Philosophie : Dissertation

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Philosophie : Dissertation
Sujet : L’existence a-t-elle un sens ?
La question du sens de l’existence fait partie des trois questions fondamentales
de l’humanité : D’où venons-nous ? Qui sommes nous ? Où allons-nous ?
L’existence, à différencier de l’essence, et à opposer à la mort et au néant, est un sujet
sur lequel se penche la philosophie moderne. Peut-on considérer que l’existence a un
sens ? Dans l’affirmative, quel est ce sens ? Au contraire, peut-on imaginer que
l’existence serait dénuée de sens ? Qu’elle n’aurait ni direction, ni fin, si l’on envisage
l’ensemble des acceptions du mot « sens » ?
Pour s’interroger sur le sens de l’existence, les hommes ont dû prendre
conscience de leur propre existence. Ainsi l’existence est indissociable de la
conscience humaine. C’est parce que l’homme est conscient de sa propre personne, et
qu’il est capable de « se détacher » de lui-même pour se considérer qu’il peut entrevoir
le concept d’existence. Descartes inventa le fameux « cogito ergo sum », qui en latin
signifie, « je pense donc je suis ». Il utilisa le doute pour montrer la certitude de la
pensée. Si je doute c’est que je suis, car je dois exister pour douter. Le doute étant une
modalité de la pensée, si je doute alors je pense. Et grâce au principe du syllogisme, il
a pu affirmer la fameuse phrase : « je pense donc je suis ». Grâce à cette capacité de
pensée, l’homme prend conscience qu’il existe deux dualités évidentes : l’existence et
la mort, et l’existence et le néant. On ne peut concevoir l’existence que par ce que l’on
accepte le concept de néant, signifiant « ce qui n’existe pas ». L’existence peut donc
être définie comme suit : l’existence est ce qui n’appartient pas à la sphère du néant.
Cette faculté de conscience et de pensée qu’a l’homme lui a permis de
s’interroger sur l’existence et sur son sens.
Plusieurs philosophes au cours de l’Histoire se sont penchés sur le sens de
l’existence : ces personnes seront appelées philosophes de l’Existentialisme. Sartre est
l’un d’entre eux, sa théorie, appelée « Existentialisme athée de Sartre », tend à montrer
que l’homme est entièrement responsable de ses actes. Pour Sartre, l’homme survient
dans le monde et se définie ensuite, il n’y a pas de « constructeur » qui régit
l’ensemble de la nature d’en haut, selon lui, c’est l’homme seul qui peut décider du
sens à donner à son existence. Il dit dans l’Existentialisme est un humanisme :
« l’existence précède l’essence » car selon lui, contrairement à un objet de l’industrie
humaine d’abord conceptualisé par l’esprit avant de prendre forme, l’homme est un
être qui se rencontre, surgit dans le monde, et se définit après.
Sartre va plus loin dans sa théorie de l’Existentialisme en affirmant que l’angoisse est
un sentiment révélateur de la condition fondamentale de l’homme. Selon le
philosophe, chacun est seul face à lui-même pour décider du sens qu’il donnera à sa
vie, cette liberté qu’a l’homme est aussi une responsabilité qui l’effraie, et fait naître
en lui l’angoisse. L’existence est donc aussi le surgissement de l’homme dans le
monde, et a par conséquent une fin puisqu’elle est comme une toile blanche et vide sur
laquelle l’homme a la liberté de peindre ses choix, ses actes et ses jugements.
Malgré cela, l’existence soulève de nombreuses questions, et plusieurs facteurs
viennent contredire l’affirmation qui veut que l’existence ait un sens. La philosophie
moderne, qui propose plusieurs suggestions pour la question du sens de l’existence,
peut en venir à l’affirmation contraire, et soutenir que l’existence est dénuée de sens.
Sartre disait : « Je désire de tout mon être sentir que j’existe dans le regard d’un
autre ». Il met ici l’accent sur autrui à qui il accorde une importance fondamentale
dans l’existence humaine. En effet, le regard de l’autre peut nous faire exister autant
que disparaitre. Il y a des regards qui peuvent marquer pour toute une vie. Le regard de
l’autre a véritablement un pouvoir stupéfiant sur l’homme : ce n’est pas par sa chair ou
son âme qu’il existe, mais parce qu’un regard d’amour ou simplement
d’encouragement se pose sur lui. Inversement, un regard de haine peut le détruire plus
efficacement que n’importe qu’elle menace physique. L’essentiel de la vie n’a
pratiquement rien à voir avec la vie organique et tout à voir avec cette vie étrange à
laquelle tout homme a été introduit le jour où les yeux d’un autre ont commencé à
compter pour lui. Ainsi, cette importance accordée à autrui dans l’existence humaine
montre bien que l’existence à l’état pur ne possède aucun sens, puisqu’autrui a la
capacité de lui en donner un.
Non seulement l’existence dépend d’autrui, et donc n’a pas de définition préécrite, mais surtout elle n’est pas l’objet d’une définition. Elle est l’objet d’une
interrogation.
Etre ou ne pas être ? Qui sommes nous ? L’existence repose avant tout sur une
question, voire des questions. Shakespeare écrivait « To be or not to be ? That is the
question », traduit en français : « Être ou ne pas être ? Voilà la vraie question ».
L’existence considérée comme simple contingence, apporte la preuve de son non-sens.
Comment quelque chose qui peut arriver ou non, pourrait être défini, compris,
expliqué par la conscience humaine ? De plus l’existence n’est rien qu’une position. Je
suis. On pose cette affirmation comme admise, sans chercher de preuves ou
d’explications tangibles. L’existence ne se prouve pas, on dit qu’elle s’éprouve, à
travers l’expérience. L’existence est donc cette position qui entraine de nombreuses
interrogations, sur son sens, sur sa nécessité… N’étant qu’une simple contingence, on
ne peut considérer qu’elle ait un sens.
Plusieurs théories émanant parfois des mêmes philosophes, se contredisent
quant au sens et à la nécessité de l’existence. Si certains arguments soutiennent la
théorie de l’existence sensée et nécessaire, d’autres montrent logiquement le bien
fondé de l’affirmation : l’existence est dénuée de sens. Que conclure suite aux
arguments exposés ?
Ainsi l’existence humaine est associée à la conscience, faculté de l’homme à
pouvoir se séparer de son corps pour comprendre qu’il existe. Mais cet homme
conscient de lui-même est aussi celui qui ne comprend pas la nécessité de son
existence, qui ne sait pas pourquoi il se trouve sur ce monde, pourquoi, comme disait
Sartre, il surgit dans le monde. L’homme conscient qui « existe » est également celui
qui ne trouve pas de sens à son existence. La liberté que Sartre accorde à l’homme
conscient, de pouvoir faire ce qu’il souhaite de son existence, comme on peint un
tableau en choisissant chaque couleur, et chaque nuance, et aussi cet homme qui non
pas directement influencé par autrui, et tout de même modelé, et caresse l’envie d’être
« bien vu », de sentir son existence dans le regard de celui qui lui fait face. Si celui-ci
lui lance un regard de haine, c’est alors toute l’existence de l’homme conscient qui
bascule, montrant à quel point les fondements de celle-ci ne sont pas marqués, solides.
L’angoisse que Sartre affirme être la révélation de la condition fondamentale de
l’homme découle immédiatement du fait que l’expérience avant même de chercher un
sens, pose des questions, entraine des interrogations.
On ne peut donc considérer que l’existence ait un sens, ou alors celui-ci n’est
entrainé que par des facteurs extérieurs à elle-même. L’homme qui existe peut modeler
cette existence, celui qui lui fait face a lui aussi le pouvoir de donner un sens à
l’existence, mais l’existence en elle-même ne possède ni sens, ni nécessité.
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