le biodiversitaire

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N°4
LE BIODIVERSITAIRE
BILAN 2007 - 2008 DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE EN SEINE-SAINT-DENIS
L
La biodiversité est devenue un grand enjeu de développement
durable du XXIème siècle. Le Département de la Seine-Saint-Denis
fait le choix de mettre en œuvre les engagements internationaux
pris sur la biodiversité lors du Sommet de la Terre de Rio, en 1992, et
sur le développement durable lors du Sommet de la Terre de
Johannesburg, en 2002. Ainsi, nous plaçons la préservation de la
biodiversité comme l’un des axes forts de l’Agenda 21 départemental
car l’avenir de l’homme est indissociable de celui de la nature.
En Seine-Saint-Denis, depuis la fin du XIXème siècle, l’urbanisation,
l’industrialisation et les coupures que constituent les diverses
infrastructures ont morcelé les espaces naturels et fait disparaître un
grand nombre de milieux naturels et d’espèces.
Il faut donc passer d’une logique de protection, bien développée dans notre Département,
à une logique de cohabitation homme/nature : la biodiversité ne doit pas être réservée à
quelques espaces protégés, mais s’intégrer dans la vie quotidienne du territoire. Les parcs
départementaux s’ouvriront à la ville qui les entourent et les nouvelles Zones d’Activités
Concertées permettront de créer un réseau de « central parcs » renforçant les continuités
vertes.
Notre collectivité, associée à ses partenaires institutionnels, associatifs et scientifiques, travaille
quotidiennement à la préservation de la biodiversité et à sa valorisation en mobilisant les
aménageurs et les opérateurs du territoire de la Seine-Saint-Denis, afin que cette question soit
progressivement prise en compte dans chaque projet d’aménagement, dans chaque document
d’urbanisme.
LE BIODIVERSITAIRE
C.MARCADET
ÉDITORIAL
La création de l’Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine en 2005, dont une des
missions principales est l’aide à la prise de décision en matière d’aménagement, a ainsi ancré
cette volonté. Aujourd’hui, l’observatoire et ses partenaires mènent des projets exemplaires.
Le Biodiversitaire en est la vitrine.
Claude BARTOLONE
Président du Conseil général
Député de la Seine-Saint-Denis
1
A.CADI- CG93
LE BIODIVERSITAIRE
PRÉFACE
L
a naissance et le développement des villes se sont constitués en opposition à la nature, et
pourtant force est de constater que la nature n’en est pas absente. Certaines plantes et
certains animaux s’y sont adaptés, des écosystèmes s’y sont mis en place.
Or, aujourd’hui la majorité de la population mondiale vit en ville. Cette modification du cadre de
vie des humains s’accentue. Dans le même temps, la découverte d’une biodiversité urbaine, la
demande d’amélioration du cadre de vie font obligation de travailler la question de la nature en
ville.
Cette obligation ne se pose pas comme un simple complément à l’existant, mais comme
l’émergence d’une nouvelle façon de penser la ville dans le cadre d’une biodiversité menacée.
Maintenir la qualité des ressources, air, eau, sol, faune, flore….. appelle la mise en place de
stratégie de gestion intégrant la ville dans son rapport à l’environnement.
Dans ces conditions, comprendre ces phénomènes et leurs interactions, s’informer de la
diversité des recherches, construire des outils d’appréhension sont indispensables.
C’est nécessaire à la définition des politiques publiques, à l’évolution des normes d’aménagement, à la sensibilisation de l’ensemble de la société. C’est indispensable pour traiter le
patrimoine naturel en terme de bien commun.
Mais pour que cette demande devienne la règle face aux logiques financières, spéculatives, à
un urbanisme extensif et intensif, ceci appelle une maitrise citoyenne des enjeux
environnementaux. Une maitrise reposant sur la reconnaissance de l’intérêt général, le
développement des connaissances et le partage des savoirs.
Pour toutes ces raisons, j’accorde beaucoup d’importance aux travaux de l’ODBU, à leur
publication et à leur diffusion.
Josiane BERNARD
Vice-président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis chargée de l'environnement
2
L
a biodiversité urbaine commence enfin à être prise en compte, non seulement par les
associations, mais également par les collectivités et les gestionnaires. Il n’y a qu’à voir les
colloques internationaux qui lui sont consacrés ou l’émergence de cette thématique dans
les appels d’offres de sujets de recherche. Le Conseil économique et social a même décidé de
s’emparer de ce sujet afin de produire un rapport pour envisager sa gestion dans le cadre du
développement urbain.
L’action qui est menée en Seine-Saint-Denis à travers l’ODBU est en passe d’être dupliquée dans
d’autres départements ou villes qui s’inspirent déjà des résultats obtenus. Aujourd’hui on ne
considère plus la biodiversité urbaine comme un sujet marginal par rapport à la biodiversité
« naturelle », mais au contraire comme un complément normal qui s’enrichit même, par
rapport à la biodiversité naturelle, de la co-évolution des espèces et des milieux avec l’homme.
C’est dire que le premier volet du pari est presque gagné, en grande partie grâce à l’action du
département : faire de la biodiversité urbaine un sujet à part entière de l’étude de la biodiversité
et la prendre en compte dans la politique d’aménagement et de gestion d’une collectivité.
Restera ensuite, pour être pleinement efficace, à établir une « gouvernance » de la biodiversité
urbaine à l’échelle de l’agglomération francilienne, là où se situent les enjeux globaux, mais ce
sera sans doute plus long…
Le « Biodiversitaire » est le journal qui permet au Département de faire connaître les actions de
l’ODBU. C’est une tâche essentielle car il faut constamment informer les citoyens sur les actions
menées pour gérer la biodiversité afin de les mobiliser au quotidien.
Ce numéro fait le point sur les différents programmes réalisés en 2007 et 2008 et on constatera,
à travers leur diversité, que l’ODBU a maintenant investit tous les champs de la biodiversité :
connaissance des espèces, que ce soit sur les plantes, les oiseaux, les insectes ou les bactéries,
gestion des espèces, diffusion des connaissances... Enfin, ce « Biodiversitaire » présente des
réflexions sur les enjeux de la biodiversité urbaine : la place de la nature en ville, les abeilles, la
flore « invasive »… Par ces derniers articles le journal permet aux lecteurs de s’imprégner des
sujets scientifiques d’actualités sur la biodiversité urbaine.
LE BIODIVERSITAIRE
AVANT-PROPOS
Grâce à toutes ces contributions, le « Biodiversitaire » est en train de devenir un véritable trait
d’union entre les scientifiques, les gestionnaires, les collectivités, les associations et le grand
public. C’est une excellente réussite qui est le complément indispensable des actions menées
sur la biodiversité.
Jacques MORET
Président du Comité scientifique de l’ODBU
Professeur au Muséum national d’histoire naturelle
Directeur du Conservatoire botanique national du Bassin parisien
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CG93
PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL
DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
PAGES 6-11
ACTUALITÉS
PAGES 12-17
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA
BIODIVERSITÉ URBAINE
PAGES 18-47
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES
ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007 ET 2008
PAGES 48-95
BRÈVES
PAGES 96-111
RÉSEAU DE L’ODBU
PAGES 112-114
LISTE DES ÉTUDES MENÉES EN SEINE-SAINT-DENIS
PAGES 115-116
FONDS DOCUMENTAIRE
PAGES 117-119
LE BIODIVERSITAIRE
CG93
SOMMAIRE
PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE
DÉPARTEMENTAL
DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
L
C’est à la fois un centre de ressources sur la biodiversité de la Seine-Saint-Denis mais
aussi un espace d’échanges d’expériences et de débats sur les questions relatives à la
préservation et au développement de ce patrimoine naturel.
La volonté des partenaires de l’ODBU est la mise en commun totale des données collationnées par chacun. Cette règle de base intangible figure dans les conventions signées par le
Département avec chaque partenaire associatif ou scientifique.
MISSION
L’ODBU a pour mission de :
• Recueillir les données existantes relatives à la biodiversité, les valider d’un point
de vue scientifique et mettre régulièrement à jour la base de données ;
• Dresser des états de référence, suivre l’évolution spatio-temporelle de la
biodiversité en Seine-Saint-Denis, et faire des projections dans le temps ;
• Définir des enjeux de préservation et de développement de la biodiversité à l’échelle
du territoire et des objectifs généraux de gestion ;
• Créer et animer un réseau de partage de l’information entre tous les acteurs de la
Seine-Saint-Denis ;
• S’inscrire dans les programmes et réseaux régionaux, nationaux, européens et mondiaux ;
• Diffuser et valoriser les travaux de l’observatoire, notamment auprès du grand public.
ORGANISATION
L’ODBU s’appuie sur trois piliers : un Comité scientifique, un Comité de suivi technique et
une Structure coordinatrice. Les membres de ces trois instances ont une obligation de
respect de confidentialité par rapport aux débats et par rapport aux données concernant la
biodiversité dont ils ont connaissance au titre de leur fonction au sein de l’ODBU.
• COMITÉ SCIENTIFIQUE
Présidé par une personnalité scientifique de référence nommée par Monsieur le Président
du Conseil général de Seine-Saint-Denis pour une durée de trois ans, le Comité scientifique a pour rôle d’inscrire les travaux de l’ODBU dans une démarche rigoureuse et objective, à savoir
• Garantir la qualité scientifique des travaux de l’ODBU ;
• Se prononcer sur les grands enjeux stratégiques de préservation et de développement
de la biodiversité en milieu urbain ;
• Garantir sur le plan éthique et déontologique la diffusion des informations à différents
niveaux d’usagers : membres du Comité de suivi technique, chercheurs, étudiants,
grand public etc…
LE BIODIVERSITAIRE
’Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine (ODBU) de la Seine-SaintDenis a pris naissance le 12 avril 2005. Son objectif est de donner à tous et en
priorité aux séquano-dionysiens l’accès à la connaissance en matière de biodiversité
urbaine.
PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
CG93
PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL
DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
7
PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
Il regroupe des personnes ressources, expertes dans leur spécialité scientifique, proposées par
le Président du Comité scientifique et désignées pour trois ans par Monsieur le Président du
Conseil général.
Les membres du comité sont désignés à titre personnel. Ils ne peuvent se faire représenter.
Le Comité scientifique a pour missions de :
• Valider avant saisie dans la base de données de l’ODBU les observations portant sur le
patrimoine faunistique et floristique de la Seine-Saint-Denis ;
• Contribuer à la construction d’un bilan annuel, qui constitue un exposé de l’état des lieux
de la biodiversité du département ;
• Construire, en les déclinant de façon annuelle, des propositions de stratégies de préservation
et de développement de la biodiversité en milieu urbain ;
• Travailler à l’harmonisation des protocoles d’inventaires et de suivis dans le temps et
dans l’espace ;
• Emettre un avis sur les dossiers pour lesquels l’ODBU aura été saisi : PLU, SDRIF,
Schéma vert départemental, Natura 2000…
• Emettre un avis sur la pertinence d’études ou de programmes de recherches envisagés
sur le territoire, ainsi que des méthodes proposées.
En outre, le Comité scientifique peut se saisir lui-même de certains sujets de nature scientifique
ou technique relatifs à la biodiversité en Seine-Saint-Denis ou demander à la structure coordinatrice de l’ODBU de lui en faire une présentation.
• COMITÉ DE SUIVI TECHNIQUE
Présidé par Monsieur le Président du Conseil général ou son représentant, ce comité est ouvert
à tous les acteurs oeuvrant en Seine-Saint-Denis sur le thème de la biodiversité : Etat, Région,
communes, communautés d’agglomération, partenaires associatifs et scientifiques ayant signé
une convention de coopération avec le Département, et gestionnaires des parcs départementaux.
Le Comité de suivi technique est un lieu d’échanges et de travail collectif, qui a pour rôle de permettre à chacun de ses membres de :
• Partager les expériences ou les réflexions conduites avec les autres membres du comité ;
• Prendre connaissance des expériences conduites par d’autres acteurs nationaux ou inter
nationaux ;
• Construire collectivement, par référence à ces expériences et aux analyses produites par
le Comité scientifique, des propositions de stratégies d’aménagement ou de gestion
propres à préserver et à développer la biodiversité ;
• Proposer des actions de vulgarisation en direction des collectifs éducatifs et plus généralement auprès du grand public ;
• Contribuer à la rédaction du bilan annuel de l’ODBU ;
• Enrichir la base partagée en versant des données.
Chaque membre du Comité de suivi technique désigne un référent pour l’ODBU.
• STRUCTURE COORDINATRICE
Le Bureau Recherches et Développement de la Direction des Espaces Verts du Conseil général
assure la coordination des travaux de l’Observatoire.
Cette structure a les missions suivantes :
• Le secrétariat et la gestion administrative de l’ODBU ;
• La gestion et la maintenance de la base de données;
• L’interface entre tous les partenaires ;
• La participation au suivi des conventions passées avec les partenaires acteurs de l’ODBU ;
• L’édition du bulletin de l’ODBU ;
• Le suivi des pages Internet ;
• L’organisation du colloque annuel ;
• L’organisation de la diffusion et de la valorisation de l’information, de la co-élaboration de
supports de communication.
8
Une charte définissant les modalités d’organisation et de fonctionnement de l’observatoire ainsi
que les règles de diffusion des données, partagées par tous ses signataires, a été élaborée et
validée fin 2006.
COMPOSITION
COMITÉ SCIENTIFIQUE
Président : Jacques MORET, Professeur au Muséum national d’histoire naturelle, Directeur du
Conservatoire botanique national du Bassin parisien
Secrétaire scientifique : Sébastien FILOCHE, Responsable de la délégation Ile-de-France du
Conservatoire botanique national du Bassin parisien
EXPERTS :
Ecosystèmes aquatiques : Geneviève BARNAUD, Professeur au Muséum national d’histoire naturelle
Mammifères : Jean-Louis CHAPUIS, Maître de Conférences au Muséum national d’histoire naturelle
Ecosystèmes urbains : Philippe CLERGEAU, Professeur au Muséum national d’histoire naturelle
Champignons : Régis COURTECUISSE, Professeur à la Faculté des sciences pharmaceutiques de
Lille
Référent CNRS : Bernard DELAY
Ecosystèmes terrestres et flore : Jean GUITTET, Ancien Maître de Conférences à l’Université Paris
Sud
Oiseaux : Romain JULLIARD, Maître de Conférences au Muséum national d’histoire naturelle
Amphibienss et reptiles : Jean LESCURE, Directeur de recherches au Centre National de la
Recherche Scientifique - Muséum national d’histoire naturelle - Société Herpétologique de France
Relations homme – nature : Bernadette LIZET, Directeur de recherches au Centre National de la
Recherche Scientifique - Muséum national d’histoire naturelle
Autres invertébrés : Christine ROLLARD, Maître de Conférences au Muséum national d’histoire
naturelle
Insectes : Pierre ZAGATTI, Directeur de recherches Institut National de la Recherche Agronomique
Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité – Office pour les Insectes et leur Environnement
COMITÉ DE SUIVI TECHNIQUE
Président : Claude BARTOLONE, Président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis
ORGANISMES SIGNATAIRES DE LA CHARTE DE L’ODBU :
Amis Naturalistes des Coteaux d’Avron
Amis du Parc Forestier de la Poudrerie
Centre National de Recherche Scientifique
Centre Ornithologique Île-de-France
Comité des usagers des parcs départementaux
Coubron Environnement
Courneuve Fleurie
Forêt en Aulnoye
Ligue pour la Protection des Oiseaux
LE BIODIVERSITAIRE
En revanche, un membre du Comité de suivi technique peut saisir l’ODBU afin d’avoir un avis sur
un dossier, sur la pertinence d’études ou de programmes qu’il souhaite conduire.
PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
CG93
L’ODBU n’est pas un bureau d’études. Il n’a donc pas vocation à financer des études spécifiques
que souhaiteraient conduire ensemble ou séparément des membres du Comité de suivi technique. Ces actions demeurent du domaine de compétence de chaque partenaire.
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Mouvement National de Lutte pour l’Environnement
Société Herpétologique de France
Muséum national d’histoire naturelle
Office pour les Insectes et leur Environnement
Université Paris-Sud
Base de Loisirs de la Corniche des Forts
Communes de Bobigny, Bondy, Coubron, l’Ile-Saint-Denis, Montreuil, Neuilly-Plaisance, Neuillysur-Marne, Noisy-le-Sec
, Saint-Ouen
, Villepinte.
Direction de l’Eau et de l’Assainissement du Département de la Seine-Saint-Denis - Observatoire
de l’Hydrologie Urbaine
Direction des Espaces Verts du Département de la Seine-Saint-Denis - Services des parcs départementaux (La Courneuve, Sausset et parcs urbains), Service des Affaires Générales - Bureaux
Education Relative à l’Environnement et Tourisme de Proximité, Partenariat - Mission qualité
STRUCTURE COORDINATRICE
Direction des Espaces Verts
Contact :
Maryline BARRÉ
Médiatrice scientifique de l’ODBU
Bureau Recherches et Développement
Direction des Espaces Verts
Conseil général de la Seine-Saint-Denis
Hôtel du Département
93006 BOBIGNY Cedex
Tél. 01 43 93 69 61
Fax. 01 43 93 98 50
E-Mail :[email protected]
10
11
LE BIODIVERSITAIRE
PRÉSENTATION DE L’OBSERVATOIRE DÉPARTEMENTAL DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
ACTUALITÉS
L’ODBU est de plus en plus perçu par ses partenaires et les acteurs du territoire comme un
lieu ressource en matière de biodiversité urbaine, comme le montre l’augmentation régulière
des sollicitations enregistrées depuis 2007.
Nous tenons à remercier l’ensemble des membres pour leur implication et leur retour
d’expérience.
BILAN 2007-2008
Données
En 2008, la base de données comporte près de 200 000 données dont 104 649 validées et
postérieures à 1990, soit 2 058 espèces.
Groupe taxonomique
Nombre de données
Nombre d’espèces
Flore
59 129
1 104
Oiseaux
43 130
154
Insectes
875
442
Champignons
582
315
Amphibiens-Reptiles
867
17
Poissons
57
10
Mammifères
157
16
Total
104 649
2 058
ACTUALITÉS
Dans les grandes missions que s’est confié l’Observatoire Départemental de la Biodiversité
Urbaine, l’animation d’un réseau de partage et de diffusion des connaissances, ainsi que la
définition d’enjeux de conservation à l’échelle du territoire, sont apparus comme prioritaires
en 2007 et 2008.
LE BIODIVERSITAIRE
CG93
CG93
ACTUALITÉS
Données sensibles
Rappel de la Charte :
« Le droit de toute personne d’accéder aux informations relatives à l’environnement
détenues, reçues ou établies par les autorités publiques s’exerce notamment dans les conditions définies par les articles L 124-1 et suivants du Code de l’environnement.
Les informations environnementales communiquées par l’ODBU sont à l’échelle des
lieux-dits, des communes ou des parcs.
La structure de coordination peut toutefois rejeter une demande d’information relative à
l’environnement dans les conditions prévues à l’article L 124-4 du Code de l’environnement
et notamment si la consultation ou la communication est susceptible de porter atteinte à
l’environnement par référence à la liste des espèces sensibles.
Les membres du Comité de suivi technique, au moment des versements à l’observatoire de
données qu’ils ont produites, peuvent indiquer celles qu’ils jugent sensibles, ainsi que le
niveau de précision correspondant.
Le Comité scientifique détermine lors de la validation de chaque donnée, si sa communication est susceptible de porter atteinte à l’environnement. Il publie une fois par an la liste des
espèces sensibles. »
Cette liste a été établie à partir des éléments communiqués par les experts du Comité scientifique et les membres du Comité de suivi technique de l’ODBU. Elle a été validée le 20 juillet
2007.
13
ACTUALITÉS
Les oiseaux :
Nom Latin
Ixobrychus minutus
Ardea cinerea
Podiceps cristatus
Tachybaptus ruficollis
Cygnus olor
Anas platyrhynchos
Pernis apivorus
Accipiter nisus
Buteo buteo
Falco tinnunculus
Asio otus
Strix aluco
Charadrius dubius
Alcedo atthis
Dendrocopos medius
Dryocopus martius
Saxicola torquata
Locustella naevi
Acrocephalus scirpaceus
Nom vernaculaire
Blongios nain
Héron cendré
Grèbe huppé
Grèbe castagneux
Cygne tuberculé
Canard colvert
Bondrée apivore
Epervier d’Europe
Buse variable
Faucon crécerelle
Hiboux moyen-duc
Chouette hulotte
Petit Gravelot
Martin-pêcheur d’Europe
Pic mar
Pic noir
Tarier pâtre
Locustelle tachetée
Rousserolle effarvatte
Nom Latin
Cephalanthera damasonium (Mill.) Druce
Dactylorhiza praetermissa (Druce) Soó
Limodorum abortivum (L.) Sw.
Orchis anthropophora (L.) All.
Orchis simia Lam.
Ophrys insectifera L.
Tulipa sylvestris L.
Nom vernaculaire
Céphalanthère pâle
Orchis négligé
Limodore à feuilles avortées
Orchis homme-pendu
Orchis singe
Ophrys mouche
Tulipe sauvage
La flore :
En Seine-Saint-Denis, quelques orchidées et la Tulipe sauvage peuvent être inscrites sur la liste.
En effet, elles sont susceptibles de faire l’objet de collectes sauvages à des fins médicinales ou
pour des collections. Leur cueillette entraînerait alors leur disparition.
Les autres espèces du département, en dehors des atteintes à leurs milieux, ne font pas l’objet de
collecte entraînant leur disparition.
Les amphibiens et reptiles :
Nom Latin
Triturus cristatus
Alytes obstetricans
Bufo calamita
Zootoca vivipara
Nom vernaculaire
Triton crêté
Alyte accoucheur
Crapaud calamite
Lézard vivipare
Ces espèces sont estimées rares dans le département par rapport au reste de l’Île-de-France.
Toutes ces espèces sont déterminantes ZNIEFF, sauf l’Alyte accoucheur.
Les insectes :
Il n'y a pas d'espèces à inscrire comme "sensibles" pour les insectes actuellement recensés en
Seine-Saint-Denis.
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Les mammifères :
Il n’y a pas d’espèces à inscrire comme « sensibles » pour les mammifères.
Parmi les espèces présentes en Seine-Saint-Denis seules la Pipistrelle commune et l'Ecureuil
roux sont protégées. Malgré leur statut de protection, la précision de localisation ne pourrait être
à l'origine d'impact négatif étant donné leur mobilité.
1er colloque international « Biodiversité urbaine »
Le 26 septembre 2008, s’est déroulé à Bobigny le 1er colloque international de l’ODBU, sur le
thème « Appréhender la biodiversité dans la ville : un nouveau défi ? ».
Cette rencontre inédite a réuni plus de 350 professionnels de l’environnement autour de 15
intervenants spécialistes de la question.
Cet événement, sous le patronage de l’UNESCO et avec le concours du Muséum national
d’histoire naturelle et du magazine La Recherche, s’est organisé autour de trois tables-rondes :
• Quelles biodiversités en ville ?
• Dynamiques de la biodiversité urbaine et « trame verte »
• Citadins et biodiversité
Les actes sont disponibles gratuitement auprès de l’ODBU.
ACTUALITÉS
En ce qui concerne les arachnides, nous ne pouvons envisager de liste d'espèces sensibles au
regard des données trop éparses sur leur répartition.
De plus, le niveau de sensibilité par rapport aux habitats n'est pas aussi marqué que pour les
plantes.
Néanmoins les plus sensibles sont les espèces qui sont plus particulièrement inféodées aux
milieux humides, eux mêmes menacés de disparition. Malheureusement aucune liste n'existe
sur les espèces réellement impliquées, les connaissances étant insuffisantes.
LE BIODIVERSITAIRE
CG93
Les arachnides :
Comité scientifique
Lors de la réunion du 31 mai 2007 a été présenté et validé le projet de Suivi temporel des Oiseaux
Communs en Seine-Saint-Denis. Un point d’avancement a été fait concernant l’Atlas des habitats.
La réunion du 11 avril 2008 a permis de débuter la réflexion sur quatre grandes thématiques :
• la définition des enjeux de conservation pour les espèces et les habitats,
• la mise en œuvre d’un suivi temporel de la biodiversité,
• le concept de trame verte et bleue (perspective du Grenelle de l’Environnement),
• l’initiation de travaux sur les espèces exotiques et invasives.
Philippe CLERGEAU a accepté de rejoindre le Comité scientifique en tant qu’expert « écosystèmes
urbains » le 13 décembre 2007 et Bernard DELAY en tant que représentant du CNRS depuis le
5 décembre 2007.
15
ACTUALITÉS
Comité de suivi technique
Le Comité de suivi technique s’est réuni les 2 avril et 19 décembre 2008.
Ces deux rencontres ont été l’occasion de présenter les bilans et perspectives 2007/2008 puis
2008/2009.
2 groupes de travail se sont déroulés :
• le 20 mars 2007 sur les enjeux oiseaux (définition d’une liste d’espèces prioritaires) ;
• le 19 juin 2008 sur biodiversité et urbanisme (présentation de projets pilotes en
Seine-Saint-Denis).
Les comptes-rendus de ces rencontres sont disponibles sur simple demande.
Charte
24 organismes sont signataires de la charte en 2008 (18 en 2007) :
• 11 associations : les Amis de la Poudrerie, ANCA, Comité des usagers des parcs
départementaux, CORIF, Coubron Environnement, Courneuve Fleurie, Forêts en
Aulnoye, LPO, MNLE, OPIE, SHF ;
• 9 communes : Bobigny, Bondy, Coubron, L’Île-Saint-Denis, Montreuil, NeuillyPlaisance, Noisy-le-Sec, Saint-Ouen et Villepinte ;
• 3 organismes scientifiques : CNRS, MNHN, Université Paris Sud ;
• 1 syndicat mixte : BPAL de la Corniche des Forts.
Sollicitations de l’ODBU
L’ODBU a reçu un nombre croissant de sollicitations (105 en 2007 et 263 en 2008), formulées par
des communes, des aménageurs, des scientifiques et des particuliers.
Pour 2008, ces demandes correspondent à :
• 45% dans le cadre d’études d’impact ou d’aménagement,
• 43% dans le cadre de problématique de gestion,
• 13% dans le cadre de projets de recherche appliquée.
PERSPECTIVES POUR 2009-2010
Les travaux concernés sont :
• l’installation du Comité de médiation et définition d’une stratégie de médiation auprès
des publics ;
• la révision de la Charte de l’ODBU ;
• l’élaboration de documents de synthèse sur l’état de connaissance de la biodiversité du
département et des principaux parcs et forêts ;
• la poursuite de groupes de travail dont celui sur biodiversité et urbanisme et celui sur les
trames vertes et bleues ;
• la poursuite de l’élaboration de protocoles types dans le cadre de suivi temporel des espèces ;
• l’élaboration d’indicateurs de la biodiversité ;
• la mise à disposition d’un fonds documentaire sur les thèmes de la biodiversité urbaine ;
• le 2ème colloque international sur la biodiversité urbaine.
16
NOMBRE DE DONNÉES
680
7378
2373
2058
1222
1802
1234
4902
6617
3128
1078
2194
2716
2285
622
2506
519
3590
1677
5042
2805
6597
3959
789
1897
612
2785
371
362
1304
3879
2456
1379
5043
2765
3239
1417
1408
9517
2926
NOMBRE D’ESPÈCES
237
698
265
304
292
301
264
497
756
463
270
342
359
419
245
380
212
499
405
429
673
608
575
266
271
228
287
157
207
319
374
448
312
568
398
389
427
294
810
315
ACTUALITÉS
COMMUNE
Aubervilliers
Aulnay-sous-Bois
Bagnolet
Le Blanc-Mesnil
Bobigny
Bondy
Le Bourget
Clichy-sous-Bois
Coubron
La Courneuve
Drancy
Dugny
Epinay-sur-Seine
Gagny
Gournay-sur-Marne
L'Ile-Saint-Denis
Les Lilas
Livry-Gargan
Montfermeil
Montreuil-sous-bois
Neuilly-Plaisance
Neuilly-sur-Marne
Noisy-le-Grand
Noisy-le-sec
Pantin
Pavillons-sous-Bois
Pierrefitte-sur-Seine
Le Pré Saint Gervais
Le Raincy
Romainville
Rosny-sous-Bois
Saint-Denis
Saint-Ouen
Sevran
Stains
Tremblay-en-France
Vaujours
Villemomble
Villepinte
Villetaneuse
Si vous souhaitez accéder aux données,
veuillez contacter Maryline BARRÉ,
médiatrice scientifique de l’ODBU
([email protected] ou tél. 01 43 93 69 61).
LE BIODIVERSITAIRE
ZOOM SUR LES
COMMUNES DE LA
SEINE-SAINT-DENIS
Cette synthèse prend en compte les données validées et présentent dans la base de données
depuis 1990.
17
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA
BIODIVERSITÉ URBAINE
LES ABEILLES DANS LA VILLE
Gérard ARNOLD, Laboratoire Evolution, Génomes, Spéciation (LEGS), CNRS
PAGES 19-23
LES ESPÈCES VÉGÉTALES INVASIVES : EXEMPLE DES JUSSIES
Sébastien FILOCHE & Nicolas BOREL, Conservatoire botanique national du Bassin parisien,
Conservatoire botanique national de Bailleul
PAGES 24-26
LES CHAMPIGNONS : DES ALLIÉS VITAUX POUR LA FORÊT
Guillaume EYSSARTIER, Société mycologique de France
PAGES 27-31
CORRIDORS ÉCOLOGIQUES, CONTINUITÉS PAYSAGÈRES ET TRAME VERTE…
DE LA THÉORIE À L’APPLICATION AU NIVEAU LOCAL
Catherine MAURISSON & Antoine ROULET, Conseil général de la Seine-Saint-Denis
Direction des Espaces Verts, Bureau Recherches et Développement
PAGES 32-43
LA PRISE EN COMPTE DU FONCTIONNEMENT ÉCOLOGIQUE DES PAYSAGES
Philippe CLERGEAU, Muséum national d’histoire naturelle
PAGES 44-47
CG93
LES ABEILLES DANS LA VILLE
Figure 1 : Abeille sur une bruyère
Le Conseil général de la Seine-Saint-Denis
a décidé de soutenir un programme de recherche sur l’utilisation de l’abeille domestique
comme indicateur de l’environnement. Ce programme, réalisé par une équipe CNRS du
Laboratoire Evolution, Génomes, Spéciation
(LEGS) à Gif-sur-Yvette, a pour but de suivre
l’évolution de l’activité de colonies d’abeilles placées dans un milieu urbain (voir l’article
« Utilisation de l’abeille domestique comme
bio-indicateur en zone urbaine à Saint-Denis »
dans la partie IV). Par ailleurs, une analyse
comparée est réalisée avec des colonies placées
dans des environnements ruraux plus ou moins
anthropisés (dans les Yvelines et en Essonne),
dans le cadre du projet FRAGILE financé par la
région Île-de-France.
Ce programme de recherche sur l’abeille en ville
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
Gérard ARNOLD
Laboratoire Evolution, Génomes,
Spéciation (LEGS)
CNRS – UPR 9034
Avenue de la Terrasse
91198 Gif-Sur-Yvette Cedex
Tél. 01 69 82 37 17
E-mail : [email protected]
LE BIODIVERSITAIRE
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
19
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
est particulièrement intéressant puisqu’aucune
donnée scientifique n’a été publiée sur ce
sujet au niveau international. A l’opposé, et de
manière parfois inattendue, de nombreux témoignages existent sur la présence de ruches dans
les villes, y compris dans de très grandes cités.
L’objectif de cet article est de présenter quelques
exemples de ce qui existe dans certains
pays, dont la France. Cette présentation n’est
évidemment pas exhaustive, mais elle permet de
mettre en évidence un mouvement qui semble
universel, car il correspond probablement à un
impérieux besoin des citadins de faire rentrer la
nature dans la ville.
Un point important est souligné par l’ensemble
des témoignages des apiculteurs urbains, en
France, comme à l’étranger : les abeilles vivant
dans les villes produisent, généralement, davantage de miel que les abeilles de la campagne,
environ le double. Cela serait dû à plusieurs
facteurs :
• il y a souvent une plus grande variété
de plantes en ville que dans certaines régions
rurales consacrées à la monoculture ;
• compte tenu de la température plus élevée
régnant dans les villes, les abeilles peuvent y
travailler plus longuement, pendant la journée et
pendant l’année, qu’à la campagne ;
• en ville, les abeilles sont moins exposées
aux pesticides qu’elles le sont en milieu rural.
L’APICULTURE URBAINE DANS LE
MONDE
CANADA
Vancouver
Dans cette grande ville, il y aurait probablement
plusieurs centaines de passionnés pratiquant
l’apiculture. Cette activité est maintenant
devenue légale en ville, alors qu’elle ne l’était
pas auparavant. La municipalité considère notamment que les apiculteurs amateurs font partie
d’une stratégie générale « d’agriculture urbaine ».
L’apiculture urbaine accroît la biodiversité et
conduit à de meilleures récoltes de fruits et de
légumes dans les jardins de la ville. Une ruche
donne environ 100 kg de miel après la 1ère
année.
Dans cette ville, un apiculteur qui avait perdu
90% de ses ruches situées à la campagne
en raison d’un épandage de pesticides, a pu
développer son exploitation dans « la sécurité
d’un environnement urbain ».
Il n’y a, généralement, pas de plainte des
habitants contre les apiculteurs, sauf si le
nombre de ruches devient trop important dans
20
un jardin et cause alors une gêne aux voisins.
Ceux-ci tirent d’ailleurs également un bénéfice
de la présence des abeilles lorsqu’ils ont des
plantes à polliniser. Les voisins sont parfois très
intéressés ; ainsi, certains mettent une coupelle
d’eau sur le rebord de leur fenêtre pour observer
les abeilles qui viennent s’y abreuver.
Voir aussi :
http://www.cityfarmer.org/VancBees.html
Toronto
Un programme d’apiculture urbaine a été initié
en 2001 par la coopérative apicole de Toronto,
en collaboration avec une association,
FoodShare, elle-même subventionnée par une
ONG américaine Heifer International. Ce projet
d’agriculture urbaine apporte de nombreux
bénéfices à la communauté. D’abord par la
production de miel, mais aussi grâce à l’activité
pollinisatrice des abeilles, qui s’exerce dans les
jardins urbains et qui entraîne une amélioration
de la production de fruits et de végétaux. Par
ailleurs, les abeilles pollinisent également
des plantes non-alimentaires, ce qui contribue,
globalement, à l’augmentation de la biodiversité
dans les villes, puisque ces plantes constituent
des abris et des sources de nourriture pour la
faune sauvage. Ce projet présente également
une composante éducative, qui permet de sensibiliser les habitants à l’écologie urbaine, ainsi
qu’à l’opportunité de produire de la nourriture en
ville. D’ailleurs, d’autres associations de Toronto
ont saisi l’opportunité pour installer, à leur tour,
des ruches en différents endroits, en particulier
sur des toits d’immeubles.
Cet aspect éducatif semble également avoir
permis à des jeunes marginalisés de trouver un
centre d’intérêt (l’apiculture) ayant une influence
positive sur leur développement personnel.
GRANDE-BRETAGNE
Londres, Newcastle,…
Un véritable engouement a saisi les citadins
anglais pour l’apiculture. A Londres, des ruches
sont apparues sur le toit de la banque
d’Angleterre et sur celui de l’épicerie de la reine
à Piccadilly. Alors qu’autrefois cette activité
semblait plutôt être le fait de curés ou de gardebarrières, elle est maintenant pratiquée par une
grande variété d’habitants, en particulier dans
les milieux artistiques et aisés (banquiers,
avocats d’affaires), pour qui elle est une réaction
contre le style de vie imposé par leurs conditions
de travail. Certains pensent que « pour les
citadins, il n’y a pas de meilleur moyen pour
retrouver la nature que de posséder une ruche ».
San Francisco
Il y a également de nombreuses ruches dans
cette ville, mais elles sont en général peu
visibles, tant les apiculteurs ne souhaitent pas
être repérés. D’après certains témoignages, les
colonies ne se seraient pas effondrées dans
ce milieu urbain, alors qu’ailleurs aux USA de
nombreuses colonies sont mortes. Il s’agit,
principalement d’une apiculture de loisir, propice
à l’observation du comportement des abeilles.
Ainsi, comme en témoigne une apicultrice :
« chaque matin, en prenant mon café sur mon
balcon, je les regarde travailler, et c’est tout
simplement fascinant ».
Lexington
Bien que l’état du Massachusetts n’interdise pas
l’apiculture dans les villes, certains apiculteurs
urbains préfèrent néanmoins cacher leurs
ruches ou les peindre en marron ou vert foncé,
voire les dissimuler derrière des plants de
tomates. Mais le meilleur moyen pour faire
accepter ses ruches par ses voisins est encore
de leur donner un pot de miel accompagné d’une
brochure dans laquelle on explique pourquoi les
abeilles sont utiles à l’environnement.
Voir aussi :
http://www.beekeeping.com/articles/us/taste_h
oney.htm
L’APICULTURE URBAINE EN FRANCE
L’apiculture urbaine se développe actuellement
un peu partout en France, mais sa présence dans
les villes, et en particulier à Paris, est ancienne.
PARIS ET ALENTOURS
La Société Centrale d'Apiculture
Située au 41 rue Pernety (Paris 14ème), la Société
Centrale d'Apiculture (SCA), a été créée en 1856,
et c’est la plus ancienne de France et la
deuxième dans le monde. Son premier objectif
était la lutte contre la pratique de l'étouffement
(méthode de récolte des abeilles en les
asphyxiant, interdite depuis par la loi de 1941)
qui sévissait à cette époque sur tout le territoire.
Dès cette époque, elle a organisé ses premiers
cours d'apiculture, qui se sont poursuivis sans
interruption jusqu'à aujourd'hui, au Jardin du
Luxembourg (Paris, 5ème). Ceux-ci ont permis
de faire découvrir l'abeille et l'apiculture à
plusieurs dizaines de milliers d'intéressés. La
SCA possède également un rucher pédagogique,
situé dans le Parc Georges Brassens (Paris,
LE BIODIVERSITAIRE
USA
New-York
Des ruches sont présentes sur des terrasses à
Manhattan, Brooklyn et dans le Bronx, quoique
cette activité soit illégale selon le code de santé
établi par la ville, en raison en particulier, des
risques d’accidents allergiques pour certains
habitants. Mais comme le dit une apicultrice :
« Si des gens sont allergiques aux abeilles, ils ne
doivent pas devenir apiculteurs, mais cela ne
veut pas dire que d’autres personnes ne peuvent
pas le devenir ; et puis, ce n’est pas parce
que certaines personnes sont allergiques aux
cacahuètes qu’on doit en interdire la vente ». Par
exemple, la récolte annuelle de miel dans le
quartier du Bronx est de l’ordre de 90 kg par
ruche.
Voir aussi :
http://www.cityfarmer.org/beekeepNY.html
AUSTRALIE
Etat du Queensland
Finalement, pour achever ce rapide tour du
monde, il est intéressant de se rendre en Australie,
où un code de bonne pratique de l’apiculture
urbaine a été rédigé. Celui-ci, qui préconise
des règles de bon sens, pourrait, d’ailleurs, être
généralisé à l’ensemble des villes du monde.
• La densité des ruches dans les jardins doit
être adaptée à la surface de ceux-ci. Elle varie
de 0 (moins de 400 m2), 2 (400-1000 m2), 5
(1000-2000 m2) à 10 (2000-4000 m2).
• Un emplacement correct des ruches est la
règle de base à respecter en milieu urbain.
Celles-ci ne doivent pas être placées contre les
propriétés voisines, sauf s’il existe une palissade
ou une haie impénétrable d’au moins 2 m de
haut. Elles ne doivent pas non plus être placées
à proximité d’une route, d’un chemin ou d’un
parc. L’entrée des ruches doit être disposée
de telle sorte que les abeilles traversent la
propriété de l’apiculteur lors de leurs vols
aller-retour.
• Tout doit être fait pour éviter les essaimages,
ainsi que le pillage des colonies qui survient en
fin de saison apicole (des techniques existent).
• Les apiculteurs doivent disposer d’abreuvoirs à eau dans leur propriété de façon à ce que
les abeilles s’y rendent préférentiellement plutôt
que d’aller chez les voisins.
Voir aussi :
http://www.honeybee.com.au/cop/
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
Une ruche urbaine produit environ 30 kg de miel
par an, ce qui est le double des régions rurales.
Une bonne partie de ce miel est distribué aux
voisins, ce qui renforce le lien social.
Voir aussi :
http://www.bees-online.com/CityRoof.htm
http://www.lbka.org.uk/
21
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
15ème), ayant pour but principal de favoriser,
notamment chez les enfants, la connaissance
des abeilles et de l’apiculture.
Voir aussi :
http://www.la-sca.net/societe/historique/history_01.html
Les abeilles à l’Opéra de Paris
Ce « petit » rucher (3 ruches) est très célèbre,
puisqu’il a fait l’objet de nombreux reportages,
rendus encore plus attachants par la sympathie
qui émane de l’apiculteur qui l’a crée, Jean
Paucton, ancien accessoiriste de l’Opéra de
Paris. Les abeilles du toit de l’Opéra vont butiner
dans les parcs publics de Paris et les jardins
privés, produisant un excellent miel multifloral.
Une ruche à la Bastille
Dans le cadre de l’opération "L'abeille, sentinelle
de l'environnement" organisée par l’UNAF (voir
plus loin), une ruche a été installée en 2005 dans
le bureau du directeur d’une grande agence
de communication (Anatome) située dans le
quartier de la Bastille. La récolte de miel a été,
en 2007, d’environ 100 kg. « J'aime bien les
observer et m'interroger sur l'origine de leurs
petites pelotes de pollens colorés, tout en passant des communications téléphoniques très
sérieuses », confie Henri Meynadier, son
directeur.
Voir aussi :
http://www.unaf-apiculture.info
Les abeilles à Saint-Denis
À travers le terme générique de "Pollinisation de
la ville" Olivier DARNÉ, plasticien et apiculteur
urbain, met en chantier depuis plusieurs années
un travail de recherche transdisciplinaire portant
sur la ville. « Pur produit du “9-3”, je ne me
considère pas comme en deuil de campagne».
Créateur du parti poétique, il affirme : « La croissance étant devenue le moteur du monde et l'appauvrissement des ressources, une conséquence irréversible, nous avançons joyeusement
et fatalement dans le mur. C'est peut-être à
chacun d'entre nous de fabriquer des freins pour
remettre à plus tard ce jour promis où les
hommes, avec le sourire, s'écraseront lamentablement contre le mur que, quotidiennement, ils
construisent devant eux. Courage restons !
Freinons. »
Ses ruches installées sur le toit de la Mairie de
Saint-Denis (93) produisent le «Miel Béton».
« Ce miel est une image. Image gustative d’un
paysage urbain. Un miel de pays. Nectar urbain,
riche et complexe à l'échelle de la complexité
culturelle de la ville, le «Miel Béton» nous parle
22
de la ville et nous la donne à goûter ».
Multi-médaillé depuis 2001 au Concours
Régional Agricole, ce miel est en vente à l'office
de tourisme de Saint-Denis.
Voir aussi :
http://www.parti-poetique.org/partipoetique2.html
Autres ruchers
D’autres ruchers sont présents sur des toits,
des balcons ou dans des jardins à Paris. Par
exemple, un rucher-école, géré par le Syndicat
National d’Apiculture (SNA), et comportant plus
d’une dizaine de ruches existe depuis de très
nombreuses années dans le bois de Vincennes.
Voir aussi :
http://apisite.online.fr/paris2.htm
Le projet "L'abeille, sentinelle
de l'environnement"
L'Union Nationale de l’Apiculture Française
(UNAF) a mis en œuvre un projet national consistant à sensibiliser les français au rôle majeur de
l'abeille comme sentinelle de l'environnement.
L’UNAF a fait le constat que « Même si cela peut
paraître paradoxal, les colonies d'abeilles vivent
aujourd'hui mieux en ville que dans les campagnes en raison de l'absence de traitements
phytosanitaires agricoles, d'une température
légèrement supérieure et d'un enchaînement de
floraisons souvent plus régulier. En France,
le nombre de ruches diminue inexorablement et
2 000 à 3 000 apiculteurs cessent leur activité
chaque année. Dans de très nombreuses
régions, l'avenir des abeilles est en péril. » Afin
de rapprocher l'abeille des citadins, des colonies
d'abeilles sont disposées sur des bâtiments
publics ou privés, ce qui constitue un vecteur de
communication majeur tant pour les apiculteurs
que pour les collectivités ou les entreprises
impliquées.
Pour donner à cet événement un caractère
"grand public" et optimiser l'outil de communication qu'il génère, l'UNAF organise divers
évènements, tels que : l’organisation de conférences, d'expositions, d'animations en direction
des scolaires ou du grand public lors de l'installation ou de la récolte des ruches, et par la suite.
Le 1er partenaire de l’opération fut la région
Languedoc-Roussillon, qui a installé 6 ruches
sur le toit de l’Hôtel de la Région à Montpellier en
2005. Elle a été suivie par la ville de Nantes,
où un rucher a été installé sur le toit du Théâtre
Graslin, en centre-ville. En fait, depuis longtemps, des ruchers ont été installés dans les
principaux parcs de la ville. Un apiculteur, Loïc
Leray, déclare « J'entretiens des ruches en ville
LE BIODIVERSITAIRE
ville de Besançon, le restaurant Michel BRAS,
etc…
Voir aussi :
http://www.unaf-apiculture.info
Il faut néanmoins souhaiter que l’enthousiasme
des apiculteurs urbains, soit à nouveau rapidement partagé par les apiculteurs ruraux. Que les
abeilles de ceux-ci puissent rapidement bénéficier d’une amélioration de la qualité de l’environnement avec, en particulier, une réduction de la
quantité de pesticides utilisés, et des pratiques
agricoles qui respectent mieux les abeilles, celles qui vivent en ruches, mais aussi tous les
autres pollinisateurs sauvages.■
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
depuis 20 ans ! Avant il n'y avait pas de différence
entre les productions urbaines et celles de la
campagne, mais depuis l'apparition des pesticides, on assiste à une dégradation des ruchers en
milieu rural. En ville, la production de miel est
devenue largement supérieure à celle de la campagne ; il n'y a pas non plus de mortalité d'abeilles l'hiver. » Ce dernier point est confirmé par
une étude des Services Vétérinaires.
De nombreux partenaires ont maintenant
rejoints l’opération « Abeille, Sentinelle de
l’environnement » : la ville de Lille, le Conseil
général des Pyrénées-Orientales, la ville de
Martigues, le Conseil régional Rhône-Alpes, la
23
24
Sébastien FILOCHE
Conservatoire Botanique National du
Bassin Parisien
UMS ISB - Case postale 53
61 Rue Buffon
75005 Paris
Tél. 01 40 79 56 47
E-mail : [email protected]
Nicolas BOREL
Conservatoire Botanique National de
Bailleul
Hameau de Haendries
59270 Bailleul
Tél. 03 28 49 93 07
E-mail : [email protected]
LES ESPÈCES VÉGÉTALES INVASIVES : EXEMPLE DES JUSSIES
S.FILOCHE, CBNBP-MNHN
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
LE BIODIVERSITAIRE
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
Figure 1 : Jussie invasive
DESCRIPTION
Les Jussies sont des plantes aquatiques fixées et
amphibies utilisées pour l’ornement des plans
d’eau. Elles sont représentées en France par deux
espèces qui se sont largement naturalisées :
la Jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora
(Michaux) Greuter et Burdet) et la Jussie faussepéplide (Ludwigia peploides (Kunth) P.H. Raven).
Ces deux plantes se développent au printemps
sur les berges des cours d’eau et des étangs où
elles se sont enracinées. A partir des rosettes de
feuilles qui flottent à la surface de l’eau, elles
vont développer des tiges traçantes et des
racines entourées de tissus aérifères à l’aspect
cotonneux, leur permettant de flotter à la
surface de l’eau. Depuis le mois de mai jusqu’en
octobre, des rameaux érigés à pilosité plus
importante vont croître et donner naissance à
de grandes fleurs à cinq pétales, jaune vif.
Au cours de l’hiver, la plante va subsister grâce
à ses tiges enfouies dans le substrat, qui se
développeront à nouveau au printemps suivant.
NB : A noter qu’une autre espèce, indigène en
France, la Ludwigie des marais (Ludwigia palus-
RISQUE DE CONFUSION ET
HYBRIDES
L.BOUDIN, MNHN
S.BELLANFANT, CBNBP-MNHN
ÉCOLOGIE DES ESPÈCES
Ces deux espèces sont assez
Les Jussies se développent dans
proches morphologiquement. Une
une gamme de milieux aquatiétude approfondie des feuilles
ques très divers. Elles sont partisupérieures des rameaux fleuris
culièrement bien adaptées aux
et des stipules permet de les
eaux stagnantes à faiblement
distinguer. L. grandiflora a des
courantes. On trouve les Jussies
feuilles qui se prolongent progresdans les étangs, les plans d’eau,
sivement sur le pétiole, lui donnant
Figure 2 : Ludwigia grandiflora
les canaux, les cours d’eau et les
un aspect lancéolé et des stipules
rivières à étiages sévères, les bras morts…
de forme oblongues et aigues aux extrémités,
Elles sont également tolérantes à de nombreux
alors que L. peploides a des feuilles qui se
substrats (vases, sables, tourbes, graviers…) et
terminent brusquement sur le pétiole, lui
préfèrent les expositions ensoleillées et les berdonnant un aspect oblong et des stipules arrondi
ges à pente nulle à faible. Elles prolifèrent majo(en forme de rein). D’autres critères de discrimiritairement dans des eaux eutrophes. Elles supnation entre les deux espèces existent mais ils
portent également de grandes variations thermisont moins aisés à observer.
ques ainsi que le gel grâce à l’enfouissement de
leurs tiges radicantes dans le substrat.
Lorsque les Jussies sont fleuries, il y a peu de
risques de confusions avec d’autres plantes
REPRODUCTION ET
aquatiques. A l’état végétatif, les feuilles flottantes à la surface de l’eau sont généralement assez
MODE DE PROPAGATION
caractéristiques : vert franc, sans poils et très
Les Jussies peuvent se reproduire de façon
luisantes, ce qui permet leur distinction des
sexuée et asexuée. Le mode de reproduction
autres espèces aquatiques.
majoritaire est le bouturage. Les tiges et rosettes de feuilles flottantes sont fréquemment
Ces deux espèces semblent capables de s’hybrisectionnées par les activités humaines (faucarder (pollen de L. grandiflora en contact avec le
dage, passage de barques), la faune sauvage ou
stigmate de L. peploides).
le courant. Les fragments ainsi produits sont
capables de se bouturer en s’enracinant sur une
berge et de reformer alors une plante entière.
RÉPARTITION
La reproduction sexuée est importante chez
Ces deux Jussies sont principalement originaires
L. peploides qui forme des fruits et des
d’Amérique du Sud. En Europe, elles se sont pargraines parfaitement viables. A l’inverse,
ticulièrement naturalisées en France, du fait de
L. grandiflora ne produit que très rarement des
leur implantation massive comme plante d’ornegraines capables de germer. En automne,
ment. On les trouve principalement sur le pourles tiges mortes sont
tour méditerranéen, la façade ouest de la
sectionnées et emporFrance, ainsi que dans les grandes vallées de la
tées par le courant avec
Loire, l’Allier, la Somme, la Seine...
les fruits qui dissémineEn Île-de-France, les populations semblent heuront les graines sur
reusement restreintes et localisées dans les
d’autres rives.
étangs et bassins de la petite couronne pariMalgré les capacités
sienne, même si quelques populations ont été
des Jussies à se dissésignalées dans des étangs des Yvelines et de la
miner dans les milieux
Seine-et-Marne. Elles sont pour la plupart
naturels, le principal
représentées par la Jussie à grandes fleurs,
facteur de propagation
mais une étude approfondie des populations
de cette espèce est son
semble nécessaire pour différencier les deux
utilisation
comme
espèces sur notre territoire.
plante ornementale. En
effet, elle fût pendant de
LE BIODIVERSITAIRE
En Seine-Saint-Denis, les populations de Jussies, restreintes à
quelques étangs de parc, sont
contenues par des arrachages
périodiques.
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
tris (L.) Elliott) peut aussi être
observée dans des mares mésotrophes plutôt acides.
Figure 3 : Ludwigia grandiflora
25
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
nombreuses années largement commercialisée
et diffusée comme plante de bassin. En 2007, un
arrêté ministériel interdisant la commercialisation et la diffusion des Jussies a été publié.
Les Jussies invasives forment des populations
denses et étendues. La formation de nombreuses tiges traçantes et leur capacité de reproduction végétative élevée à partir de fragments de
tiges de quelques centimètres permettent à ces
deux espèces de coloniser rapidement les
milieux dans lesquels elles ont été introduites.
IMPACTS
La formation de peuplements monospécifiques
de Jussies entraîne une gêne dans l’écoulement
des eaux, accélère le comblement des milieux
aquatiques, notamment des mares, et contribue
à la disparition de plantes indigènes, pour certaines à forte valeur patrimoniale. Elles peuvent
également nuire aux activités récréatives liées
aux milieux aquatiques comme la pêche et la
navigation en général.
GESTION DES POPULATIONS
L.BOUDIN, MNHN
La gestion proposée ici est orientée
au contexte « mare et étang ». Dans
un autre type d’écosystème aquatique, d’autres propositions de gestion
pourraient s’avérer plus pertinentes.
Dans les mares et les étangs, les
conditions sont optimales pour l’installation et le développement des
Figure 4 : Ludwigia Jussies : eau stagnante, pente douce
peploides
bien ensoleillée, faible niveau d’eau…
Dans ces écosystèmes de petite surface, les
Jussies peuvent rapidement envahir tout le plan
d’eau.
Seule l’intervention manuelle semble appropriée
pour gérer l’espèce. Des interventions mécaniques seraient particulièrement mal adaptées et
L.BOUDIN, MNHN
ASPECT DES POPULATIONS
ET SOCIABILITÉ
Figure 5 : Ludwigia peploides
l’utilisation de produits chimiques quasiment
inefficace et dommageable pour l’ensemble de
la mare. Des arrachages répétés dans l’année
doivent donc être menés. Ils visent à retirer
l’ensemble de la plante (comprenant les tiges
enfouies dans le substrat). Au moins deux
interventions sont souhaitables, une en juin/
juillet et une en septembre/octobre.
L’intervention peut être réalisée depuis les
berges ou si nécessaire en barque. Les résidus
ne doivent pas être déposés à proximité de la
mare. Dans l’idéal, il faut les mettre dans des
sacs étanches et ensuite les stocker sur des
zones sèches pour ressuyage et brûlage. Une
fois l’arrachage réalisé, il convient de repasser
pour récupérer les boutures oubliées sur les
bords de la mare et les rosettes flottant à la
surface de l’eau.
Il faut rappeler que les interventions qui sont
réalisées sans précautions, c'est-à-dire en
laissant des fragments de plante (boutures) sur
le site géré, sont souvent vouées à l’échec
puisque ces interventions ne font que disséminer
un peu plus les Jussies.
Il est important de signaler qu’il convient de
suivre, plusieurs années après les travaux, la
repousse des Jussies même si l’opération sur le
moment s’avère satisfaisante.■
BIBLIOGRAPHIE
26
• ANTONETTI P., BRUGEL E., KESSLER F., BARBE J.-P. et TORT M., 2006. Atlas de la flore d'Auvergne
- Conservatoire botanique national du Massif central. 984 p.
• BOUDIN L., CORDIER J. et MORET J., 2007. Atlas de la flore remarquable du Val de Loire, entre le bec
d'Allier et le bec de Vienne. Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. 464 p.
• LAMBINON J., DELVOSALLE L., DUVIGNEAUD J., 1973, cinquième édition 2004. Nouvelle flore de la
Belgique, du Grand-Duché du Luxembourg, du nord de la France et des régions voisines. Editions du
Patrimoine du Jardin botanique national de Belgique, Meise. CXXX + 1167 p.
• MULLER S. (coord.), 2004. Plantes invasives en France. Collection Patrimoines naturels, 62. Muséum
national d'Histoire naturelle, Paris. 168 p.
Guillaume EYSSARTIER
Société mycologique de France
Île-de-France
20, rue Rottembourg
75012 Paris
Tél. 01 44 67 96 90
E-mail : [email protected]
G.EYSSARTIER, SMF
LES CHAMPIGNONS : DES ALLIÉS VITAUX POUR LA FORÊT
Figure 1 : Le Marasme des Oréades (Marasmius oreades) est un saprophyte bien connu des gastronomes.
INTRODUCTION
Les champignons sont souvent encore considérés, malgré le progrès de connaissances
aujourd’hui largement vulgarisées (voir notamment, de G. LECOINTRE et H. LE GUYADER,
Classification phylogénétique du vivant. Ed.
Belin, 2001), comme des êtres vivants un peu
particuliers et assez marginaux, peu diversifiés,
au pire comme des « végétaux non chlorophylliens ».
Ils forment en fait un règne à part, le règne
fongique, qui comprend au moins 1 500 000
espèces, soit six fois plus que les végétaux. Nous
ne connaissons, aujourd’hui, que 5 à 10 % de
cette diversité…
Il n’est aujourd’hui pas encore évident pour tout
le monde, y compris pour les principaux connaisseurs de la vie forestière, d’accepter le fait que
les champignons sont essentiels à la vie de la
forêt. Il est même fort probable qu’ils soient
à l’origine de la formidable expansion des
végétaux en milieu terrestre, il y a de cela
quelques 450 millions d’années.
ROLE DANS L’ECOSYSTEME
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
LE BIODIVERSITAIRE
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
Les différents modes de vie des champignons
Les champignons étant hétérotrophes, ils utilisent de la matière organique déjà formée.
Au cours de l’évolution, ces organismes ont
développé plusieurs modes de vie :
• Saprophytisme : ce mode de vie semble
prédominer dans les différents groupes de
27
G.EYSSARTIER, SMF
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
Figure 2 : Les feuilles de cet érable sont couvertes par le
mycélium d’un champignon, Uncinula tulasnei.
champignons, qui se nourrissent alors de
matière organique en décomposition. Différents
saprophytismes peuvent être distingués : les
champignons coprophiles poussent sur
le fumier, les crottins et autres déjections, les
foliicoles décomposent les feuilles, les lignicoles
le bois, les herbicoles l’herbe, les fungicoles
d’autres champignons, les pyrophiles ne se
développent qu’aux endroits brûlés, etc. ;
• Parasitisme : les champignons vont cette fois
s’implanter sur des êtres vivants qu’ils vont faire
dépérir ou, tout du moins, dont ils vont accélérer
le dépérissement. On sait aujourd’hui que
les parasites, notamment en accélérant le
renouvellement des générations et en favorisant
l’augmentation de la biodiversité — parasites
spécialisés —, jouent un rôle très important
de structuration des communautés dans les
écosystèmes ;
• Symbiose : cette association à bénéfices
réciproques entre deux ou plusieurs êtres
vivants revêt chez les champignons des aspects
variés et étonnants. Depuis les champignons
cultivés par certains insectes — termites
du genre Macrothermes, fourmis du genre Atta
— jusqu’aux mycorhizes en passant par les
lichens, on comprend pourquoi les champignons
sont considérés comme les « champions de la
symbiose »
Les plantes n’auraient pas colonisé le milieu
terrestre sans les champig
gnons
Les premiers eucaryotes primitifs sont apparus
sur Terre il y a environ 3,2 milliards d’années, et
ils ont vécus en milieu aquatique durant un bon
milliard d’années avant de se risquer sur la terre
28
ferme. Les premiers organismes photosynthétiques à quitter le milieu aquatique, qui n’étaient
alors qu’unicellulaires, avaient en effet de
nombreux problèmes à résoudre : l’alimentation
en eau devenait subitement problématique, les
ultraviolets — pourtant atténués avec la mise en
place de la couche d’ozone depuis l’apparition de
la photosynthèse — étaient toxiques, et les
écarts de température bien difficiles à gérer.
Les premiers champignons primitifs sont connus
dès le début de l’ère primaire — environ 570
millions d’années —, et cohabitaient avec des
algues et des cyanobactéries, partenaires
habituels des associations lichéniques : il est
donc possible que les lichens aient été présents
sur Terre à cette période, et même peut-être
avant puisque certains scientifiques imaginent
qu’ils étaient déjà présents il y a un milliard
d’années. Un lichen, constitué d’une association
entre un champignon primitif et une bactérie
photosynthétique (ou cyanobactérie), a été décrit
et daté du Dévonien inférieur : il vivait sur la
terre ferme il y a environ 400 millions d’années.
La célébrissime flore silicifiée de Rhynie,
en Ecosse, est datée de 400 millions d’années :
les racines des plantes qui la composent sont
associées avec des champignons, selon une
architecture cellulaire tout à fait comparable à
celle que l’on observe aujourd’hui sur certains
types de mycorhizes.
De nombreux arguments plaident donc
aujourd’hui en faveur d’une diversification
simultanée des champignons endomycorhiziens
et des végétaux terrestres. Au cours de l’évolution, les climats terriens allant en se modifiant
et passant, notamment, des climats chauds
majoritaires durant les ères primaires et
secondaires à des climats tempérés ou froids,
les plantes ont du s’adapter. Cela a entraîné une
adaptation conjointe du partenaire fongique,
et les ectomycorhizes — voir plus loin — sont
alors apparues, probablement il y a environ
140 millions d’années : cette nouvelle association
a très probablement permis, à la même période,
la formidable radiation des plantes à fleurs, les
Angiospermes. Il est possible, d’ailleurs, que ce
type de mycorhize soit apparu plusieurs fois de
façon indépendante au cours de l’évolution, ce qui
expliquerait que les partenaires fongiques
appartiennent à des groupes des champignons
évolutivement éloignés.
Les différents types d’associations mycorhiziennes
Le terme mycorhize désigne l’association
symbiotique entre le mycélium d’un champignon
et les racines d’une plante. Le mycélium ne
s’associe pas toujours de la même façon aux
Les endomycorhizes éricoïdes forment des
pelotons qui ressemblent un peu aux arbuscules
des endomycorhizes VA, mais jamais de vésicules.
Elles sont caractéristiques de nombreuses
Ericacées (genre Calluna, Erica, Vaccinium, etc.).
Les endomycorhizes des orchidées : comme
plus de 90 % des végétaux, les orchidées sont
mycorhizées. Mais les champignons sont aussi
nécessaires à la germination de la graine.
Les graines des orchidées sont souvent minuscules — penser aux graines de la vanille — et ne
contiennent pas de réserves. Qui plus est, ces
graines ne renferment même pas de plantule
composée d’une amorce de racine, de tige et de
feuilles comme dans les autres plantes à fleurs,
mais simplement un massif de quelques cellules
indifférenciées…
Pour que cette graine germe et pousse dans de
bonnes conditions, un champignon doit pénétrer
dans la graine, apporter des nutriments et
induire la multiplication et la différenciation
des cellules de l’orchidée, probablement en lui
fournissant des hormones. La graine va alors
produire un embryon nommé protocorme, qui va
devenir progressivement chlorophyllien, et qui va
différencier les futurs organes de la plante
adulte, parfois en plusieurs années, souvent
sous terre.
En ce qui concerne les mycorhizes, les filaments
fongiques pénètrent dans les premières couches
de cellules de la racine — le parenchyme cortical
—, plus rarement dans celles d’autres organes
souterrains comme les rhizomes (chez les
G.EYSSARTIER, SMF
Les endomycorhizes VA est le type mycorhizien
le plus répandu, bien qu’elles soient inégalement
réparties à la surface du globe. Les champignons
associés sont microscopiques. Les plantes qui
possèdent ce type de mycorhizes sont variées,
depuis les plantes herbacées (maïs, tabac,
tomate, blé, etc.) jusqu’aux végétaux ligneux (if,
érable, merisier, frêne, peuplier, eucalyptus,
etc.), en passant par les fougères et certaines
hépatiques (on parle alors, étant donné que ces
végétaux n’ont pas de racines, de mycothalle).
Figure 3 : L’Amanite phalloïde (Amanita phalloides), un
champignon ectomycorhizien redoutable car mortel.
LES ECTOMYCORHIZES : le mycélium ne pénètre
pas dans les cellules de la plante.
Le mycélium du champignon forme cette fois un
manchon dense autour de la racine, nommé
manteau, et pénètre entre les cellules en
formant un réseau nommé réseau de Hartig.
De très nombreux arbres, dans nos régions
tempérées, et souvent même des familles
entières, forment ce type de mycorhizes (essentiellement Pinacées, Fagacées, Tiliacées,
Abiétacées, Ulmacées et Salicacées, mais aussi
Myrtacées). Souvent, ces arbres possèdent à la
fois des endo- et des ectomycorhizes.
LES ECTENDOMYCORHIZES : ces mycorhizes,
comme leur nom l’indique, associent des
caractères des endo- et des ectomycorhizes.
Elles forment un réseau de Hartig, mais pénètrent aussi dans les cellules du partenaire.
Les mycorhizes arbutoïdes, présentes chez
l’Arbousier (Arbutus unedo), mais aussi chez
les Arctostaphylos, et les mycorhizes monotropoïdes, typiques du Monotrope suce-pin
(Monotropa hypopitys, voir page précédente)
LE BIODIVERSITAIRE
LES ENDOMYCORHIZES : le mycélium pénètre
dans les cellules de la plante.
Il existe trois grands type d’endomycorhizes : les
endomycorhizes à vésicules et arbuscules
(souvent notées « VA »), les endomycorhizes
éricoïdes, et les endomycorhizes des orchidées.
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
Corallorrhiza) ou les tubercules (chez les
Spiranthes). Dans nos régions tempérées, les
espèces à tubercules semblent plus mycorhizées
que celles à rhizomes. Singularité des orchidées,
les filaments fongiques forment dans les cellules
qu’ils pénètrent des « pelotons » tout à fait
remarquables, qui ont donné leur nom à ces
mycorhizes. De plus, ces pelotons ne persistent
que quelques jours dans les cellules, et sont vite
digérés par des réactions cellulaires complexes
dont le sens biologique est mal connu : seuls les
pelotons âgés sont peut-être attaqués, ou bien
s’agit-il d’une réaction de défense de la plante
limitant l’invasion du champignon.
cellules végétales, et ceci définit différents types
de mycorhizes, reliés à différentes catégories de
plantes.
29
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
mais aussi des Pyrola, en sont deux exemples
traditionnels.
Qu’échangent les partenaires ?
G.EYSSARTIER, SMF
• Du champignon vers la plante :
Eléments minéraux : les racines explorent un
volume de sol relativement défini et délimité.
Les hyphes mycéliennes qui leurs sont associées,
en progressant dans le sol, absorbent les
éléments minéraux qui sont alors transportés
vers la racine. Certains de ces éléments sont peu
mobiles (phosphate, potassium, etc.) voire
complètement immobiles car adsorbés sur les
particules du sol (ammonium, etc.), ou encore,
dans le cas de l’azote, existent sous des formes
généralement mal utilisées par les végétaux
supérieurs comme les acides aminés, les
peptides et les protéines. Ce phénomène de non
disponibilité immédiate de ces éléments pour la
racine est très important car, sans le mycélium
et ses capacités d’expansion, il se formerait vite
autour de la racine une zone dramatiquement
carencée en éléments minéraux, et l’alimentation de la racine serait alors dépendante de la
vitesse de migration, dans le sol, des différents
minéraux. La vitesse de transport de ces
éléments dans le mycélium étant plus élevée
que celle résultant de la simple migration
« passive » elle permet, couplée aux capacités
d’expansion mycélienne très supérieure à celles
des racines, un approvisionnement normal des
plantes.
Eau : les champignons forment de longues
structures mycéliennes nommées « rhizomorphes », sorte de longs tuyaux peu cloisonnés
et bien adaptés au mouvement de l’eau. Ils
permettent non seulement de transporter
de l’eau — et des solutés — sur de longues
distances, mais assurent aussi des relations
entres des plantes différentes. Ainsi, les plantes
mycorhizées résistent beaucoup mieux aux
différents stress hydriques.
Développement des racines : les champignons
produisent plusieurs types d’hormones végétales (phytohormones), et notamment de l’auxine
qui stimule le développement des racines, ce qui
augmente le volume d’absorption racinaire.
Protection des racines : le champignon, en
formant un manchon nommé « manteau »
autour de la racine, constitue aussi une barrière
mécanique vis-à-vis de certains micro-organismes, notamment pathogènes. En outre, il libère
dans le milieu des inhibiteurs de développement
ainsi que des antibiotiques qui protègent la
plante associée, et des sucres tels que l’arabitol
ou le mannitol qui permettent aux racines de
mieux résister au gel.
Figure 4 : Les lichens (ici un Cladonia) sont des champignons associés avec des algues microscopiques.
30
• De la plante vers le champignon :
Substances carbonées : tous les champignons
sont hétérotrophes pour le carbone, et doivent
donc utiliser des substances organiques
préformées. La plante-hôte fournit alors au
champignon des sucres (saccharose, glucose et
fructose), parfois des protéines et d’autres
molécules telles que des polysaccharides
comme la cellulose ou la lignine. Cet échange ne
se fait que dans la zone d’élongation de la racine,
là où la mise en place de la symbiose se réalise.
CONCLUSION
Les champignons sont donc loin d’être ces
organismes simples que les gens imaginent
souvent. Les relations extrêmement complexes
et variées qu’ils entretiennent avec les autres
organismes, et notamment avec les plantes, font
d’eux une véritable clé de voûte pour la compréhension des écosystèmes, bien évidemment
forestiers, mais pas seulement. Songeons
par exemple que des chercheurs ont trouvé
il y a quelques années que certaines algues
régulièrement exondées en raison de leur
habitat dans la zone de balancement des marées
se déshydratent très peu simplement parce
qu’elles sont associées avec… des champignons !
Les champignons n’ont sans doute pas fini de
livrer tous leurs secrets.■
LE BIODIVERSITAIRE
Développement des jeunes arbres : dans une
forêt, les jeunes arbres poussant à l’ombre de
leurs parents ne reçoivent pas assez de lumière
pour que leur photosynthèse soit suffisamment
active. Les ectomycorhizes et leur mycélium
externe se propageant dans le sol constituent un
véritable réseau reliant les arbres entre eux au
niveau de leur système racinaire, et constituent
ainsi de véritables ponts fongiques. Les jeunes
plants reçoivent ainsi une partie des produits de
la photosynthèse de leurs parents.
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
G.EYSSARTIER, SMF
Figure 5 : Le Monotrope suce-pin (Monotropa hypopythis),
plante non chlorophyllienne à ectendomycorhizes.
• Un cas particulier entre champignons
et orchidées :
Les espèces d’orchidées non chlorophylliennes
(Neottia, Corallorrhiza, etc.), et donc hétérotrophes, reçoivent du carbone de leur champignon
associé : elles sont dites mycohétérotrophes. Cet
échange a lieu aussi au niveau du protocorme,
qui n’est pas chlorophyllien, et qui profite aussi
peut-être de certaines hormones et facteurs de
croissance fournis par le champignon. Par
contre, chez certaines orchidées, ce transfert
diminue beaucoup voire cesse parfois lorsque la
plante commence la photosynthèse.
La plupart du temps, la plante adulte peut
fournir du carbone au champignon — mais cela
n’a été établi que chez Goodyera repens.
Il semble que dans bien des cas, la plante soit
assez ingrate, et donne peu ou pas de carbone.
Chez les orchidées, pourtant vertes et donc
photosynthétiques, associées à des champignons ectomycorhiziens, donc déjà en relation
avec des arbres environnants, certains auteurs
ont démontré le transfert de substances
carbonées entre l’arbre et l’orchidée par
l’intermédiaire du « pont fongique » formé par le
champignon. C’est le cas, par exemple,
des espèces des genres Cephalanthera
ou Epipactis, qui semblent donc recevoir des
substances carbonées à la fois de la photosynthèse et du champignon (et par conséquent des
arbres auxquels le champignon est secondairement associé), et qui peuvent ainsi s’installer
dans des milieux forestiers peu éclairés.
31
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
LE BIODIVERSITAIRE
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
32
Catherine MAURISSON et Antoine ROULET
Conseil général de la Seine-Saint-Denis
Direction des Espaces Verts
Bureau Recherches et Développement
Hôtel du Département
93006 Bobigny Cedex
Tél. 01 43 93 41 98
E-mail : [email protected]
Audrey MURATET
UMR 7204 Conservation des Espèces,
Restauration et Suivi des Populations
Muséum national d'histoire naturelle
55, rue Buffon
75005 Paris
Tél. 01 40 79 57 63
E-mail : [email protected]
CORRIDORS ÉCOLOGIQUES, CONTINUITÉS PAYSAGÈRES
ET TRAME VERTE… DE LA THÉORIE À L’APPLICATION AU
NIVEAU LOCAL
Les activités de l'ODBU concernant la réservation
de la biodiversité ont conduit à mener des travaux
sur l'ensemble du territoire de la Seine-SaintDenis. Les parcs et espaces naturels ont été les
principaux sites ayant permis l'amélioration de la
connaissance mais les zones urbanisées, abritant
une « nature plus ordinaire », ont également
bénéficié d'études et d'inventaires. Récemment,
une dynamique de recherche s'est instaurée pour
étudier le fonctionnement des écosystèmes en
milieu urbain. La circulation des espèces en
ville est un thème essentiel du maintien des populations dans ces écosystèmes particuliers. La
création et la restauration de corridors biologiques ou de continuités écologiques, et l'élaboration de trames vertes sont au cœur des préoccupations actuelles des scientifiques et des aménageurs du territoire. Ces questions se posent aussi
bien au niveau international que local, et ont
trouvé un récent écho national avec le Grenelle de
l'environnement.
Corridor, continuité, trame verte... Ces notions,
définies au sein de l'écologie du paysage, sont
parfois interprétées de différentes manières et
sont complexes à mettre en œuvre. C'est pourquoi
le présent article se propose d'éclaircir ces
notions, en dressant tout d’abord un historique
des divers concepts impliqués et en posant
ensuite les bases utiles pour la réflexion et
l'action.
ASPECTS HISTORIQUES DE
L’AVÈNEMENT DE L’ÉCOLOGIE DU
PAYSAGE AU CŒUR DES
PRÉOCCUPATIONS ACTUELLES SUR
LA BIODIVERSITÉ
L’écologie et ses évolutions
Le terme « écologie » a été inventé en 1866 par
HAECKEL et est annoncé comme la science
étudiant les relations entre les objets et la
nature. Elle est « une théorie des cohérences de
la nature, dans une logique de l’Evolution »1.
Cette science devient autonome à la fin du XIXème
siècle. Reposant sur l’analyse de systèmes
simples, elle comprend l’écologie des associations 2 et l’écologie des populations3. De l’analyse
d’un petit nombre de populations en laboratoire,
c’est-à-dire en conditions contrôlées, homogènes et constantes, la discipline s’oriente vers des
expérimentations in situ et analyse les relations
entre des organismes coexistants dans un milieu
donné. C’est dans ce cadre que TANSLEY élabore
le concept d’« écosystème ».
L’écosystème désigne un ensemble de relations
fonctionnelles entre les éléments de la flore et
de la faune (la biocénose) et les conditions
du milieu (le biotope). Plus tard, en 1942,
LINDEMAN propose une analyse trophique des
écosystèmes et étudie les flux de matière et
d’énergie qui les traversent. En 1953, les frères
ODUM réinterprètent l’ensemble de l’écologie,
à partir de la formalisation proposée par
LINDEMAN et font de l’écosystème le paradigme
L’avènement de l’écologie du paysage
Comme nous venons de l’évoquer, l’écologie
a, au départ, étudié les écosystèmes isolément
les uns des autres et avec une approche non
intégrée dans l’espace et dans le temps. De plus,
les logiques économiques, sociales et culturelles
dans l’étude du fonctionnement d’un écosystème
n’ont pas été, ou très peu, prises en considération.
Néanmoins, dans la deuxième moitié du XXe
Le paysage est le paradigme de la nouvelle
discipline. A l’opposé de l’approche strictement
culturaliste du paysage, la définition retenue
par les écologues réalise la synthèse de définitions antérieures7-8. Le paysage est ainsi défini
comme un « niveau d’organisation des systèmes
écologiques, supérieur à l’écosystème, le
paysage se caractérise essentiellement par son
hétérogénéité et sa dynamique gouvernée pour
partie par les activités humaines. Il existe
indépendamment de la perception. ». Le paysage
est un système dynamique et évolutif adapté à
l’analyse des processus écologiques, dans
le cadre des transformations qui affectent les
territoires. On peut néanmoins se demander
pourquoi les écologues n’utilisent pas plutôt le
terme d’écologie du territoire que le terme
d’écologie du paysage ?
LE BIODIVERSITAIRE
siècle, l’étude des écosystèmes a fait place à
l’étude de systèmes plus complexes. Conscients
de l’intérêt d’une prise en compte de l’hétérogénéité spatio-temporelle des milieux et d’une
reconnaissance de l’homme en tant que partie
intégrante des systèmes écologiques, des écologues se sont rapprochés de la communauté
des biogéographes et ont repris le concept
d’« écologie du paysage » («landscape ecology »),
proposé par l’allemand TROLL en 1939 afin de
relier les structures spatiales aux processus
écologiques. Jusqu’aux années 70, l’approche de
l’écologie du paysage, dominée par la composante géographique, concerne principalement de
vastes territoires. En 1978, le géographe BERTRAND introduit la notion de « géosystème »,
système géographique naturel et homogène,
caractérisé par une morphologie et un fonctionnement spécifiques. L’écologie du paysage est
reconnue en France, en tant que discipline
scientifique, dans les années 80. Un groupe de
recherches des sciences de la nature et des
sciences de l’homme se constitue en une unité
associée au Centre national de la recherche
scientifique (CNRS). LEFEUVRE, BUREL et
BAUDRY participent activement à la reconnaissance à un échelon international de ce nouveau
champ de l’écologie fonctionnelle. En 1982, une
association internationale est créée : IALE
(International Association for Landscape
Ecology) qui rassemble des écologues, des
géographes et des aménageurs.6
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
de la discipline. Pour pouvoir analyser avec plus
de facilité les flux, ils choisissent de réduire le
fonctionnement de l’écosystème aux lois de
la physique. Dès lors, à côté de l’écologie des
populations, prédomine jusque dans les années
70 une démarche « réductionniste », qui est
devenue la règle de l’écologie écosystémique.
Ainsi, les programmes biologiques internationaux lancés dans les années 60 et 70 considèrent
les écosystèmes comme des milieux homogènes, stables, et non anthropisés. En revanche,
à partir des années 80, les notions de variabilité
et d’hétérogénéité se développent dans les
analyses du fonctionnement des écosystèmes.
Cette évolution va s’étendre jusqu’à la création
d’une nouvelle discipline dans un milieu caractérisé par une forte anthropisation et une forte
restructuration des écosystèmes, les villes.
L’« écologie urbaine » a ainsi été développée pour
mieux comprendre les processus écologiques et
anthropiques responsables de la dynamique des
écosystèmes urbains. 4
La démarche écologique actuelle aborde l’étude
la biodiversité selon trois approches :
• Elle relie les différentes dimensions de
la biodiversité (infraspécifique, spécifique,
fonctionnelle) et les structures en niveaux
hiérarchiques dépendants.
• Elle apporte un éclairage sur les systèmes
(métapopulations, peuplements, écosystèmes,
paysages) et leur dynamique.
• Enfin, elle met en avant les relations
entre les sociétés humaines et les systèmes
écologiques qui les entourent. L’« environnement »
doit prendre en compte les questions relatives à
l’érosion ou à la restauration de la biodiversité.5
La préservation de la biodiversité remet en cause
les modèles actuels des sociétés, qu’ils soient
économiques, moraux ou esthétiques. Comme le
concept est à la croisée des chemins entre les
sciences de la nature (écologie, génétique, biologie, taxonomie…) et les sciences humaines
(économie, sociologie, géographie, sciences
politiques, anthropologie…), les recherches
nécessitent une organisation autour d’équipes
pluridisciplinaires.
Pour les partisans culturalistes du paysage,
parler d’écologie du paysage n’a pas de sens.
ROGER déplore l’«absorption du paysage dans
sa réalité physique, la dissolution de ses valeurs
dans les valeurs écologiques, bref sa naturalisa-
33
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
tion, alors qu’un paysage, en tant qu’objet
esthétique, n’est jamais naturel, mais toujours
culturel »9. D’autres déplorent que les écologues
du paysage n’aillent pas au-delà de la prise en
compte des pratiques de l’homme en considérant les rapports sociaux et les représentations
sensibles et symboliques des territoires10.
En matière de paysage, de multiples approches
sont possibles, ce qui rend assez ambigu l’utilisation de ce terme. Cependant, il permet
aujourd’hui aux écologues, géographes, sociologues, juristes, philosophes, aménageurs, élus
politiques de dialoguer et travailler ensemble11
dans l’objectif d’une meilleure prise en compte
des concepts de l’écologie du paysage.
L’appropriation politique de l’écologie
du paysage
L’avènement de l’écologie du paysage a permis
l’élaboration de concepts théoriques adaptés à
l’analyse du fonctionnement des écosystèmes.
Depuis peu, on assiste à une appropriation
politique de ces concepts en particulier par
les aménageurs de l’espace (architectes,
urbanistes, paysagistes, gestionnaires…). En
affichant leur volonté de préserver la biodiversité
tout en gérant leur territoire, les structures
publiques et en particulier les collectivités
territoriales ont tenté d’appliquer les concepts
de l’écologie du paysage, ce qui a permis de les
faire évoluer d’une part et de relancer les efforts
de recherche dans ce domaine d’autre part.
Aujourd’hui, le Grenelle de l’environnement a
mis le concept de « trame verte » (« et bleue »)
sur le devant de la scène nationale en 2008.
Il correspond, à l’échelle du territoire français,
à un réseau de continuités écologiques qu’il
s’agirait d’identifier, de restaurer ou de créer, et
d’adapter localement.
L’écologie du paysage, à travers la mise en place
de continuités écologiques, est donc au cœur des
préoccupations actuelles. Il est donc nécessaire
d’étudier ces concepts avant d’en évaluer les
applications locales.
DU CORRIDOR À LA TRAME VERTE,
LES CONCEPTS THÉORIQUES ET
L’ÉCOLOGIE DU PAYSAGE
La fragmentation et la connectivité des écosystèmes sont étudiées par les écologues à l’échelle
du paysage depuis les années 50. Les premières
collectivités à s’intéresser à la mise en œuvre à
l’échelle d’un territoire de corridors biologiques
sont la région Nord-Pas-de-Calais, l’Isère et
34
l’Alsace. Ce concept de corridor biologique
existe, notamment en France depuis le début des
années 80 mais il lui est souvent préféré le terme
de « continuité écologique » qui est moins
restrictif. Le Département de la Seine-SaintDenis, quant à lui, s’intéresse à la question des
continuités écologiques depuis le début des
années 90. Sous le vocable de « trame verte »,
il y met tout ce qui relève des « continuités
éco-paysagères ».
Les concepts issus de l’écologie :
biodiversité, écosystèmes et services
écosystémiques
La biodiversité désigne la diversité du monde
vivant. Lors du Sommet de la Terre à Rio de
Janeiro en 1992, la Convention sur la diversité
biologique a été signée par 189 pays. Dans ce
traité, la diversité biologique a été définie comme :
« la variabilité des organismes vivants de toute
origine y compris, entre autres, les écosystèmes
terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font
partie; cela comprend la diversité au sein
des espèces et entre espèces ainsi que celle des
écosystèmes ». Cette définition souligne les trois
échelles auxquelles renvoie ce concept :
• Génétique ;
• Spécifique ;
• Écosystémique.
L’écosystème correspond à un ensemble de
relations fonctionnelles entre les éléments de la
flore et de la faune (la biocénose) et les
conditions du milieu (le biotope). C’est un complexe dynamique dans lequel les espèces
agissent en constante interaction. Les écosystèmes ont tendance à évoluer vers un état théorique d’équilibre stable. En réalité, notamment du
fait de l’intervention humaine, ils sont toujours
en état d'équilibre instable, sans cesse modifiés
par de complexes boucles de rétroactions.
Il est maintenant établi que la biodiversité, prise
au sens de la diversité de toute forme de vie sur
Terre, est essentielle à la survie des hommes.
L’utilité de la diversité des espèces pour
l’Homme se traduit par la notion de services dits
« écosystémiques », qui sont variés :
• Les services de production de matières :
l’oxygène (photosynthèse des plantes), la nourriture (production agricole), les fibres (industrie
textile), les biocarburants, les médicaments, les
ressources génétiques, l’eau potable sont des
produits issus de la biodiversité.
• Les services de régulation : la biodiversité
Modèle structurel des paysages
Afin d’analyser le fonctionnement des écosystèmes intégré dans l’espace et le temps, les écologues du paysage ont mis en place un modèle
de base, que l’on peut nommer la « théorie
des îlots » ou « théorie des taches ». Basée sur
une approche simplifiée, centrée sur le déplacement des espèces, elle a le mérite de donner lieu
à des développements de modèles en écologie
des populations fragmentées (figure 1).
Les « îlots » représentent les secteurs dans
lesquels les espèces ou les écosystèmes principaux sont présents et où leurs conditions vitales
sont réunies. Ils sont aussi appelés « cœurs de
nature », ou « zones nodales ». Concrètement, il
peut s’agir des principaux espaces naturels ou
semi-naturels d’un territoire. L’ensemble des
îlots constitue l’« habitat », dans lequel une
population trouve toutes les ressources nécessaires à sa survie.
Pour aller d’un îlot à un autre, les individus
utilisent les « corridors » 12, concept central que
nous détaillerons plus tard. Le corridor peut être
continu (cas du corridor de droite) ou fragmenté,
les espèces se déplaçant de « zones relais »
en « zones relais » . Sur le terrain, ils peuvent
être constitués de haies, d’alignement, de rivières… Îlots et corridors sont entourés d’une
« zone tampon », dans laquelle les espèces peuvent également être amenées à se déplacer. La
3
2
Zones centrales ou îlots(1) :
fonction de conservation de la nature prioritaire
Zones de liaison (2) :
fonction de couloir ou corridor écologique limitant les
phénomènes de fragmentation des habitats naturels
Zones de développement ou zone tampon (3) :
fonctions de protection ou de restauration complémentaire compatibles avec les activités humaines
Source :
http://www.econet.ulg.ac.be/pbept/pages/reseaueco.html
Figure 1 : Représentation d’un paysage
taille de la zone tampon est fonction de la
capacité de déplacement. L’ensemble de ces
éléments s’insère dans une « matrice » plus ou
moins hostile aux déplacements des espèces,
qui peut être par exemple constituée d’espaces
agricoles ou bâtis.
L’arrangement spatial de la « mosaïque paysagère »
ainsi créée constitue un « patron paysager »
permettant de comparer deux paysages. Cette
nomenclature fournit un cadre général à la
description des structures spatiales de paysages
et à la mise en place de procédures d’échantillonnage de la faune et de la flore dans des
travaux de recherche cherchant à tester
l’hypothèse d’un « effet paysage ».
Le degré de « rugosité » des éléments du
paysage traduit la difficulté de mouvement des
individus dans celui-ci. Ainsi, des espaces très
proches peuvent être séparés par des éléments
à forte rugosité (bosquets ou haies pour des
insectes inféodés aux milieux herbacés)13.
D’autre part, chaque élément est formé d’un
« milieu intérieur » et d’une « lisière », zone
d’interface avec l’extérieur. Cette lisière héberge
LE BIODIVERSITAIRE
Structures spatiales et hétérogénéité
des paysages
1
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
participe aux cycles biogéochimiques (eau,
oxygène, azote, carbone, oligo-éléments), à la
formation des sols, à la limitation de l’érosion et
des risques naturels (inondation, glissement de
terrains, etc.), à la dépollution, à la pollinisation
et à la dispersion des graines (les animaux y
participent). Elle permet également de limiter
les risques d’invasions par des espèces nuisibles
et des maladies (plus un site est riche en
espèces, plus il sera résistant à l’arrivée d’une
maladie et moins les espèces envahissantes
progresseront), et de réguler le climat (un
écosystème riche en biodiversité sera moins
sensible au changement climatique qu’un
écosystème pauvre).
• Les services culturels : la biodiversité est
une source de bien-être, d’esthétique. C’est
également une source d’éducation et d’inspiration, elle apporte des valeurs spirituelles,
favorise les relations sociales, les loisirs et
l’écotourisme.
35
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
des individus originaires des deux milieux contigus ainsi que des espèces qui lui sont propres
mais elle peut aussi être hostile à certaines
espèces (voir exemple précédent). Sa richesse
biologique est donc fonction de la rugosité et de
l’hétérogénéité de la frontière. Le morcellement
peut augmenter cette richesse spécifique : on
parle alors d’un « effet lisière » ou « écotone »
positif.
L’ensemble des caractéristiques écologiques
d’une espèce forme une « unité fonctionnelle ».
La survie des individus ou des populations d’une
espèce donnée dépend de l’intégrité de cette
unité, qui est fonction de l’hétérogénéité, de
la connectivité et de l’arrangement spatial de
la mosaïque paysagère. Les travaux sur les
mouvements d’insectes ont permis d’établir des
modèles mathématiques de « diffusion » qui
servent à évaluer la probabilité de passage dans
un paysage. Ces cartes de « contagion spatiale »
permettent de déterminer le moment où la
fragmentation aura des conséquences néfastes
sur la dynamique des populations.14
Hétérogénéité spatiale et temporelle
L’écologie du paysage définit l’hétérogénéité du
paysage comme la résultante de l’hétérogénéité
spatio-temporelle des contraintes environnementales et des perturbations anthropiques
ou naturelles. Dans les paysages anthropisés, la
dynamique est complexe. L’hétérogénéité
spatiale a deux composantes :
1 • la diversité des éléments du paysage,
2 • la complexité de leurs relations dans
l'espace.
L’hétérogénéité varie en fonction du nombre
d’éléments, de leur proportion relative (a à c),
ou de leur répartition spatiale (d à f) (figure 2).
a
b
c
d
e
f
Figure 2 : composantes de l’hétérogénéité spatiale dans un
« paysage » (d’après BUREL et BAUDRY, 1999)
36
Le paysage est décrit comme un ensemble
d’occupations du sol (« landcover », type de
végétation, présence d’eau, de rochers…) ou
d’usages des terres (« land use »). L’écologue du
paysage ne découpe pas de la même manière un
espace, selon qu’il étudie l’interaction d’une
espèce à son environnement ou bien le processus d’érosion des sols. Quand il s’agit d’étudier
un système écologique, une population animale
ou végétale, ou de cartographier un site, la question à se poser d’emblée est la suivante : quelle
échelle spatiale d’analyse et de représentation
est la plus adaptée au problème étudié ? Des
cartes peuvent différer par l’étendue (l’espace
représenté) et la résolution (grain de l’information).
L’écologie du paysage a profité des développements récents de la physique et des mathématiques pour la description et la compréhension
des processus d’organisation des « structures
paysagères ». Les approches multiplient les
échelles d’analyse des structures, dans leur
dynamique et leur évolution. Les outils de la géométrie fractale, qui permettent de considérer
simultanément plusieurs échelles spatiales,
aident à la détermination des échelles pertinentes pour l’analyse d’un processus écologique.15
Certains écologues du paysage privilégient la
dimension spatiale des paysages à la dimension
temporelle. Ils conçoivent alors leur objet
d’étude comme des « écocomplexes », c’est-àdire des assemblages de systèmes écologiques
interdépendants, qui sont le produit d’une
histoire commune16. Pour d’autres, la prise en
compte de l’histoire de l’environnement et des
sociétés, récente ou ancienne (paléoécologie,
géomorphologie), est un facteur clef dans la
compréhension des processus écologiques et
des mécanismes évolutifs des « paysages ».
L’étude de photographies aériennes complète les
méthodes historiques classiques. La prise en
compte simultanée de l’espace et du temps, qui
permet d’établir des corrélations, est utilisée
pour définir des niveaux d’organisation dans un
« paysage ».
La prise en compte de l’histoire des sociétés
entreprise par des écologues du paysage sur la
baie du Mont-Saint-Michel a permis d’expliquer
l’état actuel du parcellaire et de l’occupation
du sol. Au travers de l’analyse des variations
climatiques et des actions humaines, des
chercheurs ont reconstitué la mise en place des
peuplements animaux et végétaux, ainsi que la
gestion des flux d’eau et de nutriments17.
La notion de « grain » est appliquée aux espèces
animales. Le grain d’une espèce est la plus
et les autoroutes sont des obstacles à leurs
déplacements tandis que les rivières de faible
ou moyenne largeur ralentissent leurs
progressions. Les fleuves sont, quant à eux, des
barrières infranchissables. Enfin, les autres
éléments du paysage, les bosquets, les haies, et
les cultures semblent être perçus de façon
homogène par les renards, puisque leur mouvement n’est pas altéré.
Fragmentation des paysages
L’une des causes majeures de l’érosion de la
biodiversité est la fragmentation des habitats
naturels et donc des populations animales et
végétales. Au cours du temps, l’homme a
morcelé les écosystèmes de manière intensive,
entraînant la disparition d’espèces. Longtemps
sous-estimé, ce phénomène a été peu étudié par
les scientifiques. Or, il semble avoir des effets
sur les différents niveaux d’organisation du
vivant. La fragmentation est due à l’existence ou
la mise en place de barrières, qui isolent les
habitats créant des coupures et des barrières
entre des populations de plantes ou d’animaux.
Concrètement, l’urbanisation, les industries, les
routes, les voies ferrées, les canaux, mais aussi
les zones de grandes cultures constituent autant
d’obstacles, souvent infranchissables pour la
faune et la flore (figure 3).
La fragmentation est un phénomène spatial qui
se caractérise par une diminution de la surface
totale d’un habitat et son éclatement en îlots plus
ou moins isolés dans la matrice. Elle a de forte
conséquence sur le maintien de l’habitat et la
survie des populations qu’il abrite. Quand des
populations d’une espèce subissent une baisse
d’effectif suite à la fragmentation de leur habitat,
elles ne peuvent se maintenir en-dessous d’un
certain seuil. Quand elles sont isolées par le
jeu des flux migratoires, la dérive génétique
conduit à une homogénéité génétique qui les
rend sensibles aux aléas de l’environnement.
Enfin, le phénomène de dépression de consanguinité affaiblit les populations.20
La réaction d’une espèce à la fragmentation
dépend de sa distance de dispersion, qui est
fonction de sa mobilité et de ses exigences par
rapport aux milieux traversés21. Il y a lieu
de comparer cette distance à la distance entre
les tâches. On définit un seuil d’intensité de
morcellement du milieu au-delà duquel le déclin
des populations est rapide.22 La vitesse d’appauvrissement biologique des îlots dépend de
la superficie de l’habitat (taux d’extinction
Les premiers travaux de recherche sur la
fragmentation du paysage datent des années 70.
Lors d’une étude sur le suivi des mouvements de
populations de renards aux Etats-Unis, STORM19
a mis en évidence que les zones d’habitation
LE BIODIVERSITAIRE
petite échelle spatiale, en dessous de laquelle
l’hétérogénéité spatiale d’un « paysage » n’est
plus perçue par l’espèce.18 Les connaissances
sur le sujet sont encore limitées. En outre,
il existe un lien entre les échelles d’analyse
spatiale et le mode d’utilisation de l’espace par
une espèce. Par exemple, des espaces restreints
sont cartographiés avec une forte résolution
quand il s’agit d’une espèce à faible mobilité.
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
WIKIPÉDIA
Figure 3 : « Effet coupure » des infrastructures
37
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
inversement proportionnel à la surface), de la
diversité de l’écosystème (nombre d’espèces et de
niches disponibles), de la durée de l’isolement, de
l’âge de l’îlot et de la nature de la barrière.
La « théorie des métapopulations », qui est une
adaptation aux milieux continentaux de la
« théorie biogéographique des îles »23, s’appuie
sur la dynamique des populations (extinctions
locales, mouvements entre tâches et processus
de colonisation). La « métapopulation » est
définie comme une population vivant dans un
milieu hétérogène ou sur un territoire fragmenté
et dont les sous-unités sont connectées par les
mouvements de dispersion des individus (figure
4). Une métapopulation se maintient si le taux de
recolonisation est au moins égal au taux
d’extinction. Cette approche donne lieu à l’élaboration de nombreux modèles théoriques24.
Corridor, continuité et connectivité
Comme nous venons de le voir, la fragmentation
de l’espace est un concept central de l’écologie
du paysage. La circulation des espèces (condition nécessaire à leur survie) se fait via des
corridors ou continuités écologiques qui
fonctionnent en réseaux.
Emergence des concepts
Le concept de « corridor » a été développé par
FAHRIG et MERRIAM en 1985 lors d’une étude
portant sur la souris à patte blanche, un
micromammifère vivant au sein de petites
parcelles boisées dans les paysages agricoles
d’Ottawa. Ils ont montré que les populations
isolées dans un bois au milieu d’un champ ont
des taux de croissance plus faible et sont donc
plus sujettes à l'extinction que celles reliées par
des haies à d’autres espaces boisés dans la
matrice agricole. Ces linéaires de bosquets au
bord des champs qui protègent les souris de la
prédation et qui leur permettent d’aller d’un bois
à un autre sont ainsi appelés « corridors ». En
France, les premiers corridors étudiés en milieu
site occupé
site vacant
dispersion
Figure 4 : Modèle de métapopulation de Levins (d’après
BAUDRY , BUREL, 1999)
rural ont concerné les déplacements de carabes,
micromammifères et grimpereaux. 25
Un corridor est une liaison fonctionnelle entre
différents habitats d’une espèce ou d’un groupe
d’espèces interdépendantes, permettant leur
dispersion et leur migration (figure 5). Lorsque le
corridor est vu sous l’angle des échanges entre
populations d’une même espèce (flux de gènes,
échanges de caractères…), il est qualifié de
biologique. Lorsque l’on considère une structure
spatiale plus large, il est qualifié d’écologique.
Concept très proche, la continuité écologique
désigne davantage l’idée que les îlots soient
reliés que la structure spatiale les reliant. Les
continuités n’étant pas forcément en forme de
« couloir », comme le laisse supposer le terme
corridor, nous préférerons ce terme par la suite.
Enfin, la « connectivité » est un autre concept-clé
dans l’analyse du maintien de populations
animales et végétales. La « connectivité structurelle » est un concept cartographique :
elle mesure l’arrangement spatial des éléments
de paysage de même nature. La « connectivité
fonctionnelle », encore appelée « perméabilité
Figure 5 : Dans le «paysage» A, deux
populations sont isolées dans deux îlots.
Dans le «paysage» B, un corridor permet
de relier les îlots entre eux.
Ici, connectivités structurelle et fonctionnelle sont identiques. (d’après BAUDRY,
BUREL, 1999)
A
38
B
des paysages », reflète l'effet de la matrice
paysagère sur le comportement de dispersion
des individus26 et désigne le fait que des individus
puissent passer d’une tache à une autre.
Ce paramètre est vital pour comprendre la dynamique des populations dans les paysages.
Il dépend de la mobilité de l’espèce et de la
perméabilité des éléments entre les taches.
Fonctions écologiques
Pour une espèce, une continuité peut satisfaire
plusieurs types de déplacements servant à
l’alimentation, la reproduction, le repos.
Pour d’autres espèces, elle pourra jouer
le rôle d’« habitat », de « refuge », de « réservoir-source », ou même de « filtre » ou de
« barrière ». Les chercheurs travaillent à la
définition de typologie d’espèces ou « groupes
fonctionnels » exigeant un même type de
corridor. Ils s’appuient sur des caractéristiques
spécifiques, comme le mode de déplacement ou
la stratégie d’alimentation ou de reproduction.
Réalités des continuités écologiques
Les continuités écologiques peuvent prendre
la forme d‘éléments biologiques (une haie),
physiques (une rivière) ou virtuels (axes
migratoires des oiseaux), continus ou discontinus (« structure en gué » de haltes migratoires),
permanents ou non. Elles relient fonctionnellement les communautés végétales ainsi que
les sites de reproduction, d’alimentation, de
repos et de migration de la faune. Elles ne sont
pas nécessairement linéaires et végétalisées.
Elles peuvent être d’origines « naturelles » mais
aussi « artificielles » comme les dépendances
vertes de routes, les passages aménagés pour la
faune, les lignes à haute tension et les fossés.
Les écologues définissent aussi des « corridors
de silence, de calme, de noir », qui répondent aux
problèmes de fragmentation par le bruit, le
dérangement et la pollution lumineuse.
La structure d’une continuité est une « mosaïque »,
évoluant dans le temps et l’espace. Une
continuité peut être envisagée à différentes
échelles spatiales et temporelles. En particulier,
un couloir de migration d’oiseaux ou de
mammifères terrestres sera envisagé à une plus
grande échelle qu’un corridor emprunté
par des espèces moins mobiles.
Par exemple, dans un bocage, une haie est une
« source » de graines pour la recolonisation
de cultures abandonnées, un « corridor » pour
des coléoptères carabiques forestiers ou
de petits mammifères, un « filtre » pour le
mouvement de coléoptères carabiques de
champs, un « refuge » saisonnier pour de
nombreux insectes, une « barrière » pour des
insectes dispersés par le vent. En 1987 et 1991,
des études de l’équipe de Rennes montrent que
le campagnol roussâtre utilise comme corridors
de dispersion des haies d’une certaine qualité
(denses et continues, à strate arbustive touffue
et diversifiée et strate herbacée abondante).27
Les connaissances scientifiques relatives aux
continuités
sont
encore
insuffisantes.
Des chercheurs posent l’hypothèse que plus une
continuité est large, mieux elle remplit ses
fonctions biologiques, ou encore qu’une forme
rectiligne est plus efficace pour un animal
qu’une forme courbe. Sur un territoire, la
continuité universelle à toutes les espèces
n’existe pas. Par ailleurs, les espèces qui vont
LE BIODIVERSITAIRE
Figure 7 : Crapauduc en Allemagne
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
WIKIPÉDIA
WIKIPÉDIA
Figure 6 : Passage pour la faune sur une autoroute allemande
39
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
utiliser une continuité sont aussi bien des
espèces d’intérêt patrimonial que leurs
prédateurs ou des agents pathogènes.
Vision sociale et paysagère des continuités
écologiques
Une continuité écologique ne saurait être
abordée sous l’angle uniquement écologique.
Elle est une portion de territoire, un motif du
« paysage » pris au sens paysager du terme,
avec lequel les hommes entretiennent des
relations, qu’ils perçoivent et qu'ils s’approprient
de différentes manières. Elle est souvent déjà
inscrite dans la réalité du territoire, sous la
forme d’une liaison verte : elle est un espace de
vie, investi par la faune et la flore, et aussi par
l’homme. Ce sont par exemple une allée plantée
d’arbres, que l’on emprunte pour aller de son
domicile à son lieu de travail en semaine, les
abords d’un canal où l’on se promène le weekend, un élément de bocage que des agriculteurs
entretiennent, les abords de voie ferrée que des
naturalistes investissent pour inventorier la
faune, la flore etc…
Une continuité écologique peut être un espace
horticole, plus « sauvage » ou en friches, comme
une voie ferrée autrefois utilisée par l’homme,
puis tombée en désuétude. Ce sont des
éléments, appropriés socialement de différentes
façons : par le regard, si le site est inaccessible,
ou par d’autres relations sensibles liées à des
pratiques de loisirs (promenade, tourisme) ou de
travail.
Les continuités écologiques, qui sont des
« objets » matériels, renvoient à des représentations sociales, culturelles, symboliques. Par
exemple, l’ancienne petite ceinture ferroviaire de
Paris, qui peut être considérée comme une
continuité écologique, a aussi une utilité sociale :
elle est un lieu de contemplation, de promenade,
d’évasion, de jeux, de découverte naturaliste.28
L’approche paysagère des corridors, qui identifie
les liens entre les hommes et cette partie de territoire (en question), est nécessaire lorsqu’il
s’agit de préserver ou de restaurer certaines
continuités biologiques. C’est précisément là
que réside la difficulté, dans le fait de faire
converger les intérêts de groupes distincts : des
scientifiques, qui s’approprient les territoires en
tant que corridors écologiques, et des citadins
qui se les approprient en tant que paysage ou
cadre de vie.
En outre, la création ou la restauration de continuités peut avoir un effet sur le paysage et sa
perception. Les corridors sont des éléments
dont l’agencement, la forme, ou encore la singu-
40
larité, contribuent souvent à l’identification d’un
paysage, sa compréhension ou sa lecture. Le fait
de préserver ou de restaurer des corridors peut
concourir à l’identité d’un paysage. Ainsi, le
développement d’un réseau de haies dans un
bocage va renforcer l’identité paysagère du territoire. Mais, l’effet inverse peut se produire : un
paysage peut être très sensiblement modifié et
même faire place à un nouveau paysage. C’est le
cas, par exemple, de l’implantation d’un corridor
boisé dans une plaine céréalière faite de grandes
parcelles homogènes ou de la mise en place
d’une gestion extensive sur les abords d’une
autoroute, d’un canal ou d’un fleuve. Quel est
aussi l’impact paysager du développement de
passages pour la grande faune au-dessus des
autoroutes ?
Réseau de continuités et trame verte
La fusion entre écologie et paysage, qui s’est
opérée avec l’approche sociale et paysagère de
l’étude des continuités écologiques d’une part, et
la prise en compte des théories écologiques
dans les politiques d’aménagement d’autre part,
ont fait émerger le concept de trame verte. Ce
terme est au cœur de l’écologie du paysage
mais, comme nous allons le voir, sa signification
est ambiguë, oscillant entre concept écologique
et interprétation paysagère.
Réseaux de continuités écologiques
Au-delà de l’analyse à l’échelle d’une continuité,
il est indispensable de considérer l’échelle spatiale supérieure afin d’appréhender la complexité des processus écologiques dans les écosystèmes. Dans un « paysage », chaque individu
parcourt un réseau de corridors. Si l’on prend en
compte l’ensemble d’un l’écosystème, les divers
réseaux se superposent, interfèrent de manière
extrêmement complexe, créant ainsi une trame
multidimensionnelle, qui évolue dans l’espace et
le temps et sur laquelle se construisent et
évoluent les systèmes vivants.
Ces réseaux sont caractérisés par la qualité des
éléments qui les composent, leur linéaire, le
nombre et la qualité des « intersections » ou
« connexions ». Ces paramètres déterminent
les trajets possibles et les probabilités de
mouvements des espèces.
La trame verte paysagère
Le terme de trame verte émerge à partir de la
deuxième moitié du XIXème siècle, aux Etats-Unis.
OLMSTED et VAUX ont créé à Buffalo, la
deuxième plus grande ville de l'État de New York,
un vaste système de « parkways » en s’appuyant
La notion actuelle de trame verte
Le Grenelle de l’environnement a récemment
mis ce terme sur le devant de la scène nationale.
Dans les deux ans qui suivent le vote de la
loi découlant du Grenelle, l’Etat envisage la
réalisation d’une trame verte et bleue nationale,
qu’elle définit comme suit : « un outil d’aménagement du territoire, constitué de grands
ensembles naturels et de corridors les reliant ou
servant d’espaces tampons, reposant sur une
cartographie à l’échelle 1:5000. Elle est complétée par une trame bleue formée des cours d’eau
et masses d’eau et des bandes végétalisées
généralisées le long de ces cours et masses
d’eau. Elles permettent de créer une continuité
territoriale, ce qui constitue une priorité absolue.
La trame verte et bleue est pilotée localement en
association avec les collectivités locales et en
concertation avec les acteurs de terrain, sur une
base contractuelle, dans un cadre cohérent
garanti par l’Etat »31. Cette définition repose
presque uniquement sur les concepts écologiques et se rapproche d’avantage du réseau de
continuités écologiques. Les professions agricoles et sylvicoles ont rejeté ce dernier terme qui
s’apparentait selon eux à la réalisation d’un
second réseau Natura 2000, auquel ils étaient
opposés.
La « trame verte » au sens où on l’entend le plus
généralement, est plus proche du réseau de
continuités éco-paysagères. Elle est une synthèse entre l’approche écologique (application
des théories scientifiques sur les circulations de
populations) et d’une approche urbanistiquepaysagère (création d’espaces et liaisons vertes).
L’appropriation actuelle de la trame verte par les
aménageurs et décideurs politiques prouve
l’intérêt de ce terme. De plus, ce concept
s’adapte bien aux enjeux de la biodiversité car il
peut être pensé au niveau global et adapté au
niveau local.
Pour faciliter les échanges entre acteurs concernés, le Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais et
la DIREN de cette région enrichissent leur définition par une métaphore : la trame verte est une
notion biogéographique qui, par analogie à la
trame d'un tissu, évoque à la fois un état et des
LE BIODIVERSITAIRE
Articulation entre continuité écologique et trame
verte paysagère
Aux Etats-Unis, le concept de « greenway » a été
confronté très tôt au concept scientifique de
« corridor biologique »30. D’un côté, les politiques
proposent les greenways pour le loisir et l’esthétique, afin de répondre aux besoins du public. De
l’autre côté, les écologues et les naturalistes
défendent des corridors, afin de préserver ou
restaurer l’intégrité biologique et écologique de
territoires. En Floride, où le processus de
fragmentation des espaces naturels est important, des greenways, connectant des réserves
naturelles, ont été aménagés. Dans le greenway
de Pinhook, le loup et la panthère ont été introduits, dans celui de la rivière Wekiva, l’ours noir
est protégé. A Woodlands, ville nouvelle
construite au Texas au début des années 70, un
plan écologique a été mis en place, avec comme
priorité des corridors rivulaires comportant
des zones ouvertes de loisirs et favorisant la
circulation de la faune. Une continuité écologique, servant au déplacement de la faune et à la
dispersion de la flore, peut servir de support au
déplacement de l’homme. Et inversement, une
trame verte, servant à la circulation de l’homme,
peut être un corridor biologique efficace. Le
terme de « continuité éco-paysagère » peut
réaliser la synthèse entre « trame verte paysagère » et « corridor biologique ». L’intérêt des
corridors biologiques ne se mesure donc pas
seulement au regard de l’accroissement de la
diversité biologique du milieu.
Ces continuités éco-paysagères offrent des intérêts écologiques (régulation climatique et
hydraulique, maintien des équilibres naturels),
économiques (gestion de ces espaces, éco-tourisme), amélioration du cadre de vie (bien-être
des populations, zone de calme), scientifique
(renforcement de la recherche fondamentale et
appliquée sur la biodiversité). En matière de
sécurité et de santé publique, ils concourent à la
réduction des pollutions (eau, air, bruit) et à la
diminution des accidents routiers, dans le cadre
de passages au-dessus des infrastructures pour
la faune. Ils peuvent servir de « supports » à la
sensibilisation des citoyens à la biodiversité.
Enfin, comme nous allons le décrire, ils offrent
des bénéfices, sur un plan social, culturel et
paysager.
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
sur le modèle des promenades et des cours
français du XVIIème siècle. Ces parkways sont des
espaces linéaires ouverts reliant les différents
espaces publics de la ville yyy. En Angleterre, le
concept de « ceinture verte » (« green belt »)
autour des centres-villes se développe à la fin
du XIXème siècle. Au début du XXème siècle, des
urbanistes, dont J.C.N. FORESTIER défendent
l’idée d’une agglomération à la conquête de sa
périphérie, au travers de liaisons vertes.
Le concept, plus généralement appelé « greenways », émerge à nouveau dans les années 50.
41
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
fonctions. À titre d'image, les fils de maille et fils
de trame confèrent sa qualité au tissu : plus les
fils sont fragilisés, ou manquants, plus le tissu
menace de se déchirer. De manière métaphorique, on peut imaginer que chaque brin représente
une espèce, que chaque fil est un groupe d'espèces ou un écosystème, et considérer qu'au-delà
d'un certain seuil de dégradation, c'est toute
l’étoffe (la biodiversité) qui est menacée32.
42
Le terme de trame verte est ambigu : apparu au
XIXème siècle puis repris par les aménageurs sous
un sens paysager, il a été adapté aux
préoccupations écologiques actuelles pour
rejoindre pratiquement le concept de réseaux de
continuités éco-paysagères. Il a cependant le
mérite de respecter les principes de l’écologie du
paysage, d’y intégrer le volet social et paysager,
et de permettre une appropriation par les aménageurs et les décideurs politiques.■
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
1 • LARRERE C., LARRERE R., Du bon usage de la nature, Ed. Aubier, 1997
2 • « L’écologie des associations a pour objet les associations que forment les végétaux assemblés en
un même lieu (…), embrassant ou non, les faunes qui leur sont liées. (…). En 1916, F.Clements pose que
la communauté formée par les plantes vivant dans un même milieu, et qui subissent son action, modifie, en retour, ce milieu et favorise l’installation de nouvelles espèces. Ainsi, la composition spécifique
se transforme, entraînant des successions de communautés végétales, qui tôt ou tard aboutiront à un
stade d’équilibre, stade ultime que l’on nomme climax, en principe identique pour une même zone climatique. Clements, pour expliquer sa théorie des successions, utilise une métaphore organiciste : il
présente la végétation et la faune qui lui est associée comme un super-organisme. » - LARRERE C.,
LARRERE R., Du bon usage de la nature, Ed. Aubier, 1997
3 • L’écologie des populations s’intéresse aux populations, à leur dynamique et leurs interactions
4 • CLERGEAU P., Une biodiversité dans la ville, Science Tribune, 1998
5 • BARBAULT R., L’écologie, à l’épreuve d’enjeux de société, Natures Sciences Sociétés, 1996, 4 (4)
6 • BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du paysage, Editions Tec Doc, 1999
7 • ARANSON J., LE FLOC’H E. Que faire de tant de notions de paysage ?, Natures Sciences Sociétés,
1996, 4 (3)
8 • ‘un médiat entre la nature et la société, ayant pour base une portion d’espace matériel, qui existe
en tant que structure et système écologique, donc indépendamment de la perception.‘ (Bertrand 1975)
- ‘une portion de territoire hétérogène, composée d’ensembles d’écosystèmes en interaction, qui se
répètent de façon similaire dans l’espace’ (Forman, Godron 1986) - BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du
paysage, Editions Tec Doc, 1999
9 • ROGER A., dans Autoroutes et Paysages, C. Leyrit et B.Lassus, Les Editions du Demi-Cercle, 1994
10 • LE FLOCH S. et TERRASSON D., La notion de paysage, Natures Sciences Sociétés, 1995, 3 (4)
11 • DEFFONTAINES J.P., Cinq propositions pour une théorie du paysage, Natures Sciences Sociétés,
1995, 3 (4)
12 13 14 15 16 17 18 19 • BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du paysage, Editions Tec Doc, 1999
20 • Sauvages dans la ville, coordonné par LIZET B., WOLF A.E. et CELECIA J., Ed. MNHN, 1999
21 • Les « espèces multihabitats » utilisent plusieurs types d’éléments du paysage au cours de leur
cycle de vie. Les changements d’habitat peuvent être journaliers ou saisonniers.
22 • Ministère Aménagement du Territoire et Environnement, Quelle biodiversité en zones de grande
culture ?, 1998
23 • La théorie de Mac Arthur et Wilson prédit que le nombre d’espèces sur une petite île isolée est
inférieur à celui d’une grande île proche du continent. BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du Paysage, Ed
Tec Doc, 1999
24 • « Modèle source-puits »: « il s’agit d’une métapopulation, dans laquelle le taux de croissance, à
faible densité et en l’absence d’immigration, est négatif pour certaines taches appelées « puits » et
positif pour d’autres taches appelées « sources », BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du paysage, Ed. Tec
Doc, 1999
25 • BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du paysage, Ed. Tec Doc, 1999
27 • BAGUETTE M., MERCKX T., SCHTICKZELLE N., VAN DYCK H., Dispersion et réseaux écologiques:
Interaction connectivité fonctionnelle – grain du paysage, 2006
27 • BAUDRY J., BUREL F., Ecologie du paysage, Ed. Tec Doc, 1999
28 • ROGUEDA S., Les friches urbaines : des enjeux contemporains – perceptions et représentations
de la Petite Couronne de Paris, DEA Jardins Paysages Territoires, Ecole d’Architecture de Paris La
Villette, 2000
29 • WERQUIN A.C., DEMANGEON A., L’entrelacs du végétal et l’urbanisation, Annales de la recherche urbaine, 1997
30 • « Un espace linéaire établi le long d’un corridor naturel, tel que la berge d’un grand fleuve,
la vallée d’une rivière, une ligne de crête ou un espace longeant une ligne de chemin de fer, un canal,
une route panoramique…ou encore un lien entre des parcs urbains, des réserves naturelles, des sites
du patrimoine culturel ou historique. »
31 • http://www.legrenelle-environnement.fr/grenelle-environnement/spip.php?article707
32 • http://fr.wikipedia.org/wiki/Trame_verte
xx • FAHRIG L. & MERRIAM G., Habitat Patch Connectivity and Population Survival. Ecology, 1762-1768
(1985).
yyy • KOWSKY F.R., Municipal Parks and City Planning: Frederick Law Olmsted's Buffalo Park and
Parkway System. The Journal of the Society of Architectural Historians, 49-64 (1987).
national d'Histoire naturelle, Paris. 168 p.
LE BIODIVERSITAIRE
BIBLIOGRAPHIE
43
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
LE BIODIVERSITAIRE
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
44
Philippe CLERGEAU
Muséum national d’histoire naturelle
55 rue Buffon
75005 Paris
E-mail : [email protected]
LA PRISE EN COMPTE DU FONCTIONNEMENT ÉCOLOGIQUE
DES PAYSAGES
Figure 1 : Schéma des modifications des structures par ouverture d’un couloir au sein d’une forêt. Ici la création d’une route
large recrée des phénomènes de lisière et réduit d’autant plus l’habitat forestier.
L
es perturbations liées à la construction
d’axes routiers ou à celle de nouveaux
territoires urbains ont classiquement été
rapportées comme agissant sur l’environnement
immédiat, physique ou biologique. Depuis une
vingtaine d’années, les apports de l’écologie du
paysage et des études fonctionnelles des milieux
entre eux ont été considérables pour comprendre certains phénomènes, concernant aussi bien
la conservation patrimoniale (pourquoi certaines
espèces disparaissent de certains secteurs ?)
que de gestion de l’espace (pourquoi telle catastrophe naturelle ?). Cette analyse à un niveau
d’organisation supérieure permet de prendre en
compte des paramètres que l’on juge actuellement primordiaux dans le fonctionnement des
écosystèmes. Cette analyse écologique vient
compléter celles qui étaient menées avant au
niveau des individus (comportements, adaptation, etc.) ou des populations (réponses aux ressources présentes…). De plus, elle intègre plei-
nement les activités humaines dans les dynamiques de fonctionnement. Par exemple, l’étude
des fragmentations de zones plus ou moins
naturelles par les constructions (infrastructures
linéaires notamment) permet de proposer des
modèles de fonctionnement et d’estimer l’impact
des coupures des relations écologiques, indispensables au maintien des espèces aux échelles
locales et régionales.
LA FRAGMENTATION DES HABITATS
La fragmentation des habitats est un phénomène
dont on comprend de mieux en mieux toute
l’ampleur et l’importance. Elle recouvre deux
aspects : la réduction des superficies totales et
une distribution des formations résiduelles en
mosaïque dont les éléments sont séparés.
Les conséquences concernent aussi bien les
espèces utilisant le milieu touché que l’équilibre
de paysages entiers.
Un des effets de la fragmentation est l’augmentation des lisières. Plus le fragment est petit
et étroit plus ses bordures montrent une
importance relative. Le passage entre deux
systèmes n’est pas une frontière mais une
structure large où s’opèrent les échanges entre
milieux et qui est caractérisée par des conditions
environnementales particulières. Ce « milieu »
riche que nous appelons « écotone » est cependant occupé essentiellement par des espèces
communes souvent généralistes qui peuvent
localement rentrer en compétition avec d’autres
espèces propres à l’habitat voisin, espèces
souvent spécialistes. C’est notamment ce qui se
passe quand l’effet lisière devient trop important
(voir figure 1).
La fragmentation aboutit donc à une séparation
géographique d’entités soit par éloignement, soit
par présence d’une barrière infranchissable.
Dans les deux cas, elle tend à isoler les habitats
les uns des autres et les espèces qui y
sont présentes. Par manque d’échange, les
populations reliques qui se forment sont alors
vulnérables aux accidents climatiques ou à une
détérioration génétique à long terme. Plus
un fragment est gros et plus il pourra maintenir
ses populations et jouer le rôle de source de
disperseurs vers les autres fragments voisins.
Enfin, il existe un rapport entre distance
à la source, taille du fragment et facilité des
échanges. Chez de nombreux végétaux et
animaux, on a montré que ces échanges entre
fragments se faisaient par des structures
intermédiaires qui jouent le rôle fondamentale
de corridor pour les espèces. Par exemple
certains bois très proches mais séparés par une
barrière (canal ou route) auront, pour certaines
espèces, des relations plus faibles que des bois
distants mais bien reliés par des structures
comme des haies ou des chemins creux,
permettant la progression et le passage des
individus. Plus le réseau de corridor est dense et
le nombre de connexions important, plus les
espèces circuleront aisément. Quand il y a
coupure dans ce réseau, une partie des haies
perd alors ce rôle de corridor (voir figure 2).
Les structures de bocage ont été ainsi démontrées comme particulièrement favorables
aux mouvements des espèces forestières.
LE BIODIVERSITAIRE
La relation qui existe entre superficie d’un
habitat et présence de certaines espèces est
connue depuis longtemps. La notion d’aire
minimale illustre ainsi comment une surface
disponible trop faible peut limiter la présence de
certains animaux. Le domaine exploité par un
animal doit lui permettre un accès à des ressources alimentaires ou d’abris suffisantes mais
il existe aussi d’autres facteurs limitant comme
le dérangement humain ou la présence d’un
grand nombre de prédateurs. Cette relation
entre taille de l’habitat et richesse en espèce
intervient à toutes les échelles : le morcellement
des grands massifs forestiers exclura certains
grands mammifères et celui de petits bois un
ensemble d’espèces en rapport avec la taille
concernée. Les espèces les plus touchées sont
celles qui ont les plus grands domaines et se
trouvent en haut de chaîne alimentaire.
On comprend pourquoi les prédateurs sont
parmi les plus menacés.
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
Figure 2 : Mouvement des espèces entre une forêt source d’espèces et un petit bois proche (A) et effet d’une barrière sur cette
dispersion, ici exemple de la construction d’une autoroute (B) (dessin de D. Fourcy).
45
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
territoires (par exemple le Pas
de Calais, l’Île-de-France ou la
Loire-Atlantique). C’est aussi
ce qui est attendu pour la
construction du réseau écologique pan-européen demandé
par l’Union Européenne. Enfin
les notions de trames vertes et
bleues (récemment repris par
le Grenelle de l’Environnement)
sont au cœur de cette mise en
application du rôle des corridors biologiques.
46
Selon les espèces ces corridors
peuvent être plus ou moins
continus. Pour des oiseaux
capables de s’affranchir de
nombreuses barrières, un
corridor peut être une suite de
bosquets ou de jardins même
séparés par des espaces inhospitaliers. Le schéma sera très
proche pour des plantes dont
les graines sont dispersées par
le vent. En revanche, pour des
petits rongeurs ou des insectes
Figure 3 : Les flux d’espèces peuvent expliquer les biodiversités des îles selon
aptères, la continuité du réseau
l’éloignement du continent « source » et la superficie des îles, c’est la théorie
sera fondamentale. Plus la
biogéographique des îles. On peut appliquer cette théorie aux îles « d’habitat »
trame sera continue, large et
que sont les espaces verts isolés par l’urbanisation et y analyser de la même façon
les mécanismes de colonisation.
proposant divers habitats
(talus, fossé, couvert arbustif ou
herbacé, etc.), plus il intéressera
un
grand
nombre
d’espèces différentes.
LE MAINTIEN ET LA RESTAURATION
De
nombreux
travaux
scientifiques soutiennent
DE CORRIDORS
l’intérêt des connectivités dans les zones rurales
Les éléments rapportés précédemment aboutismais il y a encore débat sur quelques aspects :
sent au constat que des aménagements qui
par exemple en facilitant la diffusion des
veulent intégrer une préoccupation d’écologie
espèces, on facilite aussi celle des espèces
fonctionnelle ne peuvent plus rester au seul
invasives ou des maladies. Il faudrait imaginer
niveau localisé des effets immédiats. Que ce soit
des réseaux de surveillance (qui sont en cours
dans une dimension spatiale ou temporelle
d’ailleurs dans bon nombre de sites naturels
(les deux aspects sont liés), ce souci de conserd’intérêt) et une information du public pour limiver les connexions doit être systématique dans
ter les introductions d’espèces exotiques. Un
tout projet qu’il soit routier ou d’urbanisme, qu’il
autre objet de discussion est que l’installation de
concerne des zones naturelles d’intérêt ou non.
corridors va favoriser les « puits » (là où les
Cela devient d’autant plus important qu’il nous
espèces sont plus fragiles et ne peuvent se
faut être attentif non plus seulement à quelques
maintenir que par un apport d’individus depuis
espèces rares mais à l’ensemble de la biodiverdes zones « sources »), voire les « trappes »
sité, et notamment la biodiversité « ordinaire »
(des sites où l’habitat est attractif mais ne peut
qui correspond à l’essentiel des espèces qui
fournir les ressources nécessaires).
nous entourent. Cette biodiversité ordinaire est
Aujourd’hui le questionnement va encore plus
fondamentale aux fonctionnements de nos écoloin puisqu’on réfléchit à des trames vertes et
systèmes anthropisés.
bleues en ville. Cette idée part de deux constats.
Il y a progressivement prise de conscience des
Le premier est lié à l’évolution des structures
enjeux de ces liaisons dans ces paysages très
urbaines qui présentent de plus en plus de
morcelés. Certaines collectivités ont commencé
verdure (surtout depuis les années 1970 où des
des états des lieux des corridors au sein de leurs
LE BIODIVERSITAIRE
Même si la ville n’a pas pour rôle la conservation
de la biodiversité, on voit toute l’évolution
actuelle des mentalités pour intégrer mieux
dans la ville cette nature qui s’éloigne du citadin.
Un réseau de trame verte peut aussi apparaître
comme un complément aux parcs en permettant
un maximum de contact entre citadin et nature.
On augmente les espaces où une nature
de proximité est perceptible. En développant ces
corridors, on diminue alors les inégalités
écologiques et on augmente les réseaux de
transport pour les vélos ou les piétons s’ils sont
couplés avec les corridors biologiques. Mais une
foule de questions scientifiques, techniques ou
socioéconomiques émergent depuis les notions
de perception, d’appréciation et d’usage des
espèces par le citadin jusqu’aux mécanismes
biologiques qui expliquent les déplacements des
espèces avec ou sans corridor (voir figure 3).
Les scientifiques (écologues, sociologues,
géographes et ethnologues) s’attèlent maintenant à analyser ces interrelations complexes
homme-nature-urbanisation et le Muséum y a
engagé des forces importantes dont les résultats
pourront certainement éclairer des décisions
d’aménagement.■
RÉFLEXIONS SUR LES ENJEUX DE LA BIODIVERSITÉ URBAINE
milliers d’arbres ont été plantés dans la plupart
des villes). L’homme souhaite une nature de
proximité et en multipliant les espaces verts il
permet à de nombreuses espèces de venir s’y
installer. Le deuxième constat est l’importance
que prend l’urbanisation dans l’aménagement
global du territoire. On peut alors se poser la
question d’un rôle possible de la ville dans une
forme de conservation d’une nature ordinaire,
tout comme on l’attend aujourd’hui de l’agriculture. Dans les deux cas, la construction de
liaisons vertes ou leur maintien permet à un plus
grand nombre d’espèces de rentrer et de se
maintenir en ville.
47
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE
RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS
EN 2007 ET 2008
CONNECTIVITÉ ET CORRIDORS BIOLOGIQUES EN SEINE-SAINT-DENIS
Maxime ZUCCA, Muséum national d’histoire naturelle , Centre de Recherches
sur la Biologie des Populations d’Oiseaux
PAGES 49-54
SUIVI ORNITHOLOGIQUE DU PARC DÉPARTEMENTAL
JEAN MOULIN – LES GUILANDS EN 2007
Jean-Pierre LAIR, Centre Ornithologique Île-de-France (CORIF)
PAGES 55-57
SUIVI DES PASSEREAUX NICHEURS PAR CAPTURE ET MARQUAGE POUR LES PARCS
DÉPARTEMENTAUX DU SAUSSET ET DE LA COURNEUVE
Christophe DE FRANCESCHI , Ligue pour la Protection des Oiseaux Île-de-France
PAGES 58-67
LE BLONGIOS NAIN AU PARC DÉPARTEMENTAL DE LA COURNEUVE :
ÉTAT DES CONNAISSANCES SUR LA POPULATION (1987-2007)
ET RÉSULTATS D’UNE ÉTUDE SUR LES PARAMÈTRES DE L’UTILISATION DE SON HABITAT
Olivier PAIKINE, Ligue pour la Protection des Oiseaux Île-de-France
PAGES 68-72
SUIVI DE LA NIDIFICATION DE LA COLONIE D’HIRONDELLES
DE RIVAGE Riparia Riparia DU CANAL DE L’OURCQ – ANNÉE 2008
Jean-Pierre LAIR, Centre Ornithologique Île-de-France (CORIF)
PAGES 73-74
UTILISATION DE L’ABEILLE DOMESTIQUE COMME BIOINDICATEUR
EN ZONE URBAINE Á SAINT-DENIS
Yves LOUBLIER, Laboratoire Evolution, Génomes, Spéciation (LEGS), CNRS
PAGES 75-78
LES COLÉOPTÈRES SAPROXYLIQUES DU PARC DÉPARTEMENTAL DE LA COURNEUVE
Bruno MERIGUET, Alexis BORGES et Pierre ZAGATTI,
Office Pour les Insectes et leur Environnement (OPIE)
PAGES 79-82
UN PLAN DE GESTION CONCERTÉ POUR LE MARAIS DU SAUSSET
Parc du Sausset, Conseil général de la Seine-Saint-Denis
PAGES 83-86
COMPLÉMENTS Á L’ATLAS DE LA FLORE SAUVAGE DU DÉPARTEMENT
DE LA SEINE-SAINT-DENIS
Sébastien FILOCHE, Conservatoire botanique national du Bassin parisien
PAGES 87-91
A l’étranger :
EXPÉDITION SANTO 2006
Christine ROLLARD, Muséum national d’histoire naturelle,
Département Systématique & Evolution
PAGES 92-95
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
CRBPO – MNHN
CONNECTIVITÉ ET CORRIDORS BIOLOGIQUES
EN SEINE-SAINT-DENIS
Figure 1 : Mésange charbonnière munie de son émetteur
CONTEXTE DE L’ETUDE
Dans le cadre de l’application des Directives
Oiseaux et Habitats, la France, comme les autres
pays européens, devait classer Zone de
Protection Spéciale (ZPS) ou Zone Spéciale de
Conservation (ZSC), un échantillon représentatif
des habitats et sites contenant des espèces et
des cortèges parmi les plus menacés d’Europe.
L’objectif est l’application d’une gestion durable
intégrant les habitats, les espèces animales et
végétales, et les activités humaines.
C’est dans ce contexte qu’en avril 2006 fut créée
la ZPS de Seine-Saint-Denis, à l’initiative
d’acteurs de la Direction des Espaces Verts du
Conseil général et de la DIREN Île-de-France.
Ce site Natura 2000 séquano-dyonisien présente
certaines originalités :
• il est constitué de 14 entités disjointes, distantes entre elles de 2 kilomètres minimum et
5 kilomètres maximum ;
• la grande majorité de ces entités sont des
parcs urbains, à forte fréquentation ;
• ces 14 entités constituent des « îlots verts »
au sein d’une matrice urbaine que l’on considère
être principalement constituée de milieux hostiles susceptibles de restreindre les mouvements
des oiseaux et autres animaux entre ces sites.
Un fort taux d’urbanisation est couramment
associé à une diversité faible en espèces
d’oiseaux, en raison du faible nombre d’habitats
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
LE BIODIVERSITAIRE
Maxime ZUCCA
Muséum national d’histoire naturelle
UMR 5173 Paris
Centre de Recherches sur la Biologie des
Populations d’Oiseaux
55, rue Buffon
75005 Paris
E-mail : [email protected]
49
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
favorables qui y sont présents. Toutefois,
on trouve un certain nombre d’espèces privilégiant les milieux bâtis (telles que le célèbre
Moineau domestique ou le Rougequeue noir) et,
en particulier, les zones résidentielles (les
mésanges et le Merle noir en sont de bons exemples). Dans ces dernières, la mosaïque formée
par les jardins d’habitations individuelles et la
proximité d’espaces verts collectifs conduit à une
hétérogénéité paysagère importante. On connaît
toutefois mal les mécanismes d’échange et de
dispersion des oiseaux entre les différents habitats favorables qui, en Seine-Saint-Denis et pour
beaucoup d’espèces, sont en premier lieu les
grands espaces verts classés « Natura 2000 ».
Département le plus urbain de France après
celui de Paris, il paraissait intéressant que
la Seine-Saint-Denis soit le pilote d’études
novatrices en écologie urbaine. Le Centre de
Recherche sur la Biologie des Populations
d’Oiseaux (CRBPO), sollicité pour répondre aux
questions posées par le Conseil général, a
proposé une étude d’une durée de 5 mois,
conduite au printemps 2007.
OBJECTIFS
Expérimentation
Afin d’étudier la connectivité entre les sites
Natura 2000 de Seine-Saint-Denis, et de
modéliser les résultats obtenus à l’ensemble du
département, nous avons étudié le trajet
qu’empruntaient deux espèces de passereaux, la
Mésange charbonnière Parus major et la
Fauvette grisette Sylvia communis, pour
retourner sur leur territoire après déplacement
expérimental.
Durant la période de reproduction (qui inclut
la période de nidification), les oiseaux défendent
leur territoire avec vigueur par diverses manifestations (chant, poursuite des intrus, etc.).
Leur capacité à se reproduire dépendra de la
qualité de ce territoire et de sa défense. Cette
propriété a ainsi été exploitée pour la présente
étude : déplacé, un individu préparant sa
reproduction aura tout intérêt à regagner rapidement son territoire s’il veut mener à bien sa
reproduction, force principale régissant le
comportement d’un individu à cette époque de
l’année. Pour cette étude, nous avons choisi les
mâles défendant leur territoire de manière plus
affirmée. Les mâles sont également plus facile à
capturer que les femelles car ils répondent à
l’émission d’un chant enregistré de la même
espèce, et sont ainsi plus faciles à attirer dans
les filets.
Les oiseaux sont capturés en début de matinée
à l’aide de filets verticaux en maille de nylon
d’une longueur variant entre 7 et 12 mètres,
tendus entre deux perches. Presque invisibles,
ils piègent dans leurs poches les oiseaux qui
les percutent. L’oiseau est alors démaillé, bagué,
mesuré et pesé. Un émetteur
d'environ 0.5 grammes (entre
2 et 3% du poids de l’oiseau)
est fixé à la base des rectrices centrales (plumes de la
queue) à l’aide de colle forte
(voir figures 1 et 2). L’oiseau
est enfin déplacé en voiture
jusqu’au lieu de lâcher, à une
distance variant de 1,5 à
3,3 km du lieu de capture.
L’oiseau relâché est suivi
à l’aide d’un récepteur et
d’une
antenne,
captant
le signal émis par la puce
émettrice placée sur l’oiseau,
jusqu’à son retour au site
de capture. Les localisations
observées sont consignées
(avec l’heure précise) sur
CRBPO – MNHN
L’aspect plus ou moins insulaire des 14 soussites concernés, leur réunion en un seul site
administratif et l’architecture paysagère très
urbaine, originale au sein du réseau Natura 2000,
apportent les interrogations suivantes :
• Les oiseaux peuvent-ils passer d’un site à l’autre ?
• Quel est le degré de connectivité entre les sites ?
• Quels types d’habitats sont les plus exploités par
les oiseaux lors de leurs déplacements à travers la
« matrice urbaine », et quels sont les obstacles ?
MÉTHODOLOGIE
Figure 2 : Baguage d’une fauvette grisette
50
RÉSULTATS
En formant un « raster » sur l’ensemble du
département, chaque pixel se retrouve avec une
valeur correspondant à l’indice de connectivité du
polygone d’habitat dans lequel il se trouve.
Pour réaliser une carte visuelle reflétant les
capacités de déplacement et de choix supposées
d’un individu, nous avons assigné à chaque pixel
la valeur moyenne de tous les pixels présents
dans un rayon de 300 m autour de celui-ci
Nous avons pu effectuer le suivi de 10 Mésanges
charbonnières et 8 Fauvettes grisettes. Les
oiseaux pour lesquels le suivi a échoué
(problème matériel, perte d’émetteur, départ
et retour trop rapides) ne sont pas comptabilisés
dans ce total. Presque tous les oiseaux suivis
(94%) sont parvenus à retrouver leur territoire :
seule une Fauvette grisette n’est jamais rentrée.
De retour, les oiseaux se sont de nouveau appariés avec le même partenaire.
Les deux espèces n’empruntent jamais le
chemin le plus court pour regagner leur territoire et utilisent préférentiellement certains
habitats, en en évitant d’autres : l’habitat urbain
n’est pas utilisé de manière homogène. De
même, les deux espèces utilisent différemment
l’habitat urbain en fonction de son indice de
végétation. Cet effet ne se confond pas au précédent mais s’y ajoute. Par exemple, les oiseaux
fréquentent les parties les plus végétalisées de
chaque polygone. Toutefois, cela n’a lieu que
jusqu’à une valeur 6 (sur 12) de l’indice de végétation ; au-delà, les oiseaux n’utilisent pas plus
les mailles à indice de végétation supérieur.
Connectivité séquano-dyonisienne :
Mésange charbonnière
Connectivité séquano-dyonisienne :
Fauvette grisette
Figure 3 : Modélisation à l’échelle du département de la connectivité du paysage pour la Mésange charbonnière et la Fauvette
grisette. En violet, les sites Natura 2000, en bleu les limites du département de Seine-Saint-Denis. Le vert facilite le passage,
le jaune ne le gêne pas et le orange et rouge constituent des barrières. Pour la Fauvette grisette, aucun indice de connectivité
des milieux agricoles n’a pu être calculé : il donc été appliqué par défaut un indice de connectivité neutre (1) à ce milieu, ce qui
explique la disparité observée dans le Nord-Est de la zone figurée. Les zones agricoles étant très peu nombreuses en SeineSaint-Denis, cette absence de valeur a peu d’importance.
LE BIODIVERSITAIRE
Analyses cartographiques et analyse de la
connectivité
Pour estimer la connectivité d’un type d’habitat,
les données du Mode d’occupation du sol (2003 –
IAURIF 1) ont été comparées aux points d’observation où ont été localisés les individus suivis.
Dans une zone potentiellement visible par
l’oiseau, à 300m autour des points d’observations, la connectivité résulte de la comparaison
de l’effectif théorique, c’est-à-dire si l’oiseau se
déplaçait indifféremment dans tous les types
d’habitats, à l’effectif observé des individus dans
les différents types d’habitats. Il s’agit plus
précisément d’un indice de préférence de tel type
d’habitat par telle espèce d’oiseau. On suppose
par hypothèse que l’oiseau emprunte le chemin
ayant les préférences les plus fortes, d’où l’idée
de connectivité.
(figures 3 et 4). Ainsi, un pixel se trouvant dans un
espace vert pourra tout de même avoir une valeur
de connectivité faible si celui-ci est entouré
d’habitats à faibles valeurs de connectivité,
comme des immeubles continus par exemple.
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
un carnet de photographies aériennes transportable sur le terrain.
1• Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Île-de-France
51
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2006
Connectivité séquano-dyonisienne : Fauvette grisette
Figure 4 : Modélisation à l’échelle du département de la connectivité du paysage pour la Fauvette grisette, selon un scénario de
disparition des friches. A gauche : état actuel ; à droite : remplacement des friches par des zones d’activités et d’entreprises.
Le tableau 1 indique l’indice de connectivité des
différentes classes d’habitat pour chacune des
deux espèces.
Malgré certaines divergences, les deux espèces
utilisent globalement l’espace de manière semblable (aucune différence significative). Les deux
types d’habitats dominants en Seine-Saint-Denis
sont utilisés de manière équivalente par les deux
espèces : les parcs et jardins, et les zones
pavillonnaires.
On retiendra deux différences principales entre
les deux espèces :
• l’utilisation fréquente des arbres d’alignements (qui se trouvent principalement le long
des voies de plus de 25 m) par la Mésange
charbonnière, et rarement par la Fauvette
grisette ;
• la grande importance que semblent jouer
les espaces à faible intervention humaine que
sont les friches urbaines, les bords de voies
ferrées, les vergers et les pépinières pour la
Fauvette grisette (également très utilisées par la
Mésange charbonnière, mais dans une moindre
proportion).
A partir de ces indices de connectivité et des
données cartographiques référencées dans
le MOS, nous avons cartographié la connectivité
paysagère du département de la Seine-SaintDenis, qui reflète au moins celle des deux
espèces concernées, et probablement celle des
espèces des mêmes cortèges (passereaux
généralistes et passereaux des habitats buissonnants) (figure 3)
DISCUSSION ET CONCLUSION
Cette expérimentation a montré que les oiseaux
peuvent dans l’ensemble se déplacer en milieu
urbain et circuler d’un site Natura 2000 à l’autre.
52
Certains modes d’urbanisation peuvent néanmoins jouer un rôle important de frein à la
dispersion, comme c’est le cas des immeubles
continus ou zones d’activités séparant les parcs
des Beaumonts et de Jean-Moulin - Les
Guilands, dans le sud-est du département, ou
aux abords du parc départemental de La
Courneuve.
Cette étude présente cependant des limites et
des améliorations possibles. Les indices de
connectivité calculés gagneraient en précision
sur une étude comportant plus d’individus et
plus de sites d’étude. La classification d’habitats
du MOS contient des imprécisions : elle ne fait
pas la distinction entre une route non bordée
d’arbres et une route bordée d’arbres, ou entre
une friche très végétalisée ou plutôt asphaltisée.
Le complément apporté par l’indice de végétation permet de combler cette lacune. Enfin,
d’autres éléments que le type d’habitat et le taux
de végétation interviennent probablement dans
le choix des itinéraires empruntés par les
oiseaux pour se déplacer en milieu urbain mais
ils n’ont pas été quantifiés. Il peut s’agir de la
présence d’individus de la même espèce, d’une
source d’alimentation particulière, etc. Dans
notre étude, la surface des polygones n’intervient pas dans le choix des oiseaux.
Ces indices fournissent une vision d’ensemble
de la connectivité paysagère à l’échelle du
département pour les deux espèces étudiées,
et procurent des résultats qui, à notre connaissance, sont inédits dans l’étude des écosystèmes
urbains. Calculés de manière plus fine, et en
prenant en compte des espèces à écologie
différente de celle de la Mésange charbonnière
et de la Fauvette grisette (par exemple, les
passereaux forestiers), ces indices pourraient
Tableau 1. Indice de connectivité de chaque classe d’habitat pour les deux espèces, calculé à partir de 177 points pour la
Mésange charbonnière et de 106 points pour la Fauvette grisette, chaque point devant être distant d’au moins 50 m du suivant
pour être considéré comme différent.
Au-dessus de 1, un habitat a un indice de connectivité positif (alors considéré comme attractif), en rouge dans le tableau. En
vert, les habitats jouant plutôt un rôle de barrière. En noir, les habitats à indice de connectivité neutre (globalement utilisé
dans la même proportion que leur abondance).
permettre la modélisation de l’effet de différents
scénarios d’aménagement urbain sur la possibilité de dispersion des oiseaux. Avec ces premiers
résultats, nous sommes par exemple parvenus à
visualiser l’effet qu’aurait le remplacement
(non irréaliste !) de toutes les friches urbaines à
faible intervention humaine par des zones d’activités : cette modélisation est illustrée par la
figure 4.
Dans le cadre du réseau Natura 2000, les
principales mesures de conservation à proposer
au sein des sites sont, par exemple, d’accroître
la diversité des buissons et des arbres, et de
maintenir des zones en friches pouvant favoriser
la colonisation d’espèces rares. La taille des
espaces verts est le principal facteur limitant en
terme de potentiel de biodiversité, mais un parc
de petite taille peut accueillir une grande
diversité d’espèces, lorsque les habitats et les
types de gestions sont variés. C’est notamment
le cas, en Seine-Saint-Denis, du Parc des
Beaumonts, exemple à suivre en la matière.
A l’échelle départementale, nous avons vu que
certains habitats, même fragmentés, sont très
privilégiés par les oiseaux lors de la phase de
dispersion. Pour la Mésange charbonnière,
il s’agit en premier lieu des arbres d’alignement.
Conserver des bordures boisées et buissonnantes le long des voies ferrées (et, dans une
moindre mesure, des autoroutes) s’avèrerait
également extrêmement favorable pour les deux
espèces. Les parcs et jardins sont, sans
surprise, très utilisés par les oiseaux, mais
l’absence de distinction faite entre les différents
types de parcs (en fonction des habitats qui
s’y trouvent) par le MOS empêche toute préconisation plus précise. Le mélange entre espace
vert et lieu récréatif, dans le cas des stades, ou
même des cours d’école, s’avère également
favorable aux oiseaux.
Pour tous ces habitats, l’objectif poursuivi par
l’urbanisation moderne ne va pas à l’encontre de
ce qui pourrait sinon être des recommandations.
L’un des résultats inattendus de cette étude est
l’égale utilisation des zones pavillonnaires
par les deux espèces. La Mésange charbonnière
y est pourtant un nicheur très présent, alors que
la Fauvette grisette en est totalement, ou
presque, absente. Cela peut également
constituer une piste intéressante. La difficulté
d’obtenir des observations directes des oiseaux
lors du suivi par radio-tracking ne permet pas de
l’affirmer, mais il semble que la Fauvette
grisette privilégierait les jardins plus buissonnants, la Mésange charbonnière les utilisant de
manière relativement aléatoire. Il est probable
que la grande diversité des types de jardins
permet à un grand nombre d’espèces, d’écologie
LE BIODIVERSITAIRE
Wi Mésange charbonnière Wi Fauvette grisette
0,97
0,90
0,28
2,79
2,19
0,63
0,23
1,16
0,00
0,00
0,79
0,57
0,32
0,60
0,55
0,25
0,63
0,00
0,00
0,00
1,52
1,87
3,08
1,60
1,44
1,60
2,67
1,56
0,00
1,43
1,47
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Habitat
Zones pavillonnaires/habitat individuel
Enseignement
Voie de plus de 25 m
Habitat continu bas
Habitat collectif continu haut
Habitat collectif discontinu
Zones d'activité/entreprises
Grandes surfaces et Parkings
Cimetières et hôpitaux
Divers couverts ou mineurs
Surface Agricole
Friches au sens large
Berges
Parcs, Jardins, Bois, Forets
Vergers, Pépinières
Terrains de sport en plein air
Autoroute, Voie ferrée...
53
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
très différente, de les utiliser comme lieu de
transit. Ces zones pavillonnaires, notamment
lorsqu’elles contiennent suffisamment d’arbres,
pourraient jouer un rôle important dans la
colonisation et le renouvellement des espèces
forestières. Cette diversité des jardins et leur
« naturalité » gagnent à être encouragées.
Enfin et surtout, pour des espèces beaucoup
moins représentées dans le département telles
que la Fauvette grisette, moins inféodée aux
parcs urbains, les zones relativement naturelles,
même petites, à faible intervention humaine,
sont primordiales. L’un des principaux chevaux
54
de Troie en terme de préservation de la biodiversité urbaine pourrait être le maintien d’un
nombre suffisant de friches, quitte à les entretenir de façon écologique afin qu’elles ne soient
pas victimes de leur image « délaissée » lorsqu’il ne s’agit pas même de décharges -,
permettant d’en faire des proies plus difficiles
pour les promoteurs immobiliers.■
SUIVI ORNITHOLOGIQUE DU PARC DÉPARTEMENTAL
JEAN-MOULIN – LES GUILANDS EN 2007
CONTEXTE
Depuis l'an 2000, le CORIF effectue un suivi régulier du Parc Jean-Moulin – Les Guilands. En 2006, le
protocole précédemment adopté a été étendu à l'hiver, afin d'obtenir une vision de l'avifaune du parc,
sur un cycle annuel complet. En 2007, après la destruction de la friche basse et la construction d'une
aire de jeux, dans la cuvette située près du plan d'eau, une première tentative de bilan est dressée.
Pour ce faire, neuf inventaires ont été réalisés, de mars 2007 à janvier 2008, en reprenant la méthodologie précédemment utilisée (LE BIODIVERSITAIRE° n°2, page 30).
RÉSULTATS
Les comptages réalisés en 2007 ont permis de contacter 44 espèces (Voir Tableau 1).
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
NOM VERNACULAIRE
NOM SCIENTIFIQUE
Canard colvert
Épervier d'Europe
Faucon crécerelle
Gallinule Poule-d'eau
Mouette rieuse
Pigeon ramier
Martinet noir
Huppe fasciée
Pic vert
Pic épeichette
Hirondelle rustique
Hirondelle de fenêtre
Troglodyte mignon
Accenteur mouchet
Rougegorge familier
Rossignol philomèle
Rougequeue noir
Merle noir
Grive musicienne
Grive draine
Hypolaïs polyglotte
Fauvette grisette
Fauvette des jardins
Fauvette à tête noire
Anas platyrhynchos
Accipiter nisus
Falco tinnunculus
Gallinula chloropus
Larus ridibundus
Columba palumbus
Apus apus
Upupa epops
Picus vidiris
Dendrocopos minor
Hirundo rustica
Delichon urbicum
Troglodytes troglodytes
Prunella modularis
Erithacus rubecula
Luscinia megarhynchos
Phoenicurus ochruros
Turdus merula
Turdus philomelos
Turdus viscivorus
Hippolais polyglotta
Sylvia communis
Sylvia borin
Sylvia atricapilla
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Jean-Pierre LAIR
Centre Ornithologique Île-de-France (CORIF)
Maison de l’oiseau - Parc Forestier de la Poudrerie
Allée Eugène Burlot
93410 Vaujours
Tél. 01 39 12 53 98
E-mail : [email protected]
LE BIODIVERSITAIRE
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
55
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
NOM VERNACULAIRE
NOM SCIENTIFIQUE
Pouillot véloce
Roitelet huppé
Roitelet à triple bandeau
Gobemouche gris
Gobemouche noir
Mésange huppée
Mésange bleue
Mésange charbonnière
Grimpereau des jardins
Geai des chênes
Pie bavarde
Corneille noire
Étourneau sansonnet
Moineau domestique
Moineau friquet
Pinson des arbres
Pinson du nord
Serin cini
Verdier d'Europe
Chardonneret élégant
Phylloscopus collybita
Regulus regulus
Regulus ignicapillus
Muscicapa striata
Ficedula hypoleuca
Parus cristatus
Parus caeruleus
Parus major
Certhia brachydactyla
Garrulus glandarius
Pica pica
Corvus corone
Sturnus vulgaris
Passer domesticus
Passer montanus
Fringilla coelebs
Fringilla montifringilla
Serinus serinus
Carduelis chloris
Carduelis carduelis
Tableau 1. Liste des espèces observées sur le parc départemental Jean-Moulin –
Les Guilands, en 2007
Richesse spécifique
B.MUNOZ - CORIF
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Figure 2 : Huppe fasciée
Ce résultat est en baisse au regard de l'an dernier (46 en
2006), et peut être comparé à celui de 2000 ou 2004 (44)
(figure 1).
Quelques espèces observées en 2006 n'ont pas été réobservées (ex. Rousserolle verderolle ou Bruant zizi), mais il
s'agit généralement de migrateurs irréguliers.
En revanche, la Huppe fasciée (figure 2) vient s'ajouter à la
liste des espèces notées sur le parc depuis le début du
suivi, portant cette dernière à un total de 70 espèces.
Figure 1. Richesse spécifique depuis l'an 2000
L'analyse des observations par milieux confirme le
déclin, déjà constaté en 2006, des zones uniquement dédiées à l'accueil du public. Les espèces qui
ne fréquentaient que ces secteurs fréquentent
maintenant les zones naturelles (ex. Pic vert) ou
l'ensemble du parc (ex. Geai des chênes).
Le suivi des espèces nicheuses montre, lui aussi,
une légère régression au regard de l’année 2006.
Le Rougegorge familier, notamment, n'a donné
aucun indice de reproduction en 2007, alors que
l'Hypolaïs polyglotte fait son retour comme nicheur
(un couple dans la friche haute).
Le Roitelet huppé et la Mésange huppée viennent
compléter la liste des espèces ayant nichées dans
le parc. Cette dernière s'élève maintenant à 37
espèces. L'analyse de la dynamique des espèces
nicheuses montre que, comme en 2006, pour la
majorité des espèces, la population se maintient
ou varie de moins de quatre couples. On soulignera
néanmoins, l'augmentation du nombre de reproducteurs pour la Gallinule Poule-d'eau avec deux
56
couples en 2007. Il est fort probable que la "population" du parc approche ici son maximum.
Le parc reste peu fréquenté par l'avifaune,
en dehors des périodes de migration et de
reproduction. On n'y trouve qu'une seule espèce
hivernante (observée en hiver et demeurant sur
place durant la saison froide) : la Mouette rieuse.
Le suivi des espèces bio-indicatrices montre que
seul le Pouillot véloce est en régression au regard
de l'an dernier. Les autres espèces (Hypolaïs
polyglotte, Fauvette grisette et Fauvette à
tête noire) voient, au contraire, leurs effectifs
augmenter.
LE SUIVI DE LA FRICHE BASSE
En février 2007, lors des travaux d'entretien des
secteurs naturels du parc, la friche basse a été
presque entièrement supprimée. Il n'en subsistait
plus alors que quelques buissons épars, nous procurant quelques inquiétudes quant à la prochaine
reproduction de l'avifaune dans ce secteur..
Figure 3 : La friche basse en avril 2007
JP. LAIR - CORIF
Afin de minimiser les impacts de cette destruction, de nouvelles plantations ont été effectuées
au printemps (20 Aubépines, 20 Fusains
d'Europe et 20 Cornouillers mâles). Une attention particulière a donc été apportée, durant le
printemps et l'été 2007 dans cette friche.
Un bilan rapide nous permet maintenant d'être
optimiste, puisque qu'aucun déclin n'a pu être
constaté, tant dans le nombre d'espèces nicheuses que dans le nombre de couples.
Figure 4 : Développement de la végétation autour de l’étang
CONCLUSION ET
PERSPECTIVES D'AVENIR
Malgré nos craintes, suite à la disparition de
l'Hypolaïs polyglotte en 2006 et à la destruction
de la friche basse dans le courant de l’hiver, les
résultats obtenus cette année montrent que le
Parc Jean-Moulin – Les Guilands, qui recèle des
milieux naturels peu fréquents dans ce secteur,
constitue un refuge difficilement remplaçable
pour de nombreuses espèces. C'est pourquoi,
même après l'altération d'une partie du parc, ces
espèces sont de retour dès que le milieu naturel
reprend ses droits.
Pour cette raison, et parce qu'il constitue une
étape pour de nombreux oiseaux migrateurs,
le parc montre un potentiel important pour
l'avifaune du département. Néanmoins, si de
plus en plus d'espèces y sont observées lors de
leur passage, pour chacune d'entre elle, les
contacts sont irréguliers voire occasionnels.
Malheureusement, les zones naturelles
montrent une superficie limitée, incitant les
oiseaux à rechercher des abris ailleurs dans le
parc.
La reconstitution de zones de refuge, dans les
secteurs du parc qui, bien que destinées au
public, sont les moins visitées, constituerait donc
un outil permettant un meilleur accueil des
migrateurs.■
BIBLIOGRAPHIE
• BARTH F. (CORIF)– Suivi ornithologique du Parc des Guilands (2001). 15 p.
• BARTH F. et BIRARD C. (CORIF)– Inventaire ornithologique du Parc des Guilands : conséquences en
terme d'aménagement et d'entretien écologique (2001). 24 p.
• CORIF. Le Passer. Collection complète.
• CORIF – Suivi ornithologique du Parc des Guilands : Seine-Saint-Denis (93), année 2004. 24 p.
• CORIF - Suivi ornithologique du Parc des Guilands : Seine-Saint-Denis (93), année 2005. 27 p.
• CORIF - Suivi ornithologique du Parc des Guilands : Seine-Saint-Denis (93), année 2006. 27 p.
• FREY C. (CORIF) - Suivi ornithologique du Parc des Guilands : Seine-Saint-Denis. (2002). 12 p.
• FREY C. (CORIF) - Suivi ornithologique du Parc des Guilands : Seine-Saint-Denis. (2003). 13 p.
• LE MARECHAL P. et LESAFFRE G.– Les oiseaux d'Île-de-France : l'avifaune de Paris et de sa région.
Delachaux et Niestlé. (2000) 343 p.
LE BIODIVERSITAIRE
Certaines préconisations précédemment proposées (LE BIODIVERSITAIRE, op. cit.) ont été
mises en place telle que la pose de panneaux
d'information et de clôtures de protection et la
plantation de végétation aquatique dans
l'étang.D'autres, en revanche, restent à réaliser.
Elles visent, principalement, la gestion de la
végétation autour de la terrasse empierrée, la
création d'une friche et d'un sous-bois, dans la
partie Jean-Moulin du parc, et la création d'une
autre zone de friche dans la partie des Guilands.
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
JP. LAIR - CORIF
QUELQUES AMÉNAGEMENTS RESTENT
À PREVOIR
57
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
LE BIODIVERSITAIRE
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
58
Christophe DE FRANCESCHI
LPO Île-de-France
62 rue Bargue
75015 Paris
Tél. 01 53 58 58 31
E-Mail : [email protected]
SUIVI DES PASSEREAUX NICHEURS PAR CAPTURE ET
MARQUAGE POUR LES PARCS DÉPARTEMENTAUX DU
SAUSSET ET DE LA COURNEUVE
Résumé
Cette étude menée dans les parcs départementaux de La Courneuve et du Sausset, a été basée sur
un protocole appelé STOC-capture (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) établie par le Muséum
national d’histoire naturelle. Il s’agit de suivre les populations d’oiseaux nicheurs par le marquage.
Pour cette année 2007, ce sont 422 oiseaux qui ont été capturés, dont 306 bagués, le reste étant des
contrôles intra annuel (l’oiseau est bagué et contrôlé la même année, 93 oiseaux) ou inter annuel
(l’oiseau est bagué et contrôlé à une année différente, 23 oiseaux).
24 espèces ont été contactées sur le parc départemental de La Courneuve, et 19 sur celui du Sausset.
La majorité des espèces capturées sur les deux parcs sont des espèces généralistes (environ 70%) et
sédentaires (48% sur le parc départemental de La Courneuve et 67% sur le parc départemental
du Sausset).
La proportion de migrateur sur chaque parc est très différente : moins de 4% sur le parc départemental du Sausset et 21% pour celui de La Courneuve. La raison de ces écarts n’est pas évidente, il est
possible que les parcs aient un rôle différent dans le maintien des populations aviaires.
CONTEXTE
Le suivi des oiseaux communs par le protocole
STOC-capture est effectif en France depuis 1989,
et a pour objectif de fournir une estimation des
évolutions démographiques des passereaux les
plus communs.
Situés au nord du département de Seine-SaintDenis, les parcs départementaux de La
Courneuve et du Sausset sont enclavés dans des
secteurs très urbanisés.
Avec près de 400 hectares, le parc départemental de La Courneuve offre une diversité de petits
habitats allant de milieux boisés à des prairies
ouvertes, en passant par des étangs et des lacs.
Deux fois moins grand, le parc départemental du
Sausset offre pourtant la même variété de
milieux (avec un relief toutefois moins important).
L’étude initiale menée à partir de 2003 par
François CHIRON, visait spécifiquement à
étudier l’impact de la prédation des pies sur les
passereaux. En 2007, la LPO Île-de-France a pris
le relais de l’étude.
Par ce moyen de reconnaissance individuel de
l’oiseau, la LPO Île-de-France met à disposition
des parcs départementaux l’outil le plus adapté à
l’évaluation des tendances démographiques des
populations d’oiseaux nicheurs.
OBJECTIF
L’objectif premier de cette étude est l’amélioration des connaissances sur les populations
d’oiseaux reproducteurs et en particuliers des
passereaux.
Ce groupe d’espèces étant en général difficilement décelable, la méthode de suivi permet
d’avoir des résultats fins sur leurs évolutions de
populations.
Grâce à un protocole standardisé et de milieux
similaires sur les deux parcs, il sera possible de
comparer leur attrait respectif et de constater
d’éventuels échanges entre ces parcs (brassage
des populations).
Les parcs étant entourés de terrains fortement
urbanisés, il est intéressant de voir à terme, quel
intérêt apporte ce type d’espaces naturels dans
CONTEXTE
Pour chaque station STOC, trois sessions de
capture (au minimum) doivent être effectuées
entre mi-mai et début juillet :
Pour le STOC du parc départemental du Sausset
• le 24 juin 2007
• le 13 juin 2007
• le 29 juin 2007
Les filets sont placés chaque année aux mêmes
dates et aux mêmes endroits et sont numérotés.
Pour chacune des sessions du STOC, 10 filets de
12 m sont posés.
Pour le STOC du parc départemental de La
Courneuve, la pose des filets se fait à la tombée
de la nuit, et les filets sont ouverts pour la
capture de l’aube jusqu’à midi.
Pour le STOC du Sausset, la pose des filets se fait
dans l’après-midi et la capture commence en
soirée puis reprend le lendemain de l’aube
jusqu’à midi.
LPO
Pour le STOC du parc départemental de La
Courneuve
• le 23 mai 2007
• le 12 juin 2007
• le 28 juin 2007
Figure 2 :
Site de baguage au parc départemental de La Courneuve
Les filets sont contrôlés toutes les demi-heures.
Le baguage et la prise des mesures biométriques des oiseaux sont réalisés directement sur
les filets.
Les oiseaux sont relâchés le plus rapidement
possible à proximité immédiate du filet afin de
limiter les perturbations.
Tous les contrôles sont notés, y compris les
recaptures intra-journalières.
Les deux stations STOC sont placées dans des
milieux buissonnants similaires. Les filets sont
aux abords ou dans les massifs et les haies, et se
trouvent dans les deux cas à proximité des zones
herbacées ouvertes.
LE BIODIVERSITAIRE
le maintien et la conservation des populations
d’oiseaux communs.
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
LPO
Figure 1 : Mésange charbonnière
59
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
STOC Courneuve
Code Espèce
Mésange charbonnière
Accenteur mouchet
Fauvette grisette
Fauvette à tête noire
Merle noir
Moineau domestique
Etourneau sansonnet
Hypolaïs polyglotte
Mésange bleue
Fauvette babillarde
Rougegorge familier
Pouillot véloce
Traquet pâtre
Fauvette des jardins
Chardonneret élégant
Verdier d'Europe
Pigeon ramier
Mésange huppé
Pie bavarde
Bouvreuil pivoine
Roitelet huppé
Serin cini
Troglodyte mignon
Total
PARMAJ
PRUMOD
SYLCOM
SYLATR
TURMER
PASDOM
STUVUL
HIPPOL
PARCAE
SYLCUR
ERIRUB
PHYCOL
SAXTOR
SYLBOR
CARCAR
CARCHL
COLPAL
PARCRI
PICPIC
PYRULA
REGREG
SERSER
TROTRO
24 espèces
Nombre total d’oiseaux
capturés
bagués contrôlés
50
41
9
35
23
12
28
15
13
27
17
10
20
14
6
12
11
1
8
8
7
5
2
6
6
6
5
1
3
3
3
3
3
2
1
2
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
219
163
56
Tableau 1 : Résultat des séances de captures du parc départemental de La Courneuve en 2007
Sur ce parc, 219 captures, 163 poses de bague et 56 contrôles intra et/ou inter annuels ont été
effectués.
Pour l’analyse, les espèces ayant un nombre de captures supérieur à 4 individus ont été retenues.
STOC Courneuve
Code Espèce
Mésange charbonnière
Accenteur mouchet
Fauvette grisette
Fauvette à tête noire
Merle noir
Moineau domestique
Etourneau sansonnet
Hypolaïs polyglotte
Mésange bleue
Fauvette babillarde
Total
PARMAJ
PRUMOD
SYLCOM
SYLATR
TURMER
PASDOM
STUVUL
HIPPOL
PARCAE
SYLCUR
10 espèces
Nombre d’oiseaux
capturés
50
35
28
27
20
12
8
7
6
6
199
Pourcentage
25,13 %
17,59 %
14,07 %
13,57 %
10,05 %
6,03 %
4,02 %
3,52 %
3,02 %
3,02 %
100 %
Tableau 2 : Liste des espèces capturées avec plus de quatre individus sur le parc départemental de La Courneuve en 2007
60
Ainsi la Mésange charbonnière, l’Accenteur mouchet et la Fauvette grisette représentent plus de 50%
des captures au parc de La Courneuve.
Etude du statut migratoire des oiseaux du parc de La Courneuve
Ces espèces peuvent être classées en trois catégories :
• Les espèces sédentaires (la Mésange charbonnière, la Mésange bleue, l’Etourneau sansonnet,
le Moineau domestique et le Merle noir) présentent un total de 96 captures ;
atrices (la Fauvette babillarde, la Fauvette grisette, l’Hypolaïs polyglotte)
• Les espèces migra
présentent un total de 41 captures ;
• Les espèces migratrices partielles (la Fauvette à tête noire et l’Accenteur mouchet) présentent un
total de 62 captures.
Catégories
Sédentaire
Migrateur partiel
Migrateur
total
Nombre de captures
en 2007
96
62
41
199
% des captures en 2007
48 %
31 %
21 %
100 %
Tableau 3 : Liste des captures du parc départemental de La Courneuve (Par catégorie pour les espèces les plus communes)
Pour cette année 2007, les migrateurs représentent 21% des oiseaux capturés.
Les sédentaires représentent près de la moitié des captures des espèces les plus communes.
Etude des indicateurs du milieu du parc départemental de La Courneuve
Afin d’avoir une lisibilité sur l’échelle d’un milieu, le CRBPO a regroupé des espèces : ils sont alors appelé
indicateurs et caractérisent trois grands types d’habitats (forestiers, agricoles, bâtis) ou sont classés dans
la catégorie des espèces généralistes.
LE BIODIVERSITAIRE
Figure 3 : Pourcentage par espèce capturée sur le parc départemental de La Courneuve
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
par espèce capturée
61
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Voici le détail des ces indicateurs pour le
Parc départemental de La Courneuve :
• Espèces généralistes,
nombre d’espèces = 6
Mésange charbonnière (50), Accenteur
mouchet (35), Fauvette à tête noire (27),
Merle noir (20), Hypolaïs polyglotte (7),
Mésange bleue (6)
• Espèces spécialistes des milieux
agricoles, nombre d’espèces = 1
Fauvette grisette (28)
• Espèces spécialistes des miliieux
bâtis, nombre d’espèces =1
Moineau domestique (12)
• Espèces non catégorisées dans les
indicateurs nombre d’espèces = 2
Etourneau sansonnet (8) et Fauvette
babillarde (6)
•Espèces spécialistes des milieux
foresstiers, nombre d’espèces = 0
Figure 4 : pourcentage des espèces capturées en fonction de leur
statut migratoire
Catégories
Spécialiste des milieux forestiers
Spécialiste des milieux agricoles
Spécialiste des milieux bâtis
Généraliste
Non catégorisé
Total
Effectif
0
28
12
145
14
199
Pourcentage
0,00 %
14,07 %
6,03 %
72,86 %
7,04 %
100,00 %
Tableau 4 : Effectif d’espèces d’oiseaux au parc départemental de La Courneuve par indicateur de milieux
Ainsi, près des trois quarts
des espèces présentent sur
ce parc sont des espèces
généralistes.
Figure 5 : Pourcentage des espèces
d’oiseaux au parc départemental de
La Courneuve par indicateur de
milieux
62
Contrôle inter annuel
6
3
2
1
1
13 oiseaux
Tableau 5 : Contrôles inter annuels des oiseaux du parc départemental de La Courneuve réalisés en 2007
Ce sont majoritairement les fauvettes (espèces migratrices ou migratrices partielles) qui semblent les
plus fidèles à leur site de reproduction.
STOC Sausset
Code Espèce
Mésange charbonnière
Moineau domestique
Fauvette à tête noire
Mésange bleue
Merle noir
Accenteur mouchet
Fauvette des jardins
Rougegorge familier
Pouillot véloce
Fauvette grisette
Mésange à longue queue
Grive musicienne
Pic vert
Rousserolle verderolle
Rousserolle effarvatte
Rossignol philomèle
Mésange huppé
Pouillot fitis
Troglodyte mignon
Total
PARMAJ
PASDOM
SYLATR
PARCAE
TURMER
PRUMOD
SYLBOR
ERIRUB
PHYCOL
SYLCOM
AEGCAU
TURPHI
PICVIR
ACRRIS
ACRSCI
LUSMEG
PARCRI
PHYLUS
TROTRO
19 espèces
Nombre total d’oiseaux
capturés
bagués contrôlés
53
31
18
34
28
6
30
22
7
15
12
3
20
15
5
14
7
7
7
4
3
7
5
2
4
3
1
4
2
2
6
1
5
5
4
1
2
2
1
1
2
2
1
1
1
1
1
1
1
1
203
143
60
Tableau 6 : Liste de résultat des séances de captures du parc du Sausset en 2007
Sur ce parc, 203 captures, 143 poses de bague et 60 contrôles intra et/ou inter annuels ont été
effectués.
Pour l’analyse, les espèces ayant un nombre de captures supérieur à 4 individus ont été retenues.
LE BIODIVERSITAIRE
Espèce
Fauvette grisette
Fauvette à tête noire
Accenteur mouchet
Hypolaïs polyglotte
Mésange charbonnière
Total
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Étude de la fidélité au site de reproduction sur le Parc de La Courneuve
Pour étudier la fidélité des oiseaux à leur site de reproduction, seuls les contrôles inter annuels ont été
sélectionnés. C'est-à-dire que seuls les oiseaux contrôlés en 2007, et ayant été bagués les années
précédentes, sont comptabilisés.
63
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Espèce
Code Espèce
Mésange charbonnière
Moineau domestique
Fauvette à tête noire
Mésange bleue
Merle noir
Accenteur mouchet
Fauvette des jardins
Rougegorge familier
Mésange à longue queue
Grive musicienne
Total
PARMAJ
PASDOM
SYLATR
PARCAE
TURMER
PRUMOD
SYLBOR
ERIRUB
AEGCAU
TURPHI
10 espèces
Nombre d’oiseaux
capturés
53
34
30
15
20
14
7
7
6
5
191
Pourcentage
27,75 %
17,80 %
15,71 %
10,47 %
7,85 %
7,33 %
3,66 %
3,66 %
3,14 %
2,62 %
100,00 %
Tableau 7 : Liste des espèces capturées avec plus de quatre individus sur le parc départemental du Sausset en 2007
par espèce capturée
Figure 6 : pourcentage et effectif d’oiseaux capturés sur le parc départemental du Sausset
Ainsi la Mésange charbonnière, le Moineau domestique et la Fauvette à tête noire représentent plus de
50% des captures sur le parc du Sausset.
Etude du statut migratoire des oiseaux du parc départemental du Sausset
Ces espèces peuvent être classées en trois catégories :
• Les espèces sédentaires (la Mésange charbonnière, la mésange bleue, le moineau domestique,
Mésange à longue queue et le merle noir) présentent un total de 128 captures ;
• L’espèce migratrice (la fauvette des jardins) présente un total de 7 captures ;
• Les espèces migratrices partielles (la Fauvette à tête noire, la Grive musicienne l’Accenteur mouchet,
Rougegorge) présentent un total de 56 captures.
64
% des captures en 2007
67,02 %
29,32 %
3,66 %
100 %
Tableau 8 : Liste des captures du parc départemental du Sausset (Par catégorie pour les espèces les plus communes)
Pour cette année 2007,
les migrateurs représentent
4% des oiseaux capturés.
Les sédentaires
représentent plus de 70%
des captures des espèces
les plus communes.
Figure 7 : pourcentage des espèces
capturées en fonction de leur statut
migratoire
Statut migratoire ( par groupe d’espèce)
Etude des indicateurs du milieu du parc départemental du Sausset
Voici le détail des ces indicateurs pour le Parc départemental du Sausset
• Espèces généralistes, nombre d’espèces = 5
Mésange charbonnière (53), Accenteur mouchet (14), Fauvette à tête noire (30), Merle noir (20),
Mésange bleue (15)
• Espèces spécialistes des milieux forestiers, nombre d’espèces = 2
Grive musicienne (5) et Rougegorge (7)
• Espèces spécialistes sdes milieux bâtis, nombre d’espèces =1
Moineau domestique (34)
• Espèces non catégorisées dans les indicateurs, nombre d’espèces =2
Fauvette des jardins (7) et Mésange à longue queue (6)
• Espèces spécialistes des milieux agricoles, nombre d’espèce = 0
Catégories
Spécialiste des milieux forestiers
Spécialiste des milieux agricoles
Spécialiste des milieux bâtis
Généraliste
Non catégorisé
Total
Effectif
12
0
34
132
13
191
Pourcentage
6,28 %
0,00 %
17,80 %
69,11 %
6,81 %
100,00 %
Tableau 9 : Effectif d’espèces d’oiseaux au parc départemental du Sausset par indicateur de milieux
LE BIODIVERSITAIRE
Sédentaire
Migrateur partiel
Migrateur
total
Nombre de captures
en 2007
128
56
7
191
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Catégories
65
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Ainsi près des trois quarts
des espèces
présentent sur ce parc
concernent des espèces
généralistes.
Catégories des espèces d’oiseaux
Figure 8 : Pourcentage des
espèces d’oiseaux au parc
départemental du Sausset par
indicateur de milieux.
Etude de la fidélité au site de reproduction sur le Parc du Sausset
Voici le détail des ces indicateurs pour le Parc départemental du Sausset
• Espèces généralistes, nombre d’espèces = 5
Mésange charbonnière (53), Accenteur mouchet (14), Fauvette à tête noire (30), Merle noir (20),
Mésange bleue (15)
• Espèces spécialistes des milieux forestiers, nombre d’espèces = 2
Grive musicienne (5) et Rougegorge (7)
Espèce
Fauvette à tête noire
Mésange à longue queue
Merle noir
Fauvette grisette
Accenteur mouchet
Moineau domestique
Total
Contrôle inter annuel
3
2
2
1
1
1
10 oiseaux
Tableau 10 : Contrôles inter annuels des oiseaux du parc départemental du Sausset réalisés en 2007
Ce sont majoritairement des espèces sédentaires ou migratrices partielles qui semblent le plus
fidèles à leur site de reproduction.
CONCLUSION
Après ces trois journées de captures, il est
possible de dégager des tendances sur les populations d’oiseaux présentes sur ces parcs.
Sur chacun des sites, le nombre de capture, de
contrôle et de marquage sont assez proches et
permettent donc une comparaison.
Etant en milieu péri urbain, on pouvait s’attendre
à avoir une majorité d’espèces peu exigeantes et
66
non spécifiques. Cela est vérifié par l’étude des
indicateurs de milieu où, sur chacun des parcs,
la proportion des espèces « généralistes » est
proche des 70%.
Sur les deux parcs, l’espèce la plus commune est
donc la Mésange charbonnière, représentant
près du quart des captures, les autres espèces
représentées étant sensiblement différentes
selon le parc.
Concernant l’étude des indicateurs, on remarque
la présence de deux espèces spécialistes
forestières sur le parc départemental du Sausset
(aucune n’est présente sur La Courneuve).
Et inversement sur le parc départemental de La
Courneuve, on observe la présence d’espèces
spécialistes des milieux agricole (aucune n’est
présente sur le parc départemental du
Sausset).■
LPO
Deux perruches à collier ont été capturées lors des STOC. Faute de bague
appropriée, elles ont été relâchées. Ces oiseaux exotiques se reproduisent maintenant en Île-de-France, il sera donc intéressant de les suivre à l’avenir.
LPO
Une Fauvette à tête noire baguée sur le parc départemental
de La Courneuve le 13 juin 2006 a été capturée sur le parc
départemental du Sausset le 12 juin 2007. C’est le seul exemple
de brassage des populations entre les deux parcs. Il sera intéressant d’observer si ce phénomène s’amplifie lors des prochaines
sessions de bagages.
LE BIODIVERSITAIRE
Concernant l’étude du statut migratoire des
espèces, il est surprenant de voir une différence
marquée entre les deux parcs pour les espèces
migratrices strictes. Elles ont un pourcentage de
21% au parc départemental de La Courneuve
alors qu’il est de 4% sur celui du Sausset. La
poursuite de cette étude permettra dans les
prochaines années de savoir s’il s’agit d’un
phénomène ponctuel ou spécifique à chaque
parc.
Concernant l’étude de la fidélité au site de
nidification, les migrateurs reviendraient en plus
grande proportion sur le parc départemental de
La Courneuve. Mais les chiffres sont trop faibles
pour être interprétés comme une tendance
réelle.
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Concernant les Sylvidés (Fauvettes et Hypolaïs),
la proportion sur le parc départemental de La
Courneuve (35%) est supérieure à celui du
Sausset (15 %). La Fauvette grisette est la troisième espèce la plus fréquente (14%) sur le parc
départemental de La Courneuve (moins de 2%
sur le parc du Sausset).
67
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
LE BIODIVERSITAIRE
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
68
Olivier PAIKINE
LPO Île-de-France
62 rue Bargue
75015 Paris
Tél. 01 53 58 58 31
E-Mail : [email protected]
LE BLONGIOS NAIN AU PARC DÉPARTEMENTAL DE LA
COURNEUVE : ÉTAT DES CONNAISSANCES SUR LA
POPULATION (1987-2007) ET RÉSULTATS D’UNE ÉTUDE SUR
LES PARAMÈTRES DE L’UTILISATION DE SON HABITAT
Résumé
Le parc départemental de La Courneuve accueille depuis 1987 une petite population reproductrice de
Blongios nain, qui bénéficie de la présence d’un réseau de zones humides de 16,8 hectares. Si les
données recueillies au cours de la période 1987-1999 sont fragmentaires, cette population fait l’objet
d’un suivi régulier depuis l’année 2000. Deux couples nicheurs sont régulièrement contactés avec deux
à six jeunes à l’envol selon les années. En 2007, ce suivi a été couplé à une étude sur différents
paramètres susceptibles de jouer un rôle dans l’utilisation de l’habitat par l’espèce. Les paramètres
importants à prendre en compte concernent la taille du linéaire hélophytes1/eau, le rapport entre la
surface d’hélophytes et la surface d’eau libre, la constance du niveau d’eau et l’existence de massifs
peu accessibles. A l’inverse, certains paramètres comme la densité, le diamètre ou la hauteur des
roseaux apparaissent comme non déterminants.
CONTEXTE DE L’ETUDE
Depuis 1987, le parc départemental de La
Courneuve accueille une petite population de
Blongios nains (Ixobrychus minutus), espèce
prioritaire en termes de conservation au niveau
européen. Dans les zones urbaines, les parcs qui
bénéficient de milieux favorables participent
aujourd’hui de plus en plus de la conservation
des espèces à un niveau régional voire national,
comme en témoignent la désignation d’une Zone
de Protection Spéciale (ZPS) « Sites de SeineSaint-Denis » et l’inscription d’un réseau de
14 parcs et forêts du département au réseau
Natura 2000.
La présence du Blongios nain en milieu urbanisé
représente donc un véritable enjeu de conservation et, dans la mesure où il s’agit du seul
site régulier de reproduction de l’espèce en
Seine-Saint-Denis, un suivi de sa nidification
est donc effectué depuis l’année 2000 au parc
départemental de La Courneuve.
En 2007, le suivi de l’espèce a été mené en
parallèle avec une étude relative à l’habitat de
nidification conduite par Camila ANDRADE dans
le cadre d’un mémoire de Master 2 Pro en
Écologie, Biodiversité et Évolution. Cette étude
est une première puisque qu'aucune description
d'habitat urbain de Blongios nain n'avait été faite
auparavant. Depuis la fin des années 90,
plusieurs cas de nidification sont apparus dans
la petite couronne parisienne suggérant que
d'autres sites similaires pourraient accueillir
cette espèce patrimoniale.
Cet article présente donc d’une part l’état des
connaissances sur la population de Blongios
nain au parc départemental de La Courneuve, et
d’autre part les résultats de l’étude menée par
C.ANDRADE.
OBJECTIFS
Depuis l’année 2000, les objectifs principaux du
suivi mis en œuvre sont de préciser la période de
1 • hélophyte : plante enracinée dans l’eau dont les tiges, les feuilles et les fleurs sont
aériennes (exemple : le roseau commun)
MÉTHODOLOGIE
De 2000 à 2002, deux approches complémentaires ont été mises en place : tout d’abord
par affûts de 60 à 180 minutes en rotation sur
chaque zone humide, complétés par des comptages simultanés sur tous les étangs par la suite.
La période de suivi s’étendait de mai à août avec
pour objectif de totaliser environ 200 heures
d’observation sur l’année.
Depuis 2003, un protocole d’étude standardisé
a été mis en place. La période de suivi s’étend
de juin à août et la pression d’observation
correspond à une sortie hebdomadaire d’un ou
deux observateurs par sortie (30 minutes
minimum par zone humide). Au cours des mois
de juillet et d’août, une sortie mobilise cinq à
six observateurs durant au moins 90 minutes
afin d’obtenir l’estimation la plus précise possible de la population.
En complément à ces deux approches, les informations communiquées par d’autres observateurs sont intégrées aux données recueillies
après validation.
RÉSULTATS
Composition de la population et bilan de la
reproduction
Entre 1987 et 1997, les données publiées dans
« le Passer » (revue du Centre Ornithologique
Île-de-France) font état d’une certaine continuité
dans la présence de la population et de trois cas
de reproduction, rapportés au cours des saisons
de reproduction 1987, 1992 et 1996. En 1998 et
1999, les observations ont été transmises directement par les observateurs.
Toutes ces observations concernent selon les
années un ou deux couples nicheurs avec au plus
trois jeunes par nichée.
Figure 1 : Evolution interannuelle des effectifs
2 • Groupement d’étude sur le Blongios nain
LE BIODIVERSITAIRE
Le but de l’étude conduite en 2007 est d’avoir
une meilleure connaissance de son habitat de
reproduction en milieu urbain en mettant en
évidence, au travers de mesures physiques de
l'habitat puis de l'observation des oiseaux, les
paramètres susceptibles d’influer sur le choix du
site de nidification. Le premier objectif a donc été
d’établir une description précise de l’habitat,
et le second de recueillir un maximum de
données relatives à l’activité des oiseaux afin
d’établir si les oiseaux utilisent préférentiellement certains massifs et si ces préférences ont
une relation avec les paramètres mesurés sur
l'habitat.
En premier lieu, les paramètres à mesurer
en terme d’habitat ont été définis à partir des
travaux menés sur la caractérisation de l’habitat
du Butor Etoilé Botaurus stellaris et par le
GEBN2 . C’est une espèce qui utilise le même biotope et qui a été observé à plusieurs reprises au
parc départemental de La Courneuve.
Puis ces paramètres ont été mesurés avant
l’arrivée des oiseaux : cartographie de la
végétation, calculs de linéaires de végétation, de
superficies (eau libre, roselières), mesures de
diamètre, de hauteur et de densité des roseaux.
Enfin, pour mesurer l’utilisation du milieu faite
par les oiseaux, deux matinées hebdomadaires
d’observation ont été consacrées à ce suivi du
15 mai 2007 au 31 août 2007. Les observations
ont été réalisées entre 08 heures et 13 heures,
car l’espèce présente des pics d’activités
en début de matinée et en fin d’après-midi
(GÉROUDET 1994 ; BOILEAU ET BARBIER 1999 ;
BARBIER ET DELELIS 2006).
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
présence de l’espèce, d’identifier les zones
humides fréquentées par l’espèce en précisant
leur rôle (nidification, alimentation, halte
migratoire,…), de répertorier les contacts et
les déplacements des oiseaux, d’obtenir les
principaux paramètres de la population c’est-àdire le nombre d’individus, de couples, de mâles,
de femelles et de juvéniles, et de recueillir toute
information complémentaire relative à la biologie
de cette espèce, telle que le régime alimentaire
ou les formes de contraintes subies localement
par l'espèce.
69
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
C.ANDRADE – LPO
La période de nidification s’étale de début mai à
début juillet et comporte classiquement deux
pics de ponte, séparés pour une même année
d’environ trois semaines, ce qui semble correspondre sur le terrain à des arrivées différées de
certains individus, le deuxième couple n’étant en
général détecté que bien plus tard en saison,
souvent en juin.
Figure 2 : Blongios nain juvénile
La figure 1 présente l’évolution du nombre d’individus, d’adultes, de jeunes et de couples de
2000 à 2007.
Depuis 2000, le nombre de couples de Blongios
nains est de deux sauf en 2001 (1 couple), ce qui
confère une certaine stabilité à la population.
Le nombre de jeunes à l’envol présente une forte
variabilité interannuelle, oscillant entre 2 et 6,
mais celle-ci n’est pas due à des variations
défavorables de la pression d’observation.
Les années 2001 et 2002 totalisent ainsi respectivement 200 et 177 heures d’observations alors
que le nombre de jeunes à l’envol est seulement
de deux individus par an.
De 2000 à 2007, 16 nichées ont été répertoriées
produisant 33 juvéniles ce qui correspond à une
production moyenne de 2,1 jeunes à l’envol
par couvée.
Une année moyenne équivaut donc à la présence
d’environ 8 individus sur l’ensemble des zones
humides du parc, correspondant à deux couples
nicheurs avec deux jeunes à l’envol par couple.
Depuis 2001, l’Etang des Brouillards est devenu
le site majeur de reproduction de l’espèce tandis
que l’Etang du Vallon Ecologique, initialement
site principal de reproduction, a perdu son
attractivité. L’évolution du milieu sur ce site reste
néanmoins favorable au Blongios nain et l’hypothèse la plus probable semble donc être une
amélioration de la capacité d’accueil de l’Etang
des Brouillards notamment par l’amélioration de
son peuplement piscicole.
70
Par ailleurs, la présence de mâles surnuméraires certaines années, non renseignée à ce jour
par les études de population menées sur des
sites de vaste étendue, constitue un élément
original de ce suivi. En effet, l’effort de prospection important développé en 2000 (180 heures),
2001 (200 heures) et 2002 (177 heures) permet
d’affirmer que certaines années, des mâles non
appariés évoluent dans les mêmes milieux que
des couples.
Un total d’environ 70 heures d’observation a été
effectué sur l’étang des Brouillards.
La cartographie de la végétation du plan d'eau et
des rives a montré qu'il s'agit d'un étang arboré
(73 % des berges sont arborés). La présence
d’arbres ou d'arbustes à l'intérieur ou en
bordure des roselières semblent appréciée par
les oiseaux, notamment lors de comportements
territoriaux.
Les mesures faites sur la végétation d’hélophytes (roseaux) ont donné une densité moyenne de
roseaux d'environ 200 tiges/m3 et un diamètre
moyen d'environ 6 mm. La comparaison des
mesures de diamètre, de hauteur et de densité
entre massifs n'a pas révélé de lien significatif
avec l’utilisation du milieu par les oiseaux.
L'analyse des observations de Blongios nain a
montré qu'ils ont plus fréquenté certains
massifs que d'autres à savoir les massifs A et Fa
puis les massifs D et G (voir schéma ci-après,
figure 3).
Les roselières A, D et G sont les massifs les plus
entourés d'eau (linéaire hélophyte / eau >70%).
Trois des quatre roselières les plus utilisées
présentent le linéaire hélophyte/eau le plus
élevé. Ce paramètre, dont l’optimum calculé est
de l’ordre de 400 mètres par hectares de plan
d’eau, apparaît donc important pour l'accès aux
ressources alimentaires.
Les roselières A et Fa constituent les massifs de
nidification en 2007. Les nids localisés soit au
coeur de la roselière (A), soit protégés par des
arbustes et des ronciers (Fa), confirment que le
De nombreux déplacements, principalement de
mâles, ont été répertoriés en provenance ou en
direction des plans d'eau annexes (Vallon, Grand
lac, Lacs supérieurs). Les déplacements entre
les plans d’eau témoignent de l’intérêt de ce
réseau en termes de quantité de ressources
surtout lors de la période de nourrissage des
jeunes.
CONCLUSION
La nidification du Blongios nain depuis 1987 au
sein du parc départemental de La Courneuve est
tout à fait remarquable compte tenu de l’urbanisation dense dans laquelle ce parc est imbriqué.
Les données recueillies dans ce parc montrent
que la population de Blongios nain est stable
avec en moyenne deux couples nicheurs et deux
jeunes à l’envol par couple. Mais cette population
reste très fragile compte tenu de sa taille et du
succès reproducteur relativement faible, une
femelle pouvant produire jusqu’à 6 œufs.
Cependant, les observations de cette espèce en
C.ANDRADE – LPO
Avec seulement 2 hectares, la superficie du plan
d’eau n’apparaît pas comme un facteur limitant.
En revanche, la proportion de roseaux apparaît
comme une composante principale du milieu et
doit représenter 1/3 de la surface du plan d’eau.
La constance du niveau d'eau et l'inondation
permanente des roselières entre avril et
septembre sont des paramètres primordiaux
(marnage < 10 cm à l'étang des Brouillards).
Figure 4 : Site de nidification du Blongios nain au parc départemental de La Courneuve
LE BIODIVERSITAIRE
Blongios nain recherche en général un endroit
bien protégé et inaccessible par voie terrestre
pour nicher.
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Figure 3 : Habitat de nidification (étang des brouillards)
71
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
période de reproduction se multiplient en petite
couronne parisienne et une meilleure connaissance de l’utilisation du milieu par les oiseaux
est nécessaire afin de mettre en œuvre des pratiques de gestion favorables à l’installation et au
maintien de cette espèce très menacée.
Les conclusions de l’étude de l’habitat de
PARAMÈTRES DE L’HABITAT
Hélophytes inondés et marnage
faible (entre avril et septembre)
Existence de massifs peu accessibles
Linéaire de contact
Berges arborées
et présence d’arbres isolés
Proportion 1/3 hélophytes
pour 2/3 d’eau libre
l’espèce montrent que les paramètres liés à
l’accès aux ressources alimentaires et à la
protection du nid sont des facteurs déterminants
dans le choix du site de nidification. Le tableau
ci-dessous présente les principaux paramètres à
prendre en compte dans la gestion des sites de
nidification du Blongios nain.■
PRATIQUES DE GESTION
Contrôle et maintien du niveau
d’eau constant
Maintien de massifs d’hélophytes
protégés par des haies d’arbres
avec buissons denses et ronciers…
Augmenté par l’installation de
chablis, nénuphars …
Favoriser les espèces hygrophiles
indigènes et maintien d’arbres
morts sur pied
Maintien du milieu ouvert
(faucardage à l’automne et par
zones, intervention sur les ligneux
si trop envahissants…)
LPO
Tableau 1 : paramètres à prendre en compte pour la gestion des sites de nidifcation du Blongios nain.
Avec une longueur de 33 à 38 cm pour
un poids de 125 à 150g, le Blongios nain
est l’un des plus petits hérons du monde
et le plus petit en Europe. C’est également le seul héron européen qui présente une différence de plumage entre
le mâle (photo ci-contre) et la femelle
(on parle de dimorphisme sexuel). C’est
un migrateur d’été qui arrive en France
entre avril et mi-mai et repart d’août à
octobre pour se rendre sur ses sites
d’hivernage en Afrique subsaharienne.
C’est une espèce extrêmement rare en
France avec entre 483 et 778 couples
dont 15 à 25 couples en Île-de-France.
Remerciements
72
L’appui de stagiaires et d’ornithologues bénévoles a été décisif dans l’atteinte de nos objectifs.
Nos remerciements s’adressent à :
Dominique Delville, observateur et découvreur de la première heure de cette population mais aussi à Hervé
Bressaud, Clothilde Jamet et Fabienne David, stagiaires impliqués dans le suivi mis en œuvre depuis l’année
2000, sans oublier les personnes qui nous ont communiqué leurs observations ou qui ont participé activement à
la collecte des données, à savoir : Olivier Baron (CG93), Jean Barbe (CORIF), Stéphane Chambris, François
Chiron (CRBPO), Alain Cléty, Sébastien Foix, Yves Geoffroy, Olivier Laporte, Renan Levaillant, Frédéric Malher,
Stéphane Malignat, Yves Massin, Danièle Monnier, Rémy Montabord (CG93), Sandrine Mor (Administratrice LPO),
Sébastien Niss (CG93), P.Rance, Thibault Rémy (CG93), Bruno Soret, Frédéric Thouin, Patrick Toro, Bruno Rogez,
Olivier Sigaud et Maxime Zucca.
SUIVI DE LA NIDIFICATION DE LA COLONIE D'HIRONDELLES
DE RIVAGE Riparia riparia DU CANAL DE L'OURCQ
ANNÉE 2008
Résumé
En Île-de-France, l'Hirondelle de rivage a progressivement abandonné son milieu naturel (les berges
de rivières), voué à la canalisation et à l'enrochement, pour s'installer dans les carrières et les
sablières en activité. Aujourd'hui, ces dernières arrivent en fin d'exploitation faisant courir à l'espèce
un nouveau risque de déclin.
Certaines ont su s'adapter aux cavités des structures artificielles solides, telles que les palplanches,
les barrages ou les tuyaux de drainage.
C'est ainsi que l'espèce s’est installée sur une portion du Canal de l'Ourcq, à hauteur du parc départemental de la Bergère (Bobigny-93). Un premier couple a été observé en 2000 dans les palplanches
du canal. D'autres oiseaux les ont ensuite rejoint les années suivantes pour former une nouvelle
colonie. Cette dernière a fait l'objet d'un suivi régulier d'avril à août 2008, ayant permis de totaliser un
minimum de 19 couples nicheurs.
Des préconisations sont proposées afin de conserver ces cavités et d'assurer la tranquillité des
oiseaux.
En 2000, un couple d’Hirondelles de rivage s'est
installé dans les palplanches de fonte longeant le
Canal de l’Ourcq, à hauteur du Parc départemental de la Bergère (Bobigny – 93). Depuis cette
date, la colonie a fortement augmenté, passant
d'un couple en 2000 à neuf en 2007.
L'augmentation des effectifs imposant, à la fois,
une protection de la colonie et, pour se faire, un
suivi plus précis, le Conseil général de SeineSaint-Denis a estimé nécessaire de mettre en
place un outil de relevé performant et reproductible.
MÉTHODOLOGIE
Le suivi de la colonie s'est effectué au cours
d'une à deux sorties mensuelles, d'avril à août
2008.
La zone d'étude a été divisée en quatre tronçons
d'environ 50 trous (hormis le premier tronçon qui
ne comptait que 28 trous), délimités par les
émissaires de rejet dans le canal ou, le plus
souvent, par les échelles permettant d'accéder à
l'eau.
Durant deux heures, l'observateur a consigné
J-P.LAIR - CORIF
CONTEXTE
Figure 1 : Canal de l’Ourcq
sur une fiche les trous visités par les hirondelles,
ainsi que le nombre de visites et toutes informations utiles à la compréhension de la nidification.
ANALYSE DU SUIVI
Trois critères ont été pris en compte afin de
considérer qu'une cavité accueillait un couple
nicheur :
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Jean-Pierre LAIR
Centre Ornithologique Île-de-France (CORIF)
Maison de l’oiseau - Parc Forestier de la Poudrerie
Allée Eugène Burlot
93410 Vaujours
Tél. 01 39 12 53 98
E-mail : [email protected]
LE BIODIVERSITAIRE
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
73
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
• le nombre de matinées (ou la période) durant
lesquelles des visites ont été observées ;
• le nombre de visites durant les deux heures
d'observation ;
• l'observation de jeunes dans les trous.
Dix-neuf nids, au moins, ont ainsi été retenus,
démontrant la croissance exponentielle de la
colonie (cf. figure 2).
Figure 2 : Nombres de nids dénombrés par an
Les observations menées depuis 2000 permettent de dresser le calendrier suivant :
• Première ponte fin avril,
• Éclosion mi-mai (lorsque les œufs ont éclos,
le nombre de visites au nid peu augmenter
considérablement, passant de quelques visites à
plus de vingt -maximum 24 - en deux heures),
• Envol des jeunes vers la mi-juin,
• Une seconde couvée de fin juin à début août
(cette année, le taux de seconde couvée est de
68 % du nombre total de couples, soit 13 couples
sur 19). L'envol des jeunes a donc lieu vers la
mi-août.
PRÉCONISATIONS DE GESTION ET
D'AMÉNAGEMENT
En nichant dans les palplanches du canal, les
Hirondelles de rivage placent leur nid à l'abri
de la plupart des prédateurs, ainsi que des
dérangements occasionnés par les visiteurs
qui empruntent les berges du canal. Aucune
préconisation n'est donc proposée sur les berges
mêmes.
Il en va différemment des activités qui se déroulent
sur l'eau.
Certaines embarcations, qui naviguent à une
vitesse importante, occasionnent des remous qui
se propagent le long des palplanches et peuvent
remonter jusqu'aux trous abritant les nids,
risquant ainsi de noyer les jeunes.
Les activités nautiques récréatives, peuvent
aussi empêcher les oiseaux d'accéder à leur nid,
en raison de l'arrimage de ports flottants ou de
tout autre obstacle devant les trous.
Nous proposons donc, durant les mois d'avril à
août, sur la partie du canal qui abrite la colonie :
• de limiter la vitesse des péniches et autres
embarcations,
• d'éviter toute activité nautique de loisir ainsi
que l'installation de structures flottantes.
La mise en place de ces préconisations implique
de connaître avec exactitude la localisation et
l'étendue de la colonie. Cette dernière pouvant
varier chaque année, il est donc nécessaire
d'organiser un suivi régulier et annuel, du mois
d'avril au mois d'août.
CONCLUSION
Avec ses 19 couples, la colonie d'Hirondelles de
rivage du Canal de l'Ourcq constitue l'une des
plus grosses colonies d'Île-de-France, en milieu
très urbain. Son développement est d'autant
plus important que les cavités artificielles
solides, qui offrent une alternative pérenne à la
raréfaction des fronts de taille, représentent
probablement l'une des rares possibilités de
maintien de l'espèce dans notre région.
Leur suivi et leur protection sont donc indispensables à une installation durable des oiseaux
sur le site, et offre un exemple concret des
actions qu'il est souhaitable de mener afin de
favoriser la biodiversité en ville.■
BIBLIOGRAPHIE
74
• CRAMP S. & SIMMONS K.E.L. (1985). Handbookof the Birds of Europe, the Middle East and North
Africa. The birds of the Western Palaeartic. Tyrant Flycatchers to Thrushes. Vol. V, Oxford. New-York.
1053 p. (p.235-248).
• GEROUDET P. (1980) – Les passereaux. Tome 1 : du coucou aux corvidés. Delachaux et Niestlé. 235 p.
• LE MARECHAL P. et LESAFFRE G. (2000) – Les oiseaux d'Île-de-France : L'avifaune de Paris et de sa
région. Delachaux et Niestlé. 320 p.
• MALHER F. (2000) - La fondation de la colonie d'Hirondelles de rivage de Bobigny (93). http://oiseauxdu-canal-de-lourcq.skynetblogs.be/post/5725126/la-fondation-de-la-colonie-dhirondelle-de-riv
• MALHER F. (2003) - Adaptation de l’Hirondelle de rivage riparia riparia à des sites “très artificiels”.
Alauda 71 (2), 2003 : 243-252.
UTILISATION DE L’ABEILLE DOMESTIQUE COMME
BIOINDICATEUR EN ZONE URBAINE Á SAINT-DENIS
Les abeilles puisent les éléments nécessaires à
leur vie dans les ressources fournies par les
plantes à fleurs sous forme de nectar et de pollen. Au cours de l’activité de butinage, les abeilles prélèvent du pollen et du nectar qu’elles
stockent dans les rayons de la ruche. Le pollen
est ramené sous forme de pelotes disposées sur
leurs pattes arrière. Le nectar contient également des grains de pollen que la butineuse a
collecté fortuitement lors de son passage sur les
nectaires des fleurs. Ainsi, de par son contact
étroit avec les fleurs, l’abeille peut être considérée comme un piège naturel de pollen et un
indicateur de l’environnement et de la diversité
des espèces florales (taxons) de son aire de
butinage (les abeilles peuvent butiner des fleurs
situées dans un rayon de plusieurs km autour de
leur ruche, jusqu’à 10 km).
L’analyse pollinique, qui consiste à déterminer et
à comptabiliser les différents types polliniques
contenus dans les pelotes ou dans le miel
(spectres polliniques), constitue donc un moyen
de connaître l’environnement végétal des zones
étudiées.
Y.LOUBLIER – LEGS, CNRS
L’ABEILLE BIOINDICATEUR
Figure 1 : Amas de 1g de pelotes de pollen recueillies à partir
des trappes à pollen
Deux colonies d’abeilles équipées de trappe à
pollen ont été installées à Saint-Denis en 2007.
Y.LOUBLIER – LEGS, CNRS
Avec le soutien du Conseil général de SeineSaint-Denis, nous réalisons une étude sur l’utilisation de l’abeille domestique comme bioindicateur en zone urbaine. Ce projet s’inscrit dans le
cadre du programme FRAGILE (Forum des
sciences du vivant pour la Recherche et l’Analyse
intégrée en vue d’une Gestion multi-acteur de la
biodiversité en ILE-de-France) qui vise à mettre
au point des méthodes utilisant l’abeille comme
bioindicateur en Île-de-France, dans des zones
présentant des niveaux d’anthropisation différents (zones urbaine, semi-naturelle et agricole).
Figure 2 : Grains de pollen débarrassés de leur contenu
cytoplasmique par acétolyse (microscope optique)
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Yves LOUBLIER
Laboratoire Evolution, Génomes, Spéciation
(LEGS)
CNRS – UPR 9034
Avenue de la Terrasse
91198 Gif-Sur-Yvette Cedex
Tél. 01 69 82 37 45
E-mail : [email protected]
LE BIODIVERSITAIRE
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
75
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Afin de suivre la diversité florale de cette zone, le
contenu des trappes a été régulièrement prélevé
(toutes les semaines) et examiné (figure 1).
Chaque analyse hebdomadaire porte sur
un gramme de pollen issu de 20g de pollens
mélangés (10g de pollens par colonie X 2
colonies).
L’examen des pollens nécessite une préparation
physicochimique (séchage et acétolyse) au cours
de laquelle les grains de pollen vont être
désolidarisés les uns des autres et leur contenu
(cytoplasme) dissous pour faciliter leur observation et détermination (figure 2). Les grains de
pollen contenus dans les pelotes et le nectar
(miel) sont analysés de la même manière, ce qui
permet d’obtenir des données comparables et de
caractériser plus finement la diversité florale de
la zone visitée par les abeilles.
LE POLLEN RÉCOLTÉ PAR LES ABEILLES
Quantités
L’analyse d’un gramme de pollen représente,
selon la saison, environ 180 à 200 pelotes
confectionnées par les abeilles. La quantité de
grains de pollen contenue dans 1 seul gramme
de pollen est énorme (de 8 à 24 millions), comme
le montre le tableau ci-après pour 5 prélèvements effectués au cours de l’année 2007.
Sachant qu’une pelote pèse en moyenne 3 à 7 mg
et qu’une butineuse confectionne plusieurs
dizaines de pelotes par jour, le nombre de grains
de pollen à comptabiliser est considérable.
Date de prélèvement
Millions de grains /
1 gramme de pollen
23 mai
10
6 juin
8
13 juin
24
20 juin
17
5 septembre
9
Origine botanique
• les spectres polliniques
Des spectres polliniques sont obtenus à partir de
l’identification et du dénombrement de 2000 à
4500 grains environ récoltés hebdomadairement.
Les résultats préliminaires indiquent une grande
76
diversité florale à Saint-Denis, avec en moyenne
35 taxons par gramme de pollen analysé au
cours de l’année 2007.
A titre d’exemple, les données recueillies pour la
semaine du 7 au 14 juin 2007 (soit 4456 grains
de pollen dénombrés) permettent d’établir un
spectre pollinique (figure 3) où les diverses espèces florales sont représentées en fonction de leur
fréquence d’apparition dans les pelotes. Pour ce
spectre, le châtaignier a été majoritairement
récolté (62% du spectre pollinique).
Pendant cette période, des espèces de moindre
importance (entre 5 et 15%) ont également
été récoltées : la vipérine, les crucifères et les
rosacées (figure 3). L’ensemble des autres types
floraux dont l’abondance est inférieure à 3% sont
rassemblés dans la catégorie « autres ».
Même si ces espèces sont rares, car collectées
passivement (de manière fortuite) par les abeilles,
leur identification est importante car leur
présence témoigne de la visite des abeilles sur
ces fleurs.
Autres : Trèfle t. blanc, Chélidoine, Rhamnacées, Arbre aux papillons,
Millepertuis, Plantain t. lancéolé,Troène, Sumac, Vigne-Vierge,
Caryophyllacées, t. Deutzia, Chèvrefeuille, t.Scrophulaire, Tamaris,
Graminées,T. Pissenlit, Plantain t.corne de cerf, Pigamon, Lamiées,
Bryone
Figure 3 : Spectre pollinique des espèces florales récoltées
par les abeilles du 7 au 17 juin 2007, à Saint-Denis (t: type
floral)
L’analyse des spectres polliniques au cours de la
saison apicole permet également de renseigner
sur l’évolution de l’utilisation de la flore par les
abeilles au cours du temps. Par exemple, pour la
période du 23 mai au 15 octobre 2007, parmi les
9 taxons les plus représentés (figures 4 et 5),
plusieurs tendances se profilent :
LE BIODIVERSITAIRE
Figure 4 : Evolution des récoltes de pollen de Châtaignier, de
Crucifères, d’Arbre aux papillons, de Lierre, et de la Vigne
vierge au cours de la saison apicole
• des taxons sont récoltés en continu toute
l’année comme les Crucifères (figure 4) représentées essentiellement par le type Colza ou
Chou pour la fin du printemps et le début de l’été
et le type Moutarde en fin d’été, ou pratiquement
pendant toute la saison apicole pour les
Rosacées (figure 5).
• des taxons ne sont récoltés qu’à un moment
donné de l’année, comme le Châtaignier au
début de l’été, l’Arbre aux papillons en plein été
et le Lierre au début de l’automne (figure 4)
• des taxons sont récoltés à plusieurs moments
distincts de l’année, comme le Plantain type
lancéolé du printemps jusqu’au début de l’été
puis une nouvelle fois au début de l’automne
(figure 5).
La diversité taxonomique de Saint-Denis est
constituée, pour une large part, d’espèces
introduites (14,5% sur l’année), en particulier des
arbres d’ornement et des plantes de parterres
fleuris. En été, ces espèces représentent
10% des pollens récoltés par les abeilles, dont
l’Hortensia, le Pétunia, le Deutzia et le Seringat.
Au mois de septembre, elles représentent
19% de cet échantillonnage et rassemblent
l’Eucalyptus, le Bégonia, la Dentelaire bleue
(figure 6), l’Oranger du Mexique, le Pétunia,
le Gazania (figure 7) et le Viorne à feuille ridée.
Pendant cette période, de nouvelles espèces
horticoles (Cyclamen, Clématite, Pied d’alouette)
ont été identifiées mais leur identification
doit être confirmée. Toutes ces espèces ne
semblent pas être activement recherchées
par l’abeille mais peuvent être considérées
comme des indicateurs de milieu urbain.
Y.LOUBLIER – LEGS, CNRS
Enfin, il est intéressant de préciser que cette
analyse permet également de visualiser la succession temporelle des récoltes des différents
taxons. Par exemple, la récolte du Châtaignier
est remplacée par celle de l’Arbre aux papillons,
puis par celle de la Vigne-vierge et enfin par
celles du Lierre et du Réséda (figures 4 et 5).
A Saint-Denis, au printemps et au début de l’été,
les principales ressources sont les Crucifères,
avec notamment les types Colza et Moutarde
(figure 4), et les Rosacées avec, en particulier,
les types Prunier, Aubépine et Ronce (figure 5).
L’été est caractérisé par le Sophora, le Faux
vernis du Japon et l’Arbre aux papillons qui sont
des espèces introduites. L’automne voit l’arrivée
du Lierre, du Réséda et la reprise du type
Moutarde.
Figure 5 : Evolution des récoltes de pollen de Bégonia, de
Plantain, de Réséda et de Rosacées au cours de la saison
apicole
Figure 6 : Fleur (à gauche) et pollen (à droite) de la
Dentelaire bleue. Le pollen a un diamètre de 80 μm
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
les inventaires taxonomiques
Au moment de l’établissement du spectre pollinique, les pollens majoritaires sont identifiés et
dénombrés, mais il reste tout un ensemble de
pollens rares regroupés dans la catégorie
« autres » (figure 3). Ceci nécessite de poursuivre
l’observation microscopique en parcourant la
totalité de la lame, et en notant l’apparition
de ces nouveaux taxons. Ces déterminations
constituent des inventaires taxonomiques qui
vont renseigner sur la diversité florale de la zone
visitée par les abeilles.
77
Y.LOUBLIER – LEGS, CNRS
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Figure 7 : Fleur (à gauche) et pollen (à droite) de Gazania.
Le pollen a un diamètre de 40 μm
Le nectar récolté par les abeilles
L’identification et le comptage de 1 282 grains de
pollen contenus dans le nectar rapporté à la
ruche par les abeilles au mois d’octobre 2007, à
Saint-Denis, indique que celles-ci visitent au
total 37 taxons (figure 8), mais trois ressources
nectarifères (le Faux vernis du Japon, l’Arbre aux
papillons et une plante non encore déterminée)
ont été plus activement recherchées (71%).
Le miel de Saint-Denis présente une couleur
ambrée, à teneur faible ou moyenne en sucre, et
des arômes mentholés liés à la présence de
Tilleul et de Faux vernis du Japon. Des analyses
physico-chimiques et organoleptiques sont prévues pour la caractérisation de ce miel urbain.
Ces premiers résultats partiels pour une année
d’expérimentation doivent être complétés
pendant, au moins, deux autres années consécutives afin :
• de comparer l’évolution de l’activité de
butinage tant pour les dates de récoltes que pour
les espèces choisies ;
• de préciser certaines déterminations pour les
pollens qui posent problème notamment chez
78
Autres : Vipérine, Châtaignier, Rhamnacées, Coquelicot, Graminées,
Trèfle type hybride, t. Deutzia, t. Clématite, Rosacées, Pétunia,
Chélidoine, Magnolia, t. Spergulaire, Ortie, t. Ronce, Trèfle t. blanc
Plantain t. lancéolé, Platane, Bruyère, t. Mélilot, Légumineuses,
t. Véronique, Lamiées, Saule, Chêne, t. Cyprès
Figure 8 : Spectre pollinique des espèces florales récoltées
par les abeilles au mois d’octobre 2007 à Saint-Denis (t:
type floral)
les Crucifères, les Saxifragacées et les Rosacées
(dont de nombreuses espèces introduites
constituent le paysage floral des zones
urbaines), mais aussi pour le nectar (miel) dont
un taxon majeur n’a pu être reconnu.
Des études sur le terrain s’avèrent indispensables, nécessitant des prélèvements floraux, des
captures d’insectes récolteurs de pollen et de
nectar, et la cartographie des espèces plantées
autour du rucher sur un rayon de 3 km environ
(rayon moyen de butinage des abeilles).■
LES COLÉOPTERES SAPROXYLIQUES DU PARC
DÉPARTEMENTAL DE LA COURNEUVE
Résumé
Depuis 2005, l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE) réalise, dans le cadre d’un
partenariat avec le Conseil général de la Seine-Saint-Denis, des expertises entomologiques sur les
espaces verts départementaux. Ces études sont souvent réalisées en deux temps. La première phase
permet un diagnostic entomologique et consiste en un relevé généraliste couvrant plusieurs groupes
(lépidoptères, orthoptères, coléoptères et odonates). Ce relevé donne lieu à un rapport présentant
les différentes cohortes observées et mettant en avant les milieux d’intérêt entomologique. Ce dossier
est accompagné de propositions de mesures de gestion. Dans un second temps, aux vues des
questionnements qui émergent, des études plus fines peuvent êtres mises en œuvre pour préciser la
composition ou l’écologie des groupes les plus pertinents.
CONTEXTE
Les organismes saproxyliques sont des espèces
liées au cycle du bois, qu'il s'agisse de xylophages (consommateurs primaires de bois non
dégradé), de saproxylophages (consommateurs
de bois déjà dégradé grâce à d’autres organismes), de mycétophages (consommateurs de
champignons) ou de prédateurs des précédents.
Les insectes sont nombreux à faire partie de
cette catégorie. Parmi les nombreux insectes
saproxyliques, les coléoptères constituent le
groupe le plus important (BOUGET et al, 2006).
Certaines espèces colonisent le bois mort de
nombreuses essences végétales, provenant
d’arbres de diamètres variés, mais quelques
unes sont très étroitement spécialisées, ne
fréquentant que le terreau d’un certain type de
cavité ou ne se nourrissant que de certains
champignons poussant sur le cœur d’arbres très
âgés. La présence de ces insectes aux exigences
écologiques très étroites dans un peuplement
forestier peut traduire la présence des vieux
arbres qu’ils exploitent, et plus généralement la
persistance au cours du temps d’un couvert
forestier géré de manière favorable à la biodiver-
sité. Un référentiel de 300 espèces de coléoptères saproxyliques, indicateurs de la qualité des
milieux forestiers, a ainsi été établi (BRUSTEL,
2004) ; il sert de référence lors de toute étude en
milieu forestier.
En 2005, les premiers inventaires de l’OPIE sur la
Seine-Saint-Denis avaient porté sur cinq sites.
Alors que les sites des parcs départementaux du
Sausset et de la Haute-Île révélaient la présence
d’espèces de ce référentiel, indicatrices de la
qualité du milieu forestier, aucune espèce de
cette catégorie n’avait pu être mise en évidence
sur le parc départemental de La Courneuve.
En 2006, suite à ce constat, une campagne
spécialement dédiée à cette faune a été mise en
œuvre afin de faire le point sur la réalité des
observations passées.
OBJECTIFS
Il s’agit d’établir en 2006 un deuxième état des
lieux de l’avifaune nicheuse destiné à servir de
référence aux gestionnaires dans l’évaluation de
leurs pratiques de gestion harmonique mais
aussi de fournir un état initial avant tout nouvel
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Bruno MERIGUET, Alexis BORGES et Pierre ZAGATTI
Office pour les insectes et leur environnement
(OPIE)
Domaine de la Minière
78041 Guyancourt cedex
Tél. OPIE : 01 30 44 13 43
E-mail : [email protected]
LE BIODIVERSITAIRE
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
79
OPIE
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Figure 1 : piège d’interception
Ces dispositifs constituent l’un des
meilleurs outils pour l’étude de la
faune des coléoptères forestiers qui ait
été développé dans les dernières
années
aménagement. A l’issue d’une période de 3 à 5
années (selon la nature ou l’ampleur des
interventions menées sur les milieux), un nouvel
inventaire pourra être conduit selon la même
méthodologie, permettant d’actualiser les informations précédemment acquises et de déterminer l’efficacité des mesures mises en œuvre.
Le cas échéant, des réorientations en matière de
gestion pourront alors être préconisées.
Par ailleurs, la richesse spécifique ainsi que
l’abondance supposée des couples, pour
l’ensemble du parc départemental de l’Île-SaintDenis, pourront être utilement comparées à des
espaces verts de taille similaire en petite
couronne parisienne pour évaluer sa qualité
ornithologique. De même, des comparaisons
intéressantes pourront être menées avec le parc
départemental des Chanteraines (70 hectares),
situé à proximité immédiate et labellisé « Refuge
LPO – Jardins d’oiseaux » depuis 2004,
pour rechercher les facteurs expliquant la
présence/absence de certaines espèces.
MÉTHODOLOGIE
Nous avons pour cela disposé, entre mai et
juillet, dans 4 boisements de nature différente
(hêtraie-frênaie, chênaie, pinède et saulaie)
8 dispositifs de collecte dédiés aux coléoptères.
Ces pièges d'utilisation récente sont constitués
d'un croisillon en plexiglas transparent placé
au-dessus d'un entonnoir lui-même muni
d'un flacon collecteur contenant du liquide
conservateur. Les insectes volants se heurtent à
la vitre ; certains se ré-envolent instantanément
(mouches, abeilles, guêpes, papillons, etc…),
d’autres se laissent tomber et peuvent ainsi être
prélevés. Ces pièges présentent une très grande
sélectivité vis-à-vis des coléoptères. Il permet
de capturer des espèces qu'on ne trouve
80
quasiment jamais par d'autres méthodes. Le
rendement de ce piège non destructeur est assez
faible.
Malgré leur poids, leur encombrement et leur
coût, ces dispositifs apportent des informations
uniques. Leur usage va se généraliser grâce au
développement de nouveaux modèles plus
légers et moins coûteux (MERIGUET, 2007).
Nous avons au cours de cette période procédé à
6 relevés. Il a fallu ensuite procéder au tri et à
l’identification en laboratoire des quelques 500
insectes collectés, représentant 54 espèces
distinctes.
RÉSULTATS
Après identification des spécimens, les résultats
sont surprenants ! Il apparaît clairement, d’une
part que les coléoptères saproxyliques du
référentiel forestier sont bien présents et représentés par 11 espèces sur les 52 observées et
d’autre part que parmi ces espèces, certaines
sont inattendues dans un boisement aussi jeune.
Ainsi, Eucnemis capucina, Allonyx quadrimaculatus et Biphyllus lunatus sont des espèces que
l’on ne rencontre que très rarement. Elles sont
associées classiquement à des boisements âgés
ou des forêts anciennes. Leur présence dans un
site aussi récent que le parc de La Courneuve
pose donc de nombreuses questions, sur leur
arrivée et leur maintien sur le parc, comme sur
la fiabilité des informations disponibles dans la
littérature sur l’écologie de ces espèces.
Ces espèces sont illustrées sur la planche (figure
2).
DISCUSSION
Le parc départemental de La Courneuve a
été créé de toutes pièces en 1954 sur des terres
La faune d’un site se constitue au fur et à mesure
que des espèces arrivent à s’implanter et
se maintenir. Dans le même temps, d’autres
espèces, pour lesquelles les conditions
d’existence se dégradent (habitats, ressources
alimentaires, surfaces vitales, isolements
génétiques), voient leurs populations et leur aire
d’occupation se réduire avant de disparaître
localement. Cette dynamique écologique
s’applique aussi au site de La Courneuve. Les
échanges entre les différents sites sont limités
et à ce titre, les parcs et espaces verts peuvent
presque être considérés comme des îles.
Nos observations suggèrent que les individus
capturés au piège d’interception correspondent
à des populations bien établies sur le parc. Ceci
implique que malgré des exigences écologiques
étroites, elles parviennent à s’y maintenir.
Il devient par là-même évident que certaines
connaissances que nous tenions pour acquises
sont à revoir au regard des observations
réalisées.
Si l’on est capable d’associer les espèces avec un
milieu ou avec un habitat, il est fort rare que l’on
soit en mesure de préciser les exigences
minimales à partir desquelles une population
d’une espèce est capable de se maintenir dans
un milieu donné.
En se limitant aux espèces de coléoptères dont
la biologie est liée aux milieux boisés, il existe de
très nombreux paramètres susceptibles de
conditionner la biologie de ces espèces. Ainsi la
nature du boisement (essences, mixité, âge, …),
la surfaces des boisements, la fragmentation du
milieu, la distance avec d’autres populations,
avec d’autres boisements sans oublier des
LE BIODIVERSITAIRE
Figure 2 : Planche. 1 Dromaeolus barnabita, 2 Eucnemis
capucina ; 3 Microrhagus lepidus ; 4 Hylis foveicollis ; 5
Hylis olexai ; 6 Hylis simonae ; 7 Stenagostus rhombeus ;
8 Allonyx quadrimaculatus ; 9 Tillus elongatus ; 10
Biphyllus lunatus ; 11 Bolitophagus reticulatus ;
12 Scobicia chevrieri
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Il apparaît pour l’instant délicat de discuter de
l’origine de ces espèces car nous n’avons pas
d’éléments pour appuyer l’une ou l’autre des
hypothèses. Il faut cependant mentionner que
parmi les insectes capturés sur le site de La
Courneuve nous avons trouvé, en nombre, une
espèce récemment arrivée dans la région :
Scobicia chevrieri (Bostrichidae, illustrée également sur la planche). Cette dernière n’était
connue jusqu’à présent que du sud de la France.
Cette colonisation est indiscutablement le
résultat d’une action humaine et non d’une
extension de l’aire de répartition de l’espèce
(MERIGUET & BORGES 2007).
P. ZAGATTI (SAUF 12 WWW.ZIN.RU/ANIMALIA/COLEOPTERA)
utilisées depuis le Moyen-âge pour l’agriculture,
et les premières plantations d’arbres datent
de 1960. Les coléoptères forestiers, et
particulièrement les remarquables indicateurs
saproxyliques observés, sont des espèces à
mobilité très réduite. On peut retenir trois
hypothèses pour expliquer la colonisation du
parc départemental de La Courneuve par ces
insectes :
1) soit l’espèce préexistait hors du milieu forestier et s’est maintenue dans de petits habitats
(les arbres des cimetières, les arbres d’alignement ou des jardins d’ornement) ;
2) soit l’espèce a réussi à franchir d’elle-même
la distance séparant le parc d’un secteur où l’espèce est présente, ce qui implique dans notre cas
la traversée de zones fortement urbanisées ;
3) soit l’espèce à été importée sur le site par
l’Homme au cours de ses diverses activités,
volontairement ou non.
81
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
facteurs
extérieurs
modifiant
l’habitat
(interventions humaines, bois mort laissé sur
place, …) sont autant de paramètres régissant la
présence et la répartition des espèces.
Il est probablement impossible d’étudier
ces paramètres dans leur ensemble, mais les
boisements de Seine-Saint-Denis sont des
milieux particulièrement simplifiés, avec des
échanges limités entre les différents sites.
La nature des peuplements est plus aisée à
décrire et leur histoire connue. Malgré le jeune
âge des peuplements, on s’aperçoit qu’une faune
considérée comme exigeante est présente.
Certes la diversité n’est pas directement
comparable à celle des grands massifs forestiers
ou des ensembles boisés inexploités depuis
plusieurs générations, mais il apparaît
clairement que ces milieux, où la nature peut
s’exprimer, recèlent d’une biodiversité insoupçonnée.
CONCLUSION
En continuant à étudier ces milieux simplifiés, de
surface restreinte, il doit être possible de mettre
en évidence et de comprendre d’une part les
mécanismes de colonisation, les refuges et
corridors permettant à l’entomofaune de se
maintenir en milieu urbain, et d’autre part
de mieux connaître les exigences écologiques
minimales de ces espèces dont la conservation
à l’échelle nationale est un véritable enjeu.
La Seine-Saint-Denis constitue un terrain
d’étude favorable pour comprendre cette faune
et ses exigences.■
BIBLIOGRAPHIE
82
• BORGES A., MÉRIGUET B. ET ZAGATTI P., 2006. Inventaires entomologiques 2005 (Coléoptères –
Lépidoptères) des Parcs départementaux de Seine-Saint-Denis, OPIE – CG93. 62 p.
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• BOUGET C., BRUSTEL H. ET ZAGATTI P., 2006. The French Saproxylic Beetle Fauna : An ecological
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UN PLAN DE GESTION CONCERTÉ POUR LE MARAIS DU SAUSSET
Résumé
Le Marais du parc départemental du Sausset, zone humide de deux hectares creusée lors de la
création du parc, a connu de nombreuses variations dans son mode de gestion. Pourtant, ce milieu
fermé au public mais ouvert à la vue des visiteurs, accueille chaque année une importante faune
avicole et en particulier quelques espèces patrimoniales. Confronté à de nouveaux enjeux et à la
multiplicité de points de vue de ses partenaires, le gestionnaire a souhaité revoir le plan de gestion en
cours avant échéance afin de mener une véritable concertation aboutissant à la définition d’enjeux et
d’objectifs partagés.
CONTEXTE DE L’ETUDE
Le Marais occupe une surface de deux hectares
à l'intérieur du parc départemental du Sausset
créé à partir de 1980. Les paysagistes, Claire et
Michel CORAJOUD, eurent l'idée d'un marais,
voisin du bassin de retenue d’eau d'orage de
Savigny, afin d’attirer le public avec un paysage
particulier, attractif pour les oiseaux et de
terminer la partie urbaine du parc par un belvédère offrant une vue sur cet ensemble d’aspect
plus sauvage.
Dix ans après, l’intérêt pour ce marais était
toujours important car la présence d'espèces
de flore et de faune remarquables avait été
confirmée. Mais son devenir était aléatoire,
compte tenu du constat de dégradation de
la qualité de ce milieu qui se traduit par un
CG93
En 1984, le marais fut enclos et du fait de son
caractère « naturel » (malgré la présence de
nombreuses plantes exogènes), pratiquement
laissé à son évolution spontanée pendant 10
ans. Cette gestion minimaliste a provoqué
un atterrissement rapide, corrigé en 1994 par
d'importants travaux de curage et une élimination des plantes exogènes. Suite à ce curage, un
programme pluriannuel de travaux d'entretien
des roselières a été établi et mis en œuvre.
En 1994, un premier plan simple de gestion a été
réalisé.
Figure 1 : Le marais du Sausset
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Parc du Sausset
Conseil général de la Seine-Saint-Denis
Direction des Espaces Verts
Hôtel du Département
93006 Bobigny Cedex
Tél. 01 48 19 28 28
LE BIODIVERSITAIRE
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
83
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
envasement important et une diminution du
potentiel d'accueil des différents habitats
présents. De ce fait, un nouveau plan de gestion
a été demandé par le service du parc du Sausset
au bureau d’études Biotope. Il fut adopté en 2005
et prévoyait des actions à différentes échéances.
Sa révision générale n’était pas envisagée avant
2010.
Cependant, de nouveaux paramètres ont incité le
gestionnaire à poser un regard différent sur la
gestion pratiquée sur ce milieu :
• depuis la mise en œuvre des premières
mesures de gestion (suppression du peuplement
piscicole en particulier) et des sécheresses
récurrentes, l’écosystème montre une dynamique très forte ;
• l’intérêt renouvelé que portent de nombreux
partenaires du Département sur ce milieu a
conduit à l’expression de propositions récentes
de gestion, venant parfois remettre en cause certaines parties du plan de gestion établi ;
• de nouveaux enjeux liés à Natura 2000 sont à
prendre en compte. Le parc fait désormais parti
d’un réseau de sites sur lequel un document
d’objectifs est en cours d’élaboration. Le Marais
présente un intérêt majeur pour ce site
puisqu’on y recense la présence d’espèces qui
ont déclenché son classement au titre de la
directive oiseaux, ou qui, suite à ce classement,
ont été désignées comme espèces à enjeux ;
Figure 3 : Représentation géographique des surfaces hors
d’eau (rouge), en eau avec profondeur de moins de 30 cm
(orange) et en eau avec profondeur de plus de 30 cm (bleu)
associées à un niveau d’eau donné.
CG 93
Figure 4 : Rotation des fauches des marais pour 2008-2013
Figure 2 : Le marais, avant et après les travaux
84
• il a été constaté un manque général de communication autour du plan de gestion adopté en
2005.
Enfin, il faut signaler qu’une démarche de
certification ISO14001 est en cours à la Direction
des Espaces Verts. Le Marais du Sausset fait
partie des sites du parc à haute sensibilité
environnementale. Les actions pratiquées sur ce
site (et à proximité) font à ce titre l’objet
d’un effort suivi d’amélioration continue de la
diminution de leur impact environnemental.
Ce contexte récent a incité le gestionnaire à une
révision précoce du plan de gestion établi en
2005. En premier lieu, les enjeux de la gestion de
ce milieu devaient absolument être clarifiés et
partagés par l’ensemble des partenaires, afin
de permettre la définition d’un plan d’action
cohérent.
Le plan de gestion élaboré précédemment
identifiait des enjeux naturalistes variés, aussi
bien sur la faune que sur la flore.
De nombreuses questions se posaient sur le
mode d’entretien du milieu. La mise en valeur
d’une flore considérée comme remarquable avait
poussé à établir une gestion par petites unités de
surface, constituées par les « banquettes »
exondées. Ce mode d’entretien, adapté aux
objectifs floristiques, était assez favorable aux
objectifs faunistiques sans pour autant y être
très bénéfique. Quels enjeux privilégiés à ce
niveau ? La plupart des végétaux identifiés
comme remarquables sur ce marais y ont
été plantés et la structure du milieu n’est pas
forcément des plus favorables à leur maintien
spontané sur site.
La dynamique de la végétation et de l’envasement du site est très forte. L’opportunité d’effectuer des travaux de curage devait être déterminée et mise en regard des nécessités de travaux
sur la structure même du Marais. En effet, de
nombreuses roselières se trouvent désormais
totalement hors d’eau où une végétation
ligneuse se développe rapidement.
Le niveau d’eau est maintenu artificiellement
par pompage dans l’étang voisin. Ce dernier est
soumis à des pollutions et hypertrophisations
épisodiques qui mettent en péril l’équilibre
du marais. Mais l’alimentation du Marais par
affleurement de la nappe phréatique semble
moins prépondérante que par le passé.
Des objectifs de régulation du niveau d’eau
étaient à établir en fonction des nouveaux enjeux
à déterminer sur le milieu.
Enfin, l’opportunité de maintenir une gravière
sur ce site posait réellement question au
gestionnaire. La dynamique de la végétation
imposait des interventions très coûteuses.
L’absence d’utilisation de produits chimiques
impliquait la nécessité d’une main d’œuvre
importante pour maintenir la végétation absente
ou rase. La présence potentielle du petit Gravelot
sur le marais est-elle à ce point un enjeu important pour l’espèce pour que de tels efforts soient
encore déployés ?
MÉTHODOLOGIE
Le service du parc du Sausset a fait la synthèse
du plan de gestion qui était en cours et des
LE BIODIVERSITAIRE
OBJECTIFS
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
CG 93
Figure 5 : Vue aérienne du marais du Sausset
85
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
86
questionnements apparus. Ce document a servi
de base à une réunion de concertation organisée
sur le parc le 29 mai 2007. De nombreux partenaires sont venus faire une visite sur le terrain
avant de se mettre autour de la table pour
discuter ensemble et déterminer de façon
concertée des enjeux et des objectifs de gestion
partagés par tous.
Les représentants du M.N.H.N., du C.B.N.B.P., de
la S.H.F., de la L.P.O., du C.O.R.I.F., du bureau
d’études BIOTOPE et de la Direction des Espaces
Verts ont nourri les discussions de leurs
connaissances et expériences respectives. Les
débats furent très riches et particulièrement
constructifs. Fort des orientations nées de cette
concertation, le parc départemental du Sausset
devait revoir son plan de gestion.
ensembles et non plus par petites surfaces.
L’abaissement du niveau de quelques banquettes
centrales est également à envisager lors d’un
prochain curage, afin d’augmenter la surface en
eau et la présence de vasières.
Enfin, il a été décidé de poursuivre les efforts
de maintien d’une gravière en prévoyant un
réaménagement de l’ancienne zone. Cet
investissement doit permettre de recréer un
milieu moins favorable au développement rapide
de la végétation.
A la lumière de cette réunion, et des orientations
prises, le plan de gestion du Marais a été réécrit
par le gestionnaire. Une version de relecture
sera envoyée aux partenaires en mars 2008. La
version définitive sera validée peu de temps
après.
RÉSULTATS
CONCLUSION
Tous les participants se sont accordés à dire que,
en terme de patrimoine naturel, les enjeux
majeurs sur ce site sont des enjeux avifaunistiques. Trois espèces d’oiseaux présentent
un intérêt très particulier sur le Marais : le Petit
Gravelot, le Blongios nain et la Bécassine des
marais. Maintenir ou développer les potentialités
d’accueil pour ces trois espèces sera également
favorable à l’installation et au maintien d’autres
espèces d’oiseaux d’eau (nicheurs, migrateurs,
hivernants). Cependant, définir des objectifs
prioritaires de gestion en fonction des enjeux
avifaunistiques influera fortement sur l’aspect
paysager du site en réduisant « l’effet mosaïque »
du milieu et sa variété de végétation. Cette
transformation s’inscrit cependant dans
l’évolution globale du parc et de la politique
du Département. Le public semble assez
peu réactif à cette évolution du Marais ; peu
de remarques sont formulées (les seules
remarques ont concerné les périodes d’assèchement de 2003, 2004 et 2005). Le développement
croissant des actions d’éducation relative
à l’environnement ainsi que le projet d’aménagement des abords du marais vont dans le sens
d’une meilleure compréhension et appropriation
de l’évolution du paysage par un public de
plus en plus réceptif aux problématiques
environnementales.
Concernant les actions de gestion, la variation
du niveau de l’eau et l’entretien des roselières
ont particulièrement été discutées afin d’être
optimisées. Un rapport « idéal » de 70%
de surface en eau libre pour 30% de surface
en roselière doit constituer un objectif. Les
roselières seront quant à elle gérées par grands
La gestion d’un milieu naturel impacté
par les activités humaines est une affaire
délicate. Le marais du parc du Sausset en est
un exemple parmi tant d’autres. Ce petit
milieu humide porte un intérêt naturaliste
particulier en milieu urbain. Sa gestion a fluctué
au fil des années, mais cet intérêt est resté
constant. Aujourd’hui, un travail de partenariat
actif et bien établi entre le Département de la
Seine-Saint-Denis et des acteurs associatifs et
scientifiques, permet aux hommes qui occupent
le territoire départemental de prendre en charge
pleinement leur patrimoine pour le valoriser
ensemble. Le gestionnaire du parc tire une
expérience et un bénéfice très positifs du travail
de concertation mené sur ce milieu. Il espère
pouvoir à l’avenir développer une telle dynamique autour de la construction d’autre plans de
gestion notamment des boisements, des prairies
et pelouses calcaires du parc.■
46 espèces d’oiseaux observées :
• 10 en zone d’alimentation
• 24 nicheuses probables ou certaines
• 6 en halte migratoire
• 6 migratrices et nicheuses potentielles
4 espèces d’intérêt patrimonial présentent
un intérêt fort en Seine-Saint-Denis : le
Blongios nain, le Petit Gravelot, la
Bécassine des Marais et le Martin-pêcheur
d’Europe.
COMPLÉMENTS Á L’ATLAS DE LA FLORE SAUVAGE DU
DÉPARTEMENT DE LA SEINE-SAINT-DENIS
PRÉSENTATION
Deux ans après la publication de l’Atlas de la
flore sauvage du département de la Seine-SaintDenis, de nouvelles données viennent enrichir
les connaissances botaniques du département.
Ces données proviennent de correspondants qui
ont bien voulu partager leurs connaissances, des
gestionnaires des parcs urbains du département, mais sont aussi issues de l’étude sur la
cartographie des habitats entreprise depuis
2007. Nous espérons que ces nouvelles données
inciteront tous les botanistes à fournir leurs
découvertes, afin d’enrichir la connaissance de
ce département.
Vous trouverez donc ci-dessous, la liste par
commune des nouvelles espèces complétant les
données de l’atlas, puis quelques fiches de
présentation des espèces illustrant les découvertes les plus remarquables du département.
RÉSULTATS
AULNAY-SOUS-BOIS
Angelica sylvestris L. ; Brachypodium sylvaticum
(Huds.) P. Beauv. ; Chenopodium hybridum L. ;
Cynosurus cristatus L. ; Datura stramonium L. ;
Ligustrum vulgare L. ; Typha angustifolia L.
BAGNOLET
Amaranthus hybridus L. ; Atriplex patula L. ;
Datura stramonium L. ; Digitaria sanguinalis (L.)
Scop. ; Polygonum lapathifolium L.
CLICHY-SOUS-BOIS
Carex pilulifera L. ; Lemna minor L. ; Luzula
forsteri (Sm.) DC. ; Ranunculus auricomus L. ;
Silaum silaus (L.) Schinz & Thell. ; Viscum album L.
COUBRON
Carduus nutans L. ; Kickxia spuria (L.) Dumort. ;
Leontodon hispidus L. ; Papaver dubium L.
MONTFERMEIL
Chenopodium ficifolium Sm. (2ème donnée
moderne) ; Kickxia elatine (L.) Dumort.
MONTREUIL
Corylus avellana L. ; Euonymus europaeus L. ;
Hirschfeldia incana (L.) Lagr.-Foss. ; Juncus
bufonius L. ; Juncus tenuis Willd. ; Ligustrum
vulgare L.
NEUILLY-PLAISANCE
Alisma plantago-aquatica L. ; Hirschfeldia
incana (L.) Lagr.-Foss. ; Rapistrum rugosum (L.)
All. (Accidentelle, 2ème donnée moderne) ; Ribes
uva-crispa L. ; Rosa micrantha Borrer ex Sm.
(fait partie du groupe Rosa rubiginosa, 3ème
donnée moderne) ; Rumex x pratensis Mert. &
W.D.J.Koch
ROSNY-SOUS-BOIS
Astragalus glycyphyllos L. ; Glyceria notata
Chevall. (3ème donnée moderne) ; Iris pseudacorus
L. ; Lycopus europaeus L. ; Ophrys aranifera Huds.
(1ère donnée moderne) ; Typha angustifolia L.
SAINT-DENIS
Aphanes arvensis L. ; Centaurium pulchellum
(Sw.) Druce ; Duchesnea indica (Andrews) Focke ;
Epipactis helleborine (L.) Crantz ; Euphorbia
maculata L. ; Festuca ovina (Groupe) ;
Hippocrepis comosa L. (3ème donnée moderne) ;
Hirschfeldia incana (L.) Lagr.-Foss. ; Melissa
officinalis L. ; Sagina procumbens L. ; Sherardia
arvensis L. ; Sisymbrium loeselii L. ; Trifolium
campestre Schreb.
SEVRAN
Aster lanceolatus Willd. ; Festuca gigantea (L.)
Vill. ; Sonchus palustris L.
TREMBLAY-EN-FRANCE
Ammi majus L. (2ème donnée moderne)
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Sébastien FILOCHE
Conservatoire Botanique National du
Bassin Parisien
UMS ISB - Case postale 53
61 Rue Buffon
75005 Paris
Tél. 01 40 79 56 47
E-mail : [email protected]
LE BIODIVERSITAIRE
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
87
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
88
NOISY-LE-GRAND
Carex elongata L. (1ere donnée moderne) ;
Stachys arvensis (L.) (1ere donnée moderne) ;
Myosurus minimus L. (1ere donnée moderne)
Carex elongata L. (Laîche allongée)
Voir figure 1
La Laîche allongée est une plante vivace, de la
famille des Cypéracées, protégée à l’échelon
régional. Elle forme des touffes étalées qui
colonisent les prairies humides mais surtout les
boisements hygrophiles de type Aulnaie ou
Saulaie sur des sols à tendance acide.
Plante discrète, souvent confondue avec de jeunes touffes de Carex paniculata L. ou de Carex
elata All., cette espèce eurasiatique s’étend du
Nord de l’Europe à l’Ukraine. En France, on
l’observe principalement dans la moitié nord-est
où elle est peu commune.
En Île-de-France, la Laîche allongée se rencontre uniquement dans les bois humides de la forêt
de Rambouillet (Yvelines) et dans les forêts de la
Brie humide et de la Brie Boisée (Seine-etMarne).
Avant sa découverte récente, la plante était
considérée comme disparue. Les dernières
mentions de l’espèce dataient de 1799J.L.THUILLIER à Bondy et Coubron et de 1911H.-E. JEANPERT, à Livry-Gargan.
Une unique population, limitrophe de la Seineet-Marne, a été confirmée en 2007, lors du
projet de cartographie des habitats du département. L’espèce réellement découverte en 2002
avait alors été confondue avec Carex paniculata
L., faute d’éléments permettant son identification précise. L’espèce colonise l’ensemble d’une
mare forestière de la commune de Noisy-leGrand, encore bien conservée, en situation
ombragée, sur un sol acide. La population qui est
composée d’une trentaine d’individus ne semble
pas immédiatement menacée si les conditions
d’alimentation en eau de la mare ne sont pas
modifiées.
Cephalanthera damasonium (Mill.) Druce
(Céphalanthère à grandes fleurs)
Voir figure 2
La Céphalanthère à grandes fleurs est une
orchidée à grandes fleurs blanches-verdâtres
s’ouvrant très peu. Elle affectionne particulièrement les sous-bois ombragés des forêts de type
Hêtraie ou Chênaie thermophile et les lisières
semi-ombragées sur des sols calcaires.
On la rencontre dans une grande partie de
l'Europe tempérée et méditerranéenne, de
l'Espagne au sud de la Scandinavie, à l'est
jusqu'en Ukraine et en Bessarabie ; présente
aussi dans le Caucase (Arménie), en Anatolie, au
Proche-Orient, en Afrique du Nord où elle est
cependant rare.
En France, elle est assez commune dans une
grande partie orientale et méditerranéenne du
territoire, sans y être partout abondante ; elle se
raréfie vers le nord et l'ouest, et semble même
absente du Massif armoricain, du Poitou, des
Charentes et du Limousin.
Dans la région, elle se rencontre communément
dans le sud de l’Essonne et les coteaux de la
Seine aval. Elle est ensuite beaucoup plus rare
ailleurs.
L’espèce avait été signalée sur les communes de
Tremblay-en-France (T. GABORIT en 1997) et
Sevran (G. ARNAL en 1990), mais n’avait pu être
localisée lors des prospections en vue de l’atlas.
C’est peu avant la parution de l’ouvrage que
CBNBP
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
LE BIODIVERSITAIRE
VILLEPINTE
Agrimonia procera Wallr. ; Cephalanthera damasonium (Mill.) Druce (3ème donnée moderne) ;
Dianthus carthusianorum L. (issu de semis ?) ;
Minuartia hybrida (Vill.) Schischk. ; Orchis mascula (L.) L. (1ere donnée moderne) ; Ranunculus
sceleratus L. ; Scabiosa columbaria L. ; Sonchus
palustris L. ; Veronica polita Fr.
Figure 1 : Carex elongata L. (Laîche allongée)
88
l’espèce a pu être nouvellement trouvée par un
technicien du parc départemental du Sausset
(2006-G. MALHERBE). La Céphalanthère y
occupe un sous-bois récemment planté et en
cours de maturation. La population, composée
de quelques individus, semble avoir nouvellement colonisé le milieu et devrait s’accroître
dans les prochaines années.
la moitié nord de la France et devient très
sporadique en Bretagne, dans tout le sud ouest,
les Alpes et la Provence.
En Île-de-France, on la rencontre principalement
à la faveur des mouillères, de l’Hurepoix jusqu'à
la Brie, où elle se raréfie suite à l’assèchement
des mouillères.
Autrefois signalée dans les flores des environs
de Paris du XIXème siècle sur la commune de
Bondy, cette petite plante, très précoce, semblait
irrémédiablement disparue du département,
jusqu'à ce qu’elle soit découverte dans une petite
dépression humide sur la commune de Noisy-leGrand. Cette dépression, argilo-limoneuse, a été
formée en bordure d’une prairie, à la faveur des
sangliers qui s’y baugent et maintiennent le
milieu. La population est constituée d’une
trentaine d’individus soumis au bon vouloir de la
météo et des sangliers.
Myosurus minimus L. (Queue de souris)
Voir figure 3
La Queue de souris est une plante annuelle de la
famille des Renonculacées, qui apprécie particulièrement les dépressions humides des cultures,
mouillères et chemins, sur des substrats
argilo-limoneux de préférence acides et temporairement humides. Sa présence est alors
dépendante de la pluviométrie et du maintien
de ces dépressions. Elle peut, si les conditions ne
lui sont pas favorables, disparaître pendant
plusieurs années, avant de réapparaître. On
parle de plante à éclipses.
Son réceptacle fructifère qui s’allonge considérablement après la floraison est très caractéristique et lui vaut son nom de Queue de souris.
Espèce subcosmopolite et généralement rare,
la queue de souris est en régression dans toute
Ophrys aranifera Huds. (Ophrys araignée)
Voir figure 4
L’Ophrys araignée est une orchidée qui croît de
préférence dans des pelouses ouvertes de type
Mesobromion en situation bien ensoleillée et sur
substrat calcaire.
Sa répartition nationale, plutôt méditerra-
LE BIODIVERSITAIRE
Figure 3 : Myosurus minimus L. (Queue de souris)
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
CBNBP
CBNBP
Figure 2 : Cephalanthera damasonium (Mill.) Druce
(Céphalanthère à grandes fleurs)
89
Figure 5 : Orchis mascula L.
(Orchis mâle)
CBNBP
CBNBP
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
néenne-atlantique, progresse jusqu’en Bretagne
où elle est très rare, et en Belgique, avec
des lacunes notamment dans le Limousin.
La fermeture et la destruction de ces milieux
sont les principales menaces qui pèsent
sur cette Ophrys, en grande raréfaction dans
certaines régions de la moitié nord de la France.
En Île-de-France, l’ensemble des populations
couvre essentiellement le sud de l’Essonne, la
région de Nemours et les coteaux de la Seine
aval.
Première mention de l’espèce sur le département, l’Ophrys araignée a été trouvée à Rosnysous-Bois dans un gazon, au milieu d’immeubles
(S. DECITRE) par une institutrice lors d’une
sortie scolaire. Cette présence originale, dans
un contexte peu favorable, n’augure rien de bon
pour le maintien futur de l’unique pied de cette
espèce dans le département.
Orchis mascula L. (Orchis mâle)
Voir figure 5
Cette orchidée à l’inflorescence dense munie de
fleurs pourpre clair à rouge-violet, possède des
feuilles souvent maculées de larges taches
brunâtres. Elle fleurit aux alentours du mois
90
CBNBP
Figure 4 : Ophrys aranifera Huds. (Ophrys araignée)
Figure 6 : Stachys arvensis L. (Epiaire des champs)
de mai, sur des substrats secs à frais, acides à
calcaires en bordure de routes et de prairies.
Son aire de répartition assez large s’étend du
Portugal jusqu’en Iran, de la Scandinavie jusqu’à
la Sibérie. En France, ce taxon est largement
répandu, mais semble plus rare en Aquitaine,
en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et de la région
parisienne jusqu'à la Belgique.
L’Orchis mâle a été observée pour la première
fois en 2006 par G. MALHERBE dans le parc du
Voir figure 6
L’Epiaire des champs est une petite plante
annuelle de la famille des Lamiacées qui
possède des fleurs à corolle rose à pourpre pâle
voire blanchâtre. Elle affectionne particulièrement les champs, les jachères et les friches sur
des sols sablonneux et argileux enrichis en
azote.
> http://cbnbp.mnhn.fr/cbnbp/
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• BOURNERIAS M., AYMONIN G.-G., DEMARES M., MELKI F., QUENTIN P., GUILLAUMIN J.-J., PRAT D.,
BOURNERIAS J., GATHOYE J.-L., LEMOINE G., JACQUET P., DEMANGE M., ENGEL R., GERBAUD O.,
TYTECA D., 1998. Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg. Société Française d’Orchidophilie.
Collection Parthénope - Editions Biotope, Paris. 416 p.
• DUHAMEL G., 1998. Flore et cartographie des carex de France - Deuxième édition revue et augmentée.
Société nouvelle des éditions Boubée, Paris. 296 p.
•FILOCHE S., ARNAL G. et MORET J. 2006. – La biodiversité du département de la Seine-Saint-Denis.
Atlas de la flore sauvage. Biotope, Mèze (Collection Parthénope) ; Muséum national d’Histoire naturelle,
Paris, 504 p.
• LAMBINON J., DELVOSALLE L., DUVIGNEAUD J., 1973, cinquième édition 2004. Nouvelle flore de la
Belgique, du Grand-Duché du Luxembourg, du nord de la France et des régions voisines. Editions du
Patrimoine du Jardin botanique national de Belgique, Meise. CXXX + 1167 P.
• RAMEAU J.-C., MANSION D., DUME G., 1989. Flore forestière française, guide écologique illustré,
tome 1 : Plaines et collines. Ministère de l’Agriculture et Institut pour le développement forestier, Paris.
1785 p.
LE BIODIVERSITAIRE
Stachys arvensis L. (Epiaire des champs)
Cette espèce principalement européenne, est
largement répandue en France avec quelques
lacunes en altitude et dans le sud-est de la
France.
En Île-de-France, on la trouve principalement
dans la Brie seine-et-marnaise et l’Hurepoix.
Elle est plus rare ailleurs.
Première mention de l’espèce sur le département, elle fut découverte en 2007 dans une très
ancienne culture cynégétique aujourd’hui principalement occupée par la Molinie et le Peucédan
de France, sur la commune de Noisy-le-Grand.■
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Sausset où quelques individus occupent une
pelouse marneuse. Cette donnée demeure la
première mention de l’espèce pour le département.
91
92
Christine ROLLARD
M.N.H.N. Dpt Systématique & Evolution
USM 602 (section Arthropodes)
61 rue Buffon – CP 53
75005 Paris
Tél : 01 40 79 35 75
E-mail : [email protected]
EXPÉDITION SANTO 2006
C.ROLLARD - MNHN
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
LE BIODIVERSITAIRE
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
À L’ÉTRANGER
Figure 1 : Vue de la côte ouest de Santo
PRÉSENTATION DU PROJET
« Participer à une grande expédition scientifique
destinée à dresser l’inventaire de la flore et de la
faune des milieux terrestres et marins d’une île
montagneuse du Pacifique sud » on peut en
rêver et que le rêve devienne réalité.
Une mission a été co-organisée par l’Institut de
Recherche pour le Développement (IRD), le
Muséum national d’histoire naturelle et Pro
Natura International (ONG organisatrice de
grandes missions dont le but est notamment de
promouvoir l’étude scientifique des canopées
tropicales) dans une île de l’archipel du Vanuatu
en Mélanésie, d’août à décembre 2006.
L’archipel est composé de plus de 80 îles, les
principales étant Efaté avec la capitale Port-Vila,
Santo, Malicolo et Tanna. Anciennement les
Nouvelles Hébrides, le Vanuatu fut un état
condominium depuis 1906 jusqu’en 1980 où
celui-ci devint une République autonome.
Les Ni-Vanuatus ou ni-vans représentent la
population dominante qui avoisinne à l’heure
actuelle environ 200 000 habitants. Le
bichlamar, le français et l’anglais sont couramment parlés en plus de 110 autres dialectes
locaux. La coutume ou la tradition varient d’île
en île. Récifs coraliens, volcans, végétation luxuriante font la diversité naturelle du Vanuatu.
Surnommée Santo, l’île d’Espiritu Santo est la
plus grande terre de l’archipel (environ la
moitié de la Corse). Luganville, deuxième
capitale avec près de 11 000 habitants, a joué un
rôle important pendant le seconde Guerre
Mondiale, l’Armée américaine ayant laissée
après son passage bâtiments, routes, aéroports
et épaves.
• Quelle est la dimension réelle de la biodiversité
dans ses compartiments les plus divers ?
• Quel est le poids des espèces rares dans la
composition des peuplements ?
• Quelle est la dimension spatiale (représentativité des sites) de cette biodiversité ?
Ma participation s’est faite au sein du module
« Forêts, montagnes et rivières » (FMR) dans
un petit groupe de 8 personnes avec diverses
spécialités telles que la cryptogamie, la
botanique, la malacologie, l’herpétologie et
l’arachnologie. Le module entier comprenait 40 à
50 participants mais il a fallu trouver un compromis entre une prospection légère d’un nombre
élevé de sites et une plus approfondie d’un ou
quelques sites. C’est pourquoi un grand groupe
d’une trentaine de personnes a rayonné à
différentes altitudes à partir d’un camp de base,
au dessus du village de Pénaouru sur la côte
nord-ouest; un autre secteur a été prospecté
intensément autour de Butmas sur le plateau
calcaire central, et les hauts massifs du
Tabwemasana accessibles au sud-ouest ont
également fait l’objet d’inventaires plus poussés.
Notre groupe a effectué des récoltes et observations plus ponctuelles durant un mois (novembre
2006) en itinérance sur 6 zones principales :
Tasmate et Pénaouru à l’ouest, Matantas et
alentours de Luganville jusqu’à Butmas et Port
Olry (nord-est) ainsi que la traversée sur la
pointe nord d’ouest en est.
Le programme scientifique comprenait 4 grands
modules organisés autour des moyens
de prélèvements, et un thème transversal « ethnosciences » commun à tous les modules.
L’intitulé de chacun des modules était le suivant :
« Biodiversité marine », « Forêts, montagnes et
rivières », « Karst » et « Friches et aliens ».
HISTORIQUE DES CONNAISSANCES
SUR LES ARACHNIDES
Au-delà de la diversité des milieux qui ont été
explorés et des taxons étudiés, les objectifs des
5 modules étaient sous-tendus par les mêmes
grandes questions :
Les connaissances du groupe des arachnides et
plus particulièrement des araignées de l’archipel
du Vanuatu sont anciennes et clairsemées.
En 1897, SIMON a été le premier à étudier du
matériel récolté sur Malicolo et Vanikoro.
A partir de 1930, elles se sont améliorées grâce
aux voyages de plusieurs naturalistes comme
Mme et M. AUBERT DE LA RUË. Plus de 100
espèces ont alors été décrites sur l’archipel dont
BERLAND (1938) a dressé une liste avec 12
LE BIODIVERSITAIRE
Par sa superficie et son relief, Santo et
ses franges marines présente une palette
d’habitats qui sont restés quasi inexplorés
jusqu’à nos jours. Eloignée des grandes aires de
développement économique et épargnée par
l’uniformisation globale qui affecte la planète,
Santo est aussi une île d’une exceptionnelle
diversité culturelle et linguistique. Une
quarantaine de langues y sont parlées. C’est
également la plus ancienne des îles de l’archipel
(âge géologique correspondant au Miocène) et
une des plus élevées avec 4 sommets qui
dépassent 1 700 m d’altitude, le Tabwemasana
culminant à 1 879 m.
Les îles tropicales de ce type sont des sites
d’étude privilégiés pour analyser la composition
de leur faune et flore car elles présentent à la
fois le foisonnement d’espèces des écosystèmes
tropicaux et l’appauvrissement relatif des îles.
Elles constituent en même temps des réservoirs
riches en espèces endémiques mais à l’inverse
des microcosmes menacés par des introductions
d’espèces envahissantes.
L’exploration a concerné tous les habitats de l’île.
L’impact de 2 500 ans de présence humaine sur
la biodiversité indigène y a également été
abordé. Des moyens exceptionnels ont été
déployés, tant sur le plan humain (environ 160
personnes s’y sont rendues avec un étalement
sur les 4 mois d’expédition) que matériel (navire
océanographique, Arboglisseur…).
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
C.ROLLARD - MNHN
Figure 2 : Aperçu de la forêt tropicale humide à 1300m d’altitude au cours de la
traversée de la pointe nord
93
C.ROLLARD – MNHN
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
Figure 3 : Technique de la récupération des araignées par
aspirateur à bouche après une chasse à vue
espèces cosmopolites et 40 présentes sur plus
d’une île. En ne considérant que Santo, seules
23 espèces avaient été identifiées dont 5 uniquement vues sur cette île de l’archipel, réparties en
10 familles (avec une petite mygale).
large et d’autres beaucoup moins communes.
La biodiversité semble donc importante mais un
grand nombre d’espèces n’a été récolté qu’en
très peu d’exemplaires et pas tous à l’état adulte
ce qui ne facilite pas la détermination future !
Ces récoltes dans le module FMR seront
complétées par l’apport de spécimens venant
d’autres équipes ayant réalisé des échantillonnages essentiellement sur le site de Pénaouru à
différentes altitudes, avec d’autres données
qualitatives de la diversité spécifique mais
également quantitatives sur des suivis de
quadrats.
À l’heure actuelle, chez les arachnides, on
estime à 4,5% seulement le nombre d’espèces
décrites ; certains inventaires sur d’autres
groupes zoologiques semblent presque achevés,
par exemple chez les oiseaux, mais chez les
insectes uniquement 10% seraient connus.
Globalement 80% du monde vivant reste encore à
découvrir (synthèse des chiffres avancés par
divers auteurs).
Décrire des espèces nouvelles pour la science
est une activité « normale » de systématique,
discipline de base de nombreuses activités
plus appliquées, et environ 11 à 12 000 nouvelles
données sont répertoriées chaque année.
CONCLUSION
Au-delà de l’aspect scientifique, l’opération
SANTO se voulait exemplaire dans le cadre des
obligations éthiques et politiques de la France
vers un pays du Sud ancienne colonie. La
Convention Internationale sur la Diversité
L’échantillonnage s’est déroulé dans plusieurs
milieux terrestres avec utilisation combinée de
différentes techniques de récolte, allant de la
chasse à vue à divers niveaux de la végétation en
passant par le battage des branches en hauteur,
le fauchage de la strate herbacée et le tri de
litière au sol. Chaque méthode de récolte fait
ressortir des espèces particulières.
Des récoltes complémentaires ont été faites
parmi d’autres arachnides comme les scorpions,
les opilions ou les pseudoscorpions, ordres sur
lesquels il y avait également peu d’éléments
auparavant.
Ces nouvelles données augmentent donc considérablement notre connaissance de ce groupe,
avec apparemment des espèces à répartition
94
C.ROLLARD – MNHN
RÉSULTATS :
PREMIER BILAN DE LA MISSION
Figure 4 : Petite mygale découverte dans sa loge
sous un bois mort
de considérer qu’entre 75 et 85% de la faune
aura été récupérée malgré tout. Il importe que
l’état des lieux dressé à partir de cette expédition
en 2006 puisse servir de référence pour le
suivi à moyen ou long terme de l’évolution des
faunes et des flores sous l’influence de plusieurs
facteurs ; or les menaces qui pèsent sur l’île
sont réelles, en particulier son extrême vulnérabilité aux modifications climatiques, certains
milieux pouvant être très touchés, ainsi que
la raréfaction voire la disparition d’espèces
indigènes au détriment de l’établissement
d’espèces exogènes introduites.■
LE BIODIVERSITAIRE
Biologique prévoit un partage des bénéfices liés
à la connaissance de la biodiversité ; dans ce
sens une attention particulière a été et sera
portée à la formation, l’implication des partenaires locaux et à la restitution des informations. De
plus, communication (film et livre), vulgarisation
vers tous les publics et rôle éducatif (suivis dans
les écoles, création d’un outil pédagogique)
avaient également été intégrés au programme.
Bien évidemment dans ce laps de temps, toute la
superficie de l’île n’a pu être prospectée.
De nombreuses espèces peuvent donc être
encore ignorées néanmoins une estimation
basée sur des programmes particuliers permet
INVENTAIRES, PROGRAMMES DE RECHERCHES ET ÉTUDES CONDUITS EN 2007-2008
C.ROLLARD – MNHN
Figure 5 : Espèce d’Argiope, à l’affût sur sa toile géométrique ornée d’un stabilimentum
95
BRÈVES
CONCOURS BIODIVERCITÉS EN SEINE-SAINT-DENIS : QUATRIÈME ÉDITION !
Julien FOUSSARD, Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO)
PAGES 97-98
A L’ÉCOLE DE LA NATURE…
Laetitia LACHKAR, Professeur des Ecoles, Ecole Nanteuil Elémentaire
PAGES 99
UNE MARE DANS MON COLLÈGE
Céline RICHARD, Conseil général de la Seine-Saint-Denis, Direction des Espaces Verts,
Bureau Education Relative à l’Environnement et Tourisme de proximité
PAGES 100-101
La CORNICHE DES FORTS :
AMÉNAGEMENT D’UNE BASE DE LOISIRS EN ZONE URBANISÉE
Yoann LE NECHET, Base régionale de plein air et de loisirs de la Corniche des Forts
PAGES 102-104
BILAN 2006 - 2008 DE L’OBSERVATOIRE DES PAPILLONS
DES JARDINS EN SEINE-SAINT-DENIS
Benjamin BERGEROT, Unité Conservation des Espèces,
Restauration et Suivi des Populations, Muséum national d’histoire naturelle
PAGES 105-106
GUIDE DE SURVEILLANCE VISUELLE DES CYANOBACTÉRIES DANS LES EAUX DOUCES
Nélia DOUCENE, Conseil général de la Seine-Saint-Denis,
Direction des Espaces Verts, Bureau Recherches et Développement
PAGES 107
COLLOQUE « LA BIODIVERSITÉ URBAINE, UN NOUVEAU DÉFI ? »
Maryline BARRE, Conseil général de la Seine-Saint-Denis,
Direction des Espaces Verts, Bureau Recherches et Développement
PAGES 108-109
LE DÉPARTEMENT, NOUVEAU MEMBRE ASSOCIÉ Á L’UICN,
PRÉSENT AU CONGRÈS MONDIAL DE LA NATURE
Antoine ROULET, Conseil général de la Seine-Saint-Denis,
Direction des Espaces Verts, Bureau Recherches et Développement
PAGES 110-111
LE BIODIVERSITAIRE
BRÈVES
Julien FOUSSARD
Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO)
Ile-de-France
62, rue Bargue
75015 Paris
Tél. 01 53 58 58 38
E-mail : [email protected]
CG93
BRÈVES
CONCOURS BIODIVERCITÉS EN SEINE-SAINT-DENIS :
QUATRIÈME EDITION !
PRÉSENTATION DU PROJET
Pour la quatrième année, la LPO Ile-de-France,
le Conseil général de la Seine-Saint-Denis et le
Centre Départemental de Documentation
Pédagogique proposent aux collèges du département de participer au concours BiodiverCités.
Sept classes s’étaient engagées en 2005, 13 en
2006, 11 en 2007, et nous en accueillons 10 en
2008 !
Les collèges, inscrits sous la forme de clubs
nature, s’engagent à réaliser des inventaires de
la faune et de la flore, mettre en place des
aménagements favorables à la biodiversité ou
œuvrer pour une consommation éco responsable
dans l’établissement. Plantations, gîtes à
insectes, nichoirs, création de mares, recyclage
des déchets, compost, campagne d’économie
d’énergie, les projets foisonnent depuis quatre
ans.
La LPO Île-de-France met à la disposition
des participants trois outils : une malle
pédagogique composée de jeux de découverte,
de guides techniques et d’un kit naturaliste, une
exposition spécifiquement conçue pour le projet,
et deux animations à la carte, l’une au collège et
l’autre dans un parc départemental.
S’il a vocation à améliorer l’accueil de la vie
sauvage en milieu urbain, ce projet pédagogique
vise également à changer le regard que les
adolescents portent sur leur quartier.
En septembre 2008, à l’occasion de la Biennale
de l’Environnement, chaque collège a présenté
ses actions aux autres participants ; en juin 2009,
la restitution du concours se déroulera au Parc
97
BRÈVES
du Sausset. Ce sera l’occasion pour le jury
du concours d’attribuer trois prix thématiques :
celui de l’exploration, celui de l’aménagement
et enfin de l’éco citoyenneté.
Les collégiens remettront de leur côté leur prix
coup de cœur.
Ce projet pédagogique a la particularité d’être
axé sur la découverte et la protection de la
nature urbaine, bien plus riche que l’on imagine, et de se dérouler au cœur des collèges. La
vie sauvage est partout, il suffit d’y croire… et
d’ouvrir les yeux ! ■
Interview de Sylvie DECITRE, professeur au collège Albert Camus
de Rosny-sous-Bois, gagnant de la première édition du concours BiodiverCités
1 - A votre avis, qu’est-ce que la participation des enfants au concours BiodiverCités leur a apporté
é?
Tout d’abord les enfants ont acquis un regard nouveau sur la nature de proximité : maintenant quand
ils marchent sur l’herbe, ils se rendent comptent qu’ils peuvent écraser des petites bêtes. Ils se
confrontent, aussi, à l’utilisation d’outils et acquièrent ainsi plus de dextérité dans le maniement
d’instrument, notamment de jardinage.
Cela leur apporte également des connaissances, sur le cycle de plantation, sur les espèces…
Enfin cela leur donne les moyens de découvrir un monde qui leur était jusqu’alors méconnu.
2 - Avez-vous observé un changement de biodiversité au sein de votre collège suite à vos action
ns ?
L’apparition des chardonnerets et des bourdons en nombre nous ont le plus marqués.
3 - Avez-vous eu des encouragements du personnel enseignant de votre établissement ?
Oui, dans la grande majorité le personnel enseignant nous a encouragé, ainsi que l’administration.
Certains nous font même part de leurs découvertes naturalistes !
4 - Qu’a
avez-vous découverts lors de vos premières prospections ?
Nous avons été agréablement surpris par la découverte de la faune qui nous entoure, en cherchant
un peu on trouve…Nous avons observé des abeilles solitaires, des cétoines, des mésanges charbonnière et beaucoup d’autres !
5 - Les enfants ont-ils changé leur regarrd sur la nature au cœur de leur ville ?
Les enfants n’ont habituellement pas conscience de la nature dans leur quartier, ils ont comme
réflexion récurrente « on ne peut pas voir d’animaux ici !!». Ils ont donc vraiment été surpris de ce
qu’ils voyaient.
6 - Est-il possible de faire des liens entre la participattion au concours et le programme scolaire ?
Oui, dans le programme de 6ème, différents thèmes comme l’action de l’homme sur l’environnement,
la classification, les chaînes alimentaires, les différents éléments de l’environnement et les interactions sont abordés avec les élèves. Il est donc facile de faire un parallèle entre notre participation au
concours et notre programme scolaire.
7 - Pourquoi avoir décidé de participer à nouveau au co
oncours BiodiverCités?
Pour recommencer cette expérience avec d’autres élèves !
8 - Avez-vous un message à faire passer cette année au nouveau venu ?
Je les encourage tous vivement à participer à ce concours, et cela même si l’on n’est pas professeur
de SVT car la documentation qui nous est fournie nous donne toutes les clés pour mener à bien des
actions en faveur de la biodiversité.
98
CG 93
BRÈVES
A L’ÉCOLE DE LA NATURE…
PRÉSENTATION DU PROJET
Une classe de CM1 de l’école Nanteuil
à Montreuil observe tout au long de cette année
scolaire 2007/2008 la nature qui les entoure.
L’objectif pour les élèves est de porter un autre
regard sur leur environnement proche et simplement d’apprendre à « ouvrir les yeux » sur la
diversité du monde vivant qu’ils côtoient sans y
faire réellement attention.
Partant d’observations d’espèces d’oiseaux,
d’insectes, de fleurs, faites dans la cour ou
le petit jardin de l’école, les élèves sont ensuite
amenés à faire des recherches documentaires
sur internet ou à la bibliothèque. Le tout est
articulé autour du programme de sciences et
technologie « unité et diversité du monde vivant ».
Afin de communiquer leurs connaissances, des
échanges sous forme d’exposés et d’affichages
sont effectués avec d’autres classes de l’école et
une correspondance scolaire sur le thème
des oiseaux a lieu avec la classe de grande
section de Melle RONSARD de l’école maternelle
Romain Rolland.
RÉSULTATS
Le petit jardin de l’école est devenu un refuge
LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux).
Depuis 3 ans, les élèves y installent des
mangeoires, des nichoirs pour les oiseaux.
Mésanges, pinsons, merles, rouges-gorges
et accenteurs le fréquentent assidûment.
Au printemps prochain, des actions en faveur
des insectes sont envisagées (plantations de
fleurs et installation de gîte pour papillons,
d’abris pour coccinelles et abeilles).
En complément les élèves participent avec la
classe de CM1 de Mr JAUSSAUD au projet
« Paysages à partager » sur le parc départemental Jean-Moulin - Les Guilands où ils suivent
l’évolution des paysages au cours des saisons.
Les détails et explications se trouvent sur le blog
http://paysagesapartager.wordpress.com/
BRÈVES
Laetitia LACHKAR
Professeur des Ecoles
Ecole Nanteuil Elémentaire
9 rue de Nanteuil
93100 Montreuil
Tél. 06 76 62 26 21
E-mail : [email protected]
LE BIODIVERSITAIRE
BRÈVES
CONCLUSION
A l’issue de l’année scolaire, une liste des
espèces observées près de l’école sera réalisée,
souvenir de l’année passée et outil de comparaison pour l’année à venir. Ainsi, par curiosité,
nous avons demandé à l’ODBU de nous communiquer leurs données pour la ville de Montreuil.
Et peut-être que ses regards d’une année,
tournés vers la richesse et la diversité de la
nature, ne se détourneront plus sur le papillon
qui passe ou l’oiseau qui chante au coin d’une
rue…■
99
BRÈVES
LE BIODIVERSITAIRE
BRÈVES
Céline RICHARD
Conseil général de la Seine-Saint-Denis
Direction des Espaces Verts
Bureau Education Relative à
l’Environnement et Tourisme de proximité
Hôtel du département
93006 Bobigny Cedex
Tél. 01 43 93 98 22
E-mail : [email protected]
UNE MARE DANS MON COLLÈGE
PRÉSENTATION
Courant 2007, plusieurs établissements
scolaires ont adressé une demande d’aide à la
construction de mares pédagogiques au
Département. Parallèlement, la Direction des
Espaces Verts, en charge de la gestion des espaces extérieurs des collèges de Seine-SaintDenis, constatait que nombre de mares construites
ces 10 dernières années sur des collèges étaient
à l’abandon. Dans le cadre de la politique
biodiversité portée par le Département, pour
tenter de répondre aux nouvelles demandes et
construire une démarche durable sur la problématique des mares pédagogiques au sein des
établissements scolaires, le Conseil général
a fait le choix d’accompagner sur les volets
techniques, écologique et pédagogiques trois
collèges pilotes de manière privilégiée ; trois
collèges offrant trois approches différentes
de la problématique des mares pédagogiques
en milieu scolaire , en terme technique et
pédagogiques notamment :
• Le collège Jean-Jaurès, à Montfermeil :
Implantation d’une mare pédagogique clé en
main sur un espace de la cour faisant l’objet d’un
réaménagement.
• Le collège Pablo Picasso à Montfermeil :
Restauration d’une ancienne mare abandonnée
depuis 10 ans.
• Le collège Ronsard à Tremblay : Creusement
d’une mare par les élèves du club nature du
collège
aménagement pour alimenter des séances
de travaux pratiques, relatives aux parties des
programmes scolaires de 6ème et 5ème concernant
la biodiversité. De plus, le club-nature
de l’établissement, regroupant une trentaine
d’élèves de 6ème, 5ème et 4ème, a réalisé un inventaire
de la faune et de la flore de la mare et de l’ensemble des espaces extérieurs du collège.
Le Département a également accompagné le
volet éducatif de ce projet via l’Observatoire
Départemental de la Biodiversité Urbaine qui est
intervenu en classe pour lancer la démarche en
présentant ce qu’est un inventaire faune/flore et
son utilité, et via le concours BiodiverCités
auquel se sont inscrits les élèves du club nature.
Le collège bénéficie dans le cadre de ce
concours de deux animations pédagogiques
assurées par la LPO-IDF partenaire du
Département, sur les problématiques de la
biodiversité urbaine, et s’engage en retour à
construire un projet concret pour connaitre,
sauvegarder ou favoriser la biodiversité au
collège et communiquer sur ses enjeux. Sur ce
projet, l’objectif 2009 est de faire de la mare un
outil pédagogique interdisciplinaire suscitant la
mise en place d’un projet d’établissement.
L’équipe de direction et les professeurs semblent
s’engager sur cette voie.
RESULTATS
CG93
Sur le collège Jean-Jaurès, la mare a été livrée
clés en main par les services techniques du
Conseil général en juin 2008. Dès la rentrée
2008-2009, les professeurs de Sciences de la Vie
et de la Terre du collège ont pu exploiter cet
Figure 1 : Mare pédagogique du collège Jean-Jaurès
100
Figure 3 : Mare pédagogique du collège Pablo Picasso après
les travaux
Sur le collège Pablo-Picasso, les élèves de
4ème ont travaillé, dès de la rentrée 2008 avec leur
professeur de technologie, à l’élaboration d’un
cahier des charges pour la reconstruction d’une
mare abandonnée au cœur du collège. Le
Conseil général, destinataire de ce document, a
répondu favorablement à leur demande et
accompagnera la classe en 2009. Le bassin
actuel sera détruit et remplacé par une mare
plus « naturelle » fin mai 2009. Parallèlement,
les professeurs de Science de la vie et de la terre
ont monté un club nature dont le but est de créer
autour de la mare un ensemble d’aménagements favorables à la biodiversité : nichoirs,
mangeoires et refuges à insectes ont déjà vu le
jour, une prairie à papillons doit être implantée
et il a été demandé à l’ouvrier en charge de
l’entretien des espaces extérieurs de ne plus
utiliser d’engrais ni de pesticides et de limiter les
tontes sur ces espaces privilégiés.
Ce collège est également inscrit au concours
BiodiverCités et présentera donc son projet en
fin d’année. Plusieurs disciplines et plusieurs
niveaux scolaires sont impliqués sur ce projet qui
reçoit l’appui de la direction du collège, indispensable à la pérennité de ce nouvel aménagement.
en eau afin de l’exploiter sur le volet biodiversité
et technologie.
BRÈVES
Ces trois expériences en cours doivent permettre
de mettre en évidence les avantages et les
inconvénients de tels aménagements tant au
niveau pédagogique qu’au niveau de la biodiversité sur le territoire. Elles laissent également
entrevoir les potentialités, moyennant quelques
aménagements, de suivis réguliers qu’offrent les
espaces extérieurs des collèges. Les 120 collèges, répartis de manière homogène sur tout le
département, sont autant de refuges potentiels,
d’espaces « verts » pérennes pouvant être pris
en compte dans les programmes de continuités
vertes en réflexion sur le territoire.■
CG93
Au collège Ronsard à Tremblay-en-France, ce
sont les élèves qui ont pris en main le projet.
Ils se sont investis dans la construction de cet
aménagement sur le papier et sur le terrain. Il
leur a fallu plus d’un an pour creuser la mare et
aujourd’hui le Département les aide à la mettre
CONCLUSION
LE BIODIVERSITAIRE
CG93
CG93
Figure 2 : Mare pédagogique du collège Pablo Picasso avant
les travaux
Figures 4 : Mare pédagogique du collège Ronsard
101
BRÈVES
BRÈVES
Yoann LE NECHET
Base régionale de plein air et de loisirs de
la Corniche des Forts
Hôtel de Ville
4, rue de Paris
93230 Romainville
Tél. : 01 49 20 93 61
E-mail : [email protected]
ILEX – tous droits réservés
LA CORNICHE DES FORTS : AMÉNAGEMENT D’UNE BASE DE
LOISIRS EN ZONE URBANISÉE
Figure 1 : Vue aérienne du projet
LA DOUZIÈME BASE RÉGIONALE
DE LOISIRS
Le choix du site de Romainville pour la création
d’une douzième base régionale de plein air et
de loisirs date de 1993. Ce site s’étend sur 62
hectares d’espaces naturels, essentiellement
sauvages, et concerne les communes des Lilas,
de Noisy-le-Sec, de Pantin et de Romainville.
A terme, ce projet permettra au département de
la Seine-Saint-Denis de disposer de sa première
base de loisirs. Ce secteur, fortement urbanisé
et facilement accessible tant aux séquano-dionysiens qu’aux proches parisiens, offrira ainsi un
espace de détente de grande qualité environnementale.
Située en partie sur d’anciennes carrières, liées
à l’exploitation du gypse, la Corniche des Forts
est avant tout un espace sauvage et boisé
présentant une morphologie exceptionnelle. Elle
102
offre ainsi des vues panoramiques sur Paris et
sur toute la plaine nord-est, depuis la ligne de
crête. Quant aux activités proposées, elles seront
adaptées à ce profil, en lien direct avec la nature.
VERS UNE GESTION
RAISONNÉE DU SITE
Pour ce faire, la priorité est d’abord la sécurisation du site. Le gypse ayant été exploité en
carrières à ciel ouvert et en galeries souterraines,
il convient donc de sécuriser le sol et le sous-sol
afin de pouvoir accueillir le public et d’installer
quelques infrastructures en toute sérénité.
Une nouvelle campagne de sondages géotechniques vient ainsi de débuter sur la zone centrale,
couvrant 20 hectares (soit 1/3 de la surface
totale). Cette étude permettra ainsi à la maîtrise
d’ouvrage (Région Île-de-France) et au maître
BRÈVES
différents partenaires du projet (Région Île-deFrance, Département de la Seine-Saint-Denis,
Communes des Lilas, Noisy-le-Sec, Pantin et
Romainville). Dans ce contexte, le Syndicat
participe activement à la réflexion du projet, via
notamment l’organisation et l’animation de
comités techniques.
La volonté commune de la Région et du Syndicat
est effectivement de parvenir à une gestion
raisonnée de ces espaces naturels, en respectant la biodiversité et la
géodiversité locales tout
en faisant appel aux
énergies renouvelables.
De plus, vu la qualité
environnementale
du
site, les activités développées seront en lien
avec la nature (maison
de la Nature, ferme
pédagogique,
jardins
familiaux,
parcours
découverte, musée du
plâtre…) et viendront
compléter l’offre des
autres activités de plein
air qui devraient être
programmées (escalade,
poney club…).
Base de loisirs "La Corniche des Forts”
d’œuvre (lauréat du concours en 2002) de finaliser les méthodes de consolidation du site,
de les programmer et d’engager les réflexions
d’aménagement paysager. Cette nouvelle phase,
entamée au printemps 2009, devrait durer au
moins 4 ans.
Quant à la gestion du site (espaces verts,
activités, bâtiments et personnel), elle est
assurée par le Syndicat mixte, regroupant les
LE BIODIVERSITAIRE
Base de loisirs "La Corniche des Forts”
Figure 2 : Travaux en cours sur la liaison Est-Ouest
Figure 3 : Travaux en cours sur les jardins familiaux
103
Base de loisirs "La Corniche des Forts”
BRÈVES
Figure 4 : Travaux en cours aux abords de l'église de Romainville
DES SECTEURS EN COURS
D’AMÉNAGEMENT
Ce projet d’intérêt régional devient ainsi progressivement une réalité. Outre les études précitées et
liées aux aménagements principaux, d’autres
secteurs ont démarré en 2008. L’ouverture du site
et sa gestion se fera donc de manière progressive
et réfléchie.
Sur Romainville, le parc actuel du Château, ayant
appartenu aux DE SÉGUR, sera réaménagé dans
le respect de l’ancienne architecture paysagère.
Plus au nord de la base, 49 parcelles de 100 m2
environ sont en travaux, permettant à la population locale de disposer d’un jardin. Enfin, une
promenade aménagée sur 2,5 km, entre Pantin et
Noisy-le-Sec, va permettre aux piétons, cycles et
personnes à mobilité réduite de se déplacer en
toute sécurité dès la fin de l’année 2009. ■
104
QUELQUES ÉLÉMENTS CLEFS
Maîtrise d’ouvrage : Région Île-de-France
Maîtrise d’ouvrage délégué : AFRTP
Maîtrise d’œuvre : groupement ILEX –
LION - EGIS
Gestionnaire : Syndicat mixte d’études et
de gestion de la base de loisirs
Superficie : 63 ha répartis comme suit
47,5 ha sur Romainville
9 ha sur Pantin
4,5 ha sur Les Lilas
2 ha sur Noisy-le-Sec
Benjamin BERGEROT
Unité Conservation des Espèces,
Restauration et Suivi des Populations
Muséum national d’histoire naturelle
55 rue Buffon
75005 Paris
Tél. 01 40 79 80 07
E-mail : [email protected]
Antoine ROULET
Conseil général de Seine-Saint-Denis
Direction des Espaces Verts
Bureau Recherches et Développement
Hôtel du Département
93006 Bobigny Cedex
Tél. 01 43 93 41 98
E-mail : [email protected]
BILAN 2006 - 2008 DE L’OBSERVATOIRE DES PAPILLONS DES
JARDINS EN SEINE-SAINT-DENIS
Noé Conservation et le Muséum
national d’histoire naturelle ont
lancé en 2006 un « Observatoire des
Papillons des Jardins » (OPJ). Cet
observatoire, ouvert à tous, permet
de rassembler puis d’analyser les
observations collectées dans les
jardins. Les données récoltées
permettent de décrire la répartition
des espèces en France et d’effectuer
des analyses plus fines à l’échelle
des régions et des départements.
Le Conseil général de la SeineSaint-Denis est partenaire de ce
projet depuis 2006 (cf Biodiversitaire
N°3) afin d’améliorer la connaissance du patrimoine naturel sur le
territoire.
BRÈVES
PRÉSENTATION DU PROJET
LE BIODIVERSITAIRE
BRÈVES
Figure 1 : Communes participantes et
nombre d'espèces de papillons observées en
Seine-Saint-Denis en 2008
RESULTATS
B. BERGEROT - MNHN
Entre 2006 et 2008, 50 jardins de SeineSaint-Denis ont été suivis par des bénévoles avec une moyenne de 25 jardins
par an.
En 2008, les communes ayant recensé le
plus d’espèces sont également les plus
suivies (figure 1). Nous pouvons notamment citer : Montreuil, Noisy-le-Grand
et Aulnay-sous-Bois.
Au bout de ces 3 années d’inventaires,
35 espèces ou groupes d’espèces ont
été observés. L’Argus vert (figure 2),
Figure 2 : Argus vert
105
B. BERGEROT - MNHN
Figure 3 : les 4 espèces les plus communes en Seine-Saint-Denis
Le Machaon ou le Tristan font partie des 21
espèces considérées comme rares en Île-deFrance aux vues des faibles effectifs.
Quant aux 4 espèces les plus communes de
Seine-Saint-Denis (Piérides blanches, Tircis,
Vulcain et Paon de jour, figure 3), elles sont également observées très fréquemment à l’échelle
nationale.
En moyenne, 4,7 papillons ont été observés par
jardin en 2008 contre 5,0 en 2006. La cause de
cette diminution peut être attribuée au fait que
l’été 2008 ai été moins chaud que celui de 2006,
et donc moins favorable aux papillons.
Opération « Fleurs à papillons »
Cette campagne nationale, testée en 2008, a
pour but d’étudier les préférences alimentaires
des papillons. Seulement trois observateurs
séquano-dionysiens ont participé à cette opération en envoyant 26 photos. Néanmoins, la diversité en papillons (12 espèces) et en fleurs
(9 espèces) inventoriées est remarquable pour
une aussi faible participation (figures 4 et 5).
Bien que l’opération fût un succès à l’échelle
nationale avec 538 participants, 590 communes
représentées et plus de 4 500 photos envoyées,
le programme « Fleurs à Papillons » ne sera
pas reconduit en 2009 dans la mesure où les
données récoltées sont suffisantes pour avoir
une vision globale des préférences alimentaires
des papillons.■
Figure 4 : Sylvaine butinant des fleurs de Vipérine
B. BERGEROT - MNHN
B. BERGEROT - MNHN
CG93
BRÈVES
LE BIODIVERSITAIRE
BRÈVES
Figure 5 : Demi-deuil sur une fleur de Knautie
Participez à l’OPJ en faisant par de vos observations
de papillons de jour sur www.noeconservation.org
106
GUIDE DE SURVEILLANCE VISUELLE DES CYANOBACTÉRIES
DANS LES EAUX DOUCES
Les eaux douces (cours d’eau
et plans d’eau) et eaux marines
subissent depuis quelques années
d’importants épisodes de proliférations de cyanobactéries. Malgré leur
existence extrêmement ancienne,
l’écologie de ces organismes et leurs
impacts sur la santé humaine sont
peu connus. De ce fait, les mesures
réglementaires sont encore assez
peu précises, pour le moment.
En France et dans le monde, de
nombreux gestionnaires de plans d’eau sont
confrontés à des phénomènes d’efflorescences.
C’est dans ce contexte que le Département de la
Seine-Saint-Denis a notamment développé
un dispositif de suivi hebdomadaire du phytoplancton sur ses plans d’eau, basé sur les
recommandations en vigueur (OMS, AFSSA) et de
la directive européenne 2006/7/CE du 15 février
2006.
Par ailleurs, l’aspect visuel est aussi primordial
dans la reconnaissance de ces phénomènes.
Dans cette optique, et afin d’améliorer le
dispositif de surveillance, un guide visuel a été
réalisé par l’Observatoire Départemental de
la Biodiversité Urbaine, en collaboration avec
le Muséum national d’histoire naturel, et mis à
disposition des gestionnaires de plan d’eau.
Ce dernier, associé à une fiche d’observation
quotidienne, doit permettre de renseigner les
caractéristiques du plan d’eau ainsi que les
données météorologiques, afin de suivre
précisément l’évolution des proliférations, au
jour le jour.
Les caractéristiques visuelles
• la transparence de l’eau ;
• la couleur du plan d’eau ;
• l’aspect à la surface du plan d’eau ;
• l’aspect des proliférations de cyanobactéries.
Le guide propose à la fois des indications illustrés pour reconnaître
et décrire les différents phénomènes de proliférations pouvant se
manifester, mais également des
éléments législatifs concrets ainsi
que des recommandations afin de
gérer ces derniers.
Enfin le schéma décisionnel, basé sur les recommandations de l’OMS, identifie les différents
niveaux de risque et les seuils sur lesquels se
basent les limitations et les interdictions de
baignade. En fonction de la concentration de
chlorophylle [a] dans le phytoplancton une
analyse spécifique de ce dernier doit être lancée.
Le seuil d’alerte est de 10 μg par litre. Si ce seuil
est dépassé, une surveillance est à mettre en
oeuvre, notamment en identifiant les cyanobactéries en présence, avec un suivi particulier sur
les espèces productrices de toxines. C’est la
concentration en toxine qui définit la limitation
de la baignade et des activités nautiques ou leur
interdiction, ainsi que la présence d’écume.
BRÈVES
Nélia DUPIRE
Conseil général de la Seine-Saint-Denis
Direction des Espaces Verts
Bureau Recherches et Développement
93006 Bobigny Cedex
Tél. 01 43 93 98 38
E-mail : [email protected]
LE BIODIVERSITAIRE
BRÈVES
Vous pouvez télécharger le guide sur le site
Internet de l’ODBU, dans la rubrique Partager,
http://www.parcs93.info/odbu/
Vous retrouverez la présentation de la problématique des cyanobactéries toxiques en eau douce,
ainsi que les méthodes disponibles pour le suivi
de leur prolifération et de leur potentiel toxique,
dans l’article « Cyanobactéries : Suivi biologique
et prévention des risques », paru dans le
Biodiversitaire n°3. ■
107
Maryline BARRE
Conseil général de la Seine-Saint-Denis
Direction des Espaces Verts
Bureau Recherches et Développement
Hôtel du Département
93006 Bobigny Cedex
Tél. 01 43 93 69 61
E-mail : [email protected]
LA BIODIVERSITÉ URBAINE, UN NOUVEAU DÉFI ?
CG93
BRÈVES
LE BIODIVERSITAIRE
BRÈVES
Le 26 septembre dernier s’est déroulé le
1er colloque international de l’ODBU, sur le thème
« Appréhender la biodiversité dans la ville :
un nouveau défi ? » à Bobigny.
Cette rencontre inédite a réuni plus de 350
professionnels de l’environnement autour de 15
intervenants spécialistes de la question.
RÉSULTATS
Sous le patronage de l’UNESCO et avec le
concours du Muséum national d’histoire naturelle et du Magazine La Recherche, cette journée
a permis de mettre en avant une nouvelle approche, dont les spécialistes de ce domaine
sont convaincus, mais qui nécessite encore une
prise de conscience générale, politique, technique…citoyenne et la nécessité de travailler
autrement, de voir la ville sous un nouvel angle :
celui d’un espace de richesse, de refuges et de
conservation pour les espèces.
Bien que porteur, ce thème reste encore
méconnu et peu traité. Même si l’on sait
108
qu’aujourd’hui plus de la moitié de la population
vit en ville, il n’est pas évident pour chacun
d’entre nous de voir la ville comme un enjeu pour
la biodiversité.
La Seine-Saint-Denis, moteur de la
Réflexion
Madame Josiane BERNARD,
Vice-présidente du Conseil
général de la Seine-SaintDenis, ouvre le colloque
en insistant sur l’utilité
des échanges de cette
journée pour avancer dans
Josiane BERNARD,
la politique départementale.
Vice-présidente
Elle exprime son questiondu CG93
nement face aux moyens humains et financiers à
mobiliser en terme de recherche, d’échanges
d’éducation,d’amélioration des normes d’aménagement et encourage « l’amélioration de la
connaissance
ainsi
que
l’étude
des
écosystèmes urbains » et pense que « la crise
écologique nous oblige à penser le patrimoine
CG93
PRÉSENTATION
John CELECIA, fondateur du
programme Homme et
Biosphère de l’UNESCO,
se réjouit de la qualité du
discours de Mme Bernard ,
« Quand un élu prononce le
mot écosystème urbain,
John CELECIA
(UNESCO)
c’est pour moi le couronnement de trente et quelques années d’effort ! ».
Il marque également les esprits et pose le ton
lorsqu’il affirme que « la nature vierge n’existe
pas, tout au moins en Europe ». Il est l’heure de
mettre un terme à ce faux dualisme que
l’Homme s’oppose à la Nature comme la Ville à
la Campagne et repenser la ville de manière
pluri-multi-trans-disciplinaire.
BRÈVES
Des spécialistes impliqués
Pour le Professeur Robert
BARBAULT, président du
comité de pilotage du
colloque, « …parler de
biodiversité urbaine est tout
ce qu’il y a de plus sérieux,
de plus prometteur.
Robert BARBAULT
(MNHN)
Provocation peut-être, mais
pour mieux inciter à sortir des idées reçues, à
renouveler nos points de vue sur la ville, sur
l’homme, sur la nature … » et selon François
LETOURNEUX président du comité français de
l’UICN (Union Internationale pour la Conservation
de la Nature), « la ville peut enrailler la 6ème cause
d’extinction ».
LE BIODIVERSITAIRE
Le temps des débats…
Face à ces réalités, le champ d’exploitation est
vaste et ce premier colloque a pour but de présenter ces nouveaux modes de pensée, de travail
et les projets qui émergent à ce jour autour de 3
tables rondes :
• quelles biodiversités en ville ?
• dynamiques et trame verte
• citadins et biodiversité
15 intervenants (Elus, écologues, anthropologues, géographes, techniciens des villes et associatifs) ont échangé, entre eux et avec le public,
afin de répondre au mieux aux attentes de ces
professionnels, acteurs du territoire, acteurs de
demain…
Des actes sont disponibles auprès de l’ODBU.■
CG93
CG93
CG93
naturel comme bien commun de l’humanité. »
Elle reste convaincue que « la biodiversité avec
sa composante urbaine est devenue pour nous
un miroir de nos relations à la diversité des
milieux et des espèces, une vue éthique avec des
devoirs, des droits et porteuse d’une forte
exigence éducative. »
Table ronde 1 : Marie-Laure THEODULE (La Recherche), François LETOURNEUX (UICN), Anne-Caroline PREVOT-JULLIARD (Orsay-CNRS), Patrick
HAFFNER (MNHN) et Olivier SIGAUT (Sciences Politiques)
LE COLLOQUE EN CHIFFRES
350 participants
15 intervenants
10 nationalités
RÉPARTITION DES PARTICIPANTS :
46% Collectivité territoriales
19% Organismes de recherches
13% Associations
11% Entreprises
5% Etat (Ministères, Education nationale)
3% Agences d’urbanisme
3% Journalistes
Les documents disponibles sur le site Internet de l’ODBU, rubriques « colloques » :
• Le Cahier spécial du magazine La Recherche : « Quelle biodiversité dans les villes ? »
(également disponible sur CD en version anglaise sur demande auprès de l’ODBU)
• Les actes du colloque
• La synthèse des résultats de l’enquête préalable
Les vidéos du colloque sont disponibles sur le site http://www.evolutiondurable.fr
109
BRÈVES
LE BIODIVERSITAIRE
BRÈVES
Antoine ROULET
Conseil général de la Seine-Saint-Denis
Direction des Espaces Verts
Bureau Recherches et Développement
Hôtel du Département
93006 Bobigny Cedex
Tél. 01 43 93 41 98
E-mail : [email protected]
LE DÉPARTEMENT, NOUVEAU MEMBRE ASSOCIÉ À L’UICN,
PRÉSENT AU CONGRÈS MONDIAL DE LA NATURE
PRÉSENTATION
Le Département de la Seine-Saint-Denis a participé en octobre 2008 au forum mondial de la
nature, première partie du Congrès mondial de
la nature, organisé par l’Union International pour
la Conservation de la Nature (UICN). Cet événement exceptionnel a rassemblé près de 8.000
personnes, issues d’ONGs, d’entreprises, de
gouvernements locaux et nationaux.
Pour la première fois, sous l’impulsion du comité
français de l’UICN, auquel adhère le
Département, l’action des collectivités locales
dans la préservation de la nature a été reconnue
et les membres de l’UICN ont été appelés à les
prendre davantage en compte dans les années à
venir.
Les conférences et débats ont également permis
de dessiner les principales tendances de la
protection de la biodiversité à venir : prise en
compte et chiffrage économique des services
que la biodiversité rend à l’homme, importance
des relations entre préservation de la
nature/lutte contre le changement climatique/
réduction de la pauvreté et bien-être des
hommes, mise en place de programme de lutte
contre la déforestation ou reconnaissance des
droits des peuples indigènes.
Un espace d’échanges privilégié
L’UICN est le plus
vaste réseau mondial
de protection de
l’ e n v i r o n n e m e n t .
Cette union démocratique rassemble plus
de 1.000 membres,
constitués de 100
gouvernements et 900 organisations non gouvernementales, et travaille avec 11.000 scientifiques
et experts bénévoles répartis dans 160 pays. Elle
appuie la recherche scientifique, gère des projets sur le terrain partout dans le monde et rassemble au sein d’une plate-forme de dialogue
les gouvernements, les ONGs, les agences des
110
Nations Unies, les entreprises et les collectivités
locales pour développer et mettre en oeuvre des
politiques, des lois et de meilleures pratiques.
Se réunissant tous les quatre ans, le Congrès
mondial de la nature permet à tous les acteurs
de la protection des milieux naturels de se
réunir. Rassemblant à Barcelone près de 8.000
personnes venues de 177 pays, l’événement
se tient en deux temps. D’une part, le forum de la
nature est un espace d’échanges privilégié
ouvert à tous, où se dégagent les grandes
tendances en matière de préservation de la
biodiversité et où se prépare la deuxième phase
du congrès. D’autre part, l’assemblée des
membres réunit l’ensemble des membres dotés
d’un droit de vote pour élire les représentants de
l’UICN et adopter des décisions qui orienteront la
politique de l’union pour les quatre années à
venir.
Depuis 2008, le Département de la Seine-SaintDenis est adhérent à l’UICN en tant que membre
associé. Ce partenariat a été rendu possible
grâce à l’engagement du Conseil général sur la
préservation de la biodiversité et aux travaux du
comité français de l’UICN envers les collectivités
locales. En effet, l’antenne française de l’UICN a
initié depuis 2004 un groupe de travail avec les
collectivités territoriales, du fait des actions de
plus en plus importantes qu’elles mènent en
matière de gestion des milieux naturels.
Une prise en compte croissante
des collectivités locales
Un des points importants du forum a porté sur la
question de la place des collectivités locales au
sein de l’UICN. Agir localement étant indispensable pour pouvoir obtenir des résultats globaux,
les collectivités sont des acteurs essentiels de la
préservation de la nature et contribuent à la
protection de nombreux espaces et espèces. Or,
ces collectivités sont peu reconnues à l’échelle
internationale et ne possèdent d’ailleurs pas de
Enfin, différents ateliers ont permis de valoriser
des expériences locales traitant de la préservation de la biodiversité en ville. L’expérience de la
Seine-Saint-Denis a ainsi pu être détaillée à
plusieurs reprises et comparée avec les situations d’autres villes comme Barcelone, Milan,
Montréal ou Bonn.
De nouveaux champs d’actions pour lutter
contre le déclin de la biodiversité
L’UICN souhaite aller au-delà de ses partenariats
historiques en développant des relations vers les
entreprises ou des bailleurs de fonds qui dési-
L’utilité de la liste rouge des espèces menacées a
été rappelée lors du congrès. Cet outil est un des
seuls indicateurs de l’état de santé du monde
vivant et il est unanimement utilisé pour sensibiliser la communauté internationale sur le déclin
de la biodiversité. La nouvelle liste des mammifères a d’ailleurs été publiée à Barcelone, dévoilant que la moitié des espèces de mammifères
est en déclin et un tiers est menacé d'extinction.
LE BIODIVERSITAIRE
droit de vote dans les décisions de l’UICN.
Pas moins de trois motions ont été proposés et
adoptées pour prendre en compte le rôle des
autorités locales. Un calendrier d’actions à
mener sur les quatre prochaines années permettra de lancer une réflexion mondiale sur cet
enjeu.
En parallèle, des conférences ont réuni des
réseaux de grandes villes mondiales engagées
dans la préservation de la nature, soulignant
d’une autre manière le rôle essentiel de l’action
locale. Ainsi le programme « Local Action for
Biodiversity » du réseau des « gouvernements
locaux pour la durabilité » (« Local Governments
for Sustainability – ICLEI ») rassemblant 21 grandes mégapoles mondiales, a réuni plusieurs
maires pour annoncer l’ouverture de ce réseau à
toutes les collectivités qui le souhaitent à partir
de mars 2009.
Dans ce cadre, les actions menées par l’UICN et
ses membres sont le renforcement du réseau
des aires terrestres et marines protégées, la
mise en place d’une gestion des pêcheries, le
soutien des programmes onusiens de Réduction
d’Émissions issues de la Déforestation et de
la Dégradation (REDD) et de l’évaluation de
l’économie des écosystèmes et de la biodiversité
(TEEB), la régulation et la gestion du recours aux
biocarburants, etc.
BRÈVES
CG93
Figure 1 : Barcelone, un exemple à suivre en matière de
préservation de la biodiversité dans la ville
rent investir pour la sauvegarde de la planète.
Dans un contexte de crise écologique mondiale,
le message principal est que la biodiversité soutend le bien-être des sociétés humaines et de
leurs économies. Du fait du rythme de la disparition du patrimoine naturel et des changements
globaux qui s’annoncent, les politiques et les
pratiques relatives au changement du climat, à
l’énergie, au développement, à la sécurité
humaine, à la lutte contre la pauvreté, aux marchés ou encore au commerce ne pourront pas se
faire sans prendre en compte la biodiversité.
D’autre part, un nouvel indicateur a été présenté.
Son but est de refléter les tendances d’évolution
des espèces. Il sera réalisé à partir d’un échantillon d’espèces suivi régulièrement au sein de
chaque groupe taxonomique.
Enfin, les droits des communautés vulnérables
et indigènes ont constitué une priorité au
Congrès mondial de la nature où les membres de
l’UICN ont demandé aux gouvernements de
« prendre en compte les implications découlant
des Droits de l’Homme dans toute activité de
conservation entreprise ». ■
111
RÉSEAU DE L’ODBU
Mission :
Son but est de protéger la nature et de développer les
loisirs périurbains par le biais d’un réseau d’échanges, à l’échelle européenne, entre les gestionnaires de
sites périurbains.
Créée en 1995, cette fédération inclut les espaces
périurbains qui possèdent une qualité environnementale et qui sont protégés par une réglementation
à caractère urbanistique ou environnemental correspondant à la législation des différents Etats
européens.
Contact :
Responsable du Secrétariat technique et chargée de
missions
Mme Teresa PASTOR RAMOS
Parc de Collserola
Crtra. de l'Església, 92
E-08017 BARCELONA
E-Mail : [email protected]
Site Internet : www.fedenatur.org
Fondation pour la Recherche
sur la Biodiversité (FRB)
Mission :
Son but est de favoriser au niveau national, communautaire et international le développement, le soutien
et l’animation des activités de recherche sur la
biodiversité et leur valorisation, dans les domaines
biologique, socio-économique et juridique, et des
activités associées de formation, de sensibilisation et
de diffusion des résultats.
Elle regroupe et remplace deux structures existantes
en amplifiant leurs missions : l’Institut français de la
Biodiversité (IFB) et le Bureau des ressources génétiques.
Contact :
M. Xavier LE ROUX
57 Rue Cuvier – CP 41
75005 PARIS Cedex 05
E-Mail : [email protected]
Site Internet : www.fondationbiodiversite.fr
Bruxelles Environnement - IBGE
(Institut Bruxellois pour la
Gestion de l’Environnement)
Mission :
L’IBGE est l’administration de l’environnement et de
l’énergie de la Région de Bruxelles-Capitale. Il
est également le premier interlocuteur des habitants
de Bruxelles pour tout ce qui concerne leur milieu de
vie : air, espaces verts, déchets, pollution des sols…
Créé en 1989, par Arrêté royal, il est à la fois un
centre de recherche, de planification, d’avis et
d’information ainsi qu’un organisme de contrôle et de
surveillance.
Contact :
Mme Machteld GRYSEELS
Directeur – Chef de division Nature, Eau et Forêt
Gulledelle 100
B1200 BRUXELLES
E-Mail : [email protected]
Site Internet: www.ibgebim.be
IDEAL Connaissances (Information sur
le Développement, l’Environnement et
l’Aménagement Local)
Mission :
Son but est d’animer l’échange de savoir-faire entre
les collectivités. Elle est le médiateur des pratiques
existantes et émergentes dans tous leurs domaines de
compétences.
Cette association, créée en 1985, regroupe plus de
100 collectivités.
La diversité des actions mises en œuvre pour ses
adhérents confère au réseau IDEAL Connaissances un
véritable rôle d'observatoire des pratiques des
collectivités territoriales et notamment celles des
départements
Contact :
93 ,avenue de Fontainebleau
94276 LE KREMLIN BICETRE
E-Mail : [email protected]
Site Internet: www.reseau-ideal.asso.fr et
www.idealconnaissances.com
RÉSEAU DE L’ODBU
FEDENATUR
(Fédération Européenne Des Espaces
NATURels et ruraux métropolitains et
périurbains)
LE BIODIVERSITAIRE
RÉSEAU DE L’ODBU
Nord Nature Chicos Mendes
Mission :
Son but est d’éduquer et d’agir pour l’environnement. Pour cela, cette association développe
des projets associant éducation à l’environnement,
citoyenneté et actions de terrain en faveur de la biodiversité.
Elle a notamment développer l’Opération Chico
Mendès qui consiste à aménager des terrains abandonnés en espaces « nature » à vocation pédagogique.
Une trentaine d’espaces nature ont ainsi été créés.
Contact :
Mme Marjorie DUCHENE
Chargée de mission
7 Rue Adolphe Casse
59000 LILLE
E-Mail : [email protected]
Site Internet : www.nn-chicomendes.org
113
Natureparif – Agence régionale
pour la nature et la biodiversité en
Île-de-France
Mission :
L’agence régionale pour la nature et la biodiversité a
été créée en juin 2008. Dans le cadre de sa mission
d’observatoire régional, Natureparif met en réseau les
informations et les données relatives à cette dernière,
confronte les idées, organise les échanges et valorise
les bonnes pratiques. L’Agence répond également aux
besoins d’information, de communication et de sensibilisation par la diffusion des expériences, l’organisation de séminaires, de journées techniques ou de
forums…
Contact :
84 rue de Grenelle
75007 PARIS
E-Mail : [email protected]
Site Internet : www.natureparif.fr
Entente interdépartementale de lutte
contre la Rage et autres Zoonoses
(ERZ)
Mission :
Le but de cet établissement public interdépartemental
est de lutter contre les maladies transmises à
l’Homme par la faune sauvage. Il met en œuvre des
moyens afin d’éviter l’apparition et/ou la propagation
des maladies. L’ERZ mène ainsi des études sur les
populations d’animaux sauvages afin de cartographier
la répartition de certaines maladies, notamment
l’échinococcose transmise par le renard.
À ce jour, 44 départements sont adhérents, dont la
Seine-Saint-Denis.
Contact:
Domaine de Pixerecourt
54220 MALZEVILLE
E-Mail : [email protected]
Site Internet : www.ententeragezoonoses.com
114
Comité français de l’Union
Internationale pour la
Conservation de la Nature
(UICN)
Mission :
Créé en 1992, le Comité français de l’UICN est le
réseau des organismes et des experts de l’Union
Internationale pour la Conservation de la Nature en
France. Les programmes du Comité déclinent ses
deux missions principales qui sont de répondre aux
enjeux de la biodiversité en France et de valoriser l’expertise française à l’international.
Il regroupe au sein d’un partenariat original 2 ministères (écologie et affaires étrangères), 5 établissements
publics et 35 organisations non gouvernementales,
ainsi qu’un réseau de plus de 200 experts rassemblés
au sein de commissions et de groupes de travail.
Contact :
26 Rue Geoffroy Saint Hilaire
75005 PARIS
E-Mail : [email protected]
Site Internet : www.uicn.fr
Compte à rebours 2010 pour la
biodiversité (Countdown 2010 –
Save Biodiversity)
Mission :
En décembre 2007, le Conseil général de Seine-SaintDenis a décider d’adhérer au réseau « Compte à
rebours 2010 pour la biodiversité » à travers l’ODBU.
Ce réseau mondial (porté par l’UICN) a pour but d’inciter toutes les organisations, publiques ou privées,
locales ou globales, à agir pour la biodiversité. Ainsi,
elles sont invitées à mettre en œuvre des actions
concrètes pour mettre fin ou réduire la perte de
biodiversité d’ici.
Contact :
Mme Silvia RITOSSA
Comité français de l’UICN
E-Mail : [email protected]
Site Internet : http://countdown2010.net
LISTE DES ÉTUDES MENÉES EN
SEINE-SAINT-DENIS EN 2007-2008
LISTES DES ÉTUDES MENÉES EN SEINE-SAINT-DENIS EN 2007-2008
116
FONDS DOCUMENTAIRE
Pédagogie
Biodiversité
OUVRAGE
Insectes
Biodiversité
Biodiversité
Faune
Pédagogie
Biodiversité
Biodiversité / Urbanisme
Développement durable
Développement durable
Biodiversité
Conservation
Oiseaux
Pédagogie
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Découverte
Biodiversité / Urbanisme
Flore
Biodiversité
Biodiversité
Développement durable
Développement durable
DOSSIER
Oiseaux
Oiseaux
Conservation
Faune
Faune
Biodiversité
SOUS THEME
THEME
CD-ROM
ZONE GEOGRAPHIQUE
Ecouter pour voir les Oiseaux
Ile-de-France
Ecouter pour voir les Oiseaux
Ile-de-France
Colloque Sciences et actions
France
pour la gestion et la conservation de la biodiversité.
2007 septembre
Impliquer les jeunes de votre collectivité
France
dans le developpement durable
Milieux forestiers, Observatoire du Patrimoine
France
Collectivités face au défi de la biodiversité
France
(Les) : la contribution des services des espaces verts. Dossier des participants.
Local Action for Biodiversity. A series of local cases
International
Enquête Moineaux domestiques à Paris
Ile-de-France
Action pour ton parc (Une). Les jeunes éco-citoyens
France
du Livradois-Forez. Dossier pédagogique. Année 2007-2008
Regards croisés - impressions urbaines
Seine-Saint-Denis
"Addis-Abeba / Blanc Mesnil. Décembre 2005-Janvier 2007
Revue de presse 2008 "Des nichoirs dans la plaine".
France
Le rôle des villages comme support de biodiversité
33ème congrès de France Nature Environnement.
France
Une trame grandeur nature. 12-13 mars 2009
Programme de stages Education à l'environnement
France
Développement durable. Année 2009. IFREE.
Rapport de l'OPECST n°131 - Les apports de la science
France
et de la technologie au développement durable,
Tome II : La biodiversité : l'autre choc ? l'autre chance ? (2007-2008)
Nature dans la ville (La). Biodiversité et urbanisme.2007
France
de La Courneuve
Papillons de jour d'Ile-de-France et de l'Oise (Les)
Ile-de-France
TITRE
Ile-de-France
Parc départemental
Général
Poitou-Charente
Général
Deux-Sévres
Général
Paris
Parc naturel
régional Livradois-Forez
Blanc-Mesnil
National
Limoges
National
Général
Général
National
SITE
2007
2007
2007
2009
2009
2008
2007
2008
2007
2007
2007
2008
2007
2007
2008
2007
ANNEE
CORIF
CORIF
SupAgro Florac
EDITEUR/SOURCE
REYGROBELLET Bernard
Officiels
DOUX Yves et GIBEAUX Christian
LAFFITTE Pierre , SAUNIER Claude
IRD
Monika ZIMMERMANN et al.
Parthénope Collection
Les éditions des Journaux
Assemblée nationale/Sénat
IFREE
FNE
Zoodyssée, CNRS et Ifrée
IRD
ICLEI & UNEP
CORIF/LPO
PNR Livradois-Forez
Les éco maires et le groupe
Regiex publicité
et le Groupement des Mousquetaires
Réserves naturelles de France
Ville de Limoges
SupAgro Florac
AUTEUR/COLLECTIVITE AUTEUR
FONDS DOCUMENTAIRE : Nous vous présentons ici une partie des documents disponibles au sein du fonds documentaire de l’ODBU. Ce fonds compte plus de 500 références, axées
principalement sur la biodiversité. La liste des documents est disponible sur simple demande, ceux-ci étant consultables sur place.
CATEGORIE
118
VIDEO
RAPPORT
CATEGORIE
119
Pédagogie
Pédagogie
gestion déchets
Biodiversité
Biodiversité / économie
Biodiversité urbaine
Biodiversité urbaine
Biodiversité
Biodiversité
Environnement
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité urbaine
Biodiversité
Conservation
Bruit
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Faune
Biodiversité
Biodiversité
Biodiversité
Gestion
Biodiversité
Médiation
Faune
SOUS THEME
Pédagogie
THEME
TITRE
Natura 2000 Seine-Saint-Denis
ZONE GEOGRAPHIQUE
Seine-Saint-Denis
Seine-Saint-Denis
Seine-Saint-Denis
France
France
France
France
France
International
France
France
International
International
France
France
France
France
France
International
SITE
ANNEE
2008
2009
2009
2008
2008
2008
2007
2007
2008
2008
2009
2008
2007
2008
2008
2007
2008
Parc
départemental du Sausset 2008
Natura 2000
2008
Général
Méditerranée
Général
Alsace
Alsace
Bonn
National
National
Général
Général
Général
Général
Général
Porto Alegre
FOND DOCUMENTAIRE
(CSPNB) MEDAD/D4E
Communautés européennes
Porto alegre
CIDADE DA EDUCACAO
AMBIENTAL / SMAM / Prefeitura
de Porto Alegre
Commission scientifique de l'IFB
EDITEUR/SOURCE
CHEVASSUS-Au-LOUIS Bernard
Ministère de l'écologie et
du développement durable
et Direction de la nature et des paysages
LAB Local Action for Biodiversité
Centre d'Etudes Techniques
de l'Equipement de l'Est
l'Aménagment Durables
L'étiquette production
Passeurs d'idées
CG93 - Dir com
Séché environnement
UICN
Centre d'Analyse Stratégique
ARIENA
ARIENA
Ministère de l'écologie et
du développement durable et
Direction de la nature et des paysages
LAB Local Action for Biodiversité
Ministère de l'Ecologie, du
Développement et de
Conseil Scientifique du Patrimoine
MEDAD/D4E
Naturel et de la Biodiversité (CSPNB)
Cahier spécial La Recherche
Cahier spécial La Recherche
ANVL
Natureparif
Conseil Scientifique du Patrimoine
SUKHDEV Pavan
AUTEUR/COLLECTIVITE AUTEUR
LE BIODIVERSITAIRE
Rapport d'activités 2007.
Association régionale pour l'initiative à l'environnement
et à la nature en Alsace
L'Ariena a 30 ans, retour
sur 3 décennies d'éducation à l'environnement
Annual Corporate Social Responsability Report 2007
Réflexions méditerranéennes. Année 2008
Approche économique de la biodiversité
et des services liés aux écosystèmes.
Contribution à la décision publique.
Conférence de presse Espèces d'Urbains. 11 février 2008
Le Parc départemental du Sausset
BONN, Biodiversity report 2008
Bruit urbain et faune sauvage - Synthèse bibliographique
Biodiverse city (A) ?
Quelle biodiversité dans les villes ?
Favoriser la nature en ville. Guide à usage des collectivités.
Mars 2009
Gestion des milieux naturels et biodiversité.
Faune sauvage, les plans de restauration
Réflexion stratégique. Bilan des groupes
de réflexion. Juillet 2008
Biodiversité à travers des exemples (La)
Economie des écosystèmes et de la biodiversité (L').
Rapport d'étape
Biodiversité à travers des exemples (La). Les réseaux de la vie
NATURECOS ediçao em braille e fonte ampliada,
Notes
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