90%A8特研究】萨特:欲望与解放(法文)

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%90%A8 特研究】萨特:欲望与解放(法文)
COORDONN? PAR
Renaud Barbaras
Sartre
Désir et liberté
Presses Universitaires de France
LISTE DES AUTEURS
RENAUD BARBARAS
Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
PHILIPPE CABESTAN
Classes préparatoires au lycée Lavoisier (Paris)
VINCENT DE COOREBYTER
Université libre de Bruxelles
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ALAIN FLA]OLIET
Classes préparatoires au lycée J.-B. Corot (paris)
DANIEL GIOVANNANGELI
Université de Liège
JEAN-MARc MOUILLIE
Université d'Angers
, Preoùère supérieure au lycée Henri IV HADI RIZK
ISBN 2 13 054335 9
Dép?t légal-1" édition: 2005, septembre
CO Presses Universitaires de France, 2005 6, avenue Reille, 75014 Paris
Sommaire
Renaud Barbaras, Introduction
Philippe Cabestan, Une liberté infinie?
Daniel Giovannangeli, Imaginaire, monde, liberté Alain Flajoliet, " Ipséité et
temporalihttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cté
Vincent de ?Coorebyter, Les paradoxes du désir dans L'tre et le Néant
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Renaud Barbaras, Désir et manque dans L'?tre et le Néant: le désir manqué
Hadi Rizk, L'action comme assomption de la contingence
Jean-Marc Mouillie, L'autodévoilement de la liberté
dans l'existence (Les horizons pratiques de
l'ontologie de 1943) 9 19 41 59 85 113 141 167
Introduction
RENAUD BARBARAS
Depuis une dizaine d'années, on assiste, en France et en Belgique en particulier,
à un profond regain d'intérêt pour l'?uvre philosophique de Sartre. Cela mérite
d'autant plus l'attention qu'il n'en va pas de même pour l' ?uvre romanesque et
thé?trale, qui sont devenues, depuis longtemps déjà, classiques, mais ne suscitent
pas le même engouement. Il y a d'abord à cela une raison extrinsèque mais puissante
il a fallu attendre que le sou?venir de l'homme et la figure du philosophe
enghttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cagé
s'effacent
un
peu pour que l'on puisse considérer sereine?ment l'?uvre pour elle-même. L'influence
de Sartre, qui représente sans aucun doute la dernière grande figure his?torique de
l'intellectuel en France, fut immense la période de latence devait donc être longue.
Mais il faut souligner que ce sont essentiellement les textes phénomé?nologiques,
c'est-à-dire la période qui va de la décou?verte de Husserl en 1934 jusqu'à L'Etre
et le Néant, qui font l'objet des recherches actuelles, riches et savantes. On assiste
donc à une sorte de remontée chronologique dans l'?uvre de Sartre. Pendant les années
qui ont pré?cédé et suivi sa mort, c'est plut?t le Sartre philosophe politique,
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penseur de l'action et de l'histoire, qui suscitait
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Renaud Barbaras
l'intêrêt, et ce d'autant plus qu'il mettait explicitement l'activité philosophique
au
service
de
cet
engagement.
La
Critique
de
la
raison
dialectique
appahttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95craissait.
alors
comme le texte de référence, en de?à duqud il n'était pas très inté?ressant de remonter.
Puis, la décennie qui suivit sa mort ?t marquée par la publication de nombreux textes
iné?dits extrêmement précieux les Carnets de la dr?le de guerre, éclairants quant
à la genèse de L'?tre et le Néant, et, surtout, les Cahiers pour une morale, ensemble
de textes très élaborés, rédigés en 1947-1948, où prend forme le projet, annoncé à
la fin de L'?tre et le Néant, de constitu?tion d'une morale. Selon un mouvement
légitime et compréhensible, la publication de ces textes a suscité un intérêt, qui
ne s'est pas éteint, pour cette morale que Sartre avait projetée sans pouvoir la
conduire à son terme, et qui engage la question difficile de la possibilité d'élaborer
une théorie du devoir-être sur la base d'une ontologie phénoménologique qui décrit
les structures de l'?tre. Cependant, ce sont plut?t les ?uvres de la pre?mière
périodehttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95c, où s'élabore
le noyau de la philosophie sartrienne et qui l'inscrivent dans le mouvement
phé?noménologique, qui sont au centre des recherches contempo.raines.
De ce retour au premier plan de la phénoménologie de Sartre on peut donner une autre
explication qui, si elle est externe, n'en est pas moins décisive. Jusqu'à la fin
des
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Introduction
?uvres relevant de la ? bouffonnerie ? (Sartre) ou de la (mauvaise) littérature
(Merleau-Ponty). Les choses ont bien changé. La transfonnation profonde du contexte
intellectuel et, en particulier le recul, ou en tout cas l'institutionnalisation de
l'influence heideggérienne ont ouvert un espace pour la reconnaissance de
l'importance et de l'originalité de la phénoménologie comme de la philosophie
fran?aises en général, ce qui met fin à une très longue période d'autodénigrement
philosophique.
C'est
incontestablement
Merleau-Ponty
qui,
le
premier,
a
de
ce
bénhttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95céficié
mouvement, ce qui, en un premier temps, à contribué à renforcer l'occultation de la
phéno?ménologie sartrienne, dans la mesure où Merleau-Ponty se construit en partie
contre elle. Mais cette distance prise vis-à-vis de Sartre, patente dans Le visible
et l'invisible, s'enracinait dans un dialogue profond et ininterrompu, et les
recherches récentes sur les manuscrits inédits montrent que Merleau-Ponty n'a jamais
cessé de tenter de se situer vis-à-vis de ce double adverse. Il était devenu nécessaire
que l'on mesur?t enfin l'importance de l'?uvre de Sartre au sein du mouvement
phénoménologique.
Sartre est lu désonnais comme un auteur philoso?phique classique, et il n'est donc
pas surprenant que l'on s'intéresse à la genèse de sa pensée, notamment à partir de
sa lecture de Husserl, à la conquête progressive de sa propre philosophie, à la place
qu'il
occupe
dans
le
mou?vement
phénoménologique
fran?ais
ainsi
qu'à
http://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cl'influence,
considérable, qu'il y exerce, notamment chez Merleau?Ponty et Levinas. On sait que,
sur le conseil de Raymond Aron, Sartre passe l'année académique 1933-1934 à l'Institut
fran?ais de Berlin pour y étudier la phénoméno?logie et y lire notamment les Idées
directrices pour une phé?noménologie de Husserl. Comme l'a montré Vincent de
Coorebyter dans son livre Sartre face à la phénoménologie,
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Renaud Barbaras
Sartre retrouve chez Husserl ses propres intuitions,' notanunent le souci de
concrétude, l'attachement, à la lieu de les réferer à une réalité autre qui les
fonderait en dernière analyse. C'est pourquoi la découverte de Husserl fut décisive,
et durablement. Avec Levinas, Sartre est le premier fran?ais à avoir pris la mesure
de
la
révolution
contribué
fortement
à
sa
diffusion
dans
un
contexte
fran?philosophique que représente la pensée de Husserl et il a ?ais qui en était très
éloigné. Trohttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cuvant dans
Husserl ce qu'il cherchait, il a su d'emblée évaluer et faire entendre la portée et
la fécondité du programme phénoménolo?gique. Ainsi, on ne saurait minimiser
l'importance du célèbre article de positivité des phénomènes dont il s'agit de fixer
le sens au Situations 1 intitulé ? Une idée fonda?
l'inten?mentale de la phénoménologie de Husserl
tionnalité?, dont la date de rédaction est aujourd'hui controversée!. Sartre y
explique la signification et la portée de la définition husserlienne de la conscience
par la notion d'intentionnalité. Elle signe la fin des philoso?jours assimiler à la
conscience, intérioriser. La conscience est éclatement vers le dehors, négation
active de l'intériorité, fuite hors de soi ? phies ? digestives? pour lesquelles
conna?tre c'est tou?Si, par impossible, vous entriez dans une conscience, vous seriez
saisi par un tour?billon et rejeté au-dehors, près de l'arbre, en pleine
http://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cpous?sière,
car
la
conscience n'a pas de dedans; elle n'est rien que le dehors d'elle-même et c'est cette
fuite absolue, ce refus d'être substance qui la constituent comme une conscience. ?2
Sartre reconna?t que ? la conscience et le 1. Voir Vincent de Coorebyter, Sartre face
à la phénoménologie, Bruxelles, Ousia, 2000, p. 27
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2. La transcendance de l'ego et autres textes phénoménologiques, textes intro?duits
et annotés par Vincent de Coorebyter, Paris, Vrin, 2003, p. 88.
12
Introduction
monde sont donnés d'un même coup extérieur à la verte, nourrie de la lecture des Idées
directrices, Sartre va tirer les conséquences dans le champ de la psychologie, dont
il faut souligner qu'elle fut l'un de ses premiers cen?tres d'intérêt. Dans
L'imagination, il montre, après avoir critiqué les théories classiques, la fécondité
de la méthode husserlienne. Les expériences de la psychologie n'ont aucune portée
http://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95ctant
qu'elles
n'interrogent pas l'essence de l'image, c'est-à-dire ne posent pas la question ?
Qu'est-ce qu'une image??. D'autre part, l'analyse intentionnelle permet d'en finir
avec l'idée selon laquelle une image serait un simple contenu psychique immanent.
Comme la perception, l'imagination est une certaine manière de se rapporter à l'objet
extérieur: \par
Cependant, si Sartre contribue, de manière particuliè?rement brillante, à la
diffusion des thèmes majeurs de la phénoménologie en France, il ne lit pas Husserl
en histo?rien de la philosophie mais bien en philosophe. En
1. Ibid., p. 88.
2. L'imagination, Paris, Félix Alean, 1936, p. 148.
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Renaud Barbaras
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témoigne par excellence La transcendance de l'Ego, texte qui fut con?u dura:nt le
séjour i Berlin et est la première ?uvre publiée de Sartre. Ce court ouvrage force
l'admiration
car
on
y
voit
l'intuition
fondamentale
d'unhttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95ce
philosophie,
celle qui se déploiera dans L'?tre et le Néant, prendre forme au sein d'une
confrontation avec le texte husserlien. Ce n'est donc pas sans raison si ce livre
cons?titue l'un ?les foyers de la recherche actuelle sur Sartre. Il vise à établir
que la conscience peut se passer de la pré?sence du je, qui, loin d'être constitutif
de la conscience, est déjà une réalité transcendante apparaissant en son sein à la
faveur d'un acte de réflexion. Le je est en effet super?flu et nuisible. Superflu
car il n'est pas requis par l'unification du flux de conscience (qui est réalisée
par l'objet), nuisible car, aussi formel soit-il, il constitue un centre d'opacité
au sein de la conscience qui aurait pour transparence qui la caractérise comme
conscience. Dès La effet de la séparer d'elle-même et de lui faire perdre la
transcendance de l'Ego prend donc forme l'idée d'une cons?cience impersonnelle qui
est
un
absolu
non
ethttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95c
substantiel
qui
est
pure
translucidité la conscience ne peut se por?ter vers le monde, c'est-à-dire être
conscience de quel?que chose, qu'à la condition que rien ne la sépare d'elle-même.
Si, bien entendu, d'autres lectures, notamment celle de Heidegger, viennent nourrir
la méditation sartrienne, L'?tre et le Néant peut être compris comme un vaste
développement de cette intuition initiale. ? Toute cons?cience est conscience de
quelque chose? la conscience na?t portée sur un être qui n'est pas elle, elle n'est
pas constituante mais révélante et il s'agit pour Sartre de déli?vrer le sens de la
conscience et de l'?tre de telle sorte que husserlienne, il refuse de caractériser
l'objet comme p?le leur relation soit pensable. S'opposant à l'Abschattungslehre
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Introduction
d'un cours infini d'esquisses et sa transcendance comme l'envers de son absence. Il
y
a
un
être
transphénoménal
des
phénomènes,
un
être
dehttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95c ce qui appara?t, qui
n'existe pas seulement en tant qu'il appara?t et qu'il nomme ? en-soi ?. C'est à cette
seule condition que, selon Sartre, la phénoménologie échappe au phénoménisme. Or la
conscience ne peut être position de cet être transcendant qu'à la stricte condition
que rien ne la sépare de son mouvement positionnel, qu'elle ne comporte aucun contenu
la retenant en elle-même, bref que la conscience de soi qu'elle est nécessairement
ne soit en aucun cas une connaissance de soi. La conscience est rapport immédiat et
non cogitif à soi; son mode d'existence est celui de la pure spontanéité et de la
pure transparence. C'est cette exigence fondamentale qu'exprime la caractérisation
de la conscience comme néant. Le pour-soi, comme préseio,e à soi, n'est lui-même que
sur le mode de' la négation, rte se rejoint qu'en différant de soi, n'est ce qu'il
est qu'en ne l'étant pas. En un sens, tout L'?tre et le Néant consiste à
déployhttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cer
la
signification de cette intuition fondamentale. Elle permet en tout cas de rendre
compte du rapport de la conscience à l'?tre. En effet, le propre du néant est qu'il
ne peut subsister comme Iiéant qu'à la condition de ne pas se distinguer de ce qu'il
n'est J?as il ne demeure lui-même qu'en se confondant avec l'Etre car il ne pour?rait
s'en séparer qu'en étant, même minimalement, quelque chose, ce qui le détruirait comme
néant. Le néant n'est rien d'autre que l'?tre. En d'autres termes, le pour soi n'est
pour-soi qu'en se niant lui-même et en s'effa?ant au profit de l'en-soi qu'il fait
ainsi para?tre mouvement paradoxal d'une conscience qui ne rejoint le monde que pour
s'en séparer, qui ne se nie au profit de la réalité que pour retomber sur son propre
néant. Cette dialectique, dont le provenance est plus platonicienne que hégé-
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Renaud Barbaras
lienne,
cuhnine
dans
la
théorie
d'une
liberté
qui
ehttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cst à la fois absolue et
inconditionnée, dans la mesure où elle est par essence étrangère à l'?tre, et
cependant l'envers de la facticité et de la contingence du pour-soi, en tant que
celui-ci advient à l'en-soi et est donc situé en lui.
si le monde, l'homme et l'homme-dans-le-monde, conscience de soi et que fondement
nécessaire de 1. L'?tre et le Néant, p. 133.
2. Ibid., p. 717.
16
Introduction
Toutes les contributions réunies ici visent à faire le point sur cette philosophie
de
la
conscience
originale,
adossée
à
une
ontologie
du
manque.
Ainsi,
l'identi?fication de la conscience à la liberté est examinée pour elle-même mais
également du point de vue de ses consé?quences pour une théorie de l'imaginaire, et
de la philo?sophie de la temporalité qu'elle suppose et commande à la fois. La théorie
centrale du désir comme manque du soi en tant qu'en-soi-pour-soi, sous-jacente au
dyna?misme
dhttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95ce
la
conscience, est abordée sous l'angle de ses fondements ontologiques et questionnée
quant à sa portée véritable pour une théorie du désir. Enfin, la phi?losophie
sartrienne de la liberté, en tant qu'elle comporte une dimension de contingence, est
ressaisie du point de vue de ses prolongements dans le cadre d'une théorie de l'action
et, par là même, interrogée quant à sa significa?tion éthique.
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Une liberté infinie ?
PHILIPPE CABESTAN
Qu'est-ce qu'un l?che? Comme on le sait, la l?cheté possède pour Sartre une
signification existentielle et, en dépit de leur commune mauvaise foi, il ne but pas
confondre le l?che et le salaud. Ce dernier se dissimule la contingence de son
existence; il a tous les droits à com?mencer par celui d'exister et, à l'occasion,
d'humilier, d'exploiter, de tuer De son c?té, le l?che méconna?t éga?lement son être,
mais
c'est
alors
sa
propre
liberté
qu'il
refuse.
Aussi,
heureux
ohttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cu malheureux, ma?tre
ou esclave, n'est-ce jamais de sa fautel Or, comment le l?che peut-il ignorer sa
responsabilité et la liberté qui la fonde? Un tel fàrdeau -la liberté -ne noUs est-il
pas donné dans une évidence irrémédiable? Du reste, quand bien même il en dénoncerait
le caractère illusoire, Spinoza lui-même reconna?t à sa manière une telle intuition
-qui consiste ? en cela seul-que les hommes sont conscients de leurs désirs et
ignorants des causes qui les déterminent ?2. 1. J.-P. Sartre, L'existentialisme est
un humanisme, Paris, Nagel, 1970, p.84
2. B. Spinoza, Lettre au très savant G. H. Schuller, p. 1252, ?uvres complètes, Paris,
Gallimard, 1954 ; J.-P. Sartre, L't.tre et le Néant, Paris, Gal?limard, coll. ?Tel.,
1987, p. 76. En abrégé: EN. .
19
Philippe Cabestan
Sartre ne se contente pas d'affirmer l'irrécusable liberté de l'honune. L'auteur de
L'?tre
et
le
Néant
s'oppose
non
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seulemehttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cnt
conceptions
déterministes
de
l'existence
mais
également
aux
aux
descriptions
traditionnelles du libre arbitre qui, en un sens, partagent la mauvaise foi des l?ches
les uns conune les autres se masquent la puissance de bouleversement de la liberté
et l'angoisse qui l'ac?compagne. En effet, la véritable donnée intuitive de notre
liberté est pour Sartre celle d'un ? pouvoir cataclys?mique ?. C'est pourquoi L'?tre
et le Néant dénonce chez Bergson cette conception rassurante d'une liberté qui
engendre ses actes conune un père ses enfants et qui manque alors la véritable ? donnée
inunédiate ? de notre liberté!
Ainsi, deux traits distinguent, nous semble-t-il, la liberté sartrienne dans
l'histoire de la philosophie. D'une part, cette liberté présente une ampleur
proprement inou?e, dont les contemporains conune M. Merleau?Ponty, G. Marcel, E.
Mounier, P Ric?ur et, tout récenunent encore, Cl. Romano ont dénoncé la déme?suré.
http://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cReconnaissons en effet,
quitte à forcer le trait, qu'on en viendrait presque à croire le sujet sartrien capable
de choisir aussi bien le jour de sa naissance que celui de sa mort, son sexe, sa laideur
ou sa beauté, voire son époque et les crises qui la secouent. N'est-ce pas Sartre
qui écrit, en invoquant J. Romain, qu'à la guerre, il n'y a pas de victimes innocentes3?
D'autre part, cette liberté n'est pas une propriété contingente de l'existence, un
simple accident. Elle est ontologiquement inscrite au 1. EN, p. 78.
2. C. Romano, n y a, ?La liberté sartrienne, ou le rêve d'Adam ?, Paris, PUF, 2003.
p. 172.
3. EN, p. 613.
20
Une liberté infinie ?
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c?ur de la' réa1ité?humaine, et trouve son fondement dans le mode d'être non
substantiel du pour-soi. Ainsi la d'autres termes, parce qu'il n'est ni une mousse,
une pourriture ou un chou-fleur, être signifie pour l'homme exister, et cette
exihttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cstence
est
nécessairement libre.
Ainsi nous voudrions, dans un premier temps, interro?ger le phénomène originaire de
la liberté, et préciser notamment la notion clef de recul néantisant. Puis, dans un
deuxième temps, nous nous efforcerons de ressaisir la nature du choix originaire afin,
dans un troisième temps, d'en dégager le cas échéant les limites. liberté serait ?
très exactement l'étoffe de mon être )1. En
N?ANTISATION ET RECUL N?ANTISANT Il nous faut comprendre en quel sens la libert¨¦ est l'¨¦toffe de
notre ¨ºtre et, dans cette perspective, nous ¨¦le?ver ¨¤ l'intuition du recul n¨¦antisant qui le constitue. Soit, montre
Sartre dans L'imaginaire et comme nous allons le voir, cette conscience est n¨¦cessairement libre2.
Remarqu'Ons tout d'abord qu'imaginer par exemple un centaure est l'acte d'une conscience qui pose ce qu'elle
imagine
comme
irr¨¦el
(Imaginaire)
et,
par
cons¨¦quent,
comme
un
n¨¦ant
ou
non ¨ºhttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95ctre. Le centaure n'existe pas. En ce sens,
toute conscience imageante est n¨¦antisante par exemple, une conscience imageante. Comme le elle d¨¦voile un
n¨¦ant au sein de l'¨ºtre puisque ce qu'elle
1. EN, p. 495.
2. ?C'est parce qu'il est transcendantalement libre que l'homme ima?gine ? (L'imaginaire, p. 358).
21
Philippe Cabestan
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imagine n'est pas et se trouve affect¨¦ d'un caract¨¨re de n¨¦ant par rapport ¨¤ la totalit¨¦ du r¨¦el. Cette premi¨¨re
remarque peut surprendre un lecteur habitu¨¦ par une mauvaise psychologie ¨¤ tenir l'image pour une chose et, du
m¨ºme coup, pour un plein d'¨ºtre qui subsiste dans la t¨ºte de celui qui imagine. Elle n'en est pas moins
ph¨¦no?m¨¦nologiquement justifi¨¦e, s'il est vrai que toute cons?cience imageante est une conscience intentionnelle
qui enveloppe une n¨¦gation du monde r¨¦el, et que la n¨¦ga?tion doit ¨ºtre comprise d'un point de vue
ontologique.-Il nous faut ¨¤ phttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cr¨¦sent interroger
avec Sartre l'¨ºtre de la n¨¦gation et comprendre de quelle mani¨¨re le jugement de n¨¦gation se rapporte en
l'occurrence au non-¨ºtre ou n¨¦ant.
L'acte imageant pr¨¦sente alors deux aspects. Tout d'abord, comme nous venons de le voir, la conscience imageante
pose le monde comme une totalit¨¦ synth¨¦?tique r¨¦elle et pose l'objet imagin¨¦ comme un n¨¦ant par rapport au
monde imaginer un centaure, c'est ¨¤ la fois et d'un seul et m¨ºme mouvement saisir le monde dans sa totalit¨¦ et le
saisir comme monde-o¨´-le-centaure...,n'est?pas. En outre, et nous abordons ici le nerf de l'argument,
embour?imaginer suppose que la conscience ne soit pas ?
?prise dans le monde ?, c'est-¨¤-dire qu'elle ne soit pas un simple ¨¦tant intra-mondain, mais qu'elle ¨¦chappe au
monde. Comprenons bien la significa?tion ontologique de ces differentes m¨¦taphores qui reprennent la distinction
heideggerienne
entre
l'¨ºtre-au?monde
http://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cl'¨ºtre-au-milieu-du-monde
et
pour
un
¨¦tant
sub?sistant (vorhandenJ1 Si la conscience ¨¦tait une chose, un ¨ºtre au-milieu-du-monde, comme veut le croire la
psy-1. L'imaginaire, p. 353 ; M. Heidegger, ?tre et Temps, tr. Ir. Fr. Vezin, Paris. Gallimard. 1986. p. 87
22
Une libert¨¦ infinie ?
chologie d¨¦tenniniste, elle ne saurait prendre cette posi?tion de
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l'eau est dans le verre ou le v¨ºtement dans l'annoire. Notons toutefois que, par ces remarques, on n'a pas encore
positivement ¨¦tabli la libert¨¦ de la conscience. chose d'irr¨¦el; elle ne pourrait imaginer quoi que ce soit. Ainsi,
parce qu'elle imagine, la conscience ne peut ¨ºtre un ¨¦tant intra-mondain, qui serait dans le monde comme totalit¨¦
synth¨¦tique et de le d¨¦passer en visant quelque recul qui lui pennet de saisir le monde comme conscience n'est pas
une chose, un simple objet ¨¤ l'encha?nement d¨¦tenniniste de celui-ci puisqu'elle est en mesure
dehttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95c poser un au-del¨¤ irr¨¦el du monde, de le
n¨¦anti?l'int¨¦rieur du monde r¨¦el, elle n'est pas soumise ¨¤ Sartre nous donne dans L'imaginaire ce qu'on peut
appeler, en r¨¦ference ¨¤ Kant!, un concept n¨¦gatif de la libert¨¦ la ser. Sartre approfondit alors cette premi¨¨re
approche de la
A cet ¨¦gard, les Carnets de la dr?le de guerre accomplissent un pas d¨¦cisif en pla?ant la n¨¦antisation au principe
m¨ºme de la conscien¨¨e2. D¨¨s lors surgit la notion de ? rupture n¨¦antisante!) ou encore, comme dans L'?tre et le
N¨¦ant ¨¤ propos de l'interrogation, de ? recul n¨¦antisant?. libert¨¦ en d¨¦veloppant sa conception de l'acte
n¨¦antisant 9ui, dans L'imaginaire, ne concerne encore que le monde. 1. Kant, Fondements de la m¨¦taphysique des
m?urs, tr. fr. V. Delbos, Paris, Delagrave, 1975, p. 179 ; M. Heidegger, De l'essence de la libert¨¦ humaine, tr. fr. E.
Martineau, Paris, Gallimard, 1982, p. 15.
2. Sartre y ¨¦crit que .la libert¨¦ c'est lhttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95c'apparition
du N¨¦ant dans le monde >, et, ce, non seulement parce que la libert¨¦ imagine mais avant tout parce que la libert¨¦
est ? tout enti¨¨re transie par le N¨¦ant >, in Carnets de la dr?le de guerre, Paris, Gallimard, p. 166. Notons
toutefois qu'avec l'id¨¦e de recul n¨¦antisant s'introduit une conception dif?erente de la n¨¦antisation. Celle-ci ne
d¨¦signe plus, comme lorsque l'acte n¨¦antisant s'applique au monde, le d¨¦voilement d'un n¨¦ant transph¨¦nom¨¦nal,
mais elle correspond ¨¤ une v¨¦ritable production par l'¨ºtre d'un n¨¦ant au sein de l'¨ºtre. Cf. EN, p.117.
23
Philippe Cabestan
Ce principe signifie que le n¨¦ant ne peut trouver son origine dans un ¨ºtre qui est ce qu'il est. Comment, en effet,
un ¨ºtre qui est ce qu'il est pourrait-il faire appara?tre ? ces petits lacs de non-¨ºtre? que la conscience rencontre ¨¤
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chaque instant ¨¤ la surface de l'¨ºtre? Le n¨¦ant suppose donc l'existence d'un ¨ºtre qui n'est
phttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cas un ¨ºtre en soi et qui est son propre n¨¦ant la
conscience. De ce point de vue, Sartre d¨¦nonce l'insuffisance des conceptions tant hegelienne que heideggerienne
du n¨¦ant, qui ne se sou?cient ni l'une ni l'autre de fonder la n¨¦gation dans la structure de l'¨ºtre de l'Esprit ou du
Dasein2? ? l'oppos¨¦, Sartre d¨¦couvre un ¨ºtre qui ¨¦chappe ¨¤ l'¨ºtre, un ¨ºtre qui L'interrogation comprend donc
bien un double mou?vement de n¨¦antisation, et le recul est alors dit n¨¦anti?sant en un double sens. D'une part,
l'¨ºtre qui interroge n¨¦antise le donn¨¦ en posant la possibilit¨¦ d'un non-¨ºtre est son propre n¨¦ant dans la mesure
o¨´ il se n¨¦antise.
1. EN, p. 42.
2. EN, p. 54-55.
24
Une libert¨¦ infinie ?
ou n¨¦ant, d'autre part, il se n¨¦antise lui-m¨ºme dans la mesure o¨´ il lui faut ¨¦chapper ¨¤ l'¨ºtre, se d¨¦sengluer de
l'¨ºtre pour pouvoir poser une question. Il en va de m¨ºme dans le doute m¨¦thodique de
Descartehttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cs ou l'¨¦poch¨¨ ph¨¦nom¨¦nologique la
suspension du jugement ou la mise entre parenth¨¨ses du monde suppose ce m¨ºme recul n¨¦antisant qui permet ¨¤
la conscience de se mettre hors circuit par rapport au monde. Notons cependant que si le doute cart¨¦sien ou
une valeur exemplaire, toute conduite humaine enve?loppe, selon Sartre, ce double mouvement de n¨¦an?tisation.
Ainsi, imaginer, interroger, douter, d¨¦sirer, percevoir, etc., sont des actes ou conduites intentionnel?les qui
supposent un ¨ºtre qui, dans son ¨ºtre, ¨¦chappe ¨¤ l'¨ºtre.
Nous retrouvons la conclusion de l'¨¦poch¨¨ husserlienne ont
conscience ne saurait ¨ºtre une chose telle qu'un ensemble L'imaginaire: la de processus psychiques soumis au
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d¨¦terminisme de la nature, pas plus qu'une pierre ou une machine, au m¨ºme titre que n'importe quelle autre chose
en soi, faute de pouvoir se n¨¦antiser et ¨¦chapper ¨¤ l'¨ºtre, ne saurait imagi?ner, d¨¦sirer ou interroger.
Aihttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cnsi,
la
description
sartrienne
de
l'interrogation nous conduit ¨¤ saisir la conscience comme un ¨ºtre qui ¨¤ la fois n¨¦antise le monde et se n¨¦an?tise,
comm? un ¨ºtre qui n'est pas un pur ¨ºtre en soi et qui en tant qu¨¦ tel ¨¦chappe ¨¤ l'ordre causal du monde, bref
comme un ¨ºtre libre. Mais, comme le reconna?t Sartre, la libert¨¦ n'est encore ici qu'un mot, et il nous faut tenter
de pr¨¦ciser la signification de ce recul en tant qu'arra?chement ¨¤ soi et ¨¤ l'¨ºtre, et comprendre en quel sens il est
dit n¨¦antisant.
On peut alors ¨¦clairer la mani¨¨re dont la conscience ¨¦chappe ¨¤ l'¨ºtre ¨¤ partir de la description du mouvement
par lequel la conscience se temporalise. En effet, ce qui
25
Philippe Cabestan
dans le flux temporel de la conscience s¨¦pare l'ant¨¦rieur du post¨¦rieur, le pass¨¦ de la conscience de son pr¨¦sent,
c'est ¨¤ proprement parler ? rien ?, et le rien poss¨¨de ici ¨¤ nouveau le sens d'une n¨¦gation
qhttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cui trouve son fonde?ment ontologique dans le
n¨¦ant. En d'autres termes, la conscience se temporalise en mettant son pass¨¦ hors-jeu ou hors circuit, en se
constituant par rapport ¨¤ ce pass¨¦ comme s¨¦par¨¦e de ce pass¨¦ par un n¨¦ant, en n¨¦antisant son ¨ºtre pass¨¦!. Or,
une telle n¨¦antisation fonde la libert¨¦ de la conscience en lui assurant son autonomie par rapport ¨¤ son ¨ºtre pass¨¦
la conscience pr¨¦sente ne saurait ¨ºtre d¨¦tennin¨¦e par la conscience pass¨¦e dont elle ne cesse de se d¨¦crocher par
ce mouvement de n¨¦an?tisation qui permet ¨¤ la conscience de ne pas ¨ºtre son pass¨¦.
Nous voyons donc de quelle mani¨¨re la libert¨¦ de la conscience se confond avec son existence. La conscience est,
de fait, n¨¦cessairement libre. Du reste, le ph¨¦nom¨¦?nologue dispose avec l'angoisse d'une attestation privi?l¨¦gi¨¦e
de ce perp¨¦tuel mouvement de n¨¦antisation qui fonde la libert¨¦ de la conscience. Car, ¨¤ la diff¨¦rence de la peur
que provoque unhttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95c animal ou un danger
quelconque, c'est-¨¤-dire un objet intramondain, l'angoisse d¨¦voile pour Sartre le recul n¨¦antisant par lequel la
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conscience ¨¦chappe ¨¤ son pass¨¦ comme ¨¤ son avenir et, plus g¨¦n¨¦ra?lement, ¨¤ toute forme de d¨¦tenninisme2?
De fait, rien, aucune d¨¦cision pr¨¦sente ne peut m'assurer que, tandis signification particuli¨¨re de r¨¦v¨¦ler ¨¤ la
conscience sa propre libert¨¦ alors que pour Heidegger le devant-quoi (das Wovor) de l'angoisse (Angst) est
l'¨ºtre-au-monde en tant que tel. 1. EN, p. 64. 2. Cette description de l'angoisse s'inspire naturellement de ?tre et
Temps, ¡ì 40, et de Qu'est-ce que la m¨¦taphysique ? Mais Sartre lui conf¨¨re la
26
Une libert¨¦ infinie ?
que je longe un pr¨¦cipice, je ne choisirai pas de m'y jeter. L'angoisse devant l'avenir me r¨¦v¨¨le ainsi que je ne suis
pas celui que je serai et, plus exactement, que je suis celui que je serai sur le mode de ne l'¨ºtre pas. De mani¨¨re
http://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95csym¨¦trique,
rien,
aucun
motif,
aucune
r¨¦solution pass¨¦e ne peut m'emp¨ºcher de c¨¦der aujourd'hui ¨¤ la tentation du jeu. L'angoisse devant le pass¨¦ me
d¨¦voile que je ne suis plus celui que j'ai ¨¦t¨¦, que je suis celui que j'ai ¨¦t¨¦ sur le mode de ne l'¨ºtre pas. L'angoisse
est angoisse de la libert¨¦.
Notre appr¨¦hension de la libert¨¦ est ici purement empirique!. Si c'est dans l'angoisse que l'homme prend
conscience du n¨¦ant qui s¨¦pare la conscience de son ave?nir comme de son pass¨¦.
donn¨¦ le fait de notre libert¨¦. Resterait ¨¤ d¨¦gager la struc?ture ontologique qui la fonde, afin de comprendre
conscience de sa libert¨¦, l'angoisse n'est jamais que la ? travers l'angoisse nous est dans toute son ampleur la
notion de recul n¨¦antisant. Dans cette perspective, il nous faudrait nous ¨¦lever ¨¤ la source premi¨¨re de la libert¨¦
et examiner l'acte ontologique en vertu duquel l'en-soi se d¨¦grade en pr¨¦sence ¨¤ soi ou pour-soF.
C'eshttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95ct en effet dans le prolongement de cette
n¨¦antisation pr¨¦rni¨¨re que nous devons comprendre l'autotemporalisation du sujet. Con?entons-nous ici, afin de
pr¨¦venir tOJ.lt malentendu, de souligner que ce mou?vement ou recul n¨¦antisant ne saurait en aucune
mani¨¨re ¨ºtre l'?uvre de 1;1 conscience. Tout au contraire, la cons?cience r¨¦sulte de ce recul qui fonde
ontologiquement sa libert¨¦3
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1. EN, p. 80.
2. EN, p. 117.
3. Quand bien m¨ºme Sartre ¨¦crirait-il que le pour-soi est fondement de son propre n¨¦ant (EN, p. 212).
27
Philippe Cabestan
LE CHOIX ORIGINAIRE
C'est avec la notion de choix que la libert¨¦ entre v¨¦ri?tablement en sc¨¨ne. En effet, qu'est-ce que la libert¨¦ sinon
la libert¨¦ d'un choix? La libert¨¦ sartrienne, parce qu'elle n'est pas un pouvoir ind¨¦termin¨¦ qui pr¨¦existerait ¨¤ son
actualisation,
se
confond
avec
le
choix
sans
lequel
elle
demeure
une
abstraction
elle
ne
http://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cpeut ¨ºtre qu'en choisissantl Et nous avons vu,
notamment ¨¤ travers l'¨¦preuve de l'angoisse, que ce choix s'accomplit de mani¨¨re rigoureusement
inconditionn¨¦e ¨¦chappant per?p¨¦tuellement ¨¤ lui-m¨ºme et au monde, le pour-soi choi?sit n¨¦cessairement sans
que rien ne puisse d¨¦terminer son choix.
Si le choix originaire est bien inconditionn¨¦, il ne s'op¨¨re pas pour autant une fois pour toutes ¨¤ la mani¨¨re
dont, ¨¤ la fin de LA R¨¦publique, les ?mes choisissent leur d¨¦mon2? Comme le souligne Sartre, en rappelant
l'instant o¨´ Raskolnikov d¨¦cide de se d¨¦noncer, une conversion est toujours possible3 Autrement, nous
retomberions dans le sch¨¦ma d'une existence pr¨¦d¨¦termin¨¦e par son essence, qui ne pourrait ¨ºtre que ce qu'elle
est. La libert¨¦ est donc condamn¨¦e ¨¤ se choisir perp¨¦tuellement. Sartre rejette par cons¨¦quent la conception
kantienne du caract¨¨re intelligible dont le choix s'op¨¨re en dehors 1. EN, p. 535. Erreur funeste
selonhttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95c G. Marcel, in L'existence et la libert¨¦
humaine chez Jean-Paul Sartre, p. 77.
2. Platon, ?uvres compl¨¨tes, LA R¨¦publique, ?Ce n'est pas un d¨¦mon qui vous tirera au sort, mais c'est vous qui
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choisirez un d¨¦mon ", livre X, 617 e. 3. EN, p. 532.
28
Une libert¨¦ infinie ?
du monde. Faisant implicitement sienne la cntlque de L. Brunschvicg, Sartre reproche ¨¤ Kant le caract¨¨re
intemporel du choix du caract¨¨re intelligible, et soutient prement parler, le choix originel ne s'accomplit pas dans
le temps puisqu'il ne fait qu'un avec le choix de la mani¨¨re dont la conscience se fuit en se temporalisant. qu'il n'y
a de choix que ph¨¦nom¨¦naP. Toutefois, ¨¤ pro?Ainsi le choix d'une quelconque conduite, parce qu'elle vise ce qui
n'est pas encore, d¨¦cide du futur qui constitue le pr¨¦sent comme tel, et conf¨¨re au donn¨¦ la signification du pass¨¦.
En
outre,
le
choix
ne
concerne
pas
seulement
un
objet
parthttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95ciculier du monde ou une situation donn¨¦e.
Pour Sartre, le choix est ¨¤ chaque fois total, il concerne la tota?lit¨¦ de l'¨ºtre, et renvoie ¨¤ un projet fondamental
que sp¨¦?cifient les innombrables choix empiriques. De ce point de vue, comme le montre la psychanalyse
existentielle, le sujet n'est pas une pure collection de d¨¦sirs sans v¨¦ritable unit¨¦, mais ceux-ci r¨¦pondent ¨¤ un
libre choix originel qui signe une personnalit¨¦ et qui pr¨¦side aux mille d¨¦ci?sions concr¨¨tes de son existence.
C'est pourquoi les go?ts culinaires de l'auteur des Fleurs du mal peuvent ¨ºtre com?pris -voire devin¨¦s2 -¨¤ partir
du r¨ºve d'une antinature
qui, ¨¤ son tour, s'interpr¨¨te ¨¤ partir du rapport que Bau?delaire, dans so? d¨¦sir d'¨ºtre, entretient avec l'¨ºtre.
Ainsi, 1. EN, p. 536; E.'Kant, Critique de la raison pure, te. fr. A. Tremsaygues et B. Pacaud, Paris, PUF, 1980, p.
398-399.
A.
Philonenko
rappelle
la
cri?tique
de
Brunschvicg
¨¤
laquelle
il
http://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95coppose l'id¨¦e d'une temporalit¨¦ pratique, d'une
duratio noumenon, qu'envisage Kant tout au d¨¦but de son opuscule sur LAfin de toutes les choses (A. Philonenko,
L'?uvre de Kant, Paris, Vrin, 1981, t. Il, p. 154).
2. Ainsi, ¨¤ propos de Bauddaire, Sartre n'h¨¦site pas ¨¤ d¨¦clarer: ? Je parierais qu'il pr¨¦?erait les viandes en sauce
aux grillades et les conserves aux l¨¦gumes frais? (Baudelaire, Paris, Gallimard, 1975, p. 105).
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29
Philippe Cabestan
;loin dappartenir ¨¤ une sorte de constitution passive march¨¦ de tout ce qui rel¨¨ve, aux yeux de la tradition, des
passions de l'?me, et qui ne d¨¦pend vraisemblable?ment pas de la libre volont¨¦ du sujetl. Cependant, comme nous
allons le voir ¨¤ pr¨¦sent, de telles objections manquent pr¨¦cis¨¦ment l'originalit¨¦ de la conception sar?s'il
r¨¦pond ¨¤ une motivation involontaire? Peut-on sou?tenir qu'on choisit de ha?r, de tomber amoureux, d'avoir peur
ou d'¨ºtre homohttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95csexueP ? Sartre semble faire
bon r¨ºves, etc. ressortissent imm¨¦diatement ¨¤ la libert¨¦ du sujet. Mais le choix peut-il ¨ºtre v¨¦ritablement
inconditionn¨¦ involontaire, d¨¦sirs, pr¨¦f¨¦rences, aversions, fantasmes, trienne de la libert¨¦ qui entend red¨¦finir
celle-ci ind¨¦pendamment de l'opposition du volontaire et de l'involontaire, et qui tient m¨ºme l'acte volontaire
pour Examinons tout d'abord le cas de la motivation. Tradi?une manifestation d¨¦riv¨¦e, voire d¨¦grad¨¦e de la
libert¨¦. tionnellement, les motifs d¨¦signent les raisons d'un acte, l'ensemble des consid¨¦rations rationnelles qui le
justifie. En 496, par exemple, Clovis embrasse la foi chr¨¦tienne afin d'obtenir l'appui de l'¨¦piscopat et d'assurer
ainsi sa conqu¨ºte de la Gaule. Si nous analysons l'acte de Clovis, le motif de la conversion r¨¦side dans la
puissance de l'?glise catholique et pr¨¦sente un caract¨¨re objectif li¨¦ ¨¤ toutefois pas se laisser tromper par le
caract¨¨re objectihttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cf du motif car, comme l'¨¦crit
Sartre ?Cette appr¨¦ciation l'¨¦tat politique et religieux de la Gaule d'alors. Il ne faut 1. Concernant l'homosexualit¨¦
dans son rapport ¨¤ la libert¨¦, nous nous permettons de renvoyer le lecteur ¨¤ notre ouvrage L'2tre et la conscience,
recherches sur la psychologie et l'ontoph¨¦nom¨¦nologie sartriennes, Bruxelles, Ousia, 2004, chap. IV
2. C. Talon-Hugon, Les passions, Paris, Annand Colin, 2004.
30
Une libert¨¦ infinie ?
objectifs, il n'y a cependant de motifs qu'¨¤ partir du pro?qui incline sans n¨¦cessiter ?2, et qu'en lui-m¨ºme il est
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d¨¦pourvu de toute force puisqu'il est d¨¦pourvu d'existence.
Le caract¨¨re involontaire de ce qu'on d¨¦nomme les passions de l'?me peut ¨ºtre de m¨ºme ais¨¦ment dissip¨¦.
montre Sartre dans son Esquisse d'une th¨¦orie des ¨¦motions, la conduite librement choisie d'un sujef ? En
opposition
Qu'est-ce
en
effet
que
l'¨¦motion
sinon,
comme
le
rhttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cadicale ¨¤ l'id¨¦e m¨ºme de passion, Sartre ¨¦crit
dans L'?tre et le N¨¦ant: ? Ma peur est libre et mariifeste ma libert¨¦, j'ai mis toute ma libert¨¦ dans ma peur et je me
suis choisi peureux en telle' ou telle circonstance; en telle autre j'existerai comme volontaire et courageux et j'aurai
mis toute ma libert¨¦ dans mon courage. ?4 Pour comprendre de telles affinnations, il suffit d'admettre que
l'¨¦rhotic)n poss¨¨de un but, une finalit¨¦, et que ? dans l'¨¦motion, c'est le corps qui, dirig¨¦ par la conscience,
change ses rapports 1. EN, p. 501. 2. On retrouve cette conception de la motivation dans l'ouvrage de Paul Ric?ur,
lA philosophie de la volont¨¦, t. 1 Le volontaire et l'involontaire. 3. Esquisse d'une th¨¦orie des ¨¦motions, Paris,
Hennann, 1965. 4. EN, p. 500.
31
Philippe Cabestan
au monde pour que le monde change ses qualit¨¦s ?. Con?trairement ¨¤ Descartes ou ¨¤ Paul Ric?ur!, Sartre rejette
toute id¨¦e d'acthttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cion du corps sur l'?me dans
l'¨¦motion. Le 'tremblement du corps dans la col¨¨re ou dans la peur rel¨¨ve non d'un involontaire auquel la volont¨¦
devrait s'efforcer de faire obstacle mais participent d'une libre conduite intentionnelle.
Nous avons vu ainsi que la libert¨¦ sartrienne choisit ses motifS comme ses mobiles et d¨¦cide de ses passions.
Ainsi, Sartre bouleverse le partage traditionnel du volontaire et de l'involontaire. Il faudrait ajouter que pour L'?tre
et le N¨¦ant l'acte volontaire ? n'est pas une manifestation privi?l¨¦gi¨¦e de la libert¨¦ ?, et qu'il correspond m¨ºme, en
raison de sa mauvaise foi, ¨¤ une forme d¨¦grad¨¦e de la libert¨¦ poursuivant ainsi mais en vain la totalit¨¦
irr¨¦alisable de l' en-soi-pour-so?2.
LIBERT? ET FACTICIT?
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Si la libert¨¦ sartrienne, loin de se tenir dans les limites du volontaire, recouvre ¨¦galement le champ de ce que l'on
tient
habituellement
pour
involontaire,
devons-noushttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95c alors en conclure qu'elle est
rigoureusement d¨¦pourvue de toute limite? Sartre ne manque pas de se faire lui-m¨ºme l'objection puis-je choisir
d'¨ºtre grand si je
1. Refusant la conception sartrienne de l'¨¦motion, Ric?ur ¨¦crit ?¨¤ l'id¨¦e de spontan¨¦it¨¦ de la conscience, il me
para?t qu'il faut substituer l'id¨¦e d'une "passion" de l'?me du fait du corps? (Philosophie de la volont¨¦, Le
volontaire et l'involontaire, t. 1, p. 259).
2. EN, p. 506-507.
32
finie ? Une libert¨¦ in
qui n'h¨¦site pas ¨¤ reconna?tre ¨¤ l'homme la libert¨¦ qu'un Descartes r¨¦serve ¨¤ Dieu. Dans cette perspective, il
nous faut comprendre de quelle mani¨¨re transcendance et facticit¨¦ font couple, en quel sens la libert¨¦ poss¨¨de
son ? revers?.
C'est donc en d¨¦taillant les diff¨¦rents aspects de ce donn¨¦ que nous pouvons esp¨¦rer saisir plus concr¨¨?tement les
limites 9ue la libert¨¦ rencontre en surgissant
ma plhttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95cace, mon pass¨¦, mes Sartre, c'est le donn¨¦
qu'elle a ¨¤ ¨ºtre et qu'elle ¨¦claire de dans le monde, L'Etre et le N¨¦ant envisage ce donn¨¦ sous cinq aspects
diff¨¦rents
entours, mon prochain et ma mort4 Nous ne pouvons dans le cadre de ce travail examiner, m¨ºme bri¨¨vement,
chacune de ces rubriques et nous nous contentons
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1. EN, p. 614 et p. 538. 2. EN, p. 117.
3. EN, p. 546.
4. EN, p. 546 et sq.
33
Philippe Cabestan
d'envisager la premi¨¨re d'entre elles, c'est-¨¤-dire le rap?port de la libert¨¦ ¨¤ sa place.
les obstacles comme les distances dont elle souffre c'est en faisant de Paris son lieu naturel que la libert¨¦ envisage
l'Argentine comme une terre d'exil. Elle est donc en un sens responsable de sa place.
L'?tre et le N¨¦ant nous offre une analyse analogue du rapport de la libert¨¦ ¨¤ son propre pass¨¦, et nous
retrou?vons
alors
cet
entrelacement
inextricablehttp://www.mianfeiwendang.com/doc/f1858e9577c057054e9fe95c de la libert¨¦ et de la facticit¨¦,
aper?u ¨¤ propos de la place qui est, comme nous l'avons vu, tout ¨¤ la fois re?ue et prise par le sujet. Il en va de
m¨ºme des autres aspects de la facticit¨¦ tels que les entours, le prochain et la mort aucun d'entre eux ne
34
Une libert¨¦ infinie?
saurait en lui-m¨ºme constituer une lin¨´te de la libert¨¦ dans la mesure o¨´ celle-ci lui donne son sens. Mais rien ne
saurait mieux t¨¦moigner de la puissance de cette
? libert¨¦ que ses relations avec le vrai et le bien. ? nouveau, comme nous allons le voir, ces
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atteindre la faits)
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