5 - Unifr

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5. Temps vs aspect : notions opératoires. Valeurs des temps composés :
l’opposition accompli vs non accompli.
1.
La notion de temps linguistique. Rappels.
1.1
La notion sémantique de temps vs la notion grammaticale de temps.
1.2
Les modes du verbe : les particularités de l’indicatif.
1.2.1 Observer.
(1)
A la fin tu es las de ce monde ancien (Apollinaire, Zone)
(2)
A la fin tu ?sois/ ?être las de ce monde ancien
(3)
Elle voulut / veut / voudra partir.
(4)
Elle voulut / veut / voudra qu’il parte.
1.3
Brève synthèse :
Les formes verbales du français peuvent exprimer le temps : d’un pdv externe, le procès est
situé chronologiquement dans l’une des trois époques (passé, présent, avenir) selon le rapport
entre les deux repères temporels (moment d’énonciation, moment X quelconque, fourni par le
contexte verbal)
2. La catégorie de l’aspect.
2.1. Quelles différences de sens y a-t-il entre les énoncés suivants ?
L’aspect – la chronologie interne du procès, les diverses phases de son déroulement
(1) (a) Cléopâtre est en train de comprendre que c’est Antoine qu’elle aime.
(a’) Cléopâtre commence à comprendre que c’est Antoine qu’elle aime.
(b) L’année dernière, j’ai été malade.
(b’) L’année dernière, j’étais malade.
(c) Il a déjà mangé.
(c’) Il a dîné, puis s’est couché.
2.2 Brève synthèse :
Les formes verbales du français peuvent aussi exprimer l’aspect : du pdv interne, le procès
peut être envisagé en lui-même, sous l’angle de son déroulement interne.
Indépendamment d’un point de repère externe, tout procès implique en lui du temps –
point de départ (début), durée, accomplissement.
3.
3.1
La notion de mode de procès (mode d’action, Aktionsart, aspect lexical).
Observer.
(a) Et grenouilles de sauter. / (b) Et grenouilles de sautiller/ (c) Et grenouilles de ressauter .
(d) Va, cours, vole, et nous venge. /
(e) Mésanges qui voletaient comme des perdues autour du marronnier; (…) (FRAPIÉ,
Maternelle, 1904, p. 131).
(f) J’ai feuilleté un peu ton livre.
1
(g) Aux cours publics, je n'écoutais plus les professeurs, qui, selon moi, radotaient
(BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 198).
(h) Est-ce une raison pour vivre d'une manière opposée à mes goûts, à mes intérêts, à mes
chances de réputation, à la conservation même de mes facultés physiques, car ma vue
s'affaiblit tous les jours. (B. CONSTANT, Journaux intimes, août 1804, p. 117.)
(h’) Je revois des photographies jaunissant dans les vieux albums (MAURIAC, Journal 1,
1934, p. 72)
(i) Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville; (...) Ô bruit doux de la pluie Par
terre et sur les toits! (VERLAINE, Romances sans par., 1874, p.14)
? Il pleut en un instant.
(j) Il ferme la porte.
? Il ferme la porte longtemps.
(k) Il a maintenant atteint le rivage.
? Il a maintenant habité ici.
4.
Pourquoi les énoncés (b) sont-ils bizarres, voire mal formés ?
(1)
(a) On a appelé le médecin. Il est arrivé en dix minutes.
(b) ? On a appelé le médecin. Il est arrivé pendant dix minutes.
(2)
(a) César a cherché la solution pendant des mois. Antoine l’a trouvée en dix
minutes.
(b) ?César a cherché la solution en dix minutes. Antoine l’a trouvée pendant des
mois.
(3)
(a) Il est paresseux.
(b) ?Il est en train d’être paresseux.
5.
FORMES SIMPLES VS FORMES COMPOSEES.
2.1. Comparer les valeurs du passé composé en (1) vs (2), puis dans le texte (3). Qu’en
conclure quant au contenu sémantique de cette forme ?
(1)
(a) Attends-moi, j’ai fini dans cinq minutes.
(b) Il a plu : regarde, la route est mouillée.
(c) J’ai pris mes lunettes, on peut y aller.
(d) Je suis calme maintenant. Tout est fini, bien fini. Je suis sorti de l’horrible
anxiété où m’avait jeté la visite du directeur. Car, je l’avoue, j’espérais encore.
Maintenant, Dieu merci, je n’espère plus. (Hugo, Le dernier jour d’un condamné).
(e) J’ai mis un fagot dans l’âtre, je le regarde flamber. Comme la nuit est calme !
Je sens bien que je ne dormirai plus. (Bernanos, Journal d’un curé de campagne).
(2)
(a) Je me rappelle très bien : ce jour-là, il a plu et il faisait très froid.
2
(b) J’ai pris mes lunettes, j’ai fermé la porte et je suis sorti. Dehors il pleuvait.
(c) J’avais oublié, ce matin, que c’était dimanche. Je suis sorti et suis allé par les
rues comme d’habitude. J’avais emporté Eugénie Grandet. Et puis, tout à coup,
comme je poussais la grille du jardin public, j’ai eu l’impression que quelque
chose me faisait signe. Le jardin était désert et nu. Mais … comment dire ? Il
n’avait pas son aspect ordinaire, il me souriait. Je suis resté un moment appuyé
contre la grille et puis, brusquement, j’ai compris que c’était dimanche. (Sartre,
La Nausée)
2.2. Comment expliquer la valeur des formes composées dans les exemples suivants ?
(I)
1.
(a) J’avais tout expliqué le mieux possible, j’étais satisfaite.
(b) Au bout de quelques instants l’enfant avait disparu. (Hugo)
2.
1.
(c)Sans aucun doute, les Allemands étaient partis. (Malraux)
(a) Pierre sera reposé : il aura dormi plus longtemps ce matin.
(b) J’espère que j’aurai rattrapé mon retard à la fin de la semaine prochaine.
(c) Il aura écrit cette lettre dans une heure.
(a) En un instant il eut écrit cette lettre.
(b) Et le drôle eut lapé le tout en un moment. (La Fontaine).
(c) Il avait eu terminé son roman en moins de deux mois.
(II)
1.
Quand il a fini son travail, il part.
2.
(a) Le caporal monta, vit le paquet, le regarda longuement, puis posa le
riz sur la table et commença à mettre le couvert. Quand il eut fini, la
mère regarda M. Jo avec l’air de se dire qu’est-ce-qu’il-fout-là-celui-làà-cette-heure-ci.
[Duras,< Frantext]
(b) Elle dit :
– Pars, Joseph.
Sa voix était nette, mais éraillée comme si tout à coup elle s’était mise à
parler faux. Après qu’elle eut parlé, Suzanne leva les yeux vers Joseph.
Elle le reconnut à peine.
3.
(a) Il s’est tapé une coquette ration de rhum à la bouteille ramenée de
son incursion dans le bar, et ç’a été tout. Mais un peu plus tard, quand
on a eu fini de manger, j’ai entendu, dans la cour, qu’ils s’engueulaient,
le vieux et la Jeanne.
[Malet, Sueur aux tripes, < Frantext]
(b) Quand j’ai eu mangé mon repas, je suis sorti.
5.
Quand il aura écrit la lettre, il l’enverra.
3
Relations entre temps simples et temps composés
Il a écrit
Parfait de présent
Il avait écrit
Parfait de l’imparfait
Il eut écrit
Parfait de l’aoriste
Il aura écrit
Parfait de futur
Système en expansion
Il a eu écrit
Parfait de passé composé
Il avait eu écrit
Parfait de plus-que-parfait
Quand il a écrit une lettre (il l’envoie)
antérieur de présent
Quand il avait écrit… (il l’envoyait)
antérieur d’imparfait
Quand il eut écrit … (il l’envoya)
antérieur d’aoriste
Quand il aura écrit … (il l’enverra)
antérieur de futur
BENVENISTE (E.), 1966, Problèmes de linguistique générale, Tome 1, chap. XIX « Les
relations de temps dans le verbe français ».
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