IDENTIFIER, CARACTERISER, REPRENDRE Commentaire Contrairement à ce qu'on répète sans cesse aux élèves:" éviter les répétitions", il faut faire comprendre que "reprendre l'information" est essentiel pour la cohérence des textes et que l'emploi de synonymes, présenté comme la panacée, ne suffit pas, ou, tout au moins, on ne les choisit pas au hasard: " le phénomène de co-référence est très fréquent dans le discours oral ou écrit : il est rare en effet qu’il ne faille pas, d’une manière ou d’une autre, faire mention d’un référent déjà évoqué ; on voit mal comment un passage de quelques phrases pourrait s’élaborer sans l’apparition de ce phénomène."1 " La co-référence peut être divisée en deux grandes parties, si l’on prend en considération les " outils" linguistiques, les procédés, qui la traduisent : la co-référence par anaphore (l’anaphore ayant pour fonction de ne pouvoir s’interprêter " seule ", d’exiger la recherche d’un antécédent auquel elle sera rattachée), la co-réféιrence par description définie (ou par nom propre) ; dans ce deuxième cas, le syntagme concerné n’a pas pour rôle de " reprendre " une autre unité : c’est le fait de l’utiliser dans un certain contexte, à proximité d’une expression renvoyant à un référent identique, qui établit le lien de co-référence."2 En 6ème, on se contentera de parler de procédés de reprise et de mettre en évidence les deux catégories de substitution possible: par un pronom ou par un GN ( substitut lexical), dont l'intérêt est de pouvoir ajouter des informations qui complètent une caractérisation ou servent la progression de l'histoire. On trouvera ces deux aspects dans les extraits étudiés: observation des "outils" linguistiques et de leur diversité en liaison avec la construction du personnage et la construction d'un effet: le suspense On remarquera aussi le rôle que peuvent jouer les déterminants, en particulier possessif et démonstratif, la nécessité d’employer les pronoms sans risque de confusion sur ce qu’ils représentent. et comment lever les ambiguités: pronoms relatifs, celui-ci, celui-là etc RECHERCHE 1 Caractériser permet aussi d’identifier et de « reconnaître » (procédé de reprise ) Difficulté de lecture due à la difficulté de distinguer les 2 chiens, que faire pour cela ? Les réponses s’orienteront sur la « description », donc les procédés de caratérisation Les élèves peuvent se contenter de ce qui est proposé et/ou faire d’autres propositions… Cela peut aussi se faire en 2 étapes. Avec libre choix pour la 2ème , introduire des humains pour construire une histoire… La langue possède des solutions pronoms: qui , celui-ci , - procédés de caractérisation des deux chiens : un oeil crevé, une oreille blanche, ce dernier, son adversaire Un chien qui avait un oeil crevé s'approcha d' un autre qui avait une oreille blanche. Celui-ci commença à trembler des pieds à la tête. Il poussa un petit cri pour impressionner l'autre chien. Mais ce dernier n'eut pas peur. Le chien à l’oreille blanche très effrayé commença à se soumettre et, à sa grande surprise, son adversaire s'inclina 1 2 B. Combettes idem On pourra - réfléchir collectivement à la différence de sens si on remplace « celui-ci » par celui-là », examiner l’emploi des determinants « un » / « le »/ « ce ». - se demander si on aurait pu employer « son adversaire » dès le début (à la place de « celui-ci »), pour mettre en évidence le rôle de la progression du récit (On n’emploie pas les mots au hasard !) - occasion aussi d’aborder (ou ré-aborder) la (proposition ou phrase)] relative RECHERCHE 2 identification d'un personnage et progression du texte Replace dans le texte suivant les mots et expressions qui ont été enlevés: il, le (à employer plusieurs fois) , lui, , , , ,. Il faut aussi rétablir des déterminants qui ont été éffacés - Tu devras expliquer (oralement) les raisons de ton choix. On discutera des différentes solutions possibles ou pas en envisageant pourquoi certaines sont interchangeables et pas d'autres: A partir de quand peut-on dire "le fumeur"? Signification pour le récit de: "l'ivrogne qui n'a pas bougé"? Que pensez-vous en la lisant? Qui le pense aussi? ( le personnage qui « voit » notion de point de vue). On remarque que les G.N. complète les caractéristiques du personnage et font progresser le récit. Pour employer les pronoms, il faut qu'il n'y ait aucun risque de confusion. La porte de l'hôtel de l'Amiral s'ouvre. un homme. paraît, qui continue à parler un instant par l'entrebâillement à des gens restés à l'intérieur. La tempête le happe, agite les pans de son manteau, soulève son chapeau melon qu'il rattrape à temps et qu'.il.maintient sur sa tête tout en marchant. Même de loin, on sent qu’il est tout guilleret, mal assuré sur ses jambes et qu'il fredonne. Le douanier le suit des yeux, sourit quand l'homme se met en tête d'allumer un cigare. Car c'est une lutte comique qui commence entre l'ivrogne, son manteau que le vent veut lui arracher et son chapeau qui fuit le long du trottoir. Dix allumettes s'éteignent. Et l'homme au chapeau melon avise un seuil de deux marches, s'y abrite, se penche. Une lueur tremble, très brève. Le fumeur vacille, se raccroche au bouton de la porte. [...] Il s'étale sur le sol, au bord du trottoir, la tête dans la boue du ruisseau. Une minute. deux minutes passent. Nouveau coup d’œil à l’ivrogne qui n’a pas bougé. Par contre, un chien, venu on ne sait d’où, est là, qui le renifle . Le chien jaune G. Simenon Exprime ce que tu as pu observer et ce que tu as retenu après discussion avec la classe: - sur le rôle des pronoms:.. ils servent à représenter/remplacer des éléments (G.N. pour le moment) déjà exprimés lorsqu'il n'y a pas risque de confusion -.sur le rôle de certains déterminants:.... le" s'utilise avant un nom "identifié", caractérisé. Le possessif joue un double rôle de déterminant et de "représentant" (substitut) - sur l'intérêt d'utiliser des GN pour "reprendre": on peut compléter des caractéristiques ( des informations) donc faire progresser le récit et même créer un suspense... Emploi des déterminants: Pour "un" et "le", les définitions traditionnelles (indéfini et défini), souvent mises en relation avec ce qui passe de l' inconnu au connu, donnent lieu à des confusions dans de nombreux cas. A chacun de voir s'il s'en tient à cette nomenclature ou se contente de déterminant de la "famille de un", "famille de le" .... Etablir des généralités sur des sous-classes est-il indispensable dans la mesure où pratiquement chaque cas est un cas particulier? Dans l'extrait ci-dessus, on trouve l'opposition la plus fréquente entre les deux déterminants: "un: actualise l'être comme un élément de la classe à laquelle il appartient"3, le récit annonce "un" exemplaire pris dans la classe "homme" et un dans la classe "chien". "le: actualise l'être du point de vue de sa spécificité contextuelle et situationnelle à l'intérieur d'une classe dont l'existence est présupposée"4, ici, l'élément est singularisé par le contexte, c'est toujours le même avec des particularités. On observe ausi le rôle du titre : "le chien jaune" en relation avec "un chien" et l'effet produit sur le lecteur. Pour comprendre, on peut demander: Que se passe-t-il si on remplace "l'ivrogne" par "un ivrogne"? On voit bien qu'on penserait à un autre personnage dans la catégorie "ivrogne" Pour les possessifs qu'il faut bien appeler ainsi, nomenclature oblige, on peut cependant remplacer "adjectif" totalement impropre, par déterminant ( on fera remarquer, à l'occasion, l'absence totale de rapport de possession: "ma rue" , par exemple). On constate leur double rôle de déterminant et procédé de reprise: "son chapeau"/ (le chapeau de l'ivrogne" On fera avec les élèves un classement des "procédés de reprise": pronoms déterminants G.N. il son [chapeau] l'homme le sa [tête] l'ivrogne lui ses [jambes] l'homme au chapeau melon se Le fumeur l’ivrogne qui n’a pas bougé orth. : "le est pronom avant un verbe" est source de confusion. Dans la mesure où l'infinitif et le participe passé sont considérés comme "verbes", on se heurte à des difficultés avec:"le boire et le manger", "le blessé". "le" est pronom lorsqu'il reprend ou remplace un élément du discours. On attirera l'attention sur la proposition relative comme procédé qui permet d'ajouter une caractérisation contenant un "propos": "ne pas bouger" l'homme au chapeau melon l'homme qui porte un chapeau melon l'homme qui n'a pas bougé l'homme immobile RECHERCHE 3 Caractériser et reprendre, utiliser des relatives La relative fait partie à la fois de la caractérisation (à l'aide d' un énoncé) et des procédés de reprise (par un pronom). Dans la perspective d'une "grammaire pour écrire", on peut l'envisager de deux façons différentes: - soit en situation de première écriture: le scripteur souhaite ajouter à un nom "homme" une caractérisation exprimée par un propos "ne pas bouger" , il écrit alors: "l'homme qui ne bouge pas" (avec la possiblité de jouer sur le temps du verbe) (voir fiche 4 recherche 1) - soit en situation de réécriture: le scripteur s'aperçoit qu'il peut réunir deux phrases qui ont un nom (il peut être repris sous forme d' un pronom) en commun. (voir fiche 4 recherche 2) En 6ème, on envisage le genre d'information qu'elle permet d'apporter: "ajouter une phrase pour caractériser le nom" ou l'intérêt que présente l'emploi du pronom pour la cohérence d'un énoncé (possibilité de lever des ambiguïté). Si on réserve l'exigence d'une plus grande maîtrise à partir de la 5ème, on pourra se limiter à commenter les relatives rencontrées, 3 4 P Charaudeau ch sur "L'actualisation et l'article" idem essentiellement en "qui, que et où". L'étude des autres pronoms, qui ne sont que très rarement employés par des élèves de 6éme, peut être reportée aux années suivantes. Le texte est un montage de fragments d'écrits d'élèves. Il ya des pronoms, pour, comme on fait dire aux élèves, « éviter les répétitions » des G.N., ce qu’ils réussissent à faire en utilisant ce procédé de reprise (ou des synonymes). L'objectif est donc de leur faire comprendre - et utiliser- une autre solution et qu'ils deviennent capable de percevoir les éléments qui la rendent possible en relisant un "brouillon". Le mot "phrase" est pris ici au sens de "phrase grammaticale": "elles se renversaient" est bien une"phrase", sans majuscule, on peut l'appeler proposition. " Ils firent une incursion à la fête où ils s'amusèrent beaucoup. Olivier s'intéressait surtout aux grosses voitures qui se renversaient. Loulou qui aimait avoir peur préférait les jeux dangereux. Il était très habile au tir à la carabine qu'il aimait beaucoup . Il gagnait aussi des tortues, des poissons qu'il bousculaient dans tous les sens. Les stands [que les enfants admiraient beaucoup] étaient garnis de peluches multicolores [que les enfants admiraient beaucoup]. remarques à faire: 1ère phrase le non-cumul de "où" et "y" qui représentent tous deux " à la fête" 3ème phrase, on peut choisir entre " Loulou qui aimait avoir peur" ou " Loulou qui préférait les jeux dangereux",syntaxiquement, les deux sont possibles mais quelle caractérisation est préférable? 4ème phrase: "ça" est un pronom. "que" remplace un complément du verbe sans préposition. Il y a uneautre solution si on efface le verbe "être": Très habile au tir à la carabine, il aimait beaucoup ça. (permet d'éviter la construction répétitive: "il ...il ...il") 5ème phrase: ambiguïté de "les": soit "les tortues", soit "les poissons", soit les deux. C'est peut être plus logique de parler de "bousculer" des tortues que des poissons, dans ce cas l'emploi du relatif permet de le montrer. 6ème phrase: "les" peut représenter "les stands" ou "les peluches", il y a donc deux solutions. Il est important de montrer que le sens est toujours lié à des choix d'écriture. On observe la place de la proposition relative et la possibilité de lever des ambiguïtés. .... en comparant les deux textes: On observe que les pronoms relatifs remplacent d’autres pronoms, comme leur nom l'indique (ou des G.N.). Ils permettent de caractériser un nom à l'aide de tout un énoncé complet, d'une information qui pourrait aussi être exprimée par une "phrase" (rappel de ce qui a été dit dans la recherche 1). Utiliser un pronom relatif permet donc d'unir une "phrase" à un nom, "constituant ainsi une nouvelle classe" qui peut servir dans la construction d'une autre phrase "5 (image des poupées russes). La relative est donc rattachée à celui des deux noms qui reste (antécédent). Lorsqu'on se relit et qu'on trouve deux phrases ayant un nom en commun, on peut être amené à déplacer l'une des phrases pour la rattacher au nom; on peut ainsi améliorer la construction et la clarté du texte. Exemples de " qui aimait avoir peur" et [que les enfants admiraient beaucoup] si on la rattache à "stands" 5 idem