Aujourd'hui la liturgie de notre messe nous amène à méditer le sens de l’eucharistie. Et nous le vivons à l’occasion du pardon st Pêr. Un pardon, c’est un rappel de la mémoire, une invitation à la communion entre nous. Le pardon nous invite à être reconnaissants pour l’héritage transmis par une communauté d’hommes et de femmes, c'est-à-dire nos ancêtres ou prédécesseurs sur cette terre de Prat, chrétienne depuis environ 15 siècles. Il est en effet bon de rendre grâce de remercier pour cela, car -on pourrait parfois l’oublier-, personne ne se fait tout seul. Nous avons besoin les uns des autres, afin tracer la route dans la dignité et la confiance. Afin de vivre debout. Aujourd'hui nous sommes menacés d’être des gens sans mémoire, déracinés par les vents contraires de la dispersion et de la confusion : perte des repères moraux, destruction de viviers économiques, éclatement des familles. Nous entendons par exemple parler de la souffrance de parents ou de grands-parents qui après une vie de dure travail souffrent de l’ingratitude de leurs enfants ou petits-enfants. Sur le terrain de la culture : diffusion d’une sous culture qui empêche de penser aux vraies questions, au sens de la vie, au travail, à l’éducation, à la créativité. Dans le contexte de la mondialisation et du tout financier, c’est la destruction des cultures traditionnelles, la danger de l’uniformisation et l’appauvrissement du monde qui en résulte. Mais il ne faut pas être négatif, car il existe des exemples et des initiatives positives qui donnent envie de vivre qui forcent le respect. Beaucoup de gens savent réchauffer le feu de l’amour et de la dignité dans leur famille et leur environnement. Mais nous sentons bien que nous avons besoin de relèvement, car nous sommes à un tournant. Il revient à chacun d’essayer de créer des solidarités et du lien, car l’individualisme absolu est un chemin de mort. Alors nous comprenons pour nous même et pour ceux-là que nous aimons, nous avons besoin de nous tourner vers Dieu, pour qu’il nous montre le chemin de la foi ; ce matin nous pouvons dire : « Seigneur merci d’être là avec toi, et viens en aide à mon manque de foi » La figure St Pierre est intéressante ici. Elle occupe une place éminente dans l’histoire de la foi et de l’Eglise. A travers des hauts et des bas, l’apôtre Pierre a peu à peu découvert l’étendue de l’amour de Dieu. Un amour gratuit. Celui d’un Dieu auquel il pouvait faire pleinement confiance. Pierre est souvenez-vous celui auquel Jésus demanda par trois fois « m’aimes-tu », « Pierre m’aimes-tu ? ». La foi n’est donc pas d'abord un affaire intellectuelle. C’est un appel à l’amour qui mobilise toute les ressources de l’être, y compris notre affectivité, nos goûts, notre mémoire. C’est une adhésion de cœur et d’esprit à la personne de Jésus. A travers la mémoire de l’eucharistie que nous fêtons Aujourd'hui, Jésus nous invite à redécouvrir son amour infini pour chacun de nous. Qui dit amour dit présence. Je ne peux dire que j’aime quelqu'un sans lui être présent. Jésus qui ne nous abandonne pas a désiré continuer à être présent au milieu de nous. Comment le rencontrer sa présence ?: à travers la Parole, la prière, à travers nos frères ; mais aussi à travers l’eucharistie. La présence eucharistique est la présence d’une personne, le Christ lui-même. On assiste à une vraie discussion dans l’évangile de ce dimanche : « Comment cet homme-là peut-il donner sa chair à manger » ?. Dans la mentalité biblique précisément, les expressions « ceci est mon corps », ou « ma chair et mon sang » signifient « c’est moimême ». C‘est toute la personne de Jésus qui se donne à nous en son corps et en son sang de ressuscité. Par la prière de l’ES, le pain et le vin deviennent communion à la résurrection. Et le seigneur nous demande le soir du Jeudi Saint, de nous engager : « Prenez et mangez prenez et buvez ». Car il crée une relation qui relève de la foi, entre Lui-même et nous. Cette présence d’un caractère unique nous met en relation avec Jésus-Christ ressuscité pour que se réalise l’unité entre Lui et nous. Ainsi la nouvelle et éternelle alliance est accomplie. Nous entrons dans l’intimité de l’amour trinitaire, communion de personne à personne, pour accueillir la vie de Dieu. Nous sommes en effets des être spirituels. Si nous mettons Dieu en dehors de notre vie, nous perdons une dimension de nous-mêmes. Car la promesse de Jésus est de venir demeurer en nous, et nous donner la vie. En raison même de cet échange de vie, il est normal qu’après avoir communié nous consacrions du temps à l’action de grâce, c'est-àdire à l’accueil, au remerciement. L’Esprit de Jésus en ce jour nous console par sa présence. Qu’il nous réconforte et rafraichisse notre foi. Qu’il nous guérisse et nous libère de nos ingratitudes et de nos pertes de mémoire. Dans la joie et la simplicité, soyons avec l’aide de l’ES en ce jour de pardon et de fête, des personnes qui créent ou recréent de la relation et du lien avec Dieu et avec nos prochains.