Récoltes durables : comment investir en agriculture peut aider les agriculteurs à faire face aux défis environnementaux DOCUMENT D’ORIENTATION DE LA BANQUE CANADIENNE DU GRAIN Dans les années 1930, à l’époque où les terres agricoles subissaient des sécheresses récurrentes, des épidémies d’insectes nuisibles et une érosion massive des sols, un modeste investissement de fonds publics a permis aux agriculteurs de contrer ces menaces à l’environnement, tout en favorisant une croissance soutenable de l’économie agricole. L’Administration du rétablissement agricole des Prairies, créée en 1935, a collaboré avec les agriculteurs et des chercheurs afin de définir et de mettre en œuvre des pratiques de conservation des sols et de l’eau, pavant la voie afin que l’Ouest canadien devienne l’un des principaux greniers à céréales du monde. Des investissements en agriculture, qui profitent à l’environnement aussi bien qu’à l’économie, sont tout aussi nécessaires dans les pays les plus pauvres et vulnérables du monde. Et le Canada peut une fois de plus agir comme maître d’œuvre. Les petites exploitations agricoles, qui sont les principales sources d’aliments dans le monde, sont soumises à des pressions croissantes. Les changements climatiques entraînent des sécheresses plus fréquentes, des tempêtes plus violentes et de nouvelles épidémies. La qualité et la disponibilité de l’eau ne cessent de décroître. La diversité génétique des céréales a diminué de 75 pour cent depuis une centaine d’années; par conséquent, notre réserve alimentaire dépend maintenant d’une moins grande disponibilité de céréales, tant en termes de quantité que de variété. De plus, la perte de sols est beaucoup plus rapide que leur reconstitution. Les fondements mêmes de notre alimentation – nos récoltes, les sols, l’eau et le climat – sont tous menacés. Des investissements appropriés dans une agriculture durable peuvent surmonter ces problèmes environnementaux tout en assurant une meilleure disponibilité des aliments. C’est un aspect particulièrement important pour les exploitants de petites fermes dans les pays en développement, dont beaucoup sont des femmes. Bien qu’ils produisent la plus grande partie des aliments consommés dans ces pays, les agriculteurs locaux survivent avec des ressources limitées, n’ayant souvent pas de quoi nourrir convenablement leurs familles. Il est prouvé que les investissements publics en agriculture, que ce soit par le Canada ou d’autres pays donateurs, sont efficaces car ils améliorent les possibilités pour les petits agriculteurs, favorisent l’égalité entre hommes et femmes et aident à La dégradation croissante de l’environnement s’accompagne de la possibilité de faire la transition vers une agriculture plus durable. Le développement d’une agriculture durable constitue la meilleure réponse aux défis d’aujourd’hui et de demain. RÉCOLTES DURABLES : COMMENT INVESTIR EN AGRICULTURE PEUT AIDER LES AGRICULTEURS À FAIRE FACE AUX DÉFIS ENVIRONNEMENTAUX 1 améliorer l’environnement. Le Canada a été un chef de file mondial dans l’appui au développement agricole de 2008 à 2011. Mais depuis ce temps, l’aide à l’agriculture (de fait, l’aide totale) a diminué considérablement. En rétablissant l’aide à l’agriculture au moins au niveau des années 2008 à 2011 (soit 450 millions de dollars par année), le Canada pourrait démontrer un nouvel engagement ferme dans le développement agricole mondial. Cet investissement serait extrêmement efficace dans les domaines suivants : 1. Résilience face aux changements climatiques – Les agriculteurs ont besoin à la fois d’idées novatrices et du savoir traditionnel pour cultiver les champs et prendre soin du bétail malgré les défis liés au changement climatique. Des pratiques comme l’agroforesterie, qui préserve l’eau et améliore les sols, aident déjà les agriculteurs à s’adapter. 2. Gestion de l’eau – À mesure que les régimes de précipitations deviennent de plus en plus imprévisibles, les agriculteurs doivent réduire les pertes d’eau et utiliser cette ressource de façon plus productive. Les digues de sable et les réservoirs de stockage sont des moyens efficaces de recueillir et de conserver l’eau, tandis que les cultures résistantes à la sécheresse permettent de produire même lorsque les pluies sont rares et erratiques. 3. Protection de la biodiversité – En milieu rural, les exploitations agricoles diversifiées sont généralement plus résilientes aux chocs, y compris aux bouleversements climatiques. Cette diversité est favorisée par des pratiques comme la gestion intégrée des organismes nuisibles et la sélection des végétaux en concertation avec les agriculteurs. 4. Santé des sols - Des pratiques telles que l’agriculture de conservation et les couverts avec engrais verts améliorent les sols tout en augmentant la production. Ces pratiques peuvent être modifiées en fonction des divers types de sols, des zones climatiques et des différentes cultures pour mieux convenir aux petites exploitations agricoles de bien des pays. Le rétablissement des terres agricoles des Prairies canadiennes, jadis une vaste cuvette de poussière qui s’est métamorphosée en un immense panier à céréales, est un exemple inspirant de la façon dont des investissements publics dans des pratiques d’agriculture durables peuvent aider les agriculteurs tout en protégeant l’environnement. Avec un appui ferme des petites exploitations agricoles dans son programme d’aide, le Canada pourrait faire la preuve de son engagement renouvelé envers la réduction de la pauvreté et la durabilité de l’environnement à l’échelle mondiale. Cette position aiderait à l’atteinte des nouveaux objectifs mondiaux, dont les deux suivants : objectifs no 2 (Mettre fin à la faim, assurer la sécurité alimentaire tout en améliorant la nutrition et promouvoir l’agriculture durable) et no 13 (Prendre des mesures urgentes pour lutter contre le réchauffement climatique et ses impacts). Une femme d’Haïti diversifie les cultures pour s’adapter aux changements climatiques, et légende abrégée : Yvette Nicholas, dix-neuf ans, est agricultrice depuis peu, mais elle sait que les choses à Haïti ne sont plus les mêmes que du temps où ses parents étaient jeunes. « Les personnes âgées m’ont appris que la pluie commençait en avril, mais maintenant, les gens cultivent leur jardin en juin et en juillet parce qu’il n’y a pas de pluie. » Avec le soutien du Comité central mennonite (CCM), Yvette prend des mesures pour s’adapter à ces changements climatiques, surtout en cultivant une plus grande diversité de végétaux annuels (sorgho, arachides, maïs) et vivaces (bananiers plantains, papayers, manguiers et pois quéniques). Pour plus d’information, veuillez consulter le site: www.foodgrainsbank.ca/goodsoil RÉCOLTES DURABLES : COMMENT INVESTIR EN AGRICULTURE PEUT AIDER LES AGRICULTEURS À FAIRE FACE AUX DÉFIS ENVIRONNEMENTAUX 2