Anni Borzeix Pour ma page personnelle Pour être observés, puis traités, de nombreux problèmes socio-techniques relatifs à la conception et la gestion des espaces publics mobilisent de plus en plus, aujourd'hui, des connaissances et des méthodes qui relèvent non pas d'une mais de plusieurs sources disciplinaires. C'est au carrefour de trois d'entre elles - les sciences du travail, des organisations et du langage - qu'Anni Borzeix poursuit ses recherches. Directrice de recherche au CNRS, elle est sociologue du travail de formation, membre depuis 20 ans du comité de rédaction de la revue Sociologie du Travail et elle fait partie depuis 1991 d'un laboratoire de recherche en sciences de la gestion (C.R.G.) de l'Ecole Polytechnique. Cet engagement interdisciplinaire s'est traduit par la création et l'animation d'un réseau de recherche, "Langage et Travail", composé de linguistes, de sociologues, de psychologues et de gestionnaires, ouvert aux praticiens. Ce réseau est né sur le constat d'une transformation profonde du travail et des organisations productives due, notamment, à la tertiarisation de l'emploi, à l'émergence d'une économie dite de l'information (ou encore de "l'immatériel"), et à l'informatisation massive des activités - de toutes les activités, de l'opérateur au manager, de l'agent de base à l'ingénieur. L'une des conséquences de ces changements est la croissance remarquable des activités langagières (communiquer, lire, écrire, délibérer, coopérer, rendre compte) et cognitives (raisonner, mémoriser, traiter l'information, interpréter, décider), activités qui sont en outre de plus en plus souvent collectives et médiatisées par les TIC. Décrire et comprendre cette part à la fois langagière, cognitive et collective du travail contemporain, longtemps naturalisée et ignorée, est la tâche poursuivie par les chercheurs du réseau. Analyser ses usages, saisir ses fonctions dans les organisations, saisir ses effets sur le fonctionnement, l'efficacité et la performance des institutions, entreprises, administrations, constitue le prolongement, en termes de recherche, de cette nouvelle donne qui repose sur une nouvelle façon de produire, de gérer et de partager les connaissances. Au cœur de cette démarche, trois objectifs plus généraux : contribuer à "penser" la relation entre communication, cognition et action ; inventer des dispositifs méthodologiques hybrides (observation ethnographique en situation naturelle, enregistrements audio et video, auto-confrontations) et construire des "observables" rigoureux pouvant éclairer, empiriquement, les mutations en cours ; associer plus étroitement la recherche en sciences humaines à ces transformations. Des recherches de terrain récentes ont été menées depuis dix ans en partenariat avec EDF-GDF, la SNCF, la RATP et La Poste, sur l'analyse du travail tertiaire et des compétences collectives, celle des métiers du public et de la compétence des agents au contact, de la relation de service et des formes de coordination de l'action et de l'information au sein d'organisations complexes, sur le management de projet, sur les usages et les utilisateurs face aux technologies de l'information et de la communication, sur la gestion et l'accessibilité des espaces publics.