Fin de vie en réanimation Dr Marie Borel SSPI-AP Département-d’Anesthésie-Réanimation Hôpital Pitié-Salpétrière La réanimation Loi « Leonetti » du 22 avril 2005 relative aux droits des patients en fin de vie Loi Leonetti –Claeys 2 février 2016 Vignettes Cours IFSI La réanimation? Discipline médicale « jeune », 1954: épidémie de poliomyélite au Danemark naissance de la réanimation respiratoire moderne grâce au 1er ventilateur moderne électrique l’Engström 150 Cours IFSI La réanimation travaille sur la vie elle-même et à son maintien. Soins et thérapeutiques de derniers recours Tente de proposer une survie après le passage d’un cap dans des conditions de vie acceptable: Empêcher la mort… Préserver la vie Reculer les limites de l’existence Cours IFSI Actuellement Code de Santé Publique « des unités aptes à prendre en charge des patients présentant plusieurs défaillances viscérales, circulatoires, rénales et respiratoires aiguës mettant en jeu leur pronostic vital». Prise en charge des patients avec des pathologies graves dont le taux de mortalité peut avoisiner les 50% (Latarea, E Ferrand, Lancet 2001) Discipline coûteuse (prix journée de séjour:>2000 euros) avec un nombre de lits limités. Cours IFSI POURQUOI PRENDRE EN CHARGE UN PATIENT EN RÉANIMATION? Cours IFSI Pour mourir? Non, L’objectif initial d’une admission en réanimation n’est pas de proposer des soins palliatifs Mais !... patients admis pour lequel il n’y a plus de perspective dans des conditions de vie acceptable, dont la prise en charge peut évoluer vers des soins palliatifs… Cours IFSI De façon systématique? Sous la raison d’un accès aux soin équitable pour tous? Question de justice? Risque non pas de bienfaisance, mais d’une certaine malfaisance… Le principe d’une réanimation systématique ne tendrait-il pas à de l’obstination déraisonnable? Risque d’acharnement thérapeutique Cours IFSI Admission? Admettre les patients avec une perspective de survie avec une qualité de vie acceptable Volonté de bienfaisance Quelle qualité de vie? Acceptable pour qui? Comment être sur? Cours IFSI Dilemme Tout faire Risque d’obstination déraisonnable Ne pas faire Risque d’écourtement de la vie du patient Faire en attendant d’avoir plus d’éléments pour construire un projet thérapeutique Cours IFSI Le patient en réanimation Le plus souvent connu de l’équipe uniquement sous sédation: ne parle pas « techniqué » Ktvc, Kta, Iot, SNG, SU Scope, respirateurs, dialyses Monitorage hémodynamique spécialisé Cours IFSI Risque pour tous face à la technique de déshumanisation Travail collectif pour redonner son identité et son humanité à chaque patient Lui redonner son identité, c’est lui redonner sa dignité humaine, son statut d’être humain autonome avec ses désirs, ses souhaits, son cadre de vie Ce travail sur l’identité au quotidien contribuera a donner plus de sens: Au séjour du patient en réanimation ….. A la fin de la vie du patient Cours IFSI Décision et réanimation 3 temps avec des impératifs de décision spécifique Faut-il commencer? Y a-t-il une place pour continuer? Comment s’arrêter? La question de la gestion de l’arrêt ou de la limitation de thérapeutique et son corollaire de fin de vie n’est que la dernière question éthique d’un long cheminement Cours IFSI POURQUOI ARRÊTER? Cours IFSI 1ère option Succès de la prise en charge Le patient peut retourner dans un service conventionnel Cours IFSI 2ième option Refus exprimé par le patient ou rapporté par un proche de façon itérative et reflechie Cours IFSI 3ième option « Obstination déraisonnable? » « Acharnement thérapeutique? » Reconnaître une situation de fin de vie Le malade est inguérissable, Le processus mortel est irréversible, Il n’y a pas de survie possible De la poursuite du traitement on n’attend qu’une survie accompagnée de séquelles lourdes, incompatibles avec une qualité de vie acceptable pour le patient Cours IFSI COMMENT ARRÊTER? Cours IFSI 2ième et 3ième option Option 2 et 3: Une référence incontournable: la loi « Leonetti » 22 avril 2005 relative aux droits des patients en fin de vie 15 articles, Processus d’élaboration sur 9 mois une loi votée à l’unanimité Reforme le code de santé publique La suite indispensable Leonetti-clayes 2 fevrier 2016 Cours IFSI Leonetti les principes La consécration de l’interdiction de l’acharnement thérapeutique Le renforcement de l’information du patient Le renforcement du libre choix du malade conscient L’introduction de la notion de “double effet” dans la loi L’introduction de la “procédure collégiale” La dépénalisation de la limitation de traitements à la condition du respect de la procédure La consécration des soins palliatifs Loi 22 avril 2005 et décrets d’application Cours IFSI L’acharnement thérapeutique – article 1 Interdiction de l’acharnement thérapeutique « Les actes de prévention, d'investigation ou de soins …… ne doivent pas être poursuivis par une obstination déraisonnable » « Lorsqu’ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, les actes de soins peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris » Cours IFSI Information et double effetarticle 2 Renforcement de l’information du patient et introduction de la notion de double effet « Si le médecin constate qu'il ne peut soulager la souffrance d'une personne, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, qu'en lui appliquant un traitement qui peut avoir pour effet secondaire d'abréger sa vie, il doit en informer le malade, … la famille ou, à défaut, un des proches.» Cours IFSI Le patient « en état d’exprimer sa volonté » Le renforcement du libre choix du patient conscient – article 6 « Lorsqu’une personne, en phase avancée ou teminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, décide de limiter ou d’arrêter tout traitement, le médecin respecte sa volonté après l’avoir informée des conséquences de son choix » Cours IFSI Si la volonté de la personne de refuser ou d'interrompre tout traitement met sa vie en danger, le médecin doit tout mettre en oeuvre pour la convaincre d'accepter les soins indispensables. Il peut faire appel à un autre membre du corps médical Le malade doit réitérer sa décision après un délai raisonnable La décision du malade doit être retranscrite. Le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de la fin de sa vie Cours IFSI Le patient « hors d’état d’exprimer sa volonté » Rechercher et consulter : La personne de confiance (2002) La famille et les proches Les directives anticipées (2005) Cours IFSI Les directives anticipées Article 7 décret n°2006-119 relatif aux directives anticipées Toute personne majeure peut rédiger des directives anticipées pour le cas où elle serait un jour hors d’état d’exprimer sa volonté. Permet l’expression directe des souhaits antérieurement émis par le patient Elles doivent être écrites, datées, signées et authentifiées par le nom, le prénom, la date et le lieu de naissance du rédacteur. Le décret ne prévoit pas de formalisme dans la rédaction des directives anticipées. Cours IFSI Les directives anticipées peuvent être modifiées à tout moment, partiellement ou totalement. sont révocables à tout moment. « A condition qu’elles aient été établies moins de trois ans avant l’état d’inconscience de la personne, Le médecin en tient compte pour toute décision d’investigation, d’intervention ou de traitement la concernant. » Cours IFSI La personne de confiance La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé Toute personne majeure peut désigner une personne de confiance pour l'aider dans ses décisions, recevoir l'information à sa place être consultée lorsque l'intéressé(e) est hors d'état d'exprimer sa volonté. Cette personne peut être un parent, un proche, le médecin traitant... La désignation doit se faire par écrit. Elle est révocable à tout moment, même oralement. Cours IFSI La personne de confiance Lorsqu’une personne, l’avis de cette dernière, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause et hors d’état d’exprimer sa volonté, a désigné une personne de confiance sauf urgence ou impossibilité, prévaut sur tout autre avis non médical, à l’exclusion des directives anticipées, dans les décisions d’investigation, d’intervention ou de traitement prises par le médecin. » Expression indirecte des souhaits antérieurement émis par le patient Cours IFSI La mise en œuvre de la « procédure collégiale » Article 5 « Lorsque la personne est hors d'état d'exprimer sa volonté, la limitation ou l'arrêt de traitement susceptible de mettre sa vie en danger ne peut être réalisé sans avoir respecté la procédure collégiale définie par le code de déontologie médicale et sans que la personne de confiance prévue à l'article L. 1111-6 ou la famille ou, à défaut, un de ses proches et, le cas échéant, les directives anticipées de la personne, aient été consultés. La décision motivée de limitation ou d'arrêt de traitement est inscrite dans le dossier médical » Cours IFSI Article 9 « Lorsqu'une personne, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, est hors d'état d'exprimer sa volonté, le médecin peut décider de limiter ou d'arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n'ayant d'autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie de cette personne, après avoir respecté la procédure collégiale définie par le code de déontologie médicale et consulté la personne de confiance visée à l'article L. 1111-6, la famille ou, à défaut, un de ses proches et, le cas échéant, les directives anticipées de la personne. » Cours IFSI La procédure collégiale Exposé des motifs : la concertation Prendre ces décisions médicales qui renvoient leurs auteurs à leur propre mort, en concertation avec la famille du malade ou ses proches et l’équipe soignante. participe de l’élaboration de la relation de confiance entre le malade et le médecin garantit le maximum de transparence à la procédure en permettant l’écoute et le dialogue, favorise le travail de deuil ultérieur. Cours IFSI plusieurs éléments peuvent être pris en considération : le pronostic médical la pénibilité du traitement pour le malade et son entourage l’appréciation de la volonté du malade Cours IFSI Désaccord? La loi laisse la possibilité au médecin en charge du malade de prendre une décision qui ne soit pas partagée avec la PDC, les proches ou les membres de l’équipe paramédicale « sa décision motivée est inscrite dans le dossier médical » Mais… Cours IFSI Famille: ex PMO: poids des proches réel Équipe soignante (médicale et paramédicale): recherche de consensus souhaitable: avis 63 CCNE Le groupe n’est pas une garantie éthique en soi Ce qui importe: absence d’opposition nette, ou doutes sérieux émis par un ou plusieurs participants En cas de doute: la réflexion doit être poursuivie et renouvelée en tenant compte des réticences Cours IFSI La procédure collégiale Exposé des motifs : la décision La responsabilité du médecin en charge du patient L’exclusivité de la décision médicale La décision finale revient au médecin. En concertation avec… La décision, et sa motivation doit être tracée dans le dossier médical Cours IFSI Le décret « procédure collégiale » « Art. R. 4127-37. − Lorsque le patient est hors d’état d’exprimer sa volonté, le médecin ne peut décider de limiter ou d’arrêter les traitements dispensés sans avoir préalablement mis en oeuvre une procédure collégiale La décision est prise par le médecin en charge du patient, après concertation avec l’équipe de soins si elle existe et sur l’avis motivé d’au moins un médecin, appelé en qualité de consultant. Il ne doit exister aucun lien de nature hiérarchique entre le médecin en charge du patient et le consultant. Cours IFSI L’avis motivé d’un deuxième consultant est demandé par ces médecins si l’un d’eux l’estime utile. La décision prend en compte les souhaits que le patient aurait antérieurement exprimés, en particulier dans des directives anticipées, s’il en a rédigé, l’avis de la personne de confiance qu’il aurait désignée ainsi que celui de la famille ou, à défaut, celui d’un de ses proches. La décision est motivée. Les avis recueillis, la nature et le sens des concertations qui ont eu lieu au sein de l’équipe de soins ainsi que les motifs de la décision sont inscrits dans le dossier du patient. Cours IFSI Dépénalisation La dépénalisation exclusivement en cas de respect de la procédure : Article 122-4 du code pénal « N'est pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte prescrit ou autorisé par des dispositions législatives ou réglementaires. » Cours IFSI ? Basée sur un consensus national : Fruit d’un « point de rencontre » politique (initiative parlementaire, unanimité) Élaboration sur une durée de 9 mois Apporte des solutions concrètes A connaitre! C’est la loi! Cours IFSI La décision Plusieurs temps possibles Une concertation ne veut pas forcement dire un arrêt complet de toute thérapeutique active Plusieurs alternatives sont possibles La poursuite sans limitations de traitements La limitation de certains traitements L’arrêt de toute thérapeutique active Cours IFSI Limitation Regroupe plusieurs entités: La non-optimisation d’un ou plusieurs traitements dont des suppléance d’organe assurant un maintien artificiel de la vie: ex: respirateur La prévision d’une non-optimisation ou d’une noninstauration d’un ou plusieurs traitements en cas de nouvelle défaillance d’organe même au cas ou le maintien artificiel en vie pourrait en dépendre ex: amine et choc septique Cours IFSI Le patient peut ne jamais présenter les complications envisagées. Dans environ 50% des cas: le patient survit à l’issue du séjour en réanimation Il s’agit donc: non pas de provoquer la mort mais de laisser le processus physiologique se dérouler sans intervention technique ou médicamenteuse jugée sans bénéfice pour le patient Cours IFSI Arrêt ? Interruption d’un ou plusieurs traitements dont des techniques de suppléance d’organe assurant un maintien artificiel de la vie Ex amine, dialyse Il est essentiel que l’intention soit exprimée dans l’argumentation Consignée dans le dossier du malade elle permettra de distinguer le « laisser mourir » d’un malade en fin de vie du « faire mourir » assimilé à un homicide et condamnable Cours IFSI Les soins palliatifs: la consécration 5 articles exclusivement consacrés / Loi Leonetti Art 11-12-13-14-15 « Le médecin sauvegarde la dignité du mourant et assure la qualité de sa vie en dispensant les soins visés à l’article L. 1110-10. » L. 1110-10 : “Les soins palliatifs sont des soins actifs et continus pratiqués par une équipe interdisciplinaire en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son entourage.” Cours IFSI Mesures d’accompagnement LAT: ce n’est pas un abandon de soins Réorientation de leurs objectifs Poursuite des soins infirmiers de qualité identique à ceux prodigués à tout patient Choisir le moment de l’application de la décision : attendre par exemple qu’un des membres de la famille soit présent S’assurer de a disponibilité du personnel soignant Cours IFSI Soutenir la famille et les proches. Extension des horaires de visites et du nombre de personnes autorisées par patient. Les horaires deviennent personnalisables. Possibilité d’interrompre ou d’espacer des techniques utilisées en routine pour la surveillance du patient dès lors qu’elles sont jugées inutiles Ex: prélèvement sanguins, alarmes Cours IFSI En situation d’urgence? Ce champs n’est pas inclus dans la loi L ’urgence ne permet pas de mettre en œuvre une procédure collégiale mais ne justifie pas de soins qui pourraient relever d’un acharnement thérapeutique n’exonère pas le médecin de son obligation de motivation et de transparence Le doute doit faire poursuivre une prise en charge thérapeutique active Cours IFSI Qui fait quoi? Pas de recette… Utilité de : Transparence Traçabilité Discussion en équipe Charte ou procédure Débriefing si nécessaire Ce qui ne peut être écrit ne doit pas être fait Information Cours IFSI Une seule interdiction: « Le médecin n'a pas le droit de provoquer délibérément la mort.» (Art. 38 du Code de déontologie médicale, 1995) Toute injection de produit(s) avec intentionnalité de décès, comme l’injection de curares chez un patient non ventilé ou l’injection de chlorure de potassium, est un acte d’euthanasie active. Elle n’est jamais justifiable et est juridiquement qualifiable d’homicide volontaire (Art. 221-1 du Code pénal). ≠ double effet Cours IFSI Synthèse Leonetti 2 cas évoqués par la loi du 22 avril 2005 Situation de fin de vie Patient apte à consentir Patient inapte à consentir Cours IFSI Patient apte à consentir (1) Possibilité de refus de traitement du patient Responsabilité du médecin en charge d’assurer les meilleures conditions de réflexion au patient : Dispenser une information exhaustive sur les bénéfices et les risques de la stratégie proposée Instaurer un dialogue approfondi S’assurer de la parfaite compréhension des enjeux par le patient Faire intervenir un tiers extérieur si besoin Respecter un délai de réflexion suffisant Patient et processus de décision de limitation ou d’arrêt des traitements (LAT) au regard de la loi du 22 avril 2005 Cours IFSI Patient inapte à consentir (2) Possibilité de LAT à la condition de mettre en œuvre la procédure de réflexion collégiale Responsabilité du médecin en charge dans la prise de décision (co-responsabilité du chirurgien pour le patient chirurgical) : Assurer une concertation avec l'équipe médicale, paramédicale en charge du patient Consulter la personne de confiance, la personne référente, la famille ou à défaut les proches Rechercher d’éventuelles directives anticipées Solliciter un avis motivé d'au moins un médecin, appelé en qualité de consultant Patient et processus de décision de limitation ou d’arrêt des traitements (LAT) au regard de la loi du 22 avril 2005 Cours IFSI Dans tous les cas (3) Soins de confort et respect de la dignité du patient Accompagnement des proches Traçabilité des différentes étapes du processus décisionnel Patient et processus de décision de limitation ou d’arrêt des traitements (LAT) au regard de la loi du 22 avril 2005 Cours IFSI DOUBLE EFFET Cours IFSI Double effet Chaque acte a ses effets positifs et ses effets indésirables Il est permis de prescrire des médicaments pour traiter des symptômes jugés insupportables par la personne malade, même s’il est probable que ces traitements risquent d’abréger sa vie, si les conditions suivantes sont remplies : aucune autre initiative, médicale ou non, ne peut être proposée pour soulager la personne malade au stade terminal ; le but visé est affirmé comme un but thérapeutique, dont les effets, y compris les effets secondaires attendus sont proportionnels à l’intensité des symptômes Cours IFSI Critères: Intentionnalité Motif de l’acte Priorisation des effets bénéfiques sur les mauvais effets Cours IFSI ARRÊT SUPPORT VENTILATOIRE Cours IFSI Cadre général SRLF 2 techniques se distinguent dans leurs modalités et leurs effets: l’extubation et l’arrêt de la ventilation mécanique Objectif premier: le confort du patient et éviter de prolonger une agonie difficilement ressentie par l’ensemble des intervenants Différence entre ces 2 techniques: l’exacerbation possible d’une détresse respiratoire, qui sera plus ou moins rapide selon la technique employée. Cours IFSI Nécessitent l’application de procédures de sédationanalgésie à doses suffisantes. L’une ou l’autre de ces deux techniques peut être employée selon: le cas particulier du patient la perception des proches la perception du personnel. Cours IFSI +/Methode Aspects + Aspects - Sevrage progressif Titration analgésie et sédation Maintien liberté VAS pour aspiration Création d’une distance émotionnelle entre l’arrêt du ventilateur et le décès du patient Peut être associé à une prolongation du processus décisionnel Peut donner l’impression ou l’espoir à la famille que la survie est objectif de traitement Interposition physique du respirateur entre la famille et le patient Extubation Permet une libération du patient de tout support technologique artificiel Moins associé à une prolongation du processus décisionnel Interprétation possible par la famille respiration bruyante ou les mouvements respiratoires agoniques comme un inconfort Risque de dyspnée à l’extubation si sédation insuffisante Faber-Langendoen K, Ann Inter Med 2000 Cours IFSI NUTRITION/HYDRATATION Cours IFSI La limitation ou l’arrêt de l’hydratation Il n’y a pas d’interdiction à l’arrêt ou à la réduction de l’hydratation. C’est un traitement comme toute suppléance d’une fonction vitale défaillante La réduction de l’hydratation peut, améliorer le confort du patient. Mais La sécheresse des muqueuses qu’il induit doit être prévenue. Une attention particulière doit donc être portée au confort du patient dans cette situation. Cours IFSI La loi du 22 AVRIL 2005 ne résout pas tout… Toujours méconnue Encore débattue Cours IFSI La loi du 22 avril 2005 ne résout pas tout… Débat médiatisé… ILLUSTRATIONS… Cours IFSI Vincent Humbert 2002, tetraplégie consécutive à des lésions cérébrales irréversibles au décours AVP Seule motricité du pouce droit communication par pression Demande au président de la république le droit à mourir Cours IFSI 2003 Sa mère injecte une dose de barbiturique dans sa SNG Coma profond En réanimation, le médecin arrête le respirateur, injecte du KCL pour « abréger ses souffrances » Cours IFSI Chantal Sebire Février 2007, patiente de 52 ans, esthésioneuroblastome Tumeur évolutive des sinus et de la cloison nasale Déformation du visage profonde, hyperalgique Perte progressive de la vue, du gout, de l’odorat Pas de ressource thérapeutique Demande un geste d’euthanasie pour elle-même Écrit au président de la république pour réclamer un droit à mourir Cours IFSI Requête exceptionnelle devant le président du tribunal de grande instance Invoquant la Convention européenne des droits de l'homme, qui protège le droit à la liberté et au respect de la vie privée elle souhaite obtenir de la justice l'autorisation, pour un de ses médecins, de se procurer en pharmacie une potion létale, soit "le traitement nécessaire pour lui permettre de terminer sa vie dans le respect de sa dignité » Cours IFSI Demande rejetée Même si « souffrance intenses et permanentes », « caractère incurable des maux », « refus de de devoir supporter l’irréversible dégradation de son état » Mme Sebire est retrouvée morte chez elle Cours IFSI ? Évolution du débat Problème qui ne peut se résoudre dans l’urgence Loi du 2 février 2016 Cours IFSI La loi du 2 février 2016 s’inscrit dans la continuité de celle du 22 avril 2005 (dite Loi Leonetti) précédée d’une réflexion de près de 4 ans, faite de débats publics et parlementaires. Introduit deux nouveaux droits: des directives anticipées qui deviennent contraignantes la sédation continue jusqu’au décès. Cours IFSI Loi du 2 février 2016 Votée Mais… Décret d’application pas tous parus Cours IFSI Elle renforce les droits précédents - - Le statut de la personne de confiance introduit en 2002 (Loi Kouchner) et consacré en 2005 est renforcé. Son témoignage prévaut sur tout autre témoignage. Le médecin traitant doit s’assurer que le patient est informé de la possibilité de désigner une personne de confiance. Sa désignation est faite par écrit et cosignée par la personne désignée. Le patient décide de la durée de validité du mandat qu’il donne à la personne de confiance qu’il a désignée. Cours IFSI Elle renforce les droits précédents Le droit au refus de traitement est réaffirmé « Toute personne a le droit de refuser ou de ne pas recevoir un traitement. Le suivi du malade reste cependant assuré par le médecin, notamment son accompagnement palliatif. » « Le médecin a l’obligation de respecter la volonté de la personne après l’avoir informée des conséquences de ses choix et de leur gravité. Si, par sa volonté de refuser ou d’interrompre tout traitement, la personne met sa vie en danger, elle doit réitérer sa décision dans un délai raisonnable ». Cours IFSI Elle renforce les droits précédents Le Si un acte est inutile, ou disproportionné, ou qu’il n’a droit de pouvoir finir son existence sans acharnement thérapeutique est confirmé. pas d’autre effet que de maintenir artificiellement en vie, il peut être suspendu ou ne pas être entrepris, conformément à la volonté du malade. Cours IFSI Elle renforce les droits précédents Les personnes en fin de vie ont le droit de mourir soulagées, quelles que soient les circonstances « Toute personne a le droit d’avoir une fin de vie digne et « Le médecin met en place l'ensemble des traitements accompagnée du meilleur apaisement possible de la souffrance. Les professionnels de santé mettent en œuvre tous les moyens à leur disposition pour que ce droit soit respecté. » analgésiques et sédatifs pour répondre à la souffrance réfractaire du malade en phase avancée ou terminale, même s'ils peuvent avoir comme effet d'abréger la vie ». Cours IFSI Elle renforce les droits précédents La procédure de LATA sera modifiée marginalement « Art. L. 1110-5-1. – Les actes mentionnés à l’article L. 1110-5 ne doivent pas être mis en œuvre ou poursuivis lorsqu’ils résultent d’une obstination déraisonnable. Lorsqu’ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou lorsqu’ils n’ont d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris, conformément à la volonté du patient et, si ce dernier est hors d’état d’exprimer sa volonté, à l’issue d’une procédure collégiale définie par voie réglementaire (procédure collégiale 1) Cours IFSI Les directives anticipées deviennent contraignantes ne présentent plus de durée de validité. s’imposent désormais au médecin comme expression de la volonté des patients lorsqu’ils ne sont plus en mesure d’exprimer cette volonté. Elles étaient consultatives avant cette loi. Pour être opérationnelles, ces directives doivent être précises : la nouvelle loi prévoit qu’elles puissent être rédigées conformément à un modèle élaboré par la Haute autorité de la santé. Ce modèle prévoit la situation de la personne selon qu'elle se sait ou non atteinte d'une affection grave au moment où elle les rédige. Cours IFSI Les directives anticipées deviennent contraignantes Ces directives ont reçu un champ d’application élargi : Elles expriment la volonté de la personne relative à sa fin de vie en ce qui concerne les conditions de la de la poursuite (ce qui n’était pas inscrit dans la loi précédente), de la limitation, de l'arrêt ou du refus de traitements ou d'acte médicaux. Cours IFSI Les directives anticipées deviennent contraignantes Elles s’imposent au médecin sauf dans trois cas : L’urgence vitale, le temps nécessaire à l’évaluation de la situation (il ne peut s’agir que d’une urgence non anticipable) un caractère manifestement inapproprié ou une rédaction non conforme à la situation médicale du patient. En dehors des situations d’urgence vitale, la décision de refuser l'application des directives anticipées, sera probablement prise en concertation avec au moins un autre médecin apte à évaluer la pathologie concernée et ayant examiné le patient. Leur avis conforme sera inscrit dans le dossier médical. Cours IFSI Les directives anticipées deviennent contraignantes Le médecin peut aider le patient à la rédaction de ces directives. outil de dialogue favorisant le cheminement de la personne atteinte d’une maladie grave, et traduisant le plus fidèlement possible l’expression de son autonomie de décision. Afin qu’elles soient directement accessibles… registre national Cours IFSI La notion de sédation profonde et continue fait son apparition La possibilité d’administrer une « sédation profonde et continue provoquant une altération de la conscience maintenue jusqu’au décès, associée à une analgésie et à l’arrêt de l’ensemble des traitements de maintien en vie » est introduite par la loi. Cours IFSI La sédation profonde et continue jusqu’au décès - 1 A la demande du patient lorsque son pronostic vital est engagé à court terme (c’est-à-dire, cela devant être défini dans le cadre de recommandations professionnelles, lorsqu’il présente un ou des symptômes impossibles à contrôler autrement que par cette sédation. probablement de quelques heures à quelques jours), « 1° Lorsque le patient atteint d’une affection grave et incurable et dont le pronostic vital est engagé à court terme présente une souffrance réfractaire aux traitements » Cours IFSI La sédation profonde et continue jusqu’au décès - 2 A la demande du patient lorsqu’il choisit l’arrêt d’un traitement qui le maintient en vie artificiellement, cet arrêt devant engager son pronostic vital à court terme et être susceptible d’entraîner une souffrance insupportable. « 2° Lorsque la décision du patient atteint d’une affection grave et incurable d’arrêter un traitement engage son pronostic vital à court terme et est susceptible d’entraîner une souffrance insupportable. » Cours IFSI La sédation profonde et continue jusqu’au décès - 3 Lorsque le patient ne peut pas exprimer sa volonté et lorsque le médecin, au terme d’une procédure collégiale, arrête un traitement de maintien en vie, au titre du refus de l’obstination déraisonnable ; la sédation profonde et continue s’impose lorsque le patient présente des signes de souffrance, ou que celle–ci ne peut être évaluée du fait de son état cérébral ou cognitif, Ceci concernant les personnes cérébrolésées au stade de la réanimation quel que soit leur âge, mais aussi les personnes atteintes de troubles cognitifs très évolués. Cours IFSI La sédation profonde et continue jusqu’au décès La loi précise que la sédation profonde et continue, dans les cas où elle constitue une obligation, doit être associée à une analgésie et à l'arrêt de l'ensemble des traitements de maintien en vie. La poursuite de la nutrition et l’hydratation artificielles apparaitraient bien comme une obstination déraisonnable et ne saurait se justifier. « La nutrition et l’hydratation artificielles constituent des traitements qui peuvent être arrêtées ». Cours IFSI La sédation profonde et continue jusqu’au décès Contrôle a priori. procédure collégiale d’un nouveau genre, Cette procédure associera vraisemblablement – ceci devant faire l’objet d’un décret – chargée de vérifier que les conditions d’application prévues par la loi sont bien remplies. l’équipe soignante composée du médecin et de l’équipe paramédicale en charge du patient et au moins un autre médecin apte à évaluer la pathologie concernée et ayant examiné le patient. traçabilité Cours IFSI Enseignement SP « La formation initiale et continue des médecins, des pharmaciens, des infirmiers, des aides-soignants, des aides à domicile et des psychologues cliniciens comporte un enseignement sur les soins palliatifs. » Cours IFSI QUELQUES DÉFINITIONS EN PLUS Cours IFSI Définitions • L’euthanasie : pas de définition claire de cette notion. • Ethymologie: la bonne mort. Benelux: • la demande de mourir exprimée par un malade, conscient et compétent, qui souhaite échapper à la douleur physique et aux souffrances morales dues à sa maladie le geste du médecin qui administre l’injection létale, aux effets instantanés. Illégal en France Cours IFSI Euthanasie-Pourquoi? Demande de soulagement de la souffrance La peur d’être abandonné, Le rejet d’une vie qui ne semble plus avoir de sens Témoigne d’une certaine angoisse Moyen de la soulager? Information sur les moyens analgésiques actuels, l’affirmation forte du refus de l’acharnement thérapeutique, l’assurance donnée en particulier et en public que seuls les moyens pertinents et susceptibles d’apporter une amélioration seront utilisés Le développement des soins palliatifs Cours IFSI Définitions • Le suicide médicalement assisté : aide apportée à un patient pleinement conscient qui demande à mettre fin à ses jours. Cette demande est médicalement validée et conduit à la prescription de substances létales. La personne réalisera elle-même l’acte mettant fin à ses jours. C’est cet acte volontaire qui qualifie le suicide. Illégal en France Cours IFSI En conclusion La fin de vie en réanimation et en dehors de la réanimation: Le patient au cœur du soin Arrêter ce n’est pas abandonner Tracabilité, transparence, discussion Loi du 22 avril 2005 Loi du 2 février 2016 Cours IFSI Bibliographie Loi du 4 mars 2002 Loi 22 avril 2005 Loi 2 février 2016 CCNE: Comité Consultatif National d Éthique pour les sciences de la vie et de la santé www.ccne-ethique.fr/ Avis N°121: Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir 1/07/2013 Les principes de l'éthique biomédicale Tom L. Beauchamp , James Childress Les Belles Lettres, Collection: Médecines et sciences humaines Cours IFSI