Prévention 13 litres d’alcool pur consommés par an et par adulte en France Alcool et cancer : liaisons dangereuses Selon un récent rapport publié par l’Institut national du cancer, une consommation même modérée d’alcool augmenterait le risque de survenance de cancers Le constat est connu : en France, la consommation de boissons alcoolisées est la deuxième cause de mortalité évitable par cancer après le tabac. Même si cette consommation baisse régulièrement depuis les années 60, elle reste l’une des plus élevées du monde, avec en moyenne l’équivalent de 13 litres d’alcool pur par an et par adulte (moitié moins qu'en 1960). Or, selon l’Institut national du cancer*, une consommation même modérée d’alcool – par exemple 2 verres de vin par jour, pourtant pas déconseillé pour lutter contre les maladies cardio-vasculaires – augmenterait le risque de développer un cancer. Il n’existerait pas de petite dose sans effet, affirme le rapport. Le risque de cancer de la cavité buccale est ainsi multiplié par six chez les personnes ayant une consommation élevée par rapport à celles ne buvant jamais. Augmentation également des cancers du foie après une cirrhose, du cancer du sein chez la femme (augmentation du risque de 30 % pour 3 verres bus par jour), et des cancers colorectaux pour les deux sexes. En cause essentiellement la transformation dans l’organisme de l’alcool en acétaldéhyde, qui est très cancérigène, l’irritation par l’éthanol de certaines muqueuses des voies digestives ainsi que l’inflammation des voies hépatiques. Une consommation importante induit également des carences nutritionnelles et altère l’absorption de vitamines susceptibles de jouer un rôle protecteur dans le phénomène de cancérisation des cellules. Associée au tabac, ce qui est en général le cas, cette consommation a des conséquences plus graves (voir « Mutuelle et santé » de septembre 2007). Affaire de quantité Le risque est d’autant plus élevé que la consommation de boissons alcoolisées est régulière. Autre constatation : l’effet sur la santé dépend surtout de la quantité d’alcool bue et non du type de boisson choisie. En matière de cancer, la bière ou le vin ne seraient donc pas moins nocifs qu’un apéritif ou un whisky. Tout dépend des quantités. En revanche, les études scientifiques actuelles ne peuvent pas conclure que l’alcool consommé pendant un repas aurait moins d’effets néfastes qu’en dehors. Heureusement, dès lors que la consommation excessive d’alcool cesse, le risque de cancer pour un gros buveur décroît au bout de trois ans. Mais, à l’inverse, si le consommateur continue de boire de façon excessive, les conséquences peuvent être importantes sur le pronostic de cancer des voies aérodigestives supérieures (24 000 nouveaux cas par an) ainsi que sur l’efficacité des traitements administrés en cas de survenance de la maladie. En conclusion de son enquête, l’Institut national du cancer recommande à tous les buveurs de réduire la fréquence de leur consommation de boissons alcoolisées. A l’égard des pouvoirs publics, l’Institut déplore qu’ils ne déploient pas les mêmes efforts pour avertir les consommateurs d’alcool des risques qu’ils encourent que pour le tabac, comme, par exemple, rendre obligatoire un message de prévention sur chaque bouteille, ainsi que cela se pratique déjà sur les paquets de cigarettes. (*) Rapport « Alcool et risques de cancer », Inca. Rapport disponible sur le site : http//www.e-cancer.fr Toutes les boissons alcoolisées se valent ¾ Un ballon de vin rouge à 12° de 10 cl ¾ Un demi de bière à 5° de 25 cl ¾ Un verre de whisky à 40° de 3 cl ¾ Un verre de pastis à 45° de 3 cl ¾ Un verre de champagne à 12° de 10 cl Légende : Volume de boissons équivalant à 10 g d’alcool pur. Patrick Coquidé