E115. Un impair, deux pairs, trois impairs. . . Vincent PANTALONI 28 novembre 2009 Enoncé : On considère la suite strictement croissante des entiers naturels qui commence par le premier nombre impair (1) puis se poursuit avec les deux nombres pairs qui suivent 1 : 2 et 4 puis avec les trois nombres impairs qui suivent 4 : 5,7 et 9, puis avec les quatre nombres pairs qui suivent 9 : 10, 12, 14 et 16 etc.. Trouver le 2009ième terme puis donner la formule exprimant le n-ième terme en fonction de n. Solution : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Observations et conjectures. Écrivons les premiers termes de la suite : 2 pairs 4 pairs 6 pairs z }| { }| { }| { z z 1 ; 2; 4 ; 5; 7; 9 ; 10; 12; 14; 16 ; 17; 19; 21; 23; 25 ; 26; 28; 30; 32; 34; 36 ; . . . | {z } | {z } 3 impairs 5 impairs Notons pour k entier non nul Tk le ke nombre triangulaire i.e. Tk = 1 + 2 + · · · + k = k(k + 1) 2 Notons (un )n∈N∗ la suite étudiée. u1 = 1 ; u2 = 2 ; u3 = 4. . .Par construction de la suite (un impair, deux pairs, trois impairs. . . ) il est clair que chaque terme en fin de groupe (terme encadré) est un terme d’indice T (k) pour un certain k dans N∗ . De plus, par construction aussi, comme le terme suivant le dernier entier n d’un groupe est le plus petit entier de parité différente de n qui lui est supérieur, on a donc que le terme suivant n est n + 1. Autrement dit : Propriété 1 Pour tout k dans N∗ , uT (k)+1 = uT (k) + 1 Par observation des carrés (encadrés) ci-dessus on fait la conjecture suivante : Propriété 2 Pour tout k dans N∗ , uT (k) = k2 On prouvera cette propriété plus loin ; en l’admettant, comment déterminer un pour n ∈ N∗ ? 2 Calcul de un . ① On cherche d’abord l’entier k tel que : T (k) 6 n < T (k + 1) ② Si n = T (k) alors un = k2 (utilisant la prop. 2) et sinon : ③ un = uT (k) + 1 + 2 × (n − T (k) − 1). Car un est le (n − T (k)) ième terme d’une progression arithmétique commençant à uT (k) + 1 et de raison 2. Ainsi (utilisant la prop. 2) : un = k2 + 1 + 2 × (n − T (k) − 1) 1 E115 http://www.diophante.fr/ On peut expliciter k en fonction de n, en effet, on montrera que : Propriété 3 Pour tout n dans N∗ , l’entier k tel que : T (k) 6 n < T (k + 1) est : √ −1 + 1 + 8n k=E 2 où E(x) est la partie entière du réel x, i.e. le plus grand entier inférieur ou égal à x. En admettant ce résultat, cela donne pour u2009 : √ −1 + 1 + 8 × 2009 = E(62, 88) = 62 k=E 2 On peut vérifier que T62 = 1953 et T63 = 2016. On a donc bien T (62) 6 2009 < T (63). Ainsi : u2009 = 622 + 1 + 2 × (2009 − 1953 − 1) = 3845 + 2 × 55 = 3955 3 Preuves. Prouvons les propriétés 2 et 3. La propriété 2 se prouve par récurrence : Démonstration. Initialisation : T (1) = 1 et u1 = 1 = 12 donc on a bien uT (1) = 12 . Hérédité : Supposons que pour un certain k dans N∗ on ait uT (k) = k2 . On sait que uT (k) est le dernier terme du groupe de k nombres successifs de même parité. Les (k + 1) termes suivants de la suite sont donc de la forme k2 + 1 + 2p pour p allant de 0 jusqu’à k : k2 + 1; k2 + 3; . . . ; k2 + 1 + 2p; . . . k2 + 1 + 2k Le dernier terme étant le dernier du groupe de k + 1 nombres successifs de même parité, i.e. on a uT (k+1) = k2 + 1 + 2k = (k + 1)2 ce qui conclut l’hérédité. Ainsi par récurrence, on a bien que pour tout k dans N∗ , uT (k) = k2 . La propriété 3 découle d’une résolution d’inéquation du second degré : Démonstration. Soit n dans N∗ . L’entier k tel que : T (k) 6 n < T (k + 1) est le plus grand entier K tel que T (K) 6 n. On cherche donc le plus grand entier vérifiant l’inéquation de variable x : x(x + 1) 6n 2 (1) Cette inéquation est équivalente à x2 + x − 2n 6 0. Le trinôme x2 + x − 2n a pour tout entier n deux racines réelles (car ∆ = 1 + 8n > 0) qui sont : √ √ −1 + 1 + 8n −1 − 1 + 8n et x2 = x1 = 2 2 Ainsi les réels √ de (1) sont les réels de [x1 ; x2 ]. Le plus grand entier solution de (1) est donc solution −1 + 1 + 8n E(x2 ) = E 2 Ainsi on peut donner une magnifique formule pour un selon si n est un nombre triangulaire ou pas (i.e. selon si 1 + 8n est un carré d’entier ou pas). J’ai utilisé la formule E(x) + 1 = E(x + 1) valable pour tout réel x pour alléger un peu. √ 2 √ −1 + 1 + 8n si 1 + 8n ∈ N, et sinon : un = 2 √ √ 1 + 1 + 8n −1 + 1 + 8n √ 2 × E E −1 + 1 + 8n 2 2 n−1− un = E +1+2× 2 2 http://prof.pantaloni.free.fr 2 mail me