E Domicile 69 Comité stratégique du lundi 4 septembre 2006 Présentation des expérimentations TIC innovantes au service des personnes âgées =========================================== Sommaire Introduction : notre société face au défi du vieillissement 1/Le maintien à domicile des personnes âgées : un enjeu humain et économique majeur 2/Maladie d'Alzheimer, accidents domestiques et suicide : trois fléaux à prévenir chez les personnes âgées 3/ Les expérimentations étrangères de maintien à domicile 4/Europe : Medical Care Continuity, un projet européen de service de maintien médicalisé à domicile 5/ Les expérimentations en France ======================================================== Introduction : notre société face au défi du vieillissement Avant de présenter quelques expérimentations remarquables et innovantes, tant à l’étranger qu’en France, dans le domaine du maintien à domicile et de la téléassistance aux personnes âgées, il nous a semblé utile de replacer cette question dans le cadre plus large du vieillissement accéléré de notre population et de l’accroissement corrélé de nos dépenses de santé. Au niveau mondial, la proportion de personnes âgées n’a cessé de croître durant le 20ème siècle, et l’on prévoit que cette tendance se poursuivra au 21ème siècle. Elle est passée de 8 % en 1950 à 10 % en 2000 et devrait atteindre, d’ici à 2050, 21 %. Aujourd’hui, on estime que le nombre de personnes de 60 ans ou plus s’élève à 629 1 millions. Il devrait atteindre les 2 milliards vers 2050, moment où pour la première fois de l’histoire la population de personnes âgées sera supérieure à celle des enfants (0-14 ans). Au niveau national, les projections démographiques sont sans équivoques : le poids démographique des personnes âgées de plus de 65 ans passerait de 16 % en 2000 à 25 % en 2030 et 29 % en 2050 ; celui des plus de 85 ans de 2 % à 4 % et 8 % respectivement. Notre pays compte aujourd’hui plus de 12 millions de personnes âgées de plus de 60 ans – dont plus de 800.000 sont en perte d’autonomie –, et 2,3 millions de personnes âgées de plus de 80 ans. La proportion des aînés (plus de 60 ans) dans la population française ne cesse de croître. De 20 % en 1990, elle est passée à 21,8 % en 2004. Cette classe d’âge comptera 17 millions de personnes en 2020, dont 4 millions d’octogénaires et plusieurs dizaines de milliers de centenaires. Dès 2010, les plus de 60 ans seront plus nombreux que les moins de 20 ans et il y aura alors 1,7 million de personnes de plus de 85 ans. Une personne sur dix a 75 ans ou plus, soit deux fois plus qu’en 1962. Les plus de 60 ans représentaient 16 % de la population française totale en 1950. Ils seront 33 % à l’horizon 2040. Il y aura alors 21,6 millions de personnes âgées, plus d’un français sur quatre, dont 7 millions auront plus de 80 ans, soit 3,2 fois plus qu’en 2000. À cette même date, environ 150 000 personnes vivront centenaires. En un siècle, de 1950 à 2050, le nombre des plus de 60 ans aura été multiplié par 3,4, celui des plus de 75 ans par 7,4 et celui des plus de 85 ans par 22 ! A l’horizon 2050, Les plus de 60 ans représenteront 46 % de la population , contre 25 % en 2005. La population active, elle, connaîtra une évolution inverse, pour avoisiner 55 %. Cette évolution démographique pose de graves difficultés économiques et budgétaires. De 1960 à 2005, le poids des dépenses de santé est passé de 3,5 à 9 % du PIB. (Voir tableau La santé : un coût toujours plus élevé) Une récente étude de l’agence Standard & Poor's, publiée en juin 2006, montre que pour financer des dépenses de plus en plus lourdes, les Etats devront emprunter et s'endetter massivement, au risque de mettre en péril leur solvabilité. "Sans réformes budgétaire et politique concertées, la pression des dépenses de retraites et de santé sur les dépenses publiques et sur la notation de nombreux pays développés ira s'intensifiant au cours des prochaines années, relèvent les experts de l'agence. Pour l'échantillon de pays retenus dans cette étude, le ratio dette/PIB (produit intérieur brut) moyen atteindra 180 % du PIB, contre 33 % en 2005." Selon cette étude, "certains pays d'Europe continentale, comme la France et l'Italie, verraient leur ratio de dette franchir nettement la barre des 200 %". Si la tendance actuelle se poursuivait, la dette française représenterait 223,4 % du PIB d'ici à 2050, contre 57,2 % aujourd’hui. La plupart des économistes ont évalué à 0,9 point de PIB en 2020 l'impact de ce vieillissement, sans compter les maladies de longue durée. Sans compter non plus les coûts liés à la dépendance qui, de l'avis général, vont exploser : il faut en effet rappeler que la démence concerne 40 % des nonagénaires et 70 % des centenaires selon l'Inserm. 1/Le maintien à domicile des personnes âgées : un enjeu humain et économique majeur La vie à domicile reste très majoritaire chez les personnes, même très âgées. D'après les enquêtes EHPA et HID, on peut estimer que 87 % des personnes de 75 ans et plus et 73 % de celles de 85 ans et plus vivent chez elles. Environ 6000 personnes âgées sont par ailleurs hébergées dans une famille d'accueil à tire onéreux. Environ 3 % des personnes de 75 ans et plus et 5 % de celles de 85 ans et plus vivent en foyer logement. 9 % des personnes de 75 ans et plus et 19 % de celles âgées de 85 et plus sont hébergées en maison de retraite. Les services de soins de longue durée des hôpitaux accueillent, quant à eux, 3% des 85 ans et plus. A partir de 80 ans, 28 % des personnes qui vivent chez elles manquent d'autonomie pour certains gestes de la vie quotidienne et 72 % ont besoin d'aide pour un certain nombre de tâches domestiques. 2 La perte d'autonomie se traduit surtout par des difficultés à marcher qui affectent 26 % des personnes de 70 à 74 ans et près de 57 % des plus de 80 ans. Plus de 30 % des octogénaires restent ainsi confinés chez eux et 8 % ne quittent pas leur fauteuil ou leur lit… 11 % des personnes de plus de 60 ans qui vivent en logement ordinaire et non en institution sont physiquement dépendantes : 1,7% sont très dépendantes. En France métropolitaine, 475 000 personnes résident dans les établissements pour personnes âgées, 80 000 dans ceux pour adultes handicapés et 46 000 dans ceux pour enfants handicapés. En 15 ans, de 1985 à 2000, la durée moyenne d’hospitalisation en court séjour a ainsi baissé de plus d’un tiers (de 9 à 6 jours), avec une baisse absolue du nombre de journées (-20 %). Dans le même temps le coût moyen des soins délivrés au cours d’une journée d’hospitalisation a presque doublé. Le maintien et l’hospitalisation à domicile des personnes âgées présentent deux avantages majeurs : - permettre au malade de rester dans son environnement habituel, de ne pas se trouver « déraciné » de son milieu de vie. - permettre à la société des économies de dépenses de santé, le coût d'une journée de prise en charge à domicile restant dans la plupart des cas inférieur au coût d'une journée d'hospitalisation dans un établissement de santé. Une étude du Credes a estimé le coût moyen global de l’hospitalisation à domicile (HAD) à environ 140 € par jour. (Voir étude complète http://www.irdes.fr/Publications/Bulletins/QuestEco/pdf/qesnum67.pdf). A titre de comparaison, dans les hôpitaux publics, le coût moyen journalier d'un patient serait de l’ordre de 800 euros ! Ce coût englobe les prestations incluses dans le prix de journée des structures d’HAD (119 €) et les éventuelles consommations remboursées en sus par l’Assurance maladie (21 €, soit 15 % du total). Le coût médical direct, c’est-à-dire le coût des soins délivrés au patient, représente environ 70 % du coût global, soit 98 €. Les 30 % restants se répartissent entre la coordination médico-sociale (temps consacré par l’équipe de l’HAD aux tâches de coordination) et les frais de fonctionnement de la structure d’HAD. Les soins infirmiers rassemblent 39 % du coût médical direct, suivis de la pharmacie (21 %) et du matériel médical (18 %) Une autre étude réalisée par la CRAM des Pays de Loire a évalué le coût moyen d’une journée de prise en charge en HAD. Celui-ci s’élèverait à 158 € dans la région des Pays de la Loire. Cette estimation est un coût moyen qui ne tient pas compte des variations dues en particulier aux pathologies traitées et à la durée de présence. 27 % de ce coût représentent des frais de structure, 73 % correspondent à des dépenses directement liées aux soins. Les dépenses liées aux soins se répartissent de la manière indiquée par le diagramme ci-dessous. (Voir étude de la CRAM des Pays de Loire http://www.crampl.fr/affaires/Synthese_had.pdf#search=%22cout%20journ%C3%A9e%20hospitalisation%22) 3 2/Maladie d'Alzheimer, accidents domestiques et suicide : trois fléaux à prévenir chez les personnes âgées La maladie d'Alzheimer : un fléau social qui touche un nombre croissant de personnes âgées En France, près de 800 000 personnes sont atteintes de la maladie dont les trois quarts se trouvent en situation de maintien à domicile. La maladie d'Alzheimer touche aujourd'hui près de 10% des plus de 65 ans. On dénombre actuellement 9,4 millions de personnes de plus de 65 ans en France, et ce nombre devrait atteindre près de 13,9 millions de personnes (+48 %) en 2025. le taux de "fugue" ou d'"errance" pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer atteint près de 60 %, avec un risque élevé d'issue fatale si les personnes ne sont pas retrouvées rapidement. Les accidents domestiques touchent principalement les personnes âgées On estime que les accidents de la vie font globalement 20.000 morts par an, en comptant la pratique des sports et des loisirs. Les chutes et les suffocations sont les principales causes de décès (71 %). Sur ce total, 12.000 décès sont dus à des accidents domestiques stricto sensu. Sur ces 12.000 décès dus à des accidents domestiques, 9300 environ concernent des personnes âgées de plus de 65 ans. La chute est l’ennemie jurée des personnes âgées. La quasi-totalité des décès concernant les personnes de plus de 65 ans est dus à des chutes, dans la maison pour trois accidents sur quatre. 68 % des victimes sont des femmes. Les seniors sont près de trois millions par an à tomber. Ce risque augmente avec l’âge. Il est deux fois plus important chez les femmes que chez les hommes avant 85 ans. Après une première chute, le risque de retomber dans la même année est multiplié par 20 indique l’INPES et le risque de décès dans l'année qui suit la chute est multiplié par 4. Hors décès, la chute est responsable de graves lésions, généralement irréversibles pour les personnes âgées de plus de 75 ans. 4 Comme chez les jeunes enfants, la partie la plus touchée du corps est la tête (un accident sur deux). Viennent ensuite les lésions aux jambes, notamment la fracture du col du fémur. Et les conséquences sont lourdes : 42 % des personnes âgées doivent être hospitalisées plus de huit jours consécutifs, puis bénéficier d’un suivi de soins. Les principaux risques pour les personnes âgées sont : La chute : les troubles de la vision et de l'équilibre, l'isolement, un habitat peu adapté sont des facteurs de risque de chute chez le sujet âgé. En outre, la fragilité des os, en particulier chez la femme, expose à un risque accru de fracture ; La suffocation : entre 1982 et 1999, le nombre de décès de personnes âgées de plus de 65 ans par suffocation a été multiplié par près de trois. Les maladies du système nerveux sont des facteurs d'accroissement important du risque de suffocation chez la personne âgée ; L’intoxication : le nombre d'intoxications de personnes âgées a presque doublé entre 1982 et 1999 ; ce sont surtout des intoxications médicamenteuses résultant de surdosages et d'erreurs d'administration. Le suicide des personnes âgées : un drame méconnu En 2001, sur 10 440 décès, déclarés en suicide, 3 542 concernaient des personnes âgées de soixante ans et plus. En 2001, les chiffres de l'Inserm comptent près de deux fois et demi plus de suicides d'hommes (2 508) que de femmes (1 034) parmi les soixante ans et plus. L'âge le plus critique se situe entre quatre-vingt-cinq et quatrevingt-neuf ans. Les taux de décès doublent après vingt-cinq ans et restent stables jusqu'à soixante-quatre ans, puis progressent à nouveau après quatre-vingt-cinq ans. Ils sont six fois plus élevés après cet âge qu'entre quinze et vingt-quatre ans (et dix fois plus pour les hommes). Le phénomène suicidaire reste très présent notamment dans la catégorie des hommes de plus de 75 ans avec un taux de mortalité de 150 pour 100.000 habitants, soit le plus important d'Europe, a expliqué Michel Walter, professeur au centre hospitalier universitaire (CHU) de Brest (Finistère). Toutes tranches d'âge confondues, les décès par suicide avoisinent 20 pour 100.000 habitants. 64 % des suicides des personnes âgées sont déclarés à domicile, 32 % en d'autres lieux et 4 % en maison de retraite. Compte tenu de la répartition de la population vivant à domicile et en maison de retraite, le taux de suicide en maison de retraite est plus élevé qu'à domicile (50 %), pour les hommes comme pour les femmes. Unanimes, les spécialistes désignent ainsi la dépression comme premier facteur explicatif du suicide chez les sujets âgés. Avant même l’isolement ou les douleurs physiques dues à la maladie. 5 Causes de décès des personnes âgées de plus de 65 ans ensemble des 65 ans et plus Pathologies des seniors de 65 à 74 ans de 75 à 84 ans de 85 à 94 ans 95 ans et plus Maladie de l’appareil circulatoire 24 210 46 582 64 926 10 670 dont : infarctus 8 470 13 853 15 155 2 048 5 416 11 861 15 882 2 146 35 305 Tumeurs 40 780 39 469 24 628 2 182 107 059 25,4% dont : cancer du poumon 8 567 5 672 1 802 71 16 112 cancer des tissus lymphatiques 3 226 3 853 2 395 185 9 659 cancer du côlon 3 152 3 650 2 762 251 9 815 Maladies de l’appareil respiratoire 5 156 9 745 14 970 3 037 32 908 7,8% dont : pneumonie 970 2 676 5 805 1 276 10 727 Morts violentes 4 662 6 390 8 700 1 624 21 376 5% dont : chutes accidentelles 687 1 205 1 956 385 4 233 1 416 1 168 625 23 3 232 Maladies du système nerveux 3 280 6 539 6 667 684 17 170 4% Maladies de l’appareil digestif 4 581 5 232 6 100 993 16 906 4% Maladies endocriniennes 3 252 5 292 6 992 1 307 16 843 4% Autres causes 8 697 16 667 29 778 7 296 Toutes causes 94 733 136 018 162 838 27 801 maladies cérébrovasculaires suicides 146 388 34,6% 39 526 62 438 421 390 Champ : France métropolitaine. Source : Inserm, CépiDc - Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès. 6 7 La santé : un coût toujours plus élevé En 1960, les dépenses de santé représentaient 3,5 % du PIB (Produit Intérieur Brut) Aujourd’hui, elles représentent 8,9 % du PIB *Type de dépenses Biens médicaux Soins hospitaliers Soins ambulatoires -Médecins -Auxiliaires médicaux -Dentistes -Analyses Médicaments Transport de malades Autres biens médicaux (optique, prothèses) Total bien médicaux Médecine préventive Recherche et formation *Montant 2001 *Dépense moyenne par habitant 2002 *(en milliards€) 57,3 33,7 *15,8 *6,9 *7,1 *3 27,3 2 992 € 567 € *277 € *113 € *123 € *54 € 467 € *% des dépenses *% des dépenses *de santé 2001 *de santé 1990 45% 26% *12% *5% *6% *2% 21% 1% 48% 28% *13% *5% *6% *3% 18% 1% 7,4 4% 4% 127,8 2,5 100% 100% 6 Source : Comptes nationaux de la santé 2001, Drees, Documentation Française Les pathologies des 16-64 ans 8 Les pathologies des 65 ans et plus Source : Enquête INSEE-IRDES 1991-1992 Evolution du nombre de personnes dépendantes (2000 -2020) http://www.cpod.com/monoweb/syfmer/demographie/chomard_demo_mpr2.html 65-69 70-74 75-79 80-84 85-89 90 et + 2000 46648 66825 105900 78390 165400 143150 2005 43571 68391 108500 150030 113000 171500 2010 42449 64395 112450 156870 221400 142450 2015 60367 63261 107200 165330 238200 231700 2020 63512 90585 106450 160290 256600 285250 9 3/ Les expérimentations étrangères de maintien à domicile Le Japon, un pays en pointe dans l’utilisation des TIC au service des aînés Face au véritable défi de société que représente le vieillissement de sa population, le Japon mise sur l’utilisation intelligente des nouvelles technologies au service des personnes âgées. Le Japon vieillit rapidement. Les personnes de 65 ans et plus représentent déjà presque 20% de la population de ce pays de 127.7 millions d’habitants. Et selon des estimations démographiques officielles, dans moins de dix ans, d’ici 2015, les seniors représenteront 26% de la population, 28.7% en 2025 et plus du tiers (35.7%) en 2050. Les personnes âgées, au fur et à mesure qu’elles vieillissent, sont de plus en plus hésitantes à sortir dans la rue : peur du trafic, de se perdre ou d’être trop fatiguées pour pouvoir rentrer chez elles. Le Japon tente donc de mettre au point différentes technologies qui devraient, à terme, faciliter la vie quotidienne et les déplacements des aînés. De nombreux projets pilotes sont donc en cours d’élaboration, de manière à explorer dans quelles mesures les nouvelles technologies pourraient aider les seniors de demain. Pour des raisons à la fois économiques, politiques et culturelles, le Japon a décidé de consacrer un effort considérable à l’amélioration de la vie quotidienne des personnes âgées grâce aux TIC. A moyen et long terme le Japon compte bien utiliser également son avance remarquable en robotique pour proposer aux personnes âgées une multitude de robots d’aide et de compagnie. Parmi les nombreuses innovations à souligner, des ingénieurs de la société japonaise Omron Corp, en collaboration avec l’université de Doshisha ont développé un système de commandes vocales permettant aux téléspectateurs âgés d’optimiser l’utilisation de leur poste de télévision. Cette technologie permet à l’utilisateur de donner des ordres vocaux à un téléviseur via un microphone. Il est ainsi possible d’allumer ou d’éteindre son poste, simplement on prononçant le mot « allumer » par exemple. Ces évolutions pourraient éviter à terme, aux enfants et aux personnes âgées, d’utiliser les télécommandes qui deviennent trop complexes compte tenu de la multiplication des chaînes et des fonctions. L’adaptation de ce système de télécommande universelle vient d’ailleurs d’être étendue aux différents types d’appareils électroménagers (réfrigérateurs, micro-ondes, etc). Cette évolution technologique fait partie d’un vaste programme lancé en juillet 2002 par le ministère des Sciences et des Technologies japonais. Le gouvernement nippon a également annoncé le développement d’un système de navigation qui simplifiera notamment les déplacements des personnes âgées ou handicapées. Comparable au système GPS déjà bien utile aux automobilistes, l’innovation guidera ses utilisateurs en leur envoyant des informations (sous forme d’images et/ou de sons) sur un terminal, leur téléphone mobile par exemple. L’Institut national de géographie et des technologies de la communication japonais (NICT) a développé un Système d’Information Géographique (SIG) équipé de fonctions spécifiques permettant d’indiquer automatiquement aux personnes âgées et/ou handicapées les trajets pédestres le plus adaptés à leur condition, indiquait récemment un article du quotidien Nikkei.net. Ce système très innovant devrait permettre aux futurs utilisateurs de calculer automatiquement la route la plus sécurisée et la plus adaptée pour se rendre d’un point A à un point B. Le NICT va commercialiser cette nouvelle technologie dans des grandes villes, avant de l’étendre à tout le Japon. 10 Quelques expérimentations japonaises remarquables Un système de surveillance des personnes âgées par la consommation de gaz La municipalité de Kobe au Japon s’est dotée d’un système original qui permet de signaler de possibles urgences dans les habitations de personnes âgées. En coopération avec la société de gaz Osaka Gas, la municipalité de Kobe a en effet développé un système qui surveille la consommation de gaz dans les foyers de personnes âgées vivant seules et si aucune consommation n’est constatée durant 24 heures l’information est envoyée à l’un des 76 centres d’aide qui confirme ensuite la bonne santé de la personne concernée. Depuis l’instauration de ce service en Octobre 2004, 4000 alertes ont été déclenchées par an et 10 personnes ont ainsi pu être sauvées. Depuis l’important tremblement de terre qu’a connu Kobe en 1995 de nombreuses personnes âgées se sont éloignées du centre-ville et ainsi déconnectées de leur communauté, ce qui les met en situation de danger plus important du fait de l’isolement et la municipalité espère que les technologies de l’information pourront apporter des solutions à ce problème. En Octobre 2005, en collaboration avec NTT un nouveau système de détection de chaleur a également été introduit afin de surveiller l’activité de quelques 900 résidents. La municipalité souligne également qu’en plus de l’usage des nouvelles technologies, un véritable effort est mené afin d’encourager l’interaction de ces habitants avec leur voisinage. De nombreuses requêtes provenant d’autres municipalités sont parvenues à Kobe au sujet de ce système. Un système japonais de surveillance des personnes âgées via RFID Les sociétés du groupe NTT - NTT West (opérateur telecom), NTT Marketing Act (intégrateur de système informatique), et NTT Applie (développeur logiciel) - et l’imprimeur Dai Nippon Printing (DNP) ont débuté la commercialisation en juillet 2005 d’un service de surveillance des personnes âgées utilisant des étiquettes RFID (Radio Frequency Identification). La commercialisation d’un tel service est due au succès du test pilote, effectué jusqu’à la fin juin dernier pendant 6 mois dans une maison de retraite du département de Shiga (à l’est de Kyoto). Le service est baptisé « Actos Kit, Tag de Omamori Menu (omamori en japonais signifie protéger. Ce nom fait imaginer la protection par étiquette RFID) », faisant partie de la gamme de solution informatique de NTT Marketing Act, Actos Kit. Le service consiste à surveiller l’état de la personne équipé d’une étiquette RFID active, et des récepteurs RFID sont installés dans des salles de l’établissement. Ce système permet de tracer les mouvements des personnes équipées d’une étiquette RFID dans l’établissement. Il est conçu pour mieux protéger et surveiller les personnes, en avertissant les gestionnaires de l’établissement lorsqu’une personne entre dans un endroit où elle n’a pas l’habitude d’aller, ou lorsque la personne reste figée trop longtemps dans un endroit. Il est également possible d’envoyer un mail sur un mobile lorsque la personne équipée d’une RFID sort du territoire habituel. L’ensemble du système est relié à Internet à haut débit, afin de concentrer la surveillance de différents établissements en un seul centre. Le test a eu lieu dans une maison de retraite, mais les sociétés participant au test envisagent de proposer un service similaire aux crèches ou aux centres commerciaux pour la gestion de personnels. L’Actos Kit, Tag de Omamori Menu est commercialisé à partir de 2 millions de yens (14 592 euros) pour l’ensemble des dispositifs nécessaires - serveur de gestion, 2 récepteurs RFID, 10 étiquettes RFID, hub, et logiciel. Il est disponible dans les 30 départements de la zone commerciale de NTT East. Un service de géolocalisation des personnes âgées par GPS La société japonaise Secom propose un service de géolocalisation et d’assistance aux personnes âgées qui fonctionne 24 heures sur 24 pour un prix compétitif (60 euros de frais de mise en service et 5 euros d’abonnement mensuel). Ce service leur fournit un petit boîtier qu’elles glissent dans leur poche et qui permet ensuite de les localiser sur tout le territoire avec une précision qui varie, entre la campagne et la ville, de 5 à 20 mètres. Afin d’assurer en toute situation une bonne géolocalisation, ce système combine le GPS et la triangulation à partir des signaux émis par les stations terrestres de téléphonie mobile. 11 A Kishiro, l’Internet sur fibre optique permet de rompre l’isolement des personnes âgées L’opérateur télécom japonais NTT et l’opérateur local NTT West ont lancé un test de surveillance et d’assistance des personnes âgées habitant en zone montagneuse, en utilisant l’Internet à haut débit. Une trentaine de personnes âgées de la ville de Kishiro (département de Miyazaki, au sud de Kyûshû) participent à ce test. Les familles distantes de ces personnes âgées et les autorités de la ville peuvent en savoir plus sur l’état de santé de leurs aïeux, grâce au réseau, et communiquer facilement en mode visiophone, ou en laissant des messages écrits. La ville de Kishiro se trouve en zone de montagne - 84 % du territoire de la commune est couvert de forêts -, et compte 5 760 habitants pour 2 130 foyers. Afin de combler le fossé numérique, l’opérateur télécom NTT West et la commune de Kishiro avaient déjà collaboré à l’installation d’un réseau en fibre optique, et la ville propose divers services exploitant ce réseau (connexion Internet à haut débit, service d’informations locales ou de santé). Suite à des débats impliquant les habitants et l’opérateur, pour une meilleure exploitation du réseau, les personnes âgées vivant seules ont manifesté leur désir d’un service d’assistance et de communication, spécialement conçu pour des personnes âgées qui sont peu familiarisées avec les dispositifs numériques. Le test de Kishiro propose quatre services : un indicateur de présence de la personne âgée pour sa famille distante, la visiophonie, l’envoi de messages écrits et enfin un service d’envoi de messages d’urgence entre la ville et les testeurs. Chez les trente testeurs, un PC avec un écran tactile, une webcam, un micro intégré, et une lampe sont installés. L’expérience menée à Kishiro pourrait donner des idées aux organismes d’assistance des personnes âgées vivant seules, en leur permettant de s’informer sur l’état d’activité de ces personnes - présentes, absentes, en cours de communication, ou urgence - à travers le réseau. Les opérateurs envisagent d’ailleurs de proposer leurs services aux corps municipaux non seulement dans des villages, mais aussi des grandes villes. Un robot de compagnie pour personnes âgées de Matsushita Dans la ville d’Ikeda, 4000 personnes âgées ont accepté de converser avec Kuma, le robot interactif de Matsushita. La ville, forte de 100 000 habitants dont 15 % ont plus de 65 ans, a été choisie par les pouvoirs publics nippons pour mener cette expérience. Ceux-ci ont alloué à la municipalité 4 millions de dollars, dont une large partie sert à financer les travaux de Matsushita. Résultat : Kuma est maintenant relié au réseau câblé optique de la région et enregistre chaque année de nouveaux progrès. Une évolution prometteuse selon les experts du groupe industriel, convaincus des vertus de ce robot non mobile, mais hautement interactif dont le prix, une fois commercialisé, devrait osciller autour de 500 euros l’unité. « Ce siècle, nous le savons tous, sera celui de la solitude et du vieillissement », lâche, très sérieux, Hiroshi Yamamoto, dans son laboratoire proche de Kyoto. Kuma est une réponse technologique à cette évolution sociale. L’idée d’un robot-confident peut paraître ridicule aujourd’hui. Mais imaginez dans vingt ou trente ans, lorsque nos vieux parents seront isolés dans des villages désertés par les jeunes. Kuma est un robot-relais qui peut aussi bien servir aux personnes âgées qu’aux adolescents en situation d’échec scolaire, ou à ceux qui rejettent notre société. », 65% des habitants d’Ikeda sélectionnés pour tester Kuma se sont déclarés « très tristes » au moment de s’en séparer. Japon - Une bouilloire veille sur les seniors Cette bouilloire, surnommée I-pot, littéralement « pot à information » est le fruit d’une collaboration entre le fabricant d’électroménager Zojirushi, Fujitsu et l’opérateur de téléphonie NTT. Il s’agit en fait d’une bouilloire tout à fait normale, si ce n’est qu’à chaque utilisation, elle envoie un message à un correspondant choisi au préalable, indiquant que la personne est en bonne santé, ou en tout cas, qu’elle utilise sa bouilloire... L’appareil enregistre l’heure à partir de laquelle l’objet est utilisé, et un système de communication sans fil fait parvenir un signal à un serveur. 12 Les abonnés à ce service peuvent ainsi recevoir directement sur leur mail un message indiquant que leur parent a utilisé son I-pot tout récemment. Il est aussi possible de visualiser sur un site Internet l’ensemble des dernières manipulations de l’I-pot. Cet appareil est donc en place depuis quatre ans maintenant. Il s’adapte parfaitement au style de vie japonais, puisque la forte consommation de thé et de soupes entraîne une utilisation des bouilloires plusieurs fois par jour. Sans même s’en apercevoir et d’une manière extrêmement simple, puisque la personne âgée n’a rien à faire d’autre que faire chauffer son eau, il est donc possible de veiller un proche à distance de manière non intrusive. Ce service est bien entendu payant, l’appareil est loué une quarantaine d’euros par mois et le service mail et Internet vingt euros environ. Un mobile japonais pour les seniors qui ralentit la voix ! Un nouveau modèle Raku-Raku (facile d’utilisation en japonais), spécialement conçu et réalisé pour les personnes âgées, propose en plus de ses options habituelles, un outil qui permet de ralentir le débit de la voix du correspondant de manière à rendre l’écoute plus confortable et faciliter la compréhension de la personne âgée. Le fabricant, NTT DoCoMo, espère que ce nouveau produit va améliorer le confort d’écoute des seniors. En appuyant sur un petit bouton qui se trouve sur le côté du téléphone, la voix de l’interlocuteur est immédiatement ralentie. La vitesse du débit baisse alors de 30 % environ. En fait, les mots sont légèrement étirés et une seconde de silence s’intercale entre chaque phrase. Si ce « temps mort » devient plus long, l’appareil rebascule en mode normal. Outre cette nouvelle option, le dernier modèle Raku-raku propose aussi divers petits aménagements visant à séduire les seniors. Les touches sont un peu plus larges que la moyenne, l’écran permet de lire les messages en grands caractères et le son est plus fort et plus clair que dans les autres téléphones. Ce dernier point est important. Selon une étude du fabricant, ce que les seniors reprochent le plus à un téléphone, c’est qu’ils n’arrivent pas à entendre correctement. Mais le mobile Raku-raku dispose aussi d’un podomètre qui permet de calculer les distances parcourues en une journée et d’une alarme de 80 décibels, qui peut se déclencher pour attirer l’attention des passants, en cas de chute par exemple. En revanche, visuellement, il ressemble à n’importe quel autre mobile « nouvelle génération » dont il possède aussi toutes les fonctions (appareil photo, visiophonie, etc.). Uniquement commercialisé au Japon, il coûte 200 euros environ. 4/Europe : Medical Care Continuity, un projet européen de service de maintien médicalisé à domicile Axa Assistance, Eurogroup Alliance et France Télécom ont lancé, dans le cadre du consortium MCC (Medical Care Continuity), l’expérimentation dans quatre pays européens d’un nouveau service de maintien médicalisé à domicile. Ce projet bénéficie du soutien de l’Union européenne à travers le programme eTEN. Entre amélioration du confort du patient, atteinte des objectifs de soins et rationalisation des coûts et temps de séjour à l’hôpital, les premiers tests sont particulièrement encourageants. Testé en Belgique, France, Italie et Pologne, ce service innovant devrait permettre une amélioration du confort du patient, tout en assurant une diminution des coûts globaux de santé. Concrètement, cette innovation permet au patient d’être suivi à son domicile grâce à une station réunissant une caméra télé-pilotable et un écran qui établissent le lien avec son centre d’assistance ou la structure hospitalière. Il peut activer ce système de manière très simple à l’aide d’une télécommande à bouton unique. Il peut alors appeler ou accepter une communication tout en préservant son intimité et son cadre de vie et entrer ainsi en contact vocal puis visuel. Quand il appelle, un opérateur du centre d’assistance formé spécialement à ce service identifie la demande et si nécessaire lance la communication visuelle. L’appel peut être transféré vers le médecin du centre d’assistance, puis vers le centre hospitalier si nécessaire via un réseau de type Internet. 13 Un médecin peut ainsi échanger avec le patient pour suivre l’évolution de son état de santé, visionner son environnement en télé-pilotant la caméra. Au besoin, il zoome sur le malade, le porte-documents ou les équipements médicaux à proximité, prend des clichés et les imprime. Grâce à ce service, le médecin de famille ou le personnel soignant qui rendent visite au patient peuvent ainsi entrer facilement en contact avec l’équipe du centre d’assistance. Une première expérimentation de l’équipement de télé-assistance s’est déjà déroulée en Italie sur quelques patients diabétiques. Son premier bilan est des plus positifs : la sortie de l’hôpital a lieu en moyenne 22 jours plus tôt et les frais d’hospitalisation sont réduits d’environ 50 %. 5/ Les expérimentations en France Une expérience remarquable de téléconsultation gériatrique à Toulouse C’est une expérience pilote, unique en France : depuis trois ans, tous les jeudis après-midi, Serge Bismuth, médecin coordonnateur à la Résidence Bellefontaine, un EHPAD situé à Toulouse, pratique des consultations de gériatrie par télé-médecine. "La veille, je prépare les consultations (Trois en moyenne par jeudi) et j’envoie à mes confrères spécialistes de l’hôpital Rangueil à Toulouse un résumé du dossier médical, les résultats des examens et les questions que je me pose. Ainsi, les télé-consultations sont beaucoup plus efficaces", précise Le Dr Bismuth. Pour le patient, les avantages sont évidents, plus besoin de se déplacer et d’attendre des heures à l’hôpital, et pour le généraliste, c’est une manière d’améliorer ses connaissances en voyant pratiquer d’autres médecins. "Contrairement à ce que je pensais à l’origine, le principal intérêt de la télémédecine en EHPAD n’est pas dans l’aide au diagnostic mais plutôt dans le soutien apporté aux équipes soignantes. C’est un outil de pédagogie et de formation incroyablement efficace", assure de Dr Bismuth. A la Résidence Bellefontaine, la téléconsultation, programmée chaque semaine, permet non pas une consultation "classique" d’un résident face à un gériatre du CHU mais bien un échange d’équipe à équipe autour d’une question de prise en charge. Du côté de l’EHPAD, la consultation réunit, aux côtés du patient et de son médecin, la directrice, une infirmière, une aide-soignante et parfois un membre de la famille du résident. Au niveau du CHU, le médecin est souvent accompagné d’une infirmière de service. "Les consultations de groupe nous permettent d’évoquer différents thèmes suivant les patients. L’équipe peut ainsi bénéficier de conseils précieux de prise en charge sur des problèmes délicats comme la contention, la dénutrition, les chutes, la dépression ou encore des troubles liés à la démence, explique Serge Bismuth. Les résultats de cette expérimentation sont jugés très positifs par l’ensemble des acteurs concernés puisque, sur une quarantaine de téléconsultations effectuées, deux cas seulement ont nécessité une hospitalisation et, à chaque fois, le séjour à hôpital a été réduit par une bonne programmation des différents rendez-vous. Il faut également souligner que le système fonctionne dans les deux sens : la résidence Bellefontaine a déjà utilisé la visioconférence pour faire une visite de pré-admission à distance et préparer l’accueil dans l’établissement d’une personne hospitalisée au CHU. A ceux qui se demandent si l’on peut réellement soigner à travers un écran, Serge Bismuth répond "oui, sans aucun doute". "70 % du diagnostic se fait par l’interrogatoire et comme je suis à côté du patient pendant que mon confrère lui parle, je peux être la main du spécialiste. Effectuer une palpation si nécessaire. L’examen clinique existe toujours ! Le patient est satisfait car ainsi il a un deuxième avis médical, sans se déplacer et gratuitement ! "T@pa*: Un concept novateur pour rompre l'isolement des personnes âgées dépendantes" Il porte ses origines dans son nom : T@pa, un sigle choisi par des informaticiens dont le but était de développer un projet de Télé@ssistance pour les personnes âgées. Mais au bout de 2 mois un constat s'est imposé : comment identifier le groupe de personnes volontaires pour tester le nouveau produit ? Quels services peut-il leur proposer? "Ce n'était évidemment pas le travail d'informaticiens, mais celui de sociologues, commence 14 André Thépaut, du groupe de travail services innovants pour personnes dépendantes du département informatique de l'ENST Bretagne à Brest. Après avoir sélectionné des personnes susceptibles d'être intéressées par la plate-forme T@pa, c'est-à-dire des personnes âgées dépendantes, bénéficiant de l'Allocation personnalisée d'autonomie (APA), des entretiens ont été réalisés afin de mieux connaître le réseau social de ces personnes et les usages qu'elles font des nouvelles technologies. Il s'est avéré que les personnes âgées ont rejeté le projet initial de téléassistance. "Ce n'est pas d'un système de rappel de prise de médicaments dont elles ont besoin, mais d'une dimension relationnelle !" explique Hélène Trellu de l'ARS. Du coup, cela nous a amenés à revoir la nature des services offerts par la plate-forme", qui comprend finalement : un système de communication avec le réseau affectif de la personne ; l'accès à de l'information de quartier, via la Mairie du quartier de Bellevue à Brest, à une sélection d'articles du Télégramme, ou encore à des documents issus du réseau câblé à Brest. Le travail des sociologues a aussi apporté des éléments quant au choix des technologies. Les personnes âgées interrogées étaient par exemple très réticentes à l'idée d'utiliser un ordinateur avec un clavier, une souris... La télévision est donc l'objet qui a été retenu comme média de communication. Objet familier dans la maison, elle y occupe une place importante et son utilisation n'oblige pas à revoir l'agencement du domicile. "C'est en cela que l'étude d'usage en amont est très importante : les populations et les attitudes changent" argumente André Thépaut. Aujourd'hui, les personnes âgées ont choisi la télévision comme média ; et demain ? Nous sommes les personnes âgées de demain et nous préfèrerons certainement l'ordinateur !". L'équipe de l'ENST Bretagne a par ailleurs développé une interface reposant sur la succession de menus très simples, accessibles via une télécommande elle aussi simplifiée. Derrière tout cela, une unité centrale (de faible consommation et silencieuse !– des critères importants pour les utilisateurs) est reliée au routeur, qui se trouve dans les locaux de l'ENST Bretagne, et qui permet lui-même les liens avec les différents acteurs : personnes de l'entourage et services de la commune. La plate-forme a été déployée chez quelques personnes âgées volontaires du quartier Bellevue à Brest, ce qui implique en tout 15 personnes de l'entourage. Le témoignage de l'une d'entre elles, - une dame en fauteuil roulant qui n'est pas sortie de chez elle depuis 6 ans -, est explicite : quelques heures après Noël, elle recevait les photos de ses petits-enfants jouant de la musique, grâce à T@pa ! Elle reçoit également des messages écrits d'un de ses petits-fils : "Il ne sait pas encore très bien écrire et il habite à 5 minutes d'ici, mais ça lui fait plaisir !" "Les premiers résultats de l'expérimentation révèlent que les personnes âgées aimeraient bien pouvoir répondre aux messages, dire qu'elles ont bien reçu les photos, précise Hélène Trellu. Nous allons donc travailler sur cet aspect, à court terme et pourquoi pas proposer de nouveaux services". Altermed (Morbihan) : hospitalisation à domicile Le projet Altermed a pour objectif de montrer l’importance de l’utilisation de technologies alternatives d’accès à l’Internet haut débit sur la continuité des soins entre les différentes zones d’un même territoire. Cet objectif sera poursuivi au moyen de 2 projets : • Altermed Patient à domicile : améliorer la continuité des soins entre une zone rurale et une agglomération (Clinique Océane/cellule Hospitalisation à domicile (HAD) et patient) grâce à la téléconsultation. • Altermed Hôpital local : améliorer la continuité des soins entre les établissements de soins du continent (Centre Hospitalier de Bretagne Atlantique et la Clinique Océane) et l’hôpital local d’une zone insulaire (BelleIle) ou un poste médical éloigné (médecin de l’île de Houat et infirmière de Hoëdic) grâce à la télé-expertise. Dans les deux cas, il s’agit de relier avec le même type d’équipement une structure hospitalière (Clinique Océane de Vannes ou L’hôpital Lanco de Belle-Isle-en-Mer) et un domicile de patient ou un poste médical distant (îles de Houat et Hoëdic). 15 La technologie hertzienne retenue est celle développée par Canopy. Ses principaux composants sont le point d’accès, le module abonné et l’unité du faisceau hertzien. Le point d’accès (AP) est une station de base qui envoie les données IP au module abonné (SM). L’équipement nomade comporte une antenne d’émission/réception, un système de visioconférence (poste central + écran + caméra), une sonnette d’appel d’urgence. Cet équipement est « packagé » sous forme de mallette contenant l’ensemble des équipements à installer sur les sites des postes nomades. La technologie CPL est exclusivement utilisée en mode indoor (domicile patient ou poste médical distant). Le coût journalier de cette HAD est estimée à 300€/jour, contre 800€/jour pour l’hospitalisation classique, soit une économie de 500€ par jour et par lit. Ce projet est très intéressant car, au delà de la dimension technologique, il a profondément modifié les relations entre patients, médecins set infirmières. Les personnes âgées qui ont bénéficié de ce projet ont un avis très positif car elles se sentent rassurées en permanence par la téléprésence vocale et visiophonique. Quant aux médecins, ils ont également été séduits par ces expérimentations car leur travail se trouve enrichi et valorisé. L’ADEPAFIN : réseau de soins réunissant l’ensemble des professionnels de la périnatalité des Côtes d’Armor et des représentants d’usagers. Téléconsultations à la maison de retraite de Monestier-de-Clermont (Isère) Depuis février 2006, en partenariat avec le CHU de Grenoble et le Professeur Franco et dans le cadre des programmes pour l’innovation de la Région Rhône-Alpes, la Maison de retraite de Monestier a mis en place un système de téléconsultations pour ses 30 résidents (46 en 2008). Il s’agit d’un système fixe qui permet le "full duplex audio et vidéo, à partir du module de téléconférence Polycom VSX 7400. (Voir descriptif complet http://www.cbcitelecom.com/av/....) La transmission est assurée grâce à trois liaisons de 128 Kbits en parallèle sur Numéris mais le système pourra basculer sur IP lorsque le débit de l’ADSL sera suffisant dans cette commune rurale. Dans un deuxième temps, une salle multimédia dédiée à la télémédecine est également prévue dans la Maison de retraite. Ce sont les Comités d’actions sociales de la Communauté de Communes de Monestier qui assure la coordination gérontologique. Ce dispositif de téléconsultations permet également d’assurer des modules de téléformation médicale pour le personnel concerné. Dans cet EHPAD, l’installation du système de visioconférence représente un investissement de 23000 euros, financé à 60 % par la Région, le reste étant financé à parité par le CCAS et le Département. Autonomie Visio, visiophonie pour les personnes âgées et leurs proches Aujourd'hui en France, 12 millions de personnes âgées, dépendantes, handicapées, éprouvent une gêne ou des difficultés dans leur vie quotidienne. Partant de ce constat, France Télécom a lancé en mai 2006 Autonomie Visio, la première solution de visiophonie disponible en France pour les personnes âgées et leurs proches. Autonomie Visio doit rassurer et sécuriser les seniors et leurs proches, avec l'image comme atout supplémentaire, mais aussi favoriser le maintien à domicile et rompre l'isolement grâce à l'image pour garder le lien social et familial. La solution de visiophonie peut également permettre de diffuser des conseils personnalisés et des informations locales grâce au service kiosque. Le 1er service mobile d’assistance localisée et médicalisée aux personnes âgées expérimenté à Issy-lesMoulineaux Depuis 2005, AXA Assistance et le Groupe France Télécom combinent leurs savoir-faire pour expérimenter le premier service mobile d’assistance localisée et médicalisée, disponible 7j/7 et 24h/24. Les équipes R&D de France Télécom ont mis au point un système breveté combinant les technologies GSM et GPS 16 (géo-localisation par satellite). Cette avancée technologique se traduit par une innovation majeure en termes d’usages, illustrant cette nouvelle dimension du mobile comme outil d’alerte. Pratique et simple d’utilisation, ce service propose pour la première fois en France une solution d’assistance localisée et médicalisée en mobilité : deux appuis courts sur le bouton d’urgence du terminal GSM/GPS suffisent pour entrer automatiquement en contact avec la plate-forme téléphonique d’AXA Assistance, déclenchant en parallèle l’envoi d’un SMS de localisation et l’activation des fonctions haut parleur et main libre. Au bout du fil, l’opérateur d’AXA Assistance confirme la position géographique du testeur en la visualisant sur une carte ; il peut si nécessaire transmettre l’appel à un médecin présent sur la plate-forme d’assistance. Dans le même temps, AXA Assistance peut déclencher l’intervention des secours publics d’urgence (pompiers ou SAMU par exemple), en leur communiquant les premières informations sur l’état de santé de l’utilisateur et sa localisation. Par ailleurs, chaque utilisateur peut autoriser trois personnes de son choix parmi ses proches à le localiser en appelant AXA Assistance, par exemple lorsqu’elles s’inquiètent de ne pas pouvoir le joindre. La ville d’Issy-les-Moulineaux reconnue pour sa démarche de ville innovante a accueilli en avant-première cette expérimentation. Qui concerne une centaine de personnes âgées de plus de 60 ans, résidant à Issy-lesMoulineaux ou dans les communes limitrophes. Lille : Télé-infirmière : outil de télé-assistance médicale Mis en oeuvre par EVALAB (laboratoire européen d’ergonomie et d’utilisabilité pour les Technologies de l’information et de la Communication en Santé de l’Université de Lille 2) le projet Télé-infirmière vise à mettre en relation un médecin expert capable d’assister une infirmière pour effectuer à distance une consultation auprès de personnes âgées au sein d’un établissement d’hébergement. L’initialisation de la requête par l’infirmière est effectuée par téléphone. L’objectif du projet Télé-infirmière est d’optimiser les ressources médicales et paramédicales mises en œuvre dans les Maisons de Retraites et Maisons d’accueil pour personnes âgées (MAPA) en favorisant la télé-assistance médicale auprès des infirmières par la mise à disposition d’éléments objectifs permettant d’éviter ou de décider d’une hospitalisation en urgence. Télé-infirmière doit permettre aux infirmiers d’institutions non médicalisées pour personnes âgées d’accéder à un service de télé-assistance médicale qui les aidera dans les décisions à prendre. Ainsi, l’objectif final du projet est de développer un chariot de télé-assistance mobile dans l’institution équipé de plusieurs instruments médicaux et de visiophonie reliés à un PC permettant de transmettre des données vers l’expert médical qui pourra appréhender rapidement la situation aux vues des données transmises et des données historiques du patient. Télé-infirmière mettra donc en place un réseau de télé-assistance reliant les institutions impliquées à un expert médical. Les analyses menées au sein des établissements pour personnes âgées ont permis de décrire le fonctionnement et l’organisation de celles-ci avec l’identification des actions réalisées par chaque acteur identifié. L’accent a été mis sur les situations où le personnel soignant est amené à appeler le médecin avec l’identification des informations nécessaires lors des appels infirmiers/médecins, des supports utilisés, etc. Maisons intelligentes pour personnes âgées: le projet Ger’Home. La population française vieillit. Les chiffres confirment l’évidence. 20 % des habitants de l’Hexagone ont plus de 60 ans et près de 5 millions d’entre eux ont dépassé 75 ans. Tout faire pour permettre aux personnes âgées de rester dans leur domicile et ce, en parfaite sécurité, tel est l’objet du projet Ger’home, mené conjointement par le CSTB, l’INRIA et le CHU de Nice. Avec une étape clé franchie en novembre 2005 : la mise en service d’un appartement expérimental. Première étape : la création d’un laboratoire, "vrai" appartement équipé de multiples capteurs. Un robinet ouvert trop longtemps, un détecteur de présence qui ne perçoit plus aucun mouvement, une télévision allumée toute la nuit ou des lumières toujours éteintes… Autant de signaux qui, lorsqu’ils sont réunis, constituent un faisceau de présomptions pouvant déclencher une alerte. "Nous cherchons à créer un environnement domotique nous permettant d’analyser précisément le comportement d’une personne âgée à 17 domicile, explique Alain Anfosso, chef du projet Ger’Home. Si la plupart de ces systèmes existent déjà, la grande difficulté de notre travail consistera à les faire communiquer entre eux et à les rendre les plus discrets possible pour éviter tout sentiment d’intrusion dans la vie privée des individus." L’analyse de l’ensemble des données recueillies constitue le deuxième aspect du projet Ger’Home. "Notre équipe est spécialisée dans le développement des capacités de vision et de compréhension des ordinateurs, annonce François Brémond, chercheur à l’INRIA. A nous de modéliser les comportements habituels des personnes âgées afin de programmer des scénarios types. Les centraux informatiques recevant les informations des capteurs installés dans les logements seront alors aptes à détecter toute anomalie significative." Des anomalies qui ne doivent en aucun cas être confondues avec des modifications progressives des habitudes de vie. Pour cela, une seule solution : doter les ordinateurs de facultés autonomes d’apprentissage afin de leur donner la capacité de s’adapter à ces changements de comportement. Cette solution laisse entrevoir des perspectives de nouveaux services comme la sécurité et la prévention des accidents domestiques des jeunes enfants par exemple… Comme le souligne le Professeur Daniel Balas, gérontologue au CHU de Nice, partenaire de Ger’Home « Pour la première fois en France, nous prenons en compte le vieillissement sous tous ses aspects : urbanistique, sanitaire, social, technologique, etc. Nous disposerons ainsi d’une méthode performante pour détecter les modifications de comportement des personnes âgées. » Habitat intelligent pour la santé Favoriser le maintien ou le retour au domicile des personnes fragiles est l’un des aspects de la télémédecine, domaine dans lequel s’illustre l’Équipe « Acquisition, fusion d’information et réseaux pour la médecine » (AFIRM), du Laboratoire TIMC de l’IMAG à Grenoble. Dans cette optique, Norbert Noury et Vincent Rialle ont conçu un Habitat Intelligent pour la Santé hébergé par la Faculté de Médecine de Grenoble. Le principe ? À l’aide de capteurs disséminés dans la maison ou embarqués sur la personne suivie, relever un ensemble de données, qui sont traitées et analysées localement par un système d’informations. Ces données sont ensuite relayées par un centre de télésurveillance, grâce à Internet par exemple où elles sont redistribuées aux personnes ressources. Il peut s’agir du médecin hospitalier, du médecin traitant, des services infirmiers, des CCAS (Centre communal d’action sociale) ou encore de la famille et des proches. Pour détecter l’activité, les chercheurs ont adapté des capteurs de détection infrarouges pyroélectriques et des contacts magnétiques de porte, déjà disponibles dans le commerce. L’actimètre, destiné à être porté sous l’aisselle gauche du patient, a été conçu par Norbert Noury. La collecte des informations, physiologiques ou comportementales permet, après traitement des signaux, d’établir une tendance comportementale du patient. En cas de déviation majeure par rapport à ce schéma ou de détection d’une chute par exemple, l’alerte est donnée au centre de télésurveillance. Un appartement pilote a été installé dans le laboratoire et permet de tester le fonctionnement de ces systèmes. Le but de cette expérimentation d’HIS est de permettre le maintien à domicile et le suivi sanitaire des personnes âgées. Ces appareils auront une fonction d’alarme, mais aussi de prévention : ils mesurent en permanence l’activité du patient, grâce à trois types de capteurs : ceux qui équipent l’habitat (infrarouges), ceux que porte l’individu (acétimètres), mais aussi ceux qui peuvent être implantés directement dans son organisme. Décryptés par un logiciel mis au point par TIMC, les algorithmes issus de la combinaison de ces trois capteurs apportent aux médecins des données précises sur la santé et le rythme de vie des patients. Ainsi, le programme national Ailisa (Appartement intelligent pour une longévité effective) prévoit d’installer trois appartements intelligents sur le modèle de celui de Grenoble. A l’Hôpital gériatrique de Charles-Foix (Evry), au service de gérontologie du CHU de Toulouse et dans une maison d’accueil de personnes âgées, à Grenoble, sera expérimenté, pendant un an, ce concept de “domotique médicale”. Actidom, un actimètre qui repère les mouvements et déplacements pourrait, à terme, remplacer l’actuel “médaillon”, ce détecteur de chute que portent certaines personnes âgées. Une chaîne complète de mesure à distance de l’activité de personnes âgées a été réalisée dans le cadre du projet Actidom, avec France Télécom R&D, TIMC, Teamlog et LI2G (CHU de Grenoble). 18 La mise au point d’un détecteur de chute fiable et portatif est un véritable enjeu de santé publique quand on sait qu’en 10 ans, le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans qui se sont rendues aux urgences pour des accidents domestiques a augmenté de 73 % (soit environ 1,4 millions de visites) alors que durant cette même période, la part de cette population n’a augmenté que de 27 %. Autre pourcentage édifiant : les individus de plus de 75 ans ont deux fois plus de risques que les 65/74 ans, de se retrouver aux urgences à cause d’un accident domestique. (Étude réalisée par la Commission Nationale de la Protection des Consommateurs américaine (CPSC) et le Conseil National de la Sécurité (NSC). Rappelons que chez les plus de 65 ans, les chutes sont la principale cause de blessures domestiques non volontaires. 19