La reproduction est calée sur l`été austral (Octobre à Avril) pendant

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REPRODUCTION DES MANCHOTS ADELIE
La reproduction est calée sur l’été austral (Novembre à Février) pendant lequel la glace
est moins présente et la mer particulièrement riche en nourriture. Les mâles arrivent les
premiers sur les territoires de reproduction de l’année précédente, les femelles les
suivant de peu. Ils ont parfois à traverser des kilomètres de glace attachée au continent
(usuellement 20 à 40km) pour arriver à prendre pied sur une terre libre de neige où ils
peuvent construire un nid.
Les oiseaux sont sexuellement matures après quatre ans. Ils peuvent temporairement
s’accommoder d’un nouveau partenaire jusqu’à ce que celui de l’année passée revienne.
Si celui-ci finalement ne revient pas, le premier partenaire fera l’affaire. Les partenaires
ne se reconnaissent pas seulement par la voix: ils se reconnaissent physiquement à
distance.
Certains oiseaux vont se reproduire pour la première fois et doivent trouver un
partenaire. Ils arrivent plus tard dans la colonie, établissent un territoire en périphérie ou
occupent de places restées vacantes, ce qui peut occasionner quelques batailles. Il est
probable que leur œuf ne parvienne pas jusqu’à l’éclosion, attaqué par les skuas ou
perdu. Ils repartiront en mer plus tôt que les manchots qui élèvent leur poussin, de façon
à interrompre leur jeûne.
Chaque nid se trouve à deux fois la distance de coup de bec de telle façon que les
manchots ne peuvent s’atteindre d’un nid à l’autre. Quand un oiseau se déplace dans la
colonie, il semble se faire tout petit (flippers serrés contre le corps, cou allongé) comme
pour éviter de recevoir des coups de bec. Les nids sont situés un peu au-dessus du
niveau d’eau : si la température monte et la neige fond, le nid ne sera pas inondé. Le nid
est constitué d'une cavité dans le sol entourée de brindilles et petits cailloux. Ces petits
cailloux sont choisis avec attention et ramenés au nid. Certains les volent sur les nids
voisins. La construction du nid est étroitement liée à la séduction du partenaire. Le but
du nid est de couver l’œuf et élever le poussin au-dessus du sol. Les deux oiseaux
restent sur place, arrangeant périodiquement le nid, l’un d’eux allant parfois chercher des
pierres, les volant parfois aux voisins. Le collecteur de pierres ne fait aucun effort pour
les poser correctement mais les jette droit au hasard devant lui ou parfois de côté. Le vol
de pierres assure en fait les couples placés au centre de la colonie de disposer de pierres
sans faire de longues marches jusqu’aux endroits où les pierres sont disponibles. La
construction du nid est un processus ininterrompu, les oiseaux gardant le nid ne pouvant
le défendre pendant que leur partenaire est en mer ; quand celui-ci revient, il vole des
pierres aux voisins pour reconsolider son nid. Cette démarche est poursuivie
systématiquement jusqu’à ce que le poussin soit assez grand pour rejoindre la crèche.
Les nids sont commencés par les mâles en début de saison puis terminés par le couple
une fois formé.
Copulation : le mâle manœuvre gentiment la femelle pour la mettre en position, marche
sur son dos, recule progressivement, bec contre bec. Le contact est très bref puis le mâle
saute de côté.
En général, entre début novembre et début décembre, 6 à 10 jours après l’arrivée de la
femelle dans la colonie, deux œufs sont pondus avec entre deux et quatre jours entre la
ponte de chacun des œufs, pesant chacun entre 100g et 125g. Un seul œuf est couvé en
général, pendant 35 à 37 jours, placé sur les pattes des adultes. Les deux oiseaux
restent ensemble jusqu’à la ponte de l’œuf puis la femelle retourne en mer pendant que
le mâle couve. Les réserves du mâle lui permettent de supporter un jeûne de six
semaines (contre 90 jours pour l’empereur, qui pour autant est cinq fois plus gros),
pendant lequel il perd jusqu’à 40% de son poids.
Si les deux œufs sont couvés, les poussins n'éclosent pas toujours en même temps.
L’éclosion dure un à deux jours.
Les postures extatiques, avant l’éclosion de l’œuf, sont le fait du seul mâle. La femelle ne
les adopte qu’après l’éclosion de l’œuf.
L’oiseau tend la tête et le bec vers le ciel et, avec des mouvements rythmés des ailerons, vide sa poitrine et
émet des vocalises ku-ku-ku-ku qui ressemblent au bruit d’un tonneau qui roule. Les yeux roulent et
regardent vers l’arrière, la crête occipitale est dressée et les ailerons battent la mesure énergiquement.
La principale utilité de cette posture est la séduction en vue de la formation d’un couple. La femelle peut
être attirée de relativement loin et sa réponse est usuellement une inclinaison de tête. Cette posture est
également vue lors de la construction du nid ou encore immédiatement avant et après copulation. La tête et
le cou s’arquent vers l’avant, les ailerons sont tenus très près du corps et légèrement en arrière et le bec
pointe vers le sol.
Une variante consiste à pencher le corps à 45° tandis que les ailerons bougent en avant et en arrière et la
tête est secouée vers la droite et vers la gauche.
Le manchot Adélie est le plus agressif des manchots. Les femelles sont plus timides et
laissent le soin au mâle de défendre le nid. Cette défense est d’autant plus agressive que
l’œuf est sur le point d’éclore ou que des poussins sont nés. Attitude agressive envers un
manchot intrus, ou contre un adversaire plus grand que le manchot, tel le skua. L’oiseau
pointe le bec vers l’étranger, la crête occipitale dressée, les flippers levés, les yeux
roulant et la gorge émettant des vocalises menaçantes. Le manchot peut même attaquer
l’opposant en se dressant sur les pointes des pieds, lui donnant des coups de bec, faisant
tournoyer et frappant avec ses flippers et émettant un grondement.
Quand l’adversaire est un manchot, le gagnant est celui qui fait tomber l’autre par terre.
La vainqueur pose son bec sur la nuque du vaincu et lui flanque une rossée avec ses
flippers, puis le chasse de son territoire. Quand le manchot doit rester sur son nid, il se
contente de donner des coups de bec. Cette technique est aussi utilisée pour chasser des
intrus qui veulent voler du matériau pour construire le nid. Les batailles avec les oiseaux
qui n’élèvent pas de poussin sont fréquentes, ceux qui en élèvent défendant leur
territoire avec énergie.
A la naissance, le poussin est recouvert d’un léger duvet gris et a la tête noire.
Rapidement, le duvet devient gris brun très foncé. Les premiers signes de mue et donc
l’apparition du premier plumage intervient en cinquième semaine.
Le mâle et la femelle couvent et élèvent ensemble les poussins, échangeant la garde tous
les jours voire deux fois par jour. Les poussins nouveaux-nés par un parent tandis que
l’autre va pêcher, les changements intervenant tous les un à trois jours. Cette phase de
garde dure 22 jours. Durant la première semaine, les poussins sont complètement
couverts par les parents. La seconde semaine, ils sont seulement penchés sur le poussin
qui est largement couvert. La troisième semaine, le poussin est assez fort pour se tenir
debout mais reste près des parents, et ne commence à explorer les alentours du nid qu’à
la quatrième semaine, au cours de laquelle il découvre l’usage de ses ailerons. Le poussin
est nourri alors tous les deux jours en moyenne.
La phase de garde est suivie d’une phase de crèche pendant laquelle les deux parents
pêchent. Les jeunes se rassemblent en groupes de 3 à 20 individus, réduisant les risques
de prédation et se protégeant contre le mauvais temps. Pendant cette phase de la
crèche, les visites pour nourrir le poussin s’espacent. Pendant la première semaine de
crèche, les poussins retournent souvent au nid dans l’attente du retour des parents. Avec
le temps, il apprend à retourner à la crèche après avoir été nourri puis, en sixième
semaine, à être nourri hors du nid et à l’écart de la crèche.
Quand la crèche est formée, le parent de retour de mer appelle son petit à distance de la
crèche pour le nourrir. Le poussin accoure, est nourri puis prié de retourner à la crèche
mais il préfère suivre ses parents vers la mer et les appelle. Ceux-ci se retournent, le
nourrissent encore un peu puis repartent. Le poussin insiste ; les parents finissent par lui
donner des coups jusqu’à ce qu’il accepte de laisser les parents partir et regagner la
crèche.
La crèche ne dure pas plus de trois semaines. Ensuite, les poussins se rassemblent en
petits groupes près de la mer et passent de longs moments à regarder les parents aller
et venir, et finissent par se jeter eux-mêmes à l’eau.
Les poussins sont nourris par régurgitation de krill. Le poussin demande à être nourri par
des mouvements de son bec contre les mandibules ou le bec de son parent. La nourriture
est régurgitée après quelques mouvements conclusifs du corps et du cou. Le poussin
attrape la nourriture directement à l’intérieur de la bouche ouverte du parent, au fond de
la gorge.
Les poussins deviennent indépendants des parents vers l'âge de 52 à 61 jours. Environ
77% des jeunes survivent jusqu’au sevrage. La plus grande cause de mortalité est la
détérioration du temps, le froid, le vent, le blizzard et la neige en grande quantité qui
enterre les nids. La mortalité due aux prédateurs est négligeable par rapport aux
conséquences que le mauvais temps peut avoir.
Attitude de « Mutual display »
Les deux oiseaux se font face avec le bec pointant vers le ciel, cou étiré, yeux roulant, crête occipitale dressée, ils
inclinent ensuite la tête et le cou, voire le corps lui-même. Les becs sont grand ouverts et beaucoup de bruit
accompagne ces mouvements. Cette manifestation peut être vue lors du retour au nid d’un des deux partenaires,
juste avant la ponte de l’œuf, entre les parents et le poussin au nid puis lorsque celui-ci a l’âge de rejoindre la
crèche et le parent revient de mer pour le nourrir.
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