RIVALITES COLONIALES AU PROCHE-ORIENT AU 20E SIECLE L’expression Moyen Orient (traduction de Middle East) s’est substituée celle de Proche Orient avec les mutations territoriales qu’a connues la région de l’Orient arabe au cours du 20e siècle. Pour mon expose je m’en tiendrai a la stricte région du Proche-Orient, aussi connue sous le nom de Levant, qui comprend les pays dits du croissant fertile (Irak, Syrie, Liban, Israël, Palestine), les pays de la péninsule arabique (Arabie Saoudite, Yémen du nord, Yémen du Sud, Oman, Qatar, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Koweït) et l’Egypte et le Soudan. Cette région du monde a été l’un des enjeux essentiels des rivalités coloniales du 20e siècle. Les Empires coloniaux puis les grandes puissances se sont disputes le contrôle de la région tout au long du 20e siècle. Nous essaierons tout d’abord d’analyser les intérêts et les enjeux de la région qui ont attire les grands. Nous verrons ensuite comment le partage de l’Empire Ottoman traduit les rivalités entre grandes puissances occidentales, en particulier le France et la Grande-Bretagne. Enfin, nous parlerons de la décolonisation et d’un nouveau rapport de force établit dans la région. I. Conflits d’intérêts au Proche-Orient: Le Proche-Orient est très convoite par les puissances européennes des la fin du 19e siècle pour ses ressources et ses intérêts économiques. En effet, les conflits d’intérêts vont s’articuler autour des voies de communication, du contrôle des capitaux, de l’influence culturelle et des ressources d’énergie. Il faut noter que ces intérêts vont être surtout domines par les français au début du siècle mais cette tendance va évoluer avec notamment la découverte du pétrole. -Les voies de communication : Le Canal de Suez, construit en 1869 par les français, est occupe des 1882 et jusqu’en 1954 par les anglais pour qui cette voie de communication est vitale pour faire le lien entre Londres et ses possessions d’outre-mer. Le canal sera aussi un grand enjeu stratégique pendant les deux guerres. Les autres voies de communication permettant les déplacements et le commerce au sein du Proche-Orient (chemins de fer, ports) sont principalement contrôlées par les français. (Mais l’Angleterre contrôle les transports fluviaux sur le Tigre et l’Euphrate ainsi que le port de Bagdad et l’Allemagne possède des concessions sur les chemins de fer d’Anatolie ainsi que le port d’Alexandrette.) La majorité des capitaux investis au proche orient sont français : ils représentent 54% des capitaux étrangers (25% pour anglais et 9,4% pour allemands) au Proche-Orient que l’on retrouve investis dans les chemins de fer, les routes, les services publics, et le commerce. Les français en viennent alors à contrôler le système bancaire avec la création de la Banque Ottomane et avoir une main mise financière sur la région. -L’influence culturelle : est aussi un élément très important pour les puissances coloniales. Elle leur permet de se faire des amis politiques, de disposer d’une main d’œuvre compréhensive et de s’intégrer a travers la diffusion de leur langue, de leur histoire et de leur culture. On retrouve ici encore une forte prédominance française qui connaît une forte concurrence au début du 20e siècle. En effet les italiens, russes, anglais et américains voudraient combattre le protectorat sur les communautés catholiques que les français ont acquis depuis la fin du 19e siècle. -Le Pétrole : Au début du siècle, les puissances sont intéressées par les mines de plomb argentifères, les mines de cuivre et les mines de houille. Mais, les avancées technologiques que connaissent l’Europe les amènent à reporter leur intérêt sur le pétrole, cet or noir qui deviendra rapidement l’un des enjeux essentiels des luttes d’influence. A la veille de la première guerre mondiale, la France et l’Angleterre se partagent Mossoul. Les USA effectueront leur première pénétration dans cette région en 1927 avec des participations dans la Turkish Petroleum Compagnie et viendront très rapidement à dominer le marche avec les anglais. II. Décomposition de l’Empire Ottoman et rivalités franco-britannique : A la veille de la Grande Guerre, les puissances européennes sont déjà présentes au Proche Orient : les anglais ont un protectorat en Egypte depuis 1882, et sont présents a Chypre, au Soudan, au Koweït, a Aden et en Anatolie Occidentale. La France contrôle l’Afrique du Nord et, à une zone d’influence en Syrie et conserve son influence économique et culturelle sur la région. L’Italie et l’Allemagne cherchent difficilement une place dans la région. La première guerre mondiale va être le début des rivalités coloniales et des concurrences ouvertes pour la prise de controle territoriale. -Accords Sykes-Picot : L’alliance de l’Empire Ottoman avec l’Allemagne devient un prétexte pour les puissances de l’Alliance pour négocier son partage des 1916. La France et la Grande-Bretagne passent un accord secret, appele Accord Sykes-Picot, qui sera ensuite ratifie par la Russie, et qui pose le cadre de la répartition des territoires de l’Empire a sa chute. Cet accord prévoit : -la création de territoires en administration directe par la France (Zone bleue : littoral libanais) et l’Angleterre (zone rouge basse Mésopotamie). -des zones d’influence : Syrie intérieure pour la France et région de Bagdad pour la GB. -Palestine devient une zone internationalisée divisée en 3 : France, GB et zone internationale. Mais ces accords n’entrent que partiellement en vigueur a la fin de la guerre. -Campagne de Palestine : La déclaration de Balfour (2 novembre 1917) par laquelle le gouvernement britannique envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif démontre clairement la volonte britannique de defendre ses interets dans la region et d’empêcher par la même le contrôle de la Palestine par la France. Très vite, cette campagne de Palestine, menée par le Général Allenby va remettre en cause l’internationalisation de la Palestine et va réveiller les rivalités franco-britanniques. L’occupation de la Syrie par la GB en 1918 amene la France à répondre par l’occupation du littoral libanais. Une sorte de ping-pong se met alors en place entre ces 2 grands pour le contrôle de la région et Faysal va en être la balle : il sera tour a tour l’interlocuteur privilégie des français et des britanniques mais il finira par être l’interlocuteur privilégie du projet sioniste. -Les Mandats de la SDN : Le partage de l’ancien Empire Ottoman sera finalement regule par la SDN qui définit que la forme que prend l’occupation des vainqueurs dans les anciennes provinces ottomanes est celle du Mandat, du pacte de la SDN adopte à Versailles le 28 Avril 1919. Les populations de ces régions sont placée sous la tutelle des puissances mandataires chargées de les conduire vers l’indépendance : c’est un système qui convient parfaitement a l’Angleterre et a la France car il propose un régime d’administration indirecte moins coûteux. Des 1920, La France s’installe alors en Syrie et au Liban et la Grande Bretagne en Irak et en Palestine. La chute de l’Empire Ottoman a donc permis un découpage de la région entre grandes puissances européennes, principalement la France et l’Angleterre, l’Allemagne étant exclue. Les Mandats permettent de fixer la carte du Moyen Orient en place jusque la seconde guerre mondiale. La situation conflictuelle entre puissances est alors stabilise mais les rivalités demeurent et la Palestine reste l’enjeu principal. III. Décolonisation et nouveau rapport de force : Des les années 30, les mouvements nationalistes apparaissent dans les zones colonisées et les demandes d’indépendance se font nombreuses. Ainsi, l’Arabie Saoudite est le premier pays à acquérir son indépendance de la tutelle britannique, suivie par l’Irak, l’Egypte et la Syrie. Mais ces indépendances ne sont que partielles car la France et l’Angleterre entendent bien garder un contrôle politique et financier ainsi que des appuis militaires sur cette région. Pendant la seconde guerre mondiale, le Proche Orient sera le théâtre des affrontements entre l’Axe et l’Alliance qui ravivent les vieilles rivalités coloniales, rouvrent la question de la Palestine et permet ainsi l’émergence du leadership américain. -2e Guerre Mondiale au Proche Orient : Au Proche-Orient, l’Objectif de l’Axe est de couper l’accès des anglais aux puits pétroliers et a la route de Suez. C’est dans ce contexte que l’Egypte, neutre a cette époque, connaît des offensives italiennes suivies de contre-offensive anglaise qui se soldent par une stabilisation du front suite a l’envoie de l’Africa Korps par Hitler en 1941. Mais le front se déplace alors en Syrie, ou Hitler poste ses troupes avec l’accord du gouvernement de Vichy. Les anglais, avec l’aide des Forces Françaises Libres libèrent la Syrie et la Libye. Le gouvernement français se voit alors contraint d’accepter l’armistice en juillet 1941 et retire ses troupes des Mandats. Fin 1941, l’Angleterre sort gagnante car, en plus de l’Irak, la Libye et la Syrie, elle occupe l’Egypte, l’Asie Arabe, les pays du Golfe,la Corne de l’Afrique et les Balkans. -Création de l’Etat d’Israël : Il faudra attendre la fin de la guerre pour que la question de la Palestine soit rouverte. En effet, face a la forte émigration du peuple juif, Truman demande a l’Angleterre de rouvrir l’immigration juive en Palestine (qui avait été arrêtée en 1939 par le Livre Blanc, pour éviter tt conflit avec les arabes). Mais, l’Angleterre refuse et des tensions entre les 2 grands se font sentir. En Février 1947, l’Onu prend en charge ce dossier sensible et propose un plan de partage qui abolirait le mandat de la GB en Palestine et partagerait le territoire en 3 états (arabe, juif et international). L’Angleterre est contre mais le plan est vote le 29 novembre 1947, avec les voix de l’URSS, des USA et des pays dépendant financièrement de ce dernier (France+Amérique Latine) sur lesquels ils ont exerce une forte pression. Ainsi le 14 mai 1948, l’Etat d’Israël est officiellement proclame par Ben Gourion. -Emergence du leadership américain : Les USA entrent en guerre en 1940 et soutiennent des le début l’action britannique en Irak, en Syrie et en Egypte. Mais Roosevelt a une vision anticoloniale et pense qu’il profiter de cette guerre pour mettre sous tutelle américaine ces peuples exploites et favoriser leur émancipation. Ainsi il va envoyer des troupes dans la région des 1941 pour approvisionner les britanniques, mais il va surtout en profiter pour se rapprocher de l’Arabie Saoudite a qui il apporte une aide financière depuis 1941. Ce rapprochement se fera aux dépends de la GB qui avait pourtant été le partenaire privilégie de Ibn Saud depuis la création de l’Arabie Saoudite en 1915. Les USA sont clairement motives par les ressources pétrolières de ce pays et de la région en générale. Mais c’est vraiment la crise de Suez en 1956 qui va permettre aux americains de substitue leur propre influence a celle des anciennes puissance coloniales. Le fiasco britannique de l’opération de Suez laisse donc la région aux mains des USA et de l’URSS, mais aussi aux mains des mouvements nationaliste arabes qui se developeront autour de Nasser. La carte du Proche-Orient du début du siècle est assez éloignée de celle que l’on connaît aujourd’hui de la région. Les conflits coloniaux, comme nous venons de le voir, y sont pour beaucoup dans la mutation des frontières. L’évolution des intérêts, le pétrole en particulier, a été le moteur de l’évolution des conflits entre puissances coloniales. A la fin de la décolonisation, le Proche-Orient devient un des enjeux essentiels de la Guerre Froide mais aussi le lieu des révolutions nationales. Mais le conflit principal qui perdure jusqu'à aujourd’hui est le conflit israelo-palestinien qui est naît sur la décomposition de l’ancien empire colonial.