance comme participation
au mystère d’obéissance de Jésus, qui atteint son sommet dans l’Eucharistie, mémorial de
l’amour qui le pousse à donner sa vie pour nous. (cf .PF pp. 20, 22,23)
Nous sommes donc enveloppées d’amour, plongées dans l’amour. Nous savons que nous
sommes passées de la mort à la vie parce que nous aimons. Le verbe savoir revient plusieurs
fois dans la 1ère lettre de Jean. Ce verbe exprime fondamentalement l’expérience de se sentir
aimés. Il s’agit du savoir évangélique, qui est connaissance expérimentale de Dieu,
contemplé, touché dans le visage de Jésus (cf.Actes XXI C.G. 13). Un savoir que nous
acquérons quand nous nous laissons aimer, quand nous acceptons que Jésus nous lave les
pieds, nous réconcilie profondément et convertisse notre vie. Par le fait que Jésus nous a
aimés le premier, nous savons vraiment ce qu’est l’amour, nous sommes transformés à
l’image du Fils, nous devenons comme Lui, témoins de l’amour jusqu’au don de la VIE.
Le mystère de notre vie de communion
Le don du Christ et de son Esprit, que nous recevons dans l’Eucharistie, réalise les désirs
d’unité présents au cœur de toute personne, permet de vivre autour de la même table, une
expérience de fraternité qui se réalise au-delà de la simple expérience de convivialité
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humaine. En construisant l’Eglise, l’Eucharistie crée la Communauté entre ceux que Jésus
aime, c’est-à-dire tout être humain qui l’accueille (cf. EdE 24) ; elle rend possible la
réalisation du commandement de l’amour. Nous pouvons aimer comme Jésus a aimé parce
que Lui-même s’identifie en chacun des croyants et aime en eux.
La vie de communion qui caractérise nos communautés, naît d’en-haut, de l’expérience de
nous savoir aimées de Dieu en Christ, réellement présent dans le mystère du pain et du vin.
En Lui, non seulement nous connaissons l’amour, mais nous commençons à aimer et nous
progressons dans la voie de l’amour. La communauté qui se laisse modeler par Lui, accroit
son potentiel d’amour, devient une maison accueillante. Selon une expression du Pape Jean,
elle devient comme la fontaine du village qui offre à tous son eau de source. C’est l’eau de
l’amitié, de la compréhension, du pardon, l’eau de la compassion et du partage avec laquelle
réciproquement nous apprenons à nous laver les pieds en renouvelant le geste du Maître. Dans
ce geste, Jésus exprimait une nouvelle vision, une nouvelle manière de vivre la relation, en
partant non d’en haut, mais d’en bas, du cœur, d’une attitude d’écoute et de service
réciproque, la seule hiérarchie qui compte est celle de l’amour ; cet amour qui n’a pas
besoin de s’imposer, d’étaler assurances et supériorités.
L’amour eucharistique nous dépouille des vêtements de l’orgueil, de l’individualisme, de la
présomption, étant donné que la seule tenue nécessaire est celle de la communion. C’est une
optique qui nous arrache à nos peurs et à nos défenses et qui nous fait reconnaître humbles,
vulnérables, petites, mais avec un cœur aimant , capable de prendre en charge les autres
personnes pour qu’à leur tour, elles s’ouvrent à l’amour et au service. C’est le mystère de
l’amour qui engendre, crée et alimente la communauté.
L’engagement qu’a pris la Conseil d’accompagner les Provinces dans le but de promouvoir
des communautés avec des structures plus humanisantes (cf. programmation p. 12) vise à
favoriser en elles la vie de famille dans le sens évangélique, authentique expression de la
communion eucharistique. Face aux germes de désagrégation présents dans l’humanité, nous
témoignons ainsi de la force génératrice d’unité du Corps du Christ.
Si à Mornèse, on respirait un climat de famille, ne devons-nous pas en voir la cause dans une
spiritualité que pénétrait l’amour de l’Eucharistie ?
L’existence de Marie-Dominique, depuis sa jeunesse est scandée et unifiée par l’Eucharistie
qui suscite des attitudes de foi, d’adoration , de conversion et qui forme en elle une façon
particulière d’être et d’éduquer.
L’expérience eucharistique est le pivot de son intense journée de travail ; la certitude de la
présence de Dieu et de l’union à Jésus, adoré dans le sacrement de l’autel, l’accompagne
continuellement ; c’esst pour cela qu’elle semblait perdue en Dieu, qu’elle semblait porter
Jésus dans son cœur. Le silence, la prière, l’activité, le sacrifice, la nature elle-même, les
vignes, les champs étaient pour elle, liturgie, offrande à présenter à l’autel en union à celle de
sus. Sa journée partait de l’Eucharistie célébrée, pour retourner à l’Eucharistie adorée dans
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la prière devant le Tabernacle. C’est que Marie-Dominique puisait cette acuité pour juger
des situations que lui reconnaissait Don Bosco en la choisissant comme Cofondatrice.
En parcourant ses lettres, on perçoit que le Christ qui fonde la communion des Sœurs est le
Christ de l’Eucharistie, source d’optimisme et de confiance par laquelle même la Croix est
acccueillie comme expression d’un plus grand amour.
Notre existence, mes chères Sœurs, est enveloppée dans le mystère de l’amour : pouvons-
nous dire que l’Eucharistie est la respiration de nos journées ? De quelle façon la foi dans la
présence de Jésus se traduit–elle dans l’effort de vivre la communion dans la communauté ?
Le commandement de l’amour s’enracine et fleurit dans l’humilité : savons-nous l’exprimer
en gestes concrets d’abandon confiant, d’accueil et de reconnaissance, de pardon et de
miséricorde, capable de se pencher affectueusement sur les blessures et les faiblesses de nos
Sœurs ?
L’article 40 de nos Constitutions peut nous aider à répondre par les actes à ces questions.
Raviver l’admiration eucharistique.
C’est l’intention explicite de l’Encyclique que le St.re nous a donnée : elle est toute
nétrée d’un sentiment d’admiration reconnaissante pour le mystère de lumière et de
communion qu’est l’Eucharistie (cf. EdE nn. 5 ,6,48). Accueillons avec gratitude cette
consigne, non seulement comme opportunité, d’enraciner notre vie dans son fondement le
plus authentique, mais aussi comme volonté de raviver l’admiration pouir l’Eucharistie chez
les jeunes. Nous les orienterons ainsi à découvrir la joie profonde de la communion avec
Dieu, à vivre la liturgie comme une rencontre avec le Christ qui les transforme,
particulièrement dans les sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation (cf C.71).
L’expérience de foi et d’amour que nous faisons en demeurant près du tabernacle, nous rend
capables d’accompagner les jeunes vers le mystère pour que, comme le disciple bien-aimé, ils
s’entretiennent avec Jésus en se laissant toucher par son amour. (cf EdE 25). Dans la
rencontre avec sa présence vivante dans l’Eucharistie, ils trouveront nourriture le long de la
route, soutien dans l’épreuve, sens pour une vie pleinement réalisée, espérance pour un avenir
différent, marqué par la communion et par la paix. L’Eucharistie, en effet, crée la communion
et éduque à la communion et la Messe dominicale est le lieu privilégié la communion est
constamment annoncée et cultivée.(cf. EdE NN. 40,41)
C’est dans cette ligne que se trouvait l’effort éducatif de nos Fondateurs. Ils ont tracé pour les
jeunes des chemins de sainteté avec une proposition qui, tout en leur indiquant les plus hauts
sommets de l’amour, les mobilisait dans le devoir quotidien, dans l’attention au prochain et
dans le soin des autres jusqu’à l’héroïsme dans quelques cas. Jean-Paul II souligne avec clarté
la compénétration de la tension eschatologique inhérente à l’Eucharistie et la responsabilité
envers le présent, en invitant les chrétiens à ne pas négliger les devoirs de leur citoyenneté
terrestre. ( EdE N° 20°).
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Dans le souci d’accompagnement, Marie, re de l’Eglise, est modèle et guide. Elle, qui a
contemplé le plus profondément le visage du Christ, est la maîtresse qui nous oriente, nous et
les jeunes, vers ce mystère de lumière.Et si Jésus, en se donnant à nous dans l’Eucharistie,
laissait ce mandat à l’Eglise : « Faites ceci en mémoire de moi » (cf EdE n0 54), Marie invite
à lui obéir en recommandant : « Faites ce qu’Il vous dira »
Femme eucharistique par sa vie tout entière, Marie nous enseigne à faire confiance à son Fils,
à exprimer des attitudes de foi et d’obéssance en prononçant l’ « amen » par lequel chaque
jour nous accueillons le corps du Seigneur. (EdE n° 53,55).
A son école, nous apprenons à être préventives, dans le signe de l’ «amorevolezza »
salésienne, expression à la fois d’un amour humain et surnaturel.
La vie sacramentelle et mariale est à la base de la spiritualité et de la pédagogie salésiennes
(cf. C. 71) . Nous pouvons la voir représentée par le songe des deux colonnes de Don
Bosco : en s’accrochant aux piliers de l’amour de l’Eucharistie et de l’amour de Marie,
l’Eglise peut avancer pleine d’assurance au milieu des tempêtes et des pièges du temps. Ce
double amour est le secret qui a fait fleurir la sainteté de jeunes comme Dominique Savio (en
2004 ce sera le 50ème anniversaire de sa canonisation), comme Laura Vicuna (il y a 100 ans
qu’elle est morte (22 janvier 2004) et de tant d’autres qui, aujourd’hui y trouvent la force
nécessaire pour mûrir des vocations à l’amour et au service.
Dans la route tracée par le Saint-Père à l’Eglise, nous redécouvrons un appel à vivre, en tant
que Communauté éducative, l’authentique spiritualité salésienne avec les jeunes et avec les
gens que nous approchons, en puisant aux sources sûres de la spiritualité chrétienne : la Parole
contemplée et gardée à l’Ecole de Marie, l’Eucharistie, don par excellence de Jésus à son
Eglise. En montrer par notre vie la beauté et la force de transformation est le défi qui nous
attend.
Comme conclusion de la relation sur la vie de l’Institut au cours du sexennat 1997-2002
j’observais que le témoignage des communautés enracinées en Dieu et ouvertes au don dans
l’amour est aussi pour nos contemporains source d’espérance ; ce témoignage est capable de
susciter émerveillement et stupeur. Ce sont là, peut-être les substances de l’avenir de la vie
consacrée, de notre vie Alors, nous saurons dire, sans trop de paroles, aux jeunes que Dieu
appelle à être FMA : « Viens et vois ! Et elles resteront »
C’est le souhait que je renouvelle en demandant à Marie Auxiliatrice, le jour de sa Fête, de le
rendre efficace.
Rome, 24 mai 2003-
Avec affection, votre Mère Sr.Antonia COLOMBO
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