KRACH

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KRACH
Certains quotidiens ont sorti leurs plus gros titres pour donner à la nouvelle de l’importance et un
parfum de sensationnel : Krach. C’est le mot qui s’inscrit à la une de plusieurs journaux, et son sens
est simple : il s’agit de l’effondrement brutal des cours de la bourse. On parle de krach donc quand
une chute très brutale désorganise subitement les marchés boursiers, ruinant au passage, ou tout au
moins appauvrissant notablement, un certain nombre d’investisseurs.
Si on ne connaît pas le mot, il faut qu’on vous l’explique : on ne le comprend pas spontanément ! Mais
pourtant il est étonnamment expressif. Krach ! On entend bien une cassure. Et même si le mot est
emprunté au néerlandais, son impact est le même en français.
Donc, il est évidemment de la même famille que le verbe « craquer », ce qui est surprenant quand on
repense à l’image évoquée : ce bruit, aussi menaçant qu’il soit, n’évoque pas directement la chute,
mais sa cause. On penserait plutôt aux quelques secondes qui précèdent la chute : le crac de la
charpente sur le point de s’écrouler, le crac, rapide, mais quand même progressif, des poutres qui se
brisent, comme une vision de la catastrophe quelques secondes avant qu’elle ne se produise, quand
plus rien ne peut l’éviter… c’est bien ça en fait qui fait frémir !
Le mot dans son sens financier a un passé qui n’est plus récent : au XIXe siècle déjà on l’employait
avec cette signification, surtout après la crise de 1873 et la chute brutale de la bourse de Vienne.
Mais l’exemple le plus connu est certainement celui de la crise de 29, boursière d’abord, puis
économique, qui a très fortement secoué le monde occidental. Et on imagine souvent le krach de la
bourse comme le coup d’envoi de cette période, avec d’ailleurs un jour précis, le 24 octobre 1929,
resté dans les mémoires comme étant le jeudi noir. On a d’abord parlé de Black Thursday, en anglais,
et l’expression a été rapidement traduite en français. Et la formule est liée à une catastrophe boursière
au point qu’on peut la moduler selon le jour de la semaine : on a pu entendre parler d’un lundi noir
avant-hier.
On a bien vu que le mot « krach » évoquait la chute, le mouvement de haut en bas. Il est surprenant
de voir qu’un autre mot d’origine anglo-saxonne évoque le mouvement inverse : symétrique du krach,
on a le « boum », qui traduit le boom anglo-américain. C’est bizarre, en français cette onomatopée fait
d’abord penser à un choc, au bruit d’une collision, ou même d’une explosion. Ce choc peut d’ailleurs
être celui d’un corps qui tombe, on trouve ça par exemple dans les bandes dessinées.
Mais l’image de l’explosion a souvent été considérée comme positive ces derniers temps. Si une
action explose, c’est que, justement, elle multiplie brusquement sa valeur ; un secteur d’activités
explose quand il intensifie formidablement son activité, l’explosion informatique correspond à
l’expansion incroyable de ce domaine. L’onomatopée « boum » correspond à cette idée d’explosion, et
elle évoque aujourd’hui une hausse vertigineuse : le boum boursier est le symétrique du krach
boursier.
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