CORRIGE QUIZ TEMPS ET ASPECTS Grammaire/linguistique L3 Décembre 2008 1. Séries de questions : Extracts from the « Declaration of revocation » by John Cleese (The humorist is addressing the US citizens) Please tell us who (1) killed JFK. (2) It's been driving us crazy. - Quel marqueur fait que le preterit est obligatoire en (1) ? Est-ce qu’on pourrait avoir It’s driving us crazy ? Justifiez vos réponses. REPONSES : - Le preterit est obligatoire car JFK est un nom propre – plus exactement ses intiales- qui réfère à du passé : il s’agit de John Fitzgerald Kennedy assassiné en 1963. - Oui, on pourrait avoir le présent associé à BE+ING. Dans ce cas le sens serait différent. En effet, avec la combinaison HAVE-EN et BE+ING, associé au procès DRIVE US CRAZY, on réfère à un état débuté dans le passé et toujours en cours dans la situation d’énonciation : depuis l’assassinat, çà nous rend dingue de ne pas savoir. Avec le présent en BE+ING, on perd le repérage temporel complexe entre deux situations (la situation du « killing », la situation d’énonciation). Seule la situation d’énonciation est prise en compte. On pourrait envisager une situation dans laquelle on pose la question à quelqu’un qui tarde à vous répondre : c’mon, spit it out, it’s driving me crazy… You will learn to make real chips. Those things you (5) call 'French fries' are not real chips. Fries aren't even French, they are Belgian though 97.85% of you (including the guy who discovered fries while in Europe) are not aware of a country (3) called Belgium. Those things you insist on (4) calling potato chips are properly called "crisps." Real chips are thick cut and fried in animal fat. The traditional accompaniment to chips is beer which should be served warm and flat. - Quel est le fonctionnement syntaxique de (3) called ? Quel est le fonctionnement syntaxique de (4) calling ? En (5) call est-ce qu’on pourrait avoir BE+ING ? Justifiez. Enfin, trouvez une forme verbale au passif. REPONSES : - En (3) le verbe CALL est à la forme –ED, mais dans un contexte où il est participe passé et non verbe principal. On le sait parce qu’on pourrait réécrire : a country that is called (auxiliaire BE + Ppassé = passif). Ce qui signifie qu’ici CALLED a un fonctionnement adjectival. - En (4) le verbe CALL est à la forme –ING, mais dans un contexte où il n’est pas verbe principal puisqu’il n’est pas précédé de l’auxiliaire BE. Si on regarde le contexte immédiat, on voit au contraire que calling est précédé du marqueur ON et qu’il renvoie à une action répétée . Comme il est substituable à un nom (cf. insisted on calling / insisted on something) et qu’il a une fonction d’objet du verbe, ce n’est pas non plus un participe présent mais un gérondif. - En (5) il est possible d’avoir Those things you are calling 'French fries', mais cela aurait une incidence sur la construction du sens. En effet, dans l’énoncé original, le présent simple permet de référer à la propriété du sujet comme une vérité générale, sans autre forme de commentaire. Dans le contexte ici, même avec BE+ING, on ne peut envisager un ancrage temporel du type « qu’en ce moment même vous appelez… ». Par contre BE+ING prendrait une valeur modale correspondant à un commentaire de l’énonciateur. En fonction du contexte, ce commentaire pourrait être : « que vous vous entêtez à appeler… ». You should stop playing American "football." There is only one kind of football. What you refer to as American "football" is not a very good game. The 2.15% of you who are aware that there is a world outside your borders may have noticed that no one else plays "American" football. You will no longer be allowed to play it, and should instead play proper football. Initially, it would be best if you (6) played with the girls. It is a difficult game. Those of you brave enough will, in time, be allowed to play rugby (which is similar to American "football", but does not involve stopping for a rest every twenty seconds or wearing full kevlar body armour like nancies). We (7) are hoping to get together at least a US Rugby sevens side by 2005. - Comment parler en (6) played de cet emploi du prétérit, quels sont les éléments pertinents dans le contexte à ne pas oublier ? En (7), comment interpréter l’emploi de BE+ING, quelle valeur, quel est le rapport avec la situation d’énonciation ? REPONSES : - En (6), la forme verbale played illustre l’emploi modal du preterit. L’emploi temporel du preterit permet de référer à ce qui n’est pas validé dans la situation d’énonciation mais qui a été validé dans le passé. L’emploi modal permet de référer à ce qui n’est pas validé dans la situation d’énonciation mais qui est validé dans une situation fictive. Dans le contexte deux marqueurs construisent ce plan imaginaire : l’auxiliaire modal WOULD, la conjonction IF. - En (7), BE+ING est associé au procès HOPE, qui réfère à un état cognitif (verbe d’opinion). Sa valeur peut difficilement être temporelle, du type « nous sommes en train d’espérer ». Ici BE+ING prend plutôt une valeur modale, du type « nous, on estime pouvoir espérer », avec mise en avant de la relation sujet/procès. Ainsi, le rapport avec la situation d’énonciation n’est pas temporel. Ce qui est en jeu c’est le rapport entre le point de vue de l’énonciateur et l’opinion émise. 2. Analyse des faits de langue soulignés : EXTRACT from The New York Times Barack Obama and John McCain during their final presidential debate at Hofstra University on Wednesday. By JIM RUTENBERG Published: October 15, 2008 In the days before the debate, Mr. Obama had appeared to have goaded Mr. McCain, saying in an interview with ABC News that he did not know why Mr. McCain had not personally made an issue of Mr. Obama’s association with Mr. Ayers, with whom he worked with on two nonprofit boards, in their last debate considering that Mr. McCain’s campaign had done so repeatedly in recent weeks. And there was some degree of anticipation over whether Mr. McCain would do so this time. He did, though only after a bit of prompting from Mr. Schieffer, who, in a question about the tone of the campaign directed at both men, asked Mr. McCain specifically, “Your running mate said he palled around with terrorists.” Faites l’analyse des formes verbales soulignées. Faites des rapprochements entre ces analyses s’il y a lieu. ANALYSES : In the days before the debate, Mr. Obama had appeared to have goaded Mr. McCain,… Le segment souligné est un groupe verbal composé du verbe APPEAR à l’actif et au pluperfect (-ED combiné à HAVE-EN). Le sujet du verbe est un animé ; au niveau de la phrase, on note qu’il s’agit d’une affirmation. On remarque surtout le complément circonstanciel de temps « in the days before the debate » qui sert de repère au groupe verbal à étudier. Le pluperfect permet d’envisager une situation repère par rapport à une situation point de vue différente de la situation d’énonciation. Ici, la situation point de vue est exprimée par « the debate » et la situation repère par le segment « in the days before (the debate) ». Une antériorité est construite permettant une mise en contexte intéressante pour la suite de l’article : estce que la polémique va être abordée ? Par qui ? etc. Il s’agit plus d’une antériorité logique (quelle incidence sur la situation point de vue, ie. Le débat) qu’une antériorité temporelle. Le preterit aurait été possible ici, comme c’est souvent le cas avec le pluperfect : In the days before the debate, Mr Obama appeared to have goaded… Cette fois, le repère temporel exprimé par le complément circonstanciel devient plus ponctuel, et la relation logique entre les deux situations (repère et point de vue) n’est pas évalué. On renvoie ainsi plus à une fait « historique » alors qu’avec HAVE-EN on envisage un paramètre qui a été pris en compte au moment du débat. …he did not know why Mr. McCain had not personally made an issue of Mr. Obama’s association with Mr. Ayers… Dans le deuxième segment à étudier, on a à nouveau une occurrence de pluperfect à l’actif, cette fois avec le verbe MAKE dans l’expression figée to make an issue of. Le groupe verbal souligné comprend en plus de la forme verbale en –ED et HAVE-EN, un adverbe de négation et un adverbe de manière en –LY. Le sujet est animé. Ce qu’il est important à noter c’est que le segment à étudier fait partie d’un énoncé de discours rapporté, introduit par : « he didn’t know why… ». On l’a rappelé pour le segment précédent, le pluperfect permet de construire une antérioté logique ou pertinente entre deux repères passés. Ici, la situation point de vue est clairement celle du discours originellement prononcé et un repère passé indéterminé. Autrement dit le past perfect se justifie par la reprise d’un propos passé qui serait : I don’t know why he didn’t make an issue of… Le preterit n’aurait pas été possible pour rapporter le même énoncé. En effet, he didn’t know why he didn’t make an issue pourrait correspondre au discours direct : I don’t know why he doesn’t do an issue of… On voit que les repères temporels sont alors différents. Si on fait un rapprochement entre les deux formes de plu-perfect à analyser, on voit que leur justification est bien différente puisque dans le deuxième cas seulement on est dans un contexte de discours direct, bloquant la possibilité de preterit, sauf à changer les références temporelles. “Your running mate said he palled around with terrorists.” Dans le troisième segment à étudier, on a un groupe verbal au preterit (-ed + forme simple), forme active, avec le verbe PALL AROUND. Le sujet est animé. ON remarque d’emblée que « palled around » est le groupe verbal d’un énoncé au discours rapporté, introduit par « your running mate said… ». Le preterit implique que l’occurrence de procès exprimée n’est pas considérée comme validée par rapport à la situation d’énonciation. Pourtant, intuititement, on sait qu’il es question d’une habitude, vérité générale le concernant. Comme nous sommes dans un contexte de discours rapporté, le preterit se justifie par la construction d’une situation de locution antérieure à la situation d’énonciation (c. he said…). La version non rapportée de ce segement serait : I say, he palls around… En anglais, quand on rapporte un propos exposant une vérité générale, on peut garder le présent simple : My mum used to say that washing one’s hand is a vital reflex. Cependant, dans le contexte donné à étudier, il s’agit d’une vérité générale polémique : il est normal, avec le preterit, de bien souligner qu’il s’agit d’une vérité posée antérieurement par quelqu’un d’autre. Si on avait eu « he had palled around », ce sont les références temporelles qui seraient modifiées (cf. I say, he palled around… ) Dans les deuxième et troisième segments, on a deux occurrences de discours rapporté. Le choix pour le preterit ou le past perfect a une incidence sur les références temporelles : autrement dit, on ne rapporte plus les mêmes propos. C’est la situation de locution rapportée, différente de la situation d’énonciation, qui sert d’origine dérivée. –ED est le marqueur de cette différenciation.