CROISSANCE, FLUCTUATION ET CRISE 1.1 Quelles sont les sources de la croissance économique ? A. Définir et mesurer la croissance économique PIB = permet de mesurer la création de richesse à l’intérieur d’un territoire. Il a été créé aux Etats-Unis dans les années 30 pour mesurer la création de richesse. Il comprend les impôts sur la production, le produit intérieur marchand et non-marchand auxquelles s’ajoutent la TVA et les droits de douanes. Il ne comprend pas les subventions publiques car ils diminuent artificiellment les prix des marchés. On distingue 3 approches du PIB: Par la production (VA + Impôts sur les produits – subvention sur les produits) Par les revenus (Revenus + EBE+ impôt sur la production + importations – subventions) Par la demande (Dépense de consommation finale + FBCF + variation des stocks + exportations – importations) Production non-marchande = production proposer gratuitement ou quasigratuitement (CAD inférieur à 50% du prix de production) Il est difficile de mesurer la VA de cette production car elle n’est pas vendu (cout de production – consommation intermédiaire). Une mesure en volume permet de ne prendre en compte que l’évolution des richesses produites en éliminant les variations des prix. Croissance économique = mesure du taux de variation du PIB en volume pour éliminer les effets de la variation des prix (phénomène quantitative). Développement = transformation structurel qui accompagne et entretienne la croissance économique (phénomène qualitative). B. Un phénomène récent et inégalitaire Productivité du travail = rapport entre une production de biens et de services et les moyens nécessaires à sa réalisation. Il existe liens entre productivité et croissance: - Augmentation des profits qui vont être redistribués sous forme de salaire ou de dividendes et qui vont ensuite être réinjecter ds l’économie - Augmentation des recettes fiscales de l’Etat qui s’enrichie et va investir ces recettes ds ds infrastructures qui vont générer de la croissance (= multiplicateur keynésien) - Augmentation de biens et de services qui augmente la production donc la croissance et fait baisser les prix - Les effets de la croissance sur la société sont : Changement de la structure socio-professionnelle avec le passage à une économie tertiaire très urbaine. Avènement de la société de consommation - Thèse du déversement (Loi d’Engel): changement dans la structure de consommation. L’augmentation des revenues fait augmenter la proportion de dépenses liées au besoin secondaires. Changement sociologique (individualisme, comportement anomique, déclin des institutions traditionnelles) La croissance est un phénomène récent et localisé. Ce n’est qu’à partir de la fin du siècle que la croissance s’accélère avec les révolutions industrielles successives. Les pays qui ont connu précocement ces changements forment aujourd’hui les pays développés à économie de marché. De nouveaux pays industrialisés connaissent un rattrapage rapide. Cependant tous les pays ne participent pas également à cette croissance économique en particulier la plupart des pays africains, d’Amérique du Sud et des pays asiatiques. 18e On assiste à une convergence des niveaux de vie. Tocqueville, dans de la démocratie en Amérique, avait prédit la convergence des niveaux de vies dans les pays démocratiques et capitalistes entrainant un recul de la pauvreté et une augmentation des classes moyennes. Niveau de vie: quantité de biens et de services que les habitants d’un pays peuvent acquérir. C. Le PIB, un indicateur imparfait - - - Pour les comparaisons internationales, on a recours à la parité de pouvoir d’achat, un taux e conversion monétaire fictif qui permet la conversion des pouvoirs d’achat des différentes monnaies. Le PIB par habitant n’est pas forcément un indicateur pertinent dans la mesure car il n’est qu’une moyenne qui ne tient pas compte de la repartions des richesses et des flux de revenues avec l’extérieur (d’où la préférence de la commission Stieglitz pour le RNB). Il ne prend pas en compte le travail domestique alors qu’il crée une réelle richesse. Il ne prend pas en compte l’économie souterraine légale ou illégale. Il peut comptabiliser des productions qui provoquent des externalités négatives (écologiquement ou socialement). Il est aussi une mauvaise mesure du niveau de vie d’où la généralisation de l’IDH (indice de développement humain qui prend en compte le niveau de scolarité, l’espérance de vie et du niveau de vie. Il mesure davantage le développement d’un pays par rapport au PIB. Le PIB ne ns informe pas sur sa répartition. Il est donc préférable d’utiliser le RNDB ou le RNDN (qui soustrait les amortissements du capital). Il existe d’autres indicateurs complémentaires comme l’indice de l’inégalité de genre, l’indice de pauvreté ou encore l’empreinte écologique. D. Comment expliquer la croissance économique ? Modèle de croissance de Solow Robert Solow est à l’origine de l’une des fonctions de production les plus célèbres qui utilisent le facteur travail(L) et capital (K) à la fois substituables et complémentaires tenant en compte la contrainte écologique. On distingue deux facteurs de productions (moyens mise en œuvre pour produire) : - Travail : activité humaine légal et déclare qui contribue à la création de biens et de services. - Capital : stock de biens d’équipement durable même incorporel (logiciel, brevets). Il faut distinguer le capital fixe et circulant (stock de biens et de services détruits lors du processus de production). Ce stock de capital varie avec l’investissement. Robert Solow (prix Nobel américain) a fait 3 prédilections : - Lorsqu’on augmente la quantité de travail, on augmente la production et donc on favorise la croissance - Investir contribue à augmenter la croissance, donc les pays les pays les plus pauvres connaissent des rendements relativement moins décroissants car ils ont une marge d’investissement plus grande - Les économies de certains pays vont connaitre un Etat stationnaire de leur économie (seuil où l’augmentation des facteurs de production ne permettra plus une augmentation des profits). La productivité du travail se mesure de 2 façons : Le producteur détermine alors la combinaison de production optimale. Lorsque l’augmentation de a production résulte d’une augmentation des facteurs de production utilisés, on parle de croissance extensive. Elle se heurte cependant à la loi des rendements décroissants. Loi des rendements décroissants : loi économique selon laquelle la production varie de façon moins importante que les variations des facteurs de production utilisée. Les profits marginaux seront de moins en moins importants. Dans le modèle de Solow, la croissance reposerait sur facteur travail. Cependant, on constate que la diminution du nombre d’heure travaillé, la stagnation de la quantité de travail n’est pas toujours source de croissance. C’est le cas de la France dont la croissance repose d’abord sur l’augmentation de la productivité apparente du travail que l’on peut mesurer de 2 façons : - Productivité physique - Par tête : quantité produite/ nombre de travailleurs - Par heure : quantité produite / quantité de travail - Productivité économique - Par tête : valeur ajouté / nombre de travailleurs - Par heure : valeur ajouté / quantité de travail De plus, on observe une augmentation du stock de capital par tête dans les pays développés en raison de la faible hausse de la population active. Aux Etats-Unis, ce stock atteint en moyenne 67 000$. Le « résidu » évoqué par Solow est la part de la croissance qui n’est ni attribué au facteur travail ni au facteur capital. Il suppose que ce « résidu » est exogène car il serait selon lui lié inexpliqué. Le rôle de l’investissement Pour lutter contre la loi des rendements décroissants, les entreprises : - Investissement dans le capital fixe - Investissement dans le capital humain (= qualification) Les dépenses en capital fixe vont permettre d’engendrer des gains de productivité qui vont faire augmenter la production : elles améliorent l’offre. Les dépenses en capital fixe participent aussi à la croissance économique car elles permettent l’embauche de nouveaux salariés et permettent d’engendrer des gains de productivité être redistribués sous forme de salaires ou de dividendes : elles améliorent ainsi la demande. L’ensemble des investissements (dépense ayant pour but de modifier durablement le cycle d'exploitation de l'entreprise) dans le facteur capital des entreprises, de l’Etat et des ménages forment la FBCF (formation brut de capital fixe). Ils peuvent avoirs 3 différents motifs : - De remplacement : remplacé une partie du capital car il est démodé, usé ou encore obsolète car la valeur du capital peut être amené à se déprécier. - De capacité : vise à augmenter la production de l’entreprise. - De productivité : vise à augmenter les capacités de production de l’entreprise, à réaliser de la substitution afin de bénéficier du progrès technique. Il y a plusieurs motivations à l’investissement : - Evolution de la demande globale (demande extérieur, celle des entreprises) - Eléments financiers (taux d’intérêt, niveau d’endettement) L’investissement participe la croissance car : - Il soutient la demande (effet accélérateur de la demande sur l’investissement) et l’investissement à un effet multiplicateur sur la croissance. - Il améliore l’offre On assiste à une augmentation du capital par tête car le taux de personne ayant un emploi a stagné tandis que le capital a fortement augmenté. Si au 19e siècle, la croissance est due à l’augmentation du facteur travail. Au 20e siècle, elle s’explique par l’augmentation du capital. Le progrès technique La croissance découle de l’amélioration de l’efficacité des facteurs de production que l’on mesure à l’aide de la productivité globale des facteurs : on parle alors de croissance intensive. Le progrès technique amène des innovations (introduction dans le marché d’une invention). On distingue deux types d’innovations : - De procédés : nouvelles méthodes de production qui fait baisser le cout unitaire - De produits ou de services - Organisationnelle : nouvelles méthodes dans l’organisation du travail ou de la production (ex. : système de sous-traitance, filialisation) Kondratieff analyse les cycles économiques sur un long terme sur 50 ans. Schumpeter va mettre en lien les cycles de Kondratieff et le progrès technique. Cette grande innovation serait à l’ origine des phases d’expansion. La demande est forte pour ces produits, les crédits sont abondants et les profits sont élevés. Les rentes de monopoles favorisent l’innovation (cercle vertueux). Cependant les innovations connaissent un ralentissement et les rentes diminuent à cause de l’effet de l’imitation. Les entreprises deviennent moins rentables (= loi des rendements décroissants) et cette situation va aboutir à une crise durant laquelle les entreprises les moins rentables sont éliminés. La croissance rentre alors en récession jusqu’à la découverte d’un nouveau cycle d’innovation. Ces cycles entrainent un processus de destruction/ créatrice d’emploi car les emplois les moins qualifiés sont substitués en capital mais à long terme crée des emplois plus qualifiés (= l’effet sur l’emploi est à la fois qualitative et quantitative) L’importance du capital physique et technologique selon Romer La théorie de la croissance endogène (ou auto-entretenu) est formulée par Romer en 1986. Il insiste sur le fait que les connaissances relatives à la production se diffusent par les entreprises et les salariés. Selon lui, les innovations successives vont constamment alimenter la croissance. Il prouve cela avec deux mécanismes : - Croissance entraine des innovations qui vont être réinvestis dans la recherche et développement qui va générer à son tour de la croissance (cercle vertueux) - Croissance provoque augmentation des recettes fiscales qui vont être introduite en recherche fondamentale et vont à leur tour générer de la croissance (cercle vertueux). Cette théorie remet en question l’état stationnaire formulé par Solow et sa conception de convergence des économies. Le progrès technique peut être alors considéré comme une variable endogène, cad à la fois comme une source et une conséquence de la croissance qui est alors un phénomène auto-entretenue et continu. Théorie du capital humain de Lucas Robert Lucas va formuler la théorie du capital humain (ensemble des qualifications, des talents et des compétences accumulés par un individu et qui détermine sa capacité productive). Ce capital : - Augmente avec l’augmentation du niveau de santé - Varie en fonction niveau du PIB. Plus celui est important, plus le capital humain est important - Est déterminant pour l’appropriation du progrès technique et pour sa diffusion. - Va permettre de provoquer de nouvelles innovations si celui-ci est important. Rôle de l’état d’après Robert Baro Dans ce modèle de croissance endogène, Robert Baro (1991) souligne l’importance des politiques publiques pour que le capital humain s’élève - Il doit investir dans de la recherche fondamentale - garantir l’état de droit pour favoriser la stabilité politique et économique et ainsi favoriser les investissements. - Investir dans la recherche fondamental qui sera source de croissance futur - Mettre en place des institutions (ensemble des règles juridiques et sociales qui encadre le fonctionnement d’une société) pour protéger l’innovation et le droit de propriété intellectuel, mais aussi pour réguler le marché (éviter les concentrations et les abus de position par exemple) Enfin, la croissance peut aussi résulter de facteurs non-économiques comme certaines valeurs propices au capitalisme et à l’esprit scientifique (exemple avec le protestantisme qui valorise la réussite social et l’enrichissement). Schéma récapitulatif