N°4 LE BIODIVERSITAIRE BILAN 2007 - 2008 DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE EN SEINE-SAINT-DENIS L La biodiversité est devenue un grand enjeu de développement durable du XXIème siècle. Le Département de la Seine-Saint-Denis fait le choix de mettre en œuvre les engagements internationaux pris sur la biodiversité lors du Sommet de la Terre de Rio, en 1992, et sur le développement durable lors du Sommet de la Terre de Johannesburg, en 2002. Ainsi, nous plaçons la préservation de la biodiversité comme l’un des axes forts de l’Agenda 21 départemental car l’avenir de l’homme est indissociable de celui de la nature. En Seine-Saint-Denis, depuis la fin du XIXème siècle, l’urbanisation, l’industrialisation et les coupures que constituent les diverses infrastructures ont morcelé les espaces naturels et fait disparaître un grand nombre de milieux naturels et d’espèces. Il faut donc passer d’une logique de protection, bien développée dans notre Département, à une logique de cohabitation homme/nature : la biodiversité ne doit pas être réservée à quelques espaces protégés, mais s’intégrer dans la vie quotidienne du territoire. Les parcs départementaux s’ouvriront à la ville qui les entourent et les nouvelles Zones d’Activités Concertées permettront de créer un réseau de « central parcs » renforçant les continuités vertes. Notre collectivité, associée à ses partenaires institutionnels, associatifs et scientifiques, travaille quotidiennement à la préservation de la biodiversité et à sa valorisation en mobilisant les aménageurs et les opérateurs du territoire de la Seine-Saint-Denis, afin que cette question soit progressivement prise en compte dans chaque projet d’aménagement, dans chaque document d’urbanisme. LE BIODIVERSITAIRE C.MARCADET ÉDITORIAL La création de l’Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine en 2005, dont une des missions principales est l’aide à la prise de décision en matière d’aménagement, a ainsi ancré cette volonté. Aujourd’hui, l’observatoire et ses partenaires mènent des projets exemplaires. Le Biodiversitaire en est la vitrine. Claude BARTOLONE Président du Conseil général Député de la Seine-Saint-Denis 1 A.CADI- CG93 LE BIODIVERSITAIRE PRÉFACE L a naissance et le développement des villes se sont constitués en opposition à la nature, et pourtant force est de constater que la nature n’en est pas absente. Certaines plantes et certains animaux s’y sont adaptés, des écosystèmes s’y sont mis en place. Or, aujourd’hui la majorité de la population mondiale vit en ville. Cette modification du cadre de vie des humains s’accentue. Dans le même temps, la découverte d’une biodiversité urbaine, la demande d’amélioration du cadre de vie font obligation de travailler la question de la nature en ville. Cette obligation ne se pose pas comme un simple complément à l’existant, mais comme l’émergence d’une nouvelle façon de penser la ville dans le cadre d’une biodiversité menacée. Maintenir la qualité des ressources, air, eau, sol, faune, flore….. appelle la mise en place de stratégie de gestion intégrant la ville dans son rapport à l’environnement. Dans ces conditions, comprendre ces phénomènes et leurs interactions, s’informer de la diversité des recherches, construire des outils d’appréhension sont indispensables. C’est nécessaire à la définition des politiques publiques, à l’évolution des normes d’aménagement, à la sensibilisation de l’ensemble de la société. C’est indispensable pour traiter le patrimoine naturel en terme de bien commun. Mais pour que cette demande devienne la règle face aux logiques financières, spéculatives, à un urbanisme extensif et intensif, ceci appelle une maitrise citoyenne des enjeux environnementaux. Une maitrise reposant sur la reconnaissance de l’intérêt général, le développement des connaissances et le partage des savoirs. Pour toutes ces raisons, j’accorde beaucoup d’importance aux travaux de l’ODBU, à leur publication et à leur diffusion. Josiane BERNARD Vice-président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis chargée de l'environnement 2 L a biodiversité urbaine commence enfin à être prise en compte, non seulement par les associations, mais également par les collectivités et les gestionnaires. Il n’y a qu’à voir les colloques internationaux qui lui sont consacrés ou l’émergence de cette thématique dans les appels d’offres de sujets de recherche. Le Conseil économique et social a même décidé de s’emparer de ce sujet afin de produire un rapport pour envisager sa gestion dans le cadre du développement urbain. L’action qui est menée en Seine-Saint-Denis à travers l’ODBU est en passe d’être dupliquée dans d’autres départements ou villes qui s’inspirent déjà des résultats obtenus. Aujourd’hui on ne considère plus la biodiversité urbaine comme un sujet marginal par rapport à la biodiversité « naturelle », mais au contraire comme un complément normal qui s’enrichit même, par rapport à la biodiversité naturelle, de la co-évolution des espèces et des milieux avec l’homme. C’est dire que le premier volet du pari est presque gagné, en grande partie grâce à l’action du département : faire de la biodiversité urbaine un sujet à part entière de l’étude de la biodiversité et la prendre en compte dans la politique d’aménagement et de gestion d’une collectivité. Restera ensuite, pour être pleinement efficace, à établir une « gouvernance » de la biodiversité urbaine à l’échelle de l’agglomération francilienne, là où se situent les enjeux globaux, mais ce sera sans doute plus long… Le « Biodiversitaire » est le journal qui permet au Département de faire connaître les actions de l’ODBU. C’est une tâche essentielle car il faut constamment informer les citoyens sur les actions menées pour gérer la biodiversité afin de les mobiliser au quotidien. Ce numéro fait le point sur les différents programmes réalisés en 2007 et 2008 et on constatera, à travers leur diversité, que l’ODBU a maintenant investit tous les champs de la biodiversité : connaissance des espèces, que ce soit sur les plantes, les oiseaux, les insectes ou les bactéries, gestion des espèces, diffusion des connaissances... Enfin, ce « Biodiversitaire » présente des réflexions sur les enjeux de la biodiversité urbaine : la place de la nature en ville, les abeilles, la flore « invasive »… Par ces derniers articles le journal permet aux lecteurs de s’imprégner des sujets scientifiques d’actualités sur la biodiversité urbaine. LE BIODIVERSITAIRE AVANT-PROPOS Grâce à toutes ces contributions, le « Biodiversitaire » est en train de devenir un véritable trait d’union entre les scientifiques, les gestionnaires, les collectivités, les associations et le grand public. C’est une excellente réussite qui est le complément indispensable des actions menées sur la biodiversité. Jacques MORET Président du Comité scientifique de l’ODBU Professeur au Muséum national d’histoire naturelle Directeur du Conservatoire botanique national du Bassin parisien 3 CG93 PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE PAGES 6-11 ACTUALITÉS PAGES 12-17 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE PAGES 18-47 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007 ET 2008 PAGES 48-95 BRÈVES PAGES 96-111 RÉSEAU DE L’ODBU PAGES 112-114 LISTE DES ÉTUDES MENÉES EN SEINE-SAINT-DENIS PAGES 115-116 FONDS DOCUMENTAIRE PAGES 117-119 LE BIODIVERSITAIRE CG93 SOMMAIRE PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE L C’est à la fois un centre de ressources sur la biodiversité de la Seine-Saint-Denis mais aussi un espace d’échanges d’expériences et de débats sur les questions relatives à la préservation et au développement de ce patrimoine naturel. La volonté des partenaires de l’ODBU est la mise en commun totale des données collationnées par chacun. Cette règle de base intangible figure dans les conventions signées par le Département avec chaque partenaire associatif ou scientifique. MISSION L’ODBU a pour mission de : • Recueillir les données existantes relatives à la biodiversité, les valider d’un point de vue scientifique et mettre régulièrement à jour la base de données ; • Dresser des états de référence, suivre l’évolution spatio-temporelle de la biodiversité en Seine-Saint-Denis, et faire des projections dans le temps ; • Définir des enjeux de préservation et de développement de la biodiversité à l’échelle du territoire et des objectifs généraux de gestion ; • Créer et animer un réseau de partage de l’information entre tous les acteurs de la Seine-Saint-Denis ; • S’inscrire dans les programmes et réseaux régionaux, nationaux, européens et mondiaux ; • Diffuser et valoriser les travaux de l’observatoire, notamment auprès du grand public. ORGANISATION L’ODBU s’appuie sur trois piliers : un Comité scientifique, un Comité de suivi technique et une Structure coordinatrice. Les membres de ces trois instances ont une obligation de respect de confidentialité par rapport aux débats et par rapport aux données concernant la biodiversité dont ils ont connaissance au titre de leur fonction au sein de l’ODBU. • COMITÉ SCIENTIFIQUE Présidé par une personnalité scientifique de référence nommée par Monsieur le Président du Conseil général de Seine-Saint-Denis pour une durée de trois ans, le Comité scientifique a pour rôle d’inscrire les travaux de l’ODBU dans une démarche rigoureuse et objective, à savoir • Garantir la qualité scientifique des travaux de l’ODBU ; • Se prononcer sur les grands enjeux stratégiques de préservation et de développement de la biodiversité en milieu urbain ; • Garantir sur le plan éthique et déontologique la diffusion des informations à différents niveaux d’usagers : membres du Comité de suivi technique, chercheurs, étudiants, grand public etc… LE BIODIVERSITAIRE ’Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine (ODBU) de la Seine-SaintDenis a pris naissance le 12 avril 2005. Son objectif est de donner à tous et en priorité aux séquano-dionysiens l’accès à la connaissance en matière de biodiversité urbaine. PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE CG93 PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE 7 PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE Il regroupe des personnes ressources, expertes dans leur spécialité scientifique, proposées par le Président du Comité scientifique et désignées pour trois ans par Monsieur le Président du Conseil général. Les membres du comité sont désignés à titre personnel. Ils ne peuvent se faire représenter. Le Comité scientifique a pour missions de : • Valider avant saisie dans la base de données de l’ODBU les observations portant sur le patrimoine faunistique et floristique de la Seine-Saint-Denis ; • Contribuer à la construction d’un bilan annuel, qui constitue un exposé de l’état des lieux de la biodiversité du département ; • Construire, en les déclinant de façon annuelle, des propositions de stratégies de préservation et de développement de la biodiversité en milieu urbain ; • Travailler à l’harmonisation des protocoles d’inventaires et de suivis dans le temps et dans l’espace ; • Emettre un avis sur les dossiers pour lesquels l’ODBU aura été saisi : PLU, SDRIF, Schéma vert départemental, Natura 2000… • Emettre un avis sur la pertinence d’études ou de programmes de recherches envisagés sur le territoire, ainsi que des méthodes proposées. En outre, le Comité scientifique peut se saisir lui-même de certains sujets de nature scientifique ou technique relatifs à la biodiversité en Seine-Saint-Denis ou demander à la structure coordinatrice de l’ODBU de lui en faire une présentation. • COMITÉ DE SUIVI TECHNIQUE Présidé par Monsieur le Président du Conseil général ou son représentant, ce comité est ouvert à tous les acteurs oeuvrant en Seine-Saint-Denis sur le thème de la biodiversité : Etat, Région, communes, communautés d’agglomération, partenaires associatifs et scientifiques ayant signé une convention de coopération avec le Département, et gestionnaires des parcs départementaux. Le Comité de suivi technique est un lieu d’échanges et de travail collectif, qui a pour rôle de permettre à chacun de ses membres de : • Partager les expériences ou les réflexions conduites avec les autres membres du comité ; • Prendre connaissance des expériences conduites par d’autres acteurs nationaux ou inter nationaux ; • Construire collectivement, par référence à ces expériences et aux analyses produites par le Comité scientifique, des propositions de stratégies d’aménagement ou de gestion propres à préserver et à développer la biodiversité ; • Proposer des actions de vulgarisation en direction des collectifs éducatifs et plus généralement auprès du grand public ; • Contribuer à la rédaction du bilan annuel de l’ODBU ; • Enrichir la base partagée en versant des données. Chaque membre du Comité de suivi technique désigne un référent pour l’ODBU. • STRUCTURE COORDINATRICE Le Bureau Recherches et Développement de la Direction des Espaces Verts du Conseil général assure la coordination des travaux de l’Observatoire. Cette structure a les missions suivantes : • Le secrétariat et la gestion administrative de l’ODBU ; • La gestion et la maintenance de la base de données; • L’interface entre tous les partenaires ; • La participation au suivi des conventions passées avec les partenaires acteurs de l’ODBU ; • L’édition du bulletin de l’ODBU ; • Le suivi des pages Internet ; • L’organisation du colloque annuel ; • L’organisation de la diffusion et de la valorisation de l’information, de la co-élaboration de supports de communication. 8 Une charte définissant les modalités d’organisation et de fonctionnement de l’observatoire ainsi que les règles de diffusion des données, partagées par tous ses signataires, a été élaborée et validée fin 2006. COMPOSITION COMITÉ SCIENTIFIQUE Président : Jacques MORET, Professeur au Muséum national d’histoire naturelle, Directeur du Conservatoire botanique national du Bassin parisien Secrétaire scientifique : Sébastien FILOCHE, Responsable de la délégation Ile-de-France du Conservatoire botanique national du Bassin parisien EXPERTS : Ecosystèmes aquatiques : Geneviève BARNAUD, Professeur au Muséum national d’histoire naturelle Mammifères : Jean-Louis CHAPUIS, Maître de Conférences au Muséum national d’histoire naturelle Ecosystèmes urbains : Philippe CLERGEAU, Professeur au Muséum national d’histoire naturelle Champignons : Régis COURTECUISSE, Professeur à la Faculté des sciences pharmaceutiques de Lille Référent CNRS : Bernard DELAY Ecosystèmes terrestres et flore : Jean GUITTET, Ancien Maître de Conférences à l’Université Paris Sud Oiseaux : Romain JULLIARD, Maître de Conférences au Muséum national d’histoire naturelle Amphibienss et reptiles : Jean LESCURE, Directeur de recherches au Centre National de la Recherche Scientifique - Muséum national d’histoire naturelle - Société Herpétologique de France Relations homme – nature : Bernadette LIZET, Directeur de recherches au Centre National de la Recherche Scientifique - Muséum national d’histoire naturelle Autres invertébrés : Christine ROLLARD, Maître de Conférences au Muséum national d’histoire naturelle Insectes : Pierre ZAGATTI, Directeur de recherches Institut National de la Recherche Agronomique Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité – Office pour les Insectes et leur Environnement COMITÉ DE SUIVI TECHNIQUE Président : Claude BARTOLONE, Président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis ORGANISMES SIGNATAIRES DE LA CHARTE DE L’ODBU : Amis Naturalistes des Coteaux d’Avron Amis du Parc Forestier de la Poudrerie Centre National de Recherche Scientifique Centre Ornithologique Île-de-France Comité des usagers des parcs départementaux Coubron Environnement Courneuve Fleurie Forêt en Aulnoye Ligue pour la Protection des Oiseaux LE BIODIVERSITAIRE En revanche, un membre du Comité de suivi technique peut saisir l’ODBU afin d’avoir un avis sur un dossier, sur la pertinence d’études ou de programmes qu’il souhaite conduire. PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE CG93 L’ODBU n’est pas un bureau d’études. Il n’a donc pas vocation à financer des études spécifiques que souhaiteraient conduire ensemble ou séparément des membres du Comité de suivi technique. Ces actions demeurent du domaine de compétence de chaque partenaire. 9 Mouvement National de Lutte pour l’Environnement Société Herpétologique de France Muséum national d’histoire naturelle Office pour les Insectes et leur Environnement Université Paris-Sud Base de Loisirs de la Corniche des Forts Communes de Bobigny, Bondy, Coubron, l’Ile-Saint-Denis, Montreuil, Neuilly-Plaisance, Neuillysur-Marne, Noisy-le-Sec , Saint-Ouen , Villepinte. Direction de l’Eau et de l’Assainissement du Département de la Seine-Saint-Denis - Observatoire de l’Hydrologie Urbaine Direction des Espaces Verts du Département de la Seine-Saint-Denis - Services des parcs départementaux (La Courneuve, Sausset et parcs urbains), Service des Affaires Générales - Bureaux Education Relative à l’Environnement et Tourisme de Proximité, Partenariat - Mission qualité STRUCTURE COORDINATRICE Direction des Espaces Verts Contact : Maryline BARRÉ Médiatrice scientifique de l’ODBU Bureau Recherches et Développement Direction des Espaces Verts Conseil général de la Seine-Saint-Denis Hôtel du Département 93006 BOBIGNY Cedex Tél. 01 43 93 69 61 Fax. 01 43 93 98 50 E-Mail :[email protected] 10 11 LE BIODIVERSITAIRE PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE ACTUALITÉS L’ODBU est de plus en plus perçu par ses partenaires et les acteurs du territoire comme un lieu ressource en matière de biodiversité urbaine, comme le montre l’augmentation régulière des sollicitations enregistrées depuis 2007. Nous tenons à remercier l’ensemble des membres pour leur implication et leur retour d’expérience. BILAN 2007-2008 Données En 2008, la base de données comporte près de 200 000 données dont 104 649 validées et postérieures à 1990, soit 2 058 espèces. Groupe taxonomique Nombre de données Nombre d’espèces Flore 59 129 1 104 Oiseaux 43 130 154 Insectes 875 442 Champignons 582 315 Amphibiens-Reptiles 867 17 Poissons 57 10 Mammifères 157 16 Total 104 649 2 058 ACTUALITÉS Dans les grandes missions que s’est confié l’Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine, l’animation d’un réseau de partage et de diffusion des connaissances, ainsi que la définition d’enjeux de conservation à l’échelle du territoire, sont apparus comme prioritaires en 2007 et 2008. LE BIODIVERSITAIRE CG93 CG93 ACTUALITÉS Données sensibles Rappel de la Charte : « Le droit de toute personne d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues, reçues ou établies par les autorités publiques s’exerce notamment dans les conditions définies par les articles L 124-1 et suivants du Code de l’environnement. Les informations environnementales communiquées par l’ODBU sont à l’échelle des lieux-dits, des communes ou des parcs. La structure de coordination peut toutefois rejeter une demande d’information relative à l’environnement dans les conditions prévues à l’article L 124-4 du Code de l’environnement et notamment si la consultation ou la communication est susceptible de porter atteinte à l’environnement par référence à la liste des espèces sensibles. Les membres du Comité de suivi technique, au moment des versements à l’observatoire de données qu’ils ont produites, peuvent indiquer celles qu’ils jugent sensibles, ainsi que le niveau de précision correspondant. Le Comité scientifique détermine lors de la validation de chaque donnée, si sa communication est susceptible de porter atteinte à l’environnement. Il publie une fois par an la liste des espèces sensibles. » Cette liste a été établie à partir des éléments communiqués par les experts du Comité scientifique et les membres du Comité de suivi technique de l’ODBU. Elle a été validée le 20 juillet 2007. 13 ACTUALITÉS Les oiseaux : Nom Latin Ixobrychus minutus Ardea cinerea Podiceps cristatus Tachybaptus ruficollis Cygnus olor Anas platyrhynchos Pernis apivorus Accipiter nisus Buteo buteo Falco tinnunculus Asio otus Strix aluco Charadrius dubius Alcedo atthis Dendrocopos medius Dryocopus martius Saxicola torquata Locustella naevi Acrocephalus scirpaceus Nom vernaculaire Blongios nain Héron cendré Grèbe huppé Grèbe castagneux Cygne tuberculé Canard colvert Bondrée apivore Epervier d’Europe Buse variable Faucon crécerelle Hiboux moyen-duc Chouette hulotte Petit Gravelot Martin-pêcheur d’Europe Pic mar Pic noir Tarier pâtre Locustelle tachetée Rousserolle effarvatte Nom Latin Cephalanthera damasonium (Mill.) Druce Dactylorhiza praetermissa (Druce) Soó Limodorum abortivum (L.) Sw. Orchis anthropophora (L.) All. Orchis simia Lam. Ophrys insectifera L. Tulipa sylvestris L. Nom vernaculaire Céphalanthère pâle Orchis négligé Limodore à feuilles avortées Orchis homme-pendu Orchis singe Ophrys mouche Tulipe sauvage La flore : En Seine-Saint-Denis, quelques orchidées et la Tulipe sauvage peuvent être inscrites sur la liste. En effet, elles sont susceptibles de faire l’objet de collectes sauvages à des fins médicinales ou pour des collections. Leur cueillette entraînerait alors leur disparition. Les autres espèces du département, en dehors des atteintes à leurs milieux, ne font pas l’objet de collecte entraînant leur disparition. Les amphibiens et reptiles : Nom Latin Triturus cristatus Alytes obstetricans Bufo calamita Zootoca vivipara Nom vernaculaire Triton crêté Alyte accoucheur Crapaud calamite Lézard vivipare Ces espèces sont estimées rares dans le département par rapport au reste de l’Île-de-France. Toutes ces espèces sont déterminantes ZNIEFF, sauf l’Alyte accoucheur. Les insectes : Il n'y a pas d'espèces à inscrire comme "sensibles" pour les insectes actuellement recensés en Seine-Saint-Denis. 14 Les mammifères : Il n’y a pas d’espèces à inscrire comme « sensibles » pour les mammifères. Parmi les espèces présentes en Seine-Saint-Denis seules la Pipistrelle commune et l'Ecureuil roux sont protégées. Malgré leur statut de protection, la précision de localisation ne pourrait être à l'origine d'impact négatif étant donné leur mobilité. 1er colloque international « Biodiversité urbaine » Le 26 septembre 2008, s’est déroulé à Bobigny le 1er colloque international de l’ODBU, sur le thème « Appréhender la biodiversité dans la ville : un nouveau défi ? ». Cette rencontre inédite a réuni plus de 350 professionnels de l’environnement autour de 15 intervenants spécialistes de la question. Cet événement, sous le patronage de l’UNESCO et avec le concours du Muséum national d’histoire naturelle et du magazine La Recherche, s’est organisé autour de trois tables-rondes : • Quelles biodiversités en ville ? • Dynamiques de la biodiversité urbaine et « trame verte » • Citadins et biodiversité Les actes sont disponibles gratuitement auprès de l’ODBU. ACTUALITÉS En ce qui concerne les arachnides, nous ne pouvons envisager de liste d'espèces sensibles au regard des données trop éparses sur leur répartition. De plus, le niveau de sensibilité par rapport aux habitats n'est pas aussi marqué que pour les plantes. Néanmoins les plus sensibles sont les espèces qui sont plus particulièrement inféodées aux milieux humides, eux mêmes menacés de disparition. Malheureusement aucune liste n'existe sur les espèces réellement impliquées, les connaissances étant insuffisantes. LE BIODIVERSITAIRE CG93 Les arachnides : Comité scientifique Lors de la réunion du 31 mai 2007 a été présenté et validé le projet de Suivi temporel des Oiseaux Communs en Seine-Saint-Denis. Un point d’avancement a été fait concernant l’Atlas des habitats. La réunion du 11 avril 2008 a permis de débuter la réflexion sur quatre grandes thématiques : • la définition des enjeux de conservation pour les espèces et les habitats, • la mise en œuvre d’un suivi temporel de la biodiversité, • le concept de trame verte et bleue (perspective du Grenelle de l’Environnement), • l’initiation de travaux sur les espèces exotiques et invasives. Philippe CLERGEAU a accepté de rejoindre le Comité scientifique en tant qu’expert « écosystèmes urbains » le 13 décembre 2007 et Bernard DELAY en tant que représentant du CNRS depuis le 5 décembre 2007. 15 ACTUALITÉS Comité de suivi technique Le Comité de suivi technique s’est réuni les 2 avril et 19 décembre 2008. Ces deux rencontres ont été l’occasion de présenter les bilans et perspectives 2007/2008 puis 2008/2009. 2 groupes de travail se sont déroulés : • le 20 mars 2007 sur les enjeux oiseaux (définition d’une liste d’espèces prioritaires) ; • le 19 juin 2008 sur biodiversité et urbanisme (présentation de projets pilotes en Seine-Saint-Denis). Les comptes-rendus de ces rencontres sont disponibles sur simple demande. Charte 24 organismes sont signataires de la charte en 2008 (18 en 2007) : • 11 associations : les Amis de la Poudrerie, ANCA, Comité des usagers des parcs départementaux, CORIF, Coubron Environnement, Courneuve Fleurie, Forêts en Aulnoye, LPO, MNLE, OPIE, SHF ; • 9 communes : Bobigny, Bondy, Coubron, L’Île-Saint-Denis, Montreuil, NeuillyPlaisance, Noisy-le-Sec, Saint-Ouen et Villepinte ; • 3 organismes scientifiques : CNRS, MNHN, Université Paris Sud ; • 1 syndicat mixte : BPAL de la Corniche des Forts. Sollicitations de l’ODBU L’ODBU a reçu un nombre croissant de sollicitations (105 en 2007 et 263 en 2008), formulées par des communes, des aménageurs, des scientifiques et des particuliers. Pour 2008, ces demandes correspondent à : • 45% dans le cadre d’études d’impact ou d’aménagement, • 43% dans le cadre de problématique de gestion, • 13% dans le cadre de projets de recherche appliquée. PERSPECTIVES POUR 2009-2010 Les travaux concernés sont : • l’installation du Comité de médiation et définition d’une stratégie de médiation auprès des publics ; • la révision de la Charte de l’ODBU ; • l’élaboration de documents de synthèse sur l’état de connaissance de la biodiversité du département et des principaux parcs et forêts ; • la poursuite de groupes de travail dont celui sur biodiversité et urbanisme et celui sur les trames vertes et bleues ; • la poursuite de l’élaboration de protocoles types dans le cadre de suivi temporel des espèces ; • l’élaboration d’indicateurs de la biodiversité ; • la mise à disposition d’un fonds documentaire sur les thèmes de la biodiversité urbaine ; • le 2ème colloque international sur la biodiversité urbaine. 16 NOMBRE DE DONNÉES 680 7378 2373 2058 1222 1802 1234 4902 6617 3128 1078 2194 2716 2285 622 2506 519 3590 1677 5042 2805 6597 3959 789 1897 612 2785 371 362 1304 3879 2456 1379 5043 2765 3239 1417 1408 9517 2926 NOMBRE D’ESPÈCES 237 698 265 304 292 301 264 497 756 463 270 342 359 419 245 380 212 499 405 429 673 608 575 266 271 228 287 157 207 319 374 448 312 568 398 389 427 294 810 315 ACTUALITÉS COMMUNE Aubervilliers Aulnay-sous-Bois Bagnolet Le Blanc-Mesnil Bobigny Bondy Le Bourget Clichy-sous-Bois Coubron La Courneuve Drancy Dugny Epinay-sur-Seine Gagny Gournay-sur-Marne L'Ile-Saint-Denis Les Lilas Livry-Gargan Montfermeil Montreuil-sous-bois Neuilly-Plaisance Neuilly-sur-Marne Noisy-le-Grand Noisy-le-sec Pantin Pavillons-sous-Bois Pierrefitte-sur-Seine Le Pré Saint Gervais Le Raincy Romainville Rosny-sous-Bois Saint-Denis Saint-Ouen Sevran Stains Tremblay-en-France Vaujours Villemomble Villepinte Villetaneuse Si vous souhaitez accéder aux données, veuillez contacter Maryline BARRÉ, médiatrice scientifique de l’ODBU ([email protected] ou tél. 01 43 93 69 61). LE BIODIVERSITAIRE ZOOM SUR LES COMMUNES DE LA SEINE-SAINT-DENIS Cette synthèse prend en compte les données validées et présentent dans la base de données depuis 1990. 17 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE LES ABEILLES DANS LA VILLE Gérard ARNOLD, Laboratoire Evolution, Génomes, Spéciation (LEGS), CNRS PAGES 19-23 LES ESPÈCES VÉGÉTALES INVASIVES : EXEMPLE DES JUSSIES Sébastien FILOCHE & Nicolas BOREL, Conservatoire botanique national du Bassin parisien, Conservatoire botanique national de Bailleul PAGES 24-26 LES CHAMPIGNONS : DES ALLIÉS VITAUX POUR LA FORÊT Guillaume EYSSARTIER, Société mycologique de France PAGES 27-31 CORRIDORS ÉCOLOGIQUES, CONTINUITÉS PAYSAGÈRES ET TRAME VERTE… DE LA THÉORIE À L’APPLICATION AU NIVEAU LOCAL Catherine MAURISSON & Antoine ROULET, Conseil général de la Seine-Saint-Denis Direction des Espaces Verts, Bureau Recherches et Développement PAGES 32-43 LA PRISE EN COMPTE DU FONCTIONNEMENT ÉCOLOGIQUE DES PAYSAGES Philippe CLERGEAU, Muséum national d’histoire naturelle PAGES 44-47 CG93 LES ABEILLES DANS LA VILLE Figure 1 : Abeille sur une bruyère Le Conseil général de la Seine-Saint-Denis a décidé de soutenir un programme de recherche sur l’utilisation de l’abeille domestique comme indicateur de l’environnement. Ce programme, réalisé par une équipe CNRS du Laboratoire Evolution, Génomes, Spéciation (LEGS) à Gif-sur-Yvette, a pour but de suivre l’évolution de l’activité de colonies d’abeilles placées dans un milieu urbain (voir l’article « Utilisation de l’abeille domestique comme bio-indicateur en zone urbaine à Saint-Denis » dans la partie IV). Par ailleurs, une analyse comparée est réalisée avec des colonies placées dans des environnements ruraux plus ou moins anthropisés (dans les Yvelines et en Essonne), dans le cadre du projet FRAGILE financé par la région Île-de-France. Ce programme de recherche sur l’abeille en ville RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE Gérard ARNOLD Laboratoire Evolution, Génomes, Spéciation (LEGS) CNRS – UPR 9034 Avenue de la Terrasse 91198 Gif-Sur-Yvette Cedex Tél. 01 69 82 37 17 E-mail : [email protected] LE BIODIVERSITAIRE RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE 19 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE est particulièrement intéressant puisqu’aucune donnée scientifique n’a été publiée sur ce sujet au niveau international. A l’opposé, et de manière parfois inattendue, de nombreux témoignages existent sur la présence de ruches dans les villes, y compris dans de très grandes cités. L’objectif de cet article est de présenter quelques exemples de ce qui existe dans certains pays, dont la France. Cette présentation n’est évidemment pas exhaustive, mais elle permet de mettre en évidence un mouvement qui semble universel, car il correspond probablement à un impérieux besoin des citadins de faire rentrer la nature dans la ville. Un point important est souligné par l’ensemble des témoignages des apiculteurs urbains, en France, comme à l’étranger : les abeilles vivant dans les villes produisent, généralement, davantage de miel que les abeilles de la campagne, environ le double. Cela serait dû à plusieurs facteurs : • il y a souvent une plus grande variété de plantes en ville que dans certaines régions rurales consacrées à la monoculture ; • compte tenu de la température plus élevée régnant dans les villes, les abeilles peuvent y travailler plus longuement, pendant la journée et pendant l’année, qu’à la campagne ; • en ville, les abeilles sont moins exposées aux pesticides qu’elles le sont en milieu rural. L’APICULTURE URBAINE DANS LE MONDE CANADA Vancouver Dans cette grande ville, il y aurait probablement plusieurs centaines de passionnés pratiquant l’apiculture. Cette activité est maintenant devenue légale en ville, alors qu’elle ne l’était pas auparavant. La municipalité considère notamment que les apiculteurs amateurs font partie d’une stratégie générale « d’agriculture urbaine ». L’apiculture urbaine accroît la biodiversité et conduit à de meilleures récoltes de fruits et de légumes dans les jardins de la ville. Une ruche donne environ 100 kg de miel après la 1ère année. Dans cette ville, un apiculteur qui avait perdu 90% de ses ruches situées à la campagne en raison d’un épandage de pesticides, a pu développer son exploitation dans « la sécurité d’un environnement urbain ». Il n’y a, généralement, pas de plainte des habitants contre les apiculteurs, sauf si le nombre de ruches devient trop important dans 20 un jardin et cause alors une gêne aux voisins. Ceux-ci tirent d’ailleurs également un bénéfice de la présence des abeilles lorsqu’ils ont des plantes à polliniser. Les voisins sont parfois très intéressés ; ainsi, certains mettent une coupelle d’eau sur le rebord de leur fenêtre pour observer les abeilles qui viennent s’y abreuver. Voir aussi : http://www.cityfarmer.org/VancBees.html Toronto Un programme d’apiculture urbaine a été initié en 2001 par la coopérative apicole de Toronto, en collaboration avec une association, FoodShare, elle-même subventionnée par une ONG américaine Heifer International. Ce projet d’agriculture urbaine apporte de nombreux bénéfices à la communauté. D’abord par la production de miel, mais aussi grâce à l’activité pollinisatrice des abeilles, qui s’exerce dans les jardins urbains et qui entraîne une amélioration de la production de fruits et de végétaux. Par ailleurs, les abeilles pollinisent également des plantes non-alimentaires, ce qui contribue, globalement, à l’augmentation de la biodiversité dans les villes, puisque ces plantes constituent des abris et des sources de nourriture pour la faune sauvage. Ce projet présente également une composante éducative, qui permet de sensibiliser les habitants à l’écologie urbaine, ainsi qu’à l’opportunité de produire de la nourriture en ville. D’ailleurs, d’autres associations de Toronto ont saisi l’opportunité pour installer, à leur tour, des ruches en différents endroits, en particulier sur des toits d’immeubles. Cet aspect éducatif semble également avoir permis à des jeunes marginalisés de trouver un centre d’intérêt (l’apiculture) ayant une influence positive sur leur développement personnel. GRANDE-BRETAGNE Londres, Newcastle,… Un véritable engouement a saisi les citadins anglais pour l’apiculture. A Londres, des ruches sont apparues sur le toit de la banque d’Angleterre et sur celui de l’épicerie de la reine à Piccadilly. Alors qu’autrefois cette activité semblait plutôt être le fait de curés ou de gardebarrières, elle est maintenant pratiquée par une grande variété d’habitants, en particulier dans les milieux artistiques et aisés (banquiers, avocats d’affaires), pour qui elle est une réaction contre le style de vie imposé par leurs conditions de travail. Certains pensent que « pour les citadins, il n’y a pas de meilleur moyen pour retrouver la nature que de posséder une ruche ». San Francisco Il y a également de nombreuses ruches dans cette ville, mais elles sont en général peu visibles, tant les apiculteurs ne souhaitent pas être repérés. D’après certains témoignages, les colonies ne se seraient pas effondrées dans ce milieu urbain, alors qu’ailleurs aux USA de nombreuses colonies sont mortes. Il s’agit, principalement d’une apiculture de loisir, propice à l’observation du comportement des abeilles. Ainsi, comme en témoigne une apicultrice : « chaque matin, en prenant mon café sur mon balcon, je les regarde travailler, et c’est tout simplement fascinant ». Lexington Bien que l’état du Massachusetts n’interdise pas l’apiculture dans les villes, certains apiculteurs urbains préfèrent néanmoins cacher leurs ruches ou les peindre en marron ou vert foncé, voire les dissimuler derrière des plants de tomates. Mais le meilleur moyen pour faire accepter ses ruches par ses voisins est encore de leur donner un pot de miel accompagné d’une brochure dans laquelle on explique pourquoi les abeilles sont utiles à l’environnement. Voir aussi : http://www.beekeeping.com/articles/us/taste_h oney.htm L’APICULTURE URBAINE EN FRANCE L’apiculture urbaine se développe actuellement un peu partout en France, mais sa présence dans les villes, et en particulier à Paris, est ancienne. PARIS ET ALENTOURS La Société Centrale d'Apiculture Située au 41 rue Pernety (Paris 14ème), la Société Centrale d'Apiculture (SCA), a été créée en 1856, et c’est la plus ancienne de France et la deuxième dans le monde. Son premier objectif était la lutte contre la pratique de l'étouffement (méthode de récolte des abeilles en les asphyxiant, interdite depuis par la loi de 1941) qui sévissait à cette époque sur tout le territoire. Dès cette époque, elle a organisé ses premiers cours d'apiculture, qui se sont poursuivis sans interruption jusqu'à aujourd'hui, au Jardin du Luxembourg (Paris, 5ème). Ceux-ci ont permis de faire découvrir l'abeille et l'apiculture à plusieurs dizaines de milliers d'intéressés. La SCA possède également un rucher pédagogique, situé dans le Parc Georges Brassens (Paris, LE BIODIVERSITAIRE USA New-York Des ruches sont présentes sur des terrasses à Manhattan, Brooklyn et dans le Bronx, quoique cette activité soit illégale selon le code de santé établi par la ville, en raison en particulier, des risques d’accidents allergiques pour certains habitants. Mais comme le dit une apicultrice : « Si des gens sont allergiques aux abeilles, ils ne doivent pas devenir apiculteurs, mais cela ne veut pas dire que d’autres personnes ne peuvent pas le devenir ; et puis, ce n’est pas parce que certaines personnes sont allergiques aux cacahuètes qu’on doit en interdire la vente ». Par exemple, la récolte annuelle de miel dans le quartier du Bronx est de l’ordre de 90 kg par ruche. Voir aussi : http://www.cityfarmer.org/beekeepNY.html AUSTRALIE Etat du Queensland Finalement, pour achever ce rapide tour du monde, il est intéressant de se rendre en Australie, où un code de bonne pratique de l’apiculture urbaine a été rédigé. Celui-ci, qui préconise des règles de bon sens, pourrait, d’ailleurs, être généralisé à l’ensemble des villes du monde. • La densité des ruches dans les jardins doit être adaptée à la surface de ceux-ci. Elle varie de 0 (moins de 400 m2), 2 (400-1000 m2), 5 (1000-2000 m2) à 10 (2000-4000 m2). • Un emplacement correct des ruches est la règle de base à respecter en milieu urbain. Celles-ci ne doivent pas être placées contre les propriétés voisines, sauf s’il existe une palissade ou une haie impénétrable d’au moins 2 m de haut. Elles ne doivent pas non plus être placées à proximité d’une route, d’un chemin ou d’un parc. L’entrée des ruches doit être disposée de telle sorte que les abeilles traversent la propriété de l’apiculteur lors de leurs vols aller-retour. • Tout doit être fait pour éviter les essaimages, ainsi que le pillage des colonies qui survient en fin de saison apicole (des techniques existent). • Les apiculteurs doivent disposer d’abreuvoirs à eau dans leur propriété de façon à ce que les abeilles s’y rendent préférentiellement plutôt que d’aller chez les voisins. Voir aussi : http://www.honeybee.com.au/cop/ RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE Une ruche urbaine produit environ 30 kg de miel par an, ce qui est le double des régions rurales. Une bonne partie de ce miel est distribué aux voisins, ce qui renforce le lien social. Voir aussi : http://www.bees-online.com/CityRoof.htm http://www.lbka.org.uk/ 21 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE 15ème), ayant pour but principal de favoriser, notamment chez les enfants, la connaissance des abeilles et de l’apiculture. Voir aussi : http://www.la-sca.net/societe/historique/history_01.html Les abeilles à l’Opéra de Paris Ce « petit » rucher (3 ruches) est très célèbre, puisqu’il a fait l’objet de nombreux reportages, rendus encore plus attachants par la sympathie qui émane de l’apiculteur qui l’a crée, Jean Paucton, ancien accessoiriste de l’Opéra de Paris. Les abeilles du toit de l’Opéra vont butiner dans les parcs publics de Paris et les jardins privés, produisant un excellent miel multifloral. Une ruche à la Bastille Dans le cadre de l’opération "L'abeille, sentinelle de l'environnement" organisée par l’UNAF (voir plus loin), une ruche a été installée en 2005 dans le bureau du directeur d’une grande agence de communication (Anatome) située dans le quartier de la Bastille. La récolte de miel a été, en 2007, d’environ 100 kg. « J'aime bien les observer et m'interroger sur l'origine de leurs petites pelotes de pollens colorés, tout en passant des communications téléphoniques très sérieuses », confie Henri Meynadier, son directeur. Voir aussi : http://www.unaf-apiculture.info Les abeilles à Saint-Denis À travers le terme générique de "Pollinisation de la ville" Olivier DARNÉ, plasticien et apiculteur urbain, met en chantier depuis plusieurs années un travail de recherche transdisciplinaire portant sur la ville. « Pur produit du “9-3”, je ne me considère pas comme en deuil de campagne». Créateur du parti poétique, il affirme : « La croissance étant devenue le moteur du monde et l'appauvrissement des ressources, une conséquence irréversible, nous avançons joyeusement et fatalement dans le mur. C'est peut-être à chacun d'entre nous de fabriquer des freins pour remettre à plus tard ce jour promis où les hommes, avec le sourire, s'écraseront lamentablement contre le mur que, quotidiennement, ils construisent devant eux. Courage restons ! Freinons. » Ses ruches installées sur le toit de la Mairie de Saint-Denis (93) produisent le «Miel Béton». « Ce miel est une image. Image gustative d’un paysage urbain. Un miel de pays. Nectar urbain, riche et complexe à l'échelle de la complexité culturelle de la ville, le «Miel Béton» nous parle 22 de la ville et nous la donne à goûter ». Multi-médaillé depuis 2001 au Concours Régional Agricole, ce miel est en vente à l'office de tourisme de Saint-Denis. Voir aussi : http://www.parti-poetique.org/partipoetique2.html Autres ruchers D’autres ruchers sont présents sur des toits, des balcons ou dans des jardins à Paris. Par exemple, un rucher-école, géré par le Syndicat National d’Apiculture (SNA), et comportant plus d’une dizaine de ruches existe depuis de très nombreuses années dans le bois de Vincennes. Voir aussi : http://apisite.online.fr/paris2.htm Le projet "L'abeille, sentinelle de l'environnement" L'Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) a mis en œuvre un projet national consistant à sensibiliser les français au rôle majeur de l'abeille comme sentinelle de l'environnement. L’UNAF a fait le constat que « Même si cela peut paraître paradoxal, les colonies d'abeilles vivent aujourd'hui mieux en ville que dans les campagnes en raison de l'absence de traitements phytosanitaires agricoles, d'une température légèrement supérieure et d'un enchaînement de floraisons souvent plus régulier. En France, le nombre de ruches diminue inexorablement et 2 000 à 3 000 apiculteurs cessent leur activité chaque année. Dans de très nombreuses régions, l'avenir des abeilles est en péril. » Afin de rapprocher l'abeille des citadins, des colonies d'abeilles sont disposées sur des bâtiments publics ou privés, ce qui constitue un vecteur de communication majeur tant pour les apiculteurs que pour les collectivités ou les entreprises impliquées. Pour donner à cet événement un caractère "grand public" et optimiser l'outil de communication qu'il génère, l'UNAF organise divers évènements, tels que : l’organisation de conférences, d'expositions, d'animations en direction des scolaires ou du grand public lors de l'installation ou de la récolte des ruches, et par la suite. Le 1er partenaire de l’opération fut la région Languedoc-Roussillon, qui a installé 6 ruches sur le toit de l’Hôtel de la Région à Montpellier en 2005. Elle a été suivie par la ville de Nantes, où un rucher a été installé sur le toit du Théâtre Graslin, en centre-ville. En fait, depuis longtemps, des ruchers ont été installés dans les principaux parcs de la ville. Un apiculteur, Loïc Leray, déclare « J'entretiens des ruches en ville LE BIODIVERSITAIRE ville de Besançon, le restaurant Michel BRAS, etc… Voir aussi : http://www.unaf-apiculture.info Il faut néanmoins souhaiter que l’enthousiasme des apiculteurs urbains, soit à nouveau rapidement partagé par les apiculteurs ruraux. Que les abeilles de ceux-ci puissent rapidement bénéficier d’une amélioration de la qualité de l’environnement avec, en particulier, une réduction de la quantité de pesticides utilisés, et des pratiques agricoles qui respectent mieux les abeilles, celles qui vivent en ruches, mais aussi tous les autres pollinisateurs sauvages.■ RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE depuis 20 ans ! Avant il n'y avait pas de différence entre les productions urbaines et celles de la campagne, mais depuis l'apparition des pesticides, on assiste à une dégradation des ruchers en milieu rural. En ville, la production de miel est devenue largement supérieure à celle de la campagne ; il n'y a pas non plus de mortalité d'abeilles l'hiver. » Ce dernier point est confirmé par une étude des Services Vétérinaires. De nombreux partenaires ont maintenant rejoints l’opération « Abeille, Sentinelle de l’environnement » : la ville de Lille, le Conseil général des Pyrénées-Orientales, la ville de Martigues, le Conseil régional Rhône-Alpes, la 23 24 Sébastien FILOCHE Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien UMS ISB - Case postale 53 61 Rue Buffon 75005 Paris Tél. 01 40 79 56 47 E-mail : [email protected] Nicolas BOREL Conservatoire Botanique National de Bailleul Hameau de Haendries 59270 Bailleul Tél. 03 28 49 93 07 E-mail : [email protected] LES ESPÈCES VÉGÉTALES INVASIVES : EXEMPLE DES JUSSIES S.FILOCHE, CBNBP-MNHN RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE LE BIODIVERSITAIRE RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE Figure 1 : Jussie invasive DESCRIPTION Les Jussies sont des plantes aquatiques fixées et amphibies utilisées pour l’ornement des plans d’eau. Elles sont représentées en France par deux espèces qui se sont largement naturalisées : la Jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora (Michaux) Greuter et Burdet) et la Jussie faussepéplide (Ludwigia peploides (Kunth) P.H. Raven). Ces deux plantes se développent au printemps sur les berges des cours d’eau et des étangs où elles se sont enracinées. A partir des rosettes de feuilles qui flottent à la surface de l’eau, elles vont développer des tiges traçantes et des racines entourées de tissus aérifères à l’aspect cotonneux, leur permettant de flotter à la surface de l’eau. Depuis le mois de mai jusqu’en octobre, des rameaux érigés à pilosité plus importante vont croître et donner naissance à de grandes fleurs à cinq pétales, jaune vif. Au cours de l’hiver, la plante va subsister grâce à ses tiges enfouies dans le substrat, qui se développeront à nouveau au printemps suivant. NB : A noter qu’une autre espèce, indigène en France, la Ludwigie des marais (Ludwigia palus- RISQUE DE CONFUSION ET HYBRIDES L.BOUDIN, MNHN S.BELLANFANT, CBNBP-MNHN ÉCOLOGIE DES ESPÈCES Ces deux espèces sont assez Les Jussies se développent dans proches morphologiquement. Une une gamme de milieux aquatiétude approfondie des feuilles ques très divers. Elles sont partisupérieures des rameaux fleuris culièrement bien adaptées aux et des stipules permet de les eaux stagnantes à faiblement distinguer. L. grandiflora a des courantes. On trouve les Jussies feuilles qui se prolongent progresdans les étangs, les plans d’eau, sivement sur le pétiole, lui donnant Figure 2 : Ludwigia grandiflora les canaux, les cours d’eau et les un aspect lancéolé et des stipules rivières à étiages sévères, les bras morts… de forme oblongues et aigues aux extrémités, Elles sont également tolérantes à de nombreux alors que L. peploides a des feuilles qui se substrats (vases, sables, tourbes, graviers…) et terminent brusquement sur le pétiole, lui préfèrent les expositions ensoleillées et les berdonnant un aspect oblong et des stipules arrondi ges à pente nulle à faible. Elles prolifèrent majo(en forme de rein). D’autres critères de discrimiritairement dans des eaux eutrophes. Elles supnation entre les deux espèces existent mais ils portent également de grandes variations thermisont moins aisés à observer. ques ainsi que le gel grâce à l’enfouissement de leurs tiges radicantes dans le substrat. Lorsque les Jussies sont fleuries, il y a peu de risques de confusions avec d’autres plantes REPRODUCTION ET aquatiques. A l’état végétatif, les feuilles flottantes à la surface de l’eau sont généralement assez MODE DE PROPAGATION caractéristiques : vert franc, sans poils et très Les Jussies peuvent se reproduire de façon luisantes, ce qui permet leur distinction des sexuée et asexuée. Le mode de reproduction autres espèces aquatiques. majoritaire est le bouturage. Les tiges et rosettes de feuilles flottantes sont fréquemment Ces deux espèces semblent capables de s’hybrisectionnées par les activités humaines (faucarder (pollen de L. grandiflora en contact avec le dage, passage de barques), la faune sauvage ou stigmate de L. peploides). le courant. Les fragments ainsi produits sont capables de se bouturer en s’enracinant sur une berge et de reformer alors une plante entière. RÉPARTITION La reproduction sexuée est importante chez Ces deux Jussies sont principalement originaires L. peploides qui forme des fruits et des d’Amérique du Sud. En Europe, elles se sont pargraines parfaitement viables. A l’inverse, ticulièrement naturalisées en France, du fait de L. grandiflora ne produit que très rarement des leur implantation massive comme plante d’ornegraines capables de germer. En automne, ment. On les trouve principalement sur le pourles tiges mortes sont tour méditerranéen, la façade ouest de la sectionnées et emporFrance, ainsi que dans les grandes vallées de la tées par le courant avec Loire, l’Allier, la Somme, la Seine... les fruits qui dissémineEn Île-de-France, les populations semblent heuront les graines sur reusement restreintes et localisées dans les d’autres rives. étangs et bassins de la petite couronne pariMalgré les capacités sienne, même si quelques populations ont été des Jussies à se dissésignalées dans des étangs des Yvelines et de la miner dans les milieux Seine-et-Marne. Elles sont pour la plupart naturels, le principal représentées par la Jussie à grandes fleurs, facteur de propagation mais une étude approfondie des populations de cette espèce est son semble nécessaire pour différencier les deux utilisation comme espèces sur notre territoire. plante ornementale. En effet, elle fût pendant de LE BIODIVERSITAIRE En Seine-Saint-Denis, les populations de Jussies, restreintes à quelques étangs de parc, sont contenues par des arrachages périodiques. RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE tris (L.) Elliott) peut aussi être observée dans des mares mésotrophes plutôt acides. Figure 3 : Ludwigia grandiflora 25 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE nombreuses années largement commercialisée et diffusée comme plante de bassin. En 2007, un arrêté ministériel interdisant la commercialisation et la diffusion des Jussies a été publié. Les Jussies invasives forment des populations denses et étendues. La formation de nombreuses tiges traçantes et leur capacité de reproduction végétative élevée à partir de fragments de tiges de quelques centimètres permettent à ces deux espèces de coloniser rapidement les milieux dans lesquels elles ont été introduites. IMPACTS La formation de peuplements monospécifiques de Jussies entraîne une gêne dans l’écoulement des eaux, accélère le comblement des milieux aquatiques, notamment des mares, et contribue à la disparition de plantes indigènes, pour certaines à forte valeur patrimoniale. Elles peuvent également nuire aux activités récréatives liées aux milieux aquatiques comme la pêche et la navigation en général. GESTION DES POPULATIONS L.BOUDIN, MNHN La gestion proposée ici est orientée au contexte « mare et étang ». Dans un autre type d’écosystème aquatique, d’autres propositions de gestion pourraient s’avérer plus pertinentes. Dans les mares et les étangs, les conditions sont optimales pour l’installation et le développement des Figure 4 : Ludwigia Jussies : eau stagnante, pente douce peploides bien ensoleillée, faible niveau d’eau… Dans ces écosystèmes de petite surface, les Jussies peuvent rapidement envahir tout le plan d’eau. Seule l’intervention manuelle semble appropriée pour gérer l’espèce. Des interventions mécaniques seraient particulièrement mal adaptées et L.BOUDIN, MNHN ASPECT DES POPULATIONS ET SOCIABILITÉ Figure 5 : Ludwigia peploides l’utilisation de produits chimiques quasiment inefficace et dommageable pour l’ensemble de la mare. Des arrachages répétés dans l’année doivent donc être menés. Ils visent à retirer l’ensemble de la plante (comprenant les tiges enfouies dans le substrat). Au moins deux interventions sont souhaitables, une en juin/ juillet et une en septembre/octobre. L’intervention peut être réalisée depuis les berges ou si nécessaire en barque. Les résidus ne doivent pas être déposés à proximité de la mare. Dans l’idéal, il faut les mettre dans des sacs étanches et ensuite les stocker sur des zones sèches pour ressuyage et brûlage. Une fois l’arrachage réalisé, il convient de repasser pour récupérer les boutures oubliées sur les bords de la mare et les rosettes flottant à la surface de l’eau. Il faut rappeler que les interventions qui sont réalisées sans précautions, c'est-à-dire en laissant des fragments de plante (boutures) sur le site géré, sont souvent vouées à l’échec puisque ces interventions ne font que disséminer un peu plus les Jussies. Il est important de signaler qu’il convient de suivre, plusieurs années après les travaux, la repousse des Jussies même si l’opération sur le moment s’avère satisfaisante.■ BIBLIOGRAPHIE 26 • ANTONETTI P., BRUGEL E., KESSLER F., BARBE J.-P. et TORT M., 2006. Atlas de la flore d'Auvergne - Conservatoire botanique national du Massif central. 984 p. • BOUDIN L., CORDIER J. et MORET J., 2007. Atlas de la flore remarquable du Val de Loire, entre le bec d'Allier et le bec de Vienne. Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. 464 p. • LAMBINON J., DELVOSALLE L., DUVIGNEAUD J., 1973, cinquième édition 2004. Nouvelle flore de la Belgique, du Grand-Duché du Luxembourg, du nord de la France et des régions voisines. Editions du Patrimoine du Jardin botanique national de Belgique, Meise. CXXX + 1167 p. • MULLER S. (coord.), 2004. Plantes invasives en France. Collection Patrimoines naturels, 62. Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. 168 p. Guillaume EYSSARTIER Société mycologique de France Île-de-France 20, rue Rottembourg 75012 Paris Tél. 01 44 67 96 90 E-mail : [email protected] G.EYSSARTIER, SMF LES CHAMPIGNONS : DES ALLIÉS VITAUX POUR LA FORÊT Figure 1 : Le Marasme des Oréades (Marasmius oreades) est un saprophyte bien connu des gastronomes. INTRODUCTION Les champignons sont souvent encore considérés, malgré le progrès de connaissances aujourd’hui largement vulgarisées (voir notamment, de G. LECOINTRE et H. LE GUYADER, Classification phylogénétique du vivant. Ed. Belin, 2001), comme des êtres vivants un peu particuliers et assez marginaux, peu diversifiés, au pire comme des « végétaux non chlorophylliens ». Ils forment en fait un règne à part, le règne fongique, qui comprend au moins 1 500 000 espèces, soit six fois plus que les végétaux. Nous ne connaissons, aujourd’hui, que 5 à 10 % de cette diversité… Il n’est aujourd’hui pas encore évident pour tout le monde, y compris pour les principaux connaisseurs de la vie forestière, d’accepter le fait que les champignons sont essentiels à la vie de la forêt. Il est même fort probable qu’ils soient à l’origine de la formidable expansion des végétaux en milieu terrestre, il y a de cela quelques 450 millions d’années. ROLE DANS L’ECOSYSTEME RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE LE BIODIVERSITAIRE RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE Les différents modes de vie des champignons Les champignons étant hétérotrophes, ils utilisent de la matière organique déjà formée. Au cours de l’évolution, ces organismes ont développé plusieurs modes de vie : • Saprophytisme : ce mode de vie semble prédominer dans les différents groupes de 27 G.EYSSARTIER, SMF RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE Figure 2 : Les feuilles de cet érable sont couvertes par le mycélium d’un champignon, Uncinula tulasnei. champignons, qui se nourrissent alors de matière organique en décomposition. Différents saprophytismes peuvent être distingués : les champignons coprophiles poussent sur le fumier, les crottins et autres déjections, les foliicoles décomposent les feuilles, les lignicoles le bois, les herbicoles l’herbe, les fungicoles d’autres champignons, les pyrophiles ne se développent qu’aux endroits brûlés, etc. ; • Parasitisme : les champignons vont cette fois s’implanter sur des êtres vivants qu’ils vont faire dépérir ou, tout du moins, dont ils vont accélérer le dépérissement. On sait aujourd’hui que les parasites, notamment en accélérant le renouvellement des générations et en favorisant l’augmentation de la biodiversité — parasites spécialisés —, jouent un rôle très important de structuration des communautés dans les écosystèmes ; • Symbiose : cette association à bénéfices réciproques entre deux ou plusieurs êtres vivants revêt chez les champignons des aspects variés et étonnants. Depuis les champignons cultivés par certains insectes — termites du genre Macrothermes, fourmis du genre Atta — jusqu’aux mycorhizes en passant par les lichens, on comprend pourquoi les champignons sont considérés comme les « champions de la symbiose » Les plantes n’auraient pas colonisé le milieu terrestre sans les champig gnons Les premiers eucaryotes primitifs sont apparus sur Terre il y a environ 3,2 milliards d’années, et ils ont vécus en milieu aquatique durant un bon milliard d’années avant de se risquer sur la terre 28 ferme. Les premiers organismes photosynthétiques à quitter le milieu aquatique, qui n’étaient alors qu’unicellulaires, avaient en effet de nombreux problèmes à résoudre : l’alimentation en eau devenait subitement problématique, les ultraviolets — pourtant atténués avec la mise en place de la couche d’ozone depuis l’apparition de la photosynthèse — étaient toxiques, et les écarts de température bien difficiles à gérer. Les premiers champignons primitifs sont connus dès le début de l’ère primaire — environ 570 millions d’années —, et cohabitaient avec des algues et des cyanobactéries, partenaires habituels des associations lichéniques : il est donc possible que les lichens aient été présents sur Terre à cette période, et même peut-être avant puisque certains scientifiques imaginent qu’ils étaient déjà présents il y a un milliard d’années. Un lichen, constitué d’une association entre un champignon primitif et une bactérie photosynthétique (ou cyanobactérie), a été décrit et daté du Dévonien inférieur : il vivait sur la terre ferme il y a environ 400 millions d’années. La célébrissime flore silicifiée de Rhynie, en Ecosse, est datée de 400 millions d’années : les racines des plantes qui la composent sont associées avec des champignons, selon une architecture cellulaire tout à fait comparable à celle que l’on observe aujourd’hui sur certains types de mycorhizes. De nombreux arguments plaident donc aujourd’hui en faveur d’une diversification simultanée des champignons endomycorhiziens et des végétaux terrestres. Au cours de l’évolution, les climats terriens allant en se modifiant et passant, notamment, des climats chauds majoritaires durant les ères primaires et secondaires à des climats tempérés ou froids, les plantes ont du s’adapter. Cela a entraîné une adaptation conjointe du partenaire fongique, et les ectomycorhizes — voir plus loin — sont alors apparues, probablement il y a environ 140 millions d’années : cette nouvelle association a très probablement permis, à la même période, la formidable radiation des plantes à fleurs, les Angiospermes. Il est possible, d’ailleurs, que ce type de mycorhize soit apparu plusieurs fois de façon indépendante au cours de l’évolution, ce qui expliquerait que les partenaires fongiques appartiennent à des groupes des champignons évolutivement éloignés. Les différents types d’associations mycorhiziennes Le terme mycorhize désigne l’association symbiotique entre le mycélium d’un champignon et les racines d’une plante. Le mycélium ne s’associe pas toujours de la même façon aux Les endomycorhizes éricoïdes forment des pelotons qui ressemblent un peu aux arbuscules des endomycorhizes VA, mais jamais de vésicules. Elles sont caractéristiques de nombreuses Ericacées (genre Calluna, Erica, Vaccinium, etc.). Les endomycorhizes des orchidées : comme plus de 90 % des végétaux, les orchidées sont mycorhizées. Mais les champignons sont aussi nécessaires à la germination de la graine. Les graines des orchidées sont souvent minuscules — penser aux graines de la vanille — et ne contiennent pas de réserves. Qui plus est, ces graines ne renferment même pas de plantule composée d’une amorce de racine, de tige et de feuilles comme dans les autres plantes à fleurs, mais simplement un massif de quelques cellules indifférenciées… Pour que cette graine germe et pousse dans de bonnes conditions, un champignon doit pénétrer dans la graine, apporter des nutriments et induire la multiplication et la différenciation des cellules de l’orchidée, probablement en lui fournissant des hormones. La graine va alors produire un embryon nommé protocorme, qui va devenir progressivement chlorophyllien, et qui va différencier les futurs organes de la plante adulte, parfois en plusieurs années, souvent sous terre. En ce qui concerne les mycorhizes, les filaments fongiques pénètrent dans les premières couches de cellules de la racine — le parenchyme cortical —, plus rarement dans celles d’autres organes souterrains comme les rhizomes (chez les G.EYSSARTIER, SMF Les endomycorhizes VA est le type mycorhizien le plus répandu, bien qu’elles soient inégalement réparties à la surface du globe. Les champignons associés sont microscopiques. Les plantes qui possèdent ce type de mycorhizes sont variées, depuis les plantes herbacées (maïs, tabac, tomate, blé, etc.) jusqu’aux végétaux ligneux (if, érable, merisier, frêne, peuplier, eucalyptus, etc.), en passant par les fougères et certaines hépatiques (on parle alors, étant donné que ces végétaux n’ont pas de racines, de mycothalle). Figure 3 : L’Amanite phalloïde (Amanita phalloides), un champignon ectomycorhizien redoutable car mortel. LES ECTOMYCORHIZES : le mycélium ne pénètre pas dans les cellules de la plante. Le mycélium du champignon forme cette fois un manchon dense autour de la racine, nommé manteau, et pénètre entre les cellules en formant un réseau nommé réseau de Hartig. De très nombreux arbres, dans nos régions tempérées, et souvent même des familles entières, forment ce type de mycorhizes (essentiellement Pinacées, Fagacées, Tiliacées, Abiétacées, Ulmacées et Salicacées, mais aussi Myrtacées). Souvent, ces arbres possèdent à la fois des endo- et des ectomycorhizes. LES ECTENDOMYCORHIZES : ces mycorhizes, comme leur nom l’indique, associent des caractères des endo- et des ectomycorhizes. Elles forment un réseau de Hartig, mais pénètrent aussi dans les cellules du partenaire. Les mycorhizes arbutoïdes, présentes chez l’Arbousier (Arbutus unedo), mais aussi chez les Arctostaphylos, et les mycorhizes monotropoïdes, typiques du Monotrope suce-pin (Monotropa hypopitys, voir page précédente) LE BIODIVERSITAIRE LES ENDOMYCORHIZES : le mycélium pénètre dans les cellules de la plante. Il existe trois grands type d’endomycorhizes : les endomycorhizes à vésicules et arbuscules (souvent notées « VA »), les endomycorhizes éricoïdes, et les endomycorhizes des orchidées. RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE Corallorrhiza) ou les tubercules (chez les Spiranthes). Dans nos régions tempérées, les espèces à tubercules semblent plus mycorhizées que celles à rhizomes. Singularité des orchidées, les filaments fongiques forment dans les cellules qu’ils pénètrent des « pelotons » tout à fait remarquables, qui ont donné leur nom à ces mycorhizes. De plus, ces pelotons ne persistent que quelques jours dans les cellules, et sont vite digérés par des réactions cellulaires complexes dont le sens biologique est mal connu : seuls les pelotons âgés sont peut-être attaqués, ou bien s’agit-il d’une réaction de défense de la plante limitant l’invasion du champignon. cellules végétales, et ceci définit différents types de mycorhizes, reliés à différentes catégories de plantes. 29 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE mais aussi des Pyrola, en sont deux exemples traditionnels. Qu’échangent les partenaires ? G.EYSSARTIER, SMF • Du champignon vers la plante : Eléments minéraux : les racines explorent un volume de sol relativement défini et délimité. Les hyphes mycéliennes qui leurs sont associées, en progressant dans le sol, absorbent les éléments minéraux qui sont alors transportés vers la racine. Certains de ces éléments sont peu mobiles (phosphate, potassium, etc.) voire complètement immobiles car adsorbés sur les particules du sol (ammonium, etc.), ou encore, dans le cas de l’azote, existent sous des formes généralement mal utilisées par les végétaux supérieurs comme les acides aminés, les peptides et les protéines. Ce phénomène de non disponibilité immédiate de ces éléments pour la racine est très important car, sans le mycélium et ses capacités d’expansion, il se formerait vite autour de la racine une zone dramatiquement carencée en éléments minéraux, et l’alimentation de la racine serait alors dépendante de la vitesse de migration, dans le sol, des différents minéraux. La vitesse de transport de ces éléments dans le mycélium étant plus élevée que celle résultant de la simple migration « passive » elle permet, couplée aux capacités d’expansion mycélienne très supérieure à celles des racines, un approvisionnement normal des plantes. Eau : les champignons forment de longues structures mycéliennes nommées « rhizomorphes », sorte de longs tuyaux peu cloisonnés et bien adaptés au mouvement de l’eau. Ils permettent non seulement de transporter de l’eau — et des solutés — sur de longues distances, mais assurent aussi des relations entres des plantes différentes. Ainsi, les plantes mycorhizées résistent beaucoup mieux aux différents stress hydriques. Développement des racines : les champignons produisent plusieurs types d’hormones végétales (phytohormones), et notamment de l’auxine qui stimule le développement des racines, ce qui augmente le volume d’absorption racinaire. Protection des racines : le champignon, en formant un manchon nommé « manteau » autour de la racine, constitue aussi une barrière mécanique vis-à-vis de certains micro-organismes, notamment pathogènes. En outre, il libère dans le milieu des inhibiteurs de développement ainsi que des antibiotiques qui protègent la plante associée, et des sucres tels que l’arabitol ou le mannitol qui permettent aux racines de mieux résister au gel. Figure 4 : Les lichens (ici un Cladonia) sont des champignons associés avec des algues microscopiques. 30 • De la plante vers le champignon : Substances carbonées : tous les champignons sont hétérotrophes pour le carbone, et doivent donc utiliser des substances organiques préformées. La plante-hôte fournit alors au champignon des sucres (saccharose, glucose et fructose), parfois des protéines et d’autres molécules telles que des polysaccharides comme la cellulose ou la lignine. Cet échange ne se fait que dans la zone d’élongation de la racine, là où la mise en place de la symbiose se réalise. CONCLUSION Les champignons sont donc loin d’être ces organismes simples que les gens imaginent souvent. Les relations extrêmement complexes et variées qu’ils entretiennent avec les autres organismes, et notamment avec les plantes, font d’eux une véritable clé de voûte pour la compréhension des écosystèmes, bien évidemment forestiers, mais pas seulement. Songeons par exemple que des chercheurs ont trouvé il y a quelques années que certaines algues régulièrement exondées en raison de leur habitat dans la zone de balancement des marées se déshydratent très peu simplement parce qu’elles sont associées avec… des champignons ! Les champignons n’ont sans doute pas fini de livrer tous leurs secrets.■ LE BIODIVERSITAIRE Développement des jeunes arbres : dans une forêt, les jeunes arbres poussant à l’ombre de leurs parents ne reçoivent pas assez de lumière pour que leur photosynthèse soit suffisamment active. Les ectomycorhizes et leur mycélium externe se propageant dans le sol constituent un véritable réseau reliant les arbres entre eux au niveau de leur système racinaire, et constituent ainsi de véritables ponts fongiques. Les jeunes plants reçoivent ainsi une partie des produits de la photosynthèse de leurs parents. RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE G.EYSSARTIER, SMF Figure 5 : Le Monotrope suce-pin (Monotropa hypopythis), plante non chlorophyllienne à ectendomycorhizes. • Un cas particulier entre champignons et orchidées : Les espèces d’orchidées non chlorophylliennes (Neottia, Corallorrhiza, etc.), et donc hétérotrophes, reçoivent du carbone de leur champignon associé : elles sont dites mycohétérotrophes. Cet échange a lieu aussi au niveau du protocorme, qui n’est pas chlorophyllien, et qui profite aussi peut-être de certaines hormones et facteurs de croissance fournis par le champignon. Par contre, chez certaines orchidées, ce transfert diminue beaucoup voire cesse parfois lorsque la plante commence la photosynthèse. La plupart du temps, la plante adulte peut fournir du carbone au champignon — mais cela n’a été établi que chez Goodyera repens. Il semble que dans bien des cas, la plante soit assez ingrate, et donne peu ou pas de carbone. Chez les orchidées, pourtant vertes et donc photosynthétiques, associées à des champignons ectomycorhiziens, donc déjà en relation avec des arbres environnants, certains auteurs ont démontré le transfert de substances carbonées entre l’arbre et l’orchidée par l’intermédiaire du « pont fongique » formé par le champignon. C’est le cas, par exemple, des espèces des genres Cephalanthera ou Epipactis, qui semblent donc recevoir des substances carbonées à la fois de la photosynthèse et du champignon (et par conséquent des arbres auxquels le champignon est secondairement associé), et qui peuvent ainsi s’installer dans des milieux forestiers peu éclairés. 31 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE LE BIODIVERSITAIRE RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE 32 Catherine MAURISSON et Antoine ROULET Conseil général de la Seine-Saint-Denis Direction des Espaces Verts Bureau Recherches et Développement Hôtel du Département 93006 Bobigny Cedex Tél. 01 43 93 41 98 E-mail : [email protected] Audrey MURATET UMR 7204 Conservation des Espèces, Restauration et Suivi des Populations Muséum national d'histoire naturelle 55, rue Buffon 75005 Paris Tél. 01 40 79 57 63 E-mail : [email protected] CORRIDORS ÉCOLOGIQUES, CONTINUITÉS PAYSAGÈRES ET TRAME VERTE… DE LA THÉORIE À L’APPLICATION AU NIVEAU LOCAL Les activités de l'ODBU concernant la réservation de la biodiversité ont conduit à mener des travaux sur l'ensemble du territoire de la Seine-SaintDenis. Les parcs et espaces naturels ont été les principaux sites ayant permis l'amélioration de la connaissance mais les zones urbanisées, abritant une « nature plus ordinaire », ont également bénéficié d'études et d'inventaires. Récemment, une dynamique de recherche s'est instaurée pour étudier le fonctionnement des écosystèmes en milieu urbain. La circulation des espèces en ville est un thème essentiel du maintien des populations dans ces écosystèmes particuliers. La création et la restauration de corridors biologiques ou de continuités écologiques, et l'élaboration de trames vertes sont au cœur des préoccupations actuelles des scientifiques et des aménageurs du territoire. Ces questions se posent aussi bien au niveau international que local, et ont trouvé un récent écho national avec le Grenelle de l'environnement. Corridor, continuité, trame verte... Ces notions, définies au sein de l'écologie du paysage, sont parfois interprétées de différentes manières et sont complexes à mettre en œuvre. C'est pourquoi le présent article se propose d'éclaircir ces notions, en dressant tout d’abord un historique des divers concepts impliqués et en posant ensuite les bases utiles pour la réflexion et l'action. ASPECTS HISTORIQUES DE L’AVÈNEMENT DE L’ÉCOLOGIE DU PAYSAGE AU CŒUR DES PRÉOCCUPATIONS ACTUELLES SUR LA BIODIVERSITÉ L’écologie et ses évolutions Le terme « écologie » a été inventé en 1866 par HAECKEL et est annoncé comme la science étudiant les relations entre les objets et la nature. Elle est « une théorie des cohérences de la nature, dans une logique de l’Evolution »1. Cette science devient autonome à la fin du XIXème siècle. Reposant sur l’analyse de systèmes simples, elle comprend l’écologie des associations 2 et l’écologie des populations3. De l’analyse d’un petit nombre de populations en laboratoire, c’est-à-dire en conditions contrôlées, homogènes et constantes, la discipline s’oriente vers des expérimentations in situ et analyse les relations entre des organismes coexistants dans un milieu donné. C’est dans ce cadre que TANSLEY élabore le concept d’« écosystème ». L’écosystème désigne un ensemble de relations fonctionnelles entre les éléments de la flore et de la faune (la biocénose) et les conditions du milieu (le biotope). Plus tard, en 1942, LINDEMAN propose une analyse trophique des écosystèmes et étudie les flux de matière et d’énergie qui les traversent. En 1953, les frères ODUM réinterprètent l’ensemble de l’écologie, à partir de la formalisation proposée par LINDEMAN et font de l’écosystème le paradigme L’avènement de l’écologie du paysage Comme nous venons de l’évoquer, l’écologie a, au départ, étudié les écosystèmes isolément les uns des autres et avec une approche non intégrée dans l’espace et dans le temps. De plus, les logiques économiques, sociales et culturelles dans l’étude du fonctionnement d’un écosystème n’ont pas été, ou très peu, prises en considération. Néanmoins, dans la deuxième moitié du XXe Le paysage est le paradigme de la nouvelle discipline. A l’opposé de l’approche strictement culturaliste du paysage, la définition retenue par les écologues réalise la synthèse de définitions antérieures7-8. Le paysage est ainsi défini comme un « niveau d’organisation des systèmes écologiques, supérieur à l’écosystème, le paysage se caractérise essentiellement par son hétérogénéité et sa dynamique gouvernée pour partie par les activités humaines. Il existe indépendamment de la perception. ». Le paysage est un système dynamique et évolutif adapté à l’analyse des processus écologiques, dans le cadre des transformations qui affectent les territoires. On peut néanmoins se demander pourquoi les écologues n’utilisent pas plutôt le terme d’écologie du territoire que le terme d’écologie du paysage ? LE BIODIVERSITAIRE siècle, l’étude des écosystèmes a fait place à l’étude de systèmes plus complexes. Conscients de l’intérêt d’une prise en compte de l’hétérogénéité spatio-temporelle des milieux et d’une reconnaissance de l’homme en tant que partie intégrante des systèmes écologiques, des écologues se sont rapprochés de la communauté des biogéographes et ont repris le concept d’« écologie du paysage » («landscape ecology »), proposé par l’allemand TROLL en 1939 afin de relier les structures spatiales aux processus écologiques. Jusqu’aux années 70, l’approche de l’écologie du paysage, dominée par la composante géographique, concerne principalement de vastes territoires. En 1978, le géographe BERTRAND introduit la notion de « géosystème », système géographique naturel et homogène, caractérisé par une morphologie et un fonctionnement spécifiques. L’écologie du paysage est reconnue en France, en tant que discipline scientifique, dans les années 80. Un groupe de recherches des sciences de la nature et des sciences de l’homme se constitue en une unité associée au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). LEFEUVRE, BUREL et BAUDRY participent activement à la reconnaissance à un échelon international de ce nouveau champ de l’écologie fonctionnelle. En 1982, une association internationale est créée : IALE (International Association for Landscape Ecology) qui rassemble des écologues, des géographes et des aménageurs.6 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE de la discipline. Pour pouvoir analyser avec plus de facilité les flux, ils choisissent de réduire le fonctionnement de l’écosystème aux lois de la physique. Dès lors, à côté de l’écologie des populations, prédomine jusque dans les années 70 une démarche « réductionniste », qui est devenue la règle de l’écologie écosystémique. Ainsi, les programmes biologiques internationaux lancés dans les années 60 et 70 considèrent les écosystèmes comme des milieux homogènes, stables, et non anthropisés. En revanche, à partir des années 80, les notions de variabilité et d’hétérogénéité se développent dans les analyses du fonctionnement des écosystèmes. Cette évolution va s’étendre jusqu’à la création d’une nouvelle discipline dans un milieu caractérisé par une forte anthropisation et une forte restructuration des écosystèmes, les villes. L’« écologie urbaine » a ainsi été développée pour mieux comprendre les processus écologiques et anthropiques responsables de la dynamique des écosystèmes urbains. 4 La démarche écologique actuelle aborde l’étude la biodiversité selon trois approches : • Elle relie les différentes dimensions de la biodiversité (infraspécifique, spécifique, fonctionnelle) et les structures en niveaux hiérarchiques dépendants. • Elle apporte un éclairage sur les systèmes (métapopulations, peuplements, écosystèmes, paysages) et leur dynamique. • Enfin, elle met en avant les relations entre les sociétés humaines et les systèmes écologiques qui les entourent. L’« environnement » doit prendre en compte les questions relatives à l’érosion ou à la restauration de la biodiversité.5 La préservation de la biodiversité remet en cause les modèles actuels des sociétés, qu’ils soient économiques, moraux ou esthétiques. Comme le concept est à la croisée des chemins entre les sciences de la nature (écologie, génétique, biologie, taxonomie…) et les sciences humaines (économie, sociologie, géographie, sciences politiques, anthropologie…), les recherches nécessitent une organisation autour d’équipes pluridisciplinaires. Pour les partisans culturalistes du paysage, parler d’écologie du paysage n’a pas de sens. ROGER déplore l’«absorption du paysage dans sa réalité physique, la dissolution de ses valeurs dans les valeurs écologiques, bref sa naturalisa- 33 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE tion, alors qu’un paysage, en tant qu’objet esthétique, n’est jamais naturel, mais toujours culturel »9. D’autres déplorent que les écologues du paysage n’aillent pas au-delà de la prise en compte des pratiques de l’homme en considérant les rapports sociaux et les représentations sensibles et symboliques des territoires10. En matière de paysage, de multiples approches sont possibles, ce qui rend assez ambigu l’utilisation de ce terme. Cependant, il permet aujourd’hui aux écologues, géographes, sociologues, juristes, philosophes, aménageurs, élus politiques de dialoguer et travailler ensemble11 dans l’objectif d’une meilleure prise en compte des concepts de l’écologie du paysage. L’appropriation politique de l’écologie du paysage L’avènement de l’écologie du paysage a permis l’élaboration de concepts théoriques adaptés à l’analyse du fonctionnement des écosystèmes. Depuis peu, on assiste à une appropriation politique de ces concepts en particulier par les aménageurs de l’espace (architectes, urbanistes, paysagistes, gestionnaires…). En affichant leur volonté de préserver la biodiversité tout en gérant leur territoire, les structures publiques et en particulier les collectivités territoriales ont tenté d’appliquer les concepts de l’écologie du paysage, ce qui a permis de les faire évoluer d’une part et de relancer les efforts de recherche dans ce domaine d’autre part. Aujourd’hui, le Grenelle de l’environnement a mis le concept de « trame verte » (« et bleue ») sur le devant de la scène nationale en 2008. Il correspond, à l’échelle du territoire français, à un réseau de continuités écologiques qu’il s’agirait d’identifier, de restaurer ou de créer, et d’adapter localement. L’écologie du paysage, à travers la mise en place de continuités écologiques, est donc au cœur des préoccupations actuelles. Il est donc nécessaire d’étudier ces concepts avant d’en évaluer les applications locales. DU CORRIDOR À LA TRAME VERTE, LES CONCEPTS THÉORIQUES ET L’ÉCOLOGIE DU PAYSAGE La fragmentation et la connectivité des écosystèmes sont étudiées par les écologues à l’échelle du paysage depuis les années 50. Les premières collectivités à s’intéresser à la mise en œuvre à l’échelle d’un territoire de corridors biologiques sont la région Nord-Pas-de-Calais, l’Isère et 34 l’Alsace. Ce concept de corridor biologique existe, notamment en France depuis le début des années 80 mais il lui est souvent préféré le terme de « continuité écologique » qui est moins restrictif. Le Département de la Seine-SaintDenis, quant à lui, s’intéresse à la question des continuités écologiques depuis le début des années 90. Sous le vocable de « trame verte », il y met tout ce qui relève des « continuités éco-paysagères ». Les concepts issus de l’écologie : biodiversité, écosystèmes et services écosystémiques La biodiversité désigne la diversité du monde vivant. Lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, la Convention sur la diversité biologique a été signée par 189 pays. Dans ce traité, la diversité biologique a été définie comme : « la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes ». Cette définition souligne les trois échelles auxquelles renvoie ce concept : • Génétique ; • Spécifique ; • Écosystémique. L’écosystème correspond à un ensemble de relations fonctionnelles entre les éléments de la flore et de la faune (la biocénose) et les conditions du milieu (le biotope). C’est un complexe dynamique dans lequel les espèces agissent en constante interaction. Les écosystèmes ont tendance à évoluer vers un état théorique d’équilibre stable. En réalité, notamment du fait de l’intervention humaine, ils sont toujours en état d'équilibre instable, sans cesse modifiés par de complexes boucles de rétroactions. Il est maintenant établi que la biodiversité, prise au sens de la diversité de toute forme de vie sur Terre, est essentielle à la survie des hommes. L’utilité de la diversité des espèces pour l’Homme se traduit par la notion de services dits « écosystémiques », qui sont variés : • Les services de production de matières : l’oxygène (photosynthèse des plantes), la nourriture (production agricole), les fibres (industrie textile), les biocarburants, les médicaments, les ressources génétiques, l’eau potable sont des produits issus de la biodiversité. • Les services de régulation : la biodiversité Modèle structurel des paysages Afin d’analyser le fonctionnement des écosystèmes intégré dans l’espace et le temps, les écologues du paysage ont mis en place un modèle de base, que l’on peut nommer la « théorie des îlots » ou « théorie des taches ». Basée sur une approche simplifiée, centrée sur le déplacement des espèces, elle a le mérite de donner lieu à des développements de modèles en écologie des populations fragmentées (figure 1). Les « îlots » représentent les secteurs dans lesquels les espèces ou les écosystèmes principaux sont présents et où leurs conditions vitales sont réunies. Ils sont aussi appelés « cœurs de nature », ou « zones nodales ». Concrètement, il peut s’agir des principaux espaces naturels ou semi-naturels d’un territoire. L’ensemble des îlots constitue l’« habitat », dans lequel une population trouve toutes les ressources nécessaires à sa survie. Pour aller d’un îlot à un autre, les individus utilisent les « corridors » 12, concept central que nous détaillerons plus tard. Le corridor peut être continu (cas du corridor de droite) ou fragmenté, les espèces se déplaçant de « zones relais » en « zones relais » . Sur le terrain, ils peuvent être constitués de haies, d’alignement, de rivières… Îlots et corridors sont entourés d’une « zone tampon », dans laquelle les espèces peuvent également être amenées à se déplacer. La 3 2 Zones centrales ou îlots(1) : fonction de conservation de la nature prioritaire Zones de liaison (2) : fonction de couloir ou corridor écologique limitant les phénomènes de fragmentation des habitats naturels Zones de développement ou zone tampon (3) : fonctions de protection ou de restauration complémentaire compatibles avec les activités humaines Source : http://www.econet.ulg.ac.be/pbept/pages/reseaueco.html Figure 1 : Représentation d’un paysage taille de la zone tampon est fonction de la capacité de déplacement. L’ensemble de ces éléments s’insère dans une « matrice » plus ou moins hostile aux déplacements des espèces, qui peut être par exemple constituée d’espaces agricoles ou bâtis. L’arrangement spatial de la « mosaïque paysagère » ainsi créée constitue un « patron paysager » permettant de comparer deux paysages. Cette nomenclature fournit un cadre général à la description des structures spatiales de paysages et à la mise en place de procédures d’échantillonnage de la faune et de la flore dans des travaux de recherche cherchant à tester l’hypothèse d’un « effet paysage ». Le degré de « rugosité » des éléments du paysage traduit la difficulté de mouvement des individus dans celui-ci. Ainsi, des espaces très proches peuvent être séparés par des éléments à forte rugosité (bosquets ou haies pour des insectes inféodés aux milieux herbacés)13. D’autre part, chaque élément est formé d’un « milieu intérieur » et d’une « lisière », zone d’interface avec l’extérieur. Cette lisière héberge LE BIODIVERSITAIRE Structures spatiales et hétérogénéité des paysages 1 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE participe aux cycles biogéochimiques (eau, oxygène, azote, carbone, oligo-éléments), à la formation des sols, à la limitation de l’érosion et des risques naturels (inondation, glissement de terrains, etc.), à la dépollution, à la pollinisation et à la dispersion des graines (les animaux y participent). Elle permet également de limiter les risques d’invasions par des espèces nuisibles et des maladies (plus un site est riche en espèces, plus il sera résistant à l’arrivée d’une maladie et moins les espèces envahissantes progresseront), et de réguler le climat (un écosystème riche en biodiversité sera moins sensible au changement climatique qu’un écosystème pauvre). • Les services culturels : la biodiversité est une source de bien-être, d’esthétique. C’est également une source d’éducation et d’inspiration, elle apporte des valeurs spirituelles, favorise les relations sociales, les loisirs et l’écotourisme. 35 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE des individus originaires des deux milieux contigus ainsi que des espèces qui lui sont propres mais elle peut aussi être hostile à certaines espèces (voir exemple précédent). Sa richesse biologique est donc fonction de la rugosité et de l’hétérogénéité de la frontière. Le morcellement peut augmenter cette richesse spécifique : on parle alors d’un « effet lisière » ou « écotone » positif. L’ensemble des caractéristiques écologiques d’une espèce forme une « unité fonctionnelle ». La survie des individus ou des populations d’une espèce donnée dépend de l’intégrité de cette unité, qui est fonction de l’hétérogénéité, de la connectivité et de l’arrangement spatial de la mosaïque paysagère. Les travaux sur les mouvements d’insectes ont permis d’établir des modèles mathématiques de « diffusion » qui servent à évaluer la probabilité de passage dans un paysage. Ces cartes de « contagion spatiale » permettent de déterminer le moment où la fragmentation aura des conséquences néfastes sur la dynamique des populations.14 Hétérogénéité spatiale et temporelle L’écologie du paysage définit l’hétérogénéité du paysage comme la résultante de l’hétérogénéité spatio-temporelle des contraintes environnementales et des perturbations anthropiques ou naturelles. Dans les paysages anthropisés, la dynamique est complexe. L’hétérogénéité spatiale a deux composantes : 1 • la diversité des éléments du paysage, 2 • la complexité de leurs relations dans l'espace. L’hétérogénéité varie en fonction du nombre d’éléments, de leur proportion relative (a à c), ou de leur répartition spatiale (d à f) (figure 2). a b c d e f Figure 2 : composantes de l’hétérogénéité spatiale dans un « paysage » (d’après BUREL et BAUDRY, 1999) 36 Le paysage est décrit comme un ensemble d’occupations du sol (« landcover », type de végétation, présence d’eau, de rochers…) ou d’usages des terres (« land use »). L’écologue du paysage ne découpe pas de la même manière un espace, selon qu’il étudie l’interaction d’une espèce à son environnement ou bien le processus d’érosion des sols. Quand il s’agit d’étudier un système écologique, une population animale ou végétale, ou de cartographier un site, la question à se poser d’emblée est la suivante : quelle échelle spatiale d’analyse et de représentation est la plus adaptée au problème étudié ? Des cartes peuvent différer par l’étendue (l’espace représenté) et la résolution (grain de l’information). L’écologie du paysage a profité des développements récents de la physique et des mathématiques pour la description et la compréhension des processus d’organisation des « structures paysagères ». Les approches multiplient les échelles d’analyse des structures, dans leur dynamique et leur évolution. Les outils de la géométrie fractale, qui permettent de considérer simultanément plusieurs échelles spatiales, aident à la détermination des échelles pertinentes pour l’analyse d’un processus écologique.15 Certains écologues du paysage privilégient la dimension spatiale des paysages à la dimension temporelle. Ils conçoivent alors leur objet d’étude comme des « écocomplexes », c’est-àdire des assemblages de systèmes écologiques interdépendants, qui sont le produit d’une histoire commune16. Pour d’autres, la prise en compte de l’histoire de l’environnement et des sociétés, récente ou ancienne (paléoécologie, géomorphologie), est un facteur clef dans la compréhension des processus écologiques et des mécanismes évolutifs des « paysages ». L’étude de photographies aériennes complète les méthodes historiques classiques. La prise en compte simultanée de l’espace et du temps, qui permet d’établir des corrélations, est utilisée pour définir des niveaux d’organisation dans un « paysage ». La prise en compte de l’histoire des sociétés entreprise par des écologues du paysage sur la baie du Mont-Saint-Michel a permis d’expliquer l’état actuel du parcellaire et de l’occupation du sol. Au travers de l’analyse des variations climatiques et des actions humaines, des chercheurs ont reconstitué la mise en place des peuplements animaux et végétaux, ainsi que la gestion des flux d’eau et de nutriments17. La notion de « grain » est appliquée aux espèces animales. Le grain d’une espèce est la plus et les autoroutes sont des obstacles à leurs déplacements tandis que les rivières de faible ou moyenne largeur ralentissent leurs progressions. Les fleuves sont, quant à eux, des barrières infranchissables. Enfin, les autres éléments du paysage, les bosquets, les haies, et les cultures semblent être perçus de façon homogène par les renards, puisque leur mouvement n’est pas altéré. Fragmentation des paysages L’une des causes majeures de l’érosion de la biodiversité est la fragmentation des habitats naturels et donc des populations animales et végétales. Au cours du temps, l’homme a morcelé les écosystèmes de manière intensive, entraînant la disparition d’espèces. Longtemps sous-estimé, ce phénomène a été peu étudié par les scientifiques. Or, il semble avoir des effets sur les différents niveaux d’organisation du vivant. La fragmentation est due à l’existence ou la mise en place de barrières, qui isolent les habitats créant des coupures et des barrières entre des populations de plantes ou d’animaux. Concrètement, l’urbanisation, les industries, les routes, les voies ferrées, les canaux, mais aussi les zones de grandes cultures constituent autant d’obstacles, souvent infranchissables pour la faune et la flore (figure 3). La fragmentation est un phénomène spatial qui se caractérise par une diminution de la surface totale d’un habitat et son éclatement en îlots plus ou moins isolés dans la matrice. Elle a de forte conséquence sur le maintien de l’habitat et la survie des populations qu’il abrite. Quand des populations d’une espèce subissent une baisse d’effectif suite à la fragmentation de leur habitat, elles ne peuvent se maintenir en-dessous d’un certain seuil. Quand elles sont isolées par le jeu des flux migratoires, la dérive génétique conduit à une homogénéité génétique qui les rend sensibles aux aléas de l’environnement. Enfin, le phénomène de dépression de consanguinité affaiblit les populations.20 La réaction d’une espèce à la fragmentation dépend de sa distance de dispersion, qui est fonction de sa mobilité et de ses exigences par rapport aux milieux traversés21. Il y a lieu de comparer cette distance à la distance entre les tâches. On définit un seuil d’intensité de morcellement du milieu au-delà duquel le déclin des populations est rapide.22 La vitesse d’appauvrissement biologique des îlots dépend de la superficie de l’habitat (taux d’extinction Les premiers travaux de recherche sur la fragmentation du paysage datent des années 70. Lors d’une étude sur le suivi des mouvements de populations de renards aux Etats-Unis, STORM19 a mis en évidence que les zones d’habitation LE BIODIVERSITAIRE petite échelle spatiale, en dessous de laquelle l’hétérogénéité spatiale d’un « paysage » n’est plus perçue par l’espèce.18 Les connaissances sur le sujet sont encore limitées. En outre, il existe un lien entre les échelles d’analyse spatiale et le mode d’utilisation de l’espace par une espèce. Par exemple, des espaces restreints sont cartographiés avec une forte résolution quand il s’agit d’une espèce à faible mobilité. RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE WIKIPÉDIA Figure 3 : « Effet coupure » des infrastructures 37 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE inversement proportionnel à la surface), de la diversité de l’écosystème (nombre d’espèces et de niches disponibles), de la durée de l’isolement, de l’âge de l’îlot et de la nature de la barrière. La « théorie des métapopulations », qui est une adaptation aux milieux continentaux de la « théorie biogéographique des îles »23, s’appuie sur la dynamique des populations (extinctions locales, mouvements entre tâches et processus de colonisation). La « métapopulation » est définie comme une population vivant dans un milieu hétérogène ou sur un territoire fragmenté et dont les sous-unités sont connectées par les mouvements de dispersion des individus (figure 4). Une métapopulation se maintient si le taux de recolonisation est au moins égal au taux d’extinction. Cette approche donne lieu à l’élaboration de nombreux modèles théoriques24. Corridor, continuité et connectivité Comme nous venons de le voir, la fragmentation de l’espace est un concept central de l’écologie du paysage. La circulation des espèces (condition nécessaire à leur survie) se fait via des corridors ou continuités écologiques qui fonctionnent en réseaux. Emergence des concepts Le concept de « corridor » a été développé par FAHRIG et MERRIAM en 1985 lors d’une étude portant sur la souris à patte blanche, un micromammifère vivant au sein de petites parcelles boisées dans les paysages agricoles d’Ottawa. Ils ont montré que les populations isolées dans un bois au milieu d’un champ ont des taux de croissance plus faible et sont donc plus sujettes à l'extinction que celles reliées par des haies à d’autres espaces boisés dans la matrice agricole. Ces linéaires de bosquets au bord des champs qui protègent les souris de la prédation et qui leur permettent d’aller d’un bois à un autre sont ainsi appelés « corridors ». En France, les premiers corridors étudiés en milieu site occupé site vacant dispersion Figure 4 : Modèle de métapopulation de Levins (d’après BAUDRY , BUREL, 1999) rural ont concerné les déplacements de carabes, micromammifères et grimpereaux. 25 Un corridor est une liaison fonctionnelle entre différents habitats d’une espèce ou d’un groupe d’espèces interdépendantes, permettant leur dispersion et leur migration (figure 5). Lorsque le corridor est vu sous l’angle des échanges entre populations d’une même espèce (flux de gènes, échanges de caractères…), il est qualifié de biologique. Lorsque l’on considère une structure spatiale plus large, il est qualifié d’écologique. Concept très proche, la continuité écologique désigne davantage l’idée que les îlots soient reliés que la structure spatiale les reliant. Les continuités n’étant pas forcément en forme de « couloir », comme le laisse supposer le terme corridor, nous préférerons ce terme par la suite. Enfin, la « connectivité » est un autre concept-clé dans l’analyse du maintien de populations animales et végétales. La « connectivité structurelle » est un concept cartographique : elle mesure l’arrangement spatial des éléments de paysage de même nature. La « connectivité fonctionnelle », encore appelée « perméabilité Figure 5 : Dans le «paysage» A, deux populations sont isolées dans deux îlots. Dans le «paysage» B, un corridor permet de relier les îlots entre eux. Ici, connectivités structurelle et fonctionnelle sont identiques. (d’après BAUDRY, BUREL, 1999) A 38 B des paysages », reflète l'effet de la matrice paysagère sur le comportement de dispersion des individus26 et désigne le fait que des individus puissent passer d’une tache à une autre. Ce paramètre est vital pour comprendre la dynamique des populations dans les paysages. Il dépend de la mobilité de l’espèce et de la perméabilité des éléments entre les taches. Fonctions écologiques Pour une espèce, une continuité peut satisfaire plusieurs types de déplacements servant à l’alimentation, la reproduction, le repos. Pour d’autres espèces, elle pourra jouer le rôle d’« habitat », de « refuge », de « réservoir-source », ou même de « filtre » ou de « barrière ». Les chercheurs travaillent à la définition de typologie d’espèces ou « groupes fonctionnels » exigeant un même type de corridor. Ils s’appuient sur des caractéristiques spécifiques, comme le mode de déplacement ou la stratégie d’alimentation ou de reproduction. Réalités des continuités écologiques Les continuités écologiques peuvent prendre la forme d‘éléments biologiques (une haie), physiques (une rivière) ou virtuels (axes migratoires des oiseaux), continus ou discontinus (« structure en gué » de haltes migratoires), permanents ou non. Elles relient fonctionnellement les communautés végétales ainsi que les sites de reproduction, d’alimentation, de repos et de migration de la faune. Elles ne sont pas nécessairement linéaires et végétalisées. Elles peuvent être d’origines « naturelles » mais aussi « artificielles » comme les dépendances vertes de routes, les passages aménagés pour la faune, les lignes à haute tension et les fossés. Les écologues définissent aussi des « corridors de silence, de calme, de noir », qui répondent aux problèmes de fragmentation par le bruit, le dérangement et la pollution lumineuse. La structure d’une continuité est une « mosaïque », évoluant dans le temps et l’espace. Une continuité peut être envisagée à différentes échelles spatiales et temporelles. En particulier, un couloir de migration d’oiseaux ou de mammifères terrestres sera envisagé à une plus grande échelle qu’un corridor emprunté par des espèces moins mobiles. Par exemple, dans un bocage, une haie est une « source » de graines pour la recolonisation de cultures abandonnées, un « corridor » pour des coléoptères carabiques forestiers ou de petits mammifères, un « filtre » pour le mouvement de coléoptères carabiques de champs, un « refuge » saisonnier pour de nombreux insectes, une « barrière » pour des insectes dispersés par le vent. En 1987 et 1991, des études de l’équipe de Rennes montrent que le campagnol roussâtre utilise comme corridors de dispersion des haies d’une certaine qualité (denses et continues, à strate arbustive touffue et diversifiée et strate herbacée abondante).27 Les connaissances scientifiques relatives aux continuités sont encore insuffisantes. Des chercheurs posent l’hypothèse que plus une continuité est large, mieux elle remplit ses fonctions biologiques, ou encore qu’une forme rectiligne est plus efficace pour un animal qu’une forme courbe. Sur un territoire, la continuité universelle à toutes les espèces n’existe pas. Par ailleurs, les espèces qui vont LE BIODIVERSITAIRE Figure 7 : Crapauduc en Allemagne RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE WIKIPÉDIA WIKIPÉDIA Figure 6 : Passage pour la faune sur une autoroute allemande 39 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE utiliser une continuité sont aussi bien des espèces d’intérêt patrimonial que leurs prédateurs ou des agents pathogènes. Vision sociale et paysagère des continuités écologiques Une continuité écologique ne saurait être abordée sous l’angle uniquement écologique. Elle est une portion de territoire, un motif du « paysage » pris au sens paysager du terme, avec lequel les hommes entretiennent des relations, qu’ils perçoivent et qu'ils s’approprient de différentes manières. Elle est souvent déjà inscrite dans la réalité du territoire, sous la forme d’une liaison verte : elle est un espace de vie, investi par la faune et la flore, et aussi par l’homme. Ce sont par exemple une allée plantée d’arbres, que l’on emprunte pour aller de son domicile à son lieu de travail en semaine, les abords d’un canal où l’on se promène le weekend, un élément de bocage que des agriculteurs entretiennent, les abords de voie ferrée que des naturalistes investissent pour inventorier la faune, la flore etc… Une continuité écologique peut être un espace horticole, plus « sauvage » ou en friches, comme une voie ferrée autrefois utilisée par l’homme, puis tombée en désuétude. Ce sont des éléments, appropriés socialement de différentes façons : par le regard, si le site est inaccessible, ou par d’autres relations sensibles liées à des pratiques de loisirs (promenade, tourisme) ou de travail. Les continuités écologiques, qui sont des « objets » matériels, renvoient à des représentations sociales, culturelles, symboliques. Par exemple, l’ancienne petite ceinture ferroviaire de Paris, qui peut être considérée comme une continuité écologique, a aussi une utilité sociale : elle est un lieu de contemplation, de promenade, d’évasion, de jeux, de découverte naturaliste.28 L’approche paysagère des corridors, qui identifie les liens entre les hommes et cette partie de territoire (en question), est nécessaire lorsqu’il s’agit de préserver ou de restaurer certaines continuités biologiques. C’est précisément là que réside la difficulté, dans le fait de faire converger les intérêts de groupes distincts : des scientifiques, qui s’approprient les territoires en tant que corridors écologiques, et des citadins qui se les approprient en tant que paysage ou cadre de vie. En outre, la création ou la restauration de continuités peut avoir un effet sur le paysage et sa perception. Les corridors sont des éléments dont l’agencement, la forme, ou encore la singu- 40 larité, contribuent souvent à l’identification d’un paysage, sa compréhension ou sa lecture. Le fait de préserver ou de restaurer des corridors peut concourir à l’identité d’un paysage. Ainsi, le développement d’un réseau de haies dans un bocage va renforcer l’identité paysagère du territoire. Mais, l’effet inverse peut se produire : un paysage peut être très sensiblement modifié et même faire place à un nouveau paysage. C’est le cas, par exemple, de l’implantation d’un corridor boisé dans une plaine céréalière faite de grandes parcelles homogènes ou de la mise en place d’une gestion extensive sur les abords d’une autoroute, d’un canal ou d’un fleuve. Quel est aussi l’impact paysager du développement de passages pour la grande faune au-dessus des autoroutes ? Réseau de continuités et trame verte La fusion entre écologie et paysage, qui s’est opérée avec l’approche sociale et paysagère de l’étude des continuités écologiques d’une part, et la prise en compte des théories écologiques dans les politiques d’aménagement d’autre part, ont fait émerger le concept de trame verte. Ce terme est au cœur de l’écologie du paysage mais, comme nous allons le voir, sa signification est ambiguë, oscillant entre concept écologique et interprétation paysagère. Réseaux de continuités écologiques Au-delà de l’analyse à l’échelle d’une continuité, il est indispensable de considérer l’échelle spatiale supérieure afin d’appréhender la complexité des processus écologiques dans les écosystèmes. Dans un « paysage », chaque individu parcourt un réseau de corridors. Si l’on prend en compte l’ensemble d’un l’écosystème, les divers réseaux se superposent, interfèrent de manière extrêmement complexe, créant ainsi une trame multidimensionnelle, qui évolue dans l’espace et le temps et sur laquelle se construisent et évoluent les systèmes vivants. Ces réseaux sont caractérisés par la qualité des éléments qui les composent, leur linéaire, le nombre et la qualité des « intersections » ou « connexions ». Ces paramètres déterminent les trajets possibles et les probabilités de mouvements des espèces. La trame verte paysagère Le terme de trame verte émerge à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle, aux Etats-Unis. OLMSTED et VAUX ont créé à Buffalo, la deuxième plus grande ville de l'État de New York, un vaste système de « parkways » en s’appuyant La notion actuelle de trame verte Le Grenelle de l’environnement a récemment mis ce terme sur le devant de la scène nationale. Dans les deux ans qui suivent le vote de la loi découlant du Grenelle, l’Etat envisage la réalisation d’une trame verte et bleue nationale, qu’elle définit comme suit : « un outil d’aménagement du territoire, constitué de grands ensembles naturels et de corridors les reliant ou servant d’espaces tampons, reposant sur une cartographie à l’échelle 1:5000. Elle est complétée par une trame bleue formée des cours d’eau et masses d’eau et des bandes végétalisées généralisées le long de ces cours et masses d’eau. Elles permettent de créer une continuité territoriale, ce qui constitue une priorité absolue. La trame verte et bleue est pilotée localement en association avec les collectivités locales et en concertation avec les acteurs de terrain, sur une base contractuelle, dans un cadre cohérent garanti par l’Etat »31. Cette définition repose presque uniquement sur les concepts écologiques et se rapproche d’avantage du réseau de continuités écologiques. Les professions agricoles et sylvicoles ont rejeté ce dernier terme qui s’apparentait selon eux à la réalisation d’un second réseau Natura 2000, auquel ils étaient opposés. La « trame verte » au sens où on l’entend le plus généralement, est plus proche du réseau de continuités éco-paysagères. Elle est une synthèse entre l’approche écologique (application des théories scientifiques sur les circulations de populations) et d’une approche urbanistiquepaysagère (création d’espaces et liaisons vertes). L’appropriation actuelle de la trame verte par les aménageurs et décideurs politiques prouve l’intérêt de ce terme. De plus, ce concept s’adapte bien aux enjeux de la biodiversité car il peut être pensé au niveau global et adapté au niveau local. Pour faciliter les échanges entre acteurs concernés, le Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais et la DIREN de cette région enrichissent leur définition par une métaphore : la trame verte est une notion biogéographique qui, par analogie à la trame d'un tissu, évoque à la fois un état et des LE BIODIVERSITAIRE Articulation entre continuité écologique et trame verte paysagère Aux Etats-Unis, le concept de « greenway » a été confronté très tôt au concept scientifique de « corridor biologique »30. D’un côté, les politiques proposent les greenways pour le loisir et l’esthétique, afin de répondre aux besoins du public. De l’autre côté, les écologues et les naturalistes défendent des corridors, afin de préserver ou restaurer l’intégrité biologique et écologique de territoires. En Floride, où le processus de fragmentation des espaces naturels est important, des greenways, connectant des réserves naturelles, ont été aménagés. Dans le greenway de Pinhook, le loup et la panthère ont été introduits, dans celui de la rivière Wekiva, l’ours noir est protégé. A Woodlands, ville nouvelle construite au Texas au début des années 70, un plan écologique a été mis en place, avec comme priorité des corridors rivulaires comportant des zones ouvertes de loisirs et favorisant la circulation de la faune. Une continuité écologique, servant au déplacement de la faune et à la dispersion de la flore, peut servir de support au déplacement de l’homme. Et inversement, une trame verte, servant à la circulation de l’homme, peut être un corridor biologique efficace. Le terme de « continuité éco-paysagère » peut réaliser la synthèse entre « trame verte paysagère » et « corridor biologique ». L’intérêt des corridors biologiques ne se mesure donc pas seulement au regard de l’accroissement de la diversité biologique du milieu. Ces continuités éco-paysagères offrent des intérêts écologiques (régulation climatique et hydraulique, maintien des équilibres naturels), économiques (gestion de ces espaces, éco-tourisme), amélioration du cadre de vie (bien-être des populations, zone de calme), scientifique (renforcement de la recherche fondamentale et appliquée sur la biodiversité). En matière de sécurité et de santé publique, ils concourent à la réduction des pollutions (eau, air, bruit) et à la diminution des accidents routiers, dans le cadre de passages au-dessus des infrastructures pour la faune. Ils peuvent servir de « supports » à la sensibilisation des citoyens à la biodiversité. Enfin, comme nous allons le décrire, ils offrent des bénéfices, sur un plan social, culturel et paysager. RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE sur le modèle des promenades et des cours français du XVIIème siècle. Ces parkways sont des espaces linéaires ouverts reliant les différents espaces publics de la ville yyy. En Angleterre, le concept de « ceinture verte » (« green belt ») autour des centres-villes se développe à la fin du XIXème siècle. Au début du XXème siècle, des urbanistes, dont J.C.N. FORESTIER défendent l’idée d’une agglomération à la conquête de sa périphérie, au travers de liaisons vertes. Le concept, plus généralement appelé « greenways », émerge à nouveau dans les années 50. 41 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE fonctions. À titre d'image, les fils de maille et fils de trame confèrent sa qualité au tissu : plus les fils sont fragilisés, ou manquants, plus le tissu menace de se déchirer. De manière métaphorique, on peut imaginer que chaque brin représente une espèce, que chaque fil est un groupe d'espèces ou un écosystème, et considérer qu'au-delà d'un certain seuil de dégradation, c'est toute l’étoffe (la biodiversité) qui est menacée32. 42 Le terme de trame verte est ambigu : apparu au XIXème siècle puis repris par les aménageurs sous un sens paysager, il a été adapté aux préoccupations écologiques actuelles pour rejoindre pratiquement le concept de réseaux de continuités éco-paysagères. Il a cependant le mérite de respecter les principes de l’écologie du paysage, d’y intégrer le volet social et paysager, et de permettre une appropriation par les aménageurs et les décideurs politiques.■ RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE 1 • LARRERE C., LARRERE R., Du bon usage de la nature, Ed. Aubier, 1997 2 • « L’écologie des associations a pour objet les associations que forment les végétaux assemblés en un même lieu (…), embrassant ou non, les faunes qui leur sont liées. (…). En 1916, F.Clements pose que la communauté formée par les plantes vivant dans un même milieu, et qui subissent son action, modifie, en retour, ce milieu et favorise l’installation de nouvelles espèces. Ainsi, la composition spécifique se transforme, entraînant des successions de communautés végétales, qui tôt ou tard aboutiront à un stade d’équilibre, stade ultime que l’on nomme climax, en principe identique pour une même zone climatique. Clements, pour expliquer sa théorie des successions, utilise une métaphore organiciste : il présente la végétation et la faune qui lui est associée comme un super-organisme. » - LARRERE C., LARRERE R., Du bon usage de la nature, Ed. Aubier, 1997 3 • L’écologie des populations s’intéresse aux populations, à leur dynamique et leurs interactions 4 • CLERGEAU P., Une biodiversité dans la ville, Science Tribune, 1998 5 • BARBAULT R., L’écologie, à l’épreuve d’enjeux de société, Natures Sciences Sociétés, 1996, 4 (4) 6 • BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du paysage, Editions Tec Doc, 1999 7 • ARANSON J., LE FLOC’H E. Que faire de tant de notions de paysage ?, Natures Sciences Sociétés, 1996, 4 (3) 8 • ‘un médiat entre la nature et la société, ayant pour base une portion d’espace matériel, qui existe en tant que structure et système écologique, donc indépendamment de la perception.‘ (Bertrand 1975) - ‘une portion de territoire hétérogène, composée d’ensembles d’écosystèmes en interaction, qui se répètent de façon similaire dans l’espace’ (Forman, Godron 1986) - BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du paysage, Editions Tec Doc, 1999 9 • ROGER A., dans Autoroutes et Paysages, C. Leyrit et B.Lassus, Les Editions du Demi-Cercle, 1994 10 • LE FLOCH S. et TERRASSON D., La notion de paysage, Natures Sciences Sociétés, 1995, 3 (4) 11 • DEFFONTAINES J.P., Cinq propositions pour une théorie du paysage, Natures Sciences Sociétés, 1995, 3 (4) 12 13 14 15 16 17 18 19 • BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du paysage, Editions Tec Doc, 1999 20 • Sauvages dans la ville, coordonné par LIZET B., WOLF A.E. et CELECIA J., Ed. MNHN, 1999 21 • Les « espèces multihabitats » utilisent plusieurs types d’éléments du paysage au cours de leur cycle de vie. Les changements d’habitat peuvent être journaliers ou saisonniers. 22 • Ministère Aménagement du Territoire et Environnement, Quelle biodiversité en zones de grande culture ?, 1998 23 • La théorie de Mac Arthur et Wilson prédit que le nombre d’espèces sur une petite île isolée est inférieur à celui d’une grande île proche du continent. BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du Paysage, Ed Tec Doc, 1999 24 • « Modèle source-puits »: « il s’agit d’une métapopulation, dans laquelle le taux de croissance, à faible densité et en l’absence d’immigration, est négatif pour certaines taches appelées « puits » et positif pour d’autres taches appelées « sources », BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du paysage, Ed. Tec Doc, 1999 25 • BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du paysage, Ed. Tec Doc, 1999 27 • BAGUETTE M., MERCKX T., SCHTICKZELLE N., VAN DYCK H., Dispersion et réseaux écologiques: Interaction connectivité fonctionnelle – grain du paysage, 2006 27 • BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du paysage, Ed. Tec Doc, 1999 28 • ROGUEDA S., Les friches urbaines : des enjeux contemporains – perceptions et représentations de la Petite Couronne de Paris, DEA Jardins Paysages Territoires, Ecole d’Architecture de Paris La Villette, 2000 29 • WERQUIN A.C., DEMANGEON A., L’entrelacs du végétal et l’urbanisation, Annales de la recherche urbaine, 1997 30 • « Un espace linéaire établi le long d’un corridor naturel, tel que la berge d’un grand fleuve, la vallée d’une rivière, une ligne de crête ou un espace longeant une ligne de chemin de fer, un canal, une route panoramique…ou encore un lien entre des parcs urbains, des réserves naturelles, des sites du patrimoine culturel ou historique. » 31 • http://www.legrenelle-environnement.fr/grenelle-environnement/spip.php?article707 32 • http://fr.wikipedia.org/wiki/Trame_verte xx • FAHRIG L. & MERRIAM G., Habitat Patch Connectivity and Population Survival. Ecology, 1762-1768 (1985). yyy • KOWSKY F.R., Municipal Parks and City Planning: Frederick Law Olmsted's Buffalo Park and Parkway System. The Journal of the Society of Architectural Historians, 49-64 (1987). national d'Histoire naturelle, Paris. 168 p. LE BIODIVERSITAIRE BIBLIOGRAPHIE 43 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE LE BIODIVERSITAIRE RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE 44 Philippe CLERGEAU Muséum national d’histoire naturelle 55 rue Buffon 75005 Paris E-mail : [email protected] LA PRISE EN COMPTE DU FONCTIONNEMENT ÉCOLOGIQUE DES PAYSAGES Figure 1 : Schéma des modifications des structures par ouverture d’un couloir au sein d’une forêt. Ici la création d’une route large recrée des phénomènes de lisière et réduit d’autant plus l’habitat forestier. L es perturbations liées à la construction d’axes routiers ou à celle de nouveaux territoires urbains ont classiquement été rapportées comme agissant sur l’environnement immédiat, physique ou biologique. Depuis une vingtaine d’années, les apports de l’écologie du paysage et des études fonctionnelles des milieux entre eux ont été considérables pour comprendre certains phénomènes, concernant aussi bien la conservation patrimoniale (pourquoi certaines espèces disparaissent de certains secteurs ?) que de gestion de l’espace (pourquoi telle catastrophe naturelle ?). Cette analyse à un niveau d’organisation supérieure permet de prendre en compte des paramètres que l’on juge actuellement primordiaux dans le fonctionnement des écosystèmes. Cette analyse écologique vient compléter celles qui étaient menées avant au niveau des individus (comportements, adaptation, etc.) ou des populations (réponses aux ressources présentes…). De plus, elle intègre plei- nement les activités humaines dans les dynamiques de fonctionnement. Par exemple, l’étude des fragmentations de zones plus ou moins naturelles par les constructions (infrastructures linéaires notamment) permet de proposer des modèles de fonctionnement et d’estimer l’impact des coupures des relations écologiques, indispensables au maintien des espèces aux échelles locales et régionales. LA FRAGMENTATION DES HABITATS La fragmentation des habitats est un phénomène dont on comprend de mieux en mieux toute l’ampleur et l’importance. Elle recouvre deux aspects : la réduction des superficies totales et une distribution des formations résiduelles en mosaïque dont les éléments sont séparés. Les conséquences concernent aussi bien les espèces utilisant le milieu touché que l’équilibre de paysages entiers. Un des effets de la fragmentation est l’augmentation des lisières. Plus le fragment est petit et étroit plus ses bordures montrent une importance relative. Le passage entre deux systèmes n’est pas une frontière mais une structure large où s’opèrent les échanges entre milieux et qui est caractérisée par des conditions environnementales particulières. Ce « milieu » riche que nous appelons « écotone » est cependant occupé essentiellement par des espèces communes souvent généralistes qui peuvent localement rentrer en compétition avec d’autres espèces propres à l’habitat voisin, espèces souvent spécialistes. C’est notamment ce qui se passe quand l’effet lisière devient trop important (voir figure 1). La fragmentation aboutit donc à une séparation géographique d’entités soit par éloignement, soit par présence d’une barrière infranchissable. Dans les deux cas, elle tend à isoler les habitats les uns des autres et les espèces qui y sont présentes. Par manque d’échange, les populations reliques qui se forment sont alors vulnérables aux accidents climatiques ou à une détérioration génétique à long terme. Plus un fragment est gros et plus il pourra maintenir ses populations et jouer le rôle de source de disperseurs vers les autres fragments voisins. Enfin, il existe un rapport entre distance à la source, taille du fragment et facilité des échanges. Chez de nombreux végétaux et animaux, on a montré que ces échanges entre fragments se faisaient par des structures intermédiaires qui jouent le rôle fondamentale de corridor pour les espèces. Par exemple certains bois très proches mais séparés par une barrière (canal ou route) auront, pour certaines espèces, des relations plus faibles que des bois distants mais bien reliés par des structures comme des haies ou des chemins creux, permettant la progression et le passage des individus. Plus le réseau de corridor est dense et le nombre de connexions important, plus les espèces circuleront aisément. Quand il y a coupure dans ce réseau, une partie des haies perd alors ce rôle de corridor (voir figure 2). Les structures de bocage ont été ainsi démontrées comme particulièrement favorables aux mouvements des espèces forestières. LE BIODIVERSITAIRE La relation qui existe entre superficie d’un habitat et présence de certaines espèces est connue depuis longtemps. La notion d’aire minimale illustre ainsi comment une surface disponible trop faible peut limiter la présence de certains animaux. Le domaine exploité par un animal doit lui permettre un accès à des ressources alimentaires ou d’abris suffisantes mais il existe aussi d’autres facteurs limitant comme le dérangement humain ou la présence d’un grand nombre de prédateurs. Cette relation entre taille de l’habitat et richesse en espèce intervient à toutes les échelles : le morcellement des grands massifs forestiers exclura certains grands mammifères et celui de petits bois un ensemble d’espèces en rapport avec la taille concernée. Les espèces les plus touchées sont celles qui ont les plus grands domaines et se trouvent en haut de chaîne alimentaire. On comprend pourquoi les prédateurs sont parmi les plus menacés. RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE Figure 2 : Mouvement des espèces entre une forêt source d’espèces et un petit bois proche (A) et effet d’une barrière sur cette dispersion, ici exemple de la construction d’une autoroute (B) (dessin de D. Fourcy). 45 RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE territoires (par exemple le Pas de Calais, l’Île-de-France ou la Loire-Atlantique). C’est aussi ce qui est attendu pour la construction du réseau écologique pan-européen demandé par l’Union Européenne. Enfin les notions de trames vertes et bleues (récemment repris par le Grenelle de l’Environnement) sont au cœur de cette mise en application du rôle des corridors biologiques. 46 Selon les espèces ces corridors peuvent être plus ou moins continus. Pour des oiseaux capables de s’affranchir de nombreuses barrières, un corridor peut être une suite de bosquets ou de jardins même séparés par des espaces inhospitaliers. Le schéma sera très proche pour des plantes dont les graines sont dispersées par le vent. En revanche, pour des petits rongeurs ou des insectes Figure 3 : Les flux d’espèces peuvent expliquer les biodiversités des îles selon aptères, la continuité du réseau l’éloignement du continent « source » et la superficie des îles, c’est la théorie sera fondamentale. Plus la biogéographique des îles. On peut appliquer cette théorie aux îles « d’habitat » trame sera continue, large et que sont les espaces verts isolés par l’urbanisation et y analyser de la même façon les mécanismes de colonisation. proposant divers habitats (talus, fossé, couvert arbustif ou herbacé, etc.), plus il intéressera un grand nombre d’espèces différentes. LE MAINTIEN ET LA RESTAURATION De nombreux travaux scientifiques soutiennent DE CORRIDORS l’intérêt des connectivités dans les zones rurales Les éléments rapportés précédemment aboutismais il y a encore débat sur quelques aspects : sent au constat que des aménagements qui par exemple en facilitant la diffusion des veulent intégrer une préoccupation d’écologie espèces, on facilite aussi celle des espèces fonctionnelle ne peuvent plus rester au seul invasives ou des maladies. Il faudrait imaginer niveau localisé des effets immédiats. Que ce soit des réseaux de surveillance (qui sont en cours dans une dimension spatiale ou temporelle d’ailleurs dans bon nombre de sites naturels (les deux aspects sont liés), ce souci de conserd’intérêt) et une information du public pour limiver les connexions doit être systématique dans ter les introductions d’espèces exotiques. Un tout projet qu’il soit routier ou d’urbanisme, qu’il autre objet de discussion est que l’installation de concerne des zones naturelles d’intérêt ou non. corridors va favoriser les « puits » (là où les Cela devient d’autant plus important qu’il nous espèces sont plus fragiles et ne peuvent se faut être attentif non plus seulement à quelques maintenir que par un apport d’individus depuis espèces rares mais à l’ensemble de la biodiverdes zones « sources »), voire les « trappes » sité, et notamment la biodiversité « ordinaire » (des sites où l’habitat est attractif mais ne peut qui correspond à l’essentiel des espèces qui fournir les ressources nécessaires). nous entourent. Cette biodiversité ordinaire est Aujourd’hui le questionnement va encore plus fondamentale aux fonctionnements de nos écoloin puisqu’on réfléchit à des trames vertes et systèmes anthropisés. bleues en ville. Cette idée part de deux constats. Il y a progressivement prise de conscience des Le premier est lié à l’évolution des structures enjeux de ces liaisons dans ces paysages très urbaines qui présentent de plus en plus de morcelés. Certaines collectivités ont commencé verdure (surtout depuis les années 1970 où des des états des lieux des corridors au sein de leurs LE BIODIVERSITAIRE Même si la ville n’a pas pour rôle la conservation de la biodiversité, on voit toute l’évolution actuelle des mentalités pour intégrer mieux dans la ville cette nature qui s’éloigne du citadin. Un réseau de trame verte peut aussi apparaître comme un complément aux parcs en permettant un maximum de contact entre citadin et nature. On augmente les espaces où une nature de proximité est perceptible. En développant ces corridors, on diminue alors les inégalités écologiques et on augmente les réseaux de transport pour les vélos ou les piétons s’ils sont couplés avec les corridors biologiques. Mais une foule de questions scientifiques, techniques ou socioéconomiques émergent depuis les notions de perception, d’appréciation et d’usage des espèces par le citadin jusqu’aux mécanismes biologiques qui expliquent les déplacements des espèces avec ou sans corridor (voir figure 3). Les scientifiques (écologues, sociologues, géographes et ethnologues) s’attèlent maintenant à analyser ces interrelations complexes homme-nature-urbanisation et le Muséum y a engagé des forces importantes dont les résultats pourront certainement éclairer des décisions d’aménagement.■ RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE milliers d’arbres ont été plantés dans la plupart des villes). L’homme souhaite une nature de proximité et en multipliant les espaces verts il permet à de nombreuses espèces de venir s’y installer. Le deuxième constat est l’importance que prend l’urbanisation dans l’aménagement global du territoire. On peut alors se poser la question d’un rôle possible de la ville dans une forme de conservation d’une nature ordinaire, tout comme on l’attend aujourd’hui de l’agriculture. Dans les deux cas, la construction de liaisons vertes ou leur maintien permet à un plus grand nombre d’espèces de rentrer et de se maintenir en ville. 47 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007 ET 2008 CONNECTIVITÉ ET CORRIDORS BIOLOGIQUES EN SEINE-SAINT-DENIS Maxime ZUCCA, Muséum national d’histoire naturelle , Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux PAGES 49-54 SUIVI ORNITHOLOGIQUE DU PARC DÉPARTEMENTAL JEAN MOULIN – LES GUILANDS EN 2007 Jean-Pierre LAIR, Centre Ornithologique Île-de-France (CORIF) PAGES 55-57 SUIVI DES PASSEREAUX NICHEURS PAR CAPTURE ET MARQUAGE POUR LES PARCS DÉPARTEMENTAUX DU SAUSSET ET DE LA COURNEUVE Christophe DE FRANCESCHI , Ligue pour la Protection des Oiseaux Île-de-France PAGES 58-67 LE BLONGIOS NAIN AU PARC DÉPARTEMENTAL DE LA COURNEUVE : ÉTAT DES CONNAISSANCES SUR LA POPULATION (1987-2007) ET RÉSULTATS D’UNE ÉTUDE SUR LES PARAMÈTRES DE L’UTILISATION DE SON HABITAT Olivier PAIKINE, Ligue pour la Protection des Oiseaux Île-de-France PAGES 68-72 SUIVI DE LA NIDIFICATION DE LA COLONIE D’HIRONDELLES DE RIVAGE Riparia Riparia DU CANAL DE L’OURCQ – ANNÉE 2008 Jean-Pierre LAIR, Centre Ornithologique Île-de-France (CORIF) PAGES 73-74 UTILISATION DE L’ABEILLE DOMESTIQUE COMME BIOINDICATEUR EN ZONE URBAINE Á SAINT-DENIS Yves LOUBLIER, Laboratoire Evolution, Génomes, Spéciation (LEGS), CNRS PAGES 75-78 LES COLÉOPTÈRES SAPROXYLIQUES DU PARC DÉPARTEMENTAL DE LA COURNEUVE Bruno MERIGUET, Alexis BORGES et Pierre ZAGATTI, Office Pour les Insectes et leur Environnement (OPIE) PAGES 79-82 UN PLAN DE GESTION CONCERTÉ POUR LE MARAIS DU SAUSSET Parc du Sausset, Conseil général de la Seine-Saint-Denis PAGES 83-86 COMPLÉMENTS Á L’ATLAS DE LA FLORE SAUVAGE DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE-SAINT-DENIS Sébastien FILOCHE, Conservatoire botanique national du Bassin parisien PAGES 87-91 A l’étranger : EXPÉDITION SANTO 2006 Christine ROLLARD, Muséum national d’histoire naturelle, Département Systématique & Evolution PAGES 92-95 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 CRBPO – MNHN CONNECTIVITÉ ET CORRIDORS BIOLOGIQUES EN SEINE-SAINT-DENIS Figure 1 : Mésange charbonnière munie de son émetteur CONTEXTE DE L’ETUDE Dans le cadre de l’application des Directives Oiseaux et Habitats, la France, comme les autres pays européens, devait classer Zone de Protection Spéciale (ZPS) ou Zone Spéciale de Conservation (ZSC), un échantillon représentatif des habitats et sites contenant des espèces et des cortèges parmi les plus menacés d’Europe. L’objectif est l’application d’une gestion durable intégrant les habitats, les espèces animales et végétales, et les activités humaines. C’est dans ce contexte qu’en avril 2006 fut créée la ZPS de Seine-Saint-Denis, à l’initiative d’acteurs de la Direction des Espaces Verts du Conseil général et de la DIREN Île-de-France. Ce site Natura 2000 séquano-dyonisien présente certaines originalités : • il est constitué de 14 entités disjointes, distantes entre elles de 2 kilomètres minimum et 5 kilomètres maximum ; • la grande majorité de ces entités sont des parcs urbains, à forte fréquentation ; • ces 14 entités constituent des « îlots verts » au sein d’une matrice urbaine que l’on considère être principalement constituée de milieux hostiles susceptibles de restreindre les mouvements des oiseaux et autres animaux entre ces sites. Un fort taux d’urbanisation est couramment associé à une diversité faible en espèces d’oiseaux, en raison du faible nombre d’habitats INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 LE BIODIVERSITAIRE Maxime ZUCCA Muséum national d’histoire naturelle UMR 5173 Paris Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux 55, rue Buffon 75005 Paris E-mail : [email protected] 49 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 favorables qui y sont présents. Toutefois, on trouve un certain nombre d’espèces privilégiant les milieux bâtis (telles que le célèbre Moineau domestique ou le Rougequeue noir) et, en particulier, les zones résidentielles (les mésanges et le Merle noir en sont de bons exemples). Dans ces dernières, la mosaïque formée par les jardins d’habitations individuelles et la proximité d’espaces verts collectifs conduit à une hétérogénéité paysagère importante. On connaît toutefois mal les mécanismes d’échange et de dispersion des oiseaux entre les différents habitats favorables qui, en Seine-Saint-Denis et pour beaucoup d’espèces, sont en premier lieu les grands espaces verts classés « Natura 2000 ». Département le plus urbain de France après celui de Paris, il paraissait intéressant que la Seine-Saint-Denis soit le pilote d’études novatrices en écologie urbaine. Le Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (CRBPO), sollicité pour répondre aux questions posées par le Conseil général, a proposé une étude d’une durée de 5 mois, conduite au printemps 2007. OBJECTIFS Expérimentation Afin d’étudier la connectivité entre les sites Natura 2000 de Seine-Saint-Denis, et de modéliser les résultats obtenus à l’ensemble du département, nous avons étudié le trajet qu’empruntaient deux espèces de passereaux, la Mésange charbonnière Parus major et la Fauvette grisette Sylvia communis, pour retourner sur leur territoire après déplacement expérimental. Durant la période de reproduction (qui inclut la période de nidification), les oiseaux défendent leur territoire avec vigueur par diverses manifestations (chant, poursuite des intrus, etc.). Leur capacité à se reproduire dépendra de la qualité de ce territoire et de sa défense. Cette propriété a ainsi été exploitée pour la présente étude : déplacé, un individu préparant sa reproduction aura tout intérêt à regagner rapidement son territoire s’il veut mener à bien sa reproduction, force principale régissant le comportement d’un individu à cette époque de l’année. Pour cette étude, nous avons choisi les mâles défendant leur territoire de manière plus affirmée. Les mâles sont également plus facile à capturer que les femelles car ils répondent à l’émission d’un chant enregistré de la même espèce, et sont ainsi plus faciles à attirer dans les filets. Les oiseaux sont capturés en début de matinée à l’aide de filets verticaux en maille de nylon d’une longueur variant entre 7 et 12 mètres, tendus entre deux perches. Presque invisibles, ils piègent dans leurs poches les oiseaux qui les percutent. L’oiseau est alors démaillé, bagué, mesuré et pesé. Un émetteur d'environ 0.5 grammes (entre 2 et 3% du poids de l’oiseau) est fixé à la base des rectrices centrales (plumes de la queue) à l’aide de colle forte (voir figures 1 et 2). L’oiseau est enfin déplacé en voiture jusqu’au lieu de lâcher, à une distance variant de 1,5 à 3,3 km du lieu de capture. L’oiseau relâché est suivi à l’aide d’un récepteur et d’une antenne, captant le signal émis par la puce émettrice placée sur l’oiseau, jusqu’à son retour au site de capture. Les localisations observées sont consignées (avec l’heure précise) sur CRBPO – MNHN L’aspect plus ou moins insulaire des 14 soussites concernés, leur réunion en un seul site administratif et l’architecture paysagère très urbaine, originale au sein du réseau Natura 2000, apportent les interrogations suivantes : • Les oiseaux peuvent-ils passer d’un site à l’autre ? • Quel est le degré de connectivité entre les sites ? • Quels types d’habitats sont les plus exploités par les oiseaux lors de leurs déplacements à travers la « matrice urbaine », et quels sont les obstacles ? MÉTHODOLOGIE Figure 2 : Baguage d’une fauvette grisette 50 RÉSULTATS En formant un « raster » sur l’ensemble du département, chaque pixel se retrouve avec une valeur correspondant à l’indice de connectivité du polygone d’habitat dans lequel il se trouve. Pour réaliser une carte visuelle reflétant les capacités de déplacement et de choix supposées d’un individu, nous avons assigné à chaque pixel la valeur moyenne de tous les pixels présents dans un rayon de 300 m autour de celui-ci Nous avons pu effectuer le suivi de 10 Mésanges charbonnières et 8 Fauvettes grisettes. Les oiseaux pour lesquels le suivi a échoué (problème matériel, perte d’émetteur, départ et retour trop rapides) ne sont pas comptabilisés dans ce total. Presque tous les oiseaux suivis (94%) sont parvenus à retrouver leur territoire : seule une Fauvette grisette n’est jamais rentrée. De retour, les oiseaux se sont de nouveau appariés avec le même partenaire. Les deux espèces n’empruntent jamais le chemin le plus court pour regagner leur territoire et utilisent préférentiellement certains habitats, en en évitant d’autres : l’habitat urbain n’est pas utilisé de manière homogène. De même, les deux espèces utilisent différemment l’habitat urbain en fonction de son indice de végétation. Cet effet ne se confond pas au précédent mais s’y ajoute. Par exemple, les oiseaux fréquentent les parties les plus végétalisées de chaque polygone. Toutefois, cela n’a lieu que jusqu’à une valeur 6 (sur 12) de l’indice de végétation ; au-delà, les oiseaux n’utilisent pas plus les mailles à indice de végétation supérieur. Connectivité séquano-dyonisienne : Mésange charbonnière Connectivité séquano-dyonisienne : Fauvette grisette Figure 3 : Modélisation à l’échelle du département de la connectivité du paysage pour la Mésange charbonnière et la Fauvette grisette. En violet, les sites Natura 2000, en bleu les limites du département de Seine-Saint-Denis. Le vert facilite le passage, le jaune ne le gêne pas et le orange et rouge constituent des barrières. Pour la Fauvette grisette, aucun indice de connectivité des milieux agricoles n’a pu être calculé : il donc été appliqué par défaut un indice de connectivité neutre (1) à ce milieu, ce qui explique la disparité observée dans le Nord-Est de la zone figurée. Les zones agricoles étant très peu nombreuses en SeineSaint-Denis, cette absence de valeur a peu d’importance. LE BIODIVERSITAIRE Analyses cartographiques et analyse de la connectivité Pour estimer la connectivité d’un type d’habitat, les données du Mode d’occupation du sol (2003 – IAURIF 1) ont été comparées aux points d’observation où ont été localisés les individus suivis. Dans une zone potentiellement visible par l’oiseau, à 300m autour des points d’observations, la connectivité résulte de la comparaison de l’effectif théorique, c’est-à-dire si l’oiseau se déplaçait indifféremment dans tous les types d’habitats, à l’effectif observé des individus dans les différents types d’habitats. Il s’agit plus précisément d’un indice de préférence de tel type d’habitat par telle espèce d’oiseau. On suppose par hypothèse que l’oiseau emprunte le chemin ayant les préférences les plus fortes, d’où l’idée de connectivité. (figures 3 et 4). Ainsi, un pixel se trouvant dans un espace vert pourra tout de même avoir une valeur de connectivité faible si celui-ci est entouré d’habitats à faibles valeurs de connectivité, comme des immeubles continus par exemple. INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 un carnet de photographies aériennes transportable sur le terrain. 1• Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Île-de-France 51 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2006 Connectivité séquano-dyonisienne : Fauvette grisette Figure 4 : Modélisation à l’échelle du département de la connectivité du paysage pour la Fauvette grisette, selon un scénario de disparition des friches. A gauche : état actuel ; à droite : remplacement des friches par des zones d’activités et d’entreprises. Le tableau 1 indique l’indice de connectivité des différentes classes d’habitat pour chacune des deux espèces. Malgré certaines divergences, les deux espèces utilisent globalement l’espace de manière semblable (aucune différence significative). Les deux types d’habitats dominants en Seine-Saint-Denis sont utilisés de manière équivalente par les deux espèces : les parcs et jardins, et les zones pavillonnaires. On retiendra deux différences principales entre les deux espèces : • l’utilisation fréquente des arbres d’alignements (qui se trouvent principalement le long des voies de plus de 25 m) par la Mésange charbonnière, et rarement par la Fauvette grisette ; • la grande importance que semblent jouer les espaces à faible intervention humaine que sont les friches urbaines, les bords de voies ferrées, les vergers et les pépinières pour la Fauvette grisette (également très utilisées par la Mésange charbonnière, mais dans une moindre proportion). A partir de ces indices de connectivité et des données cartographiques référencées dans le MOS, nous avons cartographié la connectivité paysagère du département de la Seine-SaintDenis, qui reflète au moins celle des deux espèces concernées, et probablement celle des espèces des mêmes cortèges (passereaux généralistes et passereaux des habitats buissonnants) (figure 3) DISCUSSION ET CONCLUSION Cette expérimentation a montré que les oiseaux peuvent dans l’ensemble se déplacer en milieu urbain et circuler d’un site Natura 2000 à l’autre. 52 Certains modes d’urbanisation peuvent néanmoins jouer un rôle important de frein à la dispersion, comme c’est le cas des immeubles continus ou zones d’activités séparant les parcs des Beaumonts et de Jean-Moulin - Les Guilands, dans le sud-est du département, ou aux abords du parc départemental de La Courneuve. Cette étude présente cependant des limites et des améliorations possibles. Les indices de connectivité calculés gagneraient en précision sur une étude comportant plus d’individus et plus de sites d’étude. La classification d’habitats du MOS contient des imprécisions : elle ne fait pas la distinction entre une route non bordée d’arbres et une route bordée d’arbres, ou entre une friche très végétalisée ou plutôt asphaltisée. Le complément apporté par l’indice de végétation permet de combler cette lacune. Enfin, d’autres éléments que le type d’habitat et le taux de végétation interviennent probablement dans le choix des itinéraires empruntés par les oiseaux pour se déplacer en milieu urbain mais ils n’ont pas été quantifiés. Il peut s’agir de la présence d’individus de la même espèce, d’une source d’alimentation particulière, etc. Dans notre étude, la surface des polygones n’intervient pas dans le choix des oiseaux. Ces indices fournissent une vision d’ensemble de la connectivité paysagère à l’échelle du département pour les deux espèces étudiées, et procurent des résultats qui, à notre connaissance, sont inédits dans l’étude des écosystèmes urbains. Calculés de manière plus fine, et en prenant en compte des espèces à écologie différente de celle de la Mésange charbonnière et de la Fauvette grisette (par exemple, les passereaux forestiers), ces indices pourraient Tableau 1. Indice de connectivité de chaque classe d’habitat pour les deux espèces, calculé à partir de 177 points pour la Mésange charbonnière et de 106 points pour la Fauvette grisette, chaque point devant être distant d’au moins 50 m du suivant pour être considéré comme différent. Au-dessus de 1, un habitat a un indice de connectivité positif (alors considéré comme attractif), en rouge dans le tableau. En vert, les habitats jouant plutôt un rôle de barrière. En noir, les habitats à indice de connectivité neutre (globalement utilisé dans la même proportion que leur abondance). permettre la modélisation de l’effet de différents scénarios d’aménagement urbain sur la possibilité de dispersion des oiseaux. Avec ces premiers résultats, nous sommes par exemple parvenus à visualiser l’effet qu’aurait le remplacement (non irréaliste !) de toutes les friches urbaines à faible intervention humaine par des zones d’activités : cette modélisation est illustrée par la figure 4. Dans le cadre du réseau Natura 2000, les principales mesures de conservation à proposer au sein des sites sont, par exemple, d’accroître la diversité des buissons et des arbres, et de maintenir des zones en friches pouvant favoriser la colonisation d’espèces rares. La taille des espaces verts est le principal facteur limitant en terme de potentiel de biodiversité, mais un parc de petite taille peut accueillir une grande diversité d’espèces, lorsque les habitats et les types de gestions sont variés. C’est notamment le cas, en Seine-Saint-Denis, du Parc des Beaumonts, exemple à suivre en la matière. A l’échelle départementale, nous avons vu que certains habitats, même fragmentés, sont très privilégiés par les oiseaux lors de la phase de dispersion. Pour la Mésange charbonnière, il s’agit en premier lieu des arbres d’alignement. Conserver des bordures boisées et buissonnantes le long des voies ferrées (et, dans une moindre mesure, des autoroutes) s’avèrerait également extrêmement favorable pour les deux espèces. Les parcs et jardins sont, sans surprise, très utilisés par les oiseaux, mais l’absence de distinction faite entre les différents types de parcs (en fonction des habitats qui s’y trouvent) par le MOS empêche toute préconisation plus précise. Le mélange entre espace vert et lieu récréatif, dans le cas des stades, ou même des cours d’école, s’avère également favorable aux oiseaux. Pour tous ces habitats, l’objectif poursuivi par l’urbanisation moderne ne va pas à l’encontre de ce qui pourrait sinon être des recommandations. L’un des résultats inattendus de cette étude est l’égale utilisation des zones pavillonnaires par les deux espèces. La Mésange charbonnière y est pourtant un nicheur très présent, alors que la Fauvette grisette en est totalement, ou presque, absente. Cela peut également constituer une piste intéressante. La difficulté d’obtenir des observations directes des oiseaux lors du suivi par radio-tracking ne permet pas de l’affirmer, mais il semble que la Fauvette grisette privilégierait les jardins plus buissonnants, la Mésange charbonnière les utilisant de manière relativement aléatoire. Il est probable que la grande diversité des types de jardins permet à un grand nombre d’espèces, d’écologie LE BIODIVERSITAIRE Wi Mésange charbonnière Wi Fauvette grisette 0,97 0,90 0,28 2,79 2,19 0,63 0,23 1,16 0,00 0,00 0,79 0,57 0,32 0,60 0,55 0,25 0,63 0,00 0,00 0,00 1,52 1,87 3,08 1,60 1,44 1,60 2,67 1,56 0,00 1,43 1,47 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Habitat Zones pavillonnaires/habitat individuel Enseignement Voie de plus de 25 m Habitat continu bas Habitat collectif continu haut Habitat collectif discontinu Zones d'activité/entreprises Grandes surfaces et Parkings Cimetières et hôpitaux Divers couverts ou mineurs Surface Agricole Friches au sens large Berges Parcs, Jardins, Bois, Forets Vergers, Pépinières Terrains de sport en plein air Autoroute, Voie ferrée... 53 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 très différente, de les utiliser comme lieu de transit. Ces zones pavillonnaires, notamment lorsqu’elles contiennent suffisamment d’arbres, pourraient jouer un rôle important dans la colonisation et le renouvellement des espèces forestières. Cette diversité des jardins et leur « naturalité » gagnent à être encouragées. Enfin et surtout, pour des espèces beaucoup moins représentées dans le département telles que la Fauvette grisette, moins inféodée aux parcs urbains, les zones relativement naturelles, même petites, à faible intervention humaine, sont primordiales. L’un des principaux chevaux 54 de Troie en terme de préservation de la biodiversité urbaine pourrait être le maintien d’un nombre suffisant de friches, quitte à les entretenir de façon écologique afin qu’elles ne soient pas victimes de leur image « délaissée » lorsqu’il ne s’agit pas même de décharges -, permettant d’en faire des proies plus difficiles pour les promoteurs immobiliers.■ SUIVI ORNITHOLOGIQUE DU PARC DÉPARTEMENTAL JEAN-MOULIN – LES GUILANDS EN 2007 CONTEXTE Depuis l'an 2000, le CORIF effectue un suivi régulier du Parc Jean-Moulin – Les Guilands. En 2006, le protocole précédemment adopté a été étendu à l'hiver, afin d'obtenir une vision de l'avifaune du parc, sur un cycle annuel complet. En 2007, après la destruction de la friche basse et la construction d'une aire de jeux, dans la cuvette située près du plan d'eau, une première tentative de bilan est dressée. Pour ce faire, neuf inventaires ont été réalisés, de mars 2007 à janvier 2008, en reprenant la méthodologie précédemment utilisée (LE BIODIVERSITAIRE° n°2, page 30). RÉSULTATS Les comptages réalisés en 2007 ont permis de contacter 44 espèces (Voir Tableau 1). 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE Canard colvert Épervier d'Europe Faucon crécerelle Gallinule Poule-d'eau Mouette rieuse Pigeon ramier Martinet noir Huppe fasciée Pic vert Pic épeichette Hirondelle rustique Hirondelle de fenêtre Troglodyte mignon Accenteur mouchet Rougegorge familier Rossignol philomèle Rougequeue noir Merle noir Grive musicienne Grive draine Hypolaïs polyglotte Fauvette grisette Fauvette des jardins Fauvette à tête noire Anas platyrhynchos Accipiter nisus Falco tinnunculus Gallinula chloropus Larus ridibundus Columba palumbus Apus apus Upupa epops Picus vidiris Dendrocopos minor Hirundo rustica Delichon urbicum Troglodytes troglodytes Prunella modularis Erithacus rubecula Luscinia megarhynchos Phoenicurus ochruros Turdus merula Turdus philomelos Turdus viscivorus Hippolais polyglotta Sylvia communis Sylvia borin Sylvia atricapilla INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Jean-Pierre LAIR Centre Ornithologique Île-de-France (CORIF) Maison de l’oiseau - Parc Forestier de la Poudrerie Allée Eugène Burlot 93410 Vaujours Tél. 01 39 12 53 98 E-mail : [email protected] LE BIODIVERSITAIRE INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 55 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE Pouillot véloce Roitelet huppé Roitelet à triple bandeau Gobemouche gris Gobemouche noir Mésange huppée Mésange bleue Mésange charbonnière Grimpereau des jardins Geai des chênes Pie bavarde Corneille noire Étourneau sansonnet Moineau domestique Moineau friquet Pinson des arbres Pinson du nord Serin cini Verdier d'Europe Chardonneret élégant Phylloscopus collybita Regulus regulus Regulus ignicapillus Muscicapa striata Ficedula hypoleuca Parus cristatus Parus caeruleus Parus major Certhia brachydactyla Garrulus glandarius Pica pica Corvus corone Sturnus vulgaris Passer domesticus Passer montanus Fringilla coelebs Fringilla montifringilla Serinus serinus Carduelis chloris Carduelis carduelis Tableau 1. Liste des espèces observées sur le parc départemental Jean-Moulin – Les Guilands, en 2007 Richesse spécifique B.MUNOZ - CORIF INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Figure 2 : Huppe fasciée Ce résultat est en baisse au regard de l'an dernier (46 en 2006), et peut être comparé à celui de 2000 ou 2004 (44) (figure 1). Quelques espèces observées en 2006 n'ont pas été réobservées (ex. Rousserolle verderolle ou Bruant zizi), mais il s'agit généralement de migrateurs irréguliers. En revanche, la Huppe fasciée (figure 2) vient s'ajouter à la liste des espèces notées sur le parc depuis le début du suivi, portant cette dernière à un total de 70 espèces. Figure 1. Richesse spécifique depuis l'an 2000 L'analyse des observations par milieux confirme le déclin, déjà constaté en 2006, des zones uniquement dédiées à l'accueil du public. Les espèces qui ne fréquentaient que ces secteurs fréquentent maintenant les zones naturelles (ex. Pic vert) ou l'ensemble du parc (ex. Geai des chênes). Le suivi des espèces nicheuses montre, lui aussi, une légère régression au regard de l’année 2006. Le Rougegorge familier, notamment, n'a donné aucun indice de reproduction en 2007, alors que l'Hypolaïs polyglotte fait son retour comme nicheur (un couple dans la friche haute). Le Roitelet huppé et la Mésange huppée viennent compléter la liste des espèces ayant nichées dans le parc. Cette dernière s'élève maintenant à 37 espèces. L'analyse de la dynamique des espèces nicheuses montre que, comme en 2006, pour la majorité des espèces, la population se maintient ou varie de moins de quatre couples. On soulignera néanmoins, l'augmentation du nombre de reproducteurs pour la Gallinule Poule-d'eau avec deux 56 couples en 2007. Il est fort probable que la "population" du parc approche ici son maximum. Le parc reste peu fréquenté par l'avifaune, en dehors des périodes de migration et de reproduction. On n'y trouve qu'une seule espèce hivernante (observée en hiver et demeurant sur place durant la saison froide) : la Mouette rieuse. Le suivi des espèces bio-indicatrices montre que seul le Pouillot véloce est en régression au regard de l'an dernier. Les autres espèces (Hypolaïs polyglotte, Fauvette grisette et Fauvette à tête noire) voient, au contraire, leurs effectifs augmenter. LE SUIVI DE LA FRICHE BASSE En février 2007, lors des travaux d'entretien des secteurs naturels du parc, la friche basse a été presque entièrement supprimée. Il n'en subsistait plus alors que quelques buissons épars, nous procurant quelques inquiétudes quant à la prochaine reproduction de l'avifaune dans ce secteur.. Figure 3 : La friche basse en avril 2007 JP. LAIR - CORIF Afin de minimiser les impacts de cette destruction, de nouvelles plantations ont été effectuées au printemps (20 Aubépines, 20 Fusains d'Europe et 20 Cornouillers mâles). Une attention particulière a donc été apportée, durant le printemps et l'été 2007 dans cette friche. Un bilan rapide nous permet maintenant d'être optimiste, puisque qu'aucun déclin n'a pu être constaté, tant dans le nombre d'espèces nicheuses que dans le nombre de couples. Figure 4 : Développement de la végétation autour de l’étang CONCLUSION ET PERSPECTIVES D'AVENIR Malgré nos craintes, suite à la disparition de l'Hypolaïs polyglotte en 2006 et à la destruction de la friche basse dans le courant de l’hiver, les résultats obtenus cette année montrent que le Parc Jean-Moulin – Les Guilands, qui recèle des milieux naturels peu fréquents dans ce secteur, constitue un refuge difficilement remplaçable pour de nombreuses espèces. C'est pourquoi, même après l'altération d'une partie du parc, ces espèces sont de retour dès que le milieu naturel reprend ses droits. Pour cette raison, et parce qu'il constitue une étape pour de nombreux oiseaux migrateurs, le parc montre un potentiel important pour l'avifaune du département. Néanmoins, si de plus en plus d'espèces y sont observées lors de leur passage, pour chacune d'entre elle, les contacts sont irréguliers voire occasionnels. Malheureusement, les zones naturelles montrent une superficie limitée, incitant les oiseaux à rechercher des abris ailleurs dans le parc. La reconstitution de zones de refuge, dans les secteurs du parc qui, bien que destinées au public, sont les moins visitées, constituerait donc un outil permettant un meilleur accueil des migrateurs.■ BIBLIOGRAPHIE • BARTH F. (CORIF)– Suivi ornithologique du Parc des Guilands (2001). 15 p. • BARTH F. et BIRARD C. (CORIF)– Inventaire ornithologique du Parc des Guilands : conséquences en terme d'aménagement et d'entretien écologique (2001). 24 p. • CORIF. Le Passer. Collection complète. • CORIF – Suivi ornithologique du Parc des Guilands : Seine-Saint-Denis (93), année 2004. 24 p. • CORIF - Suivi ornithologique du Parc des Guilands : Seine-Saint-Denis (93), année 2005. 27 p. • CORIF - Suivi ornithologique du Parc des Guilands : Seine-Saint-Denis (93), année 2006. 27 p. • FREY C. (CORIF) - Suivi ornithologique du Parc des Guilands : Seine-Saint-Denis. (2002). 12 p. • FREY C. (CORIF) - Suivi ornithologique du Parc des Guilands : Seine-Saint-Denis. (2003). 13 p. • LE MARECHAL P. et LESAFFRE G.– Les oiseaux d'Île-de-France : l'avifaune de Paris et de sa région. Delachaux et Niestlé. (2000) 343 p. LE BIODIVERSITAIRE Certaines préconisations précédemment proposées (LE BIODIVERSITAIRE, op. cit.) ont été mises en place telle que la pose de panneaux d'information et de clôtures de protection et la plantation de végétation aquatique dans l'étang.D'autres, en revanche, restent à réaliser. Elles visent, principalement, la gestion de la végétation autour de la terrasse empierrée, la création d'une friche et d'un sous-bois, dans la partie Jean-Moulin du parc, et la création d'une autre zone de friche dans la partie des Guilands. INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 JP. LAIR - CORIF QUELQUES AMÉNAGEMENTS RESTENT À PREVOIR 57 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 LE BIODIVERSITAIRE INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 58 Christophe DE FRANCESCHI LPO Île-de-France 62 rue Bargue 75015 Paris Tél. 01 53 58 58 31 E-Mail : [email protected] SUIVI DES PASSEREAUX NICHEURS PAR CAPTURE ET MARQUAGE POUR LES PARCS DÉPARTEMENTAUX DU SAUSSET ET DE LA COURNEUVE Résumé Cette étude menée dans les parcs départementaux de La Courneuve et du Sausset, a été basée sur un protocole appelé STOC-capture (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) établie par le Muséum national d’histoire naturelle. Il s’agit de suivre les populations d’oiseaux nicheurs par le marquage. Pour cette année 2007, ce sont 422 oiseaux qui ont été capturés, dont 306 bagués, le reste étant des contrôles intra annuel (l’oiseau est bagué et contrôlé la même année, 93 oiseaux) ou inter annuel (l’oiseau est bagué et contrôlé à une année différente, 23 oiseaux). 24 espèces ont été contactées sur le parc départemental de La Courneuve, et 19 sur celui du Sausset. La majorité des espèces capturées sur les deux parcs sont des espèces généralistes (environ 70%) et sédentaires (48% sur le parc départemental de La Courneuve et 67% sur le parc départemental du Sausset). La proportion de migrateur sur chaque parc est très différente : moins de 4% sur le parc départemental du Sausset et 21% pour celui de La Courneuve. La raison de ces écarts n’est pas évidente, il est possible que les parcs aient un rôle différent dans le maintien des populations aviaires. CONTEXTE Le suivi des oiseaux communs par le protocole STOC-capture est effectif en France depuis 1989, et a pour objectif de fournir une estimation des évolutions démographiques des passereaux les plus communs. Situés au nord du département de Seine-SaintDenis, les parcs départementaux de La Courneuve et du Sausset sont enclavés dans des secteurs très urbanisés. Avec près de 400 hectares, le parc départemental de La Courneuve offre une diversité de petits habitats allant de milieux boisés à des prairies ouvertes, en passant par des étangs et des lacs. Deux fois moins grand, le parc départemental du Sausset offre pourtant la même variété de milieux (avec un relief toutefois moins important). L’étude initiale menée à partir de 2003 par François CHIRON, visait spécifiquement à étudier l’impact de la prédation des pies sur les passereaux. En 2007, la LPO Île-de-France a pris le relais de l’étude. Par ce moyen de reconnaissance individuel de l’oiseau, la LPO Île-de-France met à disposition des parcs départementaux l’outil le plus adapté à l’évaluation des tendances démographiques des populations d’oiseaux nicheurs. OBJECTIF L’objectif premier de cette étude est l’amélioration des connaissances sur les populations d’oiseaux reproducteurs et en particuliers des passereaux. Ce groupe d’espèces étant en général difficilement décelable, la méthode de suivi permet d’avoir des résultats fins sur leurs évolutions de populations. Grâce à un protocole standardisé et de milieux similaires sur les deux parcs, il sera possible de comparer leur attrait respectif et de constater d’éventuels échanges entre ces parcs (brassage des populations). Les parcs étant entourés de terrains fortement urbanisés, il est intéressant de voir à terme, quel intérêt apporte ce type d’espaces naturels dans CONTEXTE Pour chaque station STOC, trois sessions de capture (au minimum) doivent être effectuées entre mi-mai et début juillet : Pour le STOC du parc départemental du Sausset • le 24 juin 2007 • le 13 juin 2007 • le 29 juin 2007 Les filets sont placés chaque année aux mêmes dates et aux mêmes endroits et sont numérotés. Pour chacune des sessions du STOC, 10 filets de 12 m sont posés. Pour le STOC du parc départemental de La Courneuve, la pose des filets se fait à la tombée de la nuit, et les filets sont ouverts pour la capture de l’aube jusqu’à midi. Pour le STOC du Sausset, la pose des filets se fait dans l’après-midi et la capture commence en soirée puis reprend le lendemain de l’aube jusqu’à midi. LPO Pour le STOC du parc départemental de La Courneuve • le 23 mai 2007 • le 12 juin 2007 • le 28 juin 2007 Figure 2 : Site de baguage au parc départemental de La Courneuve Les filets sont contrôlés toutes les demi-heures. Le baguage et la prise des mesures biométriques des oiseaux sont réalisés directement sur les filets. Les oiseaux sont relâchés le plus rapidement possible à proximité immédiate du filet afin de limiter les perturbations. Tous les contrôles sont notés, y compris les recaptures intra-journalières. Les deux stations STOC sont placées dans des milieux buissonnants similaires. Les filets sont aux abords ou dans les massifs et les haies, et se trouvent dans les deux cas à proximité des zones herbacées ouvertes. LE BIODIVERSITAIRE le maintien et la conservation des populations d’oiseaux communs. INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 LPO Figure 1 : Mésange charbonnière 59 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 STOC Courneuve Code Espèce Mésange charbonnière Accenteur mouchet Fauvette grisette Fauvette à tête noire Merle noir Moineau domestique Etourneau sansonnet Hypolaïs polyglotte Mésange bleue Fauvette babillarde Rougegorge familier Pouillot véloce Traquet pâtre Fauvette des jardins Chardonneret élégant Verdier d'Europe Pigeon ramier Mésange huppé Pie bavarde Bouvreuil pivoine Roitelet huppé Serin cini Troglodyte mignon Total PARMAJ PRUMOD SYLCOM SYLATR TURMER PASDOM STUVUL HIPPOL PARCAE SYLCUR ERIRUB PHYCOL SAXTOR SYLBOR CARCAR CARCHL COLPAL PARCRI PICPIC PYRULA REGREG SERSER TROTRO 24 espèces Nombre total d’oiseaux capturés bagués contrôlés 50 41 9 35 23 12 28 15 13 27 17 10 20 14 6 12 11 1 8 8 7 5 2 6 6 6 5 1 3 3 3 3 3 2 1 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 219 163 56 Tableau 1 : Résultat des séances de captures du parc départemental de La Courneuve en 2007 Sur ce parc, 219 captures, 163 poses de bague et 56 contrôles intra et/ou inter annuels ont été effectués. Pour l’analyse, les espèces ayant un nombre de captures supérieur à 4 individus ont été retenues. STOC Courneuve Code Espèce Mésange charbonnière Accenteur mouchet Fauvette grisette Fauvette à tête noire Merle noir Moineau domestique Etourneau sansonnet Hypolaïs polyglotte Mésange bleue Fauvette babillarde Total PARMAJ PRUMOD SYLCOM SYLATR TURMER PASDOM STUVUL HIPPOL PARCAE SYLCUR 10 espèces Nombre d’oiseaux capturés 50 35 28 27 20 12 8 7 6 6 199 Pourcentage 25,13 % 17,59 % 14,07 % 13,57 % 10,05 % 6,03 % 4,02 % 3,52 % 3,02 % 3,02 % 100 % Tableau 2 : Liste des espèces capturées avec plus de quatre individus sur le parc départemental de La Courneuve en 2007 60 Ainsi la Mésange charbonnière, l’Accenteur mouchet et la Fauvette grisette représentent plus de 50% des captures au parc de La Courneuve. Etude du statut migratoire des oiseaux du parc de La Courneuve Ces espèces peuvent être classées en trois catégories : • Les espèces sédentaires (la Mésange charbonnière, la Mésange bleue, l’Etourneau sansonnet, le Moineau domestique et le Merle noir) présentent un total de 96 captures ; atrices (la Fauvette babillarde, la Fauvette grisette, l’Hypolaïs polyglotte) • Les espèces migra présentent un total de 41 captures ; • Les espèces migratrices partielles (la Fauvette à tête noire et l’Accenteur mouchet) présentent un total de 62 captures. Catégories Sédentaire Migrateur partiel Migrateur total Nombre de captures en 2007 96 62 41 199 % des captures en 2007 48 % 31 % 21 % 100 % Tableau 3 : Liste des captures du parc départemental de La Courneuve (Par catégorie pour les espèces les plus communes) Pour cette année 2007, les migrateurs représentent 21% des oiseaux capturés. Les sédentaires représentent près de la moitié des captures des espèces les plus communes. Etude des indicateurs du milieu du parc départemental de La Courneuve Afin d’avoir une lisibilité sur l’échelle d’un milieu, le CRBPO a regroupé des espèces : ils sont alors appelé indicateurs et caractérisent trois grands types d’habitats (forestiers, agricoles, bâtis) ou sont classés dans la catégorie des espèces généralistes. LE BIODIVERSITAIRE Figure 3 : Pourcentage par espèce capturée sur le parc départemental de La Courneuve INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 par espèce capturée 61 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Voici le détail des ces indicateurs pour le Parc départemental de La Courneuve : • Espèces généralistes, nombre d’espèces = 6 Mésange charbonnière (50), Accenteur mouchet (35), Fauvette à tête noire (27), Merle noir (20), Hypolaïs polyglotte (7), Mésange bleue (6) • Espèces spécialistes des milieux agricoles, nombre d’espèces = 1 Fauvette grisette (28) • Espèces spécialistes des miliieux bâtis, nombre d’espèces =1 Moineau domestique (12) • Espèces non catégorisées dans les indicateurs nombre d’espèces = 2 Etourneau sansonnet (8) et Fauvette babillarde (6) •Espèces spécialistes des milieux foresstiers, nombre d’espèces = 0 Figure 4 : pourcentage des espèces capturées en fonction de leur statut migratoire Catégories Spécialiste des milieux forestiers Spécialiste des milieux agricoles Spécialiste des milieux bâtis Généraliste Non catégorisé Total Effectif 0 28 12 145 14 199 Pourcentage 0,00 % 14,07 % 6,03 % 72,86 % 7,04 % 100,00 % Tableau 4 : Effectif d’espèces d’oiseaux au parc départemental de La Courneuve par indicateur de milieux Ainsi, près des trois quarts des espèces présentent sur ce parc sont des espèces généralistes. Figure 5 : Pourcentage des espèces d’oiseaux au parc départemental de La Courneuve par indicateur de milieux 62 Contrôle inter annuel 6 3 2 1 1 13 oiseaux Tableau 5 : Contrôles inter annuels des oiseaux du parc départemental de La Courneuve réalisés en 2007 Ce sont majoritairement les fauvettes (espèces migratrices ou migratrices partielles) qui semblent les plus fidèles à leur site de reproduction. STOC Sausset Code Espèce Mésange charbonnière Moineau domestique Fauvette à tête noire Mésange bleue Merle noir Accenteur mouchet Fauvette des jardins Rougegorge familier Pouillot véloce Fauvette grisette Mésange à longue queue Grive musicienne Pic vert Rousserolle verderolle Rousserolle effarvatte Rossignol philomèle Mésange huppé Pouillot fitis Troglodyte mignon Total PARMAJ PASDOM SYLATR PARCAE TURMER PRUMOD SYLBOR ERIRUB PHYCOL SYLCOM AEGCAU TURPHI PICVIR ACRRIS ACRSCI LUSMEG PARCRI PHYLUS TROTRO 19 espèces Nombre total d’oiseaux capturés bagués contrôlés 53 31 18 34 28 6 30 22 7 15 12 3 20 15 5 14 7 7 7 4 3 7 5 2 4 3 1 4 2 2 6 1 5 5 4 1 2 2 1 1 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 203 143 60 Tableau 6 : Liste de résultat des séances de captures du parc du Sausset en 2007 Sur ce parc, 203 captures, 143 poses de bague et 60 contrôles intra et/ou inter annuels ont été effectués. Pour l’analyse, les espèces ayant un nombre de captures supérieur à 4 individus ont été retenues. LE BIODIVERSITAIRE Espèce Fauvette grisette Fauvette à tête noire Accenteur mouchet Hypolaïs polyglotte Mésange charbonnière Total INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Étude de la fidélité au site de reproduction sur le Parc de La Courneuve Pour étudier la fidélité des oiseaux à leur site de reproduction, seuls les contrôles inter annuels ont été sélectionnés. C'est-à-dire que seuls les oiseaux contrôlés en 2007, et ayant été bagués les années précédentes, sont comptabilisés. 63 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Espèce Code Espèce Mésange charbonnière Moineau domestique Fauvette à tête noire Mésange bleue Merle noir Accenteur mouchet Fauvette des jardins Rougegorge familier Mésange à longue queue Grive musicienne Total PARMAJ PASDOM SYLATR PARCAE TURMER PRUMOD SYLBOR ERIRUB AEGCAU TURPHI 10 espèces Nombre d’oiseaux capturés 53 34 30 15 20 14 7 7 6 5 191 Pourcentage 27,75 % 17,80 % 15,71 % 10,47 % 7,85 % 7,33 % 3,66 % 3,66 % 3,14 % 2,62 % 100,00 % Tableau 7 : Liste des espèces capturées avec plus de quatre individus sur le parc départemental du Sausset en 2007 par espèce capturée Figure 6 : pourcentage et effectif d’oiseaux capturés sur le parc départemental du Sausset Ainsi la Mésange charbonnière, le Moineau domestique et la Fauvette à tête noire représentent plus de 50% des captures sur le parc du Sausset. Etude du statut migratoire des oiseaux du parc départemental du Sausset Ces espèces peuvent être classées en trois catégories : • Les espèces sédentaires (la Mésange charbonnière, la mésange bleue, le moineau domestique, Mésange à longue queue et le merle noir) présentent un total de 128 captures ; • L’espèce migratrice (la fauvette des jardins) présente un total de 7 captures ; • Les espèces migratrices partielles (la Fauvette à tête noire, la Grive musicienne l’Accenteur mouchet, Rougegorge) présentent un total de 56 captures. 64 % des captures en 2007 67,02 % 29,32 % 3,66 % 100 % Tableau 8 : Liste des captures du parc départemental du Sausset (Par catégorie pour les espèces les plus communes) Pour cette année 2007, les migrateurs représentent 4% des oiseaux capturés. Les sédentaires représentent plus de 70% des captures des espèces les plus communes. Figure 7 : pourcentage des espèces capturées en fonction de leur statut migratoire Statut migratoire ( par groupe d’espèce) Etude des indicateurs du milieu du parc départemental du Sausset Voici le détail des ces indicateurs pour le Parc départemental du Sausset • Espèces généralistes, nombre d’espèces = 5 Mésange charbonnière (53), Accenteur mouchet (14), Fauvette à tête noire (30), Merle noir (20), Mésange bleue (15) • Espèces spécialistes des milieux forestiers, nombre d’espèces = 2 Grive musicienne (5) et Rougegorge (7) • Espèces spécialistes sdes milieux bâtis, nombre d’espèces =1 Moineau domestique (34) • Espèces non catégorisées dans les indicateurs, nombre d’espèces =2 Fauvette des jardins (7) et Mésange à longue queue (6) • Espèces spécialistes des milieux agricoles, nombre d’espèce = 0 Catégories Spécialiste des milieux forestiers Spécialiste des milieux agricoles Spécialiste des milieux bâtis Généraliste Non catégorisé Total Effectif 12 0 34 132 13 191 Pourcentage 6,28 % 0,00 % 17,80 % 69,11 % 6,81 % 100,00 % Tableau 9 : Effectif d’espèces d’oiseaux au parc départemental du Sausset par indicateur de milieux LE BIODIVERSITAIRE Sédentaire Migrateur partiel Migrateur total Nombre de captures en 2007 128 56 7 191 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Catégories 65 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Ainsi près des trois quarts des espèces présentent sur ce parc concernent des espèces généralistes. Catégories des espèces d’oiseaux Figure 8 : Pourcentage des espèces d’oiseaux au parc départemental du Sausset par indicateur de milieux. Etude de la fidélité au site de reproduction sur le Parc du Sausset Voici le détail des ces indicateurs pour le Parc départemental du Sausset • Espèces généralistes, nombre d’espèces = 5 Mésange charbonnière (53), Accenteur mouchet (14), Fauvette à tête noire (30), Merle noir (20), Mésange bleue (15) • Espèces spécialistes des milieux forestiers, nombre d’espèces = 2 Grive musicienne (5) et Rougegorge (7) Espèce Fauvette à tête noire Mésange à longue queue Merle noir Fauvette grisette Accenteur mouchet Moineau domestique Total Contrôle inter annuel 3 2 2 1 1 1 10 oiseaux Tableau 10 : Contrôles inter annuels des oiseaux du parc départemental du Sausset réalisés en 2007 Ce sont majoritairement des espèces sédentaires ou migratrices partielles qui semblent le plus fidèles à leur site de reproduction. CONCLUSION Après ces trois journées de captures, il est possible de dégager des tendances sur les populations d’oiseaux présentes sur ces parcs. Sur chacun des sites, le nombre de capture, de contrôle et de marquage sont assez proches et permettent donc une comparaison. Etant en milieu péri urbain, on pouvait s’attendre à avoir une majorité d’espèces peu exigeantes et 66 non spécifiques. Cela est vérifié par l’étude des indicateurs de milieu où, sur chacun des parcs, la proportion des espèces « généralistes » est proche des 70%. Sur les deux parcs, l’espèce la plus commune est donc la Mésange charbonnière, représentant près du quart des captures, les autres espèces représentées étant sensiblement différentes selon le parc. Concernant l’étude des indicateurs, on remarque la présence de deux espèces spécialistes forestières sur le parc départemental du Sausset (aucune n’est présente sur La Courneuve). Et inversement sur le parc départemental de La Courneuve, on observe la présence d’espèces spécialistes des milieux agricole (aucune n’est présente sur le parc départemental du Sausset).■ LPO Deux perruches à collier ont été capturées lors des STOC. Faute de bague appropriée, elles ont été relâchées. Ces oiseaux exotiques se reproduisent maintenant en Île-de-France, il sera donc intéressant de les suivre à l’avenir. LPO Une Fauvette à tête noire baguée sur le parc départemental de La Courneuve le 13 juin 2006 a été capturée sur le parc départemental du Sausset le 12 juin 2007. C’est le seul exemple de brassage des populations entre les deux parcs. Il sera intéressant d’observer si ce phénomène s’amplifie lors des prochaines sessions de bagages. LE BIODIVERSITAIRE Concernant l’étude du statut migratoire des espèces, il est surprenant de voir une différence marquée entre les deux parcs pour les espèces migratrices strictes. Elles ont un pourcentage de 21% au parc départemental de La Courneuve alors qu’il est de 4% sur celui du Sausset. La poursuite de cette étude permettra dans les prochaines années de savoir s’il s’agit d’un phénomène ponctuel ou spécifique à chaque parc. Concernant l’étude de la fidélité au site de nidification, les migrateurs reviendraient en plus grande proportion sur le parc départemental de La Courneuve. Mais les chiffres sont trop faibles pour être interprétés comme une tendance réelle. INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Concernant les Sylvidés (Fauvettes et Hypolaïs), la proportion sur le parc départemental de La Courneuve (35%) est supérieure à celui du Sausset (15 %). La Fauvette grisette est la troisième espèce la plus fréquente (14%) sur le parc départemental de La Courneuve (moins de 2% sur le parc du Sausset). 67 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 LE BIODIVERSITAIRE INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 68 Olivier PAIKINE LPO Île-de-France 62 rue Bargue 75015 Paris Tél. 01 53 58 58 31 E-Mail : [email protected] LE BLONGIOS NAIN AU PARC DÉPARTEMENTAL DE LA COURNEUVE : ÉTAT DES CONNAISSANCES SUR LA POPULATION (1987-2007) ET RÉSULTATS D’UNE ÉTUDE SUR LES PARAMÈTRES DE L’UTILISATION DE SON HABITAT Résumé Le parc départemental de La Courneuve accueille depuis 1987 une petite population reproductrice de Blongios nain, qui bénéficie de la présence d’un réseau de zones humides de 16,8 hectares. Si les données recueillies au cours de la période 1987-1999 sont fragmentaires, cette population fait l’objet d’un suivi régulier depuis l’année 2000. Deux couples nicheurs sont régulièrement contactés avec deux à six jeunes à l’envol selon les années. En 2007, ce suivi a été couplé à une étude sur différents paramètres susceptibles de jouer un rôle dans l’utilisation de l’habitat par l’espèce. Les paramètres importants à prendre en compte concernent la taille du linéaire hélophytes1/eau, le rapport entre la surface d’hélophytes et la surface d’eau libre, la constance du niveau d’eau et l’existence de massifs peu accessibles. A l’inverse, certains paramètres comme la densité, le diamètre ou la hauteur des roseaux apparaissent comme non déterminants. CONTEXTE DE L’ETUDE Depuis 1987, le parc départemental de La Courneuve accueille une petite population de Blongios nains (Ixobrychus minutus), espèce prioritaire en termes de conservation au niveau européen. Dans les zones urbaines, les parcs qui bénéficient de milieux favorables participent aujourd’hui de plus en plus de la conservation des espèces à un niveau régional voire national, comme en témoignent la désignation d’une Zone de Protection Spéciale (ZPS) « Sites de SeineSaint-Denis » et l’inscription d’un réseau de 14 parcs et forêts du département au réseau Natura 2000. La présence du Blongios nain en milieu urbanisé représente donc un véritable enjeu de conservation et, dans la mesure où il s’agit du seul site régulier de reproduction de l’espèce en Seine-Saint-Denis, un suivi de sa nidification est donc effectué depuis l’année 2000 au parc départemental de La Courneuve. En 2007, le suivi de l’espèce a été mené en parallèle avec une étude relative à l’habitat de nidification conduite par Camila ANDRADE dans le cadre d’un mémoire de Master 2 Pro en Écologie, Biodiversité et Évolution. Cette étude est une première puisque qu'aucune description d'habitat urbain de Blongios nain n'avait été faite auparavant. Depuis la fin des années 90, plusieurs cas de nidification sont apparus dans la petite couronne parisienne suggérant que d'autres sites similaires pourraient accueillir cette espèce patrimoniale. Cet article présente donc d’une part l’état des connaissances sur la population de Blongios nain au parc départemental de La Courneuve, et d’autre part les résultats de l’étude menée par C.ANDRADE. OBJECTIFS Depuis l’année 2000, les objectifs principaux du suivi mis en œuvre sont de préciser la période de 1 • hélophyte : plante enracinée dans l’eau dont les tiges, les feuilles et les fleurs sont aériennes (exemple : le roseau commun) MÉTHODOLOGIE De 2000 à 2002, deux approches complémentaires ont été mises en place : tout d’abord par affûts de 60 à 180 minutes en rotation sur chaque zone humide, complétés par des comptages simultanés sur tous les étangs par la suite. La période de suivi s’étendait de mai à août avec pour objectif de totaliser environ 200 heures d’observation sur l’année. Depuis 2003, un protocole d’étude standardisé a été mis en place. La période de suivi s’étend de juin à août et la pression d’observation correspond à une sortie hebdomadaire d’un ou deux observateurs par sortie (30 minutes minimum par zone humide). Au cours des mois de juillet et d’août, une sortie mobilise cinq à six observateurs durant au moins 90 minutes afin d’obtenir l’estimation la plus précise possible de la population. En complément à ces deux approches, les informations communiquées par d’autres observateurs sont intégrées aux données recueillies après validation. RÉSULTATS Composition de la population et bilan de la reproduction Entre 1987 et 1997, les données publiées dans « le Passer » (revue du Centre Ornithologique Île-de-France) font état d’une certaine continuité dans la présence de la population et de trois cas de reproduction, rapportés au cours des saisons de reproduction 1987, 1992 et 1996. En 1998 et 1999, les observations ont été transmises directement par les observateurs. Toutes ces observations concernent selon les années un ou deux couples nicheurs avec au plus trois jeunes par nichée. Figure 1 : Evolution interannuelle des effectifs 2 • Groupement d’étude sur le Blongios nain LE BIODIVERSITAIRE Le but de l’étude conduite en 2007 est d’avoir une meilleure connaissance de son habitat de reproduction en milieu urbain en mettant en évidence, au travers de mesures physiques de l'habitat puis de l'observation des oiseaux, les paramètres susceptibles d’influer sur le choix du site de nidification. Le premier objectif a donc été d’établir une description précise de l’habitat, et le second de recueillir un maximum de données relatives à l’activité des oiseaux afin d’établir si les oiseaux utilisent préférentiellement certains massifs et si ces préférences ont une relation avec les paramètres mesurés sur l'habitat. En premier lieu, les paramètres à mesurer en terme d’habitat ont été définis à partir des travaux menés sur la caractérisation de l’habitat du Butor Etoilé Botaurus stellaris et par le GEBN2 . C’est une espèce qui utilise le même biotope et qui a été observé à plusieurs reprises au parc départemental de La Courneuve. Puis ces paramètres ont été mesurés avant l’arrivée des oiseaux : cartographie de la végétation, calculs de linéaires de végétation, de superficies (eau libre, roselières), mesures de diamètre, de hauteur et de densité des roseaux. Enfin, pour mesurer l’utilisation du milieu faite par les oiseaux, deux matinées hebdomadaires d’observation ont été consacrées à ce suivi du 15 mai 2007 au 31 août 2007. Les observations ont été réalisées entre 08 heures et 13 heures, car l’espèce présente des pics d’activités en début de matinée et en fin d’après-midi (GÉROUDET 1994 ; BOILEAU ET BARBIER 1999 ; BARBIER ET DELELIS 2006). INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 présence de l’espèce, d’identifier les zones humides fréquentées par l’espèce en précisant leur rôle (nidification, alimentation, halte migratoire,…), de répertorier les contacts et les déplacements des oiseaux, d’obtenir les principaux paramètres de la population c’est-àdire le nombre d’individus, de couples, de mâles, de femelles et de juvéniles, et de recueillir toute information complémentaire relative à la biologie de cette espèce, telle que le régime alimentaire ou les formes de contraintes subies localement par l'espèce. 69 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 C.ANDRADE – LPO La période de nidification s’étale de début mai à début juillet et comporte classiquement deux pics de ponte, séparés pour une même année d’environ trois semaines, ce qui semble correspondre sur le terrain à des arrivées différées de certains individus, le deuxième couple n’étant en général détecté que bien plus tard en saison, souvent en juin. Figure 2 : Blongios nain juvénile La figure 1 présente l’évolution du nombre d’individus, d’adultes, de jeunes et de couples de 2000 à 2007. Depuis 2000, le nombre de couples de Blongios nains est de deux sauf en 2001 (1 couple), ce qui confère une certaine stabilité à la population. Le nombre de jeunes à l’envol présente une forte variabilité interannuelle, oscillant entre 2 et 6, mais celle-ci n’est pas due à des variations défavorables de la pression d’observation. Les années 2001 et 2002 totalisent ainsi respectivement 200 et 177 heures d’observations alors que le nombre de jeunes à l’envol est seulement de deux individus par an. De 2000 à 2007, 16 nichées ont été répertoriées produisant 33 juvéniles ce qui correspond à une production moyenne de 2,1 jeunes à l’envol par couvée. Une année moyenne équivaut donc à la présence d’environ 8 individus sur l’ensemble des zones humides du parc, correspondant à deux couples nicheurs avec deux jeunes à l’envol par couple. Depuis 2001, l’Etang des Brouillards est devenu le site majeur de reproduction de l’espèce tandis que l’Etang du Vallon Ecologique, initialement site principal de reproduction, a perdu son attractivité. L’évolution du milieu sur ce site reste néanmoins favorable au Blongios nain et l’hypothèse la plus probable semble donc être une amélioration de la capacité d’accueil de l’Etang des Brouillards notamment par l’amélioration de son peuplement piscicole. 70 Par ailleurs, la présence de mâles surnuméraires certaines années, non renseignée à ce jour par les études de population menées sur des sites de vaste étendue, constitue un élément original de ce suivi. En effet, l’effort de prospection important développé en 2000 (180 heures), 2001 (200 heures) et 2002 (177 heures) permet d’affirmer que certaines années, des mâles non appariés évoluent dans les mêmes milieux que des couples. Un total d’environ 70 heures d’observation a été effectué sur l’étang des Brouillards. La cartographie de la végétation du plan d'eau et des rives a montré qu'il s'agit d'un étang arboré (73 % des berges sont arborés). La présence d’arbres ou d'arbustes à l'intérieur ou en bordure des roselières semblent appréciée par les oiseaux, notamment lors de comportements territoriaux. Les mesures faites sur la végétation d’hélophytes (roseaux) ont donné une densité moyenne de roseaux d'environ 200 tiges/m3 et un diamètre moyen d'environ 6 mm. La comparaison des mesures de diamètre, de hauteur et de densité entre massifs n'a pas révélé de lien significatif avec l’utilisation du milieu par les oiseaux. L'analyse des observations de Blongios nain a montré qu'ils ont plus fréquenté certains massifs que d'autres à savoir les massifs A et Fa puis les massifs D et G (voir schéma ci-après, figure 3). Les roselières A, D et G sont les massifs les plus entourés d'eau (linéaire hélophyte / eau >70%). Trois des quatre roselières les plus utilisées présentent le linéaire hélophyte/eau le plus élevé. Ce paramètre, dont l’optimum calculé est de l’ordre de 400 mètres par hectares de plan d’eau, apparaît donc important pour l'accès aux ressources alimentaires. Les roselières A et Fa constituent les massifs de nidification en 2007. Les nids localisés soit au coeur de la roselière (A), soit protégés par des arbustes et des ronciers (Fa), confirment que le De nombreux déplacements, principalement de mâles, ont été répertoriés en provenance ou en direction des plans d'eau annexes (Vallon, Grand lac, Lacs supérieurs). Les déplacements entre les plans d’eau témoignent de l’intérêt de ce réseau en termes de quantité de ressources surtout lors de la période de nourrissage des jeunes. CONCLUSION La nidification du Blongios nain depuis 1987 au sein du parc départemental de La Courneuve est tout à fait remarquable compte tenu de l’urbanisation dense dans laquelle ce parc est imbriqué. Les données recueillies dans ce parc montrent que la population de Blongios nain est stable avec en moyenne deux couples nicheurs et deux jeunes à l’envol par couple. Mais cette population reste très fragile compte tenu de sa taille et du succès reproducteur relativement faible, une femelle pouvant produire jusqu’à 6 œufs. Cependant, les observations de cette espèce en C.ANDRADE – LPO Avec seulement 2 hectares, la superficie du plan d’eau n’apparaît pas comme un facteur limitant. En revanche, la proportion de roseaux apparaît comme une composante principale du milieu et doit représenter 1/3 de la surface du plan d’eau. La constance du niveau d'eau et l'inondation permanente des roselières entre avril et septembre sont des paramètres primordiaux (marnage < 10 cm à l'étang des Brouillards). Figure 4 : Site de nidification du Blongios nain au parc départemental de La Courneuve LE BIODIVERSITAIRE Blongios nain recherche en général un endroit bien protégé et inaccessible par voie terrestre pour nicher. INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Figure 3 : Habitat de nidification (étang des brouillards) 71 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 période de reproduction se multiplient en petite couronne parisienne et une meilleure connaissance de l’utilisation du milieu par les oiseaux est nécessaire afin de mettre en œuvre des pratiques de gestion favorables à l’installation et au maintien de cette espèce très menacée. Les conclusions de l’étude de l’habitat de PARAMÈTRES DE L’HABITAT Hélophytes inondés et marnage faible (entre avril et septembre) Existence de massifs peu accessibles Linéaire de contact Berges arborées et présence d’arbres isolés Proportion 1/3 hélophytes pour 2/3 d’eau libre l’espèce montrent que les paramètres liés à l’accès aux ressources alimentaires et à la protection du nid sont des facteurs déterminants dans le choix du site de nidification. Le tableau ci-dessous présente les principaux paramètres à prendre en compte dans la gestion des sites de nidification du Blongios nain.■ PRATIQUES DE GESTION Contrôle et maintien du niveau d’eau constant Maintien de massifs d’hélophytes protégés par des haies d’arbres avec buissons denses et ronciers… Augmenté par l’installation de chablis, nénuphars … Favoriser les espèces hygrophiles indigènes et maintien d’arbres morts sur pied Maintien du milieu ouvert (faucardage à l’automne et par zones, intervention sur les ligneux si trop envahissants…) LPO Tableau 1 : paramètres à prendre en compte pour la gestion des sites de nidifcation du Blongios nain. Avec une longueur de 33 à 38 cm pour un poids de 125 à 150g, le Blongios nain est l’un des plus petits hérons du monde et le plus petit en Europe. C’est également le seul héron européen qui présente une différence de plumage entre le mâle (photo ci-contre) et la femelle (on parle de dimorphisme sexuel). C’est un migrateur d’été qui arrive en France entre avril et mi-mai et repart d’août à octobre pour se rendre sur ses sites d’hivernage en Afrique subsaharienne. C’est une espèce extrêmement rare en France avec entre 483 et 778 couples dont 15 à 25 couples en Île-de-France. Remerciements 72 L’appui de stagiaires et d’ornithologues bénévoles a été décisif dans l’atteinte de nos objectifs. Nos remerciements s’adressent à : Dominique Delville, observateur et découvreur de la première heure de cette population mais aussi à Hervé Bressaud, Clothilde Jamet et Fabienne David, stagiaires impliqués dans le suivi mis en œuvre depuis l’année 2000, sans oublier les personnes qui nous ont communiqué leurs observations ou qui ont participé activement à la collecte des données, à savoir : Olivier Baron (CG93), Jean Barbe (CORIF), Stéphane Chambris, François Chiron (CRBPO), Alain Cléty, Sébastien Foix, Yves Geoffroy, Olivier Laporte, Renan Levaillant, Frédéric Malher, Stéphane Malignat, Yves Massin, Danièle Monnier, Rémy Montabord (CG93), Sandrine Mor (Administratrice LPO), Sébastien Niss (CG93), P.Rance, Thibault Rémy (CG93), Bruno Soret, Frédéric Thouin, Patrick Toro, Bruno Rogez, Olivier Sigaud et Maxime Zucca. SUIVI DE LA NIDIFICATION DE LA COLONIE D'HIRONDELLES DE RIVAGE Riparia riparia DU CANAL DE L'OURCQ ANNÉE 2008 Résumé En Île-de-France, l'Hirondelle de rivage a progressivement abandonné son milieu naturel (les berges de rivières), voué à la canalisation et à l'enrochement, pour s'installer dans les carrières et les sablières en activité. Aujourd'hui, ces dernières arrivent en fin d'exploitation faisant courir à l'espèce un nouveau risque de déclin. Certaines ont su s'adapter aux cavités des structures artificielles solides, telles que les palplanches, les barrages ou les tuyaux de drainage. C'est ainsi que l'espèce s’est installée sur une portion du Canal de l'Ourcq, à hauteur du parc départemental de la Bergère (Bobigny-93). Un premier couple a été observé en 2000 dans les palplanches du canal. D'autres oiseaux les ont ensuite rejoint les années suivantes pour former une nouvelle colonie. Cette dernière a fait l'objet d'un suivi régulier d'avril à août 2008, ayant permis de totaliser un minimum de 19 couples nicheurs. Des préconisations sont proposées afin de conserver ces cavités et d'assurer la tranquillité des oiseaux. En 2000, un couple d’Hirondelles de rivage s'est installé dans les palplanches de fonte longeant le Canal de l’Ourcq, à hauteur du Parc départemental de la Bergère (Bobigny – 93). Depuis cette date, la colonie a fortement augmenté, passant d'un couple en 2000 à neuf en 2007. L'augmentation des effectifs imposant, à la fois, une protection de la colonie et, pour se faire, un suivi plus précis, le Conseil général de SeineSaint-Denis a estimé nécessaire de mettre en place un outil de relevé performant et reproductible. MÉTHODOLOGIE Le suivi de la colonie s'est effectué au cours d'une à deux sorties mensuelles, d'avril à août 2008. La zone d'étude a été divisée en quatre tronçons d'environ 50 trous (hormis le premier tronçon qui ne comptait que 28 trous), délimités par les émissaires de rejet dans le canal ou, le plus souvent, par les échelles permettant d'accéder à l'eau. Durant deux heures, l'observateur a consigné J-P.LAIR - CORIF CONTEXTE Figure 1 : Canal de l’Ourcq sur une fiche les trous visités par les hirondelles, ainsi que le nombre de visites et toutes informations utiles à la compréhension de la nidification. ANALYSE DU SUIVI Trois critères ont été pris en compte afin de considérer qu'une cavité accueillait un couple nicheur : INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Jean-Pierre LAIR Centre Ornithologique Île-de-France (CORIF) Maison de l’oiseau - Parc Forestier de la Poudrerie Allée Eugène Burlot 93410 Vaujours Tél. 01 39 12 53 98 E-mail : [email protected] LE BIODIVERSITAIRE INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 73 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 • le nombre de matinées (ou la période) durant lesquelles des visites ont été observées ; • le nombre de visites durant les deux heures d'observation ; • l'observation de jeunes dans les trous. Dix-neuf nids, au moins, ont ainsi été retenus, démontrant la croissance exponentielle de la colonie (cf. figure 2). Figure 2 : Nombres de nids dénombrés par an Les observations menées depuis 2000 permettent de dresser le calendrier suivant : • Première ponte fin avril, • Éclosion mi-mai (lorsque les œufs ont éclos, le nombre de visites au nid peu augmenter considérablement, passant de quelques visites à plus de vingt -maximum 24 - en deux heures), • Envol des jeunes vers la mi-juin, • Une seconde couvée de fin juin à début août (cette année, le taux de seconde couvée est de 68 % du nombre total de couples, soit 13 couples sur 19). L'envol des jeunes a donc lieu vers la mi-août. PRÉCONISATIONS DE GESTION ET D'AMÉNAGEMENT En nichant dans les palplanches du canal, les Hirondelles de rivage placent leur nid à l'abri de la plupart des prédateurs, ainsi que des dérangements occasionnés par les visiteurs qui empruntent les berges du canal. Aucune préconisation n'est donc proposée sur les berges mêmes. Il en va différemment des activités qui se déroulent sur l'eau. Certaines embarcations, qui naviguent à une vitesse importante, occasionnent des remous qui se propagent le long des palplanches et peuvent remonter jusqu'aux trous abritant les nids, risquant ainsi de noyer les jeunes. Les activités nautiques récréatives, peuvent aussi empêcher les oiseaux d'accéder à leur nid, en raison de l'arrimage de ports flottants ou de tout autre obstacle devant les trous. Nous proposons donc, durant les mois d'avril à août, sur la partie du canal qui abrite la colonie : • de limiter la vitesse des péniches et autres embarcations, • d'éviter toute activité nautique de loisir ainsi que l'installation de structures flottantes. La mise en place de ces préconisations implique de connaître avec exactitude la localisation et l'étendue de la colonie. Cette dernière pouvant varier chaque année, il est donc nécessaire d'organiser un suivi régulier et annuel, du mois d'avril au mois d'août. CONCLUSION Avec ses 19 couples, la colonie d'Hirondelles de rivage du Canal de l'Ourcq constitue l'une des plus grosses colonies d'Île-de-France, en milieu très urbain. Son développement est d'autant plus important que les cavités artificielles solides, qui offrent une alternative pérenne à la raréfaction des fronts de taille, représentent probablement l'une des rares possibilités de maintien de l'espèce dans notre région. Leur suivi et leur protection sont donc indispensables à une installation durable des oiseaux sur le site, et offre un exemple concret des actions qu'il est souhaitable de mener afin de favoriser la biodiversité en ville.■ BIBLIOGRAPHIE 74 • CRAMP S. & SIMMONS K.E.L. (1985). Handbookof the Birds of Europe, the Middle East and North Africa. The birds of the Western Palaeartic. Tyrant Flycatchers to Thrushes. Vol. V, Oxford. New-York. 1053 p. (p.235-248). • GEROUDET P. (1980) – Les passereaux. Tome 1 : du coucou aux corvidés. Delachaux et Niestlé. 235 p. • LE MARECHAL P. et LESAFFRE G. (2000) – Les oiseaux d'Île-de-France : L'avifaune de Paris et de sa région. Delachaux et Niestlé. 320 p. • MALHER F. (2000) - La fondation de la colonie d'Hirondelles de rivage de Bobigny (93). http://oiseauxdu-canal-de-lourcq.skynetblogs.be/post/5725126/la-fondation-de-la-colonie-dhirondelle-de-riv • MALHER F. (2003) - Adaptation de l’Hirondelle de rivage riparia riparia à des sites “très artificiels”. Alauda 71 (2), 2003 : 243-252. UTILISATION DE L’ABEILLE DOMESTIQUE COMME BIOINDICATEUR EN ZONE URBAINE Á SAINT-DENIS Les abeilles puisent les éléments nécessaires à leur vie dans les ressources fournies par les plantes à fleurs sous forme de nectar et de pollen. Au cours de l’activité de butinage, les abeilles prélèvent du pollen et du nectar qu’elles stockent dans les rayons de la ruche. Le pollen est ramené sous forme de pelotes disposées sur leurs pattes arrière. Le nectar contient également des grains de pollen que la butineuse a collecté fortuitement lors de son passage sur les nectaires des fleurs. Ainsi, de par son contact étroit avec les fleurs, l’abeille peut être considérée comme un piège naturel de pollen et un indicateur de l’environnement et de la diversité des espèces florales (taxons) de son aire de butinage (les abeilles peuvent butiner des fleurs situées dans un rayon de plusieurs km autour de leur ruche, jusqu’à 10 km). L’analyse pollinique, qui consiste à déterminer et à comptabiliser les différents types polliniques contenus dans les pelotes ou dans le miel (spectres polliniques), constitue donc un moyen de connaître l’environnement végétal des zones étudiées. Y.LOUBLIER – LEGS, CNRS L’ABEILLE BIOINDICATEUR Figure 1 : Amas de 1g de pelotes de pollen recueillies à partir des trappes à pollen Deux colonies d’abeilles équipées de trappe à pollen ont été installées à Saint-Denis en 2007. Y.LOUBLIER – LEGS, CNRS Avec le soutien du Conseil général de SeineSaint-Denis, nous réalisons une étude sur l’utilisation de l’abeille domestique comme bioindicateur en zone urbaine. Ce projet s’inscrit dans le cadre du programme FRAGILE (Forum des sciences du vivant pour la Recherche et l’Analyse intégrée en vue d’une Gestion multi-acteur de la biodiversité en ILE-de-France) qui vise à mettre au point des méthodes utilisant l’abeille comme bioindicateur en Île-de-France, dans des zones présentant des niveaux d’anthropisation différents (zones urbaine, semi-naturelle et agricole). Figure 2 : Grains de pollen débarrassés de leur contenu cytoplasmique par acétolyse (microscope optique) INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Yves LOUBLIER Laboratoire Evolution, Génomes, Spéciation (LEGS) CNRS – UPR 9034 Avenue de la Terrasse 91198 Gif-Sur-Yvette Cedex Tél. 01 69 82 37 45 E-mail : [email protected] LE BIODIVERSITAIRE INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 75 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Afin de suivre la diversité florale de cette zone, le contenu des trappes a été régulièrement prélevé (toutes les semaines) et examiné (figure 1). Chaque analyse hebdomadaire porte sur un gramme de pollen issu de 20g de pollens mélangés (10g de pollens par colonie X 2 colonies). L’examen des pollens nécessite une préparation physicochimique (séchage et acétolyse) au cours de laquelle les grains de pollen vont être désolidarisés les uns des autres et leur contenu (cytoplasme) dissous pour faciliter leur observation et détermination (figure 2). Les grains de pollen contenus dans les pelotes et le nectar (miel) sont analysés de la même manière, ce qui permet d’obtenir des données comparables et de caractériser plus finement la diversité florale de la zone visitée par les abeilles. LE POLLEN RÉCOLTÉ PAR LES ABEILLES Quantités L’analyse d’un gramme de pollen représente, selon la saison, environ 180 à 200 pelotes confectionnées par les abeilles. La quantité de grains de pollen contenue dans 1 seul gramme de pollen est énorme (de 8 à 24 millions), comme le montre le tableau ci-après pour 5 prélèvements effectués au cours de l’année 2007. Sachant qu’une pelote pèse en moyenne 3 à 7 mg et qu’une butineuse confectionne plusieurs dizaines de pelotes par jour, le nombre de grains de pollen à comptabiliser est considérable. Date de prélèvement Millions de grains / 1 gramme de pollen 23 mai 10 6 juin 8 13 juin 24 20 juin 17 5 septembre 9 Origine botanique • les spectres polliniques Des spectres polliniques sont obtenus à partir de l’identification et du dénombrement de 2000 à 4500 grains environ récoltés hebdomadairement. Les résultats préliminaires indiquent une grande 76 diversité florale à Saint-Denis, avec en moyenne 35 taxons par gramme de pollen analysé au cours de l’année 2007. A titre d’exemple, les données recueillies pour la semaine du 7 au 14 juin 2007 (soit 4456 grains de pollen dénombrés) permettent d’établir un spectre pollinique (figure 3) où les diverses espèces florales sont représentées en fonction de leur fréquence d’apparition dans les pelotes. Pour ce spectre, le châtaignier a été majoritairement récolté (62% du spectre pollinique). Pendant cette période, des espèces de moindre importance (entre 5 et 15%) ont également été récoltées : la vipérine, les crucifères et les rosacées (figure 3). L’ensemble des autres types floraux dont l’abondance est inférieure à 3% sont rassemblés dans la catégorie « autres ». Même si ces espèces sont rares, car collectées passivement (de manière fortuite) par les abeilles, leur identification est importante car leur présence témoigne de la visite des abeilles sur ces fleurs. Autres : Trèfle t. blanc, Chélidoine, Rhamnacées, Arbre aux papillons, Millepertuis, Plantain t. lancéolé,Troène, Sumac, Vigne-Vierge, Caryophyllacées, t. Deutzia, Chèvrefeuille, t.Scrophulaire, Tamaris, Graminées,T. Pissenlit, Plantain t.corne de cerf, Pigamon, Lamiées, Bryone Figure 3 : Spectre pollinique des espèces florales récoltées par les abeilles du 7 au 17 juin 2007, à Saint-Denis (t: type floral) L’analyse des spectres polliniques au cours de la saison apicole permet également de renseigner sur l’évolution de l’utilisation de la flore par les abeilles au cours du temps. Par exemple, pour la période du 23 mai au 15 octobre 2007, parmi les 9 taxons les plus représentés (figures 4 et 5), plusieurs tendances se profilent : LE BIODIVERSITAIRE Figure 4 : Evolution des récoltes de pollen de Châtaignier, de Crucifères, d’Arbre aux papillons, de Lierre, et de la Vigne vierge au cours de la saison apicole • des taxons sont récoltés en continu toute l’année comme les Crucifères (figure 4) représentées essentiellement par le type Colza ou Chou pour la fin du printemps et le début de l’été et le type Moutarde en fin d’été, ou pratiquement pendant toute la saison apicole pour les Rosacées (figure 5). • des taxons ne sont récoltés qu’à un moment donné de l’année, comme le Châtaignier au début de l’été, l’Arbre aux papillons en plein été et le Lierre au début de l’automne (figure 4) • des taxons sont récoltés à plusieurs moments distincts de l’année, comme le Plantain type lancéolé du printemps jusqu’au début de l’été puis une nouvelle fois au début de l’automne (figure 5). La diversité taxonomique de Saint-Denis est constituée, pour une large part, d’espèces introduites (14,5% sur l’année), en particulier des arbres d’ornement et des plantes de parterres fleuris. En été, ces espèces représentent 10% des pollens récoltés par les abeilles, dont l’Hortensia, le Pétunia, le Deutzia et le Seringat. Au mois de septembre, elles représentent 19% de cet échantillonnage et rassemblent l’Eucalyptus, le Bégonia, la Dentelaire bleue (figure 6), l’Oranger du Mexique, le Pétunia, le Gazania (figure 7) et le Viorne à feuille ridée. Pendant cette période, de nouvelles espèces horticoles (Cyclamen, Clématite, Pied d’alouette) ont été identifiées mais leur identification doit être confirmée. Toutes ces espèces ne semblent pas être activement recherchées par l’abeille mais peuvent être considérées comme des indicateurs de milieu urbain. Y.LOUBLIER – LEGS, CNRS Enfin, il est intéressant de préciser que cette analyse permet également de visualiser la succession temporelle des récoltes des différents taxons. Par exemple, la récolte du Châtaignier est remplacée par celle de l’Arbre aux papillons, puis par celle de la Vigne-vierge et enfin par celles du Lierre et du Réséda (figures 4 et 5). A Saint-Denis, au printemps et au début de l’été, les principales ressources sont les Crucifères, avec notamment les types Colza et Moutarde (figure 4), et les Rosacées avec, en particulier, les types Prunier, Aubépine et Ronce (figure 5). L’été est caractérisé par le Sophora, le Faux vernis du Japon et l’Arbre aux papillons qui sont des espèces introduites. L’automne voit l’arrivée du Lierre, du Réséda et la reprise du type Moutarde. Figure 5 : Evolution des récoltes de pollen de Bégonia, de Plantain, de Réséda et de Rosacées au cours de la saison apicole Figure 6 : Fleur (à gauche) et pollen (à droite) de la Dentelaire bleue. Le pollen a un diamètre de 80 μm INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 les inventaires taxonomiques Au moment de l’établissement du spectre pollinique, les pollens majoritaires sont identifiés et dénombrés, mais il reste tout un ensemble de pollens rares regroupés dans la catégorie « autres » (figure 3). Ceci nécessite de poursuivre l’observation microscopique en parcourant la totalité de la lame, et en notant l’apparition de ces nouveaux taxons. Ces déterminations constituent des inventaires taxonomiques qui vont renseigner sur la diversité florale de la zone visitée par les abeilles. 77 Y.LOUBLIER – LEGS, CNRS INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Figure 7 : Fleur (à gauche) et pollen (à droite) de Gazania. Le pollen a un diamètre de 40 μm Le nectar récolté par les abeilles L’identification et le comptage de 1 282 grains de pollen contenus dans le nectar rapporté à la ruche par les abeilles au mois d’octobre 2007, à Saint-Denis, indique que celles-ci visitent au total 37 taxons (figure 8), mais trois ressources nectarifères (le Faux vernis du Japon, l’Arbre aux papillons et une plante non encore déterminée) ont été plus activement recherchées (71%). Le miel de Saint-Denis présente une couleur ambrée, à teneur faible ou moyenne en sucre, et des arômes mentholés liés à la présence de Tilleul et de Faux vernis du Japon. Des analyses physico-chimiques et organoleptiques sont prévues pour la caractérisation de ce miel urbain. Ces premiers résultats partiels pour une année d’expérimentation doivent être complétés pendant, au moins, deux autres années consécutives afin : • de comparer l’évolution de l’activité de butinage tant pour les dates de récoltes que pour les espèces choisies ; • de préciser certaines déterminations pour les pollens qui posent problème notamment chez 78 Autres : Vipérine, Châtaignier, Rhamnacées, Coquelicot, Graminées, Trèfle type hybride, t. Deutzia, t. Clématite, Rosacées, Pétunia, Chélidoine, Magnolia, t. Spergulaire, Ortie, t. Ronce, Trèfle t. blanc Plantain t. lancéolé, Platane, Bruyère, t. Mélilot, Légumineuses, t. Véronique, Lamiées, Saule, Chêne, t. Cyprès Figure 8 : Spectre pollinique des espèces florales récoltées par les abeilles au mois d’octobre 2007 à Saint-Denis (t: type floral) les Crucifères, les Saxifragacées et les Rosacées (dont de nombreuses espèces introduites constituent le paysage floral des zones urbaines), mais aussi pour le nectar (miel) dont un taxon majeur n’a pu être reconnu. Des études sur le terrain s’avèrent indispensables, nécessitant des prélèvements floraux, des captures d’insectes récolteurs de pollen et de nectar, et la cartographie des espèces plantées autour du rucher sur un rayon de 3 km environ (rayon moyen de butinage des abeilles).■ LES COLÉOPTERES SAPROXYLIQUES DU PARC DÉPARTEMENTAL DE LA COURNEUVE Résumé Depuis 2005, l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE) réalise, dans le cadre d’un partenariat avec le Conseil général de la Seine-Saint-Denis, des expertises entomologiques sur les espaces verts départementaux. Ces études sont souvent réalisées en deux temps. La première phase permet un diagnostic entomologique et consiste en un relevé généraliste couvrant plusieurs groupes (lépidoptères, orthoptères, coléoptères et odonates). Ce relevé donne lieu à un rapport présentant les différentes cohortes observées et mettant en avant les milieux d’intérêt entomologique. Ce dossier est accompagné de propositions de mesures de gestion. Dans un second temps, aux vues des questionnements qui émergent, des études plus fines peuvent êtres mises en œuvre pour préciser la composition ou l’écologie des groupes les plus pertinents. CONTEXTE Les organismes saproxyliques sont des espèces liées au cycle du bois, qu'il s'agisse de xylophages (consommateurs primaires de bois non dégradé), de saproxylophages (consommateurs de bois déjà dégradé grâce à d’autres organismes), de mycétophages (consommateurs de champignons) ou de prédateurs des précédents. Les insectes sont nombreux à faire partie de cette catégorie. Parmi les nombreux insectes saproxyliques, les coléoptères constituent le groupe le plus important (BOUGET et al, 2006). Certaines espèces colonisent le bois mort de nombreuses essences végétales, provenant d’arbres de diamètres variés, mais quelques unes sont très étroitement spécialisées, ne fréquentant que le terreau d’un certain type de cavité ou ne se nourrissant que de certains champignons poussant sur le cœur d’arbres très âgés. La présence de ces insectes aux exigences écologiques très étroites dans un peuplement forestier peut traduire la présence des vieux arbres qu’ils exploitent, et plus généralement la persistance au cours du temps d’un couvert forestier géré de manière favorable à la biodiver- sité. Un référentiel de 300 espèces de coléoptères saproxyliques, indicateurs de la qualité des milieux forestiers, a ainsi été établi (BRUSTEL, 2004) ; il sert de référence lors de toute étude en milieu forestier. En 2005, les premiers inventaires de l’OPIE sur la Seine-Saint-Denis avaient porté sur cinq sites. Alors que les sites des parcs départementaux du Sausset et de la Haute-Île révélaient la présence d’espèces de ce référentiel, indicatrices de la qualité du milieu forestier, aucune espèce de cette catégorie n’avait pu être mise en évidence sur le parc départemental de La Courneuve. En 2006, suite à ce constat, une campagne spécialement dédiée à cette faune a été mise en œuvre afin de faire le point sur la réalité des observations passées. OBJECTIFS Il s’agit d’établir en 2006 un deuxième état des lieux de l’avifaune nicheuse destiné à servir de référence aux gestionnaires dans l’évaluation de leurs pratiques de gestion harmonique mais aussi de fournir un état initial avant tout nouvel INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Bruno MERIGUET, Alexis BORGES et Pierre ZAGATTI Office pour les insectes et leur environnement (OPIE) Domaine de la Minière 78041 Guyancourt cedex Tél. OPIE : 01 30 44 13 43 E-mail : [email protected] LE BIODIVERSITAIRE INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 79 OPIE INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Figure 1 : piège d’interception Ces dispositifs constituent l’un des meilleurs outils pour l’étude de la faune des coléoptères forestiers qui ait été développé dans les dernières années aménagement. A l’issue d’une période de 3 à 5 années (selon la nature ou l’ampleur des interventions menées sur les milieux), un nouvel inventaire pourra être conduit selon la même méthodologie, permettant d’actualiser les informations précédemment acquises et de déterminer l’efficacité des mesures mises en œuvre. Le cas échéant, des réorientations en matière de gestion pourront alors être préconisées. Par ailleurs, la richesse spécifique ainsi que l’abondance supposée des couples, pour l’ensemble du parc départemental de l’Île-SaintDenis, pourront être utilement comparées à des espaces verts de taille similaire en petite couronne parisienne pour évaluer sa qualité ornithologique. De même, des comparaisons intéressantes pourront être menées avec le parc départemental des Chanteraines (70 hectares), situé à proximité immédiate et labellisé « Refuge LPO – Jardins d’oiseaux » depuis 2004, pour rechercher les facteurs expliquant la présence/absence de certaines espèces. MÉTHODOLOGIE Nous avons pour cela disposé, entre mai et juillet, dans 4 boisements de nature différente (hêtraie-frênaie, chênaie, pinède et saulaie) 8 dispositifs de collecte dédiés aux coléoptères. Ces pièges d'utilisation récente sont constitués d'un croisillon en plexiglas transparent placé au-dessus d'un entonnoir lui-même muni d'un flacon collecteur contenant du liquide conservateur. Les insectes volants se heurtent à la vitre ; certains se ré-envolent instantanément (mouches, abeilles, guêpes, papillons, etc…), d’autres se laissent tomber et peuvent ainsi être prélevés. Ces pièges présentent une très grande sélectivité vis-à-vis des coléoptères. Il permet de capturer des espèces qu'on ne trouve 80 quasiment jamais par d'autres méthodes. Le rendement de ce piège non destructeur est assez faible. Malgré leur poids, leur encombrement et leur coût, ces dispositifs apportent des informations uniques. Leur usage va se généraliser grâce au développement de nouveaux modèles plus légers et moins coûteux (MERIGUET, 2007). Nous avons au cours de cette période procédé à 6 relevés. Il a fallu ensuite procéder au tri et à l’identification en laboratoire des quelques 500 insectes collectés, représentant 54 espèces distinctes. RÉSULTATS Après identification des spécimens, les résultats sont surprenants ! Il apparaît clairement, d’une part que les coléoptères saproxyliques du référentiel forestier sont bien présents et représentés par 11 espèces sur les 52 observées et d’autre part que parmi ces espèces, certaines sont inattendues dans un boisement aussi jeune. Ainsi, Eucnemis capucina, Allonyx quadrimaculatus et Biphyllus lunatus sont des espèces que l’on ne rencontre que très rarement. Elles sont associées classiquement à des boisements âgés ou des forêts anciennes. Leur présence dans un site aussi récent que le parc de La Courneuve pose donc de nombreuses questions, sur leur arrivée et leur maintien sur le parc, comme sur la fiabilité des informations disponibles dans la littérature sur l’écologie de ces espèces. Ces espèces sont illustrées sur la planche (figure 2). DISCUSSION Le parc départemental de La Courneuve a été créé de toutes pièces en 1954 sur des terres La faune d’un site se constitue au fur et à mesure que des espèces arrivent à s’implanter et se maintenir. Dans le même temps, d’autres espèces, pour lesquelles les conditions d’existence se dégradent (habitats, ressources alimentaires, surfaces vitales, isolements génétiques), voient leurs populations et leur aire d’occupation se réduire avant de disparaître localement. Cette dynamique écologique s’applique aussi au site de La Courneuve. Les échanges entre les différents sites sont limités et à ce titre, les parcs et espaces verts peuvent presque être considérés comme des îles. Nos observations suggèrent que les individus capturés au piège d’interception correspondent à des populations bien établies sur le parc. Ceci implique que malgré des exigences écologiques étroites, elles parviennent à s’y maintenir. Il devient par là-même évident que certaines connaissances que nous tenions pour acquises sont à revoir au regard des observations réalisées. Si l’on est capable d’associer les espèces avec un milieu ou avec un habitat, il est fort rare que l’on soit en mesure de préciser les exigences minimales à partir desquelles une population d’une espèce est capable de se maintenir dans un milieu donné. En se limitant aux espèces de coléoptères dont la biologie est liée aux milieux boisés, il existe de très nombreux paramètres susceptibles de conditionner la biologie de ces espèces. Ainsi la nature du boisement (essences, mixité, âge, …), la surfaces des boisements, la fragmentation du milieu, la distance avec d’autres populations, avec d’autres boisements sans oublier des LE BIODIVERSITAIRE Figure 2 : Planche. 1 Dromaeolus barnabita, 2 Eucnemis capucina ; 3 Microrhagus lepidus ; 4 Hylis foveicollis ; 5 Hylis olexai ; 6 Hylis simonae ; 7 Stenagostus rhombeus ; 8 Allonyx quadrimaculatus ; 9 Tillus elongatus ; 10 Biphyllus lunatus ; 11 Bolitophagus reticulatus ; 12 Scobicia chevrieri INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Il apparaît pour l’instant délicat de discuter de l’origine de ces espèces car nous n’avons pas d’éléments pour appuyer l’une ou l’autre des hypothèses. Il faut cependant mentionner que parmi les insectes capturés sur le site de La Courneuve nous avons trouvé, en nombre, une espèce récemment arrivée dans la région : Scobicia chevrieri (Bostrichidae, illustrée également sur la planche). Cette dernière n’était connue jusqu’à présent que du sud de la France. Cette colonisation est indiscutablement le résultat d’une action humaine et non d’une extension de l’aire de répartition de l’espèce (MERIGUET & BORGES 2007). P. ZAGATTI (SAUF 12 WWW.ZIN.RU/ANIMALIA/COLEOPTERA) utilisées depuis le Moyen-âge pour l’agriculture, et les premières plantations d’arbres datent de 1960. Les coléoptères forestiers, et particulièrement les remarquables indicateurs saproxyliques observés, sont des espèces à mobilité très réduite. On peut retenir trois hypothèses pour expliquer la colonisation du parc départemental de La Courneuve par ces insectes : 1) soit l’espèce préexistait hors du milieu forestier et s’est maintenue dans de petits habitats (les arbres des cimetières, les arbres d’alignement ou des jardins d’ornement) ; 2) soit l’espèce a réussi à franchir d’elle-même la distance séparant le parc d’un secteur où l’espèce est présente, ce qui implique dans notre cas la traversée de zones fortement urbanisées ; 3) soit l’espèce à été importée sur le site par l’Homme au cours de ses diverses activités, volontairement ou non. 81 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 facteurs extérieurs modifiant l’habitat (interventions humaines, bois mort laissé sur place, …) sont autant de paramètres régissant la présence et la répartition des espèces. Il est probablement impossible d’étudier ces paramètres dans leur ensemble, mais les boisements de Seine-Saint-Denis sont des milieux particulièrement simplifiés, avec des échanges limités entre les différents sites. La nature des peuplements est plus aisée à décrire et leur histoire connue. Malgré le jeune âge des peuplements, on s’aperçoit qu’une faune considérée comme exigeante est présente. Certes la diversité n’est pas directement comparable à celle des grands massifs forestiers ou des ensembles boisés inexploités depuis plusieurs générations, mais il apparaît clairement que ces milieux, où la nature peut s’exprimer, recèlent d’une biodiversité insoupçonnée. CONCLUSION En continuant à étudier ces milieux simplifiés, de surface restreinte, il doit être possible de mettre en évidence et de comprendre d’une part les mécanismes de colonisation, les refuges et corridors permettant à l’entomofaune de se maintenir en milieu urbain, et d’autre part de mieux connaître les exigences écologiques minimales de ces espèces dont la conservation à l’échelle nationale est un véritable enjeu. La Seine-Saint-Denis constitue un terrain d’étude favorable pour comprendre cette faune et ses exigences.■ BIBLIOGRAPHIE 82 • BORGES A., MÉRIGUET B. ET ZAGATTI P., 2006. Inventaires entomologiques 2005 (Coléoptères – Lépidoptères) des Parcs départementaux de Seine-Saint-Denis, OPIE – CG93. 62 p. • BORGES A., MÉRIGUET B. ET ZAGATTI P., 2007. Parcs départementaux de Seine-Saint-Denis (Parc de la Courneuve, Parc du Sausset, Parc de la Bergère, Parc de la Fosse Maussoin), Inventaire Entomologique 2006, OPIE – CG93. 100 p. • BOUGET C., BRUSTEL H. ET ZAGATTI P., 2006. The French Saproxylic Beetle Fauna : An ecological and taxonomical database to help with the assessment of forest conservation status. 4th Symposium and workshop on the conservation of saproxylic beetles. Vivoin, France, 27-29 juin 2006. • BRUSTEL H., 2004. Coléoptères saproxyliques et valeur biologique des forêts françaises. Les Dossiers forestiers de l’ONF, 297 p. • MÉRIGUET B. ET BORGES A., 2007. Scobicia chevrieri (Villa & Villa 1835) (Coleoptera Bostrichidae), nouveau Bostrichidae pour la faune d’Ile-de-France. Le coléopteriste, 10(2) : 87-90. • MÉRIGUET, B., 2007, Modèle de piège d’interception ultra-léger. L’Entomologiste. 63-4 P215 -219 p. UN PLAN DE GESTION CONCERTÉ POUR LE MARAIS DU SAUSSET Résumé Le Marais du parc départemental du Sausset, zone humide de deux hectares creusée lors de la création du parc, a connu de nombreuses variations dans son mode de gestion. Pourtant, ce milieu fermé au public mais ouvert à la vue des visiteurs, accueille chaque année une importante faune avicole et en particulier quelques espèces patrimoniales. Confronté à de nouveaux enjeux et à la multiplicité de points de vue de ses partenaires, le gestionnaire a souhaité revoir le plan de gestion en cours avant échéance afin de mener une véritable concertation aboutissant à la définition d’enjeux et d’objectifs partagés. CONTEXTE DE L’ETUDE Le Marais occupe une surface de deux hectares à l'intérieur du parc départemental du Sausset créé à partir de 1980. Les paysagistes, Claire et Michel CORAJOUD, eurent l'idée d'un marais, voisin du bassin de retenue d’eau d'orage de Savigny, afin d’attirer le public avec un paysage particulier, attractif pour les oiseaux et de terminer la partie urbaine du parc par un belvédère offrant une vue sur cet ensemble d’aspect plus sauvage. Dix ans après, l’intérêt pour ce marais était toujours important car la présence d'espèces de flore et de faune remarquables avait été confirmée. Mais son devenir était aléatoire, compte tenu du constat de dégradation de la qualité de ce milieu qui se traduit par un CG93 En 1984, le marais fut enclos et du fait de son caractère « naturel » (malgré la présence de nombreuses plantes exogènes), pratiquement laissé à son évolution spontanée pendant 10 ans. Cette gestion minimaliste a provoqué un atterrissement rapide, corrigé en 1994 par d'importants travaux de curage et une élimination des plantes exogènes. Suite à ce curage, un programme pluriannuel de travaux d'entretien des roselières a été établi et mis en œuvre. En 1994, un premier plan simple de gestion a été réalisé. Figure 1 : Le marais du Sausset INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Parc du Sausset Conseil général de la Seine-Saint-Denis Direction des Espaces Verts Hôtel du Département 93006 Bobigny Cedex Tél. 01 48 19 28 28 LE BIODIVERSITAIRE INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 83 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 envasement important et une diminution du potentiel d'accueil des différents habitats présents. De ce fait, un nouveau plan de gestion a été demandé par le service du parc du Sausset au bureau d’études Biotope. Il fut adopté en 2005 et prévoyait des actions à différentes échéances. Sa révision générale n’était pas envisagée avant 2010. Cependant, de nouveaux paramètres ont incité le gestionnaire à poser un regard différent sur la gestion pratiquée sur ce milieu : • depuis la mise en œuvre des premières mesures de gestion (suppression du peuplement piscicole en particulier) et des sécheresses récurrentes, l’écosystème montre une dynamique très forte ; • l’intérêt renouvelé que portent de nombreux partenaires du Département sur ce milieu a conduit à l’expression de propositions récentes de gestion, venant parfois remettre en cause certaines parties du plan de gestion établi ; • de nouveaux enjeux liés à Natura 2000 sont à prendre en compte. Le parc fait désormais parti d’un réseau de sites sur lequel un document d’objectifs est en cours d’élaboration. Le Marais présente un intérêt majeur pour ce site puisqu’on y recense la présence d’espèces qui ont déclenché son classement au titre de la directive oiseaux, ou qui, suite à ce classement, ont été désignées comme espèces à enjeux ; Figure 3 : Représentation géographique des surfaces hors d’eau (rouge), en eau avec profondeur de moins de 30 cm (orange) et en eau avec profondeur de plus de 30 cm (bleu) associées à un niveau d’eau donné. CG 93 Figure 4 : Rotation des fauches des marais pour 2008-2013 Figure 2 : Le marais, avant et après les travaux 84 • il a été constaté un manque général de communication autour du plan de gestion adopté en 2005. Enfin, il faut signaler qu’une démarche de certification ISO14001 est en cours à la Direction des Espaces Verts. Le Marais du Sausset fait partie des sites du parc à haute sensibilité environnementale. Les actions pratiquées sur ce site (et à proximité) font à ce titre l’objet d’un effort suivi d’amélioration continue de la diminution de leur impact environnemental. Ce contexte récent a incité le gestionnaire à une révision précoce du plan de gestion établi en 2005. En premier lieu, les enjeux de la gestion de ce milieu devaient absolument être clarifiés et partagés par l’ensemble des partenaires, afin de permettre la définition d’un plan d’action cohérent. Le plan de gestion élaboré précédemment identifiait des enjeux naturalistes variés, aussi bien sur la faune que sur la flore. De nombreuses questions se posaient sur le mode d’entretien du milieu. La mise en valeur d’une flore considérée comme remarquable avait poussé à établir une gestion par petites unités de surface, constituées par les « banquettes » exondées. Ce mode d’entretien, adapté aux objectifs floristiques, était assez favorable aux objectifs faunistiques sans pour autant y être très bénéfique. Quels enjeux privilégiés à ce niveau ? La plupart des végétaux identifiés comme remarquables sur ce marais y ont été plantés et la structure du milieu n’est pas forcément des plus favorables à leur maintien spontané sur site. La dynamique de la végétation et de l’envasement du site est très forte. L’opportunité d’effectuer des travaux de curage devait être déterminée et mise en regard des nécessités de travaux sur la structure même du Marais. En effet, de nombreuses roselières se trouvent désormais totalement hors d’eau où une végétation ligneuse se développe rapidement. Le niveau d’eau est maintenu artificiellement par pompage dans l’étang voisin. Ce dernier est soumis à des pollutions et hypertrophisations épisodiques qui mettent en péril l’équilibre du marais. Mais l’alimentation du Marais par affleurement de la nappe phréatique semble moins prépondérante que par le passé. Des objectifs de régulation du niveau d’eau étaient à établir en fonction des nouveaux enjeux à déterminer sur le milieu. Enfin, l’opportunité de maintenir une gravière sur ce site posait réellement question au gestionnaire. La dynamique de la végétation imposait des interventions très coûteuses. L’absence d’utilisation de produits chimiques impliquait la nécessité d’une main d’œuvre importante pour maintenir la végétation absente ou rase. La présence potentielle du petit Gravelot sur le marais est-elle à ce point un enjeu important pour l’espèce pour que de tels efforts soient encore déployés ? MÉTHODOLOGIE Le service du parc du Sausset a fait la synthèse du plan de gestion qui était en cours et des LE BIODIVERSITAIRE OBJECTIFS INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 CG 93 Figure 5 : Vue aérienne du marais du Sausset 85 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 86 questionnements apparus. Ce document a servi de base à une réunion de concertation organisée sur le parc le 29 mai 2007. De nombreux partenaires sont venus faire une visite sur le terrain avant de se mettre autour de la table pour discuter ensemble et déterminer de façon concertée des enjeux et des objectifs de gestion partagés par tous. Les représentants du M.N.H.N., du C.B.N.B.P., de la S.H.F., de la L.P.O., du C.O.R.I.F., du bureau d’études BIOTOPE et de la Direction des Espaces Verts ont nourri les discussions de leurs connaissances et expériences respectives. Les débats furent très riches et particulièrement constructifs. Fort des orientations nées de cette concertation, le parc départemental du Sausset devait revoir son plan de gestion. ensembles et non plus par petites surfaces. L’abaissement du niveau de quelques banquettes centrales est également à envisager lors d’un prochain curage, afin d’augmenter la surface en eau et la présence de vasières. Enfin, il a été décidé de poursuivre les efforts de maintien d’une gravière en prévoyant un réaménagement de l’ancienne zone. Cet investissement doit permettre de recréer un milieu moins favorable au développement rapide de la végétation. A la lumière de cette réunion, et des orientations prises, le plan de gestion du Marais a été réécrit par le gestionnaire. Une version de relecture sera envoyée aux partenaires en mars 2008. La version définitive sera validée peu de temps après. RÉSULTATS CONCLUSION Tous les participants se sont accordés à dire que, en terme de patrimoine naturel, les enjeux majeurs sur ce site sont des enjeux avifaunistiques. Trois espèces d’oiseaux présentent un intérêt très particulier sur le Marais : le Petit Gravelot, le Blongios nain et la Bécassine des marais. Maintenir ou développer les potentialités d’accueil pour ces trois espèces sera également favorable à l’installation et au maintien d’autres espèces d’oiseaux d’eau (nicheurs, migrateurs, hivernants). Cependant, définir des objectifs prioritaires de gestion en fonction des enjeux avifaunistiques influera fortement sur l’aspect paysager du site en réduisant « l’effet mosaïque » du milieu et sa variété de végétation. Cette transformation s’inscrit cependant dans l’évolution globale du parc et de la politique du Département. Le public semble assez peu réactif à cette évolution du Marais ; peu de remarques sont formulées (les seules remarques ont concerné les périodes d’assèchement de 2003, 2004 et 2005). Le développement croissant des actions d’éducation relative à l’environnement ainsi que le projet d’aménagement des abords du marais vont dans le sens d’une meilleure compréhension et appropriation de l’évolution du paysage par un public de plus en plus réceptif aux problématiques environnementales. Concernant les actions de gestion, la variation du niveau de l’eau et l’entretien des roselières ont particulièrement été discutées afin d’être optimisées. Un rapport « idéal » de 70% de surface en eau libre pour 30% de surface en roselière doit constituer un objectif. Les roselières seront quant à elle gérées par grands La gestion d’un milieu naturel impacté par les activités humaines est une affaire délicate. Le marais du parc du Sausset en est un exemple parmi tant d’autres. Ce petit milieu humide porte un intérêt naturaliste particulier en milieu urbain. Sa gestion a fluctué au fil des années, mais cet intérêt est resté constant. Aujourd’hui, un travail de partenariat actif et bien établi entre le Département de la Seine-Saint-Denis et des acteurs associatifs et scientifiques, permet aux hommes qui occupent le territoire départemental de prendre en charge pleinement leur patrimoine pour le valoriser ensemble. Le gestionnaire du parc tire une expérience et un bénéfice très positifs du travail de concertation mené sur ce milieu. Il espère pouvoir à l’avenir développer une telle dynamique autour de la construction d’autre plans de gestion notamment des boisements, des prairies et pelouses calcaires du parc.■ 46 espèces d’oiseaux observées : • 10 en zone d’alimentation • 24 nicheuses probables ou certaines • 6 en halte migratoire • 6 migratrices et nicheuses potentielles 4 espèces d’intérêt patrimonial présentent un intérêt fort en Seine-Saint-Denis : le Blongios nain, le Petit Gravelot, la Bécassine des Marais et le Martin-pêcheur d’Europe. COMPLÉMENTS Á L’ATLAS DE LA FLORE SAUVAGE DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE-SAINT-DENIS PRÉSENTATION Deux ans après la publication de l’Atlas de la flore sauvage du département de la Seine-SaintDenis, de nouvelles données viennent enrichir les connaissances botaniques du département. Ces données proviennent de correspondants qui ont bien voulu partager leurs connaissances, des gestionnaires des parcs urbains du département, mais sont aussi issues de l’étude sur la cartographie des habitats entreprise depuis 2007. Nous espérons que ces nouvelles données inciteront tous les botanistes à fournir leurs découvertes, afin d’enrichir la connaissance de ce département. Vous trouverez donc ci-dessous, la liste par commune des nouvelles espèces complétant les données de l’atlas, puis quelques fiches de présentation des espèces illustrant les découvertes les plus remarquables du département. RÉSULTATS AULNAY-SOUS-BOIS Angelica sylvestris L. ; Brachypodium sylvaticum (Huds.) P. Beauv. ; Chenopodium hybridum L. ; Cynosurus cristatus L. ; Datura stramonium L. ; Ligustrum vulgare L. ; Typha angustifolia L. BAGNOLET Amaranthus hybridus L. ; Atriplex patula L. ; Datura stramonium L. ; Digitaria sanguinalis (L.) Scop. ; Polygonum lapathifolium L. CLICHY-SOUS-BOIS Carex pilulifera L. ; Lemna minor L. ; Luzula forsteri (Sm.) DC. ; Ranunculus auricomus L. ; Silaum silaus (L.) Schinz & Thell. ; Viscum album L. COUBRON Carduus nutans L. ; Kickxia spuria (L.) Dumort. ; Leontodon hispidus L. ; Papaver dubium L. MONTFERMEIL Chenopodium ficifolium Sm. (2ème donnée moderne) ; Kickxia elatine (L.) Dumort. MONTREUIL Corylus avellana L. ; Euonymus europaeus L. ; Hirschfeldia incana (L.) Lagr.-Foss. ; Juncus bufonius L. ; Juncus tenuis Willd. ; Ligustrum vulgare L. NEUILLY-PLAISANCE Alisma plantago-aquatica L. ; Hirschfeldia incana (L.) Lagr.-Foss. ; Rapistrum rugosum (L.) All. (Accidentelle, 2ème donnée moderne) ; Ribes uva-crispa L. ; Rosa micrantha Borrer ex Sm. (fait partie du groupe Rosa rubiginosa, 3ème donnée moderne) ; Rumex x pratensis Mert. & W.D.J.Koch ROSNY-SOUS-BOIS Astragalus glycyphyllos L. ; Glyceria notata Chevall. (3ème donnée moderne) ; Iris pseudacorus L. ; Lycopus europaeus L. ; Ophrys aranifera Huds. (1ère donnée moderne) ; Typha angustifolia L. SAINT-DENIS Aphanes arvensis L. ; Centaurium pulchellum (Sw.) Druce ; Duchesnea indica (Andrews) Focke ; Epipactis helleborine (L.) Crantz ; Euphorbia maculata L. ; Festuca ovina (Groupe) ; Hippocrepis comosa L. (3ème donnée moderne) ; Hirschfeldia incana (L.) Lagr.-Foss. ; Melissa officinalis L. ; Sagina procumbens L. ; Sherardia arvensis L. ; Sisymbrium loeselii L. ; Trifolium campestre Schreb. SEVRAN Aster lanceolatus Willd. ; Festuca gigantea (L.) Vill. ; Sonchus palustris L. TREMBLAY-EN-FRANCE Ammi majus L. (2ème donnée moderne) INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Sébastien FILOCHE Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien UMS ISB - Case postale 53 61 Rue Buffon 75005 Paris Tél. 01 40 79 56 47 E-mail : [email protected] LE BIODIVERSITAIRE INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 87 INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 88 NOISY-LE-GRAND Carex elongata L. (1ere donnée moderne) ; Stachys arvensis (L.) (1ere donnée moderne) ; Myosurus minimus L. (1ere donnée moderne) Carex elongata L. (Laîche allongée) Voir figure 1 La Laîche allongée est une plante vivace, de la famille des Cypéracées, protégée à l’échelon régional. Elle forme des touffes étalées qui colonisent les prairies humides mais surtout les boisements hygrophiles de type Aulnaie ou Saulaie sur des sols à tendance acide. Plante discrète, souvent confondue avec de jeunes touffes de Carex paniculata L. ou de Carex elata All., cette espèce eurasiatique s’étend du Nord de l’Europe à l’Ukraine. En France, on l’observe principalement dans la moitié nord-est où elle est peu commune. En Île-de-France, la Laîche allongée se rencontre uniquement dans les bois humides de la forêt de Rambouillet (Yvelines) et dans les forêts de la Brie humide et de la Brie Boisée (Seine-etMarne). Avant sa découverte récente, la plante était considérée comme disparue. Les dernières mentions de l’espèce dataient de 1799J.L.THUILLIER à Bondy et Coubron et de 1911H.-E. JEANPERT, à Livry-Gargan. Une unique population, limitrophe de la Seineet-Marne, a été confirmée en 2007, lors du projet de cartographie des habitats du département. L’espèce réellement découverte en 2002 avait alors été confondue avec Carex paniculata L., faute d’éléments permettant son identification précise. L’espèce colonise l’ensemble d’une mare forestière de la commune de Noisy-leGrand, encore bien conservée, en situation ombragée, sur un sol acide. La population qui est composée d’une trentaine d’individus ne semble pas immédiatement menacée si les conditions d’alimentation en eau de la mare ne sont pas modifiées. Cephalanthera damasonium (Mill.) Druce (Céphalanthère à grandes fleurs) Voir figure 2 La Céphalanthère à grandes fleurs est une orchidée à grandes fleurs blanches-verdâtres s’ouvrant très peu. Elle affectionne particulièrement les sous-bois ombragés des forêts de type Hêtraie ou Chênaie thermophile et les lisières semi-ombragées sur des sols calcaires. On la rencontre dans une grande partie de l'Europe tempérée et méditerranéenne, de l'Espagne au sud de la Scandinavie, à l'est jusqu'en Ukraine et en Bessarabie ; présente aussi dans le Caucase (Arménie), en Anatolie, au Proche-Orient, en Afrique du Nord où elle est cependant rare. En France, elle est assez commune dans une grande partie orientale et méditerranéenne du territoire, sans y être partout abondante ; elle se raréfie vers le nord et l'ouest, et semble même absente du Massif armoricain, du Poitou, des Charentes et du Limousin. Dans la région, elle se rencontre communément dans le sud de l’Essonne et les coteaux de la Seine aval. Elle est ensuite beaucoup plus rare ailleurs. L’espèce avait été signalée sur les communes de Tremblay-en-France (T. GABORIT en 1997) et Sevran (G. ARNAL en 1990), mais n’avait pu être localisée lors des prospections en vue de l’atlas. C’est peu avant la parution de l’ouvrage que CBNBP INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 LE BIODIVERSITAIRE VILLEPINTE Agrimonia procera Wallr. ; Cephalanthera damasonium (Mill.) Druce (3ème donnée moderne) ; Dianthus carthusianorum L. (issu de semis ?) ; Minuartia hybrida (Vill.) Schischk. ; Orchis mascula (L.) L. (1ere donnée moderne) ; Ranunculus sceleratus L. ; Scabiosa columbaria L. ; Sonchus palustris L. ; Veronica polita Fr. Figure 1 : Carex elongata L. (Laîche allongée) 88 l’espèce a pu être nouvellement trouvée par un technicien du parc départemental du Sausset (2006-G. MALHERBE). La Céphalanthère y occupe un sous-bois récemment planté et en cours de maturation. La population, composée de quelques individus, semble avoir nouvellement colonisé le milieu et devrait s’accroître dans les prochaines années. la moitié nord de la France et devient très sporadique en Bretagne, dans tout le sud ouest, les Alpes et la Provence. En Île-de-France, on la rencontre principalement à la faveur des mouillères, de l’Hurepoix jusqu'à la Brie, où elle se raréfie suite à l’assèchement des mouillères. Autrefois signalée dans les flores des environs de Paris du XIXème siècle sur la commune de Bondy, cette petite plante, très précoce, semblait irrémédiablement disparue du département, jusqu'à ce qu’elle soit découverte dans une petite dépression humide sur la commune de Noisy-leGrand. Cette dépression, argilo-limoneuse, a été formée en bordure d’une prairie, à la faveur des sangliers qui s’y baugent et maintiennent le milieu. La population est constituée d’une trentaine d’individus soumis au bon vouloir de la météo et des sangliers. Myosurus minimus L. (Queue de souris) Voir figure 3 La Queue de souris est une plante annuelle de la famille des Renonculacées, qui apprécie particulièrement les dépressions humides des cultures, mouillères et chemins, sur des substrats argilo-limoneux de préférence acides et temporairement humides. Sa présence est alors dépendante de la pluviométrie et du maintien de ces dépressions. Elle peut, si les conditions ne lui sont pas favorables, disparaître pendant plusieurs années, avant de réapparaître. On parle de plante à éclipses. Son réceptacle fructifère qui s’allonge considérablement après la floraison est très caractéristique et lui vaut son nom de Queue de souris. Espèce subcosmopolite et généralement rare, la queue de souris est en régression dans toute Ophrys aranifera Huds. (Ophrys araignée) Voir figure 4 L’Ophrys araignée est une orchidée qui croît de préférence dans des pelouses ouvertes de type Mesobromion en situation bien ensoleillée et sur substrat calcaire. Sa répartition nationale, plutôt méditerra- LE BIODIVERSITAIRE Figure 3 : Myosurus minimus L. (Queue de souris) INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 CBNBP CBNBP Figure 2 : Cephalanthera damasonium (Mill.) Druce (Céphalanthère à grandes fleurs) 89 Figure 5 : Orchis mascula L. (Orchis mâle) CBNBP CBNBP INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 néenne-atlantique, progresse jusqu’en Bretagne où elle est très rare, et en Belgique, avec des lacunes notamment dans le Limousin. La fermeture et la destruction de ces milieux sont les principales menaces qui pèsent sur cette Ophrys, en grande raréfaction dans certaines régions de la moitié nord de la France. En Île-de-France, l’ensemble des populations couvre essentiellement le sud de l’Essonne, la région de Nemours et les coteaux de la Seine aval. Première mention de l’espèce sur le département, l’Ophrys araignée a été trouvée à Rosnysous-Bois dans un gazon, au milieu d’immeubles (S. DECITRE) par une institutrice lors d’une sortie scolaire. Cette présence originale, dans un contexte peu favorable, n’augure rien de bon pour le maintien futur de l’unique pied de cette espèce dans le département. Orchis mascula L. (Orchis mâle) Voir figure 5 Cette orchidée à l’inflorescence dense munie de fleurs pourpre clair à rouge-violet, possède des feuilles souvent maculées de larges taches brunâtres. Elle fleurit aux alentours du mois 90 CBNBP Figure 4 : Ophrys aranifera Huds. (Ophrys araignée) Figure 6 : Stachys arvensis L. (Epiaire des champs) de mai, sur des substrats secs à frais, acides à calcaires en bordure de routes et de prairies. Son aire de répartition assez large s’étend du Portugal jusqu’en Iran, de la Scandinavie jusqu’à la Sibérie. En France, ce taxon est largement répandu, mais semble plus rare en Aquitaine, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et de la région parisienne jusqu'à la Belgique. L’Orchis mâle a été observée pour la première fois en 2006 par G. MALHERBE dans le parc du Voir figure 6 L’Epiaire des champs est une petite plante annuelle de la famille des Lamiacées qui possède des fleurs à corolle rose à pourpre pâle voire blanchâtre. Elle affectionne particulièrement les champs, les jachères et les friches sur des sols sablonneux et argileux enrichis en azote. > http://cbnbp.mnhn.fr/cbnbp/ BIBLIOGRAPHIE • ANTONETTI Ph., BRUGEL E., KESSLER F., BARBE J.P. & TORT M., 2006. – Atlas de la flore d’Auvergne. Conservatoire botanique national du Massif central, 984 p. • ARNAL G., 1996. Les Plantes protégées d'Ile-de-France. Collection Parthénope Editions Biotope, Paris. 349 p. • BOURNERIAS M., AYMONIN G.-G., DEMARES M., MELKI F., QUENTIN P., GUILLAUMIN J.-J., PRAT D., BOURNERIAS J., GATHOYE J.-L., LEMOINE G., JACQUET P., DEMANGE M., ENGEL R., GERBAUD O., TYTECA D., 1998. Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg. Société Française d’Orchidophilie. Collection Parthénope - Editions Biotope, Paris. 416 p. • DUHAMEL G., 1998. Flore et cartographie des carex de France - Deuxième édition revue et augmentée. 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En Île-de-France, on la trouve principalement dans la Brie seine-et-marnaise et l’Hurepoix. Elle est plus rare ailleurs. Première mention de l’espèce sur le département, elle fut découverte en 2007 dans une très ancienne culture cynégétique aujourd’hui principalement occupée par la Molinie et le Peucédan de France, sur la commune de Noisy-le-Grand.■ INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Sausset où quelques individus occupent une pelouse marneuse. Cette donnée demeure la première mention de l’espèce pour le département. 91 92 Christine ROLLARD M.N.H.N. Dpt Systématique & Evolution USM 602 (section Arthropodes) 61 rue Buffon – CP 53 75005 Paris Tél : 01 40 79 35 75 E-mail : [email protected] EXPÉDITION SANTO 2006 C.ROLLARD - MNHN INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 LE BIODIVERSITAIRE INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 À L’ÉTRANGER Figure 1 : Vue de la côte ouest de Santo PRÉSENTATION DU PROJET « Participer à une grande expédition scientifique destinée à dresser l’inventaire de la flore et de la faune des milieux terrestres et marins d’une île montagneuse du Pacifique sud » on peut en rêver et que le rêve devienne réalité. Une mission a été co-organisée par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), le Muséum national d’histoire naturelle et Pro Natura International (ONG organisatrice de grandes missions dont le but est notamment de promouvoir l’étude scientifique des canopées tropicales) dans une île de l’archipel du Vanuatu en Mélanésie, d’août à décembre 2006. L’archipel est composé de plus de 80 îles, les principales étant Efaté avec la capitale Port-Vila, Santo, Malicolo et Tanna. Anciennement les Nouvelles Hébrides, le Vanuatu fut un état condominium depuis 1906 jusqu’en 1980 où celui-ci devint une République autonome. Les Ni-Vanuatus ou ni-vans représentent la population dominante qui avoisinne à l’heure actuelle environ 200 000 habitants. Le bichlamar, le français et l’anglais sont couramment parlés en plus de 110 autres dialectes locaux. La coutume ou la tradition varient d’île en île. Récifs coraliens, volcans, végétation luxuriante font la diversité naturelle du Vanuatu. Surnommée Santo, l’île d’Espiritu Santo est la plus grande terre de l’archipel (environ la moitié de la Corse). Luganville, deuxième capitale avec près de 11 000 habitants, a joué un rôle important pendant le seconde Guerre Mondiale, l’Armée américaine ayant laissée après son passage bâtiments, routes, aéroports et épaves. • Quelle est la dimension réelle de la biodiversité dans ses compartiments les plus divers ? • Quel est le poids des espèces rares dans la composition des peuplements ? • Quelle est la dimension spatiale (représentativité des sites) de cette biodiversité ? Ma participation s’est faite au sein du module « Forêts, montagnes et rivières » (FMR) dans un petit groupe de 8 personnes avec diverses spécialités telles que la cryptogamie, la botanique, la malacologie, l’herpétologie et l’arachnologie. Le module entier comprenait 40 à 50 participants mais il a fallu trouver un compromis entre une prospection légère d’un nombre élevé de sites et une plus approfondie d’un ou quelques sites. C’est pourquoi un grand groupe d’une trentaine de personnes a rayonné à différentes altitudes à partir d’un camp de base, au dessus du village de Pénaouru sur la côte nord-ouest; un autre secteur a été prospecté intensément autour de Butmas sur le plateau calcaire central, et les hauts massifs du Tabwemasana accessibles au sud-ouest ont également fait l’objet d’inventaires plus poussés. Notre groupe a effectué des récoltes et observations plus ponctuelles durant un mois (novembre 2006) en itinérance sur 6 zones principales : Tasmate et Pénaouru à l’ouest, Matantas et alentours de Luganville jusqu’à Butmas et Port Olry (nord-est) ainsi que la traversée sur la pointe nord d’ouest en est. Le programme scientifique comprenait 4 grands modules organisés autour des moyens de prélèvements, et un thème transversal « ethnosciences » commun à tous les modules. L’intitulé de chacun des modules était le suivant : « Biodiversité marine », « Forêts, montagnes et rivières », « Karst » et « Friches et aliens ». HISTORIQUE DES CONNAISSANCES SUR LES ARACHNIDES Au-delà de la diversité des milieux qui ont été explorés et des taxons étudiés, les objectifs des 5 modules étaient sous-tendus par les mêmes grandes questions : Les connaissances du groupe des arachnides et plus particulièrement des araignées de l’archipel du Vanuatu sont anciennes et clairsemées. En 1897, SIMON a été le premier à étudier du matériel récolté sur Malicolo et Vanikoro. A partir de 1930, elles se sont améliorées grâce aux voyages de plusieurs naturalistes comme Mme et M. AUBERT DE LA RUË. Plus de 100 espèces ont alors été décrites sur l’archipel dont BERLAND (1938) a dressé une liste avec 12 LE BIODIVERSITAIRE Par sa superficie et son relief, Santo et ses franges marines présente une palette d’habitats qui sont restés quasi inexplorés jusqu’à nos jours. Eloignée des grandes aires de développement économique et épargnée par l’uniformisation globale qui affecte la planète, Santo est aussi une île d’une exceptionnelle diversité culturelle et linguistique. Une quarantaine de langues y sont parlées. C’est également la plus ancienne des îles de l’archipel (âge géologique correspondant au Miocène) et une des plus élevées avec 4 sommets qui dépassent 1 700 m d’altitude, le Tabwemasana culminant à 1 879 m. Les îles tropicales de ce type sont des sites d’étude privilégiés pour analyser la composition de leur faune et flore car elles présentent à la fois le foisonnement d’espèces des écosystèmes tropicaux et l’appauvrissement relatif des îles. Elles constituent en même temps des réservoirs riches en espèces endémiques mais à l’inverse des microcosmes menacés par des introductions d’espèces envahissantes. L’exploration a concerné tous les habitats de l’île. L’impact de 2 500 ans de présence humaine sur la biodiversité indigène y a également été abordé. Des moyens exceptionnels ont été déployés, tant sur le plan humain (environ 160 personnes s’y sont rendues avec un étalement sur les 4 mois d’expédition) que matériel (navire océanographique, Arboglisseur…). INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 C.ROLLARD - MNHN Figure 2 : Aperçu de la forêt tropicale humide à 1300m d’altitude au cours de la traversée de la pointe nord 93 C.ROLLARD – MNHN INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 Figure 3 : Technique de la récupération des araignées par aspirateur à bouche après une chasse à vue espèces cosmopolites et 40 présentes sur plus d’une île. En ne considérant que Santo, seules 23 espèces avaient été identifiées dont 5 uniquement vues sur cette île de l’archipel, réparties en 10 familles (avec une petite mygale). large et d’autres beaucoup moins communes. La biodiversité semble donc importante mais un grand nombre d’espèces n’a été récolté qu’en très peu d’exemplaires et pas tous à l’état adulte ce qui ne facilite pas la détermination future ! Ces récoltes dans le module FMR seront complétées par l’apport de spécimens venant d’autres équipes ayant réalisé des échantillonnages essentiellement sur le site de Pénaouru à différentes altitudes, avec d’autres données qualitatives de la diversité spécifique mais également quantitatives sur des suivis de quadrats. À l’heure actuelle, chez les arachnides, on estime à 4,5% seulement le nombre d’espèces décrites ; certains inventaires sur d’autres groupes zoologiques semblent presque achevés, par exemple chez les oiseaux, mais chez les insectes uniquement 10% seraient connus. Globalement 80% du monde vivant reste encore à découvrir (synthèse des chiffres avancés par divers auteurs). Décrire des espèces nouvelles pour la science est une activité « normale » de systématique, discipline de base de nombreuses activités plus appliquées, et environ 11 à 12 000 nouvelles données sont répertoriées chaque année. CONCLUSION Au-delà de l’aspect scientifique, l’opération SANTO se voulait exemplaire dans le cadre des obligations éthiques et politiques de la France vers un pays du Sud ancienne colonie. La Convention Internationale sur la Diversité L’échantillonnage s’est déroulé dans plusieurs milieux terrestres avec utilisation combinée de différentes techniques de récolte, allant de la chasse à vue à divers niveaux de la végétation en passant par le battage des branches en hauteur, le fauchage de la strate herbacée et le tri de litière au sol. Chaque méthode de récolte fait ressortir des espèces particulières. Des récoltes complémentaires ont été faites parmi d’autres arachnides comme les scorpions, les opilions ou les pseudoscorpions, ordres sur lesquels il y avait également peu d’éléments auparavant. Ces nouvelles données augmentent donc considérablement notre connaissance de ce groupe, avec apparemment des espèces à répartition 94 C.ROLLARD – MNHN RÉSULTATS : PREMIER BILAN DE LA MISSION Figure 4 : Petite mygale découverte dans sa loge sous un bois mort de considérer qu’entre 75 et 85% de la faune aura été récupérée malgré tout. Il importe que l’état des lieux dressé à partir de cette expédition en 2006 puisse servir de référence pour le suivi à moyen ou long terme de l’évolution des faunes et des flores sous l’influence de plusieurs facteurs ; or les menaces qui pèsent sur l’île sont réelles, en particulier son extrême vulnérabilité aux modifications climatiques, certains milieux pouvant être très touchés, ainsi que la raréfaction voire la disparition d’espèces indigènes au détriment de l’établissement d’espèces exogènes introduites.■ LE BIODIVERSITAIRE Biologique prévoit un partage des bénéfices liés à la connaissance de la biodiversité ; dans ce sens une attention particulière a été et sera portée à la formation, l’implication des partenaires locaux et à la restitution des informations. De plus, communication (film et livre), vulgarisation vers tous les publics et rôle éducatif (suivis dans les écoles, création d’un outil pédagogique) avaient également été intégrés au programme. Bien évidemment dans ce laps de temps, toute la superficie de l’île n’a pu être prospectée. De nombreuses espèces peuvent donc être encore ignorées néanmoins une estimation basée sur des programmes particuliers permet INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008 C.ROLLARD – MNHN Figure 5 : Espèce d’Argiope, à l’affût sur sa toile géométrique ornée d’un stabilimentum 95 BRÈVES CONCOURS BIODIVERCITÉS EN SEINE-SAINT-DENIS : QUATRIÈME ÉDITION ! Julien FOUSSARD, Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) PAGES 97-98 A L’ÉCOLE DE LA NATURE… Laetitia LACHKAR, Professeur des Ecoles, Ecole Nanteuil Elémentaire PAGES 99 UNE MARE DANS MON COLLÈGE Céline RICHARD, Conseil général de la Seine-Saint-Denis, Direction des Espaces Verts, Bureau Education Relative à l’Environnement et Tourisme de proximité PAGES 100-101 La CORNICHE DES FORTS : AMÉNAGEMENT D’UNE BASE DE LOISIRS EN ZONE URBANISÉE Yoann LE NECHET, Base régionale de plein air et de loisirs de la Corniche des Forts PAGES 102-104 BILAN 2006 - 2008 DE L’OBSERVATOIRE DES PAPILLONS DES JARDINS EN SEINE-SAINT-DENIS Benjamin BERGEROT, Unité Conservation des Espèces, Restauration et Suivi des Populations, Muséum national d’histoire naturelle PAGES 105-106 GUIDE DE SURVEILLANCE VISUELLE DES CYANOBACTÉRIES DANS LES EAUX DOUCES Nélia DOUCENE, Conseil général de la Seine-Saint-Denis, Direction des Espaces Verts, Bureau Recherches et Développement PAGES 107 COLLOQUE « LA BIODIVERSITÉ URBAINE, UN NOUVEAU DÉFI ? » Maryline BARRE, Conseil général de la Seine-Saint-Denis, Direction des Espaces Verts, Bureau Recherches et Développement PAGES 108-109 LE DÉPARTEMENT, NOUVEAU MEMBRE ASSOCIÉ Á L’UICN, PRÉSENT AU CONGRÈS MONDIAL DE LA NATURE Antoine ROULET, Conseil général de la Seine-Saint-Denis, Direction des Espaces Verts, Bureau Recherches et Développement PAGES 110-111 LE BIODIVERSITAIRE BRÈVES Julien FOUSSARD Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) Ile-de-France 62, rue Bargue 75015 Paris Tél. 01 53 58 58 38 E-mail : [email protected] CG93 BRÈVES CONCOURS BIODIVERCITÉS EN SEINE-SAINT-DENIS : QUATRIÈME EDITION ! PRÉSENTATION DU PROJET Pour la quatrième année, la LPO Ile-de-France, le Conseil général de la Seine-Saint-Denis et le Centre Départemental de Documentation Pédagogique proposent aux collèges du département de participer au concours BiodiverCités. Sept classes s’étaient engagées en 2005, 13 en 2006, 11 en 2007, et nous en accueillons 10 en 2008 ! Les collèges, inscrits sous la forme de clubs nature, s’engagent à réaliser des inventaires de la faune et de la flore, mettre en place des aménagements favorables à la biodiversité ou œuvrer pour une consommation éco responsable dans l’établissement. Plantations, gîtes à insectes, nichoirs, création de mares, recyclage des déchets, compost, campagne d’économie d’énergie, les projets foisonnent depuis quatre ans. La LPO Île-de-France met à la disposition des participants trois outils : une malle pédagogique composée de jeux de découverte, de guides techniques et d’un kit naturaliste, une exposition spécifiquement conçue pour le projet, et deux animations à la carte, l’une au collège et l’autre dans un parc départemental. S’il a vocation à améliorer l’accueil de la vie sauvage en milieu urbain, ce projet pédagogique vise également à changer le regard que les adolescents portent sur leur quartier. En septembre 2008, à l’occasion de la Biennale de l’Environnement, chaque collège a présenté ses actions aux autres participants ; en juin 2009, la restitution du concours se déroulera au Parc 97 BRÈVES du Sausset. Ce sera l’occasion pour le jury du concours d’attribuer trois prix thématiques : celui de l’exploration, celui de l’aménagement et enfin de l’éco citoyenneté. Les collégiens remettront de leur côté leur prix coup de cœur. Ce projet pédagogique a la particularité d’être axé sur la découverte et la protection de la nature urbaine, bien plus riche que l’on imagine, et de se dérouler au cœur des collèges. La vie sauvage est partout, il suffit d’y croire… et d’ouvrir les yeux ! ■ Interview de Sylvie DECITRE, professeur au collège Albert Camus de Rosny-sous-Bois, gagnant de la première édition du concours BiodiverCités 1 - A votre avis, qu’est-ce que la participation des enfants au concours BiodiverCités leur a apporté é? Tout d’abord les enfants ont acquis un regard nouveau sur la nature de proximité : maintenant quand ils marchent sur l’herbe, ils se rendent comptent qu’ils peuvent écraser des petites bêtes. Ils se confrontent, aussi, à l’utilisation d’outils et acquièrent ainsi plus de dextérité dans le maniement d’instrument, notamment de jardinage. Cela leur apporte également des connaissances, sur le cycle de plantation, sur les espèces… Enfin cela leur donne les moyens de découvrir un monde qui leur était jusqu’alors méconnu. 2 - Avez-vous observé un changement de biodiversité au sein de votre collège suite à vos action ns ? L’apparition des chardonnerets et des bourdons en nombre nous ont le plus marqués. 3 - Avez-vous eu des encouragements du personnel enseignant de votre établissement ? Oui, dans la grande majorité le personnel enseignant nous a encouragé, ainsi que l’administration. Certains nous font même part de leurs découvertes naturalistes ! 4 - Qu’a avez-vous découverts lors de vos premières prospections ? Nous avons été agréablement surpris par la découverte de la faune qui nous entoure, en cherchant un peu on trouve…Nous avons observé des abeilles solitaires, des cétoines, des mésanges charbonnière et beaucoup d’autres ! 5 - Les enfants ont-ils changé leur regarrd sur la nature au cœur de leur ville ? Les enfants n’ont habituellement pas conscience de la nature dans leur quartier, ils ont comme réflexion récurrente « on ne peut pas voir d’animaux ici !!». Ils ont donc vraiment été surpris de ce qu’ils voyaient. 6 - Est-il possible de faire des liens entre la participattion au concours et le programme scolaire ? Oui, dans le programme de 6ème, différents thèmes comme l’action de l’homme sur l’environnement, la classification, les chaînes alimentaires, les différents éléments de l’environnement et les interactions sont abordés avec les élèves. Il est donc facile de faire un parallèle entre notre participation au concours et notre programme scolaire. 7 - Pourquoi avoir décidé de participer à nouveau au co oncours BiodiverCités? Pour recommencer cette expérience avec d’autres élèves ! 8 - Avez-vous un message à faire passer cette année au nouveau venu ? Je les encourage tous vivement à participer à ce concours, et cela même si l’on n’est pas professeur de SVT car la documentation qui nous est fournie nous donne toutes les clés pour mener à bien des actions en faveur de la biodiversité. 98 CG 93 BRÈVES A L’ÉCOLE DE LA NATURE… PRÉSENTATION DU PROJET Une classe de CM1 de l’école Nanteuil à Montreuil observe tout au long de cette année scolaire 2007/2008 la nature qui les entoure. L’objectif pour les élèves est de porter un autre regard sur leur environnement proche et simplement d’apprendre à « ouvrir les yeux » sur la diversité du monde vivant qu’ils côtoient sans y faire réellement attention. Partant d’observations d’espèces d’oiseaux, d’insectes, de fleurs, faites dans la cour ou le petit jardin de l’école, les élèves sont ensuite amenés à faire des recherches documentaires sur internet ou à la bibliothèque. Le tout est articulé autour du programme de sciences et technologie « unité et diversité du monde vivant ». Afin de communiquer leurs connaissances, des échanges sous forme d’exposés et d’affichages sont effectués avec d’autres classes de l’école et une correspondance scolaire sur le thème des oiseaux a lieu avec la classe de grande section de Melle RONSARD de l’école maternelle Romain Rolland. RÉSULTATS Le petit jardin de l’école est devenu un refuge LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux). Depuis 3 ans, les élèves y installent des mangeoires, des nichoirs pour les oiseaux. Mésanges, pinsons, merles, rouges-gorges et accenteurs le fréquentent assidûment. Au printemps prochain, des actions en faveur des insectes sont envisagées (plantations de fleurs et installation de gîte pour papillons, d’abris pour coccinelles et abeilles). En complément les élèves participent avec la classe de CM1 de Mr JAUSSAUD au projet « Paysages à partager » sur le parc départemental Jean-Moulin - Les Guilands où ils suivent l’évolution des paysages au cours des saisons. Les détails et explications se trouvent sur le blog http://paysagesapartager.wordpress.com/ BRÈVES Laetitia LACHKAR Professeur des Ecoles Ecole Nanteuil Elémentaire 9 rue de Nanteuil 93100 Montreuil Tél. 06 76 62 26 21 E-mail : [email protected] LE BIODIVERSITAIRE BRÈVES CONCLUSION A l’issue de l’année scolaire, une liste des espèces observées près de l’école sera réalisée, souvenir de l’année passée et outil de comparaison pour l’année à venir. Ainsi, par curiosité, nous avons demandé à l’ODBU de nous communiquer leurs données pour la ville de Montreuil. Et peut-être que ses regards d’une année, tournés vers la richesse et la diversité de la nature, ne se détourneront plus sur le papillon qui passe ou l’oiseau qui chante au coin d’une rue…■ 99 BRÈVES LE BIODIVERSITAIRE BRÈVES Céline RICHARD Conseil général de la Seine-Saint-Denis Direction des Espaces Verts Bureau Education Relative à l’Environnement et Tourisme de proximité Hôtel du département 93006 Bobigny Cedex Tél. 01 43 93 98 22 E-mail : [email protected] UNE MARE DANS MON COLLÈGE PRÉSENTATION Courant 2007, plusieurs établissements scolaires ont adressé une demande d’aide à la construction de mares pédagogiques au Département. Parallèlement, la Direction des Espaces Verts, en charge de la gestion des espaces extérieurs des collèges de Seine-SaintDenis, constatait que nombre de mares construites ces 10 dernières années sur des collèges étaient à l’abandon. Dans le cadre de la politique biodiversité portée par le Département, pour tenter de répondre aux nouvelles demandes et construire une démarche durable sur la problématique des mares pédagogiques au sein des établissements scolaires, le Conseil général a fait le choix d’accompagner sur les volets techniques, écologique et pédagogiques trois collèges pilotes de manière privilégiée ; trois collèges offrant trois approches différentes de la problématique des mares pédagogiques en milieu scolaire , en terme technique et pédagogiques notamment : • Le collège Jean-Jaurès, à Montfermeil : Implantation d’une mare pédagogique clé en main sur un espace de la cour faisant l’objet d’un réaménagement. • Le collège Pablo Picasso à Montfermeil : Restauration d’une ancienne mare abandonnée depuis 10 ans. • Le collège Ronsard à Tremblay : Creusement d’une mare par les élèves du club nature du collège aménagement pour alimenter des séances de travaux pratiques, relatives aux parties des programmes scolaires de 6ème et 5ème concernant la biodiversité. De plus, le club-nature de l’établissement, regroupant une trentaine d’élèves de 6ème, 5ème et 4ème, a réalisé un inventaire de la faune et de la flore de la mare et de l’ensemble des espaces extérieurs du collège. Le Département a également accompagné le volet éducatif de ce projet via l’Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine qui est intervenu en classe pour lancer la démarche en présentant ce qu’est un inventaire faune/flore et son utilité, et via le concours BiodiverCités auquel se sont inscrits les élèves du club nature. Le collège bénéficie dans le cadre de ce concours de deux animations pédagogiques assurées par la LPO-IDF partenaire du Département, sur les problématiques de la biodiversité urbaine, et s’engage en retour à construire un projet concret pour connaitre, sauvegarder ou favoriser la biodiversité au collège et communiquer sur ses enjeux. Sur ce projet, l’objectif 2009 est de faire de la mare un outil pédagogique interdisciplinaire suscitant la mise en place d’un projet d’établissement. L’équipe de direction et les professeurs semblent s’engager sur cette voie. RESULTATS CG93 Sur le collège Jean-Jaurès, la mare a été livrée clés en main par les services techniques du Conseil général en juin 2008. Dès la rentrée 2008-2009, les professeurs de Sciences de la Vie et de la Terre du collège ont pu exploiter cet Figure 1 : Mare pédagogique du collège Jean-Jaurès 100 Figure 3 : Mare pédagogique du collège Pablo Picasso après les travaux Sur le collège Pablo-Picasso, les élèves de 4ème ont travaillé, dès de la rentrée 2008 avec leur professeur de technologie, à l’élaboration d’un cahier des charges pour la reconstruction d’une mare abandonnée au cœur du collège. Le Conseil général, destinataire de ce document, a répondu favorablement à leur demande et accompagnera la classe en 2009. Le bassin actuel sera détruit et remplacé par une mare plus « naturelle » fin mai 2009. Parallèlement, les professeurs de Science de la vie et de la terre ont monté un club nature dont le but est de créer autour de la mare un ensemble d’aménagements favorables à la biodiversité : nichoirs, mangeoires et refuges à insectes ont déjà vu le jour, une prairie à papillons doit être implantée et il a été demandé à l’ouvrier en charge de l’entretien des espaces extérieurs de ne plus utiliser d’engrais ni de pesticides et de limiter les tontes sur ces espaces privilégiés. Ce collège est également inscrit au concours BiodiverCités et présentera donc son projet en fin d’année. Plusieurs disciplines et plusieurs niveaux scolaires sont impliqués sur ce projet qui reçoit l’appui de la direction du collège, indispensable à la pérennité de ce nouvel aménagement. en eau afin de l’exploiter sur le volet biodiversité et technologie. BRÈVES Ces trois expériences en cours doivent permettre de mettre en évidence les avantages et les inconvénients de tels aménagements tant au niveau pédagogique qu’au niveau de la biodiversité sur le territoire. Elles laissent également entrevoir les potentialités, moyennant quelques aménagements, de suivis réguliers qu’offrent les espaces extérieurs des collèges. Les 120 collèges, répartis de manière homogène sur tout le département, sont autant de refuges potentiels, d’espaces « verts » pérennes pouvant être pris en compte dans les programmes de continuités vertes en réflexion sur le territoire.■ CG93 Au collège Ronsard à Tremblay-en-France, ce sont les élèves qui ont pris en main le projet. Ils se sont investis dans la construction de cet aménagement sur le papier et sur le terrain. Il leur a fallu plus d’un an pour creuser la mare et aujourd’hui le Département les aide à la mettre CONCLUSION LE BIODIVERSITAIRE CG93 CG93 Figure 2 : Mare pédagogique du collège Pablo Picasso avant les travaux Figures 4 : Mare pédagogique du collège Ronsard 101 BRÈVES BRÈVES Yoann LE NECHET Base régionale de plein air et de loisirs de la Corniche des Forts Hôtel de Ville 4, rue de Paris 93230 Romainville Tél. : 01 49 20 93 61 E-mail : [email protected] ILEX – tous droits réservés LA CORNICHE DES FORTS : AMÉNAGEMENT D’UNE BASE DE LOISIRS EN ZONE URBANISÉE Figure 1 : Vue aérienne du projet LA DOUZIÈME BASE RÉGIONALE DE LOISIRS Le choix du site de Romainville pour la création d’une douzième base régionale de plein air et de loisirs date de 1993. Ce site s’étend sur 62 hectares d’espaces naturels, essentiellement sauvages, et concerne les communes des Lilas, de Noisy-le-Sec, de Pantin et de Romainville. A terme, ce projet permettra au département de la Seine-Saint-Denis de disposer de sa première base de loisirs. Ce secteur, fortement urbanisé et facilement accessible tant aux séquano-dionysiens qu’aux proches parisiens, offrira ainsi un espace de détente de grande qualité environnementale. Située en partie sur d’anciennes carrières, liées à l’exploitation du gypse, la Corniche des Forts est avant tout un espace sauvage et boisé présentant une morphologie exceptionnelle. Elle 102 offre ainsi des vues panoramiques sur Paris et sur toute la plaine nord-est, depuis la ligne de crête. Quant aux activités proposées, elles seront adaptées à ce profil, en lien direct avec la nature. VERS UNE GESTION RAISONNÉE DU SITE Pour ce faire, la priorité est d’abord la sécurisation du site. Le gypse ayant été exploité en carrières à ciel ouvert et en galeries souterraines, il convient donc de sécuriser le sol et le sous-sol afin de pouvoir accueillir le public et d’installer quelques infrastructures en toute sérénité. Une nouvelle campagne de sondages géotechniques vient ainsi de débuter sur la zone centrale, couvrant 20 hectares (soit 1/3 de la surface totale). Cette étude permettra ainsi à la maîtrise d’ouvrage (Région Île-de-France) et au maître BRÈVES différents partenaires du projet (Région Île-deFrance, Département de la Seine-Saint-Denis, Communes des Lilas, Noisy-le-Sec, Pantin et Romainville). Dans ce contexte, le Syndicat participe activement à la réflexion du projet, via notamment l’organisation et l’animation de comités techniques. La volonté commune de la Région et du Syndicat est effectivement de parvenir à une gestion raisonnée de ces espaces naturels, en respectant la biodiversité et la géodiversité locales tout en faisant appel aux énergies renouvelables. De plus, vu la qualité environnementale du site, les activités développées seront en lien avec la nature (maison de la Nature, ferme pédagogique, jardins familiaux, parcours découverte, musée du plâtre…) et viendront compléter l’offre des autres activités de plein air qui devraient être programmées (escalade, poney club…). Base de loisirs "La Corniche des Forts” d’œuvre (lauréat du concours en 2002) de finaliser les méthodes de consolidation du site, de les programmer et d’engager les réflexions d’aménagement paysager. Cette nouvelle phase, entamée au printemps 2009, devrait durer au moins 4 ans. Quant à la gestion du site (espaces verts, activités, bâtiments et personnel), elle est assurée par le Syndicat mixte, regroupant les LE BIODIVERSITAIRE Base de loisirs "La Corniche des Forts” Figure 2 : Travaux en cours sur la liaison Est-Ouest Figure 3 : Travaux en cours sur les jardins familiaux 103 Base de loisirs "La Corniche des Forts” BRÈVES Figure 4 : Travaux en cours aux abords de l'église de Romainville DES SECTEURS EN COURS D’AMÉNAGEMENT Ce projet d’intérêt régional devient ainsi progressivement une réalité. Outre les études précitées et liées aux aménagements principaux, d’autres secteurs ont démarré en 2008. L’ouverture du site et sa gestion se fera donc de manière progressive et réfléchie. Sur Romainville, le parc actuel du Château, ayant appartenu aux DE SÉGUR, sera réaménagé dans le respect de l’ancienne architecture paysagère. Plus au nord de la base, 49 parcelles de 100 m2 environ sont en travaux, permettant à la population locale de disposer d’un jardin. Enfin, une promenade aménagée sur 2,5 km, entre Pantin et Noisy-le-Sec, va permettre aux piétons, cycles et personnes à mobilité réduite de se déplacer en toute sécurité dès la fin de l’année 2009. ■ 104 QUELQUES ÉLÉMENTS CLEFS Maîtrise d’ouvrage : Région Île-de-France Maîtrise d’ouvrage délégué : AFRTP Maîtrise d’œuvre : groupement ILEX – LION - EGIS Gestionnaire : Syndicat mixte d’études et de gestion de la base de loisirs Superficie : 63 ha répartis comme suit 47,5 ha sur Romainville 9 ha sur Pantin 4,5 ha sur Les Lilas 2 ha sur Noisy-le-Sec Benjamin BERGEROT Unité Conservation des Espèces, Restauration et Suivi des Populations Muséum national d’histoire naturelle 55 rue Buffon 75005 Paris Tél. 01 40 79 80 07 E-mail : [email protected] Antoine ROULET Conseil général de Seine-Saint-Denis Direction des Espaces Verts Bureau Recherches et Développement Hôtel du Département 93006 Bobigny Cedex Tél. 01 43 93 41 98 E-mail : [email protected] BILAN 2006 - 2008 DE L’OBSERVATOIRE DES PAPILLONS DES JARDINS EN SEINE-SAINT-DENIS Noé Conservation et le Muséum national d’histoire naturelle ont lancé en 2006 un « Observatoire des Papillons des Jardins » (OPJ). Cet observatoire, ouvert à tous, permet de rassembler puis d’analyser les observations collectées dans les jardins. Les données récoltées permettent de décrire la répartition des espèces en France et d’effectuer des analyses plus fines à l’échelle des régions et des départements. Le Conseil général de la SeineSaint-Denis est partenaire de ce projet depuis 2006 (cf Biodiversitaire N°3) afin d’améliorer la connaissance du patrimoine naturel sur le territoire. BRÈVES PRÉSENTATION DU PROJET LE BIODIVERSITAIRE BRÈVES Figure 1 : Communes participantes et nombre d'espèces de papillons observées en Seine-Saint-Denis en 2008 RESULTATS B. BERGEROT - MNHN Entre 2006 et 2008, 50 jardins de SeineSaint-Denis ont été suivis par des bénévoles avec une moyenne de 25 jardins par an. En 2008, les communes ayant recensé le plus d’espèces sont également les plus suivies (figure 1). Nous pouvons notamment citer : Montreuil, Noisy-le-Grand et Aulnay-sous-Bois. Au bout de ces 3 années d’inventaires, 35 espèces ou groupes d’espèces ont été observés. L’Argus vert (figure 2), Figure 2 : Argus vert 105 B. BERGEROT - MNHN Figure 3 : les 4 espèces les plus communes en Seine-Saint-Denis Le Machaon ou le Tristan font partie des 21 espèces considérées comme rares en Île-deFrance aux vues des faibles effectifs. Quant aux 4 espèces les plus communes de Seine-Saint-Denis (Piérides blanches, Tircis, Vulcain et Paon de jour, figure 3), elles sont également observées très fréquemment à l’échelle nationale. En moyenne, 4,7 papillons ont été observés par jardin en 2008 contre 5,0 en 2006. La cause de cette diminution peut être attribuée au fait que l’été 2008 ai été moins chaud que celui de 2006, et donc moins favorable aux papillons. Opération « Fleurs à papillons » Cette campagne nationale, testée en 2008, a pour but d’étudier les préférences alimentaires des papillons. Seulement trois observateurs séquano-dionysiens ont participé à cette opération en envoyant 26 photos. Néanmoins, la diversité en papillons (12 espèces) et en fleurs (9 espèces) inventoriées est remarquable pour une aussi faible participation (figures 4 et 5). Bien que l’opération fût un succès à l’échelle nationale avec 538 participants, 590 communes représentées et plus de 4 500 photos envoyées, le programme « Fleurs à Papillons » ne sera pas reconduit en 2009 dans la mesure où les données récoltées sont suffisantes pour avoir une vision globale des préférences alimentaires des papillons.■ Figure 4 : Sylvaine butinant des fleurs de Vipérine B. BERGEROT - MNHN B. BERGEROT - MNHN CG93 BRÈVES LE BIODIVERSITAIRE BRÈVES Figure 5 : Demi-deuil sur une fleur de Knautie Participez à l’OPJ en faisant par de vos observations de papillons de jour sur www.noeconservation.org 106 GUIDE DE SURVEILLANCE VISUELLE DES CYANOBACTÉRIES DANS LES EAUX DOUCES Les eaux douces (cours d’eau et plans d’eau) et eaux marines subissent depuis quelques années d’importants épisodes de proliférations de cyanobactéries. Malgré leur existence extrêmement ancienne, l’écologie de ces organismes et leurs impacts sur la santé humaine sont peu connus. De ce fait, les mesures réglementaires sont encore assez peu précises, pour le moment. En France et dans le monde, de nombreux gestionnaires de plans d’eau sont confrontés à des phénomènes d’efflorescences. C’est dans ce contexte que le Département de la Seine-Saint-Denis a notamment développé un dispositif de suivi hebdomadaire du phytoplancton sur ses plans d’eau, basé sur les recommandations en vigueur (OMS, AFSSA) et de la directive européenne 2006/7/CE du 15 février 2006. Par ailleurs, l’aspect visuel est aussi primordial dans la reconnaissance de ces phénomènes. Dans cette optique, et afin d’améliorer le dispositif de surveillance, un guide visuel a été réalisé par l’Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine, en collaboration avec le Muséum national d’histoire naturel, et mis à disposition des gestionnaires de plan d’eau. Ce dernier, associé à une fiche d’observation quotidienne, doit permettre de renseigner les caractéristiques du plan d’eau ainsi que les données météorologiques, afin de suivre précisément l’évolution des proliférations, au jour le jour. Les caractéristiques visuelles • la transparence de l’eau ; • la couleur du plan d’eau ; • l’aspect à la surface du plan d’eau ; • l’aspect des proliférations de cyanobactéries. Le guide propose à la fois des indications illustrés pour reconnaître et décrire les différents phénomènes de proliférations pouvant se manifester, mais également des éléments législatifs concrets ainsi que des recommandations afin de gérer ces derniers. Enfin le schéma décisionnel, basé sur les recommandations de l’OMS, identifie les différents niveaux de risque et les seuils sur lesquels se basent les limitations et les interdictions de baignade. En fonction de la concentration de chlorophylle [a] dans le phytoplancton une analyse spécifique de ce dernier doit être lancée. Le seuil d’alerte est de 10 μg par litre. Si ce seuil est dépassé, une surveillance est à mettre en oeuvre, notamment en identifiant les cyanobactéries en présence, avec un suivi particulier sur les espèces productrices de toxines. C’est la concentration en toxine qui définit la limitation de la baignade et des activités nautiques ou leur interdiction, ainsi que la présence d’écume. BRÈVES Nélia DUPIRE Conseil général de la Seine-Saint-Denis Direction des Espaces Verts Bureau Recherches et Développement 93006 Bobigny Cedex Tél. 01 43 93 98 38 E-mail : [email protected] LE BIODIVERSITAIRE BRÈVES Vous pouvez télécharger le guide sur le site Internet de l’ODBU, dans la rubrique Partager, http://www.parcs93.info/odbu/ Vous retrouverez la présentation de la problématique des cyanobactéries toxiques en eau douce, ainsi que les méthodes disponibles pour le suivi de leur prolifération et de leur potentiel toxique, dans l’article « Cyanobactéries : Suivi biologique et prévention des risques », paru dans le Biodiversitaire n°3. ■ 107 Maryline BARRE Conseil général de la Seine-Saint-Denis Direction des Espaces Verts Bureau Recherches et Développement Hôtel du Département 93006 Bobigny Cedex Tél. 01 43 93 69 61 E-mail : [email protected] LA BIODIVERSITÉ URBAINE, UN NOUVEAU DÉFI ? CG93 BRÈVES LE BIODIVERSITAIRE BRÈVES Le 26 septembre dernier s’est déroulé le 1er colloque international de l’ODBU, sur le thème « Appréhender la biodiversité dans la ville : un nouveau défi ? » à Bobigny. Cette rencontre inédite a réuni plus de 350 professionnels de l’environnement autour de 15 intervenants spécialistes de la question. RÉSULTATS Sous le patronage de l’UNESCO et avec le concours du Muséum national d’histoire naturelle et du Magazine La Recherche, cette journée a permis de mettre en avant une nouvelle approche, dont les spécialistes de ce domaine sont convaincus, mais qui nécessite encore une prise de conscience générale, politique, technique…citoyenne et la nécessité de travailler autrement, de voir la ville sous un nouvel angle : celui d’un espace de richesse, de refuges et de conservation pour les espèces. Bien que porteur, ce thème reste encore méconnu et peu traité. Même si l’on sait 108 qu’aujourd’hui plus de la moitié de la population vit en ville, il n’est pas évident pour chacun d’entre nous de voir la ville comme un enjeu pour la biodiversité. La Seine-Saint-Denis, moteur de la Réflexion Madame Josiane BERNARD, Vice-présidente du Conseil général de la Seine-SaintDenis, ouvre le colloque en insistant sur l’utilité des échanges de cette journée pour avancer dans Josiane BERNARD, la politique départementale. Vice-présidente Elle exprime son questiondu CG93 nement face aux moyens humains et financiers à mobiliser en terme de recherche, d’échanges d’éducation,d’amélioration des normes d’aménagement et encourage « l’amélioration de la connaissance ainsi que l’étude des écosystèmes urbains » et pense que « la crise écologique nous oblige à penser le patrimoine CG93 PRÉSENTATION John CELECIA, fondateur du programme Homme et Biosphère de l’UNESCO, se réjouit de la qualité du discours de Mme Bernard , « Quand un élu prononce le mot écosystème urbain, John CELECIA (UNESCO) c’est pour moi le couronnement de trente et quelques années d’effort ! ». Il marque également les esprits et pose le ton lorsqu’il affirme que « la nature vierge n’existe pas, tout au moins en Europe ». Il est l’heure de mettre un terme à ce faux dualisme que l’Homme s’oppose à la Nature comme la Ville à la Campagne et repenser la ville de manière pluri-multi-trans-disciplinaire. BRÈVES Des spécialistes impliqués Pour le Professeur Robert BARBAULT, président du comité de pilotage du colloque, « …parler de biodiversité urbaine est tout ce qu’il y a de plus sérieux, de plus prometteur. Robert BARBAULT (MNHN) Provocation peut-être, mais pour mieux inciter à sortir des idées reçues, à renouveler nos points de vue sur la ville, sur l’homme, sur la nature … » et selon François LETOURNEUX président du comité français de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), « la ville peut enrailler la 6ème cause d’extinction ». LE BIODIVERSITAIRE Le temps des débats… Face à ces réalités, le champ d’exploitation est vaste et ce premier colloque a pour but de présenter ces nouveaux modes de pensée, de travail et les projets qui émergent à ce jour autour de 3 tables rondes : • quelles biodiversités en ville ? • dynamiques et trame verte • citadins et biodiversité 15 intervenants (Elus, écologues, anthropologues, géographes, techniciens des villes et associatifs) ont échangé, entre eux et avec le public, afin de répondre au mieux aux attentes de ces professionnels, acteurs du territoire, acteurs de demain… Des actes sont disponibles auprès de l’ODBU.■ CG93 CG93 CG93 naturel comme bien commun de l’humanité. » Elle reste convaincue que « la biodiversité avec sa composante urbaine est devenue pour nous un miroir de nos relations à la diversité des milieux et des espèces, une vue éthique avec des devoirs, des droits et porteuse d’une forte exigence éducative. » Table ronde 1 : Marie-Laure THEODULE (La Recherche), François LETOURNEUX (UICN), Anne-Caroline PREVOT-JULLIARD (Orsay-CNRS), Patrick HAFFNER (MNHN) et Olivier SIGAUT (Sciences Politiques) LE COLLOQUE EN CHIFFRES 350 participants 15 intervenants 10 nationalités RÉPARTITION DES PARTICIPANTS : 46% Collectivité territoriales 19% Organismes de recherches 13% Associations 11% Entreprises 5% Etat (Ministères, Education nationale) 3% Agences d’urbanisme 3% Journalistes Les documents disponibles sur le site Internet de l’ODBU, rubriques « colloques » : • Le Cahier spécial du magazine La Recherche : « Quelle biodiversité dans les villes ? » (également disponible sur CD en version anglaise sur demande auprès de l’ODBU) • Les actes du colloque • La synthèse des résultats de l’enquête préalable Les vidéos du colloque sont disponibles sur le site http://www.evolutiondurable.fr 109 BRÈVES LE BIODIVERSITAIRE BRÈVES Antoine ROULET Conseil général de la Seine-Saint-Denis Direction des Espaces Verts Bureau Recherches et Développement Hôtel du Département 93006 Bobigny Cedex Tél. 01 43 93 41 98 E-mail : [email protected] LE DÉPARTEMENT, NOUVEAU MEMBRE ASSOCIÉ À L’UICN, PRÉSENT AU CONGRÈS MONDIAL DE LA NATURE PRÉSENTATION Le Département de la Seine-Saint-Denis a participé en octobre 2008 au forum mondial de la nature, première partie du Congrès mondial de la nature, organisé par l’Union International pour la Conservation de la Nature (UICN). Cet événement exceptionnel a rassemblé près de 8.000 personnes, issues d’ONGs, d’entreprises, de gouvernements locaux et nationaux. Pour la première fois, sous l’impulsion du comité français de l’UICN, auquel adhère le Département, l’action des collectivités locales dans la préservation de la nature a été reconnue et les membres de l’UICN ont été appelés à les prendre davantage en compte dans les années à venir. Les conférences et débats ont également permis de dessiner les principales tendances de la protection de la biodiversité à venir : prise en compte et chiffrage économique des services que la biodiversité rend à l’homme, importance des relations entre préservation de la nature/lutte contre le changement climatique/ réduction de la pauvreté et bien-être des hommes, mise en place de programme de lutte contre la déforestation ou reconnaissance des droits des peuples indigènes. Un espace d’échanges privilégié L’UICN est le plus vaste réseau mondial de protection de l’ e n v i r o n n e m e n t . Cette union démocratique rassemble plus de 1.000 membres, constitués de 100 gouvernements et 900 organisations non gouvernementales, et travaille avec 11.000 scientifiques et experts bénévoles répartis dans 160 pays. Elle appuie la recherche scientifique, gère des projets sur le terrain partout dans le monde et rassemble au sein d’une plate-forme de dialogue les gouvernements, les ONGs, les agences des 110 Nations Unies, les entreprises et les collectivités locales pour développer et mettre en oeuvre des politiques, des lois et de meilleures pratiques. Se réunissant tous les quatre ans, le Congrès mondial de la nature permet à tous les acteurs de la protection des milieux naturels de se réunir. Rassemblant à Barcelone près de 8.000 personnes venues de 177 pays, l’événement se tient en deux temps. D’une part, le forum de la nature est un espace d’échanges privilégié ouvert à tous, où se dégagent les grandes tendances en matière de préservation de la biodiversité et où se prépare la deuxième phase du congrès. D’autre part, l’assemblée des membres réunit l’ensemble des membres dotés d’un droit de vote pour élire les représentants de l’UICN et adopter des décisions qui orienteront la politique de l’union pour les quatre années à venir. Depuis 2008, le Département de la Seine-SaintDenis est adhérent à l’UICN en tant que membre associé. Ce partenariat a été rendu possible grâce à l’engagement du Conseil général sur la préservation de la biodiversité et aux travaux du comité français de l’UICN envers les collectivités locales. En effet, l’antenne française de l’UICN a initié depuis 2004 un groupe de travail avec les collectivités territoriales, du fait des actions de plus en plus importantes qu’elles mènent en matière de gestion des milieux naturels. Une prise en compte croissante des collectivités locales Un des points importants du forum a porté sur la question de la place des collectivités locales au sein de l’UICN. Agir localement étant indispensable pour pouvoir obtenir des résultats globaux, les collectivités sont des acteurs essentiels de la préservation de la nature et contribuent à la protection de nombreux espaces et espèces. Or, ces collectivités sont peu reconnues à l’échelle internationale et ne possèdent d’ailleurs pas de Enfin, différents ateliers ont permis de valoriser des expériences locales traitant de la préservation de la biodiversité en ville. L’expérience de la Seine-Saint-Denis a ainsi pu être détaillée à plusieurs reprises et comparée avec les situations d’autres villes comme Barcelone, Milan, Montréal ou Bonn. De nouveaux champs d’actions pour lutter contre le déclin de la biodiversité L’UICN souhaite aller au-delà de ses partenariats historiques en développant des relations vers les entreprises ou des bailleurs de fonds qui dési- L’utilité de la liste rouge des espèces menacées a été rappelée lors du congrès. Cet outil est un des seuls indicateurs de l’état de santé du monde vivant et il est unanimement utilisé pour sensibiliser la communauté internationale sur le déclin de la biodiversité. La nouvelle liste des mammifères a d’ailleurs été publiée à Barcelone, dévoilant que la moitié des espèces de mammifères est en déclin et un tiers est menacé d'extinction. LE BIODIVERSITAIRE droit de vote dans les décisions de l’UICN. Pas moins de trois motions ont été proposés et adoptées pour prendre en compte le rôle des autorités locales. Un calendrier d’actions à mener sur les quatre prochaines années permettra de lancer une réflexion mondiale sur cet enjeu. En parallèle, des conférences ont réuni des réseaux de grandes villes mondiales engagées dans la préservation de la nature, soulignant d’une autre manière le rôle essentiel de l’action locale. Ainsi le programme « Local Action for Biodiversity » du réseau des « gouvernements locaux pour la durabilité » (« Local Governments for Sustainability – ICLEI ») rassemblant 21 grandes mégapoles mondiales, a réuni plusieurs maires pour annoncer l’ouverture de ce réseau à toutes les collectivités qui le souhaitent à partir de mars 2009. Dans ce cadre, les actions menées par l’UICN et ses membres sont le renforcement du réseau des aires terrestres et marines protégées, la mise en place d’une gestion des pêcheries, le soutien des programmes onusiens de Réduction d’Émissions issues de la Déforestation et de la Dégradation (REDD) et de l’évaluation de l’économie des écosystèmes et de la biodiversité (TEEB), la régulation et la gestion du recours aux biocarburants, etc. BRÈVES CG93 Figure 1 : Barcelone, un exemple à suivre en matière de préservation de la biodiversité dans la ville rent investir pour la sauvegarde de la planète. Dans un contexte de crise écologique mondiale, le message principal est que la biodiversité soutend le bien-être des sociétés humaines et de leurs économies. Du fait du rythme de la disparition du patrimoine naturel et des changements globaux qui s’annoncent, les politiques et les pratiques relatives au changement du climat, à l’énergie, au développement, à la sécurité humaine, à la lutte contre la pauvreté, aux marchés ou encore au commerce ne pourront pas se faire sans prendre en compte la biodiversité. D’autre part, un nouvel indicateur a été présenté. Son but est de refléter les tendances d’évolution des espèces. Il sera réalisé à partir d’un échantillon d’espèces suivi régulièrement au sein de chaque groupe taxonomique. Enfin, les droits des communautés vulnérables et indigènes ont constitué une priorité au Congrès mondial de la nature où les membres de l’UICN ont demandé aux gouvernements de « prendre en compte les implications découlant des Droits de l’Homme dans toute activité de conservation entreprise ». ■ 111 RÉSEAU DE L’ODBU Mission : Son but est de protéger la nature et de développer les loisirs périurbains par le biais d’un réseau d’échanges, à l’échelle européenne, entre les gestionnaires de sites périurbains. Créée en 1995, cette fédération inclut les espaces périurbains qui possèdent une qualité environnementale et qui sont protégés par une réglementation à caractère urbanistique ou environnemental correspondant à la législation des différents Etats européens. Contact : Responsable du Secrétariat technique et chargée de missions Mme Teresa PASTOR RAMOS Parc de Collserola Crtra. de l'Església, 92 E-08017 BARCELONA E-Mail : [email protected] Site Internet : www.fedenatur.org Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB) Mission : Son but est de favoriser au niveau national, communautaire et international le développement, le soutien et l’animation des activités de recherche sur la biodiversité et leur valorisation, dans les domaines biologique, socio-économique et juridique, et des activités associées de formation, de sensibilisation et de diffusion des résultats. Elle regroupe et remplace deux structures existantes en amplifiant leurs missions : l’Institut français de la Biodiversité (IFB) et le Bureau des ressources génétiques. Contact : M. Xavier LE ROUX 57 Rue Cuvier – CP 41 75005 PARIS Cedex 05 E-Mail : [email protected] Site Internet : www.fondationbiodiversite.fr Bruxelles Environnement - IBGE (Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement) Mission : L’IBGE est l’administration de l’environnement et de l’énergie de la Région de Bruxelles-Capitale. Il est également le premier interlocuteur des habitants de Bruxelles pour tout ce qui concerne leur milieu de vie : air, espaces verts, déchets, pollution des sols… Créé en 1989, par Arrêté royal, il est à la fois un centre de recherche, de planification, d’avis et d’information ainsi qu’un organisme de contrôle et de surveillance. Contact : Mme Machteld GRYSEELS Directeur – Chef de division Nature, Eau et Forêt Gulledelle 100 B1200 BRUXELLES E-Mail : [email protected] Site Internet: www.ibgebim.be IDEAL Connaissances (Information sur le Développement, l’Environnement et l’Aménagement Local) Mission : Son but est d’animer l’échange de savoir-faire entre les collectivités. Elle est le médiateur des pratiques existantes et émergentes dans tous leurs domaines de compétences. Cette association, créée en 1985, regroupe plus de 100 collectivités. La diversité des actions mises en œuvre pour ses adhérents confère au réseau IDEAL Connaissances un véritable rôle d'observatoire des pratiques des collectivités territoriales et notamment celles des départements Contact : 93 ,avenue de Fontainebleau 94276 LE KREMLIN BICETRE E-Mail : [email protected] Site Internet: www.reseau-ideal.asso.fr et www.idealconnaissances.com RÉSEAU DE L’ODBU FEDENATUR (Fédération Européenne Des Espaces NATURels et ruraux métropolitains et périurbains) LE BIODIVERSITAIRE RÉSEAU DE L’ODBU Nord Nature Chicos Mendes Mission : Son but est d’éduquer et d’agir pour l’environnement. Pour cela, cette association développe des projets associant éducation à l’environnement, citoyenneté et actions de terrain en faveur de la biodiversité. Elle a notamment développer l’Opération Chico Mendès qui consiste à aménager des terrains abandonnés en espaces « nature » à vocation pédagogique. Une trentaine d’espaces nature ont ainsi été créés. Contact : Mme Marjorie DUCHENE Chargée de mission 7 Rue Adolphe Casse 59000 LILLE E-Mail : [email protected] Site Internet : www.nn-chicomendes.org 113 Natureparif – Agence régionale pour la nature et la biodiversité en Île-de-France Mission : L’agence régionale pour la nature et la biodiversité a été créée en juin 2008. Dans le cadre de sa mission d’observatoire régional, Natureparif met en réseau les informations et les données relatives à cette dernière, confronte les idées, organise les échanges et valorise les bonnes pratiques. L’Agence répond également aux besoins d’information, de communication et de sensibilisation par la diffusion des expériences, l’organisation de séminaires, de journées techniques ou de forums… Contact : 84 rue de Grenelle 75007 PARIS E-Mail : [email protected] Site Internet : www.natureparif.fr Entente interdépartementale de lutte contre la Rage et autres Zoonoses (ERZ) Mission : Le but de cet établissement public interdépartemental est de lutter contre les maladies transmises à l’Homme par la faune sauvage. Il met en œuvre des moyens afin d’éviter l’apparition et/ou la propagation des maladies. L’ERZ mène ainsi des études sur les populations d’animaux sauvages afin de cartographier la répartition de certaines maladies, notamment l’échinococcose transmise par le renard. À ce jour, 44 départements sont adhérents, dont la Seine-Saint-Denis. Contact: Domaine de Pixerecourt 54220 MALZEVILLE E-Mail : [email protected] Site Internet : www.ententeragezoonoses.com 114 Comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) Mission : Créé en 1992, le Comité français de l’UICN est le réseau des organismes et des experts de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature en France. Les programmes du Comité déclinent ses deux missions principales qui sont de répondre aux enjeux de la biodiversité en France et de valoriser l’expertise française à l’international. Il regroupe au sein d’un partenariat original 2 ministères (écologie et affaires étrangères), 5 établissements publics et 35 organisations non gouvernementales, ainsi qu’un réseau de plus de 200 experts rassemblés au sein de commissions et de groupes de travail. Contact : 26 Rue Geoffroy Saint Hilaire 75005 PARIS E-Mail : [email protected] Site Internet : www.uicn.fr Compte à rebours 2010 pour la biodiversité (Countdown 2010 – Save Biodiversity) Mission : En décembre 2007, le Conseil général de Seine-SaintDenis a décider d’adhérer au réseau « Compte à rebours 2010 pour la biodiversité » à travers l’ODBU. Ce réseau mondial (porté par l’UICN) a pour but d’inciter toutes les organisations, publiques ou privées, locales ou globales, à agir pour la biodiversité. Ainsi, elles sont invitées à mettre en œuvre des actions concrètes pour mettre fin ou réduire la perte de biodiversité d’ici. Contact : Mme Silvia RITOSSA Comité français de l’UICN E-Mail : [email protected] Site Internet : http://countdown2010.net LISTE DES ÉTUDES MENÉES EN SEINE-SAINT-DENIS EN 2007-2008 LISTES DES ÉTUDES MENÉES EN SEINE-SAINT-DENIS EN 2007-2008 116 FONDS DOCUMENTAIRE Pédagogie Biodiversité OUVRAGE Insectes Biodiversité Biodiversité Faune Pédagogie Biodiversité Biodiversité / Urbanisme Développement durable Développement durable Biodiversité Conservation Oiseaux Pédagogie Biodiversité Biodiversité Biodiversité Biodiversité Découverte Biodiversité / Urbanisme Flore Biodiversité Biodiversité Développement durable Développement durable DOSSIER Oiseaux Oiseaux Conservation Faune Faune Biodiversité SOUS THEME THEME CD-ROM ZONE GEOGRAPHIQUE Ecouter pour voir les Oiseaux Ile-de-France Ecouter pour voir les Oiseaux Ile-de-France Colloque Sciences et actions France pour la gestion et la conservation de la biodiversité. 2007 septembre Impliquer les jeunes de votre collectivité France dans le developpement durable Milieux forestiers, Observatoire du Patrimoine France Collectivités face au défi de la biodiversité France (Les) : la contribution des services des espaces verts. Dossier des participants. Local Action for Biodiversity. A series of local cases International Enquête Moineaux domestiques à Paris Ile-de-France Action pour ton parc (Une). Les jeunes éco-citoyens France du Livradois-Forez. Dossier pédagogique. Année 2007-2008 Regards croisés - impressions urbaines Seine-Saint-Denis "Addis-Abeba / Blanc Mesnil. Décembre 2005-Janvier 2007 Revue de presse 2008 "Des nichoirs dans la plaine". France Le rôle des villages comme support de biodiversité 33ème congrès de France Nature Environnement. France Une trame grandeur nature. 12-13 mars 2009 Programme de stages Education à l'environnement France Développement durable. Année 2009. IFREE. Rapport de l'OPECST n°131 - Les apports de la science France et de la technologie au développement durable, Tome II : La biodiversité : l'autre choc ? l'autre chance ? (2007-2008) Nature dans la ville (La). Biodiversité et urbanisme.2007 France de La Courneuve Papillons de jour d'Ile-de-France et de l'Oise (Les) Ile-de-France TITRE Ile-de-France Parc départemental Général Poitou-Charente Général Deux-Sévres Général Paris Parc naturel régional Livradois-Forez Blanc-Mesnil National Limoges National Général Général National SITE 2007 2007 2007 2009 2009 2008 2007 2008 2007 2007 2007 2008 2007 2007 2008 2007 ANNEE CORIF CORIF SupAgro Florac EDITEUR/SOURCE REYGROBELLET Bernard Officiels DOUX Yves et GIBEAUX Christian LAFFITTE Pierre , SAUNIER Claude IRD Monika ZIMMERMANN et al. Parthénope Collection Les éditions des Journaux Assemblée nationale/Sénat IFREE FNE Zoodyssée, CNRS et Ifrée IRD ICLEI & UNEP CORIF/LPO PNR Livradois-Forez Les éco maires et le groupe Regiex publicité et le Groupement des Mousquetaires Réserves naturelles de France Ville de Limoges SupAgro Florac AUTEUR/COLLECTIVITE AUTEUR FONDS DOCUMENTAIRE : Nous vous présentons ici une partie des documents disponibles au sein du fonds documentaire de l’ODBU. Ce fonds compte plus de 500 références, axées principalement sur la biodiversité. La liste des documents est disponible sur simple demande, ceux-ci étant consultables sur place. CATEGORIE 118 VIDEO RAPPORT CATEGORIE 119 Pédagogie Pédagogie gestion déchets Biodiversité Biodiversité / économie Biodiversité urbaine Biodiversité urbaine Biodiversité Biodiversité Environnement Biodiversité Biodiversité Biodiversité Biodiversité Biodiversité Biodiversité Biodiversité Biodiversité Biodiversité Biodiversité Biodiversité Biodiversité urbaine Biodiversité Conservation Bruit Biodiversité Biodiversité Biodiversité Biodiversité Faune Biodiversité Biodiversité Biodiversité Gestion Biodiversité Médiation Faune SOUS THEME Pédagogie THEME TITRE Natura 2000 Seine-Saint-Denis ZONE GEOGRAPHIQUE Seine-Saint-Denis Seine-Saint-Denis Seine-Saint-Denis France France France France France International France France International International France France France France France International SITE ANNEE 2008 2009 2009 2008 2008 2008 2007 2007 2008 2008 2009 2008 2007 2008 2008 2007 2008 Parc départemental du Sausset 2008 Natura 2000 2008 Général Méditerranée Général Alsace Alsace Bonn National National Général Général Général Général Général Porto Alegre FOND DOCUMENTAIRE (CSPNB) MEDAD/D4E Communautés européennes Porto alegre CIDADE DA EDUCACAO AMBIENTAL / SMAM / Prefeitura de Porto Alegre Commission scientifique de l'IFB EDITEUR/SOURCE CHEVASSUS-Au-LOUIS Bernard Ministère de l'écologie et du développement durable et Direction de la nature et des paysages LAB Local Action for Biodiversité Centre d'Etudes Techniques de l'Equipement de l'Est l'Aménagment Durables L'étiquette production Passeurs d'idées CG93 - Dir com Séché environnement UICN Centre d'Analyse Stratégique ARIENA ARIENA Ministère de l'écologie et du développement durable et Direction de la nature et des paysages LAB Local Action for Biodiversité Ministère de l'Ecologie, du Développement et de Conseil Scientifique du Patrimoine MEDAD/D4E Naturel et de la Biodiversité (CSPNB) Cahier spécial La Recherche Cahier spécial La Recherche ANVL Natureparif Conseil Scientifique du Patrimoine SUKHDEV Pavan AUTEUR/COLLECTIVITE AUTEUR LE BIODIVERSITAIRE Rapport d'activités 2007. Association régionale pour l'initiative à l'environnement et à la nature en Alsace L'Ariena a 30 ans, retour sur 3 décennies d'éducation à l'environnement Annual Corporate Social Responsability Report 2007 Réflexions méditerranéennes. Année 2008 Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes. Contribution à la décision publique. Conférence de presse Espèces d'Urbains. 11 février 2008 Le Parc départemental du Sausset BONN, Biodiversity report 2008 Bruit urbain et faune sauvage - Synthèse bibliographique Biodiverse city (A) ? Quelle biodiversité dans les villes ? Favoriser la nature en ville. Guide à usage des collectivités. Mars 2009 Gestion des milieux naturels et biodiversité. Faune sauvage, les plans de restauration Réflexion stratégique. Bilan des groupes de réflexion. Juillet 2008 Biodiversité à travers des exemples (La) Economie des écosystèmes et de la biodiversité (L'). Rapport d'étape Biodiversité à travers des exemples (La). Les réseaux de la vie NATURECOS ediçao em braille e fonte ampliada, Notes