Télécharger (doc - 608 ko)

publicité
UNIVERSITE JOSEPH FOURIER
FACULTE DE MEDECINE DE GRENOBLE
Année : 2006
N° :
UTILISATION DES APPAREILS D’AUTOMESURE
TENSIONNELLE EN GUADELOUPE EN 2005 :
ENQUETE PRETRAHGUAD
THESE
PRESENTEE POUR L’OBTENTION DU DOCTORAT EN MEDECINE
DIPLÔME D’ETAT
Ben WUYTS
Née le 26 janvier 1977 à Sint-Truiden (Belgique)
Thèse présentée et soutenue publiquement à la Faculté des Antilles et de la Guyane à
Pointe-à-Pitre le 27 octobre 2006
DEVANT LE JURY COMPOSE DE
Président de Jury : Monsieur le Professeur Eustase JANKY
Membres :
Monsieur le Professeur François STEPHAN
Monsieur le Professeur Christian HIESSE
Monsieur le Docteur André ATALLAH
REMERCIEMENTS
Je remercie celles et ceux qui m’ont permis de réaliser ce travail et de le présenter :
Le docteur André ATALLAH, chef du service de cardiologie du Centre Hospitalier de
la Basse-Terre, qui m’a proposé ce sujet de thèse a accepté de le diriger, en me confiant ses
documents, et en m’accordant de son temps.
Monsieur le Professeur Eustase JANKY, chef du service de gynécologie-obstétrique
du CHU de Pointe-à-Pître, qui me fait l’honneur de présider le jury de cette thèse.
Monsieur le Professeur François STEPHAN, chef du département d’anesthésieréanimation du CHU de Pointe-à-Pitre et Monsieur le Professeur Christian HIESSE, chef de
service de néphrologie du CHU de Pointe-à-Pître qui ont accepté d’évaluer mon travail et de
faire partie du jury.
Les médecins du service de cardiologie de l’hôpital de Basse-Terre, Dr Narcisse
MOUSSINGA, Dr Joël SAMUEL, Dr Pamphyle MBOU, Dr Franck BOTEKO pour tout ce
qu’ils m’ont apporté en travaillant à leurs côtés.
L’équipe de soignants du centre de rééducation cardiaque de l’hôpital de Basse-Terre,
avec une attention particulière à Bernadette LEDAIN, infirmière, Anne-Sophie MASTON,
kinésithérapeute et Pascal BUCHER, diététicien, avec qui j’ai pris plaisir à travailler.
Je remercie tout particulièrement :
Mes parents qui m’ont toujours soutenu à tous niveaux, dans mon cursus scolaire
comme dans la vie.
Mes sœurs, Eef, Kim et Chintana pour notre complicité, qu’elle dure toujours !
Mes grands-parents qui ont toujours été présents.
Ma femme Audrey pour son attention, sa disponibilité et son amour.
Jean-Luc Fouilleul pour m’avoir confié sa fille.
Mes potes de promo, Kiko, Eric et Nenex qui comme moi ne partaient pas gagnants !
Les copines et copains de la Feuillette pour les très bons moments passés ensemble et
ceux à venir.
ABREVIATIONS UTILISEES
AC/FA : Arythmie Complète par Fibrillation Auriculaire
Afssaps : Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé
AHA : American Heart Association
AIT : Accident Ischémique Transitoire
ALD : Affection Longue Durée
AMT : AutoMesure Tensionnelle
ANAES : Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en santé
ARA 2 : Antagonistes des Récepteurs de l’Angiotensine 2
ARH : Agence Régionale d’Hospitalisation
ASPEG : Association de Santé Publique et d’Epidémiologie de la Guadeloupe
AVC : Accident Vasculaire Cérébral
BHS : British Hypertension Society
CATI : Computer Assisted Telephone Interview
CFLHTA : Comité Français de Lutte contre l’HTA
CGSS : Caisse Générale de la Sécurité Sociale
CME : commission Médicale d’Etablissement
CNIL : Commission Nationale Informatique et Libertés
CPS : Carte Professionnelle de Santé
DAS : Direction de l’Action de Sociale
DASD : Direction de l’Action de Solidarité Départementale
DFG : débit de Filtration Glomérulaire
DGS : Direction Générale de la Santé
DH : Direction Hospitalière
DIRMI : Délégation Interministérielle au Revenu Minimum d’Insertion
DMP : Dossier Médical Partagé
DMPI : Dossier Médical Partagé Informatisé
DRDR : Dotation Régionale Des Réseaux
DSDS : Direction de la Santé et du Développement Social
DSS : Direction de la Sécurité Sociale
ECG : ElectroCardioGramme
ESC : Société Européenne de Cardiologie
ESH : Société Européenne d’Hypertension artérielle
FAQSV : Fonds d’Aide à la Qualité des Soins de Ville
FMC : Formation Médical Continue
HAS : Haute Autorité de Santé
HTA : HyperTension Artérielle
HVG : Hypertrophie Ventriculaire Gauche
ICM : Index Comparatif de Mortalité
IDM : Infarctus Du Myocarde
IEC : Inhibiteurs de l’Enzyme de Conversion
IMC : Indice de Masse Corporelle
IMVG : Index de Masse Ventriculaire Gauche
INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale
IRCT : Insuffisance Rénale Chronique Terminale
IRM : Imagerie par Résonance Magnétique
ISH : Société Internationale d’Hypertension
JNC : Joint National Committee
MAPA : Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle
MONICA : MONItor trends and determinants of CArdiovascular disease
OMS : Organisation Mondial de la Santé
ORS : Observatoire Régional de la Santé
PA : Pression Artérielle
PAD : Pression Artérielle Diastolique
PAS : Pression Artérielle Systolique
PES : Programme d’Education en Santé
PP : Pression Pulsée
PRETRAHGUAD : PREvalence et TRAitement de l’Hypertension artérielle en GUAdeloupe
PRS : Programme Régional de Santé
REGUAPIC : REseau GUAdeloupéen de Prise en charge de l’Insuffisance Cardiaque
RMI : Revenu Minimum d’Insertion
RPC : Recommandations pour la Pratique Clinique
SHEAF : Self-Measurement of Blood Pressure at Home in the Elderly : Assessment and
Follow-up
SMAGF : Société Médicale des Antilles et de la Guyane Française
SROSS : Schéma Régional d’Organisation Sanitaire et Social
TDM : TomoDensitoMétrie
UHG : Union Hospitalière de la Guadeloupe
URMLG : Union Régionale de Médecins Libéraux de la Guadeloupe
UTIP : Union Technique Inter Pharmaceutique
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS…………………………………………………………………………...1
ABREVIATIONS UTILISEES .................................................................................................. 3
INTRODUCTION……………………………………………………………………………..8
RAPPEL DE L’INTERET DE L’AUTOMESURE DANS LA PRISE EN CHARGE DE
I.
L’HYPERTENSION ARTERIELLE ....................................................................................... 10
Rappel sur l’hypertension artérielle ............................................................................. 10
A.
1.
Epidémiologie .......................................................................................................... 10
2.
Définition de l’HTA et classification ....................................................................... 11
3.
Evaluation du patient hypertendu ............................................................................. 15
B.
a)
Bilan initial ........................................................................................................... 16
b)
Les facteurs de risque cardiovasculaire ............................................................... 17
c)
Recherche d’un retentissement sur les organes cibles ......................................... 18
d)
Estimation du risque cardiovasculaire individuel ................................................ 20
e)
Recherche d’une HTA secondaire........................................................................ 22
Diagnostic : mesure de la PA ....................................................................................... 23
1.
Les Techniques de mesure ....................................................................................... 23
a)
Au cabinet médical ............................................................................................... 23
b)
Méthodes ambulatoires ........................................................................................ 27
(1)
Automesure tensionnelle (AMT) ................................................................. 27
(a) Définition…………………………………………………………………26
(b) Education…………………………………………………………………27
(c) Intérêts et avantages………………………………………………………29
(d) Liste des appareils validés………………………………………………..34
(e) Les limites d'utilisation…………………………………………………...40
(2)
Mesure ambulatoire de la PA sur 24 h (MAPA) .......................................... 42
(a) Définition…………………………………………………………………41
(b) Indications et avantages…………………………………………………..43
(c) Les limites d'utilisation…………………………………………………...44
L’HYPERTENSION ARTERIELLE EN GUADELOUPE ............................................ 47
II.
Les particularités de la Guadeloupe face à l’HTA ....................................................... 47
A.
1.
Une forte prévalence de l’HTA ................................................................................ 47
2.
L’association des facteurs de risque cardio-vasculaire. ........................................... 52
B.
a)
Le diabète ............................................................................................................. 52
b)
L’obésité ............................................................................................................... 54
c)
La sédentarité ....................................................................................................... 54
d)
La consommation d’alcool ................................................................................... 54
e)
La dyslipidémie .................................................................................................... 54
f)
Syndrome métabolique ......................................................................................... 55
g)
La précarité ........................................................................................................... 55
Mise en place du réseau HTA-GWAD (35) ................................................................. 57
1.
Initiation du projet, statuts de l’association .............................................................. 57
2.
Objectifs ................................................................................................................... 60
3.
4 groupes de travail .................................................................................................. 64
a)
Le groupe Education et Prévention ...................................................................... 64
b)
Le groupe Réseau-Filière ..................................................................................... 66
(1)
La revue « HTA-GWAD-INFO ». ............................................................... 66
(2)
Le Site web « htagwad.com » ...................................................................... 67
(3)
Le dossier médical partagé informatisé (DMPI) .......................................... 67
4.
III.
c)
Le groupe Formation Médicale Continue ............................................................ 70
d)
Le groupe Epidémiologie et Recherche ............................................................... 70
Le financement ......................................................................................................... 71
Enquête PRETRAHGUAD .......................................................................................... 72
A.
Introduction .................................................................................................................. 72
B.
Les Objectifs ................................................................................................................ 74
C.
METHODOLOGIE ...................................................................................................... 74
D.
Résultats ....................................................................................................................... 77
1.
Prévalence des hypertendus traités ........................................................................... 77
2.
Utilisation des traitements médicamenteux chez les hypertendus traités................. 78
3.
Mise en application des traitements non médicamenteux chez des hypertendus
traités ................................................................................................................................ 83
E.
4.
Nombre d’appareils électroniques de mesure de pression artérielle ........................ 84
5.
Utilisation des appareils électroniques de mesure de pression artérielle ................. 85
6.
Facteurs de risque associés. ...................................................................................... 86
7.
Rôle du médecin dans l’utilisation des appareils d’AMT ........................................ 86
DISCUSSION .............................................................................................................. 87
CONCLUSION.………………………………………………………………………………91
TABLE DES ILLUSTRATIONS…………………………………………………………….92
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………9
INTRODUCTION
Le rôle majeur de l’hypertension artérielle dans le développement des pathologies
cardiovasculaires a motivé ces dernières années de nombreuses études portant sur la
prévention et le traitement de cette maladie, mais également sur les différentes techniques de
mesure. Ainsi, la méthode de l’automesure tensionnelle à domicile montre une faisabilité
excellente, mais surtout la meilleure fiabilité pronostique dans le suivi des hypertendus traités.
La forte prévalence de l’hypertension artérielle sur l’archipel guadeloupéen en fait
une des priorités régionales de santé. L’opinion publique est sensibilisée par la diffusion de
compagnes à grande échelle. L’utilisation d’un système organisé en réseau permet une prise
en charge globale de l’hypertension artérielle à travers une nécessaire graduation et continuité
des soins. Malgré tous les efforts réalisés dans la lutte contre l’hypertension artérielle, la
place de l’automesure tensionnelle à domicile reste mal connue.
L’objet de ce travail de thèse est d’estimer le nombre des appareils d’automesure
tensionnelle possédés en Guadeloupe en d’en connaître l’utilisation. Dans un second temps,
nous pourrons comparer les données recueillies en Guadeloupe à celle de la France
métropolitaine.
I. RAPPEL DE L’INTERET DE L’AUTOMESURE DANS LA
PRISE EN CHARGE DE L’HYPERTENSION ARTERIELLE
A. Rappel sur l’hypertension artérielle
1. Epidémiologie
Touchant selon les estimations entre 700 millions et un milliard d’individus dans le monde
(un adulte de moins de 60 ans sur 5 serait hypertendu, et plus de 40% au-delà de 60 ans), on
considère que l’hypertension artérielle (HTA) est le 3ème facteur de risque contribuant à la
mortalité internationale, après la malnutrition et le tabagisme.
En France, l’HTA touche selon le Haut Comité de Santé Publique (HCSP 2002) de 6,5 à 7,4
millions de patients et génère la prescription de médicaments antihypertenseurs pour un coût
équivalent à 4 milliards d’euros par an. Une consultation sur cinq serait en rapport avec la
prise en charge de l’HTA en médecine ambulatoire (1).
Les données du groupe technique national de définition des objectifs de santé (GTNDO) (2)
indiquent que les maladies cardiovasculaires sont les premières causes de décès en France
(281.3 pour 100 000 habitants en 1999). L’un des facteurs de risque majeur de ces maladies
cardiovasculaires reste l’HTA qui serait à l’origine de 72 000 décès par an avec 7,5 millions
d’adultes français traités par des médicaments antihypertenseurs (3).
La prévalence de l’HTA chez l’adulte augmente avec l’âge, le sexe et avec la corpulence du
sujet ; cependant pour un même âge et une même corpulence, cette prévalence est différente
selon les pays : par exemple chez des sujets de 35 à 64 ans, elle est de 27.8% aux Etats-Unis,
55.3% en Allemagne, 37.7% en Italie, 46.8% en Espagne (4). L’HTA en France est présente
chez 21% des hommes et 19% des femmes (1995-1997) : soit 8.4% entre 40 et 49 ans, 20.4%
entre 50 et 59 ans, 35.3% entre 60 et 70 ans et 40-50% après 70 ans (5) selon l’étude
MONICA (6) portant sur des échantillons représentatifs de la population générale (environ
1 200 sujets par échantillon).
Depuis la publication des recommandations pour la pratique clinique (RPC) de l’ Agence
Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en santé (ANAES) sur le thème de l’HTA en 2000
(7), des études réalisées en France suggèrent que la prévalence de l’HTA serait plutôt en
augmentation, qu’elle serait associée à d’autres facteurs de risque cardiovasculaires et que le
contrôle tensionnel serait souvent insuffisant, surtout chez les patients à haut risque
cardiovasculaire (patients diabétiques hypertendus par exemple).
2. Définition de l’HTA et classification
La pression artérielle (PA) d’un être humain, que l’on estime selon diverses techniques sur
lesquelles nous reviendrons, et dont l’unité de mesure est le millimètre de mercure (mmHg),
correspond à la pression exercée par le flux sanguin sur la paroi artérielle. On note à chaque
fois deux valeurs, qui correspondent respectivement aux niveaux de pression artérielle
systolique (PAS) et diastolique (PAD). La différence entre ces deux chiffres est appelée
« pression pulsée ». Il est bien établi aujourd’hui que le niveau de pression artérielle d’un
individu (pression artérielle systolique et/ou diastolique et, surtout après 55 ans, pression
pulsée), est corrélé positivement au risque de survenue de maladies cardiovasculaires, et
particulièrement (par ordre de fréquence des complications) : maladie coronaire, accidents
vasculaires cérébraux, insuffisance cardiaque et insuffisance rénale chronique. Cette
corrélation est continue, sans seuil identifiable au-delà duquel un risque cardio-vasculaire lié à
la pression artérielle apparaîtrait. L’HTA peut être considérée comme un facteur de risque
cardiovasculaire, mais aussi comme le témoin d’une maladie.
Le seuil établi de façon arbitraire au-delà duquel on parlera d’ « hypertension artérielle »
pour un individu donné n’est pas facile à déterminer mais nécessaire puisque les praticiens
ont besoin d’une cible « opérationnelle » permettant de guider la prise en charge.
Il est donc nécessaire de conserver une définition de l’HTA et une définition de celle-ci en
fonction de sa sévérité, de son retentissement viscéral et des comorbidités du patient, même si
l’on doit garder à l’esprit la nature continue de la relation entre PA et risque cardiovasculaire.
Les experts européens de la Société européenne d’hypertension (ESH) et de la Société
européenne de cardiologie (ESC)
adoptent dans leurs dernières recommandations
européennes pour la prise en charge de l’HTA publiées en juin 2003 (8) la classification
reproduite dans le tableau 1 :
Catégorie
Systolique
(mmHg)
Diastolique
(mmHg)
Optimale
< 120
< 80
Normale
120 - 129
80 - 84
Normale haute
130 - 139
85 - 89
Grade 1 (HTA légère)
140 - 159
90 - 99
Grade 2 (HTA modérée)
160 - 179
100 - 109
Grade 3 (HTA sévère)
≥ 180
≥ 110
HTA systolique isolée
≥ 140
< 90
Tableau 1 : Définitions et classification des niveaux de pression artérielle (mmHg),
selon les recommandations de l’ESH et de l’ESC de 2003.
A noter que les recommandations américaines (9) ont introduit la notion de pré-hypertension
(voir tableau 2 ci-dessous) dans le but de réduire l’apparition de l’HTA par la généralisation
de mesures hygiéno-diététiques dans la population générale pré-hypertendue. Il n’est
cependant pas démontré que ces mesures aient un effet positif sur le risque d’HTA et plus
généralement aient un effet favorable en termes de santé publique.
Catégorie
Systolique
(mmHg)
Diastolique
(mmHg)
PA normale
< 120
< 80
Pré-hypertension
120 - 139
80 - 89
HTA stade 1
140 - 159
90 - 99
HTA stade 2
≥ 160
≥ 100
Tableau 2 : Définitions et classification des niveaux de pression artérielle (mmHg), selon les
recommandations américaines de 2003 (JNC VII).
Enfin, les recommandations françaises pour la pratique clinique de l’Anaes en 2000 (7), qui
n’ont d’ailleurs pas été modifiées dans la version actualisée de 2005 (10), simplifient la
classification en définissant simplement un seuil à partir duquel le diagnostic d’hypertension
artérielle est posé, puis en individualisant 3 grades d’HTA : voir tableau 3.
Catégorie
Systolique
(mmHg)
Diastolique
(mmHg)
HTA
> 140
> 90
HTA grade 1
140 – 159
90 – 99
HTA grade 2
160 – 179
100 – 109
HTA grade 3
> 180
> 110
Tableau 3 : Définitions et classification des niveaux de pression artérielle (mmHg), selon les
recommandations françaises de l’Anaes (2005).
3. Evaluation du patient hypertendu
L’évaluation du patient hypertendu a pour objectifs :
-
l’identification des facteurs de risque cardiovasculaire associés afin d’estimer le risque
cardiovasculaire global dont dépend la prise en charge médicale.
-
la recherche d’atteinte d’organes cibles.
-
Ne pas méconnaître une cause d’HTA secondaire.
a) Bilan initial
Les examens complémentaires recommandés en France (10) dans le cadre du bilan initial
sont :
-
prélèvements sanguins à jeun :
o kaliémie sans garrot
o
créatininémie et estimation de la fonction rénale par le calcul du débit de
filtration glomérulaire (DFG)
(formule de Cockroft et Gault (ml/min) : DFG = [(140 – âge) x poids/créatininémie] x K
avec âge en années, poids en kg, créatininémie en µmol/l, et K=1,23 pour les hommes et 1,04
pour les femmes ).
o Glycémie
o
Cholestérolémie totale, HDL-cholestérol, triglycérides et calcul du LDLcholestérol
(formule de Friedewald : si la triglycéridémie est inférieure à 4 g/l (4,6 mmol/l) :
LDL (g/l) = cholestérol total (g/l) – HDL (g/l) – triglycérides/5 (g/l) ).
-
Recherche de protéinurie et d’hématurie par bandelette urinaire et quantification en
cas de positivité.
-
Electrocardiogramme (ECG) de repos.
b) Les facteurs de risque cardiovasculaire utilisés
sont (10) :
-
âge > 45 ans chez l’homme et 55 ans chez la femme
-
Antécédents familiaux d’accident cardio-vasculaire précoce :
o
Infarctus du myocarde (IDM) ou mort subite avant 55 ans chez le père ou
chez un parent du premier degré de sexe masculin.
o
IDM ou mort subite avant 65 ans chez la mère ou chez un parent du premier
degré de sexe féminin.
o
Accident vasculaire cérébral (AVC) précoce (< 45 ans).
-
Tabagisme (actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans).
-
Dyslipidémie :
o
HDL cholestérol ≤ 0.40 g/l (1 mmol/l)
o
LDL cholestérol ≥ 1.6 g/l (4,1 mmol/l)
-
Diabète (traité ou non).
-
Consommation excessive d’alcool.
-
Sédentarité (absence d’activité physique régulière, soit environ 30 min 3 fois par
semaine)
-
Obésité (IMC > 30 kg/m2) ou obésité abdominale (périmètre abdominal > 102 cm
chez l’homme et 88 cm chez la femme).
c) Recherche d’un retentissement sur les organes cibles
(10)
-
L’hypertrophie ventriculaire gauche (HVG) est considérée comme un marqueur de
risque cardiovasculaire à part entière.
Sa recherche fait appel à l’ECG à titre
systématique chez l’hypertendu avec utilisation de l’indice de Sokolow (SV1 + RV5
> 35 mm si âge > 35 ans, ou > 45 mm si âge < 35 ans) et/ou l’indice de Cornell
(RaVL + SV3 > 28mm chez l’homme, ou > 20 mm chez la femme).
L’utilisation de l’échocardiographie standard est indiquée dans certains cas définis :
o HTA avec anomalies à l’ECG : signes d’HVG, troubles de la repolarisation,
bloc de branche gauche.
o enfants, adolescents et sportifs hypertendus.
o adultes avec HTA d’effort.
o Patients hypertendus symptomatiques : douleur thoracique, dyspnée d’effort
etc.
-
Une atteinte rénale sera déterminée par :
o La créatininémie et le calcul du débit de filtration glomérulaire (formule de
Cockroft) permettent d’avoir une évaluation de la fonction rénale.
o La microalbuminurie : 30 à 300 mg/j ou 20 à 200 mg/l apparaît plus
précocement que la dégradation de la fonction rénale chez l’hypertendu. Elle
est considérée comme un marqueur de retentissement organique de l’HTA,
mais elle peut exister chez le sujet normotendu. Sa recherche n’est pas
recommandée de façon systématique, mais peut se justifier, chez le patient
hypertendu à risque faible ou modéré, afin de préciser le niveau de risque
cardiovasculaire.
o La protéinurie (ou la macroalbuminurie > 300 mg/24 h) peut être la
conséquence d’une HTA sévère, mais peut également témoigner de l’existence
d’une maladie rénale.
-
Une atteinte vasculaire (artériopathie des membres inférieurs, aorto-iliaque et
carotidienne essentiellement) peut être évaluée par :
o écho-doppler, qui permet notamment l’identification des plaques carotidiennes
et la mesure de l’épaisseur intima-média carotidienne.
o La pression pulsée (PP) (différence entre la PAS et la PAD) dont
l’augmentation est corrélée au risque cardiovasculaire, sans qu’une valeur seuil
évidente n’ait été déterminée (la valeur seuil de 65 mmHg a néanmoins été
proposée).
o la mesure de la vitesse de l’onde de pouls permet une évaluation plus fine de la
rigidité artérielle.
A noter que ces examens ne sont pas recommandés de façon systématique.
-
Une atteinte oculaire recherchée par fond d’œil, mais avec un intérêt réel que lorsqu’il
existe des signes d’orientation, notamment la baisse de l’acuité visuelle.
-
Une atteinte cérébrale : accident ischémique transitoire (AIT), accident vasculaire
cérébral, déclin cognitif ou démence montrent des signes à l’imagerie TDM et IRM,
imagerie qui n’a cependant pas sa place en routine.
-
Une insuffisance coronarienne si la clinique est évocatrice.
d) Estimation du risque cardiovasculaire individuel
Au terme de cette analyse, on détermine si le patient présente un niveau de risque
cardiovasculaire faible, moyen ou élevé en prenant en compte :

les facteurs de risque cardiovasculaire précédemment cités

l’atteinte des organes cibles (HVG et microalbuminurie)

et les maladies cardiovasculaires et rénales regroupant :
o insuffisance rénale (DFG < 60 ml/min) ou protéinurie > 500 mg / j
o AIT et AVC
o Insuffisance coronarienne
o Artériopathie des membres inférieurs et aorto-iliaque
HTA grade 1
HTA grade 2
HTA grade 3
PA (mmHg) :
140–159 / 90-99
PA (mmHg) :
160-179 / 100-109
PA (mmHg):
≥ 180 / 110
Aucun facteur de
risque associé
Risque faible
Risque moyen
Risque élevé
1 à 2 facteurs de
risque associés
Risque moyen
Risque moyen
Risque élevé
Risque élevé
Risque élevé
Risque élevé
Risque élevé
Risque élevé
Risque élevé
≥ 3 facteurs de risque
associés et/ou Atteinte
des organes cibles
et/ou Diabète
Maladie
cardio-vasculaire
Tableau 4 : Détermination du facteur de risque cardiovasculaire global en fonction du grade
d’HTA, des facteurs de risque associés, de l’atteinte des organes cibles et des maladies
cardiovasculaires (10).
La prise en charge du patient doit tenir compte de ce risque cardiovasculaire individuel.
Les objectifs tensionnels à atteindre sont selon les recommandations internationales (10) :
-
chez les patients diabétiques et insuffisants rénaux : PA < 130 / 80 mmHg
-
chez les patients insuffisants rénaux avec une protéinurie > 1 g/24 h :
PA < 125 / 75 mmHg
-
chez les autres hypertendus : PA < 140 / 90 mmHg.
e) Recherche d’une HTA secondaire
La recherche d’une HTA secondaire par des tests biologiques spécifiques ou d’imagerie n’est
envisagée que :
-
si l’interrogatoire, l’examen clinique ou les examens systématiques recommandés ont
fourni une orientation étiologique qu’il faut alors confirmer,
-
ou en cas d’hypertension chez le patient jeune (< 30 ans),
-
ou d’HTA sévère d’emblée (≥ 180/110), ou s’aggravant rapidement, ou en cas d’HTA
résistante.
Les principales causes d’HTA secondaire sont :
-
alcool
-
HTA iatrogène (AINS, contraception oestro-progestative, corticoïdes, ciclosporine,
tacrolimus, vasoconstricteurs nasaux, etc.)
-
maladies rénales, insuffisance rénale
-
sténose de l’artère rénale
-
syndrome d’apnée du sommeil
-
hyperaldostéronisme primaire
-
phéochromocytome
-
HTA toxique (réglisse, ectasy, amphétamines, cocaïne)
-
coarctation de l’aorte (passée inaperçue dans l’enfance).
B. Diagnostic : mesure de la PA
Poser chez une personne un diagnostic d’hypertension artérielle justifie d’une surveillance
médicale accrue, de la réalisation d’examens complémentaires, et le plus souvent, à terme, de
l’instauration d’un traitement à vie. Il importe donc en premier lieu d’utiliser une méthode de
mesure validée.
La seule technique permettant d’établir de manière exacte la valeur de PA d’un individu est sa
mesure directe par l’intermédiaire d’un cathéter endovasculaire. Ceci n’étant évidemment pas
réalisable dans des conditions de pratique courante, différentes méthodes peuvent être
utilisées :
1. Les Techniques de mesure
a) Au cabinet médical
Les appareils à mercure sont considérés comme la référence pour la mesure de la PA. On
évalue indirectement le niveau des PA (systolique et diastolique) d’une personne par la
mesure des pressions qu’un brassard relié à un manomètre à mercure doit exercer,
classiquement sur le bras, pour interrompre respectivement le flux et les turbulences dans
l’artère humérale.
Cependant, ces appareils sont amenés à disparaître progressivement pour des raisons
écologiques (toxicité du mercure). Ils sont remplacés par les appareils anéroïdes de bonne
fiabilité, mais qui perdent en précision au fil de l’utilisation.
Mais ce sont surtout les appareils de mesure de PA semi-automatiques qui sont maintenant les
plus utilisés dans les hôpitaux comme en médecine de ville. Ils ont comme avantage la
simplicité d’utilisation qui favorise la répétition des mesures, la diminution des erreurs de
mesure par rapport à la méthode manuelle en éliminant le biais de l’examinateur.
Enfin, tous les types d’appareils cités précédemment nécessitent un entretien régulier avec
éventuel recalibrage qui n’est en réalité que très rarement effectué.
Les conditions et la technique de mesure (10) ont été validées et reproduites dans les
différents guides de bonnes pratique (JNC, OMS/ISH, ANAES, ESH/ESC).
De nombreux paramètres peuvent influencer la PA d’un individu (variations nycthémérales,
réponse au stress ou à l’émotion, exposition au froid ou à l’alcool, etc.), c’est pourquoi l’on
recommande, pour poser le diagnostic d’HTA, la réalisation, chez un patient assis ou couché
au calme depuis au moins dix minutes, de trois mesures espacées de plusieurs minutes ; le
renouvellement des mesures sur au moins trois consultations en tout, espacées sur une période
de deux à trois mois ; la moyenne des valeurs obtenues donnant le niveau de pression
artérielle du patient.
Le respect de ces conditions de mesure de la PA limite les erreurs par excès.
En effet, au cours d’une consultation médicale, l’émotivité ou l’angoisse des patients est très
fréquemment à l’origine d’un éréthisme cardiaque occasionnant une HTA transitoire
accompagnée d’une augmentation de la fréquence cardiaque. La répétition de la mesure de la
PA au cours de la consultation montre le plus souvent une normalisation de ces paramètres.
Ce n’est pas le cas des patients qui présentent le syndrome « d’HTA blouse blanche ».
Il
s’agit chez eux d’une PA élevée au cabinet médical, alors qu’elle est normale au cours de la
journée ou sur les 24 heures, hors environnement médical. Ce phénomène peut perdurer au
cours du temps, malgré la répétition des mesures. La prévalence de « l’HTA blouse blanche »
serait de l’ordre de 10 à 15 % des patients (11) (12).
La pression artérielle doit être mesurée aux 2 bras lors de la première consultation, car des
différences significatives peuvent exister entre ces deux mesures. La recherche d’anomalies
vasculaires est indiquée si la différence entre les 2 bras est supérieure à 20 mmHg pour la
systolique et/ou supérieure à 10 mmHg pour la diastolique lors de 3 mesures consécutives.
Les mesures ultérieures devront être faites sur le bras où la valeur tensionnelle la plus élevée a
été retrouvée s’il existe une différence de PA entre les 2 bras.
La recherche d’une hypotension orthostatique est préconisée de matière systématique,
notamment chez les patients à risque d’hypotension (diabétiques, sujets âgés même en
l’absence de dysautonomie connue ou de diabète), qu’ils reçoivent ou non un traitement
antihypertenseur.
Il faut utiliser un appareil validé avec un brassard placé au niveau du cœur et qui doit être
impérativement adapté à la taille du bras. L’utilisation d’un brassard trop serré peut conduire à
une surestimation de la PA et un brassard trop large à une sous-estimation de la PA.
Ainsi, la British Hypertension Society (BHS) (13) recommande :
-
Brassard standard : 12 x 26 cm
-
Brassard large : 12 x 40 cm pour les patients obèses
-
Brassard pédiatrique : 12 x 18 cm pour les enfants et les adultes maigres.
L’American Heart Association (14) recommande quant à elle :
-
Petit brassard d’adulte : 10 x 24 cm pour une circonférence de bras de 22-26 cm
-
Brassard d’adulte : 13 x 30 cm pour une circonférence de bras de 27-34 cm
-
Brassard d’adulte large : 16 x 36 cm pour une circonférence de bras de 35-44 cm
-
Brassard d’adulte très large : 20 x 42 cm pour une circonférence de bras de 45-52 cm.
Certains appareils de mesure sont équipés d’un brassard ajustable, mais cette méthode n’a pas
été suffisamment évaluée (15).
Les erreurs de mesure de la PA le plus fréquemment observées sont (16) :
-
l’utilisation d’un brassard de dimension inadéquate
-
l’absence de repos suffisant laissé au patient avant la mesure
-
l’absence de gonflage du brassard à un niveau suffisant pour rechercher la PA
maximale.
-
le dégonflage du brassard trop rapide
-
l’absence de mesure aux 2 bras.
Les valeurs seuils retenus au cabinet sont de 140/90 mmHg (et 130/80 mmHg pour les
diabétiques).
b) Méthodes ambulatoires
(1) Automesure tensionnelle (AMT)
(a) Définition
Elle consiste en la mesure consciente et volontaire de la PA par le patient lui-même à
domicile à l’aide d’un appareil d’AMT afin de poser avec certitude le diagnostic d’HTA.
Les modalités de mesure sont précises (17) :
-
utilisation d’un appareil validé
-
faire la mesure en bonne position, c’est-à-dire en position assise, après un repos de 5
minutes, et en maintenant le brassard huméral ou radial selon le modèle utilisé à
hauteur du cœur pendant les mesures successives.
-
Respecter les horaires de mesure :
o Le matin avant la prise des médicaments
o
Le soir, autant que possible à un horaire régulier
o Jamais au milieu de la journée
o Jamais après un malaise ou une émotion
o Attendre une minute entre 2 mesures consécutives
-
« Règle des 3 » (18) : il faut réaliser 3 mesures consécutives le matin et le soir,
pendant 3 jours, en période d’activité habituelle.
-
Les patients doivent restituer correctement les résultats au médecin.
Le seuil de normalité internationalement admis en AMT est de 135 / 85 mmHg.
L’interprétation de chiffres d’AMT demeure un acte médical et l’automédication ou
l’adaptation du traitement antihypertenseur par le patient lui-même doivent être évitées.
(b) Education
Mesurer soi-même sa PA à domicile requiert un minimum de savoir-faire. L’utilisation de
cette technique implique d’enseigner au patient les modalités pratiques de la mesure afin d’en
assurer la qualité.
Il est recommandé pour le praticien de médecine générale d’avoir recours à l’AMT comme
une véritable prescription qui favorise la précision du résultat obtenu et permet de tester
l’observance. Avant tout, il est primordial pour le praticien de maîtriser le contenu de
l’enseignement de la méthode au patient. Il se résume à l’explication des modalités de mesure
citées précédemment.
En outre, il faut enseigner aux patients les objectifs tensionnels (moyenne inférieure à 135/85
mmHg) et bien leur préciser que les valeurs seuils diffèrent au cabinet et à domicile
(140/90mmHg contre 135/85mmHg). Il est important de dialoguer autour des résultats de
mesure avec les patients, d’expliquer la normalité de la variabilité des chiffres obtenus. Il
s’agit également de montrer l’intérêt de l’automesure avec la répétition possible des mesures
de PA avec pour but le calcul de la moyenne des valeurs mesurées.
Souvent les patients ont déjà fait leur propre expérience de l’AMT puisqu’une large
proportion des patients fait l’acquisition d’un tensiomètre sans en parler au médecin. Les
achats de tensiomètres, favorisés par leur promotion commerciale, sont trop souvent
déconnectés du conseil médical alors qu’il est nécessaire de s’assurer de la bonne qualité des
mesures et de la bonne compréhension des chiffres dont l’interprétation revient, in fine, au
médecin traitant.
L’intervention du médecin doit donc permettre de cadrer la pratique des patients. Le
questionnaire suivant qui regroupe les points à vérifier avec le patient peut être utilisé par
exemple :
Critères d’évaluation
Satisfaisant Amélioration
nécessaire
Retrousse sa manche sans comprimer le bras
Position du bras ou du poignet à hauteur du cœur
Ajustement du brassard (position et serrage)
Connaît les horaires de prises dans la journée
(matin et soir)
Connaît les horaires de prise par rapport aux
médicaments (mesure le matin avant la prise du
médicament)
Sait qu’une campagne d’AMT dure au minimum
3 jours
Transmet bien ses résultats au médecin (réponse
en fonction de l’appareil : fiche papier,
imprimante, mémoire, fiche internet, etc.)
Connaît les valeurs normales en AMT :
138/85 mmHg
Si patient obèse, connaît les problèmes de la taille
du brassard.
Tableau 5 : Qualité du geste d’AMT : points à vérifier avec le patient (17).
L’apprentissage de la méthode par un soignant, bien que simple, prend du temps. Des outils
éducatifs, sous forme de brochures, films ou autre peuvent être utilisés, mais doivent être
élaborés selon les données des recommandations de bonnes pratiques cliniques et être testés.
L’internet qui permet la diffusion d’informations fiables et sécurisées constitue un outil
remarquable pour l’éducation à l’AMT (19)(20) : presque un tiers de la population
hypertendue en 2002 était équipée pour consulter le net. La richesse de la documentation
éducative répond aux attentes des patients hypertendus et ne saurait être dispensée sous forme
d’enseignement dans le temps d’une consultation de médecine générale. Il s’agit donc là
d’une aide complémentaire à l’éducation. Ainsi les sites internet www.automesure.com ou
www.comitehta.org (site du comité français de lutte contre l’HTA) délivrent des informations
exhaustives. Ces sites spécialisés permettent également aux patients de restituer leurs résultats
avec un calcul de moyenne facilité.
(c) Intérêts et avantages
Diagnostic de l’ « HTA blouse blanche »
La mesure de la PA est effectuée par le patient lui-même, à son domicile et reflète ainsi
davantage les conditions habituelles que la mesure en cabinet. L’absence d’environnement
médical permet d’éliminer un éventuel effet « blouse blanche ».
La pratique de l’ AMT pour tout patient chez qui l’on observe des chiffres de PA limites ou
supérieurs à la normale en cabinet permet de confirmer le diagnostic d’HTA le cas échéant,
mais aussi souvent de prouver une fausse HTA par effet blouse blanche (21).
L’étude SHEAF (Self-Measurement of Blood Pressure at Home in the Elderly : Assessment
and Follow-up) (22) publiée en 2004 est une étude de grande échelle menée sur 3 ans chez
4939 patients hypertendus traités, avec un âge moyen de 70 ans recrutés et suivis
prospectivement par leur médecin généraliste habituel sans recommandation spécifique
concernant leur prise en charge. L’objectif était d’évaluer la valeur pronostique de la mesure
de la PA au domicile par rapport à la PA de consultation. Le critère de jugement principal
était la mortalité cardiovasculaire. Les critères de jugement secondaires étaient la mortalité
globale et un critère composite comprenant les évènements suivants : décès d’origine
cardiovasculaire, IDM non mortel, AVC non mortel, AIT, hospitalisation pour angor ou
insuffisance cardiaque, angioplastie coronaire transluminale percutanée et pontage
aortocoronarien.
Dans cette étude, la mesure conventionnelle méconnaît 13 % des patients ayant une PA
élevée en consultation et normale à domicile. Cette étude, menée chez des patients traités pour
HTA, confirme donc la prévalence de l’ « effet blouse blanche » déjà évoquée par des études
antérieures menées chez des patients non traités, mais aussi son pronostic favorable. En effet,
ces patients ont un profil qui se rapproche de celui des patients considérés comme ayant une
HTA contrôlée : leurs pronostics cardiovasculaires sont comparables.
Diagnostic de l’ « HTA masquée ».
On regroupe sous l’appellation « HTA masquée » les patients présentant une PA élevée au
domicile alors que leur tension apparaît contrôlée au cabinet médicale.
Les mécanismes de ce phénomène ne sont pas connus.
Cette catégorie de patient ne peut par définition être identifiée que par l’utilisation de l’ AMT
à domicile.
Selon les études disponibles utilisant des méthodes ambulatoires de mesure de la PA et
incluant soit des hypertendus, soit une population générale, ce syndrome est constaté chez 7 à
45 % des sujets étudiés (23).
Dans l’étude SHEAF menée à partir d’une population européenne de patients hypertendus,
traités et suivis par des médecins généralistes, la proportion des sujets atteints d’« HTA
masquée » est de 9%.
On constate dans les études précitées que la fréquence de l’ « HTA masquée » diminue avec
l’âge, ce que corrobore la fréquence plutôt faible constatée dans la population âgée de l’étude
SHEAF. On observe également que les patients ayant une « HTA masquée » sont plus
souvent des femmes et ont une fréquence élevée des facteurs classiques de risque
cardiovasculaire (âge, obésité, hypercholestérolémie, hyperglycémie). Ces patients ont par
ailleurs une plus grande fréquence d’atteinte des organes cibles (index de masse ventriculaire
gauche (IMVG) et présence de plaques carotidiennes).
Enfin et surtout, on note que le pronostic cardiovasculaire de cette catégorie de patients est
péjoratif. En effet, l’incidence des évènements cardiovasculaires des patients dont la PA est
élevée au domicile, mais normale au cabinet médicale est élevée et proche de celle des
patients hypertendus non contrôlés.
Fiabilité pronostique
Les résultats de l’étude SHEAF montre que chaque augmentation de 10 mmHg de la PAS
observée par AMT élèverait le risque de survenue d’un évènement cardiovasculaire de 17,2 et
que chaque élévation de 5 mmHg de la PAD élèverait ce même risque de 11,7. A l’inverse,
pour la mesure de la PA en consultation, pour les mêmes augmentations de PA, aucune
élévation significative du risque de survenue d’un évènement cardiovasculaire n’a été
observée.
De plus, si l’on considère le tableau suivant qui résume les différentes situations de contrôle
de la PA en fonction de la méthode de mesure utilisée, on voit bien que l’utilisation de l’AMT
évite les erreurs diagnostiques de l’ « HTA blouse blanche » et de l’ « HTA masquée » :
Pression Artérielle de consultation
PAS < 135 mmHg
et
PAD < 85 mmHg
PAS < 140 mmHg
Et
PAD < 90 mmHg
PAS  140 mmHg
et
PAD  90 mmHg
HTA CONTROLEE
HTA BLOUSE
BLANCHE
HTA MASQUEE
HTA NON
CONTROLEE
Automesure au
domicile
PAS  135 mmHg
et
PAD  85 mmHg
Tableau 6 : Contrôle de la PA en fonction de la méthode de mesure (étude SHEAF)
Notons que les risque relatifs de survenue d’évènements cardiovasculaires dans l’étude
SHEAF avec pour référence les patients ayant une HTA contrôlée était de :
-
1,96 chez les patients présentant une HTA non contrôlée
-
2,06 chez les patients présentant une « HTA masquée »
-
1,18 chez les patients présentant une HTA contrôlée
L’ensemble de ces données montrent donc non seulement la supériorité de l’AMT sur le plan
diagnostique, mais aussi sur le plan pronostique par rapport à la mesure traditionnelle de la
PA en consultation.
Faisabilité
L’ AMT est appréciée des patients comme le montrent les ventes croissantes d’appareils et les
différentes enquêtes menées auprès des hypertendus (24). En France, la moitié des
hypertendus déclarent avoir mesuré leur PA sans leur médecin, chez le pharmacien ou à
domicile (19). Ceci témoigne du souhait réel des patients de surveiller eux-mêmes leur état de
santé.
Cet engouement pour l’AMT s’explique aussi par la bonne accessibilité et le confort de cette
technique. Elle est la méthode la plus prometteuse car la mieux acceptée par les patients.
L’expérience quotidienne ainsi que de nombreux essais cliniques montrent la facilité et le bon
déroulement pratique de l’AMT, même chez le sujet âgé (25). Les résultats de l’étude
SHEAF montrent que la faisabilité de l’AMT n’est pas influencée par le sexe, ni par l’âge. En
effet, chez les sujets de 60 ans et plus, la faisabilité est excellente puisqu’elle atteint 95 %.
Observance
Il n’est pas
prouvé de manière formelle qu’une bonne pratique de l’AMT améliore
l’observance thérapeutique et le contrôle tensionnel. En revanche, on sait que la possession et
l’utilisation d’un tensiomètre favorise la connaissance des facteurs de risque cardiovasculaire
(26). En effet, outre son intérêt d’analyse du niveau tensionnel ambulatoire, la pratique de
l’AMT est une porte d’entrée à l’éducation vis-à-vis des changements comportementaux
visant à modifier les facteurs de risque cardiovasculaire comprenant la nutrition, le tabagisme,
l’exercice physique et l’observance thérapeutique. Ainsi, l’étendue de ce qui doit être
enseigné lors de l’instauration d’une AMT à domicile peut être élargi et aboutir à un véritable
programme d’éducation thérapeutique cardiovasculaire. A partir de ces éléments, on peut
escompter que l’autosurveillance tensionnelle aide à améliorer l’observance thérapeutique.
Reproductibilité et coût
L’AMT permet de multiplier les mesures de la PA au domicile des patients. Cette
reproductibilité permet de réduire de manière considérable le nombre de consultations
médicales pour surveillance du niveau de PA et de réaliser une économie de santé publique.
Qualité du suivi
Comme nous l’avons vu précédemment, l’AMT permet de poser le diagnostic d’HTA avec
exactitude et certitude. Cette méthode trouve particulièrement sa place dans le suivi de l’HTA
traitée car elle permet d’objectiver la réponse tensionnelle à l’instauration d’un traitement
antihypertenseur. Cette évaluation de l’efficacité d’un traitement est d’autant plus précieuse
dans les situations particulières telles que l’HTA résistante ou dans les cas de variabilité
inhabituelle de la PA.
(d) Liste des appareils validés
Afin d’établir un contrôle du marché des appareils d’AMT, l’Afssaps met régulièrement à
jour sur son site internet (http://afssaps.sante.fr, rubrique Informations générales sur le
contrôle du marché des appareils d’AMT) la liste des appareils validés par un groupe
d’experts selon un protocole d’évaluation clinique (dernière mise à jour : 6 juin 2006).
L’objectif est d’évaluer la validation clinique de la fonction de mesurage de la PA des
modèles commercialisés en France à partir des données fournies par les fabricants.
Il s’agit des appareils d’automesure électromécaniques automatiques non invasifs de la PA
(autotensiomètres) destinés aux sujets de la population générale hypertendue ou normotendue.
Tableau 7 : Liste des autotensiomètres, modèles huméraux (brassard de taille standard)
Fabricant titulaire du marquage CE
Dénomination des modèles
Date de publication
A&D Co Ltd
UA 631
13/04/2006
A&D Co Ltd
UA 704
13/04/2006
A&D Co Ltd
UA 767 BT
06/06/2006
A&D Co Ltd
UA 767 Plus
13/04/2006
A&D Co Ltd
UA 767 Plus 30
13/04/2006
A&D Co Ltd
UA 767 V
13/04/2006
A&D Co Ltd
UA 774
13/04/2006
ARTSANA SPA
BS 150
13/04/2006
ARTSANA SPA
CS 410
13/04/2006
ARTSANA SPA
CSI 610
13/04/2006
BEURER GmbH & Co KG
BM 16
13/04/2006
BEURER GmbH & Co KG
BM 20
13/04/2006
HEALTH & LIFE Co Ltd
HL 888 HA
13/04/2006
I.E.M
Pressio Plus
17/03/2005
IEM GmbH
Stabil-o-Graph
13/04/2006
IEM GmbH
Stabil-o-Graph Mobil
13/04/2006
KJump Health Co. Ltd.
ORGALYS 7500/12120
13/04/2006
MATSUSHITA ELECTRIC WORKS Ltd
Panasonic EW 3106
13/04/2006
MATSUSHITA ELECTRIC WORKS Ltd
Panasonic EW 3122
13/04/2006
Microlife AG
MICROLIFE BP3 AJ1-2
06/06/2006
Microlife AG
MICROLIFE BP3 BTO AP
06/06/2006
Microlife AG
MICROLIFE BP3 BTOA2
06/06/2006
Microlife AG
Microlife BP3BTOH
13/04/2006
Microlife AG
Microlife BPA100
13/04/2006
Microlife AG
Microlife BPA100 Plus
13/04/2006
Microlife AG
Microlife BPA80
13/04/2006
Microlife AG
MICROLIFE RM100
06/06/2006
Microlife Corporation
Colson BP-3BXO-A
23/05/2005
Microlife Corporation
Cooper BP-3BTO-1
23/05/2005
Microlife Corporation
Magnien BP-3BTO-1
23/05/2005
Microlife Corporation
Marque Verte Digitensio BP-3BTO-1
23/05/2005
Microlife Corporation
Microlife BP-3BXO-A
23/05/2005
Omron Healthcare Co Ltd
M3 Intellisense
13/04/2006
Omron Healthcare Co Ltd
M6 Intellisense
13/04/2006
Omron Healthcare Co Ltd
M7 Intellisense
13/04/2006
Omron Healthcare Co., Ltd
M4-I (HEM-752A-E)
25/01/2005
Omron Healthcare Co., Ltd
MX2-Basic (HEM-742-E2)
03/10/2005
Omron Healthcare Co., Ltd
MX3-Plus (HEM-742-E)
03/10/2005
Spengler sas
TB100
16/06/2005
A&D
UA 702
Avant 2004
A&D
UA 767
Avant 2004
A&D
UA 767 PC
Avant 2004
A&D
UA 779
Avant 2004
A&D
UA 787
Avant 2004
Calor
tensio sense bras 400c
Avant 2004
Hartmann
Tensoval Comfort Brassard normal souple
Avant 2004
Hartmann
Tensoval Comfort Brassard préformé
Avant 2004
Microlife
Cooper BP-3BTO-A
Avant 2004
Microlife
Magnien BP-3BTO-A
Avant 2004
Microlife
Marque Verte Digitensio BP-3BTO-A
Avant 2004
Microlife
Microlife BP-2BHO
Avant 2004
Microlife
Microlife BP-3AA1-2
Avant 2004
Microlife
Microlife BP-3AC1-1
Avant 2004
Microlife
Microlife BP-3AG1
Avant 2004
Microlife
Microlife BP-3BAO
Avant 2004
Microlife
Microlife BP-3BTO-1
Avant 2004
Microlife
Microlife BP-3BTO-A
Avant 2004
Microlife
Thuasne BP-3AA1-2
Avant 2004
Microlife
Thuasne BP-3BAO
Avant 2004
Omron
705IT (HEM-759P-E)
Avant 2004
M5-I (HEM-757-E)
Avant 2004
Omron
Tableau 8 : Liste des autotensiomètres modèles radiaux
Fabricant titulaire du marquage CE
Dénomination des modèles
Date de publication
A&D Co Ltd
UB 510
13/04/2006
A&D Co Ltd
UB 511
13/04/2006
A&D Co Ltd
UB 512
13/04/2006
ARTSANA SPA
CS 510
13/04/2006
BEURER GmbH & Co KG
BC 08
13/04/2006
BEURER GmbH & Co KG
BC 16
13/04/2006
BEURER GmbH & Co KG
BC 20 / VC 15
13/04/2006
BRAUN GmbH
SensorControl EasyClick BP 3510
13/04/2006
BRAUN GmbH
SensorControl EasyClick BP 3550
13/04/2006
BRAUN GmbH
SensorControl
Pharmacy
Dupont Medical
Colson C1
13/04/2006
HEALTH & LIFE Co Ltd
AC 100
06/06/2006
HEALTH & LIFE Co Ltd
AC 122
06/06/2006
HEALTH & LIFE Co Ltd
HL 168
21/04/2006
HEALTH & LIFE Co Ltd
HL 168 G
13/04/2006
I.E.M
Pressio
17/03/2005
IEM GmbH
Heart Beat
13/04/2006
EasyClick
BP
3560
13/04/2006
IEM GmbH
Klock
13/04/2006
IEM GmbH
Klock Mobil
13/04/2006
KJump Health Co. Ltd
Autotensio
13/04/2006
KJump Health Co. Ltd.
ORGALYS 7000/12119
13/04/2006
Matsushita Electric Works Ltd
Panasonic EW 3004
13/04/2006
Matsushita Electric Works Ltd
Panasonic EW 3032
13/04/2006
Matsushita Electric Works Ltd
Panasonic EW 3036
13/04/2006
Microlife AG
MICROLIFE BP3 BQ1-3
06/06/2006
Microlife AG
Microlife BP3BL1-3
13/04/2006
Microlife AG
Microlife BP3BU1-5 R
13/04/2006
Microlife AG
Microlife BP3BY1-1
13/04/2006
Microlife AG
Microlife BP3BY1-5
13/04/2006
Microlife AG
Microlife BPW100
13/04/2006
Microlife Corporation
Colson BP-3BY1-3
23/05/2005
Microlife Corporation
Cooper BP-3MA1-3
23/05/2005
Microlife Corporation
Magnien BP-3AX1-5
23/05/2005
Microlife Corporation
Marque Verte Digitensio BP-3BEO-4
23/05/2005
Microlife Corporation
Microlife BP-3AX1-3
23/05/2005
Microlife Corporation
Microlife BP-3AX1-5
23/05/2005
Microlife Corporation
Microlife BP-3BEO-4
23/05/2005
Microlife Corporation
Microlife BP-3BY1-3
23/05/2005
Microlife Corporation
Microlife BP-3MA1-3
23/05/2005
NISSEI
WS500
24/10/2005
NISSEI
WS520
24/10/2005
NISSEI
WS720
24/10/2005
NISSEI
WS940
24/10/2005
Omron Healthcare Co Ltd
R3 Intellisense
13/04/2006
Omron Healthcare Co Ltd
R6
13/04/2006
Omron Healthcare Co Ltd
RX3 Plus
13/04/2006
Omron Healthcare Co Ltd
R7 (HEM-637-E2)
25/01/2005
Omron Healthcare Co Ltd
RX-3 (HEM-640-E)
25/01/2005
Spengler sas
TP200
16/06/2005
THERMOFINA
Tensiomix (KP-6130)
23/04/2005
Thermofina SARL
TENSIOPLUS
13/04/2006
A&D
UB 401
Avant 2004
Beurer
BC 42
Avant 2004
Beurer
VC 12
Avant 2004
Braun
BP 2005
Avant 2004
Braun
BP 2008
Avant 2004
Braun
BP 2510
Avant 2004
Braun
BP 2550
Avant 2004
Braun
BP 2590
Avant 2004
Hartmann
Tensoval Mobil
Avant 2004
Health & Life
HL 148
Avant 2004
K-Jump
KP-6120
Avant 2004
Microlife
AutoProcess BP-3BEO-2
Avant 2004
Microlife
Cooper BP-3BEO-2
Avant 2004
Microlife
Magnien BP-3BEO-2
Avant 2004
Microlife
Marque Verte Digitensio BP-3BEO-2
Avant 2004
Microlife
Microlife BP-3BEO-2
Avant 2004
Microlife
Microlife BP-3BU1-3
Avant 2004
Microlife
Microlife BP-3BU1-5
Avant 2004
Microlife
Thuasne BP-3AF1-3
Avant 2004
Microlife
Thuasne BP-3BU1-3
Avant 2004
Omron
637IT (HEM-637IT-E)
Avant 2004
Omron
R5-I (HEM-630-E)
Avant 2004
Omron
RX-I (HEM-632-E)
Avant 2004
(e) Les limites d’utilisation
L’utilisation de l’AMT est contre-indiquée chez :
-
les patients obèses ou très musclés avec une circonférence de bras supérieure à 33 cm.
-
les enfants.
-
les patients porteurs de troubles de rythme cardiaque : arythmie complète par
fibrillation auriculaire (AC/FA), extrasystoles peuvent être à l’origine de mesures
erronées.
-
les patients présentant des troubles cognitifs, bien qu’il soit parfois possible de
s’appuyer sur leur entourage.
-
Les patients présentant une anxiété marquée vis-à-vis de l’appareil. Ils sont peu
nombreux, les patients étant majoritairement rassurés par l’AMT, mais ne sont pas de
bons candidats à l’automesure.
L’utilisation de l’AMT pendant la grossesse n’a pas suffisamment été étudiée pour être
généralisée. En effet, on sait que les valeurs de PA mesurées à domicile chez la femme
enceinte sont plus faibles que celles mesurées en cabinet médical. De plus, l’AMT offre
plusieurs avantages pour les femmes enceintes qui présentent une HTA limite ou légère.
Plusieurs observations montrent que l’AMT est faisable chez la femme enceinte, est
particulièrement utile chez les patientes qui habitent loin de la clinique et que les appareils
avec télétransmission par téléphone des données peuvent être facilement utilisés. Malgré ces
avantages, il y a peu de données concernant la validation des appareils et les valeurs normales
dans cette population (27).
L’AMT doit donc être utilisée de manière systématique devant des chiffres élevés de PA afin
de poser avec certitude le diagnostic d’HTA avant toute prescription médicamenteuse. De
plus, le suivi des patients traités pour HTA doit inclure l’AMT à domicile puisque c’est la
méthode de mesure préférée par les patients, avec une bonne faisabilité et une supériorité
quant au pronostic cardiovasculaire par rapport aux autres méthodes.
(2) Mesure ambulatoire de la PA sur 24 h (MAPA)
(a) Définition
Il s’agit de la mesure de la PA durant 24 heures à l'aide d'un automate portatif relié à un
brassard qui se déclenche à intervalles réguliers toutes les 15 ou 20 minutes le jour, et toutes
les 30 ou 60 minutes la nuit, avec la possibilité de régler différemment ces intervalles. Cette
programmation est assurée sur l'ordinateur où se trouve le logiciel de gestion, relié à
l'automate par une interface spécialisée. Le résultat des mesures est habituellement masqué
pendant l'enregistrement. Après la pose, qui nécessite une quinzaine de minutes, la personne
est libre de ses activités, et revient en général 24 heures après pour la lecture. Afin de garantir
la bonne qualité des mesures, il est indispensable de respecter certaines règles lors de la
réalisation d’une MAPA : cet examen doit être réalisé chez une personne active, dans les
conditions de son activité quotidienne. Un journal d’activité est remis par le médecin et
rempli par le sujet hypertendu de manière à corréler les anomalies tensionnelles mesurées aux
évènements de la journée pouvant avoir une influence sur la PA (émotions activités, repas,
etc.). De plus, le médecin ou le technicien qui met en place l’appareil doit bien expliquer au
patient qu’il est possible à n’importe quel moment de déclencher une mesure de la pression
artérielle en actionnant une commande spécifique. Mieux la personne arrive à oublier
l'enregistrement en cours, et mieux celui-ci reflète la PA dans la vie de tous les jours. Dans ce
but, l'intéressé doit pouvoir enlever temporairement l'appareil dans des circonstances où celuici gênerait trop, ou qu'il rendrait impossible (prise d'une douche par exemple). Informer
l'intéressé, afin qu'il comprenne le but de l'examen, permet qu'il participe à sa réussite.
Le transfert des données stockées par l'automate se fait vers l'ordinateur par la même interface
que l'initialisation. Le logiciel élimine les mesures aberrantes selon un algorithme prédéfini et
que l'on peut modifier (par exemple une systolique < 50 mm Hg), il calcule des statistiques
résumées des enregistrements et construit des courbes de PA en fonction du temps, ou des
histogrammes de distribution des mesures de pression artérielle. Plusieurs paramètres sont
fournis dans le compte-rendu, concernant l'ensemble des 24 H et des deux périodes diurne et
nocturne : la moyenne des mesures, leur écart-type, le pourcentage des mesures dites
"normales".
La MAPA est en moyenne plus basse que la PA de consultation. Les chiffres enregistrés la
nuit sont en moyenne inférieurs à ceux enregistrés la journée, reflétant l'influence du repos et
de l'équilibre sympathique/parasympathique. L'absence de baisse pressionnelle nocturne
normale (au moins 10 % du niveau de la PA diurne) serait un critère pronostique péjoratif
indépendant. Le compte rendu ne doit pas être ramené à une seule variable : il doit intégrer le
résultat de la mesure manuelle initiale réalisée lors de la pose de l'automate, l'horaire et la
nature des prises médicamenteuses, l'horaire des événements ayant pu avoir une influence sur
le niveau de PA, et le degré de tolérance de l'examen. Les éléments les plus importants à
apprécier sont le niveau moyen de PA diurne, et le degré de baisse de PA nocturne. La courbe
des mesures de pression artérielle peu après la sortie du milieu médical est intéressante pour
apprécier le phénomène de blouse blanche, qui montre typiquement une baisse rapide des
chiffres, et leur réascension le lendemain avant le retrait de l'appareil.
Les valeurs seuils de référence retenues par les dernières recommandations de l’HAS en
juillet 2005 (10) sont :
-
le jour : > 135 / 85 mmHg (comme pour l’AMT)
-
la nuit : > 120 / 70 mmHg
-
sur les 24 heures : > 130 / 80 mmHg
(b) Indications et avantages.
En tant que méthode de mesure ambulatoire de la PA, la MAPA présente les mêmes
avantages à titre diagnostique que l’AMT puisqu’elle permet aussi de corriger les erreurs de
diagnostic par excès (HTA « blouse blanche ») ou par défaut (« HTA masquée »).
Mais il existe des indications particulières à l’emploi de la MAPA :
-
La faisabilité de la MAPA est excellente puisqu’une fois l’appareil positionné, il
fonctionne de manière autonome sans que le patient n’ait à se préoccuper de quoi que
ce soit. Cette méthode est donc préconisée dans toutes les situations ou l’AMT n’est
pas réalisable, par exemple chez les personnes présentant des troubles cognitifs non
compatibles avec l’autonomie nécessaire pour l’emploi de l’AMT.
-
La MAPA permet d’analyser le profil tensionnel sur tout le nycthémère et doit être
utilisée devant une variabilité inhabituelle de la PA par exemple :
o au cours d’une dysautonomie diabétique ou primitive .
o devant des symptômes évocateurs d’une hypotension non objectivée en
consultation
o devant une HTA épisodique
o devant un syndrome d’apnée du sommeil
-
La MAPA permet d’évaluer le mode de variation de la PA nocturne. En effet, les
différentes études menées montrent que les sujets qui ne baissent pas leur PA nocturne
ou qui présentent la nuit une baisse de la PA inférieure à 10% par rapport à la PA
diurne ont un plus mauvais pronostic cardiovasculaire. Cette catégorie de patients dits
« non dippers » ( par opposition aux « dippers ») doit donc être dépistée en raison de
ce plus grand risque cardiovasculaire (28).
(c) Les limites d’utilisation
-
Le coût élevé : le matériel nécessaire à la réalisation d’une MAPA est relativement
onéreux, en particulier par rapport à l’AMT.
-
La tolérance médiocre de l’examen : le port de l’appareil pendant 24 h peut être source
d’inconfort (frottements, réactions locales etc.) ou à l’origine d’insomnies dues aux
gonflements itératifs du brassard.
-
La mauvaise reproductibilité : c’est un examen relativement contraignant.
-
La mauvaise disponibilité : la MAPA ne peut être réalisée que ponctuellement auprès
des centres spécialisés.
-
L’interprétation des résultats qui est parfois complexe (mesures insuffisantes et / ou
aberrantes, arythmie etc. …) ne peut être faite que par un médecin expérimenté, ce
qui limite là encore le suivi des patients hypertendus en médecine générale.
Les méthodes de mesure ambulatoire de la PA sont indispensables pour éliminer une « HTA
blouse blanche » et pour s’assurer du diagnostic d’HTA avant d’instaurer un traitement
médical à vie dans la plupart des cas. L’emploi de l’AMT sera privilégié par rapport à celui
de la MAPA pour le diagnostic et le suivi d’une HTA en raison de sa supériorité en termes de
reproductibilité, disponibilité et de son coût moindre. La MAPA devrait être réservée à
certaines situations particulières.
II. L’HYPERTENSION ARTERIELLE EN GUADELOUPE
A. Les particularités de la Guadeloupe face à l’HTA
1. Une forte prévalence de l’HTA
La population totale de la Guadeloupe a été chiffrée à 422 496 habitants lors du dernier
recensement par l’INSEE en 1999 avec une densité de 248 habitants/m² (http://www.insee.fr),
et estimée à 453 000 habitants par le ministère de l’outre-mer en 2006 (http://www.outremer.gouv.fr). Il s’agit d’une population jeune avec 32,1% de moins de 20 ans et 60% de
moins de 40 ans au 1er janvier 2003. Elle est composée d’une grande majorité de sujets Noirs
métis (75%), de sujets originaires d’Inde (13%), et de minorités d’origines diverses : sujets
caucasiens d’Europe, populations du Proche-Orient (Syrie, Liban), du Sud-Est asiatique
(Chine, Vietnam), etc.
La Prévalence de l’HTA en Guadeloupe est estimée à 23 % chez l’adulte d’après la dernière
enquête de l’INSERM menée en 1985 (29) avec un seuil tensionnel à 160/95 mmHg : 18%
chez l’homme, 28% chez la femme.
Elle atteint 65% après 60 ans, alors qu’elle est estimée en France autour de 50% après 65 ans.
L’HTA est en Guadeloupe la deuxième cause d’exonération du ticket modérateur après le
diabète chez les 35 - 64 ans, et de loin la première cause après 65 ans, alors qu’elle représente
en moyenne dans les autres régions de France respectivement la cinquième et la quatrième
cause de cette admission en « affection de longue durée » (ALD).
L’HTA et ses complications représentent la 1ère cause d’exonération du ticket modérateur. En
Guadeloupe, les décès par AVC représentent 43% des décès par maladies cardiovasculaires
(25% en métropole), elles-mêmes responsables d’un tiers des décès. L’HTA est responsable
de 20 à 25% des nouveaux cas d’insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) qui est de
1,5 à 2 fois plus fréquente qu’en France métropolitaine. Le taux standardisé de mortalité (pour
100 000 habitants) est de 118 pour un taux en métropole de 75. L’index comparatif de
mortalité (ICM) est de 151 versus 100 en métropole (http://www.hta-gwad.org).
La plus grande fréquence de l’HTA dans les populations d’origine noire africaine ou indienne,
par rapport aux populations d’origine caucasienne, est bien établie. Aux Etats-Unis, les afroaméricains qui font en outre partie des classes sociales basses, sont particulièrement à risque
d’HTA et de complications sévères (30). La répartition des hypertendus au sein de la
population guadeloupéenne confirme cette notion puisque l’étude de l’INSERM (29) montre :
- dans la population métissée d’origine africaine : 26 % d’HTA chez les femmes
contre 21% chez les hommes.
- dans la population d’origine indienne : 22 % chez les femmes contre 28 % chez les
hommes.
- dans les populations d’autres origines : 16% chez les femmes contre 18% chez les
hommes.
Cette forte prévalence de l’HTA dans la population noire âgée des Etats-Unis ou de la
Caraïbe, et en particulier chez la femme a une origine génétique puisque l’étude montre 58%
d’HTA parmi les parents du premier degré chez les hypertendus, contre 46% chez les
normotendus.
Une origine environnementale est également retrouvée avec une nette augmentation des
indices de masse corporelle (IMC) et des rations sodées (31).
Les résultats de l’étude de l’INSERM (29) montrait que 90% des hommes et 74% des
femmes ignoraient leur statut d’hypertendu, et chez ceux qui en avaient connaissance, le
contrôle tensionnel n’était obtenu que chez la moitié des hommes et un tiers des femmes.
Afin d’étudier l’HTA en Guadeloupe, sa connaissance et son contrôle, ainsi que l’implication
de l’obésité et du niveau socio-économique, 3 grandes études ont été réalisées selon un même
protocole de mesure (Mesure standardisée de la PA par un appareil automatique validé, à trois
reprises, et contrôle à un mois selon le même protocole si la moyenne est supérieure à 140/90
mm Hg, et si la personne n’est pas hypertendue connue et traitée) et en partie par la même
équipe.
Les deux premières ont été réalisées en milieu du travail, dans une population ayant la même
moyenne d’âge :

L’étude IHPAF (Incidence et facteurs de risque de l’HTA dans une Population Active
Française) (32), a été réalisée en métropole chez 27 490 sujets.

l’étude INHAPAG (33, 34, 35) (INcidence de l’HTA dans un Population Active
Antillo-Guyanaise), a été réalisée en Guadeloupe, Martinique et Guyane chez 6113
sujets.
La troisième étude transversale PHAPPG réalisée de novembre 2001 à novembre 2003 chez
2 420 personnes âgées de 18 à 69 ans concerne la Prévalence de l’Hypertension Artérielle
dans une Population Précaire Guadeloupéenne (36) ne vivant que du RMI, des allocations de
chômage, des prestations sociales ou familiales.
Les tableaux suivants résument leurs principaux résultats :
Connaissance de l’HTA
Prévalence
Contrôle
TA < 140/90 mmHg
sous traitement
H
F
H
F
H
F
IHPAF
Travailleurs
Métropole
16,2%
9,4%
50%
73%
34%
52%
INHAPAG
Travailleurs
Antilles-Guyane
19,5%
18,9%
49%
82%
38%
62%
PHAPPG
Précaires
Guadeloupe
25,2%
22,1%
40%
67,7%
19%
37,8%
Tableau 9 : Prévalence, connaissance et contrôle de l’HTA en fonction de la géographie et du
niveau socio-économique.
Ces données mettent en avant :
-
la forte prévalence de l’HTA aux Antilles et en Guyane comparativement à la
métropole,
-
la prévalence de l’HTA nettement supérieure au sein des populations précaires,
-
les progrès du dépistage en Guadeloupe depuis l’étude de 1985, avec une proportion
d’hypertendus qui s’ignorent beaucoup plus faible,
-
une amélioration globale du contrôle tensionnel sous traitement, mais qui reste
nettement plus mauvais en milieu précaire qu’en milieu du travail.
Femmes
IHPAF
INHAPAG
PHAPPG
Nombre
Age (ans)
11 395
39 ± 10
2 979
40 ± 10
1 332
40 ± 10
23,7 ± 4,4
25,3 ± 4
27,1 ± 6,4
Obésité (>30kg/m²)
9%
16,1%
28,9%
Prévalence d’HTA
9,3%
18,9%
22%
4,2
3,1
3,2
Hommes
IHPAF
INHAPAG
PHAPPG
Nombre
Age (ans)
16 095
39 ± 10
3 134
39 ± 10
1 088
41,9 ± 10
24,9 ± 3,6
24,9 ± 3,9
24,8 ± 4,9
Obésité (>30kg/m²)
7%
10%
12,5%
Prévalence d’HTA
16,1%
19,5%
25,2%
4,3
3,2
4,7
Index pondéral
(kg/m²)
Risque relatif estimé
d’HTA lié à l’obésité
Index pondéral
(kg/m²)
Risque relatif estimé
d’HTA lié à l’obésité
Tableau 10 : HTA et obésité en fonction de la géographie et du niveau socio-économique.
Ces chiffres montrent :
-
la forte prévalence de l’obésité aux Antilles et en Guyane par rapport à la métropole,
très prononcée au sein des populations précaires guadeloupéennes, notamment chez
les femmes.
-
la corrélation entre l’obésité et la prévalence de l’HTA. L’implication de l’obésité
dans la genèse de l’HTA est claire, avec un risque relatif estimé d’HTA lié à l’obésité
supérieur à 3 dans tous les cas. L’obésité n’en demeure pas moins un facteur de risque
cardiovasculaire à part entière.
La forte prévalence de l’HTA aux Antilles et en Guyane peut être expliquée par des facteurs
génétiques liés aux origines noires africaines des populations sur ces territoires comme cela a
été vu précédemment.
La consommation excessive de sel lié au régime traditionnel antillais joue également un rôle
majeur dans la genèse de l’HTA, ainsi que la consommation excessive d’alcool. Ces deux
derniers facteurs expliquent en grande partie la forte proportion d’HTA et d’obésité dans les
milieux sociaux défavorisés en Guadeloupe.
2. L’association des facteurs de risque cardiovasculaire.
La population guadeloupéenne cumule les facteurs de risque cardiovasculaire autre que
l’HTA.
a) Le diabète
La prévalence globale du diabète en Guadeloupe est de 6,6% contre seulement 2 % en France
métropolitaine. Elle augmente régulièrement avec l’âge, jusqu’à 17 % au-delà de 70 ans. Elle
est plus élevée chez les femmes avec une forte corrélation à l’obésité. Elle est
particulièrement élevée chez les sujets originaires de l’Inde avec une prévalence de 22,5%
sans différence liée au sexe (37).
Il s’agit dans la grande majorité des cas de diabète de type 2 comme le montre l’enquête de
l’INSERM qui, sur 66 patients diabétiques connus, ne relevait que 6 patients traités par
insuline.
Le diabète sucré était à la fin des années 80 en Guadeloupe la 1ère cause d’exonération du
ticket modérateur chez les 35-64 ans (3ème cause en moyenne dans les régions de métropole),
et la 2ème cause chez les plus de 65 ans (entre la 5ème et la 6ème cause en moyenne en
métropole). Il représentait en 1990 la 4ème cause de décès chez les plus de 65 ans, alors qu’il
ne figurait pas parmi les 9 premières causes de décès à ces âges en métropole.
Cette prévalence élevée est liée à l’hérédité (le 1er facteur de risque du diabète correspond à
l’existence d’un diabète chez un parent du 1er degré) et au surpoids (régime antillais riche en
féculents) (38).
Plusieurs grandes études soulignent que l’ HTA et diabète sont souvent associés. Ainsi parmi
les 347 978 hommes âgés de 35 à 57 ans de l'essai MRFIT (39), la prévalence de l'HTA était
de 13% chez les diabétiques contre 4,6% chez les non-diabétiques.
De plus, ces risques se multiplient, puisque d’après Dupree (40), chez les hypertendus atteints
de diabète de type 2, la mortalité est multiplié par :
- 4 par rapport à une population non diabétique, non hypertendue sur une période de 10 ans
- 2,5 par rapport à une population diabétique non hypertendue
- 1,5 par rapport à une population hypertendue non diabétique.
Ces données justifient la nécessité d’un contrôle encore plus strict de la PA chez les
diabétiques.
b) L’obésité
L’importance de la surcharge pondérale et de l’obésité est manifeste dans la population
guadeloupéenne. Elle est d’autant plus marquée chez les femmes : voir Tableau 10. Comme il
a été dit précédemment, l’obésité est un facteur de risque d’HTA puisque la prévalence de
l’HTA est nettement supérieure chez les personnes en surpoids et obèses. Mais l’obésité est
aussi à considérer comme un facteur de risque cardiovasculaire à part entière.
Enfin, c’est le facteur essentiel sur lequel pourrait se baser une politique de prévention
primaire de l’HTA.
c) La sédentarité
La sédentarité correspond à une activité physique de moins de 1 heure par semaine. Elle
concerne 73 % des hommes et 85 % des femmes dans l’étude PHAPPG (36).
d) La consommation d’alcool
La consommation excessive d’alcool est un facteur de risque indépendant d’HTA. On observe
également une forte relation entre un taux élevé de γ-glutamyltransférase et la prévalence de
l’HTA pour les deux sexes (41).
e) La dyslipidémie
Une étude réalisée en 1999 chez 1000 adultes guadeloupéens consultant dans un centre de
santé (42) retrouvait chez 27% une cholestérolémie totale supérieure à 2 g/l avec une LDLcholestérolémie supérieure à 1,60 g/l dans 18% des cas. Seulement 22%
des patients
connaissaient ce diagnostic, et 5% seulement étaient traités pour. Les résultats de cette étude
montraient la forte prévalence de dyslipidémie en Guadeloupe, mais surtout que le risque
d’avoir une hypercholestérolémie était significativement plus élevé en cas d’HTA.
f) Syndrome métabolique
Ce syndrome considéré comme un facteur de risque cardiovasculaire indépendant des facteurs
classiques, associe :
-
obésité abdominale : tour de taille > 1 m chez l’homme et > 90 cm chez la femme
-
intolérance au glucose : glycémie à jeûn > 1,1 g/l
-
TA ≥ 130/85 mm Hg (mais < 180/110 mmHg)
-
Triglycéridémie ≥ 1,5 g/l ou HDL-cholestérolémie < 0,40 g/l chez l’homme et < 0,50
g/l chez la femme
D’après ce qui précède, on peut prédire que la prévalence de ce syndrome est élevée en
Guadeloupe. Son traitement repose en premier lieu sur la réduction pondérale et la pratique
d’une activité physique aérobie, ainsi que sur la diminution de la consommation de sel « car il
existe une forte corrélation entre l’obésité, l’hypertension artérielle, la sensibilité au sodium et
l’insulino-résistance » (43).
g) La précarité
La précarité est importante en Guadeloupe comme en témoigne les chiffres du chômage
(44 600 chômeurs au 1er janvier 2003, soit 24,7% de la population), du RMI (32 227
personnes au 1er janvier 2004, soit 137,5 pour 1 000 habitants contre 30,9 en métropole) de la
CMU (144 486 personnes au 1er janvier 2004, soit 32,9% de la population contre 6,6% en
métropole) (http://www.guadeloupe.pref.gouv).
L’appartenance à une classe socio-économique basse peut être considérée comme un facteur
de risque cardiovasculaire à part entière. Ceci s’explique par le surcroît de comportements à
risque dans les milieux défavorisés : en témoigne l’importance de l’obésité, de la
consommation excessive d’alcool, de la sédentarité et de la forte prévalence de l’HTA.
D’autre part, on constate que dans les catégories sociales les plus modestes ou à faible niveau
d’études, la participation aux programmes sanitaires, l’adhésion aux traitements et aux
conseils de prévention sont souvent moins bons que ceux de la population globale. Il est donc
de la responsabilité des professionnels de santé d’améliorer l’efficacité de cette stratégie du
haut risque. De plus, on constate que faciliter l’accès aux soins primaires, au dépistage, et
limiter l’obstacle financier par le biais de la couverture maladie universelle (CMU) sont des
pré requis pour la prise en charge de l’HTA, mais il persiste malgré ces mesures une disparité
selon le niveau socio-économique. En effet, le pourcentage des patients dont la PA est
normalisée sous traitement est significativement plus faible dans la population précaire,
comparée à la population des travailleurs malgré un dépistage et la mise sous traitement qui
diffèrent peu selon le niveau socio-économique (44).
Il existe donc au sein de la population guadeloupéenne une forte prévalence de l’HTA
associée à un cumul d’autres facteurs de risque cardiovasculaire. Le calcul du risque
cardiovasculaire individuel doit être systématique afin de déterminer les nombreux patients à
risque élevé et d’optimiser leur prise en charge globale. Cette situation préoccupante
particulière à la Guadeloupe a fait de l’HTA une priorité régionale de santé publique et a
motivé la mise en place d’un réseau de santé spécifique.
B. Mise en place du réseau HTA-GWAD
1. Initiation du projet, statuts de l’association
A l’interface de secteurs médicaux et politiques, le Dr A. Atallah, chef du service de
cardiologie et président de la CME du Centre Hospitalier de la Basse-Terre, membre du
bureau national des présidents de CME (représentant des DOM) et de l’UHG, conçoit en 2002
le projet d’un réseau pour la prise en charge de l’HTA en Guadeloupe. Il crée l’association
porteuse du projet, constitue les dossiers de demande de financements, puis fait partager « le
sentiment initial du besoin » aux autres intervenants. La place de coordinateur lui revient
naturellement au moment de la création du réseau.
Le 27 septembre 2001, l’association loi 1901 dite « Groupe HTA Guadeloupe » est fondée.
Elle est la personnalité morale représentant le réseau, ce qui lui permet d’être clairement
identifiée, de disposer d’un budget, d’un local, de matériel, d’embaucher du personnel (mitemps secrétariat), et enfin de faciliter les opérations d’accréditation. Ce local avec secrétariat
sert de plate-forme logistique à l’ensemble des intervenants du réseau, moyen précieux
permettant d’assurer la réception téléphonique, la gestion du courrier (papier et électronique),
les comptes-rendus de réunions, de servir d’interface entre le coordinateur et les partenaires,
d’aider à la rédaction de la revue, à l’animation du site web, à la préparation des séminaires et
soirées de FMC et des réunions d’information.
Selon les statuts de l’association, son objet est de contribuer à l’amélioration de la prise en
charge globale de l’hypertension artérielle en Guadeloupe à travers une nécessaire graduation
et continuité des soins, et de promouvoir le réseau de soins sur l’HTA en Guadeloupe.
Dans le cadre de cet objet, l’association agit par différents moyens pour réaliser ses objectifs :
-
actions de prévention, d’éducation et d’information du public sur le terrain et ce en
renfort des structures existantes
-
organisation de réunions et d’actions de coordination pour améliorer l’adaptation et la
graduation dans la prise en charge de l’HTA, comme prévu dans le SROSS (soins de
proximité, sites orientés, pôles de référence)
-
renforcement de la formation continue des professionnels de santé par la diffusion des
recommandations et référentiels (ANAES, OMS, JNC)
-
collaboration au développement des études épidémiologiques et de la recherche
clinique.
Pour éviter une lourdeur d’organisation du réseau et l’essoufflement des partenaires, le travail
est réparti selon 4 groupes thématiques : prévention et éducation, réseau et filière, formation
continue des professionnels de santé, épidémiologie et recherche clinique. Chaque groupe
travaille de manière autonome, en présence du coordinateur.
Les institutions, organismes et établissements devant jouer un rôle dans la prise en charge de
l’HTA dans sa globalité (éducation, prévention et soins) siègent au conseil d’administration.
Ce sont :
-
Les établissements de santé publics et privés
-
Les collèges scientifiques (collège de cardiologie de la Guadeloupe, collège de
cardiologie de la Martinique, collège antillo-guyanais de diabétologie, la SMAGF)
-
L’URMLG
-
L’ordre des médecins
-
L’UTIP
-
Le syndicat des infirmiers libéraux
-
La médecine du travail
-
L’UHG
-
L’ASPEG
-
L’ORS
-
La conférence régionale des CME des centres hospitaliers de la Guadeloupe
-
Le groupe de travail du PRS-HTA
-
Les tutelles (qui siègent à titre consultatif) : ARH, CGSS, DASD, DSDS, contrôle
médical.
Le conseil d’administration élit pour 3 ans en son sein un bureau composé :
-
d’un président (Dr Joël SAMUEL)
-
d’un vice-président (Dr J-M GABRIEL)
-
d’un secrétaire (Dr André ATALLAH)
-
d’un secrétaire adjoint (J. CHONKEL)
-
d’un trésorier (Dr Catherine Bourgeois)
-
d’un trésorier adjoint (Dr C. SAINTE-LUCE)
Le comite scientifique est sollicité pour l’encadrement de la FMC, la validation du
fonctionnement et du règlement du réseau, du système d’informations en respect des
recommandations de l’ANAES, des études et des enquêtes, et enfin de l’évaluation interne du
réseau. Il se compose exclusivement de médecins hospitaliers spécialistes en cardiologie,
néphrologie ou santé publique, travaillant en Guadeloupe ou en métropole : R. Asmar, A.
Atallah, M. Beaufils, B. Chamontin, R. de Gaudemaris, L. Foucan, J.-M. Gabriel, D. Herpin,
J. Inamo, T. Lang, C. Machuron, H. Milon, N. Postel-Vinay.
Le comité de pilotage est formé des membres du bureau et des 8 animateurs des 4 groupes de
travail. Son rôle est principalement de coordonner et de gérer l’exécution des tâches déléguées
au coordinateur qui a pour fonction :
-
de mettre en place et suivre l’organisation générale du réseau
-
d’organiser et suivre les modules de formation
-
d’animer les réunions intermédiaires de fonctionnement
-
d’assurer la mise en place et la gestion du support d’information (revue HTA-GWADINFO)
-
d’animer le site Internet du réseau
2. Objectifs
Comme le prévoit la circulaire DGS/DAS/DH/DSS/DIRMI n°99-648 du 25 novembre 1999
(http://www.cnr.asso.fr), les réseaux de soins « ont pour objectif de mobiliser les ressources
sanitaires, sociales et autres, sur un territoire donné, autour des besoins des personnes. Ils
visent à assurer une meilleure orientation du patient, à favoriser la coordination et la
continuité des soins qui lui sont dispensés et à promouvoir la délivrance de soins de proximité
de qualité. Ils organisent un accès plus rationnel au système de soins ainsi qu’une meilleure
coordination dans cette prise en charge, qu’il s’agisse de soins ou de prévention ».
C’est dans ce cadre que démarre l’initiative du réseau HTA-GWAD.
La loi n°2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système
de santé (http://www.legifrance.gouv.fr) modifie et renforce la législation sur les réseaux : dès
lors, on parle de réseaux de santé avec une prise en charge plus globale tenant compte de son
environnement social, nécessitant au-delà du soin des interventions de prévention voire de
réhabilitation et qui ne relèvent pas uniquement des professionnels de santé, mais concerne
l’état, les collectivités locales ou décentralisées, les assurances complémentaires ou les
mouvements associatifs. De nouveaux partenaires sont présentés à côté des professionnels de
santé libéraux et des établissements de santé, tels les médecins du travail, les centres de santé,
les institutions sociales ou médico-sociales et surtout les représentants des usagers.
Le principe de ce réseau est celui d’une prise en charge globale de l’HTA des patients, en
organisant la prévention, les soins et leur coordination, ainsi que l’accompagnement social.
Ses objectifs déclinent les rôles des 4 groupes de travail déjà définis ; il s’agit de :
-
Coordonner la prise en charge des hypertendus, en structurant autour du patient, par le
biais d’outils adaptés, les différents professionnels concernés.
-
Développer les préventions primaire et secondaire, en renforçant l’information des
patients sur leur maladie.
-
Améliorer la formation des professionnels de santé.
-
Servir de référence scientifique locale dans le domaine de l’HTA (centralisation des
travaux, aide à la recherche).
La population cible est celle de la Guadeloupe et de ses dépendances qui sont dotées de
consultations spécialisées avancées lorsque cette spécialité n’est pas représentée sur place.
Des réunions de formations (EPU, ateliers, séminaires) sont décentralisées sur Marie-Galante
et Saint-Martin.
Tous les patients hypertendus avérés sont potentiellement concernés par le réseau, mais à des
degrés divers. Si l’éducation s’adresse à tous, l’inclusion dans le dossier médical partagé
informatisé et la prise en charge diététique, qui sont les plus coûteuses, sont pour l’instant
réservées aux seuls hypertendus à haut risque, ou issus de milieux précaires. Ces populations
dites « précaires » bénéficient par ailleurs d’un renfort en terme d’éducation.
Le médecin traitant qui propose à un patient d’entrer dans le réseau doit recueillir son
consentement éclairé en lui remettant un formulaire d’information résumant le principe, la
nature, les objectifs et les moyens du réseau. Il s’assure de la compréhension et de la réalité de
l’accord de participation du patient avant de lui donner une clé personnelle, témoignant de son
droit sur ses propres données médicales et de l’exercice du libre choix de son médecin. Il est
demandé aux patients du réseau de s'engager :
-
à suivre les conseils de soins et de suivi donnés par les médecins, conformes aux
bonnes pratiques cliniques définies et réactualisées par les réunions de consensus et les
protocoles coopératifs de soins établis par le réseau, chaque fois qu’ils existent
-
à accepter que leur dossier médical soit partagé entre les différents intervenants du
réseau qu'ils auront choisis
-
à autoriser le traitement des données médicales et économiques les concernant par le
coordonnateur du réseau et l'évaluateur externe.
Les professionnels impliqués sont : les médecins généralistes, les cardiologues libéraux et
hospitaliers, les autres spécialistes intervenant dans la prise en charge des hypertendus
(néphrologues, diabétologues, neurologues), les pharmaciens et les intervenants paramédicaux
(infirmiers, diététiciens). Ils ont initialement tous été informés de la création du réseau par
courrier. Des réunions ont été organisées afin d’expliciter son programme. Le réseau est
ouvert à tout professionnel de santé qui en fait la demande. Un contrat d’adhésion est signé
entre lui et le réseau. Celui-ci prévoit notamment qu’il doit :
-
dispenser des soins de qualité en accord avec les protocoles de soins élaborés par le
réseau et dans les règles de la déontologie propres à chaque profession
-
participer à la tenue du dossier médical et à la circulation de l’information dans le
réseau
-
suivre les séances de formation organisées par l’association.
La cotisation annuelle est de quinze euros. Chacun peut s’exclure du réseau quand il le
souhaite.
Les services rendus :
-
Aux patients et à leur famille :
o La meilleure coordination des soins leur assure une prise en charge optimale de
leur hypertension, et un accompagnement global personnalisé.
o
La bonne circulation de l’information facilite leur travail de malade ; elle leur
évite de servir de coursier ou d’intermédiaire entre les différents professionnels
en charge de leur dossier.
o la prise en charge dans le cadre de forfaits dérogatoires de prestations non
prévues à la nomenclature (donc non remboursées), mais très bénéfiques,
comme des séances d’éducation ou une consultation diététique.
-
Aux professionnels de santé :
o La meilleure circulation des données médicales du patient grâce au DMPI
simplifie leur travail
o
l’organisation générale du réseau améliore leurs relations (transmissions
facilitées des avis, recommandations, comptes-rendus, meilleure convivialité).
o La participation au réseau offre aux professionnels une bonne rémunération
pour les séances d’éducation et pour le suivi des patients à haut risque intégrés
au réseau. L’éducation thérapeutique renouvelle leur pratique quotidienne.
o La FMC sur l’HTA est renforcée et indemnisée.
o Le DMPI est à lui seul un outil de FMC, une aide précieuse pour la prise en
charge optimale des patients, à chaque consultation.
-
Aux établissements de santé : L’amélioration de la communication ville-hôpital,
principalement grâce au DMPI, permet une meilleure prise en charge, une économie
de temps et d’argent. Leur participation au réseau, s’ils réalisent des séances
d’éducation mensuelles par exemple, les fait participer aux missions du SROSS et leur
assure ainsi l’appui, par l’intermédiaire du réseau, de tutelles comme la DSDS ou
l’ARH.
-
Aux institutions : Outre son rôle d’outil effecteur des politiques de santé publique, le
réseau constitue une source d’informations épidémiologiques utile par la base de
données dont il dispose.
3. 4 groupes de travail
a) Le groupe Education et Prévention
Sa
mission consiste à diffuser largement parmi les hypertendus, leur entourage, et la
population guadeloupéenne en général les connaissances actuelles en matière de prévalence,
de physiopathologie, de complications, de traitements de l’HTA, ainsi que les moyens de
prévention et de prise en charge de cette affection.
Les différents niveaux d’action sont :
-
La prise en charge diététique pour les patients à haut risque : le réseau propose un
suivi diététique spécialisé intensif à raison d’une consultation par mois pendant cinq
mois afin d’induire un changement de comportement alimentaire durable.
-
L’organisation ou la participation à des manifestations ponctuelles telle que la journée
mondiale contre l’HTA en mai 2005 suivie de l’élaboration et la diffusion d’un livret
éducatif « créolisé » en partenariat avec le CFLHTA, ou encore l’organisation de
séances d’information au sein des établissements de santé guadeloupéens.
-
L’élaboration du site Internet du réseau « htagwad.com » qui constitue une source
exhaustive d’informations pédagogiques.
-
Le Programme d’Education en Santé (PES) qui est la poursuite du programme
régional santé PRS-HTA 1998-2003 avec le soutien des infirmiers libéraux et des
établissements de santé comme nouveaux partenaires. L’objectif est de donner par an à
2 000 patients hypertendus, ainsi qu’à leur entourage familial et social, les
informations nécessaires à une meilleure connaissance de leur pathologie grâce à
l’organisation de séances « d’éducation-information ». La formation adaptée des
infirmières en vue de l’animation de ces séances est organisée par le réseau HTAGWAD sous forme d’ateliers traitant des problématiques de l’HTA telles que les
aspects socio-psychologiques, l’hygiène de vie, les facteurs liés à la nutrition ou
aggravant l’HTA, etc. La collaboration entre infirmières, médecins libéraux,
établissements de santé et pharmaciens constitue la base du programme.
Deux séances d’éducation à un mois d’intervalle utilisant des outils pédagogiques
adaptés à la population locale sont organisées :
o La 1ère autour d’un film en version française et créole, ainsi que des dépliants
et affiches sur l’HTA et la diététique de l’hypertendu.
o La 2nde autour d’un jeu éducatif interactif favorisant la proximité qui traite de
l’hygiène de vie, l’activité physique, la lutte contre les autres facteurs de
risque : tabac, alcool, dyslipidémie, sédentarité.
Il est demandé aux participants de remplir un même questionnaire au cours des deux
séances. L’exploitation des réponses permet par la suite d’évaluer le bénéfice du
programme d’éducation après analyse des différences de réponses entre le 1er et le 2ème
questionnaire.
Une 1ère étude épidémiologique sur ce PES a été menée en juin 2006 : à ce jour, 188
personnes hypertendues ont bénéficié du programme, ce qui correspond à 347 séances.
b) Le groupe Réseau-Filière
Sa mission consiste à définir le fonctionnement du réseau, c’est-à-dire le circuit du patient à
l’intérieur du réseau et le rôle de chaque partenaire, et plus généralement d’améliorer la
communication et la coordination des soins. Les outils utilisés sont :
(1) La revue « HTA-GWAD-INFO ».
C’est une revue trimestrielle qui paraît depuis le 1er trimestre 2003. Sa vocation est de faire
connaître le réseau et ses actions, d’être un outil de FMC en diffusant des informations sur les
congrès locaux, des résumés des dernières études scientifiques, des mises au point sur un
thème donné, et des questionnaires d’autoévaluation.
(2) Le Site web « htagwad.com »
Ce site mis à jour tous les mois comporte un versant public et un versant professionnel.
Le site public présente le réseau, ses objectifs et ses moyens, expose l’importance du
problème de l’HTA en Guadeloupe et la nécessité d’améliorer sa prise en charge. Il remplit
surtout un rôle éducatif en fournissant les conseils pratiques de prise en charge de l’HTA,
ainsi que les études scientifiques disponibles sur ce sujet. Il offre la possibilité de lire les
numéros de la revue HTA-GWAD-INFO, ainsi que des liens vers d’autres sites web. Il
permet la visualisation du film éducatif du réseau. Enfin, il présente le DMPI.
Le site professionnel , dont l’accès est réservé aux membres, permet en outre d’être informé
des congrès organisés dans le monde, de disposer d’exposés complets de FMC parrainés par
le réseau, et de consulter les principaux référentiels en matière d’HTA et de diabète. Il
autorise surtout l’accès au DMPI, et plus accessoirement à un annuaire professionnel et une
messagerie électronique.
(3) Le dossier médical partagé informatisé (DMPI)
L’objectif du réseau HTA-GWAD de faire de la prise en charge globale des patients
hypertendus l’affaire des soignants de proximité repose sur la mise en commun et sur le
partage des données de soins. C’est pour cette raison que le réseau a travaillé depuis près de 2
ans à l’élaboration du 1er DMPI sur l’HTA. L’actualité récente montre que le DMPI s’inscrit
dans l’évolution du système de soins français puisque la mise en place nationale d’un DMP
est annoncée pour l’année 2007 par le Ministère de la Santé. Il remplacera le carnet de santé
et sera obligatoire à partir de 16 ans.
Le DMPI permettra aux médecins d’assurer un meilleur suivi des patients grâce à une
information en temps réel sur les examens passés et une coopération entre médecine de ville
et médecine hospitalière. Il permettra aux patients de bénéficier de la qualité des soins et de
l’accès unifié à l’information médicale les concernant.
Le réseau HTA-GWAD a répondu à l’invitation du Ministère de la Santé et lui a fait part, lors
d’un entretien le 14 juin 2004, de son expérience sur la création et l’utilisation de ce nouvel
outil.
La création du DMPI est l’aboutissement d’un important travail de conception et de validation
par un groupe de travail local constitué de cardiologues, de néphrologues, d’un diabétologue,
de médecins généralistes, d’un médecin de centre d’examen de santé, et d’un infirmier libéral.
Pendant près de 6 mois, ce groupe s’est régulièrement réuni pour élaborer, sous la houlette du
coordinateur, un dossier médical complet de prise en charge et de suivi du patient hypertendu
dans le respect des recommandations de l’ANAES et de l’ESH-ESC.
Dans un 2ème temps, le travail du coordinateur a consisté à rendre ce DMPI convivial et simple
d’utilisation en collaboration avec une société de développement de systèmes d’information.
L’objectif a été de simplifier le plus possible son utilisation, en réduisant le nombre de
données que les professionnels de santé doivent se partager, afin d’en faire un dossier médical
minimum partagé informatisé (DMMPI). Le dossier est composé des données minimales
relatives aux traitements, aux antécédents, au suivi médical ainsi qu’aux examens
complémentaires et bilans effectués. Il traite également les informations relatives aux
habitudes de vie et au comportement du patient telles que l’observance thérapeutique, la
consommation de sel.
Lors de l’adhésion d’un patient au réseau, celui-ci autorise la création par le médecin membre
du réseau de sa fiche médicale informatisée dans le respect des recommandations établies par
la CNIL, notamment en termes de cryptage et de sécurité. Outre le consentement à rentrer
dans le réseau, le patient doit aussi donner son consentement pour l’utilisation de
l’informatisation des données le concernant. Ce consentement peut être retiré à tout instant.
L’accès au site sécurisé du réseau est gratuit et repose sur l’adhésion au réseau.
L’accès
aux
informations
du
DMPI
est
variable
en
fonction
des
catégories
socioprofessionnelles : le coordinateur du réseau a défini les droit en lecture et/ou écriture sur
chaque fiche pour les médecins et infirmières. Ainsi, une infirmière peut par exemple accéder
à la partie éducation, automesure et MAPA, ou encore prendre connaissance du traitement du
patient, mais ne peut pas lire l’ensemble du dossier médical, ni entrer de données
supplémentaires dans l’examen clinique réservé aux seuls médecins.
La formation des professionnels à l’utilisation du DMPI est assurée par les formateurs de la
société de développement du DMPI : UNI-MEDECINE. Elle est organisée sous forme
d’ateliers au siège du réseau. 17 séances de formation ont déjà été organisées, 40 médecins en
ont bénéficié.
Enfin, il est important de noter l’évolutivité du DMPI : le réseau peut en effet le modifier
selon les imperfections retrouvées ou les adaptations nécessaires. Dernièrement, le DMPI a
fusionné avec le réseau de l’insuffisance cardiaque créé en 2004 sous le nom de REGUAPIC.
Ce caractère évolutif permet d’intégrer toutes les nouvelles recommandations comme celles
de l’HAS 2005 par exemple.
c) Le groupe Formation Médicale Continue
Son rôle est d’organiser un programme de FMC en direction des médecins, des pharmaciens
et des professions paramédicales basé sur des référentiels ANAES permettant à tous les
partenaires de parler le même langage. L’objectif général de cette formation est de sensibiliser
les intervenants à la prévention cardiovasculaire, à l’amélioration de la prise en charge globale
de l’HTA par l’application des référentiels nationaux et internationaux, et à l’apprentissage
d’une action commune de manière coordonnée.
Ainsi, le réseau indemnise ses adhérents une fois par an pour suivre une formation animée par
des spécialistes référents à l’occasion de congrès locaux. A côté de cela, la FMC est assurée
au quotidien par toutes les interventions du réseau avec notamment le site Internet et la revue
HTA-GWAD-INFO évoqués précédemment.
d) Le groupe Epidémiologie et Recherche
Sa mission consiste à fournir une aide méthodologique à la mise en place d’études et
d’enquêtes sur le domaine de l’HTA. Il centralise les divers travaux réalisés ou en cours de
réalisation pouvant être consultés sur le site du réseau. Deux postes ont été spécialement créés
par le réseau pour soutenir cette action : une vacation d’attaché de recherche clinique et une
vacation de médecin épidémiologiste et statisticien. Ainsi, de nombreux articles et posters
scientifiques sont déjà parus grâce au travail de ce groupe : citons parmi tant d’autres les
études INHAPAG et PHAPPG évoquées précédemment. L’étude PRETRAHGUAD qui fait
l’objet de cette thèse a pu être réalisée dans ce cadre.
4. Le financement
La création du réseau est à l’origine d’importantes dépenses liées à :
-
l’investissement : mises aux normes des locaux, équipement matériel et bureautique,
système d’information, encadrement technique, mise en place du DMPI.
-
aux études : constitution des documents administratifs, évaluation.
-
au fonctionnement : loyer et charges, bureautique, postes de coordinateur et de
secrétaire, revue trimestrielle.
-
la formation : remboursement des médecins pour les FMC, conférenciers, formation
du coordonnateur etc.
Ces dépenses ont été couvertes d’abord par l’ARH de Guadeloupe (financement du médecin
hospitalier coordinateur et du secrétariat) et le FAQSV, puis, lors de sa création par le guichet
unique de la DRDR.
Une aide ponctuelle provenant des laboratoires (manifestations de FMC et de sensibilisation
du public) est à définir au cas par cas, avec les précautions d’usage de façon à maintenir
l’indépendance du réseau.
III.Enquête PRETRAHGUAD
A. Introduction
De nombreuses actions ont été entreprises auprès du grand public et des professionnels de
santé sur les problèmes de l’HTA sur le plan national, mais également au niveau régional
avec :
-
une enquête d’évaluation des connaissances du grand public réalisée en novembre
2001 par la DASD à partir d’un sondage selon la méthode des quotas marginaux (45).
L’échantillon portait sur 406 personnes, représentatif de la population dite
« continentale » âgée de 25 à 65 ans et basé sur les données du recensement 1990 en
Guadeloupe. Il est ressorti de l’enquête une méconnaissance importante du problème
de l’HTA en Guadeloupe témoignant d’un dysfonctionnement du système de santé en
matière d’information et de comportements en matière d’HTA.
-
L’étude INHAPAG (33, 34, 35) menée en 2001 sur la prévalence et le contrôle de
l’hypertension dans la région Antilles-Guyane retrouvait une prévalence de l’HTA
variant de 6,3% chez les hommes de moins de 40 ans à 43,5% chez les hommes de
plus de 50 ans et de 3,9% et 41,7% chez les femmes avec une nette augmentation de la
prévalence dans les deux sexes après l’âge de 50 ans. Le contrôle thérapeutique restait
insuffisant, surtout chez les hommes. Les valeurs observées chez les hommes étaient
proches de celles de la population française métropolitaine (32), alors que la
prévalence était
double chez les femmes antillo-guyanaises, le taux d’efficacité
thérapeutique restant similaire.
-
L’étude PHAPPG (36) menée en 2003 sur la prévalence et la prise en charge de l’HTA
en population guadeloupéenne dite précaire montrait que la prévalence de l’HTA était
passée à 49% chez les hommes et à 52% chez les femmes de 50 à 65 ans, avec un
contrôle thérapeutique très faible, particulièrement chez les hommes. Les résultats
soulignaient l’extrême fréquence de l’obésité dans cette population défavorisée,
particulièrement chez les femmes.
-
La mise en place en 2004 du Programme Régional de Santé (PRS) sur l’HTA avec
pour objectif de donner à 6000 malades hypertendus et à leur famille les informations
nécessaires à une meilleure connaissance de leur pathologie.
De mai à juin 2004, le CFLHTA a mené une enquête de grande envergure nommée FLASH
2004 (46) avec pour objectif d’évaluer la prévalence de L’HTA et de ses principaux facteurs
de risque, d’observer le comportement hygiéno-diététique et la pratique de l’auto-mesure en
France métropolitaine. L’étude a été menée par interrogation par voie postale de 8 000
individus issus du panel Access Santé et TNS Sofres représentatifs de la population des 15 ans
et plus. Avec un taux de retour des questionnaires de 68,5%, l’échantillon utilisé comptait
5476 individus au total, dont 3707 âgés de 35 ans et plus, seuls analysés dans le rapport
d’étude, et 1769 âgés de moins de 35 ans. Le matériel d’enquête était un questionnaire autoadministré de 2 pages.
Il s’avère qu’il n’existait jusqu’à ce jour en Guadeloupe aucune donnée similaire, alors que
l’HTA est un problème de santé publique majeur dans notre région. C’est dans cette optique,
en partenariat avec le CFLHTA et le réseau HTA-GWAD, que l’enquête PRETRAHGUAD
2005 s’est mise en place. La méthodologie de cette étude est identique à celle de l’enquête
FLASH 2004 du CFLHTA, ainsi que le matériel utilisé.
B. Les Objectifs
L’enquête PRETRAHGUAD a pour objectifs :
-
d’évaluer la prévalence de l’hypertension artérielle (sous traitement médical) et des
principaux facteurs de risque dans la région Guadeloupe,
-
d’évaluer l’évolution du comportement hygiéno-diététique des guadeloupéens et faire
un point sur l’automesure tensionnelle,
-
de comparer les données régionales avec celles de l’étude FLASH réalisée en France
métropolitaine, selon la même méthodologie (CFLHTA, Août 2004).
C. METHODOLOGIE
Echantillonnage
Il s’agit d’une enquête transversale descriptive ayant porté sur un échantillon de 509
personnes représentatif de la population guadeloupéenne, âgée de 35 ans et plus :
Femmes
Hommes
Ensemble
Echantillon total
273
236
509
Prévalents
124
95
219
Hypertendus traités
97
66
163
Hypertendus non traités
27
29
56
Population non traitée
176
170
346
Non hypertendus
120
83
203
Tableau 11 : Composition de l’échantillon de population utilisé dans l’étude
PRETRAHGUAD.
Analyse et recueil des données
La méthode utilisée est sous la forme d’un sondage et construit selon la méthode des quotas à
deux degrés : répartition selon les grandes zones INSEE (recensement 1999 et actualisations)
et critères de représentativité (sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, commune de
résidence).
Elle a été réalisée par voie téléphonique sur programmation informatique en réseau CATI
(Computer Assisted Telephone Interview : conversation téléphonique sur ordinateur assisté)
permettant une saisie simultanée par dix enquêteurs (francophones et créolophones) formés
par des experts référents du réseau HTA-GWAD. Cette technique diminue le risque d’erreurs
en comparaison avec la saisie papier classique.
Le questionnaire a été élaboré par le comité scientifique du CFLHTA et le réseau HTAGWAD. Un contrôle de qualité a été effectué par un Attaché de Recherche Clinique.
Le questionnaire comportait 50 questions permettant de connaître les données
sociodémographiques, biométriques, l’utilisation de traitement de l’HTA, du diabète et du
cholestérol, les antécédents personnels et familiaux, les modifications du mode de vie et des
habitudes alimentaires au cours de la dernière année, la possession d’un appareil d’automesure et les modalités d’utilisation (voir annexes 1 et 2).
Ces données ont été saisies simultanément, analysées par des tris à plat et des tris croisés,
contrôlées et ensuite validées.
Les données ont été saisies par le logiciel EPI-INFO, importées par EXCEL et analysées
sous SPSS for Windows.
Pour estimer le nombre de sujets qui possèdent un appareil d’AMT, il a été utilisé les données
du recensement national INSEE 1999 de la population vivant en Guadeloupe. Le calcul du
nombre de sujets a été réalisé selon le sexe et par tranche d’âge de 10 ans, en appliquant la
proportion moyenne obtenue par le sondage au nombre d’individus donnés par le
recensement.
Déclaration à la CNIL
En vue de protéger la vie privée et les libertés individuelles et publiques, cette enquête a fait
l’objet d’un dépôt auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés
(CNIL).
D. Résultats
1. Prévalence des hypertendus traités
Parmi les 509 individus de l’étude de 35 ans et plus, 32% déclaraient prendre un traitement
pour l’hypertension artérielle. En extrapolant ces données sur les résultats du recensement de
1999, il est estimé que le nombre total des hypertendus traités était en Guadeloupe, en 2005
de 51 230.
La prévalence de l’hypertension artérielle traitée est de :
-
8% chez les 35 - 44 ans
-
23% chez les 45 - 54 ans
-
53% chez les 55 - 64 ans
-
59% chez les 65 - 74 ans
-
67% chez les 75 ans et plus.
70%
60%
50%
40%
Prévalence del'hypertension artérielle
30%
20%
10%
0%
35-45 ans
45-54 ans
55-64 ans
65-74 ans
75 ans et plus
Figure 1 : Prévalence des sujets traités pour une hypertension artérielle en
fonction de l’âge
2. Utilisation des traitements médicamenteux chez les
hypertendus traités
En
Guadeloupe en 2005, 32% des sujets de plus de 35 ans sont sous thérapeutique
antihypertensive. Le pourcentage de patients ayant une tension artérielle normalisés (TA <
140/90 mmHg) sous traitement est de 33%.
Le tableau 12 montre la répartition des médicaments antihypertenseurs par classes d’âge.
Pour les sujets de moins de 45 ans, les médicaments de type associations fixes sont prescrits
chez
7% des patients. Pour cette tranche d’âge, les diurétiques, les IEC/ARA II
en
monothérapie sont utilisés chacun, chez seulement 9% des patients hypertendus. Le
bêtabloqueurs restent la thérapeutique la plus prescrite pour cette tranche d’âge (17%).
Pour la tranche d’âge des 45-64 ans, les quatre classes thérapeutiques sont utilisées avec
quasiment la même fréquence.
Chez le sujet âgé de plus de 65 ans, la thérapie fixe est présente dans 35% des cas. Les
antagonistes
calciques
y sont prescrits
chez 48% de ces patients, les diurétiques et
IEC/ARAII dans 38 et 39% des cas respectivement.
Age (ans)
Diurétique
IEC/ARAII
Anticalcique
BétaBloqueur
35 – 44
7%
9%
7%
17%
7%
45 – 54
24%
23%
15%
25%
28%
55 – 64
31%
30%
30%
21%
30%
 65
38%
39%
48%
38%
35%
40%
41%
33%
17%
31%
Total
Association
fixe
Tableau 12 : Utilisation des traitements médicamenteux chez les hypertendus traités en
Guadeloupe en 2005.
Pour l’ensemble des patients hypertendus (tableau 13), les diurétiques restent la classe la plus
prescrite (40%) avec les IEC/ARA2 (41%). Les anticalciques représentent la classe la plus
utilisée en monothérapie.
Quand les patients sont sous bi ou trithérapie, (ce qui est le cas de 41% de l’ensemble des
patients traités), la thérapie fixe est présente dans 75% des cas.
Lorsque les patients sont sous bithérapie ou plus, les diurétiques et les IEC/ARA2 sont
retrouvés respectivement chez 77% et 74% de ces patients.
Ensemble des hypertendus :
Médicaments
n
%
Diurétique
IC
BB
IEC/ARA II
Autres
Associations fixes
Patients sous bi ou trithérapie
55
46
24
57
4
43
57
40
33
17
41
3
31
41
Médicaments
n
%
Thérapie Fixe
Diurétique
IEC/ARA II
IC
BB
Autres
55
44
42
19
18
2
75
77
74
33
32
4
Patients sous bithérapie ou plus :
Tableau 13: Classes thérapeutiques utilisées dans le traitement de l’HTA
On constate donc que la monothérapie est présente dans 59% des cas, la bithérapie dans 30%
et la trithérapie ou plus dans 11% des cas. La thérapie fixe occupe actuellement une place
très importante dans le traitement des patients hypertendus à tous les âges.
La figure 2 indique la comparaison
de l’utilisation
des
classes
de médicaments
antihypertenseurs chez les sujets traités pour HTA dans les enquêtes PRETRAHGUAD 2005
et FLAHS 2004.
Figure 2: comparaison des pourcentages des classes de médicaments antihypertenseurs
utilisés en monothérapie chez des sujets traités dans les enquêtes PRETRAHGUAD 2005
et FLASH 2004.
100%
90%
80%
70%
60%
PRETAHGWAD 2005
FLAHS 2004
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Diurétiques
Bétabloquant
Anticalcique
IEC/ARA II
Associations fixes
La bithérapie fixe reste de prescription importante en GUADELOUPE en 2005. Pour
l’ensemble des hypertendus traités, cette thérapie fixe est de l’ordre de 31%. Dans l’enquête
FLAHS 2004, elle est de l’ordre de 31% aussi.
L’anticalcique est
bien plus prescrit dans l’enquête PRETRAHGUAD 2005 que
dans
l’enquête FLAHS 2004 (33% versus 22%, p = 0,0033), alors que c’est l’inverse pour les
bêtabloquants (17% versus 29%, p = 0,0024) et les IEC/ARA2 (41% versus 55%, p = 0.002).
Cela s’explique par le type de population concernée, essentiellement de type AfroCaribbéenne dans notre étude, car il est reconnu que chez ces patients, l’HTA est plus
sensible aux diurétiques et aux anticalciques comparativement aux autres classes
thérapeutiques.
Chez les sujets âgés, une utilisation plus fréquente d’antagonistes calciques et de diurétiques
correspond aux recommandations faites sur le choix des médicaments antihypertenseurs
concernant la prise en charge de l’HTA de la personne âgée.
3. Mise en application des traitements non médicamenteux
chez des hypertendus traités
Des questions ont porté sur la perte de poids, l'activité physique, la consommation de
charcuterie, de fruits et légumes, de fromage et d'alcool, et le tabagisme avec l'intitulé :
« Par rapport à l'année dernière à la même époque, votre consommation a augmenté / est
restée la même » (cf annexe 1).
Par comparaison à la population des sujets non traités pour hypertension artérielle pris comme
référence, les hypertendus traités sont :
-
à peine moins nombreux à avoir perdu du poids (25% versus 29%),
-
moins nombreux à avoir augmenté leur consommation de fruits et légumes (29%
versus 46%),
-
plus nombreux à avoir diminué la charcuterie (23% versus 16%), diminué le fromage
(11% versus 8%), et diminué l'alcool (10% versus 6%).
En revanche, l'activité physique ne s'est pas modifiée, et de façon comparable dans les deux
groupes (76% versus 75%).
Le tabagisme actuel est de 3% chez les hypertendus traités, et de 11% chez les sujets de
référence. Le taux d'arrêt du tabac au cours de la dernière année a été faible, il est le même
chez les sujets traités pour hypertension et la population de référence (1%).
Ces chiffres montrent que les mesures non médicamenteuses recommandées pour la prise en
charge de l'hypertension ont été, en général, plus souvent mises en application par les sujets
traités pour une hypertension que par la population générale. La proportion des sujets
hypertendus qui ont modifié leur mode de vie pour suivre ces recommandations reste
cependant inférieure à 30% contre 50% en France métropolitaine d’après l’enquête FLAHS
2004, ou le pourcentage d’hypertendus traités était de 24%.
Il en ressort clairement que les mesures non médicamenteuses recommandées pour la prise en
charge de l’HTA ne sont pas suffisamment mises en application par les sujets traités pour
HTA en France métropolitaine et à fortiori en Guadeloupe.
4. Nombre d’appareils électroniques de mesure de pression
artérielle
L’estimation du nombre d’appareils électroniques de mesure de l’HTA dans la population
guadeloupéenne de plus de 35 ans est de 43 220, soit 26% de l’échantillon possédant un
appareil électronique. Les modèles radiaux (appareils pour le poignet) ont constitué près de la
moitié des achats (Tableau 14).
Hypertendus traités
Population totale
Possède un appareil
22474
43220
Tensiomètre au bras
12361
23772
Tensiomètre au poignet
10113
19448
Tableau 14 : Estimation du nombre et du type d’appareils d’AMT de la PA possédés
par les hypertendus traités et par la population des plus de 35 ans vivant en
Guadeloupe en 2005
5. Utilisation des appareils électroniques de mesure de
pression artérielle
La possession d’un appareil électronique de mesure de PA est retrouvée chez 43% des sujets
traités pour HTA.
Chez les patients qui ne prenaient pas de médicaments, 19% possédaient un appareil de
mesure de PA.
L’utilisation d’un appareil de mesure de la PA déclarée comme régulière (à raison de au
moins une fois par mois) par les sujets est notée chez 30 % des hypertendus traités et chez 10
% de la population ne prenant pas de traitement antihypertenseur.
Lorsque les personnes déclarent posséder un appareil d’AMT, son utilisation est déclarée
comme régulière (à raison de au moins une fois par mois) chez 73% des hypertendus traités
et chez 46% de la population ne prenant pas de traitement. (Figure 3).
80%
70%
60%
50%
Hypertendus traités
40%
Sujets non traités
30%
20%
10%
0%
Possède un appareil Utilisation régulière
si possède appareil
Utilisation rare
Pas d' utilisation
Figure 3 : Possession et utilisation d’un appareil d’AMT chez les hypertendus traités et
chez les sujets non traités pour HTA en Guadeloupe en 2005.
6. Facteurs de risque associés.
Dans cette population de patients hypertendus traités, 26% suivent un traitement
pharmacologique pour une hypercholestérolémie, et 28% pour un diabète.
Toujours dans cette population d’hypertendus traités, 33% sont en surcharge pondérale et
22% sont obèses. Le taux d’obésité de l’ensemble de la population étudiée est de 14%, il est
de 7% chez les non hypertendus.
7. Rôle du médecin dans l’utilisation des appareils d’AMT
Le rôle joué par le médecin dans l’utilisation des appareils de mesure de la PA reste malgré
tout modeste, car seulement 23% des personnes traitées pour HTA ont été informées par leur
médecin sur l’AMT, et seulement 18% ont été incitées à utiliser cet appareil (figure 3).
30%
Déjà parlé de
l'automesure
25%
Incitation à
l'automesure
20%
15%
10%
5%
0%
35-44 ans
45-54 ans
55-64 ans
65-74 ans
75 ans et
plus
Figure 3 : Rôle du médecin dans l’utilisation des appareils d’AMT dans la population
des patients hypertendus en Guadeloupe en 2005.
E. DISCUSSION
Comme nous l’avons vu en 1ère partie, l’utilisation de l’AMT est encouragée pour son intérêt
dans le diagnostic initial de l’HTA, son suivi thérapeutique et dans l’éducation des patients.
À titre diagnostique, l’AMT permet de corriger les erreurs par excès dues au phénomène
d’ « HTA blouse blanche », ou plus rarement par défaut : « HTA masquée » ou « ambulatoire
isolée ».
Il est recommandé de mesurer la pression artérielle en dehors du cabinet médical (AMT ou
MAPA), afin de s’assurer de la permanence de l’HTA et pour rechercher une « HTA blouse
blanche », avant de débuter un traitement antihypertenseur médicamenteux :

en cas de chiffres de PA compris entre 140-179/90-109 mmHg, et en l’absence d’une
atteinte des organes cibles, de diabète, d’antécédent cardio ou cérébro-vasculaire, ou
d’insuffisance rénale lors du bilan initial ;

chez le sujet âgé dont la variabilité tensionnelle est augmentée, et chez qui la
fréquence de l’effet blouse blanche est importante. Chez ces patients, la mesure de la
PA en dehors du cabinet médical est recommandée, après s’être assuré de sa
faisabilité.
Dans les autres situations, les alternatives à la mesure de la PA au cabinet médical ont un
intérêt en cas d’HTA résistante et dans l’évaluation thérapeutique.
L’enquête PRETRAHGUAD 2005 permet d’estimer
le nombre d’hypertendus en
Guadeloupe : 32% de la population guadeloupéenne âgée de 35 ans et plus est hypertendue
traitée, ce qui correspond à une estimation de 51 230 individus hypertendus.
Lors de l’enquête de l’Inserm de 1985 réalisée en Guadeloupe, la prévalence de
l’hypertension artérielle fut estimée à 23% dans une population âgée de plus de 18 ans, mais
avec un seuil tensionnel à 160/95 mm Hg (29).
Dans l’enquête INHAPAG plus récente réalisée aux Antilles-Guyane dans une population de
travailleurs âgés de 20 à 65 ans, cette prévalence est évaluée à 18,5% chez les femmes et
19,5% chez les hommes (33, 34, 35).
L’enquête FLAHS 2004 (46) réalisée en France métropolitaine toujours pour une population
âgée de plus de 35 ans montre une prévalence inférieure avec 24% d’hypertendus traités
dont :
-
4 % chez les 35 – 44 ans
-
15% chez les 45 – 54 ans
-
33% chez les 55 – 64 ans
-
40% chez les 65 – 74 ans
-
et 47% chez les 75 ans et plus.
La connaissance du nombre d’appareils de mesure électronique de PA en Guadeloupe est une
donnée nouvelle. Sur l’estimation faite d’un total de 43 220 appareils d’AMT, il apparaît que
cette technique se développe de plus en plus puisque déjà 43% des hypertendus traités en
Guadeloupe possèdent un appareil d’AMT. Ce chiffre est intéressant à comparer avec les
données de l’étude FLAHS 2004 réalisée en France métropolitaine, qui retrouve un taux de
possession d’appareil d’AMT de seulement 24% (figure 4).
80%
70 %
60%
50 %
40%
P RE T RA HGUA D 2005
30%
FLA HS 2004
20%
10 %
0%
H y pe r t e ndus
s uj e t s non
U t i l i s a t i on
pos s é da nt un
tr ai tés
r é gul i è r e
U t i l i s a t i on
r é gul i è r e
a ppa r e i l
pos s é da nt un
c he z un
c he z un non
d ' a u t o me s u r e
a ppa r e i l
hy pe r t e ndu
tr ai té
Figure 4 : Possession et utilisation d’un appareil d’AMT chez les hypertendus traités
et chez les sujets non traités, comparaison entre l’étude FLAHS 2004 réalisée en
France métropolitaine et PRETRAHGUAD 2005 réalisée en Guadeloupe.
Cette différence importante des chiffres de possession d’appareil d’AMT est expliquée par le
fait que l’HTA soit devenue une des priorités de santé publique en Guadeloupe. Les multiples
campagnes de sensibilisation menées au travers du Programme d’Education en Santé (PESHTA) ont permis la
diffusion de meilleures connaissances sur l’HTA
au sein de la
population. Ainsi, il semble qu’une prise de conscience de cette problématique se soit
généralisée sur notre archipel.
De plus, près des ¾ des personnes hypertendues traitées et qui possèdent un appareil d’AMT
en font une utilisation régulière, c’est-à-dire au moins une fois par mois, ce qui montre la forte
implication des patients dans la démarche de l’automesure.
De façon surprenante, près de la moitié des appareils de mesure de PA sont possédés par des
individus qui ne sont pas traités pour une hypertension artérielle, notion qui est également
retrouvée dans l’étude FLASH 2004. En effet, 19% des personnes qui ne suivent pas de
traitement pour HTA possèdent un appareil d’AMT, contre 9% dans l’étude FLAHS.
Concernant les personnes qui possèdent un appareil d’AMT et qui ne suivent pas de
traitement pharmacologique pour hypertension artérielle, 10% ont cependant une HTA légère
non traitée par des médicaments, mais par de simples règles hygiéno-diététiques préconisées
par leur médecin.
L’achat d’un appareil d’AMT est réalisé de façon prépondérante en dehors de toute influence
médicale avec, comme nous l’avons vu précédemment, moins de 20% des patients qui se sont
vus conseiller cet achat par leur médecin. Ce résultat est aussi retrouvé dans FLASH 2004 :
17% des patients traités ont déjà eu l’occasion de discuter de cette technique de mesure avec
un médecin, et dans 11% des cas seulement, ils ont été encouragés à pratiquer l’AMT. Cette
notion est également retrouvée dans d’autres études (47). Ceci montre que la communication
sur l’AMT mériterait d’être améliorée afin d’informer et de proposer aux patients traités ce
type d’appareil d’AMT, et surtout d’améliorer le suivi des patients souffrant d’HTA, voire
d’autres pathologies associées.
Les recommandations médicales concernant l’utilisation de l’AMT indique que l’usage des
appareils avec brassard au bras (modèles huméraux) est plus fiable que les tensiomètres de
poignet (48). L’étude PRETRAHGUAD 2005 précise que la moitié des appareils possédés
sont des appareils de type poignet. Ce pourcentage est encore plus important dans l’étude
FLAHS 2004 avec 70% des appareils possédés qui étaient de type poignet. Ces constatations
suggèrent là encore la nécessité d’une plus forte implication médicale dans la prescription ou
simplement le conseil en matière d’AMT.
Nous pouvons supposer aisément que la possession d’un appareil d’AMT par les patients
hypertendus reste limitée par l’investissement considérable que représente cet achat qui n’est
pas remboursé par la Sécurité Sociale. La possibilité de prêt d’appareils d’AMT est une
solution intéressante qui a été mise en place depuis 2 ans dans l’unité spécialisée d’HTA
rattachée au service de cardiologie du Centre Hospitalier de la Basse-Terre. Ainsi, une
quinzaine d’appareils peuvent être mis à la disposition des patients ne souhaitant pas investir.
Un rendez-vous de consultation est donné au patient avec l’infirmière spécialisée de
l’unité qui dispense un enseignement théorique et pratique quant à l’utilisation des appareils
d’AMT. En outre, cette consultation correspond à une véritable séance d’éducation sur la
maladie hypertensive, ses complications, les règles hygiéno-diététiques à adopter, le
traitement pharmacologique éventuel à mettre en place, son suivi etc. Les médecins
généralistes éprouvent souvent des difficultés à intégrer toutes ces mesures éducatives
pendant une consultation de médecine générale : ils ont été informés par le réseau HTAGWAD de cette possibilité d’adresser leurs patients en consultation spécialisée avec prêt
d’appareil d’AMT.
A l’issu des mesures réalisées à domicile par le patient selon les règles d’utilisation qui lui ont
été expliquées au préalable, le patient ramène dans l’unité d’HTA les valeurs relevées afin que
le médecin puisse calculer la valeur moyenne des PA et tirer ses conclusions (exemple en
annexe 3). Ainsi, environ 200 automesures tensionnelles ont été réalisées au sein de l’unité
d’HTA en 2 ans.
CONCLUSION
L’automesure tensionnelle est la meilleure méthode de mesure de la pression artérielle
de part sa supériorité en terme de diagnostic (HTA véritable, « HTA blouse blanche » et
« HTA masquée ») et de fiabilité pronostique. Sa faisabilité excellente et l’implication
appréciée qu’elle requiert auprès des patients en font un très bon outil de suivi thérapeutique.
L’étude PRETRAHGUAD 2005 montre que parmi les 32% de patients hypertendus traités au
sein de la population guadeloupéenne âgée de 35 ans et plus, le taux de possession d’un
appareil d’automesure tensionnelle atteint 43%, contre seulement 24% en France où l’on ne
compte que 24% d’hypertendus traités. La moitié des appareils d’AMT sont possédés par des
individus qui ne sont pas traités pour une hypertension artérielle. Ces résultats témoignent
d’une prise de conscience de la problématique majeure que représente l’HTA souvent
associée à d’autres facteurs de risque cardiovasculaire au sein de la population
guadeloupéenne, et montre l’efficacité des campagnes de sensibilisation.
En revanche, notre étude montre que le rôle très insuffisant du médecin dans l’utilisation de
l’AMT doit être développé, ainsi que les mesures éducatives pour optimiser l’emploi de cette
méthode. Sauf cas particuliers, tout diagnostic d’HTA ou surveillance des patients traités
pour HTA devraient inclure l’AMT à domicile.
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Tableau 1 : Définitions et classification des niveaux de pression artérielle selon les
recommandations de l’ESH et de l’ESC de 2003………………………………………….......12
Tableau 2 : Définitions et classification des niveaux de pression artérielle (mmHg),
selon les recommandations américaines de 2003 (JNC VII)……………………………….....13
Tableau 3 : Définitions et classification des niveaux de pression artérielle (mmHg),
selon les recommandations française de l’Anaes (2005)…………………………………......14
Tableau 4 : Détermination du facteur de risque cardio-vasculaire globale en fonction du grade
d’’HTA, des facteurs de risque associés et de l’atteinte des organes cibles………….............20
Tableau 5 : Qualité du geste d’automesure : points à vérifier avec le patient.…….................28
Tableau 6 : Contrôle de la PA en fonction de la méthode de mesure (étude SHEAF)….........32
Tableau 7 : Liste des autotensiomètres, modèles huméraux……………………………….....35
Tableau 8 : Liste des autotensiomètres modèles radiaux………………………………..........37
Tableau 9 : Prévalence, connaissance et contrôle de l’HTA en fonction de la géographie
et du niveau socio-économique………………………………………………………….......49
Tableau 10 : HTA et obésité en fonction de la géographie et du niveau socio-économique...50
Tableau
11 :
Composition
de
l’échantillon
de
population
utilisé
dans
l’étude
PRETRAHGUAD………………………………………………………………………….....74
Figure 1 : Prévalence des sujets traités pour une hypertension artérielle en fonction de
l’âge (selon PRETRAHGUAD 2005). ……………………………………………………....77
Tableau 12 : Utilisation des traitements médicamenteux chez les hypertendus traités en
Guadeloupe en 2005…………………………………………………………………………..78
Tableau 13: Classes thérapeutiques utilisées dans le traitement de l’HTA………………… .79
Figure 2: comparaison des pourcentages des classes de médicaments antihypertenseurs
utilisés en monothérapie chez des sujets traités dans les enquêtes PRETRAHGUAD 2005
et FLASH 2004………………………………………………………………………………80
Tableau 14 : Estimation du nombre et du type d’appareils d’AMT de la PA possédés par les
hypertendus traités et par la population des plus de 35 ans vivant en Guadeloupe en 2005…83
Figure 3 : Possession et utilisation d’un appareil d’AMT chez les hypertendus traités et chez
les sujets non traités pour HTA en Guadeloupe en 2005. …………………………………....84
Figure 4 : Rôle du médecin dans l’utilisation des appareils d’AMT dans la population des
patients hypertendus en Guadeloupe en 2005………………………………………………...85
Figure 5 : Possession et utilisation d’un appareil d’AMT chez les hypertendus traités et chez
les sujets non traités, comparaison entre l’étude FLAHS 2004 réalisée en France
métropolitaine et PRETRAHGUAD 2005 réalisée en Guadeloupe……………………….....88
Annexe 1 : Questionnaire Qualistat utilisé pour l’étude PRETRAHGUAD 2005.
Annexe 2 : Fiche technique du questionnaire Qualistat utilisé pour l’étude PRETRAHGUAD
2005.
Annexe 3 : Exemple de compte-rendu d’automesure tensionnelle.
BIBLIOGRAPHIE
1- Haut Comité de Santé publique. La santé en France 2002. Paris : HCSP ; 2002.
2- Direction générale de la santé. Hypertension artérielle. Paris : DGS/GTNDO ; 2003.
3- Girerd X, Mourad JJ, Vaisse B, Poncelet P, Mallion JM,Herpin D. “ Estimation of the
number of patients treated for hypertension, diabetes or hyperlipidemia in France :
FLASH study 2002”. Arch Mal Coeur, 2003 ; 96 : 750-3.
4- Wolf-Maier K, Cooper RS, Banegas JR, Giampaoli S, Hense HW, Joffres M.
Hypertension Prevalence and Blood Pressure Levels in 6 European Countries, Canada,
and the United States. JAMA 2003 ; 289 : 2363-9.
5- Frerot L, Le Fur P, Sermet C. Hypertension artérielle : prévalence et prise en charge
thérapeutique. Paris : Credes ; 1999.
6- Les registres français des cardiopathies ischémiques. Facteurs de risque et
comportements de prévention dans la population des trois registres MONICA-France.
Enquête de population 1994-1997. Paris : Fédération Française de Cardiologie ; 1998.
7- Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé. Prise en charge des patients
adultes atteints d’hypertension artérielle essentielle. Paris : Anaes ; 2000.
8- European Society of Hypertension – European Society of Cardiology guidelines for
the management of arterial hypertension, J Hypertens, 2003 ; 21 : 1011-1053.
9- National Heart Lung and Blood Institute.Prevention, Detection, evaluation, and
treatment of high blood pressure. JNC VII. Bethesda : NHLBI; 2003.
10- Recommandations HAS pour la pratique clinique. Prise en charge des patients adultes
atteints d'hypertension artérielle essentielle - Actualisation 2005.
11- Pickering T, James JD, Boddie C, Harshfield GA, Blank S, Laragh JH. How common
is white coat hypertension? JAMA 1988 ; 259 : 225-8.
12- Sega R, Trocino G, Lanzarotti A, Carugo Cesana G, Schiavina R, et al. Alterations of
cardiac structure in patients with isolated office, ambulatory, or home hypertension :
Data from the general population (Pressione Arteriose Monitorate E Loro
Associazioni PAMELA Study). Circulation 2001 ; 104(12) : 1385-92.
13- Williams B, Poulter NR, Brown MJ, Davis M, McInnes GT, Pooter JF. British
Hypertension Society guidelines for hypertension managment 2004 (BHS-IV) :
summary. BMJ 2004 ; 328 : 634-40.
14- Pickering TG, Hall JE, Appel LJ, Falkner BE, Graves J, Hill MN, et al.
Recommendations for blood pressure measurement in humans and experimental
animals : Part 1 : blood pressure measurement in humans : a statement for
professionals from the Subcommittee of Professional and Public Education of the
American Heart Association Council on High Blood Pressure Research.
Hypertension 2005 ; 45(1) : 142-61.
15- O'Brien E, Beevers G, Lip GY. ABC of hypertension. Blood pressure measurement.
Part III automated sphygmomanometry : ambulatory blood pressure measurement.
BMJ 2001 ; 322(7294) : 1110-14.
16- McAlister FA, Straus SE. Evidence based treatment of hypertension. Measurement of
blood pressure : an evidence based review. BMJ 2001 ; 322(7291) : 908-11.
17- Postel-Vinay N, Bobrie G, Ruelland A, Ménard J.
Automesure tensionnelle : 5 messages à enseigner.
Rev Prat Med gen 2003 ; 632 : 1531-4.
18- Comité français de lutte contre l'HTA. Mieux soigner son hypertension par
l'automesure. Paris : CFLHTA ; 2004.
19- Postel Vinay N, Bobrie G, Chatellier G, Raveau-Landon C. Automesure tensionnelle à
domicile et internet (1) : les hypertendus internautes.
Rev Prat Med gen 2002 ; 563 : 231-2.
20- Postel Vinay N, Bobrie G, Chatellier G, Ruelland A. Automesure tensionnelle à
domicile et internet (2) : répondre aux attentes des hypertendus internautes.
Rev Prat Med gen 2002 ; 564 : 273-4.
21- Mancia G, Reversed white-coat hypertension : definition, mechanisms and prognostic
implications. J Hypertens 2002 ; 20 : 579-81.
22- Bobrie G, Chatellier G, Genes N, Clerson P, Vaur L, Vaisse B, Ménard J, Mallion JM,
Cardiovascular Prognosis of « Masked Hypertension » Detected by Blood Pressure
Self Measurement in Elderly Treated Hypertensive Patients.
JAMA 2004 ; 291 : 1342-9.
23- Pickering TG, Davidson K, Grein W, Schwartz JE. Masked hypertension.
Hypertension 2002 ; 40 (6) : 795-6.
24- Bobrie G, Denolle Th, Postel-Vinay N. Automesure tensionnelle ; guide pratique.
Paris : Imothep /Maloine 2000 : 270 pp.
25- Vaisse B, Genes L, Vaur L, Bobrie G, Clerson P, Mallion J-M, Chatellier G.
Faisabilité de l’automesure tensionnelle à domicile chez le sujet hypertendu âgé.
Arch mal Cœur 2000 ; 93 : 963-7.
26- Hanon O, Mourad JJ, Mounier-Vehier C et al. La possession d’un appareil
d’automesure tensionnelle contribue à améliorer l’éducation des patients hypertendus.
Arch Mal Cœur 2001 ; 94 : 879-83.
27- Asmar R, Zanchetti A. Guidelines for the use of self-blood pressure monitoring : a
summury report of the first international consensus conference.
J Hypertens 2000 May ; 18(5) : 493-508.
28- Verdecchia P, Porcellati C, Schillaci G, Borgioni C, Ciucci A, Battistelli M, et al.
Ambulatory blood pressure. An independent predictor of prognosis in essential
hypertension. Hypertension 1994 ; 24(6) : 793-801.
29- Failde I, Balkau B, Costagliola D, et al. “Arterial hypertension in the adult population
of Guadeloupe, and associated factors in subjects of African origin”.
Rev Epidemiol Sante Publique, oct 1996 ; 44 : 417-26.
30- Post WS, Hill MN, Dennison CR, Xeiss JL, Gerstenblith G, Blumenthal RS. “High
prevalence of target organ damage in young, African American inner-city men with
hypertension”. J Clin Hypertens, jan-fev 2003 ; 5 : 24-30.
31- Salvador M. “L’hypertendu âgé”. HTA-Gwad-info, avril-juin 2003 ; 2 : 3-5.
32- Lang T, de Gaudemaris R, Chatellier G, Hamici L, Diène E, and the Epidemiology
group of the Société Française d’Hypertension Artérielle and the IPHAF Working
physicians group. “Prevalence and therapeutic control of hypertension in 30 000
subjects at the workplace”. Hypertension, 2001 ; 38 : 449-454.
33- Inamo J, Lang T, De Gaudemaris R, Atallah A, Inamo A, Larabi L, Chatellier G,
INHAPAG : Prévalence et contrôle de l’Hypertension Artérielle aux Antilles-Guyane.
Arch.Mal Cœur et Vx, N°spécial, Déc 2001.
34- Inamo J, Lang T, Atallah A, Inamo A, Larabi L, Chatellier G et al. Prevalence and
control of hypertension in French Caribbean regions.
J Hypertens 2005 ; 223 : 1341-1346.
35- Inamo J, Malfatti S, Lang T, Atallah A, Larabi L, De Gaudemaris R.
Hypertension artérielle aux Antilles : différences liées au sexe.
Arch Mal Cœur 2005 ; 98 : 845-849.
36- Atallah A, Inamo A, Lang T, Larabi L, Rozet JE, Chatellier G, Boulard F, Machuron
C, Foucan L, de Gaudemaris R. Prévalence et prise en charge de l’Hypertension
Artérielle en population précaire. PHAPPG, 2003.
Arch.Mal Cœur et Vx, N°spécial, Déc 2003.
37- Costagliola D, Delaunay C, Moutet JP, Kankambega P, Demeulmeester R, Donnet JP,
Papoz L, Eschwège E. The prevalence of diabetes mellitus on a Carribean island.
Diabetes Res Clin Pract 1991; 12 : 209-216.
38- Moutet JP, Kangambega-Nouvier P, Donnet JP, Pileire B, Eschvege E, Patterson
AW. “Diabetes mellitus and public health in Guadeloupe”.
West Indian Med J., sept 1990 ; 39 (3) : 139-43.
39- Stamler J, Vaccaro O, Neaton JD, Wentworth D. “For the multiple risk factor
intervention trial research group : diabetes, other risk factors and 12-yr cardiovascular
mortality for men screened in the multiple risk factor intervention trial”.
Diabetes Care, 1993 ; 16 : 434-44.
40- Dupree EA, Meyer MB. “Role of risk factors in complications of diabetes mellitus”.
Am J Epidemiol., juil 1980 ; 112 (1) : 100-12.
41- Atallah A, Inamo J, Lang T, Larabi L, Chatellier G, Rozet J-E, Machuron C, De
Gaudemaris R. “HTA en population précaire aux Antilles : rôle majeur de
l’obésité ? ”. Nutrition, Diabète & facteurs de risque, Fév. 2006 ; 4 : 67-70.
42- Foucan L, Kangambega P, Koumavi Ekouevi D, Rozet J, Bangou-Bredent J.
“Lipid profile in an adult population in Guadeloupe”.
Diabetes Metab., déc. 2000 ; 26 (6) : 473-80.
43- Girerd X, Dourmap C. “L’hypertension artérielle du syndrome métabolique”.
HTA-Gwad-info, oct. – déc. 2004 ; 7 : 5-9.
44- . Atallah A, Inamo J, Lang T, Larabi L, Chatellier G, Rozet J-E, Machuron C, De
Gaudemaris R. “Une bonne couverture sociale et un bon accès aux soins : un prérequis
nécessaire mais insuffisant pour faire disparaître une disparité de prise en charge de
l’HTA selon le niveau socio-économique”. Arch Mal Cœur 2006 ; 99 : 1-5.
45- DASD (Direction des Actions de Solidarité Départementale) : Enquête d’évaluation
initiale sur la connaissance de l’hypertension artérielle au niveau du grand public,
Novembre 2001.
46- Girerd X, Mourad JJ, Vaisse B, Poncelet P, Mallion JM, Herpin D. Résultats de
l'enquête FLAHS 2004 sur le nombre des hypertendus traités en France et sur
l'utilisation
des
appareils
d’automesure
dans
la
population
française.
Arch.Mal.Coeur.Vaiss. 2004 Déc N° spécial.
47- Tyson MJ, McElduff P. Self-blood-pressure monitoring - a questionnaire study:
response, requirement, training, support-group popularity and recommendations.
J Hum Hypertens 2003 ; 17 : 51-61.
48- O’Brien E, Asmar R, Beilin et al. ; European Society of Hypertension Working Group
on Blood Pressure Monitoring . European Society of Hypertension recommendations
for conventional ambulatory and home blood pressure measurement.
J Hypertens 2003 ; 21: 821-48.
Téléchargement