DIVISIBILITE - NOMBRES PREMIERS On rappelle que N désigne l’ensemble des nombres entiers naturels (entiers positifs) Z désigne l’ensemble des entiers relatifs (entiers positifs ou négatifs) I/ Divisibilité dans Z A. Définition Soit a et b deux nombres entiers relatifs. « b divise a » signifie qu’il existe un nombre entier relatif k tel que : a = kb, ce que l’on écrit en abrégé : ba. ba k Z / a = kb. Dans ces conditions, on dit que b est un diviseur de a ou que a est un multiple de b. Exercice : Un nombre entier naturel N dont le nombre des dizaines est noté D et dont le chiffre des unités est noté u, s’écrit : N = 10D + u. On considère le nombre N ’ = D + 2u. 1) Démontrer l’équivalence entre les deux propriétés suivantes : « N est divisible par 19 » « N’est divisible par 19 ». 2) En utilisant plusieurs fois de suite cette équivalence étudier si le nombre 29 431 est divisible par 19. 1) Par hypothèse, N est divisible par 19 autrement dit il existe un entier naturel k tel que : 10D + u = 19k. Dans ces conditions, l’entier N’ = D + 2u s’écrit encore N’ = D + 2(19k – 10D) N’ = 219k – 19D N’ = 19(2k – D). Par conséquent N’ est divisible par 19. Réciproquement, si N’ est divisible par 19 il existe un entier naturel k tel que : D + 2u = 19k. Dans ces conditions, l’entier N = 10D + u s’écrit encore N = 10(19k – 2u) + u N = 1910k – 19u. Soit : N = 19(10k – u). Par conséquent N est divisible par 19. Donc N = 10D + u est divisible par 19 si, et seulement si, N’ = D + 2u est divisible par 19. 2) Le résultat précédent appliqué à l’entier N = 29 431 permet d’écrire que : 19 29 431 19 102943 + 1 19 2943 + 2 19 2945 19 10294 + 5 19 10294 + 5 19 294 + 25 19 304 19 1030 + 4 19 30 + 24 19 38. Comme 38 = 219, on en déduit que : 29 431 est divisible par 19. B. Propriétés 1. Quel que soit l’entier relatif a, 0, a, - a, 2a, - 2a, … sont des multiples de a, 1, - 1, a et – a sont des diviseurs de a. 2. a étant un entier relatif non nul, ba b a. Démonstration Par hypothèse a 0 et ba donc : k Z* / a = kb. Alors : a = kb où k 1 d’où a b. Conséquence : Tout nombre entier non nul admet un nombre fini de diviseurs (au maximum 2a diviseurs) 3. a et b désignant deux nombres entiers relatifs, (ab et ba) (a = b ou a = - b). Démonstration Par hypothèse, (ab et ba) (k, k’) Z 2 / b = ka et a = k’b (k, k’) Z 2 / a = k’(ka) (k, k’) Z 2/ k’k = 1 k = k’ = 1 ou k = k’ = - 1. Dans ces conditions, a = b ou a = - b. 4. a, b et c désignant trois entiers relatifs, (ab et bc) (ac). Démonstration Par hypothèse, (ab et bc) (k, k’) Z 2 / b = ka et c= k’b (k, k’) Z 2 / c = k’(ka) K Z / c = Ka autrement dit, a divise c. 5. a, b et c désignant trois nombres entiers relatifs, ab acbc. Démonstration Par hypothèse, ab k Z / b = ka. Donc, quel que soit l’entier relatif c, k Z / bc = (ka)c = k(ac), autrement dit, ac divise bc. 6. a, b, c et d désignant quatre nombres entiers relatifs, (ab et cd) acbd. Démonstration Par hypothèse, (ab et cd) (k, k’) Z 2 / b = ka et d= k’c (k, k’) Z 2 / bd = (ka)(k’c) (k, k’) Z 2 / bd = (kk’)(ac), c’est-à-dire que ac divise bc. 7. Théorème : a, b et c désignant trois nombres entiers relatifs, (ab et ac) (ab + c et ab – c). Plus généralement, si a divise b et c, alors a divise toute combinaison linéaire (bu + cv) où u et v désignent deux nombres entiers relatifs. Démonstration Par hypothèse, (ab et ac) (k, k’) Z 2 / b = ka et c= k’a. Donc, quels que soient les entiers relatifs u et v, (k, k’) Z 2 / bu + cv = (ku + k’v)a ce qui s’écrit encore K Z / bu + cv = Ka, ce qui se traduit par « a divise toute combinaison linéaire des entiers b et c ». Exercice : 1) Montrer que, si un entier divise 3n – 5 et 2n + 1, alors cet entier divise 13. 2) Déterminer l’ensemble des entiers n tels que 3n – 5 divise 2n + 1. II/ Nombres premiers A. Définition Un nombre entier naturel p est premier s’il possède exactement deux diviseurs positifs : 1 et lui-même. Conséquence : 0 et 1 ne sont pas des nombres premiers. 2 est le seul nombre premier pair. Exercice : 1) Déterminer, s’il en existe, les valeurs de l’entier naturel n pour lesquelles un est premier : a) un = n2 + 2n + 1 ; b) un = n2 + 8n – 20. 2) a et b désignent deux entiers naturels distincts de 0 et de 1. En utilisant le carré de a2 + 2b2, démontrer que l’entier a4 + 4b4 n’est jamais premier. B. Théorème 1 Soit a un nombre entier naturel strictement supérieur à 1. Alors : a admet un diviseur premier ; si a n’est pas premier, il admet un diviseur premier p tel que 2p a . Démonstration Si a est un nombre premier, aa donc a admet bien un diviseur premier. Péano (1858-1932), mathématicien italien, a proposé une construction axiomatique de N c’est-à-dire qu’il en a recensé les propriétés non démontrables, en nombre minimal, à partir desquelles on démontre les autres, par exemple : Toute partie non vide de N admet un plus petit élément (ce que l’on peut encore traduire par toute suite d’entiers naturels strictement décroissante est finie). Si a n’est pas un nombre premier, il admet au moins un diviseur strictement compris entre 1 et a. Considérons alors l’ensemble des diviseurs de a dans N* - {1}. Cet ensemble est une partie non vide de N, donc il admet un plus petit élément p. p est nécessairement premier sinon (raisonnement par l’absurde) il existerait un diviseur d0 de p strictement compris entre 1 et p et : (d0 p et pa) d0 a ce qui contredirait le choix de p. De plus, pa k Z / a = pk avec p k. Donc p2 pk soit p2 a d’où p a . C. Théorème 2 Il existe une infinité de nombres premiers. Démonstration La démonstration est due à Euclide (IIIème siècle avant Jésus-Christ). C’est Euclide qui a introduit la méthode de raisonnement déjà vue dans la démonstration précédente, à savoir le raisonnement par l’absurde. Pour démontrer le théorème en question on suppose vraie la négation de la conclusion, c’est-à-dire que : il existe un nombre fini de nombres premiers. Soit p1, p2, …, pn ces nombres entiers premiers. On considère alors le nombre entier N = p1 p2 … pn + 1. Comme N > 1, N admet au moins un diviseur premier pi, parmi les n nombres premiers p1, p2, …, pn. Alors (piN et pi p1 p2 … pn ) piN - p1 p2 … pn soit pi1 ce qui est impossible par définition d’un nombre premier. D. Théorème de décomposition Soit n un nombre entier supérieur ou égal à 2. n se décompose en un produit de facteurs premiers ; cette décomposition est unique à l’ordre près des facteurs. Démonstration D’après le théorème 1, n admet un diviseur premier p1 donc, il existe un entier naturel n1 tel que : n = n1 p1 avec 1 n1 < n. - si n1 = 1 alors la décomposition de n en produits de facteurs premiers est terminée. - si n1 2, alors on recommence le processus avec n1 qui admet donc un diviseur premier p2 c’est-à-dire qu’il existe un entier naturel n2 tel que : n1 = n2 p2 avec 1 n2 < n1. On itère ce processus tant que le quotient ni n’est pas égal à 1. On obtient ainsi une suite d’entiers naturels strictement décroissante : 1 … ni < … < n2 < n1 < n. Donc cette suite est finie (cf. l’axiome de Péano) c’est-à-dire qu’elle s’arrête après un nombre fini k de processus identiques à celui que l’on vient de décrire. Alors n = p1 p2 … pk . On admettra l’unicité de cette décomposition. Exercice : 1. Trouver tous les entiers naturels dont le cube divise 18 360. 2. En déduire, dans l’ensemble N, la résolution de l’équation d’inconnue b : b 3 b 2 (b 1) 2 18 360. III/ Le crible d’Eratosthène Il sert à dresser la liste des nombres entiers premiers inférieurs à un nombre entier donné. Le principe : Lorsque l’on vient de classer p comme nombre premier (par exemple p = 2), et que tous ses multiples de la forme kp (où k N*-{1}) ont été rayés, le plus petit nombre non classé p’ est premier (donc, après 2, il s’agit de p’ = 3) le plus petit multiple de p’ non classé est p’2. Exercice : a. Ecrire la liste des nombres premiers inférieurs à 50 en utilisant le crible d’Eratosthène. b. Le nombre 1517 est-il premier ? Expliquer comment on utilise le résultat précédent pour conclure. c. Quels sont les entiers naturels a et b vérifiant : a2 = b2 + 1517.