Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens face au

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avec l’appui de la
Ministère de l’Agriculture
Institut des Régions Arides
CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine
Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes
tunisiens face au changement climatique
Publié par : Siège de la société : Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH
Bonn et Eschborn
Bureau de Tunis
B.P. 753, 1080 Tunis-Cédex, Tunisie
T +216 71 967 220
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Mandaté par : Ministère fédéral de la Coopération économique et le Développement et de la République
Fédérale de l’Allemagne
Institutions partenaires :
Ministère de l’Agriculture,
Institut des Régions Arides, CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine
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Équipe de travail :
Ghazi Gader, Abdelmajid Jemai, Helmi Sabara, Maike Potthast et Ali Abaab : GIZ
Azaiez Ouled Belgacem, Mongi Sghaier et Mohamed Ouessar : Institut des Régions Arides, Médenine
Ali Aloui : Consultant en phytoécologie et aménagement des forêts
Kamel Tounsi : Consultant en SIG et bases
de données
Hamed Daly-Hassen : Consultant en économie forestière
Mise à jour : Décembre 2014
• L’écosystème subéraie
• L’écosystème alfatier dans le gouvernorat de Kasserine
• L’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine
Rapport de synthèse
Impression/Conception : Kréa - 1002 Tunis
Le contenu de la présente publication relève de la responsabilité de la GIZ.
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Publié par la
Études de la vulnérabilité
de trois écosystèmes tunisiens
face au changement climatique
• L’écosystème subéraie
• L’écosystème alfatier dans le gouvernorat de Kasserine
• L’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine
Rapport de synthèse
Ministère de l’Agriculture
Institut des Régions Arides
CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine
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Étude de la vulnérabilité de
l'écosystème Subéraie face
au changement climatique
avec l’appui de la
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Ministère de l’Agriculture
et de l’environnement
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Sommaire
4
1. Introduction
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2. Description de l’approche méthodologique
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3. Analyse de l’état actuel de l’écosystème
3.1. Description de l’état actuel des différentes unités identifiées
3.2. Identification et analyse des facteurs influençant l’état des différentes unités de la subéraie tunisienne
3.2.1. Facteurs biophysiques (Sol, pente, exposition)
3.2.2.Les facteurs socio-économiques et les perturbations anthropozoogènes
3.2.2.1.Vulnérabilité de la subéraie aux feux des forêts
3.2.2.2. Vulnérabilité des subéraies à la pression pastorale
3.2.3. Analyse climatique rétrospective
3.2.3.1. Tendances actuelles des précipitations
3.2.3.2. Tendances Thermiques
3.2.3.3. Identification des variables climatiques les plus déterminantes dans l’évolution de l’état des différentes unités de l’écosystème.
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4. Analyse de la vulnérabilité de la subéraie face au CC aux horizons 2020 et 2050.
4.1. Projection des variables climatiques identifiées
4.2. Définition des principaux risques directs et indirects menaçant la durabilité de l’écosystème et induits par le CC.
4.3. Évaluation des effets des CC sur les subéraies
Etat en 2020 Scénario A2 et B2
Etat en 2050 Scénario A2
Etat en 2050 Scénario B2
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35
5. Analyse de la valeur économique des différents biens et services de l’écosystème
5.1. Identification des différents biens et services de l’écosystème
5.2. Méthodes d’évaluation des biens et services de l’écosystème chêne liège
5.3. Estimation de la valeur économique de l’écosystème chêne liège en 2005
5.4. Évaluation de la perte en valeur économique des différents biens et services de l’écosystème sous l’effet du CC en 2020 et 2050.
5.5. Méthodes d’évaluation des pertes des biens et services sous l’effet du CC
5.6. Évaluation de la perte en valeur économique
5.7. Conclusion
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6. Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au CC
6.1. Analyse des pratiques de sylviculture et d’aménagement de la subéraie
6.2. Analyse de la stratégie actuelle de développement de la subéraie
6.3. Analyse de la capacité institutionnelle de l’administration forestière
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
7. Orientations stratégiques et mesures d’adaptation pour augmenter la résilience de l’écosystème face au CC
7.1. Proposition d’orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des stratégies,
des programmes et projets d’aménagement et de gestion des écosystèmes
7.2. Proposition de mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème
face au CC.
7.3. Proposition d’une composante transversale d’adaptation au changement climatique
dans la stratégie de développement durable de la subéraie.
57
57
57
61
8. Conclusions
63
Références bibliographiques
65
Liste des acronymes
BIK-F Biodiversität und Klima - Forschungszentrum
CCChangement Climatique
CCC/GIZ
Projet d’appui à la mise en œuvre de la Convention Cadre des Nations Unies
sur le Changement Climatique
CCNUCCConvention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique
CLChêne Liège
DGACTADirection Générale de l’Aménagement et de la Conservation des Terres Agricoles
DGEQVDirection Générale de l’Environnement et de la Qualité de la Vie
DGFDirection Générale des Forêts
DGBTHDirection Générale des Barrages et des Travaux Hydrauliques
ETPEvapo-Transpiration Potentielle
FAOOrganisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
GIZDeutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit
GTZDeutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit
HADCM3
Modèle de circulation générale du Hadley Center
IFPNInventaire Forestier et Pastoral National
INRGREFInstitut National de Recherche en Génie Rural, Eaux et Forêts
INSInstitut National des Statistiques
ISPInstitut Sylvo-Pastoral
Lutte Contre la Diversification
LCD
MAE
Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement
MARH
Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques
MAXENT
Maximum Entropy Modeling of Species Geographic Distributions
ODESYPANO Office de Développement Sylvo Pastoral du Nord Ouest
RURéserve utile
SIGSystème d’Information Géographique
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Introduction
L
es concentrations en CO2 atmosphériques, et plus généralement en gaz à effet de serre augmentent d’une
manière continue depuis le début de la période industrielle (de 280 ppm à 355 ppm de CO2), et de manière
exponentielle depuis la fin du 20ème siècle. Le dernier rapport du Groupement Intergouvernemental sur
l'Evolution du Climat (GIEC) de 2007 estime cette augmentation entre 1970 et 2004 à 70% dont 24% imputée
à la période 1990-2004. Certains scénarios du GIEC prédisent une augmentation supplémentaire de cette
concentration de 30 à 90% pour les 30 prochaines années. Cette forte concentration de ces gaz provoque un
échauffement de l’atmosphère terrestre induisant une modification dans la circulation atmosphérique générale
et des régimes des précipitations à l’échelle mondiale et régionale.
La région méditerranéenne apparait comme un point chaud (Hot spot) climatique (Giorgi, 2006). Son système
écologique, coincé entre les milieux arides du Sud et les milieux tempéré du Nord, semble très sensible à ces
perturbations climatiques (Lavorel et al.1998).
La région méditerranéenne étant reconnue comme subissant des changements climatiques particulièrement
intenses, il semble important d’étudier et d’anticiper les conséquences de ces changements sur les écosystèmes
méditerranéens, et en particulier les écosystèmes forestiers qui jouent un rôle important dans les cycles
hydrologiques et biogéochimiques et dans la structure des paysages. Comme la disponibilité en eau est la
principale contrainte climatique agissant sur la végétation méditerranéenne et que cette contrainte est appelée à
se renforcer avec la diminution des précipitations et l’augmentation des températures, c’est à cet aspect particulier
du changement climatique que cette étude s’intéressera.
La tendance générale est une diminution des précipitations annuelles. Le troisième rapport du GIEC (2001) prévoit
une diminution comprise entre 10 à 20% dans cette région (Sarris et al. 2007).
Pour la Tunisie les 2 scénarii climatiques retenus A2 et B2 du HadCM3 (GTZ/MARH, 2007) bâtis sur un maillage
géographique de 0.5°X0.5° (55Km x 55Km) pour un pixel d’information a compartimenté la Tunisie en plusieurs
carreaux sur lesquels on prévoit pour la Kroumirie et les Mogods, l’aire potentielle de la subéraie, l’évolution
climatique suivante :
Pour le scénario A2
En 2020 une augmentation +0.8°C sur les températures moyennes et une diminution de 6% sur les précipitations
moyennes annuelles
En 2050 l’augmentation des températures moyennes annuelles est estimée à 1.8°C et la diminution des
précipitations annuelles est estimée à -11%.
Pour le scénario B2
En 2020 les modèles prévoient +0.9° d’augmentation des températures moyennes et -4% de diminution sur les
précipitations moyennes annuelles.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
En 2050, ce scénario plus optimiste que le premier prévoit une augmentation des températures moyennes de
1.6°C et une diminution seulement de -8% sur les précipitations moyennes annuelles.
Dans ce rapport on s’intéressera à la question du degré de vulnérabilité de la subéraie Tunisienne face à ce
changement climatique faisant suite à l’étude stratégique plus générale sur l’Agriculture Tunisienne et les
écosystèmes naturels face au changement climatique (GTZ/MARH, 2007). Un premier travail d'analyse de
vulnérabilité des écosystèmes face au CC y compris l'écosystème Subéraie, a été déjà entrepris par la GIZ et
le Centre de Recherche sur la Biodiversité et le Climat de Francfort (BIK-F), en partenariat avec les acteurs
concernés. Cette analyse a été faite selon l'approche de modélisation des niches écologiques qui a permis de
mettre en évidence la sensibilité de cet écosystème face au CC. La présente étude propose une nouvelle approche
dite approche spatiale mutifactorielle qui analyse l'ensemble des facteurs de vulnérabilité de l'écosystème et leur
évolution sous différents scénarii de CC à différents horizons.
Les principaux objectifs de cette étude sont
(i) d’estimer le degré de vulnérabilité de la subéraie du Nord de la Tunisie à la diminution des précipitations et
à l’augmentation des températures et de prévoir sa dynamique aux horizons 2020 et 2050 sur deux scénarii
différents.
(ii) de déterminer si l’amplitude du changement attendu est de nature à accroitre la vulnérabilité des différentes
subéraies classées par série forestière (Unité d’aménagement en foresterie) à la sécheresse, et enfin
(iii)de classer ces séries en fonction de leurs degré de vulnérabilité afin d’y proposer des mesures possibles
d’adaptation.
L’approche utilisée pour répondre à ces objectifs n’est pas expérimentale mais descriptive et utilise principalement
des observations archivées tirées de l’inventaire forestier national pour caractériser les subéraies, des cartes de
synthèses bioclimatiques et climatiques, des données puisées de la carte nationale agricole pour décrire les
paramètres édaphiques (texture, profondeur et réserves utiles des sols), des données climatiques archivées
disponibles concernant la subéraie, des données archivées sur les incendies des subéraies et enfin des données
socioéconomiques pour dégager les pressions humaines qui vont se superposer sur l’action climatique majeure.
On caractérisera l’état actuel (2000) et on projettera cet état sur le moyen terme en 2020 et le long terme en 2050
sur la base de deux scénarii A2 et B2 de projection climatique du modèle HadCM3 adopté par le rapport sur la
stratégie d’adaptation de l’agriculture Tunisienne au changement climatique (GTZ/MARH, 2007).
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Description de
l’approche
méthodologique
C
ette étude a porté sur l’analyse de l’état actuel de la subéraie dans le but de la classer en unités distinctes
exprimant les facteurs sous jacents qui expliquent cet état afin d’y dégager sa vulnérabilité au changement
climatique.
L’unité de base traitée étant la série forestière parce qu’elle est considérée comme une unité d’aménagement sur
laquelle les forestiers appliquent un traitement sylvicole exprimé par un règlement d’exploitation et un règlement
de travaux selon la fonction principale de la forêt. Cette unité de base n’a pas été respectée pour les subéraies de
Béja et de Bizerte puisqu’on ne dispose pas du fond cartographique numérisé à l’échelle de la série forestière et
par conséquent on n’a distingué qu’une unité de subéraie à Béja et une unité à Bizerte regroupant plusieurs séries
forestières chacune. Dix classes de subéraies écologiquement homogènes ont été distinguées et ont permis de
saisir les facteurs écologiques principaux qui commandent la dynamique de la forêt.
Les données de base pour décrire ces différentes unités sont synthétisées à partir de l’inventaire forestier national
(DGF, 2003) de l’échelon Jendouba comprenant les forêts des gouvernorats de Jendouba, Béja et Bizerte.
Les données écologiques, bioclimatiques et pédologiques sont extraites et synthétisées à partir de la carte
agricole et d’autres cartes synthétiques sur le climat et les sols. Les informations sur les populations forestières
sont extraites du recensement national de 2004 et les informations de base sur les exploitations agricoles des 3
gouvernorats. Les informations sur les incendies des forêts sont relatives à la période 1980-2004 provenant du
service de protection des forêts de la DGF. Les archives de la Régie d'Exploitation Forestière (REF) concernant la
vente des produits forestiers ont permis d’évaluer les différentes valeurs économiques des subéraies.
Les données climatiques des températures et des précipitations ont été établies à partir des données climatiques
de base de la période de référence 1960-1990 et projetées en 2020 et 2050 selon les scénarios A2 et B2 du centre
HadCM3 disponibles pour la Tunisie.
Sur chaque unité forestière des extrapolations ont été élaborées pour caractériser les températures et les
précipitations à partir des stations météorologiques les plus proches et à partir des gradients pluviométriques et
thermiques dans ces régions. Pour chaque unité et par scénario les données climatologiques ont été transformées
en nombre de jours mensuels successifs de bilan hydrique négatif au niveau des sols après détermination de
la réserve utile du sol à partir de la carte agricole, de l’évapotranspiration potentielle journalière et mensuelle
en utilisant la formule de Riou. Ces calculs au niveau de chaque série étaient effectués sur 2 points à deux
niveaux altitudinaux extrêmes (haut et bas) pour déterminer une moyenne relative à toute la série. Cette période
relative de stress hydrique exprime la vulnérabilité de la subéraie au facteur climatique et varie en fonction de la
localisation géographique de chaque unité, ses caractéristiques climatiques et édaphiques et n’exprime qu’une
valeur potentielle relative permettant de comparer entre unités dans l’espace et dans le temps sans tenir compte
des apports possibles d’eau provenant des nappes phréatiques à travers l’enracinement profond. Quatre classes
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
de vulnérabilité au stress hydrique ont été définies : la première classe non vulnérable correspond à une période
de moins de 105 jours, soit la période de sècheresse normale en région méditerranéenne, un mois en plus a été
ajouté à chaque classe supérieure de telle sorte que la dernière classe la plus vulnérable a une période de stress
au moins égale à 165 jours. Cette dernière valeur a été observée durant les années successives sèches de 1987 à
1990 et avait occasionné des dépérissements dans la subéraie.
Les autres facteurs étudiés, seuillés en 4 classes de vulnérabilité par facteur et cartographiés à l’état de référence
puis projetés en 2020 et 2050 sont la pression pastorale avec 2 scénarios de développement du cheptel, les feux
des forêts avec un seul scénario, l’état de vieillissement des peuplement variable dans le temps et les conditions
biophysiques stationnelles stables dans le temps (pentes, expositions, types et profondeurs des sols).
La combinaison de ces facteurs a permis de détailler l’état de vulnérabilité à cause du changement climatique
comme forçage principal surimprimé successivement par le vieillissement des peuplements, la surcharge
pastorale, les feux des forêts et enfin les conditions biophysiques. Ces combinaisons de facteurs projetés en
2020 et 2050 sur la base des scénarios A2 et B2 a permis une nouvelle cartographie de la subéraie permettant d’y
dégager la majorité des facteurs pouvant influencer et aggraver la vulnérabilité de la subéraie.
La cartographie de l’état de vulnérabilité de la subéraie dans l’espace et dans le temps a permis de dégager les
subéraies les plus sensibles qui pourraient probablement subir des dépérissements partiels ou totaux suite à des
années successivement sèches accidentelles. Les données de base que nous avions traités n’ont pas permis de
prévoir les baisses de productivités et de fertilités des stations afin d’en tenir compte dans l’évaluation de toutes
les pertes économiques.
La lecture des anciennes pratiques forestières à l’intérieur des subéraies et de la stratégie actuelle de
développement durable de la subéraie a permis de les réorienter vers des pratiques et des stratégies mieux
adaptées aux changement climatique.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Analyse de l’état
actuel de l’écosystème
L
a subéraie tunisienne est une formation forestière cantonnée principalement en Kroumirie sur substrats
acides de l’oligocène et en bioclimat humide méditerranéen. Secondairement elle s’étend aux Mogods sur
des étendues restreintes sur ses franges bioclimatiques humides sur substrats acides. Accessoirement on
la retrouve sur des aires plus réduites au Cap Bon et sur la Dorsale Tunisienne sur le versant Nord du Serdj mais ici
comme une curiosité botanique et phytogéographique à haute valeur écologique et historique mais aussi comme
réserve génétique de valeur.
Selon l'Inventaire Forestier et Pastoral National (2005), , le chêne-liège occupe une superficie de 90.423 ha dont
70.000 ha à l’état pur et 20.000 ha en mélange principalement avec le chêne Zen, suivi par les pins (maritime,
pignon, alep).
Evolution des superficies des peuplements de chêne liège.
Peuplement
forestier
Superficie (ha)
DGF, 2005
DGF, 1995
Chêne liège
70 208
45 456
Chêne liège + Chêne zeen
13 920
Chêne liège + Eucalyptus
80
Mélange de Chênes
571
Mélange de feuillus
1 815
Chêne liège + mélange de pins
408
Chêne liège + pin d’Alep
233
Chêne liège + pin maritime
2 023
Chêne liège + pin pignon
1 165
Chêne liège en mélange ((Feuillus/Résineux)
5, 6%
1 037
41, 7%
12 675
TOTAL
90 423
59 168
La subéraie tunisienne se présente sous forme de deux faciès principaux :
Subéraie Orientale: (Mogods et Nefza en partie) avec un faciès généralement pauvre et dégradé, réduite à l’état
actuel et le plus souvent à un maquis dont la valeur économique est faible. Actuellement elle couvre 27.500 ha
(DGF, 1995). Cette forêt dégradée, fait l’objet de projets de reforestation, par le chêne liège en mélange avec
d’autres espèces.
Subéraie Occidentale: (Nefza en partie et Khroumirie) avec un faciès relativement en bon état qui couvre 45.500
ha (DGF, 1995). Cette forêt, quoique encore productive, 80.000 à 100.000 quintaux du liège par an; demeure
constamment menacée par la dégradation.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Il en résulte que sur les 150.000 ha de l’aire du chêne-liège, il ne reste que 73.000 ha dont 45.500 Ha sont
productifs et 27.500 ha constituent des forêts dégradées (DGF, 1995).
Répartition des superficies (ha) des peuplements chêne liège à l’état pur.
Gouvernorat
Superficie (ha)
Taux (%)
Jendouba
49 142, 397
71
Béja
14 066, 821
20
Bizerte
6 139, 221
9
Total
69348, 439
100
Source : (DGF, 2003).
Les peuplements de chêne liège à l’état pur couvrent 69.348 ha, répartis à 71%, 20% et 9% respectivement dans
les gouvernorats de Jendouba, Béja et Bizerte.
Répartition des superficies (ha) des peuplements mixtes de chêne liège.
Gouvernorat
Chêne liège
Chêne liège
Chêne zen
Pin maritime
Eucalyptus
Ha
Jendouba
13 904, 150
1 957, 766
339, 491
31, 339
16 232, 746
2, 917
15, 798
-
-
18, 715
12, 643
49, 236
60, 685
49, 431
171, 995
13 919, 717
2 022, 800
400, 176
80, 770
Béja
Bizerte
Total
Chêne liège Pin
Chêne liège
Total
16 423, 456
Source : (DGF, 2003).
Les peuplements mixtes de chêne liège couvrent 16.423 ha, localisés essentiellement dans le gouvernorat de
Jendouba.
L’état des différentes strates de la subéraie a été décrit dans les 3 gouvernorats subéricoles (Jendouba, Béja et
Bizerte) comme suit (DGF, 2003):
La strate est considérée pure si le couvert de l’espèce principale dépasse 80%. Une strate n’est distinguée que si
elle occupe un espace minimal de 4 ha.
Une strate n’est considérée forestière que si son couvert arboré est égal ou supérieur à 10%.
Les strates adoptées sont les suivantes :
Strates pures ou mélangées de chêne-liège par gouvernorat avec 5 classes de couvert : 75% de couvert et plus,
50à75%, 25-50%, 25-10% et 5-10%. Le maquis arboré à chêne liège et le maquis non arboré.
Les mélanges distingués sont : les peuplements à chêne-liège et chêne zeen et les mélanges avec d’autres résineux
ou feuillus que nous avions nommé mélanges avec d’autres espèces qui sont généralement des plantations
mixtes de chêne-liège et d’autres espèces résineuses en général. Nous avons distingué le mélange chêne-liège
et pin maritime qui comprend principalement les subéraies naturelles en mélange avec le pin maritime naturel
de Tabarka.
En plus de ces distinctions par le taux de couvert des qualifications ont été données pour ces strates : Chêne liège
très dense, dense et moyennement denses. Ces qualifications semblent des interprétations puisqu’elles n’ont pas
de critères définis par l’inventaire et ne sont pas cartographiées mais elles ont permis aux auteurs de déduire les
structures des peuplements pour les nouvelles classes créées et de les exploiter dans le calcul des productions.
Nous avons gardé ces structures telles qu’elles sont publiées pour les premières classes de recouvrement (très
dense, dense et moyennement denses) :
12
Pour chaque strate on a calculé :
La densité à l’hectare, le diamètre moyen, la surface terrière moyenne, le couvert moyen, le volume sur pied
à l’hectare et le volume total sur pied de la strate. L’accroissement moyen en volume à l’ha et l’accroissement
moyen annuel total de toute la strate a été déduit par l’utilisation de la formule des différences de tarif de
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Meyer en supposant un accroissement annuel sous écorce de 0.4 cm/an (cet accroissement a été choisi parmi
les plus faibles pour ne pas surestimer la production). L’âge moyen du peuplement a été estimé sur la base d’un
accroissement moyen sur écorce de 0, 7 cm/an et en le déduisant du diamètre moyen du peuplement.
De la même façon la production potentielle de liège de reproduction par ha a été déduite en se basant sur une
rotation fixe de 12 ans et sur une masse de liège produite de 6, 5 kg par m2 de surface latérale déliégée. Le coefficient
de déliégeage utilisé dans notre estimation est de 2. Le liège de reproduction récolté correspond à la production
des arbres de 25 cm de diamètre et plus. Dans cette estimation nous avons négligé les lièges mâles provenant
des premiers démasclages et ceux provenant des hausses de démasclage. Pour chaque strate on a considéré
qu’annuellement le 1/12ème de sa superficie est récolté respectant ainsi la rotation de déliégeage utilisée.
Les volumes sur pieds et leurs accroissements annuels sont transformés en biomasse sur la base d’une densité
de bois de chêne liège de 0, 86. Les biomasses des maquis et les biomasses racinaires de la subéraie à 30 cm de
profondeur ont été estimées sur la base des résultats d’une publication sur la séquestration du carbone par la
subéraie et ses différentes formations de dégradation et de substitution dans la région de Tabarka (Askri, 2006).
La production fourragère des subéraies et des maquis par unité de surface a été estimée sur la base des données
de l’inventaire forestier et pastoral national 1995.
Pour dessiner l’état futur de la structure des strates nous avons utilisé un coefficient de mortalité naturelle de 1,
2 % par an exprimant la compétition entre individus et l’effet d’autres facteurs biotiques (Galoux, 1970 in Dajoz,
1974 ; Aloui et Kouja, 2005 et 2006). La croissance en diamètre des arbres estimée fixe et égale à 0, 4 cm par an
sous écorce et 0, 7 cm sur écorce nous a permis de redéfinir les nouvelles classes de diamètres qui en 2020 et 2050
constitueraient l’ossature des structures des peuplements en ne tenant compte que de la croissance naturelle en
grosseur des arbres. Ces hypothèses sur la croissance naturelle en grosseur des arbres, sur les pertes des effectifs
des populations par compétition naturelle entre individus ou d’autres causes biotiques naturelles nous ont permis
de redessiner les profils des strates actuelles aux horizons 2020 et 2050 .
Les différentes strates décrites et analysées occupent les superficies suivantes :
Types de peuplements et couvert (R en %).
Superficie en Ha
Superficie en %
Superficie cumulée en %
20676
22, 02
22, 02
2 CL + CZ TD de Jendouba R>75%
11200
11, 93
39, 95
3 CL pur D de Jendouba R entre 50-75%
11099
11, 82
45, 78
1 CL pur TD de Jendouba R>75%
4 CL pur MD de Jendouba R entre 25-50%
7827
8, 34
54, 11
5 MNA de Jendouba
7703
8, 21
62, 32
6 CL pur MD de Jendouba R entre 10-25%
6366
6, 78
69, 10
7 CL pur TD de Béja R>75%
3984
4, 24
73, 34
8 CL pur D de Béja R entre 50-75%
2938
3, 13
76, 47
9 CL pur MA de Béja R entre 5-10%
2487
2, 65
79, 12
10 CL pur MA de Jendouba R entre 5-10%
2170
2, 31
81, 43
11 CL pur MA de BIzerte R entre 5-10%
2170
2, 31
83, 74
12 CL et autres TD de Jendouba R>75%
1660
1, 77
85, 51
13 MNA de Bizerte
1477
1, 57
87, 09
14 CL + CZ D de Jendouba R entre 50-75%
1397
1, 49
88, 57
15 CL et autres D de Jendouba R entre 50+75%
1397
1, 49
90, 06
16 MNA de Béja
1322
1, 41
91, 47
17 CL pur MD de Bizerte R entre 25-50%
1245
1, 33
92, 80
18 CL pur D de Bizerte R entre 50-75%
1163
1, 24
94, 04
19 CL+PM D de Jendouba R entre 50-75%
1060
1, 13
95, 16
20 CL pur TD de Bizerte R>75%
1006
1, 07
96, 23
21 CL pur MD de Bizerte R entre 10-25%
935
1, 00
97, 23
22 CL+PM TD de Jendouba R>75%
771
0, 82
98, 05
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13
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
23 CL et autres MD de Jendouba R entre 25-50%
542
0, 58
98, 63
24 CL + CZ MD de Jendouba R entre 25-50%
25 CL et autres TD de Béja R>75%
300
0, 32
98, 95
250
0, 27
99, 00
26 CL et autres D de Bizerte R entre 50-75%
194
0, 21
99, 00
27 CL+PM MD de Jendouba R entre 25-50%
115
0, 12
99, 00
28 CL et autres TD de Bizerte R>75%
93
0, 10
99, 00
29 CL et autres MD de Bizerte R entre 25-50%
91
0, 10
99, 00
30 CL + CZ MD de Jendouba R entre 10-25%
76
0, 08
99, 00
31 CL+PM MD de Bizerte R entre 10-25%
49
0, 05
99, 00
32 CL et autres D de Béja R entre 50-75%
39
0, 04
99, 00
33 MA de CL+PM de Jendouba R entre 5-10%
27
0, 03
99, 00
34 CL et autres MD de Bizerte R entre 10-25%
17
0, 02
99, 00
35 CL+PM TD de Béja R>75%
14
0, 01
99, 00
36 CL + CZ D de Bizerte R entre 50-75%
13
0, 01
99, 00
8
0, 01
100, 00
93.881 Ha
100%
37 CL + CZ TD de Béja R>75%
Superficie totale
Légende : CL (chêne-liège), CZ (Chêne zeen), PM (Pin maritime), D (dense), TD (très dense), MD (moyennement
dense), MA (maquis arboré), Autres (autres espèces), MNA (maquis non arboré).
• La répartition géographique des strates à l’échelle des forêts et séries d’aménagement sur la base du couvert
montre que ce critère ne reflète pas une répartition écologique mais une dynamique soit sous l’effet de la
sylviculture ou une dynamique régressive anthropique. Le principe de classement des subéraies adopté est
basé hiérarchiquement sur la fraicheur des stations. Cette fraicheur est estimée par le degré d’occupation de
l’espace par le Zeen : autrement dit l’ampleur de l’ambiance de la zeenaie ou de la subéraie dans l’occupation
de l’espace forestier.
• Les 10 classes distinguées sont les suivantes (la superficie totale des forêts de toute les classes dépasse la
superficie de la subéraie étant donné que des peuplements d’autres espèces et des formations de dégradation
sont comptabilisés dans les unités d’aménagement).
Groupe
Classe
Superficie en Ha
Superficie en %
Type
Plus de 50% de C Zeen pur.
1
4857
4.3
C Zeen et C liège > 75%
2
8956
8
Zeenaie dominante 1
C Zeen et C liège entre 50- 75%
3
22704
20.5
Zeenaie dominante 2
C Zeen et C liège entre 25- 50%
4
28480
25.7
subéraie dominante 1
C Zeen et C liège entre 10- 25%
5
15014
13.5
subéraie dominante 2
C Zeen et C liège <10 %
6
8890
8.1
Subéraie exclusive 1
C Zeen en trace
7
5534
5
Subéraie exclusive 2
C Zeen en trace (subéraies de Bizerte)
8
7094
6.4
Subéraie exclusive 3
C Zeen en trace (subéraies de Béja)
9
14771
13.3
Subéraie exclusive 4
10
16043
14.5
Subéraie à PM
C Zeen en trace et pin maritime naturel
présent (Subéraies à pin maritime de
Tabarka)
Total
132343
Zeenaie à CL
100%
14
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
3.1. Description de l’état actuel des différentes unités identifiées
Classe 1 : 5.620 ha
Elle regroupe les forêts où le chêne Zeen à l’état pur dépasse 50% de la superficie forestière .Cette classe est
représentée par 2 séries forestières : El Feija II et Ain Zana. Le chêne liège pur dans cette classe ne représente que
18% de l’occupation de l’espace dominé en premier lieu par le chêne zeen pur (65%) puis un mélange de Chêne
zeen–chêne liège (17%). L’ambiance de la zeenaie couvre 82% de l’occupation forestière.
Les 2 séries forestières appartiennent à l’étage bioclimatique humide supérieur tempéré d’altitude, l’altitude des
2 forêts est dans la tranche 900-1000 m. La pluviométrie moyenne annuelle est comprise entre 1200-1500 mm,
la pluviométrie printanière est supérieure à 300 mm à Feija II et comprise entre 200-300 mm à Ain Zana (période
1930-1960). Les 2 forêts appartiennent au groupement écologique humide supérieur à Quercus canariensis, Les
sols appartiennent au groupe des sols bruns lessivés hydromorphes à Feija et au groupe des sols calcimorphes,
des sols rouges méditerranéens des sols bruns faiblement lessivés et des vertisols topolithomorphes modaux à
Ain Zana. Cette classe de subéraie sera vieille sur 93% de sa superficie en 2050.
Composition en strate de la classe 2
Superficie (ha) des strates en 2000
CL › 75%
1338
CL 75-50%
88
CL 50-25%
152
CL 25-10%
217
CL 10-5%
70
CL-cz › 75%
674
CL-cz 50-75%
30
CL-cz 50-25%
187
CZ
3292
REB
180
REB CL et PIN
22, 5
MAQ NA
29, 5
mA CL
30
Composition en Ha de la classe 2 en 2000
CL
Age ‹ 20
CL-CZ
CZ
22
Age de 20-40
1426
Age de 40-60
469
Age de 60-80
3292
891
Age de 80-100
Caractéristiques
Superficie totale en Ha
V tiges total sur pied en m3
Accroissement total des tiges m3/an
Etat 2000
6310
665466
17882
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes
635656
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes
245730
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes
16888
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes
32249
Production totale d’UF
2877360
Superficie potentielle déliégée (ha/an)
526
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes
201
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15
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Classe 3 : 25.760 ha
Elle regroupe les forêts de Feija I, Oued Zeen II et Ain Draham IV où le paysage dominant est une subéraie
mélangée à du chêne Zeen. Une ambiance de Zeenaie d’altitude domine à Feija I et Ain Draham IV alors qu’à
Oued Zeen IV la zeenaie est plutôt ripicole. Dans les 2 cas la fraîcheur du sol caractérise les 2 milieux permettant
au chêne zeen de dominer encore l’espace.
Cette classe de subéraie vivant dans une ambiance proche de celle de la zeenaie est relativement fraîche comparée
à la subéraie pure. Elle doit être moins vulnérable au réchauffement climatique ; si le réchauffement se maintient
au niveau de 2°C les peuplements mélangées de Chêne liège et de chêne zeen laisseraient leurs places à une
subéraie pure après la disparition naturelle progressive du chêne zeen sauf dans les massifs ripicoles d’Oued Zeen
II.
Les 2 forêts de Feija I et Ain Draham IV appartiennent à l’étage Bioclimatique humide supérieur tempéré
d’altitude, l’altitude des 2 forêts est dans la tranche 900-1000 m. La pluviométrie moyenne annuelle est comprise
entre 1200-1500 mm, la pluviométrie printanière est supérieure à 300 mm dans les 3 forêts (période 1930-1960).
Une tendance perceptible de baisse de 1% /an entre 1969 et 2003 réduirait cette quantité d’eau saisonnière à
170 mm en 1950 et doublerait le déficit hydrique actuel.
Les forêts d’ADIV et Feija I appartiennent au groupement écologique humide supérieur à Quercus canariensis,
la série d’oued Zen II appartient au groupement de chêne liège à cytise de l’humide inférieur tempéré. Les sols
appartiennent au groupe des sols bruns lessivés hydromorphes dans les 3 forêts. Cette classe de subéraie sera
vieille sur 77% de sa superficie en 2050.
Composition en strate de la classe 3
Superficie (ha) des strates en 2000
CL › 75%
5310
CL 75-50%
1740
CL 50-25%
1478
CL 25-10%
394
CL 10-5%
127
CL-cz › 75%
8522
CL-cz 50-75%
1614
CL-cz 50-25%
111
CZ
3362
REB
1839
REB CL et PIN
222
MAQ NA
518
mA CL
477
Composition en Ha de la classe 3 en 2000
CL
Age ‹ 20
222
Age de 20-40
7080
Age de 40-60
2476
Age de 60-80
CL-CZ
CZ
10136
3362
891
Age de 80-100
16
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Caractéristiques
Etat 2000
Superficie totale en Ha
25714
V tiges total sur pied en m3
2612831
Accroissement total des tiges m3/an
66448
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes
2378868
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes
999168
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes
59590
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes
122646
Production totale d’UF
11725584
Superficie potentielle déliégée (ha/an)
2143
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes
1950
Classe 4 : 34.000 ha
Elle regroupe les forêts d’ADIII et VI, Amdoun I, Mekna I, Hamdia, Feija VI, Chihia I à III. Dans cette classe la
zeenaie pure s’étend sur 10% de l’espace forestier, la subéraie pure sur 57% et la subéraie mélangée à du chêne
Zeen sur 24% de cet espace. L’ambiance de la zeenaie ne couvre que 34% de l’espace total de la classe. L’ambiance
de la subéraie commence à dominer. Cette classe s’étend sur plus du 1/3 de la subéraie Tunisienne.
Les sols dominants sont de types brun à brun lessivé hydromorphe avec apparition de sols bruns peu lessivés
et quelques vertisols. Dans les forêts de Chihia et rarement à Hamdia et Mekna I vont apparaitre des sols
calcimorphes et des sols rouges méditerranéens.
Quelques tâches du groupement de l’humide supérieur avec le groupement à Quercus canariensis et la majorité
des forêts appartiennent à l’étage humide inférieur avec le groupement à Quercus suber à cytise et à basse altitude
le groupement à Quercus suber à Pistacia lentiscus et Erica arborea.
La pluviométrie annuelle est comprise entre 1000 et 1200 mm pour la majorité de la classe et 1500 mm et plus
pour les séries d’Ain Draham ; la tranche printanière est de plus de 300 mm dans les forêts d’Ain Draham et de
200 à 300 mm dans les forêts de MeknaI, Hamdia et Chihia. Les forêts de cette classe seront vieilles sur 78% de la
superficie de leurs peuplements principaux à l’horizon 2050.
Composition en strate de la classe 4
Superficie (ha) des strates en 2000
CL › 75%
11900
CL 75-50%
3052
CL 50-25%
1999
CL 25-10%
1183
CL 10-5%
383
CL-cz › 75%
5833
CL-cz 50-75%
978
CL-cz 50-25%
142
CZ
3010
REB
2735
REB CL PUR
99
REB CL et PIN
328
MAQ NA
665
mA CL
1704
Composition en Ha de la classe 4 en 2000
CL
Age ‹ 20
Age de 20-40
14952
Age de 40-60
5269
Age de 60-80
CL-CZ
CZ
6811
3010
427
142
17
Age de 80-100
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Caractéristiques
Etat 2000
Superficie totale en Ha
34011
V tiges total sur pied en m3
3001026
Accroissement total des tiges m3/an
90115
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes
2668064
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes
1320781
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes
78933
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du
maquis en tonnes
174301
Production totale d’UF
15509244
Superficie potentielle déliégée (ha/an)
2834
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes
2107
Classe 5 : 22.389 ha
Formée par les forêts de Mekna IV et V, Tegma III, Feija III, V et VII, ADX et Amdoun II. L’ambiance de la zeenaie
ne couvre que 19% de l’occupation forestière et c’est l’ambiance de la subéraie qui domine. Les sols des forêts de
Feija sont essentiellement rouges méditerranéens et rouges hydromorphes avec des vertisols en bandes étroites;
à Feija III s’ajoutent des sols calcimorphes. Les sols de Tegma III et ADX sont de la famille des sols bruns et
bruns lessivés avec des bandes de vertisols et quelques tâches de sols calcimorphes. A Mekna IV et V et Amdoun
II dominent des sols bruns lessivés, des vertisols et des tâches de sols calcimorphes assez grandes sur Amdoun
II. L’étage de végétation dominant est l’humide inférieur avec le groupement à Quercus suber à cytise. L’étage
bioclimatique supérieur à Quercus canariensis apparaît en tâches étroites sur les sommets.La pluviométrie
annuelle est de plus de 1500 mm à Tegma III et Ain draham X avec une pluviométrie printanière de plus de 300
mm et entre 1200 à 1500 mm à Feija II, V et VII et Amdoun II et Mekna IV et V avec une pluviométrie printanière
de 200 à 300 mm.
Composition en strate de la classe 5
Superficie (ha) des strates en 2000
CL › 75%
6693
CL 75-50%
2640
CL 50-25%
1661
CL 25-10%
776
CL 10-5%
343
CL-cz › 75%
2089
CL-cz 50-75%
171
CL-cz 50-25%
116
CZ
463
REB
3306
REB CL PUR
5
REB CL et PIN
59, 4
MAQ NA
2177
mA CL
1828
Composition en Ha de la classe 5 en 2000
CL
Age ‹ 20
CZ
2260
463
64
Age de 20-40
9334
Age de 40-60
4608
Age de 60-80
CL-CZ
116
Age de 80-100
18
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Caractéristiques
Etat 2000
Superficie totale en Ha
22328
V tiges total sur pied en m3
1608217
Accroissement total des tiges m3/an
51912
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes
1379877
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes
864166
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes
44084
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du
maquis en tonnes
105310
Production totale d’UF
10181522
Superficie potentielle déliégée (ha/an)
1861
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes
1131
Classe 6 :13.666 ha
Elle est représentée par les forêts d’Ain Draham VII, Feija VIII, Tegma III et Ouled Ali II. L’ambiance de la zeenaie
ne couvre que 3 % de l’occupation forestière et celle de la subéraie 97%.
Le bioclimat dominant est l’humide inférieur ave apparition de l’humide supérieur sur les sommets, La pluviométrie
annuelle est de 1500 mm pour les forêts de Ain Draham VII et VIII avec une pluviométrie printanière de 300 mm
et 1200 à 1500 mm pour le reste des forêts de la classe avec une pluviométrie printanière comprise entre 200
et 300 mm . Les sols sont de la famille des sols bruns et bruns lessivés avec apparition de sols calcimorphes à
Ouled Ali II et des vertisols à Tegma III. Le groupement végétal dominant est celui du chêne liège à cytise de
l’humide inférieur et quelques tâches de l’humide supérieur à chêne zeen à Tegma III. A l’horizon 2050 46% des
peuplements seront vieux.
Composition en strate de la classe 6
Superficie (ha) des strates en 2000
CL › 75%
4297
CL 75-50%
1523
CL 50-25%
1757
CL 25-10%
935
CL 10-5%
174
CL-cz › 75%
141
CL-cz 50-75%
0
CL-cz 50-25%
42
CZ
141
REB
2207
REB CL PUR
39
REB CL et PIN
110
MAQ NA
1500
mA CL
820
Composition en Ha de la classe 6 en 2000
CL
Age ‹ 20
Age de 20-40
5820
Age de 40-60
3686
Age de 60-80
CL-CZ
CZ
28
141
463
42
141
Age de 80-100
19
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Caractéristiques
Etat 2000
Superficie totale en Ha
13686
V tiges total sur pied en m3
858589
Accroissement total des tiges m3/an
30020
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes
720491
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes
529262
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes
25130
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du
maquis en tonnes
63602
Production totale d’UF
6240816
Superficie potentielle déliégée (ha/an)
1141
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes
531
Classe 7 : 11.955 ha
Cette classe est composée des forêts de Fernana I et II Mekna II et III, Tegma I et Ouled Ali III. Elle est dominée
à 100% par une subéraie pure sans trace notable de la zeenaie.
Les forêts de Mekna II et III appartiennent à l’étage bioclimatique humide inférieur chaud et celles de Fernana
I et II, Tegma I, Ouled Ali III appartiennent à l’étage bioclimatique humide inférieur à variante tempérée. Le
groupement du chêne liège à lentisque domine, seulement à Tabarka III s’ajoute le groupement du chêne liège à
chêne Kermes. Les sols dominants sont bruns lessivés, des vertisols s’ajoutent à Fernana et Tegma et des sols peu
évolués sur dunes à Tabarka III et des sols calcimorphes à Ouled Ali.
Composition en strate de la classe 7
Superficie (ha) des strates en 2000
CL › 75%
2481
CL 75-50%
1163
CL 50-25%
748
CL 25-10%
1098
CL 10-5%
44
REB
3141
REB CL PUR
39
REB CL et PIN
110
MAQ NA
2258
mA CL
1009
Composition en Ha de la classe 7 en 2000
CL
Age ‹ 20
149
Age de 20-40
3644
Age de 40-60
2899
CL-CZ
CZ
Age de 60-80
Age de 80-100
Caractéristiques
Superficie totale en Ha
V tiges total sur pied en m3
Accroissement total des tiges m3/an
20
Etat 2000
12092
634077
22391
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes
514347
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes
465209
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes
18162
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23/05/14 12:20
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du
maquis en tonnes
50292
Production totale d’UF
5513724
Superficie potentielle déliégée (ha/an)
1008
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes
338
Classe 8 : 7.094 ha
Elle regroupe les subéraies de Sejenane : forêts de Tamra, Choucha, Mhibeus, El Hania. Pure à 100% .On ne
retrouve les traces de la zeenaie que dans les ravins et les dépressions humides. Ces forêts occupent l’étage
bioclimatique humide inférieur chaud avec une pluviométrie moyenne annuelle comprise entre 800 et 1000 mm
et une pluviométrie moyenne saisonnière du printemps de 160 à 200 mm. Le groupement végétal dominant est
celui du chêne liège à lentisque et celui à chêne Kermès. Les sols sont de la famille des sols bruns et bruns lessivés
et surtout des sols hydromorphes à pseudogley. Le déficit hydrique estimé dans la région est compris entre 106 à
120 jours. 57% de cette subéraie sera probablement vieille en 2050.
Composition en strate de la classe 8
Superficie (ha) des strates en 2000
CL › 75%
1043
CL 75-50%
1186
CL 50-25%
1215
CL 25-10%
984
CL 10-5%
722
CZ
13
REB
2207
REB CL PUR
28
REB CL et PIN
443
mA CL
1450
Composition en Ha de la classe 8 en 2000
CL
Age ‹ 20
471
Age de 20-40
2229
Age de 40-60
4371
CL-CZ
CZ
13
Age de 60-80
Age de 80-100
Caractéristiques
Superficie totale en Ha
V tiges total sur pied en m3
Accroissement total des tiges m3/an
Etat 2000
7084
364292, 4
12055
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes
312302
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes
276220
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes
10288
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes
27464
Production totale d’UF
3230304
Superficie potentielle déliégée (ha/an)
590
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes
206
Classe 9 : 14.771 ha
Regroupe les subéraies de Béja : forêts de Bellif, Ouchtata, Khorgalia, Msid-Tabouba et Amdoun El Jouza en
partie. Elle est composée à 100% de chêne liège avec quelques traces de la zeenaie sur les ravins et en altitude à
Amdoun El Jouza.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Ces forêts occupent l’étage bioclimatique humide inférieur doux avec une pluviométrie moyenne annuelle
comprise entre 1000 et 1200 mm et une pluviométrie moyenne saisonnière du printemps de 160 à 200 mm. Le
groupement végétal dominant est celui du chêne liège à lentisque et celui à chêne Kermès. Les sols sont de la
famille des sols bruns et bruns lessivés qui dominent.
Composition en strate de la classe 9
Superficie (ha) des strates en 2000
CL › 75%
3968
CL 75-50%
2919
CL 50-25%
3156
CL 25-10%
1660
CL 10-5%
700
CL-cz › 75%
3
CZ
370
REB CL et PIN
267
mA CL
1728
Composition en Ha de la classe 9 en 2000
CL
Age ‹ 20
CL-CZ
CZ
3
370
14
Age de 20-40
6887
Age de 40-60
7244
Age de 60-80
Age de 80-100
Caractéristiques
Superficie totale en Ha
V tiges total sur pied en m3
Accroissement total des tiges m3/an
Etat 2000
14771
995448
33244
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes
861901
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes
576069
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes
28702
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du
maquis en tonnes
67361
Production totale d’UF
Superficie potentielle déliégée (ha/an)
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes
6735576
1231
727
Classe 10 : 13.591 ha
Subéraie surtout mélangée à du pin maritime naturel regroupant les séries I à IV des forêts de Tabarka. Le chêne
zeen est présent dans les ravins ou les dépressions humides.
Les forêts de cette classe appartiennent au bioclimat humide inférieur chaud pour les séries I, II et IV et tempéré
pour la série III. Les groupements végétaux sont ceux du chêne liège à lentisque et bruyère arborescente et le
groupement du pin maritime et bruyère à balai. Les sols lessivés localement hydromorphes dominent, les sols
bruns et bruns lessivés hydromorphes sont cantonnés surtout à la série III de Tabarka. La pluviométrie annuelle
est comprise entre 1000 et 1200 mm, les pluviométries printanières sont comprises entre 200 et 300 mm.
22
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Composition en strate de la classe 10
Superficie (ha) des strates en 2000
CL › 75%
1736
CL 75-50%
2442
CL 50-25%
2433
CL 25-10%
458
CL 10-5%
76
CL-cz › 75%
605
CL-cz 50-75%
163
CL-PM › 75%
109
CL-PM 50-75%
98
REB
1112
REB CL PUR
15
REB CL et PIN
100
MAQ NA
713
mA CL
342
Composition en Ha de la classe 10 en 2000
CL
Age ‹ 20
115
Age de 20-40
4178
Age de 40-60
2967
CL-CZ
CZ
109
768
98
Age de 60-80
Age de 80-100
Caractéristiques
Superficie totale en Ha
V tiges total sur pied en m3
Accroissement total des tiges m3/an
Etat 2000
10402
795417
24789
Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes
677510
Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes
403405
Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes
20983
Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes
55730
Production totale d’UF
4743084
Superficie potentielle déliégée (ha/an)
867
Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes
614
3.2.Identification et analyse des facteurs influençant l’état des différentes unités de la subéraie tunisienne
3.2.1. Facteurs biophysiques (Sol, pente, exposition)
Les facteurs biophysiques analysés sont principalement des facteurs géographiques stationnels et édaphiques.
Pour chaque unité d’aménagement ou série forestière on a relevé les expositions dominantes, les pentes
dominantes, les types de sols et les profondeurs des sols selon les descriptions et la terminologie de la carte
nationale agricole. on a constitué des groupes homogènes qu’on a classé en 3 sous unité : 1 classe favorable au
développement de la subéraie, 2 classe moyenne et 3 classe défavorable. Chaque classe a été notée (1, 2 ou 3)
selon qu’elle est favorable ou défavorable puis les notes étaient pondérées par un coefficient entre 4 et 1 (4 pour
les expositions, 3 pour les pentes, 2 pour les profondeurs des sols et 1 pour les types des sols). Une note finale a
été attribuée à chaque unité forestière. La pondération a été attribuée sur la base de l’influence du facteur sur la
végétation mais aussi sur le degré de précision du descripteur. Le coefficient 4 a été attribué à l’exposition parce
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
que le facteur est déterminant en bioclimat et microclimat et en même temps il est assez précis, 3 pour la pente
qui est déterminante pour l’eau dans le sol, la profondeur des sols et aussi pour sa précision, 2 pour la profondeur
des sols parce que nous pensons que la carte agricole n’est pas très précise pour décrire les profondeurs des sols
forestiers et 1 pour le type de sol et les facteurs édaphiques contraignants parce que les nuances entre catégories
ne sont pas très bien délimitées.
La synthèse de ces différents facteurs stationnels et édaphiques nous a permis de regrouper les séries forestières
en 4 grandes classes : la première étant la plus favorable à la subéraie et la dernière la moins favorable. Les
résultats de ce classement sont présentés sur le tableau suivant :
Classement des subéraies selon leurs conditions biophysiques
Conditions
très favorables
(25% des unités)
Ain Draham II
Mekna II
Mekna III
Mekna IV
Oued Zeen III
Subéraies de Bizerte
Subéraies de Béja
Tabarka III
Tegma I
Amdoun II
Amdoun I
Feija II
Conditions assez
favorables
(47% des unités)
Ain Draham I
Ain Draham III
Ain Draham IV
Ain Draham IX
Ain Draham X
Tegma II
Chihia I
Chihia II
Oued Zen II
Oued Zen IV
Tabarka I
Tabarka II
Hamdia
Mekna I
Fernana I
Farnana II
Ouled Ali III
Feija III
Feija VII
Feija VIII
Conditions
moyennement favorables
(12% des unités)
Tabarka IV
Mekna V
Oued Zen I
Chihia III
Feija IV
Feija VI
Conditions
défavorables
(16% des unités)
Ain Draham V
Ain Draham VII
Ain Draham VIII
Tegma III
Ouled Ali I
Ouled Ali II
Feija I
Feija V
Ce classement des subéraies est fixe puisque les conditions biophysiques restent relativement stables dans le
temps.
3.2.2. Les facteurs socio-économiques et les perturbations anthropozoogènes
Ces facteurs sont analysés sur la base des ressources statistiques sur les populations rurales vivant autour des
subéraies exprimés par la densité des ménages ruraux au Km2 et surtout leurs relations avec les parcours forestiers
et les problèmes des feux des forêts. Deux variables ont été utilisées : le rapport de la charge pastorale observée
à la charge pastorale d’équilibre par unité forestière et la vulnérabilité aux feux ont été estimées en combinant les
fréquences moyennes annuelles des feux aux superficies moyennes annuelles brûlées par unité d’aménagement
(série forestière). L’évolution du rapport entre charge pastorale observée et charge d’équilibre prévue en 2020
et 2050 a été étudiée en adoptant les taux d’accroissement du cheptel utilisé par la planification agricole : 1%
(scénario B2) et de 1.5% (scénarios A2). Pour l’étude de l’évolution des fréquences et des superficies moyennes
annuelles des feux de forêts aux horizons 2020 et 2050 aucune hypothèse n’a été retenue et on a considéré que
les forêts se comporteraient en moyenne comme sur la période observée 1980-2004.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis des facteurs biophysiques
3.2.2.1.Vulnérabilité de la subéraie aux feux des forêts
Classe 1 : Forêt extrêmement vulnérable aux feux des forêts
Le risque annuel des feux des forêts dépasse 100 ha annuellement, ce risque très fort est actuellement localisé à
une seule série forestière celle de Feija II.
Classe 2 : très vulnérable aux feux des forêts
Le risque annuel est compris entre 20 et 100 ha avec une moyenne de 46 ha par an.
Ce niveau de risque est localisé à Tabarka I et III, les maquis arborés de Bizerte, Ain Draham I, Feija IV, VII, V et
VIII.
Classe 3 : Forêts moyennement vulnérables aux feux des forêts
Le risque annuel reste très limité entre 1 et 10 ha/an soit une moyenne de 5 ha/an.
Les forêts qui composent cette classe sont : Hamdia, Mekan IV, Ain Draham II, III et X, les forêts de Béja (Tabouba),
Tegma II, Chihia I, Amdoun I et II, Ouled Ali I et II, Fernana II, Feija I, III, VI et VII, Bizerte-Sejenane (Choucha,
Tamera, Mhibeus, Mouaden).
Classe 4 : Forêts peu vulnérables aux feux des forêts
Le risque annuel est de moins de 1 Ha/an soit une moyenne de 0.5 ha/an :
Ce groupe comprend les forêts de Ain Draham IV, V, VI, VII, VIII et IX, Feija I, II, III, V, VI, VIII, Mekna I, II, III, IV,
V, Fernana I, Tegma I et III, Ain Zana, Chihia III, Mekna I, II, V, Oued Zen I, II, III et IV, Tabarka IV, Fernana I et II,
Béja (Nefza, Msid, Bellif, Ouchtata), Bizerte (Tamera, Choucha) Chihia II, Ouled Ali III.
3.2.2.2. Vulnérabilité des subéraies à la pression pastorale
Les quatre classes distinguées de vulnérabilité à la pression pastorale sur la subéraie sont les suivantes:
Les subéraies non vulnérables à l’activité pastorale où le rapport entre besoins des animaux et productivité
potentielle des parcours est inférieur à 1. Les besoins des animaux sont normalement totalement couverts par
cette production potentielle.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Les subéraies peu vulnérables sont composées par les subéraie où ce rapport est compris entre 1 et 1.5 exprimant
des besoins de 1.5 fois supérieurs à la production potentielle. Cette surcharge peut être couverte en cas de
productivité plus forte relative à des années de bonnes glandées ou en cas de diminution provisoire des effectifs
des animaux.
Les subéraies moyennement vulnérables sont caractérisées par un rapport besoins/ productivité compris entre
1.5 à 2.
Les subéraies vulnérables à l’activité pastorale sont composées par les subéraies où ce rapport dépasse 2.
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis des feux de forêts - Situation 2000
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Vulnérabilité de la subéraie à la pression pastorale
subéraies non
vulnérables
subéraies peu
vulnérables
subéraies
moyennement
vulnérables
subéraies
vulnérables
Etat actuel
en 2000
Chihia I et II, Ain
Draham I, II, IV
et VIII, Tegma I
et III, Feija I et
III, Amdoun I et
II, Oued Zen I, II,
III et IV, Fernana
I, Tabarka I et
les subéraies de
Bizerte.
(42% des
subéraies)
Béja, Ouled Ali I,
Ain Draham III,
VII, X et IX, Feija
IV,
Mekna II, IV et V,
Tabarka II, IV et
Tegma II.
( 31% des
subéraies )
Fernana II, Ouled
Ali III, Mekna I et
III, Ain Draham IV,
V, Feija II, V, VI, VII
et VIII, Tabarka III
et Chihia III.
(21% des
subéraies)
Etat en 2020
Scénario B2
Subéraie de
Bizerte, Tabarka I,
Chihia II, Fernana
I, Oued Zen I, II,
III, IV, Ain Draham
IV
(18% des
subéraies)
Etat en 2020
Scénario A2
Tabarka I, Chihia
II, Fernana I,
Oued Zen I, II,
III, IV.
(14% des
subéraies)
Etat en 2050
Scénario B2
Bizerte, Tabarka I,
Chihia II, Fernana
I, Oued Zen I à IV
et Ain Draham IV.
(19% des
subéraies)
Ain Draham I, II, V,
VIII, X, Amdoun I,
II, Chihia I, Feija I,
II, III, Tegma I, III,
Fernana II, Béja,
Ouled Ali I
(30% des
subéraies)
Aucune
Ain Draham I,
II, IV, VIII et X,
Amdoun I et II,
Chihia I, Tegma I et
III, Feija I et III.
(25% des
subéraies)
Ain Draham III,
VII, IX, Feija IV,
Mekna II, IV, V,
Tegma II, Tabarka
II, IV, et Ouled
Ali III.
(23% des
subéraies)
Hamdia, Mekna III,
Ain Zana et Ouled
Ali II.
(6% des subéraies)
Mekna I, III, Ain
Draham VI, Feija
V, VI, VII, VIII,
Tabarka III, Chihia
IIII, Hamdia, Ain
Zana, Ouled Ali II.
(25% des
subéraies)
Ain Draham III, V,
VII et IX, Feija II
et IV, Fernana II,
Béja, Ouled Ali I,
Mekna II, IV et V,
Tegma II, Tabarka
II et IV.
(31% des
subéraies)
Ouled Ali II et
III, Feija V, VI,
VII et VIII, Ain
Zana, Mekna I
et III, Tabarka
III, Hamdia, Ain
Draham VI, Chihia
III.
(27% des
subéraies)
Etat en 2050
Scénario A2
Bizerte (Sejenane)
(2%des subéraies)
Tabarka I, Chihia
II, Fernana I, Oued
Zen I, II, III, IV.
(14% des
subéraies)
Ain Draham I, II, V, Aucune subéraie
VIII, X, Amdoun I,
II, Chihia I, Feija I,
II, III, Tegma I, III,
Fernana II, Béja,
Ouled Ali I.
(33% des
subéraies)
Ain Draham III, VI,
VII, IX, Feija IV à
VIII, Mekna I à V,
Tegma II, Tabarka
II à IV, Ouled Ali
II et III, Chihia III,
Hamdia, Ain Zana.
(48% des
subéraies)
Ain Draham I à X.,
Amdoun I et II,
Chihia I à III, Feija
I à VIII, Tegma I à
III, Béja, Fernana
II, Ouled Ali I, II,
III, Mekna I à V,
Tabarka II à IV,
Hamdia, Ain Zana.
(84% des
subéraies)
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de la pression pastorale
- Situation en 2000
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de la pression pastorale
- Situation en 2000 - Scénario B2
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de la pression pastorale
- Situation en 2000 - Scénario A2
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de la pression pastorale
- Situation en 2050 - Scénario A2
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de la pression pastorale
- Situation en 2050 - Scénario B2
3.2.3. Analyse climatique rétrospective
3.2.3.1. Tendances actuelles des précipitations
L’examen des séries pluviométriques annuelles entre 1901 et 2003 sur les 3 principales stations de la subéraie
(Ain Draham, Tabarka et El Feija) montre une tendance générale à la diminution statistiquement non significative.
Cette diminution parait très légère à Ain Draham (pente de la droite de tendance de -0.24), plus exagérée à
Tabarka (pente de -2.13 dix fois plus grande que celle d’Ain Draham) et encore plus exagérée à El Feija (pente de
-4.1, deux fois plus grande que celle de Tabarka et 20 fois plus grande que celle d’Ain Draham) Il semble que plus
que la subéraie s’enfonce vers le Sud plus elle s’assèche.
Sur les franges Est de la subéraie aux Mogods et sur des séries plus courtes entre 1969 et 2004 on remarque le
même phénomène : une tendance à la diminution légère à Sejnane (pente de la droite de tendance de - 1.8) et
de la même façon à la limite Est des Mogods à Tinja où la pente de la droite de tendance est de -2.0. D’une façon
générale on peut dire qu’on est sur un début de diminution des précipitations qui serait plus exagéré sur les
limites Sud de la subéraie à El Feija et à l’Est de la subéraie aux Mogods. Seule la station d’Ouchtata parait non
touchée !
30
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Pluviométrie annuelles entre 1900 et 2004
(tendances actuelles).
Pluviométrie annuelles entre 1970 et 2004
(tendances actuelles)
Station d’Ain Draham
Station d’Ouchtata
Station de Tabarka
Station de Sejenane
Station d’El Feija
Station de Tinja
3.2.3.2. Tendances Thermiques
Toutes les séries examinées à l’intérieur de la subéraie (Beni Métir) et à ses limites Nord à 20 km de Tabarka, à sa
limite Sud à Jendouba et El Munchar à Béja, soit sur les séries des moyennes thermiques annuelles, des maximales
ou des minimales annuelles montrent une tendance générale à une augmentation élevée des températures. A
Béni Métir on passe d’une température moyenne annuelle de 16.5°C en 1901 à une moyenne de 18.5 en 2003,
une augmentation de 2°C en 1 siècle. La même tendance sur la même période et une même augmentation de 2°C
sur un siècle à 20 km au Nord des subéraies de Tabarka et au Sud de la subéraie à Béja sur la même période 2°C
en 1 siècle. Les mêmes tendances sur des séries plus courtes au Sud de la subéraie à Jendouba, une augmentation
de 0.5 degré en 30 ans sur les températures minimales entre 1975 et 2004 et une augmentation de 3°C sur les
températures annuelles moyennes maximales en 30 ans. Le réchauffement est bien là avec une recrudescence à
chaque fois qu’on avance dans le temps. Un emballement effectif et une augmentation exponentielle plutôt que
linéaire est actuellement observée.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Tendances thermiques actuelles
Températures moyennes annuelles
Ben Mtir
Tabarka
Béja
Températures minimales et maximales moyennes annuelles à Jendouba
Températures minimales moyennes
Températures maximales moyennes
3.2.3.3. Identification des variables climatiques les plus déterminantes dans l’évolution de
l’état des différentes unités de l’écosystème.
Pour définir les périodes potentiellement stressantes pour la subéraie on a émis l’hypothèse suivante :
A la limite de 105 jours de stress hydrique du sol on considère que la végétation dans ces conditions est adaptée
à cette durée de stress et donc non vulnérable dans les conditions méditerranéennes normales (3, 5 mois de
sècheresse).
Entre 105 jours et 135 jours la végétation est peu vulnérable étant donné que selon les années il ya possibilité que
la saison sèche méditerranéenne se prolonge d’un mois au début ou à la fin de la saison sèche.
Entre 135 et 165 jours de stress la végétation est considérée moyennement vulnérable subissant un début de
stress un mois plus tôt que la saison sèche normale et un mois plus tard que la saison sèche normale.
Entre 165 jours et plus, c’est-à-dire plus de 5 mois de réserve utile nulle on a considéré qu’on sort des limites
des fluctuations du climat méditerranéen et on entre dans un type de milieu proche des milieux tropicaux secs
à saison sèche supérieure à 6 mois. Pour s’adapter à des conditions pareilles il faut un autre type de végétation
s’apparentant à la savane sèche tropicale. La végétation méditerranéenne n’étant pas composée par des espèces
de la savane Africaine devient donc très vulnérable dans ces conditions.
32
Pour estimer cette période relative de stress on a caractérisé chaque série forestière par son type de sol
dominant, une texture dominante et une profondeur dominante. Cette information est puisée directement de
la carte agricole nationale. La variabilité stationnelle à l’intérieur d’une même série forestière n’est pas prise en
compte étant donné qu’on n’a retenu que les caractéristiques édaphiques dominantes moyennes de chaque unité
d’aménagement.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Sur la base de cette réserve utile moyenne des sols de chaque série forestière et sans tenir compte des possibilités
d’exploitation par les racines des eaux plus profondes on a calculé les consommations moyennes potentielles
d’eaux relatives à chaque mois tenant compte des précipitations mensuelles et des réserves en eau accumulées
du sol sur sa profondeur utile connue et de l’ETP mensuelle. L’ETP mensuelle calculée et déduite des apports
mensuels en eaux et des réserves utiles du sol permettait de calculer le bilan hydrique du sol. Lorsque le bilan est
positif et la réserve en eau du sol n’est pas entamée, aucun déficit n’est enregistré ; la somme des bilans négatifs
successifs nous a permis de calculer le nombre de journées par mois où les besoins de l’évaporation potentielle ne
sont plus satisfaits par rapport à la demande potentielle d’eau (ETP moyenne journalière des mois à bilan négatif).
Pour ne pas compliquer les calculs de l’ETP et utiliser des formules qui nécessitent des bases de données non
disponibles pour nous, on a choisi d’utiliser une formule simple testée en Tunisie ne tenant compte que de la
situation latitudinale du lieu (un point central dans chaque série forestière) et la température maximale moyenne
du mois le plus chaud et de la situation de la forêt par rapport aux vents (très ventée ou peu ventée).
Selon Charles Riou (1960) une formule simple ne tenant compte que de la température maximale moyenne du
mois n et de la latitude en degré et dixième de degré du lieu est suffisante pour donner une estimation correcte
de l’ETP d’une région quelconque :
Le calcul de I’ETP d’une station de latitude (Lat) en degrés décimaux et de température maximale moyenne du
mois n : Tn et du mois suivant T n+1 se résume en cette démarche simple :
(1) Calcul pour le mois de rang n : Gn = (Tn + 2*Tn+1)/3
(2) Calcul de b = 7,1 - 0,1*Lat.
(3) On ajoute 0, 2 (0,1 à 0, 3) à b si la station est relativement abritée du vent .
(4) ETP = 0, 31 Gn - b.
Cette formule nous a permis de calculer les ETP mensuelles de chaque série forestière en fonction de sa latitude
et de sa température moyenne mensuelle maximale.
Les estimations des températures à l’échelle de chaque série sont extrapolées à partir des données thermiques
moyennes des stations d’Ain Draham pour les forêts entourant Ain Draham et El Feija et de la station de Tabarka
pour les forêts entourant Tabarka, Nefza et Sejnane en adoptant un gradient thermique de 0.4°C par 100 m
d’élévation en altitude. Les données thermiques de base étant celles relatives à la période 1960-1990
Les précipitations mensuelles utilisées pour caractériser la situation initiale par unité d’aménagement étant celles
de la période 1960-1990 des stations de Tabarka et unités proches, de la station d’Ain Draham et unités proches
et de la station d’El Feija et unités proches .De la même manière les précipitations mensuelles par série forestière
ont été extrapolées à partir de ces 3 stations de base en fonction de l’altitude moyenne de chaque série et en
utilisant un gradient pluviométrique de 20 mm par 100 m d’altitude à partir des stations de référence (Tabarka,
Ain Draham et El Feija) . Sachant qu’une partie des précipitations n’atteigne jamais les horizons des sols, on
a utilisé la précipitation efficace (PE) définie ainsi par la FAO : PE = (0.8* P) - 8 où P désigne la précipitation
mensuelle incidente.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Classement des unités d’aménagement de la subéraie selon leur vulnérabilité
au stress hydrique en 2000 (état de référence)
Non vulnérables 22% des
unités
Peu vulnérables 68% des unités
Moyennement vulnérables
10% des unités
Très vulnérables
Ain Zana, Chihia III, Ain
Draham II, III, IV et IX, Chihia
II et Fernana I
Ouled Ali I II et III, Hamdia,
Tabarka II III et IV, Feija V, VI et
VIII, Fernana II, Ain Draham I, V,
VII, VI et X, Mekna I, II, IV, V, Feija
I, III et IV, Tegma I, II et III, Chihia
I, Amdoun I et II, Bizerte, Oued
Zen I, II, III, IV
Feija II, Feija VII, Mekna III,
Béja, Tabarka I,
Aucune
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis du déficit hydrique - Situation en 2000
34
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Analyse de la vulnérabilité
de la subéraie face au CC
aux horizons 2020 et 2050.
4.1. Projection des variables climatiques identifiées
La vulnérabilité de la Subéraie face au CC est étudiée ici selon les scénarios climatiques A2 et B2 du modèle
HadCM3 et leurs projections aux années 2020 et 2050. Les 2 scénarios prévoient des hausses de température et
des baisses des précipitations.
Élévations des températures (°C) moyennes annuelles du modèle HadCM3 (scénarioA2) à l’horizon 2020 (gauche) et à
l’horizon 2050 (droite) par rapport à la période de référence 1960-1990.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Baisses (en %) des précipitations moyennes annuelles du modèle HadCM3 (scénario A2) à l’horizon 2020 (gauche) et à
l’horizon 2050 (droite) par rapport à la période de référence 1960-1990.
Récapitulation des Scénarios utilisés pour déterminer le stress hydrique édaphique de la subéraie
aux horizons 2020 et 2050.
Augmentation des températures moyennes
par rapport à la période de référence 19601990
+0.8°C
+0.9°C
+1.8°C
+1.6°C
Diminution des précipitations annuelles par
rapport à la période de référence 1960-1990
-6%
-4%
-11%
-8%
Sur la base de ces scénarios on a recalculé le bilan hydrique mensuel des sols des différentes unités d’aménagement
et on a déterminé pour chaque série la période relative de stress hydrique aux horizons 2020 et 2050.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Les résultats de ces calculs sont récapitulés sur le tableau suivant :
Classement des unités d’aménagement de la subéraie selon leur vulnérabilité au stress hydrique aux horizons de 2020 et
2050
Ain Draham VIII, IX, X
Ain Draham IV
Chihia II
Ain Zana
Chihia II, III
Ain Draham II, III, IV,
VIII, IX
Fernana I
2% des unités
21% des unités
0%
6% des unités
Ain Zana
Ain Draham VI, III, V
VII, IX, I, X, II, VIII
Chihia III, I
Amdoun I
Feija I, IV
O Ali II, I, III
Feija V
Fernana II
Mekna V
Tegma II, III,
Amdoun II
Bizerte
Oued Zen I, II, III, IV
Hamdia
Tabarka II, III, IV
Feija I, III, IV, V, VI,
VII, VIII
Ain Draham I, V, VI,
VII, X,
Chihia I
Amdoun I, II
O Ali I, II, III
Fernana II
Mekna I, II, IV, V
Bizerte
O Zen I, II, III, IV
Tegma I, II, III
Ain Zana
Chihia I, II, III
Ain Draham IV, IX, X
Oued Zen II
Tegma III
Fernana II
Ouled Ali III
Chihia I, II
Ain Draham I, II, IV,
V, VII
Tegma II, III
Ouled Ali III
Fernana II
Oued Zen I, II, III
59% des unités
71% des unités
22%des unités
37% des unités
Feija III, II, VII, VIII
Tabarka I, II, III, IV
Feija VI
Hamdia
Mekna I, II, III, IV
Béja
Tegma 1
Fernana I
Feija II
Béja
Tabarka I
Mekna III
Ain Draham I, II, III,
V, VI, VIII
Amdoun I, II
Ouled Ali I, II
Tegma II
Mekna V
Fernana I
Oued Zen I, III, IV
Feija I, II, III, IV, V, VI
Feija VII, VIII
Hamdia
Tabarka I, II, III IV
Amdoun I, II
Béja
Ouled Ali I, II
MeknaI, II, III, IV, V
Tegma I
Bizerte
Fernana I
Oued Zen IV
39% des unités
8% des unités
34% des unités
57% des unités
Feija I, II, III, IV, V, VI,
VII, VIII
Tabarka I, II, III, IV
Hamdia
Béja
Mekna I, II, III, IV
Tegma 1
Bizerte
0%
0%
40% des unités
0%
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis du déficit hydrique
- Situation en 2020 - Scénario B2
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis du déficit hydrique
- Situation en 2050 - Scénario B2
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis du déficit hydrique
- Situation en 2020 - Scénario A2
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis du déficit hydrique
- Situation en 2050 - Scénario A2
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
4.2. Définition des principaux risques directs et indirects menaçant
la durabilité de l’écosystème et induits par le CC.
Pour définir ces risques on a regroupé les unités d’aménagement en classes homogènes de vulnérabilité en
combinant l’ensemble des facteurs :
1.De la vulnérabilité de la forêt au stress hydrique (notée 1, 2, 3 ou 4)
2.De l’état de vieillissement de ses peuplements (notée 1, 2, 3 ou 4)
3.De sa vulnérabilité à la pression pastorale (notée 1, 2, 3 ou 4)
4.De sa vulnérabilité aux feux (notée 1, 2, 3 ou 4)
5. De ses conditions biophysiques (notée 1, 2, 3 ou 4)
Un indice composée de 5 chiffres caractérise chaque unité où chaque chiffre exprime une note de 1 à 4 attribuée
respectivement à chacun des facteurs cités ci haut permettait en premier lieu de distinguer la vulnérabilité
climatique basée sur le stress hydrique et de la seuiller selon 4 autres niveaux pondérés selon leur apparition de
gauche à droite sur l’indice (1 facteur climatique (stress hydrique), 2 état de vieillissement de la subéraie, 3 état de la
pression pastorale, 4 état de vulnérabilité aux feux et 5 conditions biophysiques moyennes de l’unité). Les facteurs
1, 2 et 3 varient dans le temps (changement climatique, âge des peuplements, développement économique des
populations rurales) et les facteurs 4 et 5 sont fixes dans le temps parce qu’on n’a pas pu modéliser la dynamique
des feux en fonction du climat et des pressions humaines et pour le facteur 5 les conditions biophysiques (sol,
pente, exposition) sont considérées stables dans le temps à part la perte de fertilité du sol non estimée dans cette
étude.
Chaque unité forestière a été notée sur cette base pour la situation de référence et pour les projections
2020 et 2050 sur les scénarios A2 et B2.
Exemple: l’indice
Veut dire :
4
4
4
4
4
• Subéraie très vulnérable aux CC.
• Très vieille (80% ou plus de ses peuplements
ont un âge de 80 à 100 ans ou plus).
• Très forte charge pastorale besoins des animaux
> 2 fois la production pastorale.
• Très vulnérable aux feux ou le risque d’avoir un feu annuel
sur 100 ha et plus est habituellement grand.
• Conditions biophysiques très défavorables: Exposition Sud,
pente très forte, sols peu profond, de classe pédo-génétique défavorable à la subéraie.
UN MODELE D’INDICE SYNTHETIQUE DE VULNERABILITE
Ces résultats sont exprimés sur les cartes suivantes :
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de l'indicateur climatique Situation en 2000
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de l'indicateur climatique
- Situation en 2020 - Scénario B2
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de l'indicateur climatique
- Situation en 2020 - Scénario A2
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de l'indicateur climatique
- Situation en 2050 - Scénario B2
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de l'indicateur climatique
- Situation en 2050 - Scénario A2
4.3. Evaluation des effets dU CC sur les subéraies
Dans le but d’évaluer les effets du changement climatique sur les subéraies, nous avons recalculé les déficits
hydriques des années sur lesquelles on a noté des dépérissements localisés dans la subéraie : 1987-1988-1989 et
1990 avec la même méthode qui nous a permis de classer les forêts selon leurs vulnérabilité aux déficits hydriques
.Le site analysé est celui de Ain Draham I où on a recalculé ces déficits dans 2 cas : sols peu profonds avec seulement 25 mm de réserve utile dans le sol et sols moyennement profonds avec 100 mm de réserves utiles dans le
sol. Les résultats de nos calculs sont résumés sur le tableau suivant :
Année
Température
maximale
(Moy /an en °C)
Précipitation
annuelle en
mm.
ETP-P /an
en mm
Nombre de mois
successifs à
bilan en eau du
sol négatif (RU 100 mm)
Nombre de
mois successifs
à bilan en eau
du sol négatif
(RU25mm)
Stress
hydrique
en jours
(RU 100
mm)
Stress
hydrique
en jours
(RU 25 mm)
1987
25.3
1551
-381
6
7
154
165
1988
26
1211
-855
7
7
170
182
1989
25.4
1186
-829
6
7
127
134
1990
25.5
1453
-599
7
7
196
210
La lecture des résultats de l’analyse montre que sur sols à réserve utile de 100 mm, les 2 années 1988 et 1990 sont
classées très vulnérables aux stress hydriques pour la subéraie et sur sols à réserve utiles de 25 mm les années
1987, 1988 et 1990 sont classées très vulnérables aux stress hydrique pour la subéraie avec dans les 2 cas une
période de 6 à 7 mois de sol complètement à sec.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Sur cette base et comparativement à cette situation, on considère que des stress continus de plus de 165 jours
causeraient des dépérissements généralisés dans des conditions semblables. Toutes les subéraies classées très
vulnérables au changement climatique pourraient probablement subir des dépérissements semblables à ceux
de la période 1987-1990 au moins pour les subéraies en conditions biophysiques défavorables en premier lieu et
en second lieu sur celles considérées très vieilles. C’est sur cette base qu’on a repéré les subéraies pouvant subir
probablement un dépérissement généralisé.
Hors des situations classées très vulnérables nous considérons que les sites classées moyennement vulnérables
pourraient en cas de périodes sèches prolongées (augmentation continue et prolongée des températures et baisse
continue et prolongée des précipitations) basculer dans des conditions très vulnérables. Les 2 scénarios A2 et B2
du modèle HadCM3 prévoient en Kroumirie 2 périodes de ce genre : 2019 à 2028 et 2045-2050 où on retrouve
cette situation de baisse continue des précipitations et d’augmentation continue des températures moyennes
annuelles. Durant ces 2 périodes la subéraie pourrait subir des dépérissements sur les sites considérés moyennement vulnérables au stress hydrique. Ces dépérissements pourraient occasionner des dégâts à chaque fois sur
20% des individus composant les subéraies au moins similaires aux dégâts subis lors des dépérissements de la
période 1987-1990. C’est sur cette base que les dégâts seraient estimés : Mortalité de 100.000 arbres dont 50 %
répartis sur les forêts d’El Feija et Ouled Ali et 50% sur le reste des forêts. Pour estimer les superficies équivalentes
perdues on a considéré que la densité moyenne d’un hectare de subéraie est de 300 tiges.
Etat en 2020 Scénario A2 et B2
Aucune forêt n’est classée très vulnérable au CC dans le scénario A2. Par contre 17 unités forestières sont classées
moyennement vulnérables. Sur ces 17 unités forestières il est possible de classer 3 d’entre-elles pouvant basculer
dans la classe très vulnérable à cause de leurs conditions biophysiques défavorables : Feija VI, Feija VII et Tabarka
IV ou à cause de leur vieillissement : Feija II.
Le Scénario B2 ne place aucune forêt dans une situation de vulnérabilité.
Vu qu’aucune période sèche prolongée n’est prévue aucun dépérissement partiel ou généralisé n’est prévisible (la
période sèche probable prévisible entre 2018 et 2026 ne donnerait ses effets qu’après 1920 sauf si on ramène ses
résultats prévisibles de 2026 à 2020).
Etat en 2050 Scénario A2
Entre 2020 et 2050 2 périodes sèches prolongées sont prévisibles : 2018 à 2026 et 2045 à 2050. 20 forêts sont
classées très vulnérables dont 10 dans des situations biophysiques défavorables et qui peuvent subir des dépérissements généralisés en 2050 après 2 dépérissements partiel avant cette date : Feija I, II, IV, V et VI et VII, Hamdia,
Mekna I, Tabarka I, II et IV.
Seulement 2 dépérissements partiels à cause de conditions biophysiques défavorables : forêts de Béja et Tabarka
III.
Des forêts classées moyennement vulnérables mais sur conditions biophysiques défavorables ou vieillissement
avancé et qui pourraient subir aussi 2 dépérissements partiels sont : Ouled Ali I et II, Ain Draham III, V, VI, VII et
VIII, Amdoun I et Mekna V.
Etat en 2050 Scénario B2
Dans ce Scénario aucune forêt n’est classée très vulnérable donc aucun dépérissement généralisé n’est prévisible.
27 forêts sont considérées moyennement vulnérables dont 17 dans des conditions biophysiques défavorables ou
très vieillies et qui pourraient subir 2 dépérissements partiels suite aux 2 longues périodes sèches signalées : Feija
I, II, IV, V, VI et VII, Ouled Ali I et II, Hamdia, Mekna I et V, Amdoun I, forêts de Béja, et Tabarka I, II, III et IV.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Analyse de la valeur
économique des différents
biens et services de
l’écosystème
L
e changement climatique affecte le dépérissement de la subéraie, sa capacité à fournir des produits, à
séquestrer du carbone, la disponibilité et la qualité de l’eau, le contrôle de l’érosion du sol aussi bien que
la diversité de l’écosystème avec le risque de disparition de certaines espèces endémiques et les risques
accrus des feux incontrôlés, d’attaques de ravageurs et de maladies. Cette perte de biens et services va avoir des
répercussions sur l’économie nationale et le bien être de la population en général. Ce travail a pour objectifs de
montrer l’importance de la valeur économique des biens et services rendus par la subéraie, et d’apprécier la valeur
économique potentiellement perdue des différents biens et services sous l’effet du changement climatique.
La méthode de travail consiste d’abord à identifier les biens et services de la subéraie. L’approche utilisée, adoptée
par le Millenium Ecosystem Assessment en 2005, définit les biens et services en tant qu’avantages procurés aux
individus (bien être humain) et les distingue en quatre catégories : services d’approvisionnement, services de
régulation, services culturels et services de soutien. Ensuite, la valeur économique des biens et services est estimée
pour l’année 2005 en utilisant des approches d’évaluation basées sur le prix de marché, le prix des produits de
substitution, la fonction de production et les coûts. Enfin, la valeur économique perdue sous l’effet du CC est
estimée selon les données disponibles en matière de perte de production des biens et services aux horizons 2020
et 2050 en utilisant diverses méthodes d’évaluation.
La valeur des biens et services est estimée à 24, 439 millions DT en 2005. Cette valeur est composée principalement
de la valeur du liège (24, 9%), le fourrage (31, 3%), la séquestration du carbone (16%), le bois (9, 9%), la réduction de
la sédimentation des barrages (7, 2%) et les autres produits forestiers non ligneux (6%). L’analyse de la vulnérabilité
de l’écosystème chêne liège au CC menée par la GIZ a montré qu’il n’y aurait pas de pertes en superficie en 2020.
Par contre, il y aurait une perte par dépérissement en 2050 d’une superficie de 1196 ha selon le scénario B2, et de
18369 ha selon le scénario A2.
En utilisant ces données, les coûts des dommages actualisés en 2011 sont estimés à 2, 475 millions DT selon le
scénario B2 (en utilisant un taux d’actualisation de 2%), soit une réduction de la valeur de la production cumulée
sur la période 2010-2050 de 0, 4%, et de 38, 021 millions DT selon le scénario A2, soit une réduction de la valeur de
la production cumulée sur la période 2010-2050 de 5, 6%. Ces pertes sont composées principalement des valeurs
du liège (43%), des émissions de carbone (24%), du bois (15%) et des ressources en eau (11%).
L’application des approches économiques suppose la disponibilité d’informations précises sur l’effet du
changement climatique sur la dégradation / l’amélioration des biens et services, et d’une définition claire des
relations entre les aspects biophysiques et socio-économiques. Ainsi, de meilleures connaissances sur le CC et la
vulnérabilité des écosystèmes permettront d’affiner ce type d’évaluation économique.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
5.1. Identification des différents biens
et services de l’écosystème
Les écosystèmes procurent de nombreux biens et services contribuant au bien être humain. Les services sont
considérés à travers leur soutien ou protection des activités humaines de production ou consommation, ou leur
affectation du bien-être en général. L’Evaluation des écosystèmes pour le Millénaire a définit quatre catégories
de biens et services selon les avantages procurés au bien être humain. Les biens et services de l’écosystème chêne
liège ont été ainsi identifiés en utilisant cette classification et le type de bénéficiaire. La perte des biens et services
de l’écosystème sous l’effet du CC peut affecter différemment les bénéficiaires.
- Services d’approvisionnement : produits issus des écosystèmes
Gouvernement : Liège, champignons, myrte, bois de feu des forêts, chasse. Ces services procurent des revenus
aux acteurs des filières concernées, à l’exportation, et contribuent au bien-être des chasseurs et procurent des
recettes touristiques.
Usagers des forêts : fourrages, glands, bois de feu du maquis, escargots, pollen, autres plantes aromatiques et
médicinales (PAM). Ces services procurent des revenus aux éleveurs et aux apiculteurs. Le bois de feu est utilisé
comme source d’énergie pour la préparation du pain et la cuisson, les PAM sont utilisées notamment pour les
soins traditionnels.
- Services de régulation issus de la régulation des processus des écosystèmes
Communauté nationale : La conservation des sols et la régulation des eaux contribuent à la réduction de la
sédimentation des barrages et à la protection de la production agricole des terres en aval ;
Communauté globale : La séquestration du carbone contribue à la régulation du climat et à l’atténuation des
effets néfastes du CC.
- Services culturels : Ce sont les bénéfices immatériels issus des écosystèmes
Communauté nationale : La qualité du paysage, les cultures et les traditions permettent d’établir des bonnes
relations sociales, et constituent des opportunités d’extérioriser les valeurs récréatives, culturelles et spirituelles
contribuant aux loisirs, à la réduction des dépenses de santé liées aux activités physiques.
- Services de soutien : ce sont les services nécessaires à l’octroi de tous les autres services fournis par les
écosystèmes
Communauté nationale et globale : Ce sont les services permettant la conservation des espèces, habitats et
écosystèmes qui contribuent au maintien des autres services tels que la conservation de la biodiversité (connue
et inconnue) et des habitats.
5.2. Méthodes d’évaluation des biens
et services de l’écosystème chêne liège
En terme économique, la valeur économique d’une unité d’un bien se mesure par la disposition à payer des
individus (la société en général) pour cette unité, même s’ils n’en font aucun usage. Alors que les biens marchands
sont évalués selon le prix de marché, plusieurs méthodes ont été développées pour l’évaluation des services non
marchands.
46
Les valeurs de production de liège, de récolte et de collecte bois, de collecte de champignons et d’escargots, et de
récolte des brindilles de myrte ont été évaluées selon le prix de marché (adjudications publiques), la valeur du miel
est estimée selon le prix de marché (région de Ain Draham), les valeurs des productions fourragère et de glands
de chêne liège sont estimées à partir du prix des produits de substitution (foin) à 0,2 DT l’unité fourragère (UF). La
valeur de la chasse est estimée à partir de la valeur des licences et taxe d’abattage.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
La conservation des bassins versants a été estimée à travers son effet sur la réduction de la sédimentation des
barrages. En se référant au taux de sédimentation annuel observé dans les barrages de la région de Jendouba (8
m3/ha/an ; DGBTH, 2005), un différentiel de taux de sédimentation de 10,7 m3/ha et par an entre un couvert
non forestier et forestier est obtenu, il est attribué aux services rendus à la forêt de chêne liège. Il en découle que
la forêt aurait contribué à réduire la sédimentation de 967.526 m3 par an, ce qui correspond à une perte évitée de
disponibilité en eaux pour l’irrigation actuelle et future (durant les années de sècheresse sur une période de 40
ans). La valeur de l’eau est estimée à son coût d’opportunité, soit 0,2 DT m3 (MARH, 2005). La valeur du carbone
est estimée sur la base du prix international de 4 $ par tonne de CO2 (Banque mondiale). Les accroissements en
biomasse de la forêt de chêne liège et du maquis observés dans la région de Ain Snoussi (Sebai, 2009) ont été
utilisés pour estimer la quantité de carbone fixée.
La valeur récréative est estimée par la méthode de transfert des bénéfices. La valeur par visite obtenue pour le
parc Ichkeul (4,5 DT par visite en 1994) a été utilisée et actualisée. La valeur des bénéfices liés à la conservation
de la biodiversité est supposée au moins égale au coût des mesures préventives et au manque à gagner pour sa
conservation. La forêt de chêne liège (2900 ha) du parc El-Feija n’est pas exploitée, ce qui induit un manque à
gagner en termes de production annuelle de liège, fourrages, glands, bois, champignons, chasse, escargots et
myrte.
5.3. Estimation de la valeur économique
de l’écosystème chêne liège en 2005
La valeur totale des bénéfices liés aux services d’approvisionnement est estimée à 18,159 millions DT en 2005, soit
200,8 DT/ha en moyenne sur la base d’une superficie de 90423 ha de forêt de chêne liège et une densité moyenne
de 345 arbres par ha (DGF, IFN, 2005). Le fourrage (84,7 DT/ha) est le principal bénéfice suivi par le liège (67,4
DT/ha). Le bois de feu, les glands et les autres PFNL représentent le reste des bénéfices. En ce qui concerne la
distribution des bénéfices privés, l’Etat bénéficie de 40,3% alors que la population locale profite du reste, 59,7%.
La valeur de conservation des bassins versants a été estimée à 1,764 million DT, sur la base des observations
effectuées des années sèches durant la période 1980-2005 et d’un taux d’actualisation de 2%. La valeur relative
à la fixation de carbone a été estimée à 3,915 millions DT, après avoir évalué la quantité de carbone à 205323t
(Sebai). La valeur liée à la conservation des sols contre l’érosion n’a pas pu être estimée. La valeur liée aux servies
culturels est estimée à 18800 DT en se référant au nombre de visites au parc El Feija (3000 visites par an; CRDA
Jendouba) pour des activités récréatives. Le.
Figure 1 : Répartition des bénéfices estimés de l’écosystème chêne
La valeur des bénéfices liés à la conservation
liège en 2005
de la biodiversité est estimée quant à lui à
Biens et services
443500 DT par an.
Il en découle que la valeur des bénéfices
de la forêt de chêne liège est estimée à
24,439 millions DT, composée de services
d’approvisionnement (74,3%), de services
de régulation (23,3%), de services culturels
(0,1%) et de services de soutien (2,4%) (cf.
Figure 1). Les bénéficiaires sont la population
locale (44,4%), l’Etat (29,9%) et à la société
tunisienne et la communauté internationale
en général (25,7%).
Conservation 2,4%
Récréation 0,1%
Réduction
de la sédimentation 7,2%
Séquestration
du carbone 16,0%
Chasse 1,1%
Autres PFNL 7,0%
Bois 9,9%
GIZ-BROCHURE+CCC.indd 47
Liège 24,9%
Fourrages 31,3%
47
23/05/14 12:21
Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
5.4. Evaluation de la perte en valeur économique
des différents biens et services de l’écosystème
sous l’effet du CC en 2020 et 2050.
Selon l’analyse de la vulnérabilité de l’écosystème chêne liège au CC, les pertes sont exprimées en termes de
superficie en 2020 et 2050 selon les deux scénarios B2 et A2. Il n’y aurait pas de pertes prévues selon les deux
scénarios en 2020, par contre, les pertes par dépérissement seraient de 1196 ha selon le scénario B2, et de 18369
ha selon le scénario A2 en 2050.
5.5. Méthodes d’évaluation des pertes des biens
et services sous l’effet du CC
Deux méthodes sont utilisées pour l’évaluation des coûts de dégradation des forêts de chêne liège :
- La méthode des coûts de dommages (1) : pertes de production de liège, de bois et de glands, sédimentation
des réservoirs, émissions de carbone. Ces pertes sont considérées pour l’année en cours ainsi que dans le futur
(période de 40 ans), et sont actualisées à un taux de 2%. Elles sont distribuées selon les acteurs : Gouvernement,
population locale et communauté nationale et internationale.
- La méthode des coûts de remplacement (2). Les coûts de restauration constituent une base d’évaluation des
dommages réalisés. En se basant sur les coûts de plantation et autres activités liées à la conduite de peuplement
de chêne liège (clôture, regarnis, gardiennage, binage, entretien, éclaircie, élagage, création et entretien de
parefeux), le coût de restauration par ha serait de 4011 DT en 2005, en utilisant un taux d’actualisation de 2%
pour un cycle de production de 138 ans.
Cette étude a retenu un taux d’actualisation de 2%. L’application d’un tel taux d’actualisation faible tient compte de
la croissance relative de la valeur des services environnementaux. En effet, la valeur des biens de l’environnement
peut s’accroître plus rapidement que le revenu car les préférences de la société pour l’environnement augmentent
avec l’amélioration du niveau de vie et que certaines ressources sont épuisables (eau, espèces, écosystèmes).
5.6. Evaluation de la perte en valeur économique
En terme économique, les pertes sont concentrées en 2050 (cf. Figure III-1). La valeur actualisée (2005) des pertes
serait de 2, 475 millions DT selon le scénario B2, alors qu’elle serait de 38, 021 millions DT selon le scénario A2.
Elle correspond à une réduction de la valeur de la production cumulée 2010-2050 de 0, 4% selon le scénario B2
et de 5, 6% selon le scénario A2. Les coûts de remplacement, estimés aussi sur la base d’un taux d’actualisation
de 2%, sont légèrement moins élevés : soit 1,
40
968 millions DT pour le scénario B2 et 30, 222
millions DT pour le scénario A2. On peut ainsi
20
déduire une marge d’incertitude assez forte
sur les effets du CC, et que la perte significative
0
risque de se manifester dans un horizon un
2005
2020
2050
peu lointain, en 2050.
-20
Figure 2 : Valeur des pertes dues au CC selon les
-40
scénarios A2 et B2 comparées aux bénéfices des
biens et services sans effet CC
-60
(prix réels - millions DT)
-80
48
GIZ-BROCHURE+CCC.indd 48
-100
Pertes dues au CC (scénario B2)
Pertes dues au CC (scénario A2)
Bénéfices annuels sans CC
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Ces pertes sont composées principalement des valeurs du liège (42, 9%), des émissions de carbone (23, 9%), du bois
(14, 8%) et des ressources en eau (10, 8%) (cf. Figure 3). Ainsi, environ un tiers de la valeur de ces pertes est attribué
au coût des services environnementaux. Par ailleurs, les pertes sont subies en premier lieu par l’Etat, propriétaire
des forêts, à hauteur de 57, 7%, la population locale avec une proportion de 7, 5%, la société tunisienne en général
(10, 8%) et la communauté internationale (23, 9%).
Figure 3 : Importance relative des biens et
services de l’écosystème chêne liège qui
Emissions de carbone 23,9%
Liège 42,9%
risquent d’être perdus sous l’effet du CC
en 2020 et en 2050
Part (%)
Ces coûts attendus des effets du CC
devraient être comparés avec des scénarios
d’adaptation dans le cadre dans une analyse
coût- avantages. Les effets de distribution
devraient être également pris en compte.
Sédimentation 10,8%
Glands 7,5%
Bois 14,8%
5.7. Conclusion
Cette étude a contribué à montrer les risques des dommages dus au CC pour l’écosystème chêne liège. En
plus de son apport pédagogique et de sensibilisation, cette étude pourra être utilisée en tant qu’instrument de
négociation budgétaire pour l’administration forestière auprès des décideurs politiques.
La faible superficie risquant d’être perdue en 2020 selon les deux scénarios du CC d’une part, et la grande marge
d’incertitude sur les pertes en 2050 d’autre part, conduit à privilégier des solutions d’adaptation de non regret qui
seraient peu couteuses mais pourront avoir des impacts positifs à long terme. La principale mesure d’adaptation
proposée (Système Dehesa avec un taux de recouvrement de 25%, amélioration pastorale sur une période de 40
ans) s’avère rentable à un taux d’actualisation inférieur ou égal à 7%. Toutefois, si cette intervention serait conduite
immédiatement, elle entraînerait un gain pour la population locale (Bénéfice net actualisé sur 40 ans : 2603 DT/ha,
taux d’actualisation: 7%), mais des pertes pour le gouvernement (-2095 DT/ha) et la communauté globale (-485
DT/ha). Globalement, la période d’intervention n’a pas d’effet significatif sur la rentabilité économique. En effet,
la faible superficie risquant d’être perdue à moyen terme selon les deux scénarios d’une part, et la concentration
des pertes en 2050 selon le scénario A2 d’autre part, permet de planifier cette intervention pour les peuplements
faisant l’objet de dépérissement ou les plus vulnérables en fonction des besoins en ressources fourragères.
Cette évaluation a utilisé les travaux scientifiques les plus récents. Toutefois, les estimations effectuées ainsi que les
hypothèses de travail méritent d’être vérifiées surtout en ce qui concerne les effets du CC sur l’écosystème en termes
physiques et biologiques, ainsi que de leurs conséquences en termes de pertes de services d’approvisionnement
et de régulation et de biodiversité. Afin d’avoir une évaluation précise de l’importance économique des services
environnementaux, des quantifications devraient être faites sur l’impact de la subéraie sur les ressources en eau,
la réduction de l’érosion des terres, la sédimentation des réservoirs, la quantité de carbone fixé annuellement.
Aussi, cette étude n’a pas pris en compte la valeur intrinsèque ou patrimoniale et la valeur liée au maintien sur
place de la population locale. En effet, le coût social de la migration peut être assez élevé se traduisant souvent
par l’augmentation du chômage dans les cités urbaines. Ceci peut se faire dans le cadre d’un programme de
recherche à long terme par les institutions de recherche à l’échelle nationale et en région méditerranéenne.
49
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Analyse de la pertinence
des stratégies,
programmes, projets et
pratiques d’aménagement
et de gestion actuelle en
rapport avec les risques
liés au CC
D
ans ce cadre il faut mentionner qu’aucune stratégie, programme ou projet n’était orienté directement ou
indirectement vers l’adaptation des écosystèmes forestiers au changement climatique ou l’atténuation
de son effet. Seule l’étude stratégique sur le changement climatique et ses effets sur l’agriculture
tunisienne, l’eau et les écosystèmes a traité cette question dans une phase de diagnostic et de recommandations
générales stratégiques. Les points clef retenus de cette stratégie peuvent être résumés comme suit :
• Dimension institutionnelle : réhabiliter la capacité de résilience des écosystèmes en renforçant les programmes
•
•
forestiers et en tenant compte des parcours naturels.
Lien avec l’économie de l’aménagement du territoire : placer en plus de la valeur directe des produits des forêts
et des autres écosystèmes, une valeur économique sur les fonctions climatiques régulatrices des écosystèmes
(conservation de l’eau, recharge des aquifères, protection des sols, atténuation des impacts en cas de fortes
pluies et d’inondation, protection des barrages contre l’envasement…).
Lien avec l’agriculture et la société : encourager les agriculteurs à préserver et entretenir les services fournis
par les écosystèmes. Définir à l’échelle nationale les services requis dans le cadre de la politique agricole.
Aucune stratégie ou action d’envergure n’a été prise jusqu’à maintenant pour répondre à ces orientations. Du
point de vue technique on continue de traiter les écosystèmes forestiers avec les mêmes méthodes classiques
avec souvent des variantes qui tentent de faire participer les populations forestières dans les prises des décisions
sans aucun appui juridique nouveau. Les institutions spécialisées dans la gestion forestière manquent de plus
en plus de moyens humains, matériels et financiers. Les programmes forestiers planifiés ne sont réalisés le plus
souvent que partiellement. Une stratégie de développement durable de la subéraie a été préparée, bien qu’elle
avait négligé le problème d’adaptation au changement climatique, elle a proposé des orientations stratégiques
et des actions pour la réhabiliter, la réaménager et améliorer les conditions de vie des populations forestières.
51
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
6.1. Analyse des pratiques de sylviculture
et d’aménagement de la subéraie
A ce stade, ni les divisions en unités d’aménagement, ni les classements de ces unités selon leurs fonctions
principales, ne tiennent compte de l’effet du changement climatique sur ces forêts. Les retards accumulés dans
les révisions des anciens aménagements ont limité l’action des forestiers sur les peuplements même pour les
interventions courantes à effet sanitaire ou d’amélioration des peuplements.
Les méthodes d’aménagement n’ont pas donné satisfaction en considérant leurs résultats sur le maintien de la
subéraie, son rajeunissement et l’amélioration de sa productivité. Il serait essentiel dans l’avenir de revoir ces
techniques d’aménagement et d’y intégrer le forçage climatique comme un facteur principal lors du choix de
la fonction principale de la forêt afin d’y adapter les interventions nécessaires pour s’y adapter ou atténuer ses
effets.
La sylviculture appliquée au sein de la subéraie n’a pu qu’assainir les peuplements forestiers sans pour autant
réussir à les rajeunir. La perte de temps accumulée depuis les années soixante sur cette action de rajeunissement
nous offre actuellement des subéraies à capital réduit et composées par une majorité de peuplements vieillis très
sensibles et peu productifs et donc très vulnérables.
Les régénérations n’étaient obtenues que par voie asexuée lors des recépages forcés des arbres brûlés n’ayant
pas dépassé leur capacité vitale d’émettre des rejets. Les peuplements vieux, ayant perdu cette capacité de
rejeter, sont transformés souvent en maquis arborés ou non arborés dont certains avaient été substitués par des
plantations résineuses ou d’Eucalyptus.
Le forçage climatique actuel impose aux peuplements des conditions climatiques souvent plus difficiles qui ne
faciliteraient ni les conditions de maintien, ni de rajeunissement ni d’amélioration de leurs productivités.
Les difficultés de réintroduction par plantation ou semis du chêne liège, sa faible croissance juvénile et la faible
valeur monétaire du liège pendant la période des premiers aménagements avaient orienté la sylviculture de la
période 1960-1990 vers la transformation par substitution en partie de la subéraie par l’introduction d’exotiques
à croissance rapide et à installation relativement facile. Ces substitutions avaient permis de maintenir une
occupation forestière correcte dans les subéraies dégradées et évité une dégradation possible des sols ou même
leurs pertes par l’effet de l’érosion. La reconstitution des subéraies dégradées par des résineux à croissance rapide
a contribué à séquestrer plus de carbone que dans les formations de dégradation issues de la subéraie mais a
potentiellement augmenté les risques de propagation des feux et leurs fréquences.
Actuellement toutes les subéraies sont destinées principalement à produire du liège de reproduction et par
conséquent sont traitées par les mêmes techniques sans aucune adaptation propre en relation avec leurs
conditions biophysiques ou bioclimatiques. Aucune fonction adaptée n’est relevée dans les consignes des
aménagements passés et actuels de la subéraie.
La durée de renouvellement des peuplements doit théoriquement coïncider avec la limite de vitalité des arbres
en compatibilité avec la production de liège de reproduction de bonne qualité. Cette limite aussi ne doit pas
dépasser la capacité des arbres de se reproduire si on compte sur la régénération naturelle des peuplements. A
la première limite on conçoit actuellement que l’arbre ne doit pas être déliégé plus que sept fois. Dans le choix
de cette durée de renouvellement ou en d’autres termes de l’exploitabilité on remarque que toute la subéraie est
traitée de la même manière sans aucune particularité tenant compte des fertilités des stations. Le climat actuel ou
futur n’avait jamais constitué une base d’analyse intégrée dans la fixation du terme d’exploitabilité des subéraies
52
qui pourrait changer selon les fertilités des stations et selon leurs vulnérabilités au facteur climatique.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
La méthode de régénération naturelle par des coupes progressives a été adoptée pour renouveler la subéraie
tunisienne. A cause de l’échec constaté de la régénération naturelle de la subéraie, le réchauffement climatique
actuel et futur rend les conditions naturelles d’installation du semis plus aléatoires. Des techniques plus adaptées
devraient être recherchées pour faciliter le rajeunissement naturel partiel de la subéraie.
L’échec des régénérations naturelles qu’on attribuait surtout à des causes anthtropozoogènes mais aussi à
d’autres aléas et prédations incontrôlables sur la période de 24 ans réservée à la régénération a poussé les services
forestiers à s’orienter vers les régénérations artificielles par semis ou par plantation.
Le recours actuel aux plantations artificielles pour régénérer les subéraies doit être orienté actuellement vers une
sélection plus poussée des peuplements producteurs de glands afin de constituer ainsi des vergers à graines par
région forestière et traiter ces vergers pour qu’ils puissent produire le maximum de glands.
Le rajeunissement de 2000 ha par an au moins de subéraies productives, la réhabilitation des subéraies dégradées
et la transformation progressive des subéraies substituées vont constituer dans l’avenir l’ossature du programme
de rénovation de la subéraie Tunisienne. Avec le forçage climatique actuel et prévisible il serait peu probable
que des réussites majeures soient obtenues dans cette action sans aucune innovation et sans aucune adaptation
technique aux conditions de vulnérabilité climatique de la subéraie.
Entre la naissance de la subéraie et son renouvellement naturel ou artificiel des opérations sylvicoles permettant
d’améliorer la qualité des peuplements sont prévues. Il serait plus logique dans l’avenir d’adapter l’intensité
des éclaircies aux conditions de vulnérabilité au stress hydrique des subéraies et aux conditions de fertilité des
stations subéricoles et d’y adapter les prélèvements aux conditions de vulnérabilité ou de fertilité des stations.
Les techniques de la subériculture presque standardisées pour des peuplements différents doivent s’adapter aux
spécificités des peuplements et des conditions futures prévisibles des subéraies. Il serait intéressant d’édicter des
règles spécifiques par niveau de vulnérabilité de la subéraie au changement climatique.
6.2. Analyse de la stratégie actuelle de développement
de la subéraie
En rapport avec les éléments de diagnostic de la situation et conformément à une « approche de planification par
objectif », le « Programme de développement durable de la subéraie » (DGF et FAO, 207) est sérié en trois 3 sous
programmes et une composante transversale.
Sous programme 1
>
Développement intégré et gestion des subéraies à fort potentiel
Sous programme 2
>
Réhabilitation et développement sylvicole et pastoral des zones à subéraies
dégradées
Sous programme 3
>
Aménagement Sylvo-pastoral et développement de l’élevage dans les zones
marginales de la subéraie
Composante transversale
>
Appui institutionnel pour le développement des capacités nationales
Dans cette stratégie, le problème des changements climatiques et leurs effets sur la subéraie tunisienne n’étaient
pas abordés directement dans les quatre sous programmes. Il est par contre vrai que certains objectifs et résultats
prévus pourraient contribuer à atténuer les effets des changements ou sont considérés comme pouvant adapter
la subéraie à leurs effets :
L’objectif « Contribution au développement de la Tunisie à travers le développement et la gestion durable de ses
subéraies » doit conduire vers une adaptation générale prônant la gestion durable de la subéraie qui normalement
est l’équivalent d’un processus qui doit respecter l’ensemble des critères suivants :
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53
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
1.Conservation de la diversité biologique de la subéraie
2. Maintien et amélioration de l’état et de la productivité de l’écosystème subéraie
3.Conservation des sols et de l’eau dans la subéraie
4. Maintien de l’apport de l’écosystème subéraie aux grands cycles biologiques
5. Maintien des avantages socio-économiques multiples que la subéraie procure à la société
6. Prise en compte des valeurs et des besoins exprimés par les populations concernées dans les choix de
développement
La stratégie de développement durable de la subéraie telle qu’elle est présentée répond en partie aux critères 2,
4, 5 et 6 : La réhabilitation de la subéraie, l’amélioration de son état et de sa productivité ainsi que le maintien de
l’apport de la subéraie aux cycles biologiques sont indirectement des mesures qui pourraient atténuer les effets
des changements climatiques. La prise en compte des besoins des populations et le maintien des avantages
économiques multiples sont aussi considérées comme des adaptations aux facteurs d’adversités pour accroître sa
résistance au forçage du climat et diminuer sa vulnérabilité.
Les objectifs intermédiaires de la stratégie sont les suivants:
1.Rajeunissement de la subéraie pour son développement durable
2. Recolonisation progressive des superficies enrésinées dans la subéraie
3. Protection et valorisation de la biodiversité de l’écosystème de la subéraie
4. Protection et valorisation de la biodiversité de l’écosystème de la subéraie et des parcours pastoraux
5. Amélioration de la situation socioéconomique des populations locales
Le rajeunissement, la recolonisation, la protection et la valorisation de la biodiversité à l’intérieur de la subéraie
sont aussi des mesures d’atténuation et d’adaptation de la subéraie au changement climatique. Les subéraies
rajeunies et bien protégées sont plus adaptées aux adversités de toutes sortes que les subéraies vieilles et mal
protégées.
Dans les résultats escomptés on retrouve les prévisions suivantes :
1. Prévention efficace contre les incendies et autres facteurs de dépérissement de la forêt assurée au niveau de
la subéraie
2.Capacité technique et opérationnelle d’intervention rapide améliorée pour lutter contre les incendies de
forêts et les autres facteurs de dépérissement de la subéraie
3. Environ 22 500 hectares de subéraie dégradée (de couvert compris entre 10 et 50 %) réhabilités en 15 ans par
le reboisement à travers la plantation de chêne liège de faible densité
4. Exploitation de la subéraie diversifiée et quantitativement améliorée (au moins, doublement des quantités
produites de liège et de PFNL
5. Capacité technique et opérationnelle d’intervention rapide améliorée pour lutter contre les incendies de
forêts et les autres facteurs de dépérissement de la subéraie
6. Micro entreprises locales et activités génératrices de revenus encouragées à travers des mécanismes de
financement et d’appui appropriés
7.Un « Centre technique du liège et des produits de la subéraie » institué et fonctionnel, en complémentarité
avec les autres structures de recherches/Développement)
8. Recherches sur la subéraie développées et résultats de recherches vulgarisés.
54
Sur la base de ces différents résultats escomptés on pourrait avancer que la subéraie serait plus adaptée au
changement climatique et pourrait atténuer leurs effets. Il serait plus intéressant d’ajouter à ces quatre
composantes du programme une cinquième composante transversale ayant pour objectif principal « l’adaptation
de la subéraie au changement climatique » par des actions directes à travers des techniques adaptées aux
différents niveaux de vulnérabilité de la subéraie.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
6.3. Analyse de la capacité institutionnelle
de l’administration forestière
Les capacités institutionnelles de l’administration forestière qui s’occupe de la subéraie sont actuellement très
limitées du point de vue capacité de gestion adaptée aux problèmes spécifiques de la subéraie dont ceux relatifs
à l’adaptation au changement climatique.
La recherche forestière travaille actuellement sur des problèmes relatifs au changement climatique mais sur des
programmes très limités et éparpillés.
La formation forestière, bien qu’elle commence à s’occuper au niveau de la recherche, de ces problèmes relatifs au
changement climatique et ses relations avec les écosystèmes forestiers, n’a pas encore développé dans ses cursus
des programmes orientés vers ce sujet.
55
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Orientations stratégiques
et mesures d’adaptation
pour augmenter la
résilience de l’écosystème
face au CC
7.1. Propositions d’orientations stratégiques en vue d’améliorer
l’élaboration des stratégies, des programmes et projets
d’aménagement et de gestion des écosystèmes
La stratégie nationale de développement durable de la subéraie n’a pas étudié la question des effets du
changement climatique mais a proposé dans ses programmes des activités pour diminuer les risques des feux des
forêts, de récolte de biomasse et de taille de branches de chêne et des activités destinés à améliorer l’entretien
et le rajeunissement de la subéraie. La normalisation des activités et le respect d’un code de bonnes pratiques
sylvicoles dans la subéraie doit assurer la durabilité du système.
Ces activités ont été appuyées par l’amélioration des autres produits de la subéraie : les parcours forestiers et les
PFNL. Des améliorations des capacités de l’administration, de la recherche forestière et des populations locales
sont aussi prévues pour une meilleure durabilité du système subéricole tunisien.
Nous pensons que cette stratégie, bien appliquée, pourrait réhabiliter les fonctions de la subéraie tunisienne si on
tient compte aussi de sa vulnérabilité due au changement climatique. Une composante transversale ayant pour
objectif l’adaptation de la subéraie au changement climatique doit accompagner cette stratégie.
7.2. Proposition de mesures d’adaptation concrètes pour
augmenter la résilience de l’écosystème face au CC.
Pour traiter les mesures probables d’adaptation on a préféré travailler sur le scénario A2 de 2050 soit le scénario
le plus pessimiste.
Ce scénario prévoit que 41000 ha de subéraie seraient classées très vulnérables au changement climatique sur la
base du déficit hydrique au niveau du sol. La moitié de cette superficie (18000 ha) risque un dépérissement total
suite à des périodes longues de sécheresse sur 4 ou 5 années sur les stations les plus vieilles et dans des conditions
anthropiques et biophysiques très défavorables.
Si on considère les risques sur les 41000 ha il est possible de distinguer trois catégories principales de subéraie sur
la base de l’écologie de cet écosystème :
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Forêts très vulnérables au changement climatique et orientations de leurs aménagements en 2050 selon le scénario A2
Série ou forêts
Superficies
en ha
Classe de
subéraie Selon
la présence du
chêne Zeen
Productivité
de liège
en Q/ha/an
Production
moyenne
annuelle de
liège en Q
Feija II
680
1
0.3
475
Feija I
680
2
0.3
355
Feija IV
1671
3
0.7
310
Feija VI
695
4
0.1
730
Hamdia
1315
4
0.7
1869
Mekna I
1552
4
0.9
1675
Feija V
952
5
0.7
568
Feija III
1148
5
1.1
2102
Feija VIII
1016
6
0.6
603
Mekna II
833
7
0.6
1100
Tegma I
724
7
0.3
248
Bizerte
4992
8
0.8
1133
10189
9
0.9
5283
Tabarka I
1957
10
0.2
95
Tabarka II
4743
10
0.6
1224
Tabarka III
4705
10
0.3
1034
Tabarka IV
3809
10
0.2
636
Béja
Total
41661 Ha
Orientations d’adaptation
Possibilités de migration
assistée de la subéraie
vers la Zeenaie et
transformation en Déhésa
sur 3031 Ha.
Possibilités de maintenir
une subéraie claire jusqu’à
25 % de couvert et de
s’orienter vers un système
type: « Déhesa »
ou « Montado »
sur 24387 Ha
Evolution vers une pinède
mixte de pin maritime à
chêne liège où le chêne
liège joue surtout un rôle de
protection et d’amélioration
des stations (Taillis sous
futaie de pin et de chêne
liège) sur 15214 ha
19440 Q
58
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Carte des conduites adaptatives proposées pour les séries forestières à chêne liège à l'horizon 2050
- Scénario A2
Pour le reste des subéraies on peut continuer à appliquer les mêmes règles de sylviculture et d’aménagement tout
en veillant à appliquer les règles de bonnes pratiques sylvicoles et subéricoles selon des systèmes standardisés et
adaptés puisque la stratégie vise à certifier toutes les pratiques dans la subéraie. Les aménagements sur 100000
ha de subéraies devraient tenir compte des possibilités de diminution de la croissance des arbres et réviser ainsi
les rotations des coupes et des déliégeages. Ces aménagements permettraient de reprendre les interventions
sylvicoles dans la subéraie avec une cadence normale et surtout permettre rapidement leurs rajeunissements
pour assurer la durabilité de l’écosystème et améliorer la régularité de sa production.
Adaptation au changement climatique des techniques d’aménagement et de sylviculture de la subéraie très vulnérable au
déficit hydrique.
Degré de vulnérabilité
Type d’aménagement
Traitement sylvicole
subériculture
Subéraies très vulnérables
avec zeenaie dominante
limitrophe.
Déhésa irrégulière avec
exploitabilité physique des
arbres. Fonction pastorale,
cynégétique ou récréative.
Possibilité de migration
assistée de la subéraie dans
la zeenaie.
Peuplements irréguliers
clairs avec régénération
artificielle.
Plantation d’arbres par
bouquets avec protection
individuelle.
Débroussaillement régulier
et tailles très fortes des
arbres.
Activité secondaire.
Déliégeage plus précoce
avec coefficient faible
de démasclage (1.5-2) et
rotation adaptée.
Futaie jardinée de pin et
taillis simple de chêne-liège.
Débroussaillage régulier et
dépressage du taillis.
Activité secondaire.
Déliégeage plus précoce
avec coefficient faible
de démasclage (1.5-2) et
rotation adaptée.
Subéraies très vulnérables
Taillis sous futaie de chêne
mélangées à du pin maritime liège à pin maritime.
naturel
Fonction principale :
production ligneuse de pin.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Subéraies très vulnérables
sans zeenaie ni pinède
naturelle
Déhésa irrégulière avec
exploitabilité physique.
Fonction pastorale,
cynégétique ou récréative.
Peuplements irréguliers
clairs.
Régénération artificielle
d’arbres par bouquets avec
protection individuelle.
Débroussaillement régulier
et tailles plus fortes des
arbres
Activité secondaire.
Déliégeage plus précoce
avec coefficient faible
de démasclage (1.5-2) et
rotation adaptée.
Subéraies très vulnérables
substituées par des pins ou
des Eucalyptus
Déhésa irrégulière avec
exploitabilité physique
.Fonction pastorale,
cynégétique ou récréative
après coupes des plantations
actuelles et enrichissement
par du Chêne-liège en
bouquets très clairs sans
perturbation des sols
Transformation en futaie
irrégulière par bouquets
clairs de chêne-liège
réintroduit.
Activité secondaire après
une période d’une trentaine
d’année nécessaire pour la
mise en valeur de la nouvelle
subéraie.
Subéraies très vulnérables
dégradées en maquis et en
maquis arborés
Déhésa irrégulière avec
exploitabilité physique.
Fonction pastorale,
cynégétique ou récréative
après enrichissement
par du Chêne-liège en
bouquets très clairs et sans
perturbation des sols.
Enrichissement en bouquets
clairs des maquis arborés
et maquis par du chêneliège avec d’autres feuillues
adaptées.
Activité secondaire après
une période d’une trentaine
d’année nécessaire pour
la mise en valeur de la
nouvelle subéraie et après
reconstitution.
Adaptation au changement climatique des techniques d’aménagement et de sylviculture à la subéraie moyennement
vulnérable au déficit hydrique.
Degré de vulnérabilité et
catégorie de subéraie
Méthode d’aménagement
Traitement sylvicole
Subériculture
Subéraie avec zeenaie
dominante limitrophe
En conditions biophysiques
défavorables subéraie
traitée en futaie irrégulière
et exploitabilité physique
à fonction principale
pastorale, récréative ou
cynégétique. En conditions
normales futaie régulière à
fonction de production de
liège à affectation ou groupe
strict de régénération.
Futaie irrégulière claire en
conditions biophysiques
difficiles. En conditions
moins difficiles, futaie
régulière claire avec éclaircie
forte et débroussaillement
et élagage régulier.
Régénération progressive
en groupe de préparation et
artificielle par bouquet en
groupe de régénération avec
enrichissement avec des
nouvelles provenances
Activité secondaire en
conditions difficiles avec
jardinage obligatoire. En
conditions biophysiques
favorables subériculture
en coupons réglés avec
adoption de déliégeage
précoce et des coefficients
de démasclage entre 1.5 à
2. nouvelles rotations de
déliégeage.
Subéraie sans zeenaies
ni pinèdes naturelles en
mélange ou limitrophes
En conditions biophysiques
défavorables subéraie
traitée en futaie irrégulière
et exploitabilité physique
à fonction principale
pastorale, récréative ou
cynégétique.
En conditions normales
futaie régulière claire à
fonction de production
de liège. Régénération
artificielle par bouquet et
âge d’exploitabilité adaptée.
Futaie irrégulière claire en
conditions biophysiques
difficiles.
En conditions biophysiques
favorables, futaie régulière
claire avec éclaircie forte
et débroussaillement
et élagage réguliers.
Régénération progressive
en groupe de préparation et
artificielle par bouquet en
groupe de régénération avec
enrichissement avec des
nouvelles provenances.
Activité secondaire en
conditions difficiles avec
jardinage obligatoire.
En conditions biophysiques
favorables subériculture
en coupons réglés avec
adoption de déliégeage
précoce et des coefficients
de démasclage entre 1.5 à 2.
Adaptation à des nouvelles
rotations de déliégeage.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Subéraie substituée par
des plantations de pins ou
d’Eucalyptus
Transformation par
substitution des plantations
anciennes par des bouquets
clairs de chêne-liège en
conditions biophysiques
défavorables pour une
fonction principale
pastorale, récréative ou
cynégétique.
Transformations en futaies
régulière claires par
réintroduction de bouquets
de chêne-liège en conditions
favorables pour une fonction
de production de liège.
Futaie irrégulière claire en
conditions biophysiques
difficiles.
En conditions biophysiques
favorables, futaie régulière
claire avec éclaircie forte
et débroussaillement
et élagage réguliers.
Régénération progressive
en groupe de préparation et
artificielle par bouquet en
groupe de régénération avec
enrichissement avec des
nouvelles provenances.
Activité secondaire en
conditions difficiles avec
jardinage obligatoire après
30 ans.
Après 30 ans en conditions
biophysiques favorables
subériculture en coupons
réglés avec adoption de
déliégeage précoce et des
coefficients de démasclage
entre 1.5 à 2. Adaptation à
des nouvelles rotations de
déliégeage.
Subéraie dégradée en
maquis et maquis arboré
Transformation des
maquis par plantation de
bouquets clairs de chêneliège sans perturbation
des sols pour une fonction
principale pastorale,
récréative ou cynégétique
en conditions défavorables
ou de production de liège en
conditions favorables.
Futaie irrégulière claire en
conditions biophysiques
difficiles.
En conditions biophysiques
favorables, futaie régulière
claire avec éclaircie forte
et débroussaillement
et élagage réguliers.
Régénération progressive
en groupe de préparation et
artificielle par bouquet en
groupe de régénération avec
enrichissement avec des
nouvelles provenances.
Activité secondaire en
conditions difficiles avec
jardinage obligatoire après
30 ans.
Après 30 ans en conditions
biophysiques favorables
subériculture en coupons
réglés avec adoption de
déliégeage précoce et des
coefficients de démasclage
entre 1.5 à 2. Adaptation à
des nouvelles rotations de
déliégeage.
7.3. Proposition d’une composante transversale d’adaptation
au changement climatique dans la stratégie de développement
durable de la subéraie.
Objectif principal
Atténuer les coûts socio-économiques et environnementaux des perturbations aggravées par le changement
climatique et maintenir les valeurs sociales des systèmes écologiques et économiques actuels de la subéraie afin
de préserver les économies liées au liège et les moyens de subsistance des populations qui en dépendent.
Objectif intermédiaire 1 : Favoriser la diversité à tous les niveaux (gènes, espèces, communautés et paysages).
Objectif intermédiaire 2 : adapter les pratiques sylvicoles appropriées dans la subéraies.
Objectif intermédiaire 3 : L’adaptation par le renforcement de la résilience sociale des populations forestières
vivant dans la subéraie
Objectif intermédiaire 4 : Renforcement des capacités en matière d’adaptation
Objectif intermédiaire 5 : Développer un cadre institutionnel et politique favorisant l’appui de développement
durable et des options d’adaptation au CC de la subéraie par des mesures juridiques et réglementaire, des mesures
financières et économiques et des mesures d’encouragement de la participation du public.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
Conclusions
L
a présente étude a permis de synthétiser nos connaissances sur l’état actuel de la subéraie tunisienne dans
ses différentes unités d’aménagement (séries forestières) dans les subéraies du gouvernorat de Jendouba;
ces unités non cartographiées à l’échelle du gouvernorat de Béja et de Bizerte n’ont pas permis de traiter
leurs subéraies à l’échelle de l’unité d’aménagement.
Ces différentes unités d’aménagement ont été regroupées en 10 classes par rapport à la fraicheur de leurs sols
estimée par l’importance de l’ambiance de la zeenaie dans les subéraies les plus fraiches, l’isolement du chêneliège dans les ambiances les plus sèches ou son mélange avec du pin maritime dans une ambiance plus sèche
dominée par la dynamique des feux des forêts. Ces différentes classes permettent d’orienter les stratégies et
les actions relativement à ce facteur qui limite ou aggrave la vulnérabilité de la subéraie face au changement
climatique.
Ces différentes classes ont été décrites écologiquement et caractérisées par leurs structures en classe d’âge, leurs
compositions et leurs productivités.
Dans le but de caractériser leurs vulnérabilités vis-à-vis du changement climatique on a choisi d’exprimer
cette vulnérabilité par l’importance relative de la période à bilan hydrique nul dans le sol. Pour chaque unité
d’aménagement ce facteur a été estimé après avoir déterminé le type de sol et ses réserves hydriques utiles
en fonction de sa profondeur et de sa texture. Les consommations relatives potentielles ont été estimées
équivalentes au pouvoir évaporant de l’air estimé par l’évapotranspiration potentielle mensuelle et variant en
fonction de la température et la vitesse du vent. Le capital mensuel d’eau utile est la somme des pluies incidentes
sans le ruissellement et l’eau retenue par le sol. Les bilans mensuels négatifs successifs relativement à la demande
potentielle d’eau journalière nous a permis d’estimer la longueur de la période en jours de stress hydrique qui
exprime l’effet du climat sur la forêt. La vulnérabilité au stress hydrique a été seuillée en 4 classes : 3.5 mois
et moins (non vulnérable), entre 3.5 mois et 4.5 mois (peu vulnérable), entre 4.5 et 5.5 mois (moyennement
vulnérable) et supérieur à 5.5 mois (très vulnérable).
Dans le but d’apprécier cette vulnérabilité en fonction du changement climatique on a calculé cette durée de
stress pour chaque subéraie pendant l’année de référence 2000 avec les moyennes thermiques et pluviométriques
de la période 1960-1990 et on a projeté ces calculs aux années 2020 et 2050 selon les scénarios A2 et B2 du
HadCM3 relatif à la Tunisie. Ces projections nous ont permis de prévoir les conditions de stress hydriques des
subéraies aux horizons 2020 et 2050 afin de situer leurs vulnérabilités au changement climatique à ces horizons.
Ces projections montrent que des conditions écologiques sur certaines forêts permettraient entre 2018 et 2026
d’avoir des dépérissements partiels pouvant faire disparaitre 20% de l’effectif des arbres (équivalent de 1800 ha) et
entre 2046 et 2050 des conditions écologiques sur certaines subéraies pouvant occasionner des dépérissements
totaux généralisés pouvant emporter des peuplements entiers sur des superficies importantes qui pourraient être
limitées seulement aux subéraies dans des conditions biophysiques défavorables ou très vieilles (sur au moins
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
18 000 ha). Afin de mieux affiner ces conditions de vulnérabilité au niveau de l’unité d’aménagement les études
de réaménagement de la subéraie devraient préciser cette vulnérabilité au niveau de la station ou de la parcelle.
L’application de la stratégie de développement durable de la subéraie tunisienne n’est pas encore mise en
application et aucune action n’est actuellement programmée. Il serait d’un grand intérêt de tenir compte de
nos résultats pour asseoir les adaptations nécessaires afin d’en tenir compte du changement climatique. L’étude
projetée dans ces sens par la DGF devrait préciser ces adaptations nécessaires avec plus de détails au niveau
de la parcelle vu l’ampleur du projet. L’ajout dans la stratégie d’une composante transversale d’adaptation au
changement climatique est une nécessité au vu des dégâts probables que pourrait subir cet écosystème particulier
sous le forçage du climat futur et vu la valeur économique totale de cette subéraie.
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Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique
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Étude réalisée dans le cadre du projet ‘‘Appui à la mise en œuvre de la convention cadre des Nations Unies sur le changement
climatique en Tunisie’’ exécuté par la GIZ en partenariat avec le Ministère de l’Environnement.
Plusieurs partenaires ont été impliqué dans la réalisation de cette étude ; à savoir :
Au niveau National
- La Direction Générale des Forêts
- L’Institut de Recherche en Génie Rural, Eau et Forêts
- La Direction Générale de l’Environnement et de la Qualité de la Vie
Au niveau Régional :
- L’arrondissement des Forêts de Jendouba
- L’arrondissement des Forêts de Ain Draham
- L’arrondissement des Forêts de Béja
- L’arrondissement des Forêts de Bizerte
- L’Office de Développement Sylvo-pastoral du Nord Ouest
- L’Institut Sylvo-Pastoral de Tabarka
- Le WWF
- L’ONG APEL
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Étude de la Vulnérabilité
de l'écosystème Alfatier face
au changement climatique
dans le gouvernorat de
Kasserine
avec l’appui de la
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Ministère de l’Agriculture
et de l’environnement
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
Sommaire
1. CONTEXTE DE L’ETUDE
73
2. METHODOLOGIE
74
3. RESULTATS DE L’ANALYSE DE L’ETAT ACTUEL DE L’ECOSYSTEME ALFATIER
3.1. Facteurs liés è la gestion des nappes alfatières
3.2. Facteurs biotiques
3.2.1. Caractères botaniques et syntaxonomiques de l’alfa
3.2.2.Etages bioclimatiques
3.3. Facteurs physiques influençant l’état des nappes alfatières dans le gouvernorat de kasserine
3.3.1. Hydromorphie
3.3.2. Salure du substrat
3.3.3. Profondeur du sol
3.3.4. Texture du sol
3.3.5. Réserve utile du sol
3.3.6. Pente du terrain
3.3.7. Altitude
3.4. Facteurs anthropiques et socioéconomiques
3.4.1. Densité des agglomérations
3.4.2. Population humaine projetée aux horizons 2020 et 2050
3.4.3. Possibilités pastorales annuelles
3.4.4. Besoins annuels du cheptel et bilan fourrager
3.4.5. Evolution des superficies de l’alfa à l’échelle nationale
3.4.6. Evolution des superficies de l’alfa dans les gouvernorats alfatiers
3.4.7. Répartition spatiale des nappes alfatières par CRA du gouvernorat de Kasserine (INFP 2005)
3.4.8. Récoltes d’alfa et incidences sur la SNCPA et sur l’emploi
75
75
75
75
77
78
78
78
78
78
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79
80
80
80
81
82
82
83
83
83
85
4. VULNERABILITES DES NAPPES ALFATIERES ET PROJECTIONS AUX HORIZONS 2020 ET 2050
87
4.1.Vulnérabilités factorielles moyennes des nappes alfatières des cras du gouvernorat de kasserine
87
4.2.Vulnérabilité factorielle moyenne synthètique des nappes alfatières dans le gouvernorat de kasserine
88
4.3. Projection des précipitations moyennes annuelles (p) et des températures moyennes annuelles (t) et calcul
des rapports p/t correspondants aux horizons 2020 et 2050 selon le modèle hadcm3/scénarios a2 et b2
89
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
5. PROJECTION CLIMATIQUE AUX HORIZONS 2020 ET 2050 SELON LE MODELE HadCM3 ET INCIDENCES SUR LA STRUCTURE DES NAPPES ALFATIERES ET LES PERTES EN PRODUCTIONS PASTORALES ET EN BIOMASSES FOLIAIRES 5.1. Devenir des nappes alfatières aux horizons 2020 et 2050 et projection des pertes en possibilités pastorales et en biomasses foliaires selon le modele hadcm3/scenarios a2 et b2
5.1.1. Productivités pastorales moyennes annuelles des nappes alfatières en 2005 et projetées dans les CRA du gouvernorat de Kasserine
5.1.2. Pertes en possibilités pastorales
5.2. Projection des récoltes en feuilles d’alfa en tonnes aux horizons 2020 et 2050 selon le modèle hadcm3/scenarios a2 et b2
5.3. Taux de couverture des besoins de la sncpa par les recoltes projetees de feuilles d’alfa présumées en 2020
et 2050 dans le gouvernorat de kasserine selon les trois hypothéses et selon hadcm3/scenarios a2 et b2
90
90
90
92
92
6. RESULTAT DE L’ANALYSE RETROSPECTIVE DES STRATEGIES ET DES CAPACITES
6.1. Etudes antérieures
6.2. Gestion des nappes alfatières dans le gouvernorat de kasserine
6.2.1. Contexte antérieur
6.2.2. Contexte actuel
6.2.3. Problèmes entravant la gestion rationnelle des nappes alfatières
6.3. Analyse de la capacité institutionnelle de l’administration forestière
94
94
94
95
95
95
95
95
7. PRINCIPALES ORITATIONS STRATEGIQUES ET MESURES RECOMMANDEES
7.1. Orientations stratégiques 7.1.1. Orientations générales
7.1.2. Orientations spécifiques
7.2. Mesures à entreprendre
96
96
97
97
8. Conclusions
99
9. références bibliographiques
96
151
71
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
VULNERABILITE DE
L’ECOSYSTEME ALFATIER FACE
AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
DANS LE GOUVERNORAT DE
KASSERINE
1. CONTEXTE DE L’ETUDE
Le climat de la région de Kasserine est typiquement méditerranéen caractérisé par des fluctuations inter-saisonnières et interannuelles des facteurs climatiques. Lors des dernières décennies, la tendance du climat a connu une
accélération du réchauffement climatique se manifestant par une augmentation de la température et une régression des précipitations. La continuation de ces fluctuations et de ces tendances ont nécessairement des répercussions sur le devenir des écosystèmes d’aujourd’hui. Actuellement, les variations climatiques qui s’opèrent depuis
plusieurs décennies, et celles projetées par les scientifiques pour le reste du XXIème siècle sont souvent liées aux
activités humaines associées aux phénomènes naturels atmosphériques d’origines cosmiques. En vu de s’adapter
aux circonstances climatiques et socioéconomiques désastreuses qui peuvent survenir, l’analyse raisonnée des
stratégies et des pratiques actuelles et passées vis-à-vis du changement climatique est une nécessité absolue.
En 2007, le Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement en collaboration avec la GTZ, dans le cadre de l’élaboration d’une stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture tunisienne et des écosystèmes au changement
climatique, ont pu projeter la température et précipitations moyennes annuelles de l’ensemble de la Tunisie aux
horizons 2020 et 2050 selon le modèle hadCM3 et les deux scénarios A2 et B2. Le premier illustre une situation
climatique sévère le second témoigne d’une circonstance modérée du climat.
La présente étude s’intègre dans le cadre du Projet CCC/GIZ ayant pour mission d’appuyer la Tunisie pour la mise
en œuvre de l’UNFCCC aussi bien au niveau national que régional.
L’analyse de la vulnérabilité de l’écosystème alfatier dans le Gouvernorat de Kasserine face au changement climatique est entreprise dans le cadre du projet dans le but d’identifier les mesures adéquates d’adaptation permettant
de mettre en œuvre des projets concrets de préservation de la biodiversité et de la productivité de l’écosystème et
d’orienter la décision pour son amélioration. Dans cette étude plusieurs étapes analytiques ont été parcourues :
• La première a posé les problématiques du secteur alfatier en relation avec le changement climatique ;
• La seconde a traité l’aspect biologique de l’alfa ;
• Dans une troisième étape, à travers les données statistiques officielles, on a pu apprécier le degré de vulnéra•
bilité de l’écosystème alfatier dans le gouvernorat de Kasserine ;
Sur la base des résultats des travaux antérieurs (DGF 2004, INFP 1995 & 2005, MAE et GIZ 2007, ...), on a pu
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73
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
•
•
évaluer le devenir probable des productions projetées des nappes alfatières aux horizons 2020 et 2050 dans
la région de Kasserine.
Dans le but d’élaborer un outil d’aide à la décision on a également analysé les stratégies et pratiques de gestion des nappes alfatières actuelles et passées.
Suite à ces « analyses hypothético-déductives », dans l’espoir d’aboutir à une gestion efficace des nappes alfatières on a proposé des orientations et des mesures d’adaptation face au changement climatique.
Le long du présent rapport synthétique seront élaborés les résultats discursifs des différentes analyses sur la
vulnérabilité des nappes alfatières vis-à-vis du changement climatique. Seront également présentées les recommandations nécessaires d’une gestion raisonnée des nappes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine.
2. METHODOLOGIE
La méthodologie utilisée est fondée sur les explorations bibliographiques relatives à l’évolution de l’écosystème
alfatier depuis les temps reculés (dynamique bioécologique, recouvrement et évolution des superficies, productivités, ...).
La caractérisation de l’écosystème alfatier de la région de Kasserine et ailleurs, a été élucidée sur la base des
synthèses des travaux antérieurs, en particuliers ceux de H. N. Le Houérou 1969, Ghrab 1981, El Hamrouni 1993,
Hanifi 1998, Raddaoui et Chaabane 2009, Rhanem 2009, ...). Elle est variée, de différents niveaux d’ordres biologiques, éco-physiologiques, phytosociologiques, productivité primaires, ...
Pour l’étude de la dynamique et de l’état des peuplements alfatiers dans le gouvernorat de Kasserine on s’est
référé aux données officielles de la DGF 2004, INFP 1995 & 2005. Les données météorologiques utilisées sont
celles provenant de l’ONM 1990.
En se référant aux résultats de l’INFP 2005 et à la carte agricole, l'évaluation de la vulnérabilité à travers l'Indice
de Vulnérabilité (IV) sera basée sur l’importance en ha et le taux de recouvrement de l’alfa dans les Cellules de
Rayonnement Agricole (CRA).
S. d’alfa du type de recouvrement
IV par type de recouvrement =
x 100
S. totale de l’alfa du même type de recouvrement
dans le gouvernorat de Kasserine
Il s’agit d’un pourcentage représenté par la surface de la nappe d’un type de recouvrement par rapport à la surface
totale du même type de recouvrement dans le gouvernorat de Kasserine.
Avec,
74
IV : 0 à 3
>
les nappes alfatières sont extrêmement vulnérables (EV)
IVG : 3 à 6
>
les nappes alfatières sont très vulnérables (TV)
IVG : 6 à 9
>
les nappes alfatières sont vulnérables (V)
IVG : 9 à 12
>
les nappes alfatières sont moyennement vulnérables (MV)
IVG : > 12
>
les nappes alfatières sont peu vulnérables (PV)
Dans la région de Kasserine, vu la rusticité élevée de l’alfa, son mode de régénération difficile et sachant que la
détérioration du climat n’a pas d’effet prévisible direct sur la létalité de l’alfa mais il a un effet aggravant variable
selon la prédominance des facteurs écologiques et anthropiques. Le calcul du IV des nappes alfatières a été fait
dans chaque CRA (unité de gestion correspondant à la Cellule de Rayonnement Agricole). En réalité la diminution
du recouvrement de l’alfa résulte de la combinaison de l’effet du climat, des facteurs écologiques et anthropiques
qui prédominent. Pour ces raisons on a opté dans chaque CRA pour calculer le degré de vulnérabilité factorielle
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
des nappes alfatières (croisement du facteur écologique selon la carte agricole couplé avec les IV de la nappe
alfatière au sein de chaque CRA.).
Neuf facteurs ont été analysés : étages bioclimatiques (i), hydromorphie (ii), salure du substrat (iii), profondeur du
sol (iv), texture du sol (v), réserve utile dans le sol (vi), pente du terrain (vii), altitude (viii), pression anthropique (ix).
Pour le calcul de l’IV moyen des nappes vis-à-vis de plusieurs facteurs combinés on procède au calcul de la
moyenne arithmétique de l’ensemble des IV des nappes vis-à-vis des facteurs analysés. De même pour le calcul
de l’IV moyen des nappes d’une CRA on procède au calcul de la moyenne arithmétique de l’ensemble des IV de
toutes les classes du recouvrement de l’alfa dans la CRA.
La projection des données climatiques aux horizons 2020 et 2050 a été réalisée en s’appuyant sur le modèle
HadCM3 qui utilise des mailles de 0.5° × 0.5° selon les deux situations différentes la première A2 (scénario sévère),
la seconde B2 (scénario modéré).
La classification de la production en Unités Fourragères (UF) et en tonnes en 2005 des nappes alfatières, ainsi que
celle projetée en 2020 et 2050, est répartie par CRA. 36 CRAs alfatiers dans le gouvernorat de Kasserine identifiées.
Au plan cartographique, ce sont les bases de données relatives à la carte agricole d’une part et à l’INFP de 2005
d’autre part qui ont été utilisées.
A travers la bibliographie, les différents contacts avec les autorités régionales et nationales et à la lumière des
discussions lors des ateliers de présentations des résultats de l’étude à Kasserine et à Tunis, on a pu apporter des
analyses critiques des stratégies et pratiques actuelles et passées, et la proposition des stratégies et mesures
d’adaptation au changement climatique.
3. RESULTATS DE L’ANALYSE DE L’ETAT ACTUEL DE L’ECOSYSTEME ALFATIER
3.1. Facteurs liés à la gestion des nappes alfatières
Dans les années 1970, il y a eu création de l’arrondissement alfatier et par la suite aménagement de 39 séries alfatières. Après expiration de leur durée d’aménagement les nappes alfatières sont laissées à leur sort (sans révision
depuis).
3.2. Facteurs biotiques
3.2.1. Caractères botaniques et syntaxonomiques de l’alfa
L’alfa (Stipa tenacissima L.) est une Gramineae vivace cespiteuse qui se présente sous la forme de touffes plus ou
moins circulaires ayant une partie aérienne constituée de feuilles et de panicules florales et une partie souterraine
formée par de rhizomes et de racines adventives.
Les rhizomes sont caractérisés par des entre-nœuds très courts, portant chacun des bourgeons qui peuvent soit
se développer et donner des rameaux, soit rester en dormance et n’entrer en activité que lorsque la touffe est
exploitée. Ils présentent des racines adventives très ramifiées dont la biomasse dépasse de 25 à 50% celle de la
partie aérienne.
Le dépérissement des parties centrales ou «fatras» entraîne un évidement de la touffe et une extension centrifuge des innovations et des nouvelles feuilles. Ce phénomène, est spécifique chez les plantes cespiteuses, appelé
«circination». Il est lié à l’encombrement du centre de la touffe par du «fatras» formé par les débris de feuilles et
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75
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
de hampes florales. Cet encombrement asphyxie les bourgeons du rhizome et empêche tout développement par
ramification axillaire. Seule se maintient la multiplication périphérique qui confère à la touffe un développement
centrifuge. Le centre s’entrouvre de plus en en plus et la touffe devient annulaire. L’anneau se fragmente et se
forme par affranchissement plusieurs petites touffes qui vont à leur tour s’évider et se fragmenter. C’est le mode
de régénération le plus fréquent chez l’alfa.
L’alfa est une plante steppique, typiquement méditerranéenne très résistante à la sécheresse. Elle possède une
amplitude écologique très large et participe dans l’édification de phytocénoses variées et à grandes envergures. On
peut les rencontrer depuis le présaharien où elles peuvent être représentées par entre autres Stipo (tenacissimae)Hammadetum scopariae El Hamrouni 1992 et Fagonio (microphyllae)-Echietum trigorrhyzi stipetosum tenacissimae El Hamrouni 1992 relevant des Ononido-Rosmarinetea Br.-Bl. 1947, jusqu’aux formations préforestières
telles que Junipero (turbinatae)-Quercetum rotundifoliae coronilletosum minimae Kadi Hanifi 1998 relevant des
Pistacio-Rhamnetalia alaterni Rivas Martinez 1975 et des Quercetea ilicis Br.-Bl. 1947.
La comparaison de la richesse spécifique des phytocénoses alfatières telles que sont décrites par H. N. Le Houérou
1969 avec celles décrites par Raddaoui et Chaabane en 2009 a montré que sous l’effet du climat et de la pression
anthropozoique, les syntaxa alfatiers de la région de Kasserine ont subi et subissent encore des transformations
profondes se manifestant par leur banalisation par des thérophytes et par des xérophytes et la régression spectaculaire des nanophanérophytes, des chaméphytes et des hémicryptophytes cespiteuses. Il s’agit d’une menace
réelle de la biodiversité au sein des phytocénoses alfatières comme le montre le tableau ci-après :
Tableau : Stratégies adaptatives des phytocénoses alfatières à travers les types biologiques
dans la région de Kasserine
Type biologique
des espèces
accompagnatrices
de l’alfa
76
Situation des nappes
alfatières en 1969
Situation des nappes
alfatières en 2009
Appréciations
de la dynamique des phytocénoses des nappes
Somme des
fréquences
relatives
Fréquences
en %
Somme des
fréquences
relatives
Fréquences
en %
Nano-Phanérophytes
3
14
6
4
Régression des
Nano-Phanérophytes
Chaméphytes
22
51
49
31
Régression des
Chaméphytes
Hémicryptophytes-Cespiteuses
7
16
16
10
Régression des
HémicryptophytesCespiteuses
Hémicryptophytes
8
19
27
17
Régression des
Hémicryptophytes
Hémicryptophytes
en Rosettes
0
0
8
5
Perturbation élevée
des nappes et
dégradation du couvert
Thérophytes
0
0
48
30
Banalisation par
les thérophytes
(anthropzoogénisation et
perturbation élevées)
Géophytes
0
0
4
3
Stress écologique et
détérioration du couvert
Total (%)
-
100
-
100
-
De cette analyse on peut déduire que les nappes alfatières de la région de Kasserine sont soumises à une pression
anthropozoïque élevée aggravée par le règne des conditions écologiques difficiles (climat, milieu édaphique, ...).
En effet, on assiste à la régression des types biologiques évolués et la banalisation des phytocénoses alfatières
par des types xérophiles et anthropiques dénotant une perturbation élevée. Il s’agit d’une dynamique régressive
spectaculaire, se manifestant par :
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
• Régression des Nano-Phanérophytes dénotant une pression importante sur le couvert ligneux ;
• Régression des Chaméphytes montrant une surexploitation des buissons ;
• Régression des Hémicryptophytes-Cespiteuses indiquant une dégradation alarmante des nappes alfatières en
•
•
•
•
particuliers ;
Régression des Hémicryptophytes sous l’effet du surpâturage ;
Perturbation élevée des nappes et dégradation du couvert témoignées par la relative haute fréquence des
Hémicryptophytes en rosettes ;
Banalisation par les thérophytes qui montre une anthropzoogénisation et une perturbation élevées (liée au
degré d’artificialisation élevé du milieu) ;
Stress écologique et détérioration du couvert indiqués par la haute fréquence relative des géophytes.
3.2.2. Etages bioclimatiques
Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec les étages bioclimatiques
Bioclimat
R(5-10%)
R(10-25%)
R(25-50%)
R(50-75%)
R ›75%
Aride supérieur frais
94
92
Aride inférieur frais
2
1
93
2
95
1
27
‹1
Aride supérieur tempéré
1
‹1
‹1
-
-
Semi-aride supérieur frais
d‘altitude
-
-
‹1
-
-
Semi-aride moyen frais d‘altitude
‹1
‹1
‹1
6
‹1
Semi-aride moyen frais
2
1
‹1
3
Semi-aride inférieur frais
‹1
5
6
62
5
Semi-aride inférieur frais d‘altitude.
-
‹1
‹1
‹1
-
Dans le gouvernorat de Kasserine, l’optimum de développement de l’alfa est cantonné à l’aride supérieur frais
(75%) et pouvant prospérer jusqu’au semi-aride inférieur frais (16%) et à l’aride inférieur frais (6%). La carte ciaprès illustre la distribution spatiale de l’alfa en relation avec les étages bioclimatiques.
Carte de distribution spatiale de l’alfa en fonction des étages bioclimatiques dans le gouvernorat de Kasserine
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
3.3. Facteurs physiques influençant l’etat des nappes alfatieres
dans le gouvernorat de Kasserine
3.3.1. Hydromorphie
Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur hydromorphie
Type d’hydromorphie
Indication
R ›75%
R(50 à 75)%
R(25 à 50)%
R(10 à 25)%
R(5 à 10)%
Hydromorphie
absente
Favorable à l’alfa
99%
99%
99%
99%
86%
Hydromorphie
permanente
Impropre à l’alfa
0%
1%
0%
0%
0%
Hydromorphie
temporaire
Moyennement
favorable à l’alfa
1%
0%
1%
1%
14%
Cette analyse montre que l’alfa redoute l’hydromorphie. En effet, plus de 96% des nappes sont cantonnées dans
des milieux où l’hydromorphie est absente.
3.3.2. Salure du substrat
Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur salure du substrat
Type de salure
Indication
R ›75%
R(50 à 75)%
R(25 à 50)%
R(10 à 25)%
R(5 à 10)%
Salure faible à nulle
Favorable à l’alfa
99%
99%
99%
99%
99%
Salure moyenne
Moyennement
favorable à l'alfa
0%
0%
0%
0%
0%
Salure importante
Impropre à l’alfa
1%
1%
1%
1%
1%
99% des nappes alfatières sont localisées sur substrat à salinité faible à nulle. L’alfa redoute la salure.
3.3.3. Profondeur du sol
Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur profondeur du sol
Type de profondeur du sol
R ›75%
R(50 à 75)%
R(25 à 50)%
R(10 à 25)%
R(5 à 10)%
Très peu profond
46%
54%
59%
64%
67%
Peu profond
24, %
24%
23%
17%
16%
Moyennement profond
7%
6%
6%
8%
7%
Profond
14%
8%
6%
3%
5%
Très profond
9%
8%
6%
8%
5%
L’alfa est indifférent à la profondeur du sol quoi qu’il soit plus fréquent (78%) dans les sols très peu et peu profonds
3.3.4. Texture du sol
Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur texture du sol
Type de texture du sol
R ›75%
R(50 à 75)%
R(25 à 50)%
R(10 à 25)%
R(5 à 10)%
Texture grossière
10%
10%
10%
14%
9%
Texture moyenne
72%
82%
86%
79%
80%
Texture fine
18%
8%
4%
7%
11%
L’alfa préfère les textures moyennes et redoute les sables mouvants et les textures fines (sols compacts). 80% des
nappes sont situées dans des sols à texture moyenne quoi qu’il tolère les textures grossière (10%) et fine (10%).
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
3.3.5. Réserve utile du sol
Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur réserve utile du sol
R ›75%
R(50 à 75)%
R(25 à 50)%
R(10 à 25)%
R(5 à 10)%
RU ‹ 50
Réserve utile (5 ‹ RU ‹ 330)
46%
54, 50%
59%
64%
67%
RU (50-100)
25%
24%
23%
17%
16%
RU (100-150)
6%
5, 50%
5%
6%
5%
RU (150-200)
8%
9, 50%
8, 50%
8%
5%
RU (200-250)
11%
2%
1%
1, 50%
3%
RU › 250
4%
4, 50%
3, 50%
3, 50%
4%
Carte de la distribution de l’alfa en fonction de la réserve utile des sols dans le gouvernorat de Kasserine
58% des nappes sont cantonnées dans les sols où la réserve utile est ‹ 50, 21% dans les sols dans les substrats où
la réserve utile variant entre 50 et 100. L’alfa est une espèce franchement xérophile.
3.3.6. Pente du terrain
Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur pente du terrain
Pente %
R ›75%
R(50 à 75)%
R(25 à 50)%
R(10 à 25)%
R(5 à 10)%
96%
86%
85%
85%
87%
Pente (10-25%)
2, 50%
10%
10%
12%
10%
Pente › 25%
1, 50%
4%
5%
3%
3%
Pente ‹10%
L’alfa préfère les pentes faibles où le risque de son déchaussement par l’érosion hydrique est faible. 88% des
nappes alfatières sont cantonnées sur les pentes faibles.
79
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
3.3.7. Altitude
Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur altitudinal
R ›75%
R(50 à 75)%
R(25 à 50)%
R(10 à 25)%
R(5 à 10)%
300-500 m
Classe d'altitude
1%
‹1%
3%
‹1%
2%
500-700 m
39%
45%
37%
‹1%
42%
700-900 m
56%
49%
51%
‹1%
35%
900-1000 m
3%
5%
8%
55%
15%
1000-1100 m
1%
1%
1%
27%
5%
1100-1200 m
0%
‹1%
‹1%
13%
‹1%
1200-1300 m
0%
‹1%
‹1%
4%
0%
1300-1400 m
0%
0%
0%
‹1%
0%
1400-1500 m
0%
0%
0%
0%
0%
Selon la répartition spatiale de l’alfa dans le gouvernorat de Kasserine le développement de l’alfa se situe entre
500 et 1100 m d’altitude. Plus de 70% des nappes sont localisées entre 500 et 900 m d’altitude.
3.4. Facteurs anthropiques et socioéconomiques
3.4.1. Densité des agglomérations
Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation
avec la pression anthropique appréciée selon la densité en nombre d’agglomérations par 100 km²
dans le gouvernorat de Kasserine
Densité (douars/100 km2)
R ›75%
R(50 à 75)%
R(25 à 50)%
R(10 à 25)%
R(5 à 10)%
10 à 16
0%
1%
‹1%
‹ 1%
0%
5 à 10
18%
21, 50%
12%
6, 50%
4%
1à5
40%
45%
53%
58, 50%
55%
0
42%
32, 50%
35%
35%
41%
Carte de distribution spatiale des agglomérations humaines (en nombre de douars/100 km2)
80
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
En considérant que la densité en nombre d’agglomérations par 100 km² constitue un facteur qui indique fidèlement « la pression anthropique » qui s’exerce sur les nappes alfatières, 87% des nappes alfatières sont localisées
les zones moins habitées par l’homme où la densité des agglomérations est inférieure à 5. Ces résultats montrent
que la pression anthropique est très prépondérante dans la détérioration des nappes alfatières. En effet, là où la
densité est › à 5/100 km² l’alfa est sous représenté. L’alfa est cantonné dans les contrées sous habitées. Le facteur
anthropique paraît très influant dans la menace de l’écosystème alfatier. En effet dans les zones où la densité des
agglomérations est élevée les nappes alfatières ont été détériorées par la population depuis longtemps.
3.4.2. Population humaine projetée aux horizons 2020 et 2050
Comme le montre les travaux de l’ODCO 2009, au rythme d’un accroissement annuel de 5992 habitants/an la
population globale de du gouvernorat de Kasserine sera le double de celle de 2004 à l’horizon de 2073. Il s’agit
d’un indicateur montrant que la pression sur l’écosystème alfatier dans le futur est préoccupante.
Tableau : Population projetée aux horizons 2020 et 2050 selon le rythme d’évolution de la population humaine des délégations du gouvernorat de Kasserine (ODCO 2009)
Délégation
Années
1975
Kasserine Nord
54472
Kasserine Sud
1984
Acc. Ann.
1994
2004
Population projetée
en 2020 et 2050
2020
2050
59213
52394
58343
133
60471
64483
20245
196498
21139
45
21859
23195
Sbeitla
38051
48536
645643
69539
1086
86915
119485
Sbiba
22084
27954
38702
42091
690
53131
73826
Jedliane
21847
11051
13614
13205
-298
8437
0
13483
17692
18634
258
22762
30481
41853
34959
36619
34508
-253
30460
22857
9750
9854
8716
-52
7884
6338
Foussana
25099
31409
39415
41240
557
50152
66843
Feriana
35093
26048
40493
45787
369
51691
62750
15311
19443
21909
330
27189
37084
El Ayoun
Thala
Haïdra
Mjel Bel Abbas
Hassi El Frid
15557
16890
133
19018
23022
Ezzouhour
18834
20277
144
22581
26915
386908
412278
5992
462550
557279
Total du
gouvernorat
238499
297959
Au rythme d’un accroissement annuel de 5992 habitants/an la population globale du gouvernorat de Kasserine
sera le double de celle de 2004 à l’horizon de 2073. On signale l’enregistrement des accroissements annuels négatifs à Jedliane (-298), Thala (-253) et à Haïdra (-52) qui sont attribués à l’exode de la population vers l’étranger
et les grandes villes de Tunisie.
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
3.4.3. Possibilités pastorales annuelles
Tableau : Possibilités pastorales annuelles des délégations du gouvernorat de Kasserine (ODCO 2009)
Délégation
Kasserine Nord
Kasserine Sud
Sbeitla
Sbiba
Jedliane
El Ayoun
Thala
Haïdra
Foussana
Feriana
Mjel Bel Abbas
Hassi El Frid
Total du
gouvernorat
Possibilités
pastorales
en UF
Parcours
(ha)
Possibilités
pastorales
en UF
Total (ha)
Total (UF)
362000
3729400
5875000
2227900
1460200
1636000
4543000
2062700
3848700
4422200
3914100
3081400
Forêts et
steppes
alfatières
(ha)
1944
38187
40847
11162
6181
16301
13078
16521
40812
47453
44432
59175
349920
6873660
7352460
2009160
1112580
2934180
2354040
2973780
7346160
8541540
7997760
10651500
2716
9760
7196
11435
7012
6175
11593
7216
7276
726
3908
6489
543200
1952000
1439200
2287000
1402400
1235000
2318600
1443200
1455200
145200
781600
1297800
8280
85241
106793
44876
27795
38836
70101
44364
86575
92401
87481
96478
1255120
12555060
14666660
6524060
3975180
5805180
9215640
6479680
12650060
13108940
12693460
15030700
37162600
336093
60496740
81502
16300400
789221
113959740
Terres
labourables
(ha)
Possibilités
pastorales
en UF
3620
37294
58750
22279
14602
16360
45430
20627
38487
44222
39141
30814
371626
Dans le gouvernorat de Kasserine, les possibilités pastorales annuelles sont relativement faibles. Elles sont estimées à 114 millions d’UF dont 33 millions d’UF proviennent des nappes alfatières soit 29%.
3.4.4. Besoins annuels du cheptel et bilan fourrager
Tableau : Besoins annuels du cheptel des délégations du gouvernorat de Kasserine (ODCO, 2009)
Délégation
Bovins
(têtes
femelles)
Kasserine Nord
847
Kasserine Sud
270
Sbeitla
350
Sbiba
488
Jedliane
75
El Ayoun
400
Thala
410
Haïdra
120
Foussana
280
Feriana
750
Mjel Bel Abbas
1340
Hassi El Frid
95
Total du
5425
gouvernorat
Besoins
en UF
1270500
405000
525000
732000
112500
600000
615000
180000
420000
1125000
2010000
142500
Ovins
(têtes
femelles)
6500
37000
35000
18000
14000
20000
24000
18000
30000
40000
36500
21000
8137500
300000
Besoins Camélidés Besoins Equidés
en UF
en UF
Besoins
en UF
1950000
11100000
10500000
5400000
4200000
6000000
7200000
5400000
9000000
12000000
10950000
6300000
Caprins
(têtes
femelles)
600
4500
6500
4000
3500
4000
5500
5500
5400
6000
6500
4200
150000
1125000
1625000
1000000
875000
1000000
1375000
1375000
1350000
1500000
1625000
1050000
4
12
6000
18000
90
960
1180
1645
1280
400
1400
328
1610
589
1400
1808
90000
960000
1180000
1645000
1280000
400000
1400000
328000
1610000
589000
1400000
1808000
90000000
56200
14050000
16
24000
12690
12690000 124 901500
Besoins
en UF
Besoins
totaux
Les besoins annuels du cheptel du gouvernorat de Kasserine sont estimés à 125 millions d’UF.
Les possibilités pastorales annuelles (114 millions d’UF) sont en-deçà des besoins du cheptel. En s’appuyant sur
ces données, on a enregistré d’un déficit annuel de 11 millions d’UF/an soit 9% des besoins comme l’indique le
bila fourrager suivant :
Bilan fourrager = 124 901 500 – 113 959 740 = 10 941 760 UF/an soit 9% de déficit
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
3.4.5. Evolution des superficies de l’alfa à l’échelle nationale
A l’échelle nationale, depuis les temps reculés, les nappes alfatières de Tunisie sont en régression continue passant de 1 350 000 ha en 1989 à 452 625 en 2005 comme le montre le tableau ci-après :
Tableau : Evolution des superficies de l’alfa en Tunisie (de 1889 à 2005)
Année
Superficie (ha)
Régression en ha/an
Auteur
1889***
1895*
1945*
1995**
2005****
1 350 000
Trabut in Marion
1 112 000
-14875
Monchicourt
950 000
-22240
Debierre
743 306
-4134
DGF/INFP 1995
452 625
-29068
DGF/INFP 2005
-
* Sassi Ghrab 1981 ** DGF/INFP 1995 *** Trabut in Marion (revue forestière française) **** DGF/INFP 2005
L’examen du tableau montre que la régression des nappes alfatières est perpétuelle devenue très accélérée durant
la dernière décennie (1995/2005) avec une diminution annuelle d’environ 29000 ha. A ce rythme de régression, à
partir de l’année 2005, les nappes alfatières pourront disparaître totalement au bout de 16 ans soit à l’horizon de
2021. Cette situation aura nécessairement des répercussions désastreuses sur devenir de la Société Nationale de
Cellulose et Pâte d'Alfa (SNCPA) et sur l’emploi dans le secteur alfatier. Sachant qu’actuellement, la SNCPA offre
de l’emploi en temps partiel à la cueillette de l’alfa, pour la vente aux centres d’achat de la SNCPA, à environ 6000
familles. Elle offre également près de 1200 emplois permanents.
3.4.6. Evolution des superficies de l’alfa dans les gouvernorats alfatiers
Tableau : Evolution des superficies des nappes alfatières dans les gouvernorats alfatiers (INFP 1995/2005)
Gouvernorat
S. des nappes alfatières
en ha (1995)
S. des nappes alfatières
en ha (2005)
Régression annuelle
en ha/an
Kairouan
57 798, 55
18322
3947, 655
Kasserine
179 234, 90
146046
3318, 89
Sidi Bouzid
152 674, 56
99541
5313, 356
Gafsa
161 803, 09
95174
6662, 909
L’optimum de développement des nappes alfatières semble être à Kasserine et à Sidi Bouzid. Au Nord de ces deux
gouvernorats l’alfa est perturbé par l’excès d’humidité. Au sud l’alfa est fragilisé par la xéricité accentuée du milieu. Durant la décennie de 1995 à 2005 on assiste à des régressions spectaculaires en surface d’alfa. A Kasserine
en particulier, au rythme d’une régression de 3319 ha/an les nappes alfatières inventoriées seront complètement
disparues à l’horizon 2049.
3.4.7. Répartition spatiale des nappes alfatières par CRA du gouvernorat de Kasserine
(INFP 2005)
Le gouvernorat de Kasserine est divisé en délégations (unités administratives) et en cellules de rayonnements
agricoles ou CRAs (unités de gestion). Selon l’INFP 2005, la répartition spatiale des nappes alfatières par CRA et
par type de recouvrement est comme l’indique le tableau ci-après :
Tableau : Importance en ha des nappes alfatières par Délégation et par CRA dans le gouvernorat de Kasserine
CRA
Délégation
5 à 10%
Hassil El Frid
Nord
El Gonna
Talabet
Hassi Lefrid
Sbitla
Feriana
Majel Bel
Grouôa Ejjedra
Abbes
Om Ali
Feriana
Bousaffa
Kasserine Sud
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Recouvrement en %
10 à 25% 25 à 50% 50 à 75%
S. totale (ha)
%/gouvernorat
12944
8, 46
2857
3701
1, 87
2, 42
> 75%
577
1566
5716
4754
331
509
48
1905
452
1133
2358
154
1317
3083
3685
536
121
8742
5, 71
606
113
1995
564
3577
13123
814
3963
319
6992
18082
4, 57
11, 82
83
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
Esskhirat
Om Lagsab
Feriana
Majel Bel
Abbes
Hassi
Hassi Lefrid
Lefrid Sud
Ain Khmeissia Sbiba
Ouled
Foussana
Mahfoudh
El Hechim
Hassi Lefrid
Hidra
Hidra
Eddachra
Thala
Echrayôa
Sbitla
Lajred
Hidra
Foussana
Foussana
Thala
Thala
Boulahnech
Thala
El Ayoun
Bouhjar
Jedliene
Jedliane
El Ayoun
El Ayoun
El Ayoun
Tiwecha
Bouzguem
Kasserine Nord
Errakhmet
Sbitla
El Grôa
Sbitla
el Hamra
Sbitla
Sbitla
El Mziraa
Foussana
Kasserine Nord Kasserine Nord
Kasserine Sud Kasserine Sud
Mejel Bel
Majel Bel
Abbes
Abbes
Ettahamed
Sbiba
Sbiba
Sbiba
Feriana
Feriana
Total
% global par type
de recouvrement
849
1606
2541
2852
726
8574
5, 6
533
2994
6872
7751
893
19042
12, 45
1156
4264
7483
10739
361
24003
15, 69
167
145
313
0, 2
758
0, 5
6675
178
13
4742
3
1898
673
652
4
192
10
619
4764
4238
4, 36
0, 12
0, 01
3, 1
0, 002
1, 24
0, 44
0, 43
0, 002
0, 13
0, 007
0, 4
3, 11
2, 77
216
0, 14
1, 98
0, 18
0, 74
2, 54
43
392
52
272
80
12
638
75
3061
51
435
839
308
84
100
524
170
212
25
347
587
370
714
2902
2503
41
13
3274
3
976
340
552
4
192
10
225
3533
528
62
92
62
42
134
4
1080
122
865
789
37
117
393
194
53
79
170
8
1222
1737
151
941
1416
196
387
3025
277
1137
3891
2640
2861
278
6684
4, 37
61
188
4729
396
196
6076
152567
0, 26
0, 13
3, 97
100
3
183
6448
587
23487
2555
61174
335
196
2564
56733
4
15
40
37
32
L’examen du tableau montre que les CRAs les plus alfatiers sont dans l’ordre Hassi Lefrid Sud (16%), Om Lagsab
et Bousaffa (chacune 12%) suivie par Hassi Lefrid Nord (8%) totalisant près de la moitié des nappes alfatières du
gouvernorat. On peut également remarquer que les recouvrements alfatiers les plus représentés sont compris
entre 25 et 75% et représentent 77% des nappes alfatières du gouvernorat.
La carte ci-contre illustre
l’importance des nappes
alfatières en superficie par
CRA du gouvernorat de
Kasserine
Tous types de recouvrements
confondus
84
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
3.4.8. Récoltes d’alfa et incidences sur la SNCPA et sur l’emploi
Tableau : Production moyenne récoltée d’alfa dans le gouvernorat de Kasserine de 1939 au 2009
(Arrondissement alfatier 2010)
Période
Production moyenne annuelle récoltée
d’alfa en tonnes
Evolution de la production récoltée en
tonnes/an
1939/1945
6191
-
1945/1950
94606
+88415
-21299
1950/1955
73307
1955/1960
72874
-433
-10074
1960/1965
62800
1965/1970
72933
+10133
-20944
1970/1975
51989
1975/1980
60558
+8569
-25946
1980/1985
34612
1985/1990
30318
-4294
+5331
1990/1995
35649
1995/2000
39997
+4348
-10176
2000/2005
29821
2005/2009
20000
-9821
La fluctuation des récoltes (cf. Tableau plus haut et graphique ci-après) est liée à divers évènements qui ont touché le secteur alfatier. Les périodes qui ont connu une augmentation des récoltes correspondent à l’amélioration
de l’exportation de l’alfa, l’installation des usines de transformation (SNCPA actuelle et SNTC et STPA d’auparavant), création de l’arrondissement alfatier, et la bonne initiative de l’aménagement des nappes alfatières, ....
Les périodes qui ont connu une diminution des récoltes sont attribuées aux déficiences des aménagements, aux
défrichements des nappes pour la mise en culture, au surpâturage et la fragilisation des nappes sous l’effet du
climat et de l’érosion. En effet, faute de moyens, les aménagements expirés n’ont pas été révisés d’où un manque
de vigilance contre les agents causaux de la détérioration des nappes alfatières.
Depuis la fin de la 2ème guerre mondiale (1945), sous l’effet de facteurs cités, le tonnage récolté de l’alfa a diminué énormément. Il a passé de 94 606 tonnes/an durant la période de 1945/1950 à 20 000 tonnes/an durant la
période de 2005/2009 soit une récolte 5 fois plus faible. Selon ce rythme de détérioration, les récoltes pourront
devenir nulles à l’horizon de l’année 2027. Ces régressions des récoltes sont probablement liées à l’Homme et à
son troupeau et qui pourront être aggravées par les sécheresses climatiques. Il s’agit d’une situation très préoccupante pour le ravitaillement de la SNCPA en alfa et pour l’emploi de la main d’œuvre dans le gouvernorat de
Kasserine. En effet la récolte annuelle actuelle (20 000 tonnes) ne peut couvrir environ qu’un quart de la capacité
de l’usine de la SNCPA (76000 tonnes/an).
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
Prodction moyenne annuelle des nappes alfatières du gouvernorat
de Kasserine (en tonnes)
Histogramme de la production annuelle
des nappes alfatières du gouvernorat
de Kasserine en tonnes de feuilles d’alfa
Tonnes/an
Le graphique ci-après illustre l’évolution des récoltes d’alfa enregistrées dans le gouvernorat de Kasserine depuis
1939.
100000
90000
80000
70000
60000
50000
40000
30000
20000
10000
19
39
19 /19
45 45
19 /19
50 50
19 /19
55 55
19 /19
60 60
19 /19
65 65
19 /19
70 70
/
19 197
75 5
19 /19
80 80
19 /19
85 85
19 /19
90 90
19 /19
95 95
20 /20
00 00
20 /20
05 05
/2
01
0
0
Il semble que la régression des récoltes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine est en partie liée à la xéricité
du milieu qui est devenue accentuée rendant l’alfa plus vulnérable aux phénomènes de dégradation (décapage et
déchaussement facies, défrichement pour la mise en culture et pour l’affouragement du bétail).
Egalement la régression des nappes alfatières peut être attribuée à plusieurs autres facteurs tels que :
• L’absence de régénération qui est le corollaire d’une dégradation continue ;
• Le défrichement des nappes pour l’installation de l’arboriculture et de cultures épisodiques ;
• La surexploitation des nappes pour les besoins de la SNCPA, en particulier autour des centres de collecte de
l’alfa et dans les nappes les plus accessibles (DGF 2004). Il s’agit d’un problème lié à la gestion et l’aménagement des nappes alfatières ;
• Le surpâturage qui est le résultat d’une surcharge en cheptel ;
• L’intérêt insuffisant accordé aux fonctions environnementales des nappes alfatières ;
• La détérioration des conditions écologiques rendant les nappes alfatières vulnérables aux agents de dégradation (sécheresses climatiques, pertes de fertilité des sols, déchaussement des touffes sous l’effet de l’érosion
hydrique, …) ;
• La cueillette de l’alfa pour des fins industrielles reste encore non rémunératrice pour la population usagère
des nappes alfatières (10 DT/quintal). Pour cette raison, il n’est pas rare d’observer des paysans extirper les
touffes d’alfa pour la mise en bottes et sa commercialisation pour l’affouragement du troupeau. Ces mauvaises pratiques contribuent énormément à la détérioration des nappes notamment pendant les périodes
de disettes où la touffe d’alfa devient vulnérable. Bien que l’alfa soit un fourrage grossier, son exploitation
abusive pour l’affouragement du bétail est devenue une pratique courante.
86
A côté de la régression perpétuelle des superficies on assiste à des pertes en production et en productivité.
D’après la DGF 2004, la productivité potentielle moyenne des nappes alfatières des gouvernorats alfatiers est
passée de 4, 5 Qx/ha en 1976 à 3, 4 Qx/ha en 2003, correspondant à une régression de 1, 1 Qx/ha soit une régression des quantités d’alfa à récolter de 4 kg/ha/an. Ces pertes en productivités pourront compromettre l’avenir
de la SNCPA et les possibilités d’emploi dans le secteur alfatier. Elles touchent également d’autres domaines tels
que la sparterie, l’environnement, la biodiversité, la fixation des sols et le pastoralisme. Les pertes en récoltes
sont attribuées aux pressions anthropozoïques d’une part aggravées par les sécheresses climatiques d’autre part.
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
Cette étude pourra mettre à la disposition des acteurs du développement, un outil d’aide à la décision pour
affronter les impacts du changement climatique et des métamorphoses socioéconomies qui peuvent menacer
l’écosystème alfatier. D’où l’élaboration d’un indice de vulnérabilité des nappes alfatières vis-à-vis du changement climatique est d’une grande nécessité.
4. VULNERABILITES DES NAPPES ALFATIERES
ET PROJECTIONS AUX HORIZONS 2020 ET 2050
La méthodologie suivie pour l’évaluation de l’indice de la vulnérabilité factorielle des nappes alfatières a été présentée plus haut au deuxième paragraphe de cette étude. Il est fastidieux de présenter l’ensemble des résultats
de l’analyse ; on se limite ici aux synthèses et aux récapitulations.
4.1. Vulnérabilités factorielles moyennes des nappes alfatières
des cras du gouvernorat de kasserine
Le classement des CRAs du gouvernorat de Kasserine a été apprécié selon le degré de vulnérabilité factorielle.
Neuf facteurs ont été couplés avec le type de recouvrement relatif ou pondéré des nappes alfatières. En considérant que le degré de recouvrement de l’alfa est la résultante fidèle du degré de fragilité de la nappe alfatière. Les
résultats de cette analyse sont résumés dans les points suivants :
- Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec les étages bioclimatiques : Sachant que 75% des nappes alfatières sont cantonnées dans l’étage bioclimatique aride supérieur frais. Le calcul
de la vulnérabilité factorielle vis-à-vis du bioclimat a montré que mis à part Om Lagsab où les nappes sont « peu
vulnérables », suivie par Esskhirat « moyennement vulnérables » et par GrouÔ Ejjedra « vulnérables », les nappes
alfatières du reste des CRAs sont classées « extrêmement vulnérables à très vulnérables ».
- Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec l’hydromorphie du substrat :
Partant du tempérament de l’alfa qui redoute l’hydromorphie, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine
sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables », à l’exception d’Esskhirat où elles sont « moyennement
vulnérables » suivie par Om Lagsab, GrouÔ Ejjedra et Hassi El Ferid Sud «vulnérables».
- Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur lié à la salinité du sol:
Partant du tempérament de l’alfa qui redoute la salinité et en relation avec les types de son recouvrement, les
nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables ». Seulement
Om Lagsab où les nappes sont « peu vulnérables » suivie par Esskhirat « moyennement vulnérables », Om Lagsab et
Hassi El Ferid Sud «vulnérables».
- Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur lié à la profondeur du
sol : Bien que l’alfa est indifférent à la profondeur sol, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont en
totalité extrêmement à très vulnérables.
- Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur textural : Sachant que
l’optimum du développement de l’alfa dans le gouvernorat de Kasserine est situé sur des sols à texture moyenne,
les nappes alfatières sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables ». Seulement à Hassi El Ferid Sud et à
Om Lagsab où les nappes sont « vulnérables ».
- Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur lié à la réserve utile
du sol : Bien que l’alfa est une espèce franchement xérophile, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine
sont en totalité « extrêmement à très vulnérables ».
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
- Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur lié à la pente du
terrain : Bien que l’alfa est une espèce qui préfère les sols bien drainés, les nappes alfatières du gouvernorat de
Kasserine sont en totalité « extrêmement à très vulnérables ».
- Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur altitudinal : Bien que
l’optimum de développement de l’alfa est située à des altitudes modestes (500 à 900 m), les nappes alfatières du
gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables ». Seulement les nappes d’Om
Lagsab sont « moyennement vulnérables » suivies par celles d’Hassi El Ferid Sud qui sont « vulnérables ».
- Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur liés à la pression
anthropique appréciée selon la densité en nombre d’agglomérations par 100 km² dans le gouvernorat de Kasserine : Sachant que l’alfa est plus agressé dans les zones les plus peuplées par l’homme. Vis-à-vis du facteur
lié au nombre d’agglomération/100km², les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart
extrêmement à très vulnérables. A l’exception des nappes et de Hassi El Ferid Sud et d’Om Lagsab où les nappes
sont « peu vulnérables » suivies par celles d’Esskhirat (moyennement vulnérables) et de Grouô Ejjedra, d’Hassi El
Ferid Nord, de Bousaffa et d’Om Ali qui sont « vulnérables ».
4.2. Vulnérabilité factorielle moyenne synthétique des nappes alfatières dans le gouvernorat
de Kasserine
Tableau : Indice de vulnérabilité moyenne synthétique (IVMS)/CRA dans le gouvernorat de Kasserine
CRA
A´n khema´ssia
88
Vulnérabilité factorielle
moyenne synthétique
CRA
IVFMS
Appréciation
notation
0, 180
Ev
1
Foussana
Vulnérabilité factorielle
moyenne synthétique
IVFMS
Appréciation
Notation
0, 501
Ev
1
Bou lahnech
0, 582
Ev
1
Grouô ejjedra
5, 794
Tv
2
Bousaffa
3, 467
Tv
2
3, 566
Tv
2
Bouzguem
1, 011
Ev
1
7, 507
V
3
Djedliane
Echrayô
0, 297
1, 726
Ev
Ev
1
1
Hassi el ferid
nord
Hassi el ferid
sud
Hidra
Kasserine nord
0, 133
1, 684
Ev
Ev
1
1
Eddachra
0, 022
Ev
1
Kasserine sud
1, 897
Ev
1
El bouajer
0, 007
Ev
1
Lajred
0, 005
Ev
1
El ayoun
0, 012
Ev
1
Majel bel abbes
2, 932
Ev
1
El garôa
El hamra
El gonna
El hechim
0, 056
Ev
1
Om ali
3, 233
Tv
2
0, 927
2, 384
Ev
Ev
1
1
8, 433
0, 491
V
Ev
3
1
El m’zirôa
Errakhmet
Esskhirat
Ettahamed
Feriana
0, 056
1, 123
6, 214
0, 205
2, 661
Ev
Ev
V
Ev
Ev
1
1
3
1
1
Om lagsab
Ouled
Mahfoudh
Sbiba
Sbitla
Thala
Thelebet
Tiouecha
0, 206
0, 862
0, 330
2, 325
0, 166
Ev
Ev
Ev
Ev
Ev
1
1
1
1
1
L’examen du tableau montre que mis à part Hassi El Ferid Sud, Om Lagsab et Esskhirat qui sont classées « vulnérables » le reste des CRAs du gouvernorat de Kasserine sont rangées « extrêmement à très vulnérables ». Cela
dénote que l’écosystème alfatier est dans une situation préoccupante. Ces indices montrent que le secteur alfatier est sérieusement affecté. Ce sont des précurseurs d’élimination de l’emploi et du tarissement de la matière
première pour l’industrie et de l’artisanat. Dans le gouvernorat de Kasserine, le devenir proche de la population
humaine et de la SNCPA est en grand danger.
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
4.3. Projection des precipitations moyennes annuelles (p) et des températures moyennes
annuelles (t) et calcul des rapports p/t correspondants aux horizons 2020 et 2050 selon le
modèle HadCM3/scenarios a2 et b2
La projection des données climatiques du gouvernorat de Kasserine aux horizons 2020 et 2050 a été fondée sur la
base des résultats des travaux du Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement en collaboration avec la GIZ en
2007 : Le modèle utilisé pour la Tunisie est celui de HadCM3 avec deux scénarios le premier A2 (variante sévère),
le second B2 (variante modérée).
Partant des données météorologiques de 1961 à 1990 et selon le modèle HadCM3 les projections de P , T et P/T
aux horizons 2020 et 2050 figurent dans deux tableaux ci-après.
Tableau : Projection des données climatiques du gouvernorat de Kasserine
Facteurs
climatiques
Scenarii
Scénario A2
Scénario B2
rT. en 2020 (°C)
1, 2
1, 1
rP. en 2050 (°C)
-7%
-4%
rT. en 2050 (°C)
2, 7
+2 , 1
rP. en 2050 (°C)
-16%
-10%
T. projetée 2020
16, 7+1, 2=17, 9 proche de Sidi Bouzid
16, 7+1, 1=17, 8 proche de Sidi Bouzid
P. projetée 2020
302, 5-21, 175=281, 325
proche de Sidi Bouzid
302, 5-12, 1=290, 4
proche de Kairouan
P/T projeté 2020
15, 72 proche de Kairouan
16, 31 proche de Kairouan
T. projetée 2050
16, 7+2, 7=19, 4 proche de Kairouan
16, 7+2, 1=18, 8 proche de Gafsa
P. projetée 2050
302, 5-48, 4=254, 1proche de Sidi Bouzid
302, 5-30, 25=272, 25 proche de Sidi Bouzid
P/T projeté 2050
13, 1 proche de Sidi Bouzid
14, 48 proche de Sidi Bouzid
Les résultats de ces projections du gouvernorat de Kasserine ont été comparés avec les facteurs climatiques enregistrés durant la période allant de 1961 à 1990 des gouvernorats septentrionaux et méridionaux par rapport à
celui de Kasserine.
Fautes de données aboutissant à des corrélations étroites entre la projection du climat et la structure des nappes
alfatières, et partant du postulat que les changements climatiques prévisibles ne sont pas létaux pour l’alfa mais
ayant un effet fragilisant permettant à d’autres facteurs de dégradation d’agir (pression anthropozoïque en particulier) et en considérant l’hypothèse qu’aux horizons 2020 et 2050, les superficies de l’alfa du gouvernorat de Kasserine, resteront inchangées, on peut dire que le CC va influencer uniquement la structure des nappes alfatières.
En gardant les mêmes superficies, dans le gouvernorat de Kasserine, les structures et les productivités projetées
sont assimilées identiques à celles enregistrées en 2005 (d’après l’INFP) au niveau des nappes alfatières des gouvernorats méridionaux et septentrionaux qui ont en 1990 des facteurs climatiques (T, P et P/T) proches de celles
du gouvernorat de Kasserine projetées en 2020 et 2050.
Tableau : Précipitation moyenne annuelle (P) et Température moyenne annuelle (T) et P/T des gouvernorats alfatiers de
Tunisie (d’après ONM de Tunisie 1961 à 1990)
Facteurs climatiques
Gouvernorat
Kairouan
Kasserine
Sidi Bouzid
Gafsa
P. moy. annuelle (mm)
305, 8
302, 5
273, 4
173, 7
T. moy. annuelle (°C)
19, 5
16, 7
18, 5
18, 8
P./ T.
15, 68
18, 11
14, 78
9, 24
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
De cette analyse on déduit les résultats suivants :
-Du point de vue climatique, le gouvernorat de Kasserine pourra être assimilé très proche de Kairouan actuel
(en 1990) à l’horizon 2020 et à Sidi Bouzid à l’horizon 2050.
-Du point de vie biologique l’alfa possède un tempérament très rustique, par conséquent, le climat sera considéré comme un facteur aggravant de la vulnérabilité des nappes alfatières.
- Partant des hypothèses qu’aux horizons 2020 et 2050, le climat du gouvernorat de Kasserine, sera assimilé
identique respectivement aux climats actuels (1990) de Kairouan (en 1990) à l’horizon 2020 et de Sidi Bouzid à l’horizon 2050. Et, en l’absence de l’effet des facteurs anthropozoïques, les surfaces alfatières restent
inchangées et seulement les structures et « la productivité primaire » exprimée en possibilités pastorales et
en biomasses foliaires de l’alfa seront changées. Donc, le devenir des structures des nappes alfatières aux
horizons 2020 et 2050 et l’évaluation des possibilités pastorales, ainsi que l’estimation de la productivité en
biomasses foliaires d’alfa seront abordées comme si, en gardant les mêmes superficies, les nappes alfatières
du gouvernorat de Kasserine auront les mêmes structures et productivités primaires de Kairouan à l’horizon
2020 et de Sidi Bouzid à l’horizon 2050.
5. PROJECTION CLIMATIQUE AUX HORIZONS 2020 ET 2050 SELON
LE MODELE HadCM3 ET INCIDENCES SUR LA STRUCTURE DES NAPPES
ALFATIERES ET LES PERTES EN PRODUCTIONS PASTORALES
ET EN BIOMASSES FOLIAIRES
5.1. Devenir des nappes alfatières aux horizons 2020 et 2050 et projection des pertes en
possibilitès pastorales et en biomasses foliaires selon le modèle HadCM3/scenarios a2 et b2
5.1.1. Productivités pastorales moyennes annuelles des nappes alfatières
en 2005 et projetées dans les CRA du gouvernorat de Kasserine
Tableau : Productivités pastorales en UF des gouvernorats alfatiers (Kasserine, Kairouan et Sidi Bouzid)
Productivité pastorale moyenne annuelle des nappes alfatières en 2005 tous recouvrements confondus
dans les CRA du gouvernorat de Kasserine en UF/ha
223, 52
Productivité pastorale moyenne annuelle projetée en 2020 des nappes alfatières tous recouvrements
confondus dans les CRA du gouvernorat de Kasserine équivalente à la productivité moyenne annuelle
en 2005 des nappes alfatières du gouvernorat de Kairouan en UF/ha
80, 74
Productivité pastorale moyenne annuelle projetée en 2050 des nappes alfatières tous recouvrements
confondus dans les CRA du gouvernorat de Kasserine équivalente à la productivité moyenne annuelle
en 2005 des nappes alfatières du gouvernorat de Sidi Bouzid en UF/ha
78, 63
Compte tenu des hypothèses des projections indiquées plus haut (cf. § 4.3.1. 6), aux horizons 2020 et 2050, les
structures et les productivités pastorales des nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine vont baisser de près
de 2/3 par rapport à la productivité de 2005. Cette situation aura nécessairement des graves incidences sur l’élevage extensif dans la région. Dans le tableau ci-après sont compilées les pertes projetées en UF pour l’ensemble
des CRAs alfatiers du gouvernorat de Kasserine aux horizons 2020 et 2050.
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
Tableau : Production pastorale en UF projetée par CRA du gouvernorat de Kasserine en 2020 et 2050 selon le modèle
HadCM3/scénarios A2 et B2
CRA
S. (ha)
Production en
UF (2005)
Production en
UF (2020 A2
et B2)
Production en
UF (2050 A2
et B2)
Perte projetée
en UF en 2020
Perte projetée
en UF en 2050
Ain Khemaissia
368
82255, 36
29708, 64
28932, 16
-52546, 72
-53323, 2
Bou Lahnech
652
145735, 04
52635, 96
51260, 24
-93099, 08
-94474, 8
Bousaffa
14037
3137550, 24
1133207, 01
1103588, 94
-2004343, 23
-2033961, 3
Bouzguem
2635
588975, 2
212723, 55
207163, 7
-376251, 65
-381811, 5
Djedliane
192
42915, 84
15500, 16
15095, 04
-27415, 68
-27820, 8
Echrayaa
5262
1176162, 24
424801, 26
413698, 44
-751360, 98
-762463, 8
Eddachra
13
2905, 76
1049, 49
1022, 06
-1856, 27
-1883, 7
El Bouajer
4
894, 08
322, 92
314, 48
-571, 16
-579, 6
El Ayoun
10
2235, 2
807, 3
786, 2
-1427, 9
-1449
El Garaa
El Hamra
98
21904, 96
7911, 54
7704, 76
-13993, 42
-14200, 2
El Gonna
2895
647090, 4
233713, 35
227604, 9
-413377, 05
-419485, 5
El Hechim
7690
1718868, 8
620813, 7
604587, 8
-1098055, 1
-1114281
El M’zirÔa
202
45151, 04
16307, 46
15881, 24
-28843, 58
-29269, 8
Errakhmet
3770
842670, 4
304352, 1
296397, 4
-538318, 3
-546273
Esskhirat
8877
1984187, 04
716640, 21
697909, 74
-1267546, 83
-1286277, 3
Ettahamed
331
73985, 12
26721, 63
26023, 22
-47263, 49
-47961, 9
Feriana
5313
1187561, 76
428918, 49
417708, 06
-758643, 27
-769853, 7
Foussana
1420
317398, 4
114636, 6
111640, 4
-202761, 8
-205758
Grouaa Ejjedra
9001
2011903, 52
726650, 73
707658, 62
-1285252, 79
-1304244, 9
Hassi El Ferid
Nord
11912
2662570, 24
961655, 76
936521, 44
-1700914, 48
-1726048, 8
23725
5303012
1915319, 25
1865259, 5
-3387692, 75
-3437752, 5
Hidra
173
38668, 96
13966, 29
13601, 26
-24702, 67
-25067, 7
Kasserine Nord
600
134112
48438
47172
-85674
-86940
Kasserine Sud
3226
721075, 52
260434, 98
253628, 12
-460640, 54
-467447, 4
3
670, 56
242, 19
235, 86
-428, 37
-434, 7
6122
1368389, 44
494229, 06
481311, 64
-874160, 38
-887077, 8
Hassi
El Ferid Sud
Lajred
Majel
Bel Abbes
Om Ali
6472
1446621, 44
522484, 56
508828, 64
-924136, 88
-937792, 8
Om Lagsab
18578
4152554, 56
1499801, 94
1460602, 36
-2652752, 62
-2691952, 2
Ouled
Mahfoudh
1123
251012, 96
90659, 79
88290, 26
-160353, 17
-162722, 7
Sbiba
197
44033, 44
15903, 81
15488, 14
-28129, 63
-28545, 3
Sbitla
4035
901903, 2
325745, 55
317231, 7
-576157, 65
-584671, 5
Thala
558
124724, 16
45047, 34
43869, 96
-79676, 82
-80854, 2
Thelebet
3289
735157, 28
265520, 97
258581, 18
-469636, 31
-476576, 1
Tiouecha
449
100360, 48
36247, 77
35300, 38
-64112, 71
-65060, 1
32015216, 64
11563119, 36
11260899, 84
-20452097, 28
-20754316, 8
Total
91
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
5.1.2. Pertes en possibilités pastorales
Tableau : Pertes en possibilités pastorales en UF/CRA du gouvernorat de Kasserine en 2020 et 2050 selon le modèle
HadCM3/scénarios A2 et B2
Année
Production pastorale globale
projetée des nappes alfatières du
gouvernorat de Kasserine (UF)
Pertes globales en possibilités
pastorales du gouvernorat
de Kasserine (UF)
2005 selon l’INFP 2005
32015216, 6
-
Projection en 2020
(HadCM3/scénarioA2 et B2)
11563119, 4
-20452097, 28
Projection en 2050
(HadCM3/scénarioA2 et B2)
11260899, 8
-20754316, 8
Pour ces projections, sur la base des hypothèses posées considérant que les surfaces des nappes alfatières des
CRA de Kasserine restent inchangées et que le changement climatique n'affecte que la structure des nappes alfatières et leur productivité pastorale, de façon à ce qu'aux horizons 2020 et 2050, la structure et la productivité
pastorale de Kasserine deviendront similaires respectivement à celles de Kairouan et de Sidi Bouzid en 2005.
L’examen des deux tableaux précédents montre que dans le gouvernorat de Kasserine, les pertes projetées en
possibilités pastorales sont importantes de l’ordre de 20 millions d’UF en 2020 et de 21 millions d’UF en 2050. Il
résulte que l’avenir du pastoralisme va être sérieusement touché.
5.2. Projection des récoltes en feuilles d’alfa en tonnes aux horizons 2020 et 2050
selon le modèle HadCM3/scénarios a2 et b2
D’après la DGF 2004, les récoltes potentielles des nappes alfatières des gouvernorats alfatiers ont été évaluées
à 0, 34 tonnes/ha/an avec une baisse annuelle de récoltes de 4 kg/ha. Une telle baisse aura des répercussions
désastreuses sur l’avenir de la SNCPA dont les besoins annuels s’élèvent à 76337 tonnes par an.
On peut envisager trois hypothèses, la première (1) à récolte de prélèvement élevé (à raison d’un repos d’une année qui suit l’opération d’arrachage), la seconde (2) à récolte de prélèvement moyen (à raison d’un repos de deux
ans) et la troisième (3) à récolte de prélèvement faible (à raison d’un repos de trois ans).
92
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
Selon ces hypothèses, la projection des récoltes en feuilles d’alfa aux horizons 2020 et 2050 est comme l’indique
le tableau ci-après :
Tableau : Projection des récoltes globales de feuilles d’alfa en tonnes par CRA du gouvernorat de Kasserine aux horizons
2020 et 2050 selon HadCM3/scénarios A2 et B2
CRA
S. (ha)
Hypothèse 1
en 2005
en 2020
Hypothèse 2
en 2050
en 2005
en 2020
Hypothèse 3
en 2050
en 2005
en 2020
en 2050
Ain Khemaissia
368
61, 1
50, 0
28, 0
40, 7
33, 4
18, 6
30, 5
25, 0
14, 0
Bou Lahnech
652
108, 2
88, 7
49, 6
72, 2
59, 1
33, 0
54, 1
44, 3
24, 8
Bousaffa
14037
2330, 1
1909, 0
1066, 8
1553, 4
1272, 7
711, 2
1165, 1
954, 5
533, 4
Bouzguem
2635
437, 4
358, 4
200, 3
291, 6
238, 9
133, 5
218, 7
179, 2
100, 1
Djedliane
192
31, 9
26, 1
14, 6
21, 2
17, 4
9, 7
15, 9
13, 1
7, 3
Echrayaa
5262
873, 5
715, 6
399, 9
582, 3
477, 1
266, 6
436, 7
357, 8
200, 0
Eddachra
13
2, 2
1, 8
1, 0
1, 4
1, 2
0, 7
1, 1
0, 9
0, 5
El Bouajer
4
0, 7
0, 5
0, 3
0, 4
0, 4
0, 2
0, 3
0, 3
0, 2
El Ayoun
10
1, 7
1, 4
0, 8
1, 1
0, 9
0, 5
0, 8
0, 7
0, 4
El Garaa El Hamra
98
16, 3
13, 3
7, 4
10, 8
8, 9
5, 0
8, 1
6, 7
3, 7
El Gonna
2895
480, 6
393, 7
220, 0
320, 4
262, 5
146, 7
240, 3
196, 9
110, 0
El Hechim
7690
1276, 5
1045, 8
584, 4
851, 0
697, 2
389, 6
638, 3
522, 9
292, 2
El M’zirÔa
202
33, 5
27, 5
15, 4
22, 4
18, 3
10, 2
16, 8
13, 7
7, 7
Errakhmet
3770
625, 8
512, 7
286, 5
417, 2
341, 8
191, 0
312, 9
256, 4
143, 3
Esskhirat
8877
1473, 6
1207, 3
674, 7
982, 4
804, 8
449, 8
736, 8
603, 6
337, 3
Ettahamed
331
54, 9
45, 0
25, 2
36, 6
30, 0
16, 8
27, 5
22, 5
12, 6
Feriana
5313
882, 0
722, 6
403, 8
588, 0
481, 7
269, 2
441, 0
361, 3
201, 9
Foussana
1420
235, 7
193, 1
107, 9
157, 1
128, 7
71, 9
117, 9
96, 6
54, 0
Grouaa Ejjedra
9001
1494, 2
1224, 1
684, 1
996, 1
816, 1
456, 1
747, 1
612, 1
342, 0
Hassi El Ferid Nord
11912
1977, 4
1620, 0
905, 3
1318, 3
1080, 0
603, 5
988, 7
810, 0
452, 7
Hassi El Ferid Sud
23725
3938, 4
3226, 6
1803, 1
2625, 6
2151, 1
1202, 1
1969, 2
1613, 3
901, 6
Hidra
173
28, 7
23, 5
13, 1
19, 1
15, 7
8, 8
14, 4
11, 8
6, 6
Kasserine Nord
600
99, 6
81, 6
45, 6
66, 4
54, 4
30, 4
49, 8
40, 8
22, 8
Kasserine Sud
3226
535, 5
438, 7
245, 2
357, 0
292, 5
163, 5
267, 8
219, 4
122, 6
Lajred
3
0, 5
0, 4
0, 2
0, 3
0, 3
0, 2
0, 2
0, 2
0, 1
Majel Bel Abbes
6122
1016, 3
832, 6
465, 3
677, 5
555, 1
310, 2
508, 1
416, 3
232, 6
Om Ali
6472
1074, 4
880, 2
491, 9
716, 2
586, 8
327, 9
537, 2
440, 1
245, 9
Om Lagsab
18578
3083, 9
2526, 6
1411, 9
2056, 0
1684, 4
941, 3
1542, 0
1263, 3
706, 0
Ouled Mahfoudh
1123
186, 4
152, 7
85, 3
124, 3
101, 8
56, 9
93, 2
76, 4
42, 7
Sbiba
197
32, 7
26, 8
15, 0
21, 8
17, 9
10, 0
16, 4
13, 4
7, 5
Sbitla
4035
669, 8
548, 8
306, 7
446, 5
365, 8
204, 4
334, 9
274, 4
153, 3
Thala
558
92, 6
75, 9
42, 4
61, 8
50, 6
28, 3
46, 3
37, 9
21, 2
Thelebet
3289
546, 0
447, 3
250, 0
364, 0
298, 2
166, 6
273, 0
223, 7
125, 0
Tiouecha
449
74, 5
61, 1
34, 1
49, 7
40, 7
22, 7
37, 3
30, 5
17, 1
23776, 5
19479, 6
10885, 6
15851, 0
12986, 4
7257, 1
11888, 3
9739, 8
5442, 8
Besoins de la
SNCPA (tonnes/an)
76337
76337
76337
76337
76337
76337
76337
76337
76337
% de couverture des
besoins de la SNCPA
31, 1
25, 5
14, 3
20, 8
17, 0
9, 5
15, 6
12, 8
7, 1
Total (tonnes)
Ce tableau montre que l’avenir de la SNCPA est préoccupant ainsi pour l’emploi provenant du secteur alfatier
dans le gouvernorat de Kasserine. En effet dans les meilleurs des cas le taux de couverture des besoins annuels
de la SNCPA ne dépasse pas les 40%.
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
5.3. Taux de couverture des besoins de la sncpa par les récoltes projetées de feuilles d’alfa
présumées en 2020 et 2050 dans le gouvernorat de Kasserine selon les trois hypothèses et
selon le modèle HadCM3/scénarios a2 et b2
Selon les trois hypothèses indiquées, les taux de couverture des besoins de la SNCPA présumés réalisables en
2020 et 2050 dans le gouvernorat de Kasserine, par les récoltes d’alfa, selon HadCM3/scénarios A2 et B2, sont
réunis dans le tableau récapitulatif ci-après.
Tableau : Projection des récoltes globales de feuilles d’alfa en tonnes de l’ensemble du gouvernorat de Kasserine aux horizons 2020 et 2050 selon HadCM3/scénarios A2 et B2
Hypothèses
ou scenarii
2003
(tonnes)
24 828
32
146 046 (ha)
16 552
22
12 414
16
9 931
Hypothèse (1)
Hypothèse (2)
Récoltes en tonnes et % de couverture des besoins de la SNCPA
S. de l’alfa
dans
le gouvernorat
de Kasserine
Hypothèse (3)
% de
couverture
% de
couverture
2050
(tonnes)
19 862
26
11 099
14
13 242
17
7 400
10
13
5 550
7
2020
(tonnes)
% de
couverture
Pour toutes les hypothèses, l’avenir de la production est préoccupant. Les baisses spectaculaires des récoltes
alfatières vont compromettre sérieusement le ravitaillement de la SNCPA en feuilles d’alfa.
Actuellement l’usine de la SNCPA, travaille à environ ¼ de sa capacité. Sachant que la SNCPA possède une capacité de transformation des feuilles d’alfa de 76337 tonnes par an.
On signale également que la détérioration de la productivité de l’alfa a des répercussions sur plusieurs domaines :
• socio-économique (ravitaillement de la SNCPA, balance commerciale de Tunisie, emploi, artisanat, parcours,
migration de la population et conflits démographiques, ...) ;
• environnementale (biodiversité, protection du substrat, richesse cynégétiques, ...) ;
Pour faire face à ces problèmes complexes, accentués par le changement climatique, une analyse critique des
stratégies et des pratiques d’aménagement et de gestion des nappes alfatières s’imposent ainsi que la nécessité
de songer à des réflexions aboutissant à la proposition d’orientations et de mesures adéquates sont urgentes.
6. RÉSULTAT DE L’ANALYSE RÉTROSPECTIVE
DES STRATÉGIES ET DES CAPACITÉS
6.1. Etudes antérieures
94
La pertinence des stratégies, des programmes, des projets et des pratiques d’aménagement et de gestion des
nappes alfatières, réside dans l’efficacité des actions à entreprendre sur le terrain pour l’atténuation des effets
directs et indirects face au changement climatique. En Tunisie et ailleurs, plusieurs études ont été élaborées dans
ce sens. Vu l’aspect nouveau et la complexité du phénomène du CC, ces études sont restées globales, au niveau
du diagnostic et au stade d’élaboration des méthodologies. Les études spécifiques sur les nappes alfatières sont
relativement rares.
Il importe de citer une étude prospective des nappes alfatières en Tunisie, qui a été réalisée par la DGF en 2004.
Elle a analysé en détail les problèmes et des menaces qui pèsent sur le secteur alfatier dans sa globalité y compris
les impacts probables du CC à l’horizon 2020. L’étude a débouché sur la proposition de 3 scénarios (tendanciel,
souhaitable et de crise). Pour chaque scénario, l’auteur a proposé des réflexions fondées sur l’état végétatif des
nappes alfatières en relation avec la pression des récolteurs de feuilles d’alfa. Il propose également l’importation
de l’alfa algérien en vu de soulager les nappes alfatières tunisiennes en leur permettant une amélioration végétative.
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
6.2. Gestion des nappes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine
A côté des stratégies liées au changement climatique et particulièrement on incidence sur l’écosystème alfatier,
il est utile de faire une analyse critique de la gestion antérieure des nappes alfatières. Il est évident qu’à travers la
gestion qu’on peut aborder les actions d’atténuation des incidences du CC sur les nappes alfatières.
6.2.1. Contexte antérieur
Pour faire face aux problèmes de la dégradation des nappes alfatières, l’administration tunisienne a entamé de
bonnes initiatives, relativement précoces, ayant pour but de développer et de préserver le secteur alfatier. C’est
ce genre de réforme qui pourra maîtriser les problèmes et les menaces qui entravent la préservation et le développement des nappes alfatières tout en tenant compte des aléas climatiques qui peuvent survenir. C’est dans les
années 1970, qu’il y a eu création d’un arrondissement spécifique pour bien gérer les nappes alfatières.
Suite à la création de l’arrondissement, 39 séries alfatières ont été aménagées dont 19 au sein du gouvernorat de
Kasserine et réunissant 196 parcelles de surface totale de 170916 ha (surface aménagée).
6.2.2. Contexte actuel
Après expiration de la durée des aménagements, les nappes alfatières sont laissées à leur sort (sans révision depuis). Actuellement, dans le gouvernorat de Kasserine, d’après l’INFP 2005, la superficie totale de l’alfa ne couvre
que 146 046 ha.
A côté de l’abandon des aménagements des nappes alfatières, il est à signaler que le manque de moyens humains
et matériels contribue énormément à la détérioration des nappes alfatières. Cette dégradation est spectaculaire
au niveau des pertes en surfaces et en productivités pastorales et en biomasses d’alfa. Les causes de la décadence
du secteur alfatier sont en grande partie liées à la déficience dans la gestion (manque de moyens de suivi et de
contrôle, disfonctionnements socioéconomiques, manque d’approches participatives intégrant tous les partenaires dans le secteur : gestionnaires, population locale, industriels, ...
Ces constats et analyses montrent que la région de Kasserine a atteint le niveau ultime du déclin (dégradation
irréversible des nappes alfatières, gestion déficitaire, effervescence sociale et pauvreté extrême, ...) aggravé par
l’accélération du réchauffement climatique qui est devenu à nos jours une réalité confirmée par les scientifiques.
A défaut de mesures drastiques pour atténuer les impacts du CC sur l’écosystème alfatier on peut s’attendre à
des catastrophes socioéconomiques et environnementales insurmontables. D’où l’urgence pour la mise en œuvre
de stratégies pour faire face au CC et prendre les mesures nécessaires rationnelles à fin de préserver les nappes
alfatières dans le gouvernorat de Kasserine.
6.2.3. Problèmes entravant la gestion rationnelle des nappes alfatières
A l’issue des travaux antérieurs et des analyses réalisées le long de la présente étude, plusieurs déductions peuvent être retenues :
- Le réchauffement climatique est une actualité confirmée. Son impact direct sur l’alfa se manifeste par l’augmentation de sa vulnérabilité au décapage et au déchaussement. Quant à l’influence indirecte, qui est la plus
prépondérante, est la pression anthropozoïque à travers les défrichements et le surpâturage.
-L’explosion démographique qui pèse sur les écosystèmes alfatiers, engendre une demande accrue de terres
pour la mise en culture (défrichement des nappes déjà fragilisées par l’effet du réchauffement climatique).
- Par manque de moyens humains et logistiques, et, à défaut d’une surveillance rigoureuse, la sous valorisation
des prix attribués à l’alfa et ses dérivés, incite la population à défricher d’avantage les nappes alfatières pour
leur mise en culture.
-Le surpâturage excessif, en particulier durant les périodes de disettes, l’utilisation de l’alfa, déjà fragilisé par
l’effet de la sécheresse, pour l’affouragement du bétail est une pratique devenue courante et elle a des répercussions désastreuses sur l’avenir de l’écosystème alfatier.
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
- Actuellement la reconstitution des nappes alfatières en plein champ est une tâche difficile voire impossible:
l’alfa est un fossile vivant, bien qu’il est rustique, toute touffe disparue, elle ne pourra en aucun cas d’être
renouvelée (déficience de la recherche appliquée).
-La tendance actuelle vers l’imposition de changer la période de récolte en été au lieu qu’elle soit en automne
et en hiver, est une pratique pouvant contribuer à augmenter l’acuité des effets du changement climatique sur
les touffes d’alfa.
7. PRINCIPALES ORITATIONS STRATEGIQUES ET MESURES RECOMMANDEES
L’adaptation efficace des écosystèmes face au changement climatique doit intégrer systématiquement tous les
domaines liés de loin ou de près à l’écosystème en question.
7.1. Orientations stratégiques
7.1.1. Orientations générales
Avec une population rurale supérieure à 60%, Kasserine compte parmi les gouvernorats de Tunisie qui souffrent
d’un taux de chômage chronique (20%) dû au manque de diversification du secteur économique (OSS 2009).
Cette situation fait du gouvernorat de Kasserine l’une des régions les moins outillées pour combattre les impacts
négatifs du changement climatique. En effet, il s’agit d’un gouvernorat où la pauvreté est assez exacerbée par le
changement climatique. Le paysan se trouve poussé à s’orienter vers la surexploitation de l’alfa (défrichement,
décapage pour l’affouragement, surpâturage, utilisation comme combustible, ...) ;
On peut déduire que les principaux problèmes qui accentuent l’impact du changement climatique sur les nappes
alfatières peuvent être compilés dans le développement socioéconomique et le degré de pauvreté des habitants.
Il en résulte que, pour être efficace, les orientations stratégiques face au changement climatique doivent tenir
compte des aspects socioéconomiques et du bien être social.
96
Dans ce sens plusieurs orientations peuvent être envisagées en touchant à divers domaines socioéconomiques :
• L’encouragement de l’écotourisme, l’agritourisme, tourisme archéologique, tourisme pastoral et rationalisation de l’artisanat et du savoir faire local, pourront contribuer à améliorer le niveau de vie de la population
rurale et la préservation de l’environnement y compris l’écosystème alfatier ;
• En vu d’alléger la charge pastorale sur les nappes alfatières fragilisées par la sécheresse climatique et d’améliorer la rentabilité de la production animale, la conduite progressive de la stabulation entravée est à recommander ;
• La valorisation et la manufacture, sur place, des ressources locales (marbres, ciments, papeterie, conserves
agricoles, ...) constituent des créneaux prometteurs pour atténuer la pauvreté ;
• La consolidation de l’artisanat et du savoir faire local (sparterie, sculpture, ...) peut contribuer au bien être des
paysans et des artisans ;
• Les techniques de l’économie de l’eau (goutte à goutte, ouvrages de CES, techniques culturales adéquates,
choix des espèces et des spéculations convenables, ...) sont à encourager et à vulgariser.
• Amélioration des infrastructures de base (voierie, moyens de communication, hôpitaux, universités, aérodrome, ...) est la condition nécessaire pour l’essor socioéconomique ;
• La reconstitution des forêts naturelles est une nécessité à multiples intérêts. On cite particulièrement :
- les forêts naturelles du gouvernorat de Kasserine constituent un réservoir des formations alfatières au
niveau du sous bois
- l’assistance de la reconstitution des forêts est bénéfique pour l’emploi de la main d’œuvre, la remontée
biologique, la production ligneuse et divers produits forestiers non ligneux.
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
7.1.2. Orientations spécifiques
En vu d’améliorer la vigueur et de stimuler la circination des touffes d’alfa plusieurs stratégies sont à combiner
pour faire face aux effets des sécheresses climatiques qui peuvent survenir :
• Le respect d’une charge pastorale d’équilibre est recommandé ;
• L’encouragement de la stabulation entravée est une stratégie favorable à l’amélioration de la vigueur des
touffes et permet la reconstitution des nappes alfatières à long terme à travers la circination de l’alfa (intensification de l’élevage) ;
• Du point de vu administratif la consolidation de l’arrondissement alfatier par des moyens humains (techniciens, gardiens, ...) et logistiques ;
• Devant la menace du changement climatique, il faut se hâter à aménager les nappes alfatières du gouvernorat
de Kasserine : la vitesse des pertes en surfaces et en productivités primaires, risquent la disparition de la ressource d’une façon irréversible ;
• Sensibiliser les jeunes et le grand public aux problèmes qui peuvent survenir des effets du changement climatique (suivi et conduites des actions appropriées par des écoliers et des écoles primaires avec une rémunération
d’encouragement symbolique, augmenter les séances de sensibilisation sur les impacts du changement climatique sur l’écosystème alfatier, ...) ;
• Encouragement et ciblage des programmes de recherches appliquées quitte à instaurer des contrats-programmes pour accomplir les recherches appliquées nécessaires pour assurer la régénération alfatière ;
7.2. Mesures à entreprendre
Les mesures d’atténuation des impacts du changement climatique sur les nappes alfatières du gouvernorat de
Kasserine doivent être nécessairement réalisées à travers des aménagements durables, intégrés et participatifs.
En effet, ce type d’aménagement permet la valorisation rationnelle des ressources d’une façon durable et également la responsabilisation de tous les partenaires liés à la gestion des nappes alfatières (population, administration, gestionnaires, ONGs, industriels, artisans, communautés scientifiques, etc.).
A ce propos il convient de mentionner que le gardiennage et le respect des plannings des rotations de récoltes
dans les parcelles des séries alfatières, ainsi que l’application d’une charge pastorale rationnelle, constituent la
clef de voûte de toute gestion sérieuse. Pour plus d’efficacité, il est important de souligner la nécessité d’un recrutement de gardiens même en surnombre (sacrifice nécessaire). Ce gardiennage doit être accompli selon un cahier
de charge signé par les gardiens. Il s’agit d’un type de « contrat-programme » qui précise la cartographie exacte
des nappes alfatières. Ce contrat signé doit responsabiliser les gardiens sur les pertes en surfaces qui doivent
être contrôlées annuellement par un suivi rigoureux. Les rotations de récoltes doivent tenir compte de l’état de
dégradation des nappes alfatières et des conjonctures climatiques.
A l’issue de cette étude, toutes les orientations stratégiques ont tourné autour de l’aménagement durable intégré
et participatif des nappes alfatières. On peut proposer que la série alfatière doit être assimilée à l’unité de gestion
qui est la CRA (retenu comme unité de base). Toute CRA contenant une superficie supérieure à 1000 ha d’alfa fera
l’objet d’une série entière. Le reste des nappes alfatières sera géré dans des suites de parcelles appartenant à des
séries spécifiques pouvant chevaucher sur plusieurs CRAs voisines. Chaque série sera divisée en parcelles plus ou
moins homogènes constituant les unités d’exploitation de l’alfa selon une rotation de durée variable selon l’état
des nappes alfatières. Cette proposition reste à titre indicatif : l’aménagement proprement dit devra être fondé
sur des analyses diagnostics précises sur le terrain. Le tableau ci-après réunit les surfaces d’alfa du gouvernorat
de Kasserine par CRA avec les N° d’ordre indicatifs des séries alfatières.
97
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
Tableau : Superficies des séries alfatières projetées
CRA
S. (ha)
N° Série
CRA
S. (ha)
N° Série
Ain Khemaissia
368
Suite de
parcelles
Foussana
1420
9ème
Bou Lahnech
652
Suite de
parcelles
Grouaa Ejjedra
9001
10ème
Bousaffa
14037
1ère
Hassi El Ferid Nord
11912
11ème
Bouzguem
2635
2
Hassi El Ferid Sud
23725
12ème
Djedliane
192
Suite de
parcelles
Hidra
173
Suite de
parcelles
Echrayaa
5262
3ème
Kasserine Nord
600
Suite de
parcelles
Eddachra
13
Petite parcelle
Kasserine Sud
3226
13ème
El Bouajer
4
Petite parcelle
Lajred
3
Petite parcelle
El Ayoun
10
Petite parcelle
Majel Bel Abbes
6122
14ème
El Garaa El Hamra
98
Suite de
parcelles
Om Ali
6472
15ème
El Gonna
2895
4ème
Om Lagsab
18578
16ème
El Hechim
7690
5ème
Ouled Mahfoudh
1123
17ème
El M’zirÔa
202
Suite de
parcelles
Sbiba
197
Suite de
parcelles
Errakhmet
3770
6ème
Sbitla
4035
18ème
Esskhirat
8877
7ème
Thala
558
Suite de
parcelles
Ettahamed
331
Suite de
parcelles
Thelebet
3289
19ème
Feriana
5313
8ème
Tiouecha
449
Suite de
parcelles
ème
De ce tableau découle qu’on peut envisager 19 séries alfatières, chacune de surface supérieure à 1000 ha.
Les CRAs où la surface de l’alfa est inférieure à 1000 ha sont au nombre de 15 totalisant 3850 ha. Ces nappes
fragmentaires peuvent être annexées aux alfas forestiers et pré-forestiers ou bien dans des séries spécifiques
supplémentaires. Elles peuvent être associées aux nappes du sous-bois des forêts de pin d’Alep et de genévriers
(131000 ha véritables réservoirs et refuges pour l’alfa). Ces nappes alfatières qui n’ont pas été comptabilisées par
l’INFP de 2005, peuvent participer à l’augmentation des récoltes d’alfa pour la SNCPA.
A raison d’une productivité annuelle de 0, 34 tonnes/ha et selon une rotation bisannuelle, les 19 séries alfatières
du gouvernorat de Kasserine peuvent rapporter une production annuelle de 23 695 tonnes/an soit près de 1/3
de la capacité de l’usine de la SNCPA. Le déficit pourra être comblé par l’apport des autres gouvernorats alfatiers
et l’importation de l’alfa algérien. A long et à moyen terme, l’aménagement durable, participatif et intégré des
nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine qui vise en particuliers l’amélioration végétative des touffes d’alfa
et la reconstitution des nappes d’alfa par l’intermédiaire de la circination, pourra aboutir à une amélioration notable de leur productivité.
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
8. CONCLUSIONS
A l’issue de cette étude plusieurs conclusions ont été déduites :
• Le gouvernorat de Kasserine est la plus alfatière de toute la Tunisie. Sa participation nationale dans le ravitaillement de la SNCPA s’élève à 80%. Bien que la zone a de très bonnes aptitudes alfatières, sous l’effet des divers
agents de dégradation aggravés par les sécheresses climatiques, la quasi majorités des nappes alfatières ont
été démontrées « extrêmement à très vulnérables ». La situation de l’écosystème alfatier parait être en danger,
nécessitant des interventions urgentes.
• Le réchauffement climatique est une réalité confirmée, mais son influence sur le devenir des nappes alfatières
n’est pas directe. Son effet constitue un effet aggravant rendant l’alfa plus fragile aux agents de dégradation
notamment la pression anthropozoïque.
• Vu le tempérament de l’alfa, la cause de la détérioration des nappes alfatières paraît être liées à l’action anthropique intensifiée par l’effet des sécheresses climatiques.
• Compte tenu de la biologie de l’alfa, des déficiences de la maîtrise de sa régénération en plein champ, le peu
d’intérêt accordé à la ressource, le manque de moyens humains et matériel, l’absence d’aménagement, ... les
pertes en surfaces des nappes alfatières sont jugées irréversibles -situation précaire- incitant tout le monde à
penser à la sauvegarde de ce qui reste de ce patrimoine avant qu’il ne soit pas trop tard.
• La détérioration du secteur alfatier et de sa productivité a des répercussions sur plusieurs domaines :
- socio-économique (ravitaillement de la SNCPA, emploi, artisanat, parcours, migration et conflits démographiques, ...) ;
- environnementale (biodiversité, protection du substrat, richesse cynégétiques, ...).
Il est à noter que devant les pertes spectaculaires irréversibles en surfaces des nappes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine, les baisses énormes des récoltes d’alfa, l’avenir de la SNCPA est très préoccupant. En plus des
répercussions désastreuses sur la balance commerciale de Tunisie et sur l’emploi dans la région.
Malgré les stratégies et les bonnes initiatives entreprises par les autorités tunisiennes en matière de gestion à
travers l’aménagement de 19 séries alfatières et la création d’un arrondissement spécifique pour l’alfa, le secteur
alfatier a été énormément négligé. Cette négligence se manifeste par :
• l’abandon des aménagements des nappes alfatières et de leurs renouvellements ;
• aucune révision n’a été accomplie après expiration de la durée d’aménagement et les séries alfatières sont
laissées à leur sort ;
• le manque flagrant de moyens humains et matériel pour le suivi et la sauvegarde des nappes alfatières ;
Pour faire face à ces problèmes complexes, il est plus rationnel d’apporter des mesures reposant sur la consolidation de l’arrondissent alfatier et de l’aménagement des 19 séries alfatières proposées (cf. § 7.2.). Également,
la révision des prix de l’alfa et de ses dérivés constitue un élément déterminant pour une valorisation juste.
L’aménagement alfatier doit être intégré et participatif avec des contrats-programmes signés par l’ensemble des
partenaires (gestionnaires, population locale, industriels, artisans,et société civile.) ;
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Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique
A côté des mesures liées à la gestion, pour faire face aux effets du changement climatique sur le devenir des
nappes alfatières, sur l’avenir de la population humaine et de la SNCPA, on doit consolider les actions adaptées
aux sécheresses climatiques qui peuvent survenir (usages d’espèces rentables et xérophiles, économie de l’eau,
travaux de CES, utilisation des spéculations adaptées, réhabilitation et reconstitution des écosystèmes forestiers
et pré-forestiers endommagés, ...). Pour que les mesures soient efficaces, les décideurs doivent avoir une vision
globale des problèmes. Ils doivent avoir toujours dans l’esprit la présence du devoir du combat pour l’extirpation
de la pauvreté, pour l’assurance du bien être social. Également une politique visant des réformes structurelles est
nécessaire. Ces réformes toucheront en particuliers l’éducation, la recherche scientifique et appliquée, la participation du citoyen dans la prise de décision. Ce sont les meilleurs garants de toutes mesures rationnelles. Ces
mesures et réformes permettront de s’adapter aux circonstances liées au changement climatique qui peuvent
survenir et d’apporter les solutions rationnelles nécessaires.
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Vulnérabilité de
l’écosystème pastoral
face au changement
climatique dans
le Gouvernorat
de Médenine
avec l’appui de la
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Ministère de l’Agriculture
et de l’environnement
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Sommaire
1. Introduction
105
2. Description de l’approche méthodologique
2.1. Choix et description générale du modèle
2.2. Approche méthodologique globale
2.2.1.Les bases de données utilisées
2.2.2. Simulation
2.2.3. Restitutions des résultats
2.2.4.Evaluation économique des biens et des services
106
106
107
107
108
108
109
3. Potentialités pastorales actuelles
3.1. Répartition et production des écosystèmes pastoraux
3.1.1. Les parcours à base de Rosmarinus officinalis
3.1.2. Parcours à base de Stipa tenacissima
3.1.3. Parcours à base d'Artemisia herba-alba
3.1.4. Parcours à base d’Haloxylon schmittianum (Beguel)
109
109
3.1.5. Parcours à base d'Anthyllis henoniana (Ghizdir)
3.1.6. Parcours à base de Rhanterium suaveolens (Arfej)
3.1.7. Parcours à base de gypsophytes
3.1.8. Parcours à base d'halophytes
3.1.9. Parcours à base de psammophytes
3.2.Facteurs influençant l’état des écosystèmes pastoraux
3.2.1. Facteurs biophysiques
3.2.1.1. Ressources en sol
3.2.1.2. Les associations végétales
3.2.2. Facteurs socioéconomiques
3.2.2.1. Mode d’exploitation des parcours
3.2.2.2. Excès de la charge pastorale
3.2.3. Facteurs climatiques
3.2.3.1. Précipitations
3.2.3.2. Température
3.2.3.3. Vent
3.2.3.4. Variabilité et changement climatique
3.2.3.4.1. Pluviométrie
3.2.3.4.2. Température
110
110
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111
111
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
4. Evaluation de la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux face au changement climatique aux horizons 2020 et 2050
4.1. Les formations végétales peu vulnérables au changement climatique
4.1.1. Formation à base d’Haloxylon schmittianum
4.1.2. Formation à base d’halophytes
4.2. Les écosystèmes pastoraux moyennement vulnérables au changement climatique
4.2.1. Parcours à base de Rhanterium suaveolens
4.2.2. Formation à base de psammophytes
4.3. Les écosystèmes pastoraux les plus vulnérables au changement climatique
4.3.1. Formation à base de Stipa tenacissima
4.3.2. Formation à base de Rosmarinus officinalis
4.3.3. Formation à base d’Artemisia herba alba
4.3.4. Formation à base d’Anthyllis henoniana
4.3.5. Formation à base de gypsophytes
118
122
122
122
123
123
123
124
124
124
124
125
125
5. 126
Analyse de la valeur économique des différents biens et services de l’écosystème
5.1. Identification et typologie des biens et services rendus par l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine 5.2. Evaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine 5.3. Evaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine 126
127
129
6. Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au changement climatique 131
6.1. Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au changement climatique 131
6.1.1. Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au changement climatique 131
6.1.1.1. Parcours améliorés par plantation d’arbustes fourragers
131
6.1.1.2. Les mises en repos/défens (Gdel)
132
6.1.2. Le Programme de Développement Rural Intégré (PDRI)
132
6.1.3. Le Projet de Gestion des Ressources naturelles (PGRN)
133
6.1.4. Autres mesures accompagnatrices
133
6.1.5. Mesures ponctuelles de gestion de la sécheresse
134
6.1.6. Modalités actuelles d’exploitation et de gestion des parcours 135
6.2. Analyse de la capacité institutionnelle de l’administration face au changement climatique
135
6.2.1. Cas de l’Office de l’Elevage et des Pâturages (OEP)
135
6.2.2. Cas de l’Arrondissement des Forêts (AF)
136
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
7. Orientations stratégiques et mesures d’adaptation pour augmenter la résilience de l’écosystème face au changement climatique
138
7.1. Proposition d’orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des stratégies, des programmes et projets d’aménagement et de gestion des écosystèmes
138
7.1.1. Sur le plan politique : Création d’une unité spécifique à la stratégie d’adaptation
138
7.1.2. Sur le plan social et institutionnel
138
7.1.3. Sur le plan recherche scientifique
139
7.1.4.Sur le plan technique
139
7.2. Proposition de mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème face au changement climatique
140
7.2.1. Actions de développement
140
7.2.1.1. Mise en repos
140
7.2.1.2. Plantations d’arbustes fourragers autochtones
142
7.2.1.3. Resemis
142
7.2.1.4. Mesures d’accompagnement
143
7.2.1.5. Mobilité des troupeaux et pâturage différé 143
7.2.2. Appui institutionnel et modalités de gestion
143
7.2.2.1.Le renforcement des capacités du CRDA de Médenine et la création d’une Unité spécifique d’adaptation au changement climatique 143
7.2.2.2.Groupements de Développement Agricole (GDA)
144
7.2.2.3. Les conseils de gestion
144
7.2.2.4. Modalités pratiques pour l’exécution des différentes composantes de la stratégie
145
7.2.3. Développement des compétences et formation
146
7.2.3.1. Formation du personnel technique du CRDA
(Unité chargée de la mise en œuvre de la stratégie)
146
7.2.3.2. Formation des membres et du personnel des GDAs
146
7.2.4. Recherche scientifique
146
8. Conclusions
104
147
Remerciements :
L’équipe chargée de la réalisation de cette étude tiennent à remercier vivement:
- le Professeur Houcine Khatteli, DG de l’IRA pour son appui et ses encouragements et pour l’intérêt particulier qui a accordé
à cette étude.
- Mr Ammar Zerrim, technicien en télédétection et SIG à l’IRA pour sa contribution active dans la modélisation Maxent et la
production des différentes cartes ;
- les différents services du CRDA de Médenine et la direction régionale de l’OEP à Médenine pour leur appui, leurs commentaires constructifs lors des ateliers d’information et pour toutes les informations qui ont mis à la disposition de l’équipe pour
mener à bien ce travail ;
- toute l’équipe du projet « Appui à la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur le Changement Climatique »
CCC/GIZ qui a invité les membres de l’équipe à toutes les manifestations et les ateliers de formation et d’information se
rapportant à l’adaptation au changement climatique, ainsi que leurs critiques et commentaires constructifs lors des différentes phases de la présente étude.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Introduction
L
es parcours du gouvernorat de Médenine sont, plus ou moins, marqués par l’ampleur de l’impact des
diverses activités humaines. Il s’agit surtout du surpâturage et de l’extension des cultures pluviales qui
dénudent le sol pendant les périodes sèches et accélèrent ainsi son érosion. La sécheresse climatique, qui
a marqué le début de ce siècle (1999-2003), a fortement perturbé l’équilibre des écosystèmes de cette région.
Les effets d'une période de sécheresse dépendent essentiellement de sa durée se mesurant souvent en nombre
d’années sèches consécutives. Les connaissances relatives à la prédictibilité, l'intensité et les effets de telles successions d’années sèches demeurent insuffisantes.
Les impacts d’une sécheresse climatique sont d’autant plus néfastes que les écosystèmes sont plus fragilisés par
les perturbations anthropiques. Les parcours du gouvernorat de Médenine sont plus ou moins dégradés sous l'effet de différents stress et perturbations. Les conséquences de cette dégradation sont assez visibles non seulement
sur le couvert végétal naturel mais aussi sur le milieu physique. Il est parfois difficile de faire la part des différents
facteurs qui sont à l'origine de la dégradation quantitative et qualitative de la couverture végétale et dont les
effets se conjuguent ce qui amplifie davantage leur pouvoir dégradant. La situation serait elle plus grave quant à
l'avenir de l'élevage extensif, qui marquait l'économie de la région depuis plusieurs siècles, particulièrement à la
lumière du changement climatique où les prévisions montrent des sécheresses plus fréquentes, une augmentation des températures plus nettes et une variabilité saisonnière plus importante.
Compte tenu de l’état de dégradation atteint par certains écosystèmes et de la sécheresse qualifiée comme ‘sans
précédent’ qui a sévi en Tunisie méridionale au cours des années 1999 à 2003, la projection des températures et
des précipitations sur la Tunisie et particulièrement sur le gouvernorat de Médenine, est très alarmante pour la
résilience des écosystèmes tunisiens. Les conséquences iront de la dégradation des sols à un déclin des produits
traditionnels en passant par un appauvrissement des services écologiques, par exemple la protection des ressources en eau et des sols.
L’étude et l’analyse de la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine deviennent par
conséquent une nécessité en vue de développer des stratégies d’adaptation au changement climatique. Une telle
adaptation doit se concentrer sur la construction et le renforcement de la résilience des écosystèmes.
La présente étude s’intègre dans le cadre du projet CCC/GIZ qui a pour mission d’appuyer la Tunisie pour la
mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC) aussi bien au
niveau national que régional. La première étape a consisté en l’élaboration de la stratégie nationale d'adaptation
du secteur agricole au CC. Les étapes suivantes appréhendent carrément la mise en œuvre de la convention via
le passage à des niveaux plus approfondis et plus détaillés par l'élaboration des plans/stratégies régionaux (au
niveau des gouvernorats) permettant le développement des mesures d'adaptation.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Dans le cadre de sa tache d’appui à l’élaboration et à la mise en œuvre des stratégies sectorielles, la GIZ lance trois
études simultanées se rapportant à l’analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique.
Si la première et la deuxième études concernent la subéraie (Nord du pays) et les nappes alfatières (Tunisie centrale), la présente étude concerne les écosystèmes pastoraux, un archétype de grande importance dans le sud de la
Tunisie et particulièrement dans le Gouvernorat de Médenine en vue de fournir une base solide d'information sur
les stimulus du climat, impacts climatiques, les vulnérabilités, et les options de réponse (adaptation) permettant
de répondre aux besoins des groupes cibles (décideurs, institutions, ONGs). Elle vise, par conséquent, l’analyse de
la vulnérabilité de ces écosystèmes face au changement climatique et ce en vue d’identifier les écosystèmes les
plus vulnérables et d’identifier des mesures adéquates d’adaptation permettant de mettre en œuvre des projets
concrets de préservation de la biodiversité et de la productivité des écosystèmes.
L'étude est conduite en une deux phases qui comportent quatre étapes complémentaires:
- la première étape est consacrée à la capitalisation et l'analyse des données disponibles se rapportant aux caractéristiques biophysiques et socioéconomiques, à l’analyse de l’état actuel des écosystèmes pastoraux et à l’identification et l’évaluation de la valeur économique des différents biens et services des écosystèmes pastoraux ;
- la deuxième étape est consacrée à la mise en œuvre de l'approche méthodologique proprement dite. Cette approche est basée sur la modélisation des niches écologiques moyennant (Modèle Maxent: «Maximum Entropy
Modeling of Species Geographic Distributions») combinée avec des analyses des perturbations anthropiques
moyen SIG. Les différentes couches (physiques et socioéconomiques) de la carte agricole (CA) du gouvernorat
de Médenine et de l’inventaire national pastoral et forestier et de l’Atlas de Médenine servent comme outils de
cette analyse ;
- la troisième étape consistera en une analyse des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et
de gestion des parcours en rapport avec les risques liés au changement climatique ;
- une fois les outputs de la modélisation identifiés, la quatrième étape sera consacrée au développement des
propositions des orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des programmes et projets pour
l’aménagement et la gestion des parcours et identifier des mesures d’adaptation pour augmenter la résilience
de chaque unité pastorale face au changement climatique.
La réalisation de ces différentes étapes est couronnée par l'organisation des ateliers de concertation et de restitution/validation des résultats de l'étude avec les acteurs et partenaires concernés par cet archétype à savoir l’Institut
des Régions Arides, le CRDA de Médenine, l’OEP, l’URAP, des GDA en plus de la GIZ.
2. Description de l’approche méthodologique
2.1. Choix et description générale du modèle
106
La méthodologie adoptée fait intervenir l’utilisation des couches thématiques (climatiques et environnementales)
vectorielles et raster fournies par différentes sources (INFP, Cartes agricoles, www.wordclim.org et www.gisweb.
ciat.cgiar.org). La modélisation est réalisée avec les logiciels ARC-GIS et MAXENT. Le premier logiciel est nécessaire
aussi bien en amont de la modélisation (préparation des couches et conversion des extensions) qu’en aval pour la
conversion (ascii en raster et vecteur), la classification et la valorisation des résultats. Quant au logiciel MAXENT
(méthode d'entropie maximale pour la modélisation des distributions géographiques des espèces/écosystèmes),
le choix a été dicté par les performations de ce modèle dans l’évaluation et la simulation de la répartition géographique des espèces/écosystèmes tout en se basant sur la notion de la niche écologique (besoins environnementaux
de l’existence d’une telle espèce). Ce modèle permet de produire une carte de répartition de l’espèce/écosystème
avec différentes classes de probabilités. Celles-ci reflètent en d’autres termes les classes de sensibilité de l’espèce/
écosystème face aux variations pouvant toucher les paramètres environnementaux (exigences écologiques de l’es-
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
pèce). Pour aboutir aux classes de vulnérabilité, une couche vectorielle socioéconomique représentée par une
carte de répartition des coefficients de surpâturage, a été croisée aux cartes de sensibilité issues de la modélisation des variables environnementales ou biophysiques.
2.2. Approche méthodologique globale
Le schéma global de l'approche méthodologique permettant d’évaluer la vulnérabilité des formations végétales
au changement climatique, est présenté dans la figure 1.
Scénarios CC 2020-2050
INFP (2005)
Carte actielle
des formations
végétales
Socioéconomique
Carte de sensibilité
au CC (2005, 2020,
2050)
Paramètres
climatiques
(actuels)
Réponses, Impacts,
Stratégies, d'adaptation
World Clim
Cartes de vulnérabilité
Altitude
Modélisation Maxent
Carte agricole
- Profondeur
- Texture
- Salinité
Biophysique
Charge animale réelle
Coefficients de surpâturage
Capaciré de charge
Figure 1. Schéma général décrivant les différentes phases de l’approche méthodologique globale adoptée dans l’étude de
la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine au changement climatique.
2.2.1. Les bases de données utilisées
Inventaire national forestier et pastoral : La carte des formations végétales du gouvernorat de Médenine a été
extraite à partir de cet inventaire (MARHP, 2005).
La carte agricole : A partir de la carte agricole du gouvernorat de Médenine (MARH, 2002), nous avons utilisé la
couche des sols (profondeur, texture et salinité).
Données bioclimatiques : Des 19 variables bioclimatiques disponibles, le choix a été fait sur les 8 les plus pertinents pour notre cas d'étude à savoir:
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107
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Température
Pluviométrie
- BIO1: Température moyenne annuelle (°C),
- BIO12: Précipitation annuelle (mm)
- BIO4: Température saisonnière (Ecart type, %),
- BIO13:Précipitation du mois le plus pluvieux (mm),
- BIO5: Température maximale du mois le plus chaud (°C),
- BIO14: Précipitation du mois le plus sec (mm),
- BIO6: Température minimale du mois le plus froid (°C),
- BIO15: Précipitation saisonnière (Coefficient de variation,
mm)
Le climat actuel du gouvernorat de Médenine a été décrit en utilisant les 8 variables climatiques de Bioclim susindiquées, tirées des strates du climat mondial de la base de données WORLDCLIM. Cette base de données a également fourni des informations sur l’aire altitudinale de la répartition des écosystèmes de la région. Les données
(Format ESRI Grid, 2.5 Arc minute) et l'altitude ont été téléchargées à partir du site Worldclim
http://worldclim.org/current
Les projections climatiques ont été réalisées pour les années 2020 et 2050 à l’aide de la moyenne des prédictions
relatives au modèle de circulation globale largement utilisé (HADCM3), dans le cadre du scénario A2 d’émissions
de CO2 le plus pessimiste. Les données (format Grid, 2.5 min de résolution) ont été téléchargées à partir du site: http://gisweb.ciat.cgiar.org/GCMPage/download_b2.html
Pour la variable socioéconomique ; le coefficient de surpâturage est défini comme étant :
S (%) = 1-Ce/Cr (avec Ce : Charge d’équilibre et Cr : Charge animale réelle)
La charge d’équilibre ou capacité de charge a été estimée à partir des potentialités pastorales actuelles alors que
la charge réelle a été calculée à partir des effectifs des animaux répartis dans les délégations (CRDA Médenine,
2010).
2.2.2. Simulation
La simulation nécessite tout d’abord de préparer les différentes couches suivantes :
- la carte de répartition actuelle de chaque espèce/écosystème et qui sera convertie en fichier *.csv ;
- les cartes thématiques climatiques (les 8 variables de la situation actuelles et celles des années 2020 et 2050)
et leur conversion du type raster en fichiers ascii ;
- les cartes biophysiques (profondeur, texture et salinité des sols, altitude) et leur conversion du type vecteur en
fichiers ascii.
Une fois toutes les couches sont prêtes, le modèle est lancé pour effectuer les corrélations.
2.2.3. Restitutions des résultats
Pour chaque formation, les classes de sensibilité suivantes ont été adoptées:
Probabilité
Classe
Classe
<0.25
1
Peu sensible
0.25-0.5
2
Moyennement sensible
0.5-0.75
3
Sensible
>0.75
4
Très sensible
Les classes de vulnérabilité (non vulnérable, peu vulnérable, vulnérable, très vulnérable) ont été obtenues après
croisement des couches de sensibilité avec la couche des coefficients de surpâturage renfermant à son tour 3
classes (légèrement surpâturée, surpâturée et très surpâturée). Il est à signaler que seuls les données climatiques
qui ont été projetées aux horizons de 2020 et 2050. La pression animale a été supposée comme constante.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
2.2.4. Evaluation économique des biens et des services
Conformément aux objectifs de l’étude, l’évaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral
est déclinée en trois étapes principales :
i. 1ère étape : identification des biens et services de l’écosystème pastoral : il s’agit d’analyser et d’identifier de
façon qualitative les différents biens et services de l’écosystème pastoral (listes des services éco-systémiques);
ii. 2ème étape : évaluation économique de l’écosystème pastoral : il s’agit d’analyser et d’identifier de façon
quantitative les valeurs économiques des différents services de l’écosystème pastoral et de présenter des directives pour une meilleure évaluation de la valeur économique totale de l’écosystème.
iii.3ème étape : évaluation de la valeur économique perdue des différents biens et services de l’écosystème pastoral sous l’effet du CC : le travail consiste à évaluer la valeur économique perdue des différents biens et services de l’écosystème sous l’effet du CC et ce en se basant sur l’évaluation de la vulnérabilité de l’écosystème
face au CC aux horizons 2030 et 2050.
L’évaluation économique a été basée sur l’application de l’approche TEEB « les services rendus par les écosystèmes sont les bienfaits que les gens retirent des écosystèmes. En voici quelques exemples: denrées alimentaires,
eau douce, bois, régulation du climat, protection contre les risques naturels, contrôle de l’érosion, ingrédients
pharmaceutiques et loisirs » (CE, 2008). L’approche TEEB (Economics of Ecosystems and Biodiversity) ou Economie des écosystèmes et de la biodiversité (EEB), a été développée dans le cadre de l’initiative internationale qui
a engagé depuis 20071 suite aux idées développées dans l’Evaluation des Ecosystèmes pour le Millénaire (EEM).
Afin de procéder à l’évaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat
de Médenine, il a été fait recours à diverses méthodes qui ont été identifiées en fonction de la disponibilité des
données et de la nature du service en question. Ainsi, les principales méthodes utilisées sont inhérentes aux prix
de marché pour les biens et services marchands, la méthode de coût de déplacement, la méthode des dépenses
de protection, la méthode basée sur les coûts et la méthode d’évaluation contingente.
3. Potentialités pastorales actuelles (étape 1)
3.1. Répartition et production des écosystèmes pastoraux
La superficie exacte des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine varie d’une source à l’autre (IFPN,
Carte agricole, Atlas de Médenine, …). S’agissant d’une étude se rapportant exclusivement aux parcours, il a été
convenu en commun accord entre les différents partenaires impliqués dans ce secteur (Laboratoire d’Ecologie
Pastorale de l’IRA, les services du CRDA, l’OEP, l’URAP et les experts de la GIZ), d’adopter les résultats de l’inventaire forestier et pastoral national (IFPN) réalisé conjointement par la Direction Générale des Forêts (DGF) et le
Centre National de la Télédétection (CNT) qui est d’ailleurs le plus récent (2005, non encore publié). Cet inventaire
n’a concerné qu’une superficie de 407535 ha des parcours du gouvernorat de Médenine qui couvrent d’après
d’autres sources (MEDD et PNUD, 2006) une superficie totale de 626815 ha. La carte des unités pastorales du
gouvernorat a permis d’identifier neuf (9) grands types de parcours si on exclut les formations ripicoles qui sont
très peu représentées, avec seulement 250 ha (tableau 1). La nomination de chaque type, est dans la plupart des
cas, basée sur l'espèce la plus abondante dans l'unité d'échantillonnage ou sur le groupe d'espèces caractérisant
un milieu édaphique spécifique.
1
À la suite d’une discussion qui s’est tenue lors de la rencontre des ministres de l’environnement du G8+5, organisée à Potsdam en mai 2007
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Tableau 1. Superficies (ha) des principaux types de parcours du gouvernorat de Médenine et variation de leurs productions
pastorales en fonction de la pluviométrie.
Parcours à base de:
Superficie
Année normale
Année sèche
Année humide
ha
%
UF/ha
Total UF
UF/ha
Total UF
UF/ha
Total UF
Haloxylon
schmittianum
41242,76
10,12
40
1649710, 6
15
618641,477
65
2680779,73
Rhantherium
suaveolens
63203,63
15,51
70
4424254, 6
30
1896109,14
110
6952400,17
Gypsophytes
31548,13
7,74
25
789070,07
10
315628,03
40
1262512,12
Halophytes
85976,94
21,10
60
5158616,9
50
4298847,42
70
6018386,38
Psammophytes
87983,90
21,59
45
3959275,8
25
2199597,66
65
5718953,9
247,2
0,06
105
25953,448
60
14830,542
150
37076,355
Stipa tenacissima
18759,83
4,60
55
1031790,7
40
750393,28
70
1313188,24
Rosmarinus officinalis
2540,18
0,62
125
317522,86
100
254018,29
150
381027,435
Anthyllis henoniana
61644,44
15,13
45
2774000
20
1232888,99
70
4315111,47
Artemisia herba alba
14387,65
3,53
60
863259,5
30
431629,74
90
1294889,22
Total
407534,7
100
Formations ripicoles
20993455
12012584,5
29974325
D’après le tableau 1, les parcours à base de psammophytes (Stipagrostis pungens et/ou Retama raetam) et d’halphytes sont les plus représentées dans le gouvernorat de Médenine et couvrent ensemble plus de 43% de la superficie pastorale. Les parcours à base de Rhanterium suaveolens qui couvraient autrefois, toute la Jeffara et une
partie d’El-Ouara, sont devenus de mois en mois représentés (seulement 15%) en raison de la pression de l’emprise agricole continue. Les parcours de montagne représentés essentiellement par El-Gueddim (Stipa tenacissima) et à moindre degré de Chih (Artemisia herba alba) et Klil (Rosmarinus officinalis) sont les moins représentés
en raison de limite de leur répartition éco-géographique. Les parcours à base de Beguel (Haloxylon schmittianum)
et de Ghezdir (Anthyllis henoniana) qui marquent la physionomie des grands espaces pastoraux collectifs du Dhahar et El Ouara, sont moyennement représentés (10 et 15% respectivement).
La production pastorale varie d'un type de parcours à l'autre du simple au double et ce en fonction de la pluviosité
de l'année. Ces parcours fournissent, en année à pluviométrie moyenne (120 à 140 mm), une production fourragère dépassant 20 millions d'UF (tableau 1).
3.1.1. Les parcours à base de Rosmarinus officinalis
Appelés encore groupements de dégradation de la forêt claire de Juniperus phoenicea, il s'agit de garrigues, résultant de dégradation suite à des coupes, des incendies ou du surpâturage de formations forestières à base de
génevrier rouge. Ces groupements sont cantonnés dans les jbels de Béni Khédache et occupent des étendues
restreintes (2540 ha, soit 0.62% de la superficie pastorale du gouvernorat). Avec un taux de recouvrement allant
de 25 à 50%, le cortège floristique de ces parcours est représenté essentiellement par: Rosmarinus officinalis,
Helianthemum hirtum, Stipa tenacissima, Globularia alypum, Thymus hirtus, Periploca laevigata, Ballota hirsuta,
Rhus tripartitum, Pituranthos scoparius, Ruta chalepensis, Ferula tunetana, Phagnalon rupestre, Genista monocephala. La contribution globale à l’offre fourragère est de l’ordre de 317522 UF en année moyenne et de 254018
et 381027 UF en année sèche et humide respectivement.
110
L'intérêt médicinal et aromatique de la plupart des espèces de ce type de parcours constitue parfois le plus important service rendu par cet écosystème. En terme de biodiversité végétale, cet écosystème se caractérise par la
présence d'un certain nombre d'espèces endémiques comme Rosmarinus officinalis var. troglodytorum et Genista
monocephala.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
3.1.2. Parcours à base de Stipa tenacissima
Les parcours à base de Stipa tenacissima couvrent environ 18897 ha (près de 5% de la surface totale pastorale du
gouvernorat. Ils se rencontrent dans les reliefs (montagne) de Béni Khédache. Dans la région des Dahars, ce type
de parcours colonise les montagnes, glacis, plateaux et oueds. Ils sont très faiblement représentés dans la région
de Jeffara-Ouara. Le recouvrement total de la végétation varie de 22 à 54%. La composition floristique de ce type
de parcours est la suivante : Stipa tenacissima ; Lygeum spartum; Linaria aegyptica; Anthyllis sericea ; Artemisia
herba-alba; Gymnocarps decander ; Reaumuria vermiculata…L’offre fourragère de ce type de parcours est donc de
1039337 UF en année normale, 755882 et 1322793 UF en année sèche et humide respectivement.
3.1.3. Parcours à base d'Artemisia herba-alba
Ces pâturages couvrent une superficie de l’ordre de 14387 ha, soit seulement 3.5% de la superficie totale des parcours du gouvernorat. Ils se développent dans les zones à texture fine et colonisent les montagnes, les plateaux,
les glacis et rarement les dépressions. La couverture végétale, peut en fonction de la pluviométrie de l’année
osciller entre 5 et 40%. Les principales espèces qui caractérisent ce parcours sont : Artemisia herba-alba, Hamada
scoparia, Ajuga iva, Herniaria fontanesii, Salvia aegyptiaca, Aristida ciliata, Asteriscus pygmaeus. Dans les situations les plus dégradées, la plupart des faciès, qui le forment, sont dominés par Hamada scoparia et correspondent à des stades plus ou moins avancés de dégradation avec un taux de recouvrement qui varie entre 7.2 à 16.9%
(dont 10.3% la part du Rmeth). L’offre fourragère de ce type de parcours est alors de 863259 UF en année normale,
431629 et 1294889 UF en année sèche et humide respectivement.
En plus de son rôle fourrager et environnemental, il y a lieu de signaler le rôle aromatique et médicinal du chih et
industriel du Remeth "fabrication du neffa").
3.1.4. Parcours à base de Haloxylon schmittianum (Baguel)
Les parcours à base de Haloxylon schmittianum (Hammada shmittiana) ou Beguel couvrent environ 41242 ha
(plus de 1o % de la surface totale pastorale du gouvernorat). Ces parcours colonisent essentiellement les plateaux et les glacis et forment une végétation steppique claire à clairsemée. Dans la région de Jeffara-Quara et les
Dhahars, Haloxylon schmittianum s'associe à Gymnocarpos decander et la composition floristique peut être également marquée surtout par Rhantherium suaveolens et Koeleria pubescens. A El Ouara, le beguel s'associe à Stipa
lagascae et Traganum nudatum découlant du parcours d'Anthyllis henoniana, Helianthemum kahiricum et Gymnocarpos decander par dégradation. Toutefois, la dominance semble concerner les milieux les plus xérophytiques
à sols sablonneux grossiers pauvres en matière organique. La composition du cortège floristique varie beaucoup
d’un endroit à l’autre. S'agissant d'une zone de transition entre l’aride et le saharien, Hammada schmittiana s’associe avec Gymnocarpos decander, Atractylis serratuloides et Helianthemum kahiricum. Au niveau des oueds, ce
type de parcours est aussi rencontré en association avec Laegos reatam, Stipagrostis pungens et Anthyllis sericea.
La couverture végétale est généralement faible et varie de 10 à 30%. La production globale de ce type de parcours
est donc de l’ordre de 1649710 UF en année moyenne, 618641 en année sèche et 2680779 en année humide.
3.1.5. Parcours à base d'Anthyllis henoniana (Ghizdir)
Ces parcours couvrent environ 61644 ha, soit plus de 15% de la superficie pastorale du gouvernorat. Ils sont
couramment considérés comme des parcours sahariens du fait qu’ils peuplent les sites les plus défavorables du
point de vue hydrique et édaphique avec des sols squelettiques à croûte souvent recouverte d’un voile de sable. Il
s'agit d'un parcours médiocre mais qui peut donner une bonne production à base d’annuelles après des automnes
ou des printemps pluvieux. Ils sont plus particulièrement rencontrés au niveau d’El Ouara et Dhahar. Le recouvrement est en général faible et oscille entre 10 et 30%. La valeur pastorale varie en fonction de la composition
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
floristique des faciès de dégradation et elle dépend beaucoup de la présence des herbacées pérennes comme
Stipa parviflora, Aristida plumosa, etc (qui contribuent dans certains cas pour près de 70% à la biomasse totale
produite), des ligneux bas à haute valeur pastorale comme Gymnocarpos decander et Helianthemum kahiricum et
des annuelles dans les milieux couverts d’un voile éolien.
La production globale de ces parcours est d’environ 1232889 UF en année sèche, 2774000 en année moyenne et
4315111,5 en année humide. Plus de 60% de l’offre fourragère reste disponible le long de l’année.
3.1.6. Parcours à base de Rhanterium suaveolens (Arfej)
Couvrant une superficie de 63203 ha, ces parcours se développent sur les sols alluviaux sableux profonds et sur
les sables grossiers subéoliens plus ou moins profonds de la Jeffara (Médenine, Zarzis, Ben Gardane) et du Dhahar.
D'ailleurs, la principale caractéristique de ce type de parcours est l’extrême vulnérabilité des sols qu’il occupe à
l’érosion éolienne. Selon l’état de dégradation, la couverture végétale est comprise entre 15 et 60%. Sur le plan
physionomique, ces parcours qui constituent un bon pâturage sont dominés par Rantherium suavolens qui couvre
jusqu’à 60% du sol. Lorsqu'il n'est pas dégradé, cet écosystème pastoral présente les meilleurs indices de biodiversité végétale. Les principales espèces caractéristiques de ces parcours sont : Rhanterium suaveolens, Artemisia
campestris, Stipa lagascae, Atractylis flava, Salsola brevifolia, Paronychia arabica, Polygonum equisetiforme,
Retama raetam, Stipagrostis pungens, Nolletia chrysocomoides, Helianthemum lippii, Plantago albicans, Argyrolobium uniflorum, Echiochilon fruticosum.
La production totale de ce type de parcours est de l’ordre de 4424254 UF en année moyenne, 1896109 et 6952400
UF respectivement en année sèche et humide.
3.1.7. Parcours à base de gypsophytes
Ces parcours sont généralement à base d'Anarrhinum brevifoluim, Atracylis serratuloides et Lygeum spartum. Ces
parcours qui occupent une superficie de 31410 ha, soit 8% de la superficie totale des écosystèmes pastoraux du
gouvernorat. Ils se développent sur les sols présentant une croûte gypseuse ou un encroûtement calcarogypseux.
Au niveau de la composition floristique, ce groupement se caractérise par la dominance d' Atractylis serratuloides,
Gymnocarpos decander, Helianthemum kahiricum, Herniaria fontanesii, Zygophyllum album, Lygeum spartum,
Anarrhinum brevifoluim, Erodium glaucophyllum, Launaea angustifolia, Anabasis oropediorum. La couverture végétale est généralement faible (10 à 30%). La contribution globale à l’offre fourragère est de l’ordre de 785272 UF
en année moyenne et de 314109 et 1256436 UF en année sèche et humide respectivement.
3.1.8. Parcours à base d'halophytes
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Colonisant les dépressions salées et les sebkhas, les parcours à halophytes couvrent une importante superficie du gouvernorat (85977 ha, soit 22% de la superficie pastorale). La composition floristique est généralement
dominée par Nitraria retusa, Salsola sieberi, Zygophyllum album, Suaeda mollis, Lygeum spartum, Limoniastrum
guyonianum, Traganum nudatum et Suaeda fruticosa. Cette végétation est exploitée comme parcours par les
dromadaires. Dans les lieux de forte salinité on rencontre Salicornia arabica, Arthrocnemum indicum, Halocnemum strobilaceum Halopeplis Amplexicaulis. Dans la plupart des cas les parcours à base d'halophytes ont un
taux de recouvrement important qui peut dépasser 50 à 60%. Dans les lieux où la salure des sols est de moindre
degré (bords des sebkhas et dépressions périodiques), les petits ruminants pâturent également. Les dromadaires
peuvent pâturer dès le début de l’automne jusqu’à la fin de l’hiver. La période de pâturage des petits ruminants
se limite à la période automnale, ce qui réduit l’utilisation de ces parcours. La contribution globale à l’offre fourragère est de l’ordre de 5158617 UF en année moyenne et de 4298847 et 6018386 UF en année sèche et humide
respectivement.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
3.1.9. Parcours à base de psammophytes
Couvrant près de 87983 ha, soit 22% de la superficie pastorale du gouvernorat, ce parcours est concentré dans
sa majorité dans les lits d’oueds, les dépressions, sur les accumulations sableuses récentes, mais il n’est pas exclu
de les rencontrer sur des sols à surface battante après la déflation du sable qui s’était accumulé dans ces sites.
Ces parcours sont généralement dominés par Retama raetam et/ou Stipagrostis pungens avec un taux de recouvrement généralement inférieur à 20%. La composition floristique est relativement riche et variée lorsque la
formation végétale évolue sur des sols sableux fixés et profonds. Cutandia dichotoma, Lolium rigidum, Koelerea
pubescens et Schismus barbatus sont les principales graminées annuelles rencontrées, mais elles sont souvent accompagnées par des herbacées pérennes comme Aristida plumosa et par des ligneuses basses comme Helianthemum lippii sessiliflorum, Echiochilon fruticosum, Argyrolobium uniflorum, etc. L’ensemble constitue un pâturage
d’hiver et de printemps. L’offre fourragère de ce type de parcours est donc de 3959275 UF en année normale,
2199597 et 5718954 UF en année sèche et humide respectivement.
3.2. Facteurs influençant l’état des écosystèmes pastoraux
3.2.1. Facteurs biophysiques
Ressources en sol
Dominés par les sols d’apport, cette ressource se montre très fragile et vulnérable à toutes formes de perturbations. Quatre grandes classes peuvent y être distinguées (MARH, 2006):
• Les sols minéraux bruts et les sols peu évolués : Il s’agit de sols non évolués sur matériau minéral érodé ou récemment mis en place. Dans cette catégorie de sol qui occupent une superficie d’environ 554 057 ha (60,44%),
constitués soit de :
- des lithosols et des régosols qui sont des sols squelettiques peu profonds occupant essentiellement les zones
de Beni Khedache, Sidi Makhlouf, Koutine etc. S’agissant de roches géologiques affleurantes, généralement à
accès difficile, ces sols ne pourront servir que pour le pâturage ou des impluviums pour les aménagements de
CES.
- des sols d’érosion sur croûte calcaire démantelée qui occupent une superficie relativement importante du
Gouvernorat et sont répartis principalement dans la zone de Jeffara, Hamada et la partie nord de l’Ouara de
Médenine.
- des sols minéraux bruts d’apport qui d’origine éolienne et se présente soit sous forme des dunes mobiles et des
nebkhas dans la zone de Jeffara et de l’Ouara de Médenine, soit sous forme de cordons dunaires au niveau des
côtes Est de l’île de Jerba.
- des sols peu évolués d’apport colluvial ou alluvial qui se localisent au niveau des lits d’oueds, des zones d’épandage et derrière les ouvrages de CES (les Jessour). Sous cette classe, on peut ajouter les loess de Matmata qui
sont des sols limoneux très profonds de couleur beige et rouge selon le secteur (Mtimet, 1994).
• Les sols isohumiques à pédo-climat frais : Dans cette classe, qui occupent une surface de 234 980 ha (25,63%),
on rencontre essentiellement des sols bruns jeunes (Siérozems). Cette classe de sols, bien représentée dans le
Gouvernorat, se rencontre dans l’île de Jerba, la Jeffara, et une partie de l’Ouara de Médenine.
• Les sols calcimagnésiques : Il s’agit principalement des sols à un seul horizon (les rendzines) de profondeur
faible (20 cm) surmontant une croûte ou un encroûtement calcaire ou gypseux. Ces types de sols, qui s’étendent sur une superficie de 49.220 ha (5,37%), se rencontrent particulièrement dans le piedmont de la chaîne de
Matmata (versant Est : zone de Béni Khédache et de Médenine) et parfois associé à des sols bruns jeunes de la
Jeffara.
• Les sols halomorphes : Cette unité de sols est rencontrée essentiellement au niveau des sebkhas (El Malah,
Bou Jemel, M’habeul etc.) où elle occupe une superficie de 78 450 ha (8,56). La vocation essentielle de cette
catégorie de sol est le pâturage de camelins.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Les associations végétales
Vu la diversité des paysages écologiques entre et au niveau des grandes régions naturelles caractérisants le gouvernorat de Médénine, nous présentons dans ce qui suit les principales associations végétales (ou faciès ou groupement écologiques) par région naturelle.
Au niveau des Monts de Béni Kédache
–Un matorral bas à Rosmarinus officinalis au niveau des hauts sommets des jebels Matmata. Cette unité est une
variante endémique de l’association à Genista microcephala var. tripolitana et Teucrium alopecurus,
–Une pseudo-steppe à Genista microcephala, Thymus algeriensis et Rosmarinus officinalis représentée par l’association portant le même nom et dominée par Genista microcephala var. tripolitana, Thymus algeriensis, Stipa
tenacissima, Rosmarinus officinalis var. troglodytarum,
–Une steppe graminéenne à Stipa tenacissima représentant un stade de transition entre la garrigue méditerranéenne et la steppe à chamaephytes dans laquelle subsiste encore un faciès de graminées à Stipa tenacissima
en bon état faisant partie de l’association à Artemisia herba-alba et Hammada scoparia. Elle marque aussi le
passage sensible de l’étage bioclimatique méditerranéen aride supérieur à celui inférieur signalé notamment
par la disparition de Rosmarinus officinalis var. troglodytarum et Genista microcephala var. tripolitana du paysage.
–Une steppe à Artemisia herba-alba, Hammada scoparia et Helianthemum kahiricum représentée par le faciès
typique de l’association à Artemisia et Hammada scoparia et résulte de la dégradation de la steppe graminéenne à Stipa tenacissima,
–Une steppe dégradée à Gymnocarpos decander et Atractylis serratuloides représentée par la sous-association
Gymnocarpos decander de l’association à Artemisia herba-alba et Hammada scoparia.
Au niveau de la Jeffara
Les groupements qui caractérisent les plaines sablo-limoneuses et gypseuses. Il s’agit de :
–Une steppe à Rhanterium suaveolens représentée par la variante typique de l’association à Rhanterium suaveolens et Artemisia campestris et qui subit une grande pression agropastorale et est toujours menacée par
l’ensablement de ses terres.
–Une pseudo-steppe dégradée à Calycotome villosa et Astragalus armatus se localisant au niveau du village
d’Arram et s’étendant sur environ 1 200 ha. Elle constitue un faciès dégradé de l’association steppique à Rhanterium suaveolens et Artemisia campestris mais qui est dominé par Calycotome villosa rappelant la garrigue
méditerranéenne.
–Une unité dégradée à Astragalus armatus et Lygeum spartum représentée par la sous-association à Atractylis
serratuloides, la sous-association à Lygeum spartum et le faciès à Astragalus armatus ssp. tragacanthoides. Elle
est souvent dégradée, dominée par des espèces de faible valeur pastorale avec un cortège floristique assez
pauvre.
–Unité post-culturale à Deverra tortuosa et Artemisia campestris représentée par la sous-association à Retama
raetam de l’association à Rhanterium suaveolens et Artemisia campestris, l’association à Deverra tortuosa et
Haplophyllum vermiculare (Le Houérou, 1959) et sa sousassociation à Atractylis serratuloides, Lygeum spartum
et Retama raetam (Boukhris et Lossaint, 1972). Elle est composée essentiellement par une strate herbacée
dominée par Deverra tortuosa, Artemisia campestris.
Les groupements qui caractérisent les plaines à encrûtements gypseux, il y a lieu de signaler :
– Une steppe à Zygophyllum album et Anarrhinum brevifolium représentée par la variante typique de l’association à Zygophyllum album et Anarrhinum brevifolium (Le Houérou, 1959). Elle est totalement exploitée en tant
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que parcours.
– Une unité dégradée à Ononis natrix et Helianthemum lippii var. intricatum représentée par la sous-association
à Ononis natrix ssp. falcata et le faciès à Lygeum spartum de l’association à Zygophyllum album et Anarrhinum
brevifolium accompagnés par la sous-association à Atractylis serratuloides, Lygeum spartum et Retama raetam
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
(Boukhris et Lossaint, 1972) de l’association à Deverra tortuosa et Haplophyllum vermiculare (Le Houérou,
1959). Elle diffère sensiblement de la précédente par l’existence de quelques centimètres de sable grossier plus
ou moins éolien sur l’encroûtement gypseux.
Au niveau du Dhahar et El-Ouara
Le couvert végétal y est caractérisé par la dominance de deux types de formations steppiques à savoir les steppes
à chaméphytes et les steppes à graminées (hémicryptophytes). La composition floristique est très diversifiée
et est répartie d’une manière hétérogène. En effet les sols sableux fixes montrent la dominance de Hammada
schmittiana tandis que ceux des milieux sableux dégradés ou d´origine éolienne sont envahis par Stipagrostis
pungens. Les steppes à sols squelettiques (rencontrées à l’est de la région) sont dominées par Anthyllis sericea et
Gymnocarpos decander. Quant aux dépressions, on y remarque l’abondance de Retama raetam.
De point de vue phytosociologie, Le Houérou (1959, 1969) a pu identifier les associations suivantes :
- Association à H. schmittiana, Calligonum comosum et R. raetam ;
- association à Rhanterium suaveolens et Asphodelus refractus ;
- association à C. comosum et Anthyllis sericea ;
- sous association à Stipa lagascae de l’association à A. sericea et Gymnocarpos decander ;
- sous association à Helianthemum lippii var intricatum de l’association à A. sericea et G. decander ;
- groupement à Stipagrostis pungens et Scrofularia saharae ;
- groupements à espèces moyennement ou fortement halophiles : Salicornia sp., Arthrocnemum indicum,
Halocnemum strobilaceum, Halopeplis amplexicaulis ;
3.2.2. Facteurs socioéconomiques
Outre leur rôle environnemental, les parcours naturels jouent un rôle primordial dans l’amélioration de la productivité du cheptel qui, à son tour, permet de satisfaire les besoins des populations locales en viande, en lait, en
cuir et en laine. En plus ils permettent une augmentation des revenus des populations rurales et une amélioration
de leur niveau de vie. Il en résulte une diminution du taux de chômage, de pauvreté et de l’exode rural. Il a été
démontré que dans les mêmes conditions, le pastoralisme est 2 à 10 fois plus productif que l'élevage commercial
des fermes. Toutefois la valeur de la production pastorale peut être souvent fortement sous estimée dans la mesure où un fort pourcentage du commerce passe en-dehors des circuits officiels. Le développement économique
et social d’une région est subordonné à une gestion tant raisonnée que rationnelle de son environnement physique, biologique et socio-économique.
Mode d’exploitation des parcours
Si les parcours privés sont connus par leurs superficies très réduites et généralement soumis à un pâturage continu et libre, le schéma général de l’exploitation des parcours collectifs (Dhahar et El-Ouara) est dicté par différents
facteurs dont principalement la pluviométrie, l’état du couvert végétal, l’accessibilité et la présence de points
d’eau équipés. L’existence des troupeaux sur parcours ne reflète pas souvent l’abondance des ressources pastorales puisqu’en année sèche les éleveurs font recours aux complémentations pour entretenir leurs troupeaux.
Compte tenu de la faiblesse généralisée des ressources dans le même parcours, la transhumance reste possible
pour quelques grands troupeaux d’un parcours vers un autre (de Dhahar vers l’Ouara et vice-versa).
Il faudrait signaler qu’aussi bien pour les parcours privatisés, collectifs soumis ou non au régime forestier, la
gestion des parcours est restée anarchique et n’obéit à aucune règle épargnant les ressources. Pour les parcours
collectifs soumis au régime forestier, les plans d’aménagement élaborés par les services forestiers n’ont pu être
mis en application que sur une faible portion et ce pour des contraintes purement sociales. L’augmentation du
nombre de petits troupeaux et l’extinction des formes d’association des petits éleveurs sont des facteurs qui font
augmenter la pression animale sur ces parcours.
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115
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Excès de la charge pastorale
La dégradation des écosystèmes pastoraux s’est visiblement accélérée au cours des dernières décennies en raison
d’un déséquilibre flagrant entre les besoins alimentaires du cheptel et les potentialités productives des parcours.
Au niveau des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine, la charge animale varie de 0.77 à 4.49 UO/
ha/an. Elle est très excessive et dépasse de loin la capacité de charge réellement permise par la production de
la végétation pastorale qui varie de 0.01 à 0.2 UO/ha/an. Ce déficit engendre une dégradation de la plupart des
espaces pastoraux du gouvernorat puisque ces parcours sont tous surpâturés même si c’est à des degrés variables.
3.2.3. Facteurs climatiques
Le gouvernorat de Médenine, qui se trouve dans le sud-est du pays, se trouve ainsi imprégné par le Golfe du Gabès
au nord et au nord-est et la présence de la chaîne montagneuse et du Grand Erg Oriental au sud au sud-ouest: l’été
chaud et sec dure 4 à 5 mois, l'hiver frais et irrégulièrement pluvieux, l’automne et le printemps y sont très variables.
Exception faite à l’été, qui est une saison stable et calme, le climat de la région est caractérisée par une extrême
irrégularité dont les traits essentiels sont les suivant (Floret et Pontanier (1982) :
- des pluies peu abondantes mais très variables tombant pendant la période froide et une sécheresse quasi absolue entre mai et septembre,
- un régime thermique très contrasté avec des hivers tempérés à doux et des étés chauds à très chauds,
- une forte évaporation,
- des vents dominants de secteurs O, NO et SO (novembre à avril ; très violents secs et froids) ; de mai à octobre,
les vents du secteur marin (E, NE, SE) ; et durant la période estivale, se sont les vents secs et chauds du secteur
SO (sirocco) qui prédominent.
Selon Le Houérou (1969) a distingué les variantes climatiques suivantes:
-Climat aride inférieur à hivers doux qui intéresse la totalité de la plaine de la Jeffara et où la pluviométrie
moyenne annuelle varie de 100 à 200 mm,
-Climat aride inférieur à hivers tempéré qui intéresse principalement la chaîne montagneuse des Matmatas et
se caractérisent par des précipitations plus importantes (150 à 250 mm),
- Climat aride supérieur à hiver doux intéresse une partie de la Jeffara côtière (Jerba-Zarzis) (200 à 250 mm).
Précipitations
C’est le courant méditerranéen du nord-est qui fournit à la région l’essentiel des précipitations qu’elle reçoit à
cause de la large ouverture du golf du Gabès qui expose la bande littorale et une partie de la zone continentale
aux grandes perturbations régénérées par le vaste plan d’eau peu profond du golfe (Mzabi, 1988). Toutefois, les
perturbations sahariennes du sud-ouest et de l’ouest sont également responsables de quelques pluies dans la
région (Bousnina, 1977).
• Pluviométrie annuelle
Ouessar et al. (2006) ont rapporté ce qui suit:
- la pluviométrie décroît du nord vers le sud et de la côte vers le continent,
- il y a un surcroît de la pluviométrie sur les reliefs des Matmatas dû à l’effet d’altitude connu par l’effet de Foehn,
- le maximum de la pluviométrie est observé le long du littoral et sur les zones montagneuses.
• Pluviométrie mensuelle et saisonnière
Généralement, le mois le plus arrosé de la région est décembre. Les mois de janvier, octobre et novembre viennent en deuxième position Par contre, les mois de mai, juin, juillet et août sont presque secs.
Température
116
La moyenne thermique annuelle au niveau de la région de Zeuss-Koutine est de 20°C. Les mois de Décembre,
Janvier et Février sont les plus froids avec des gelées occasionnelles. La période Juillet, Août et Septembre est la
plus chaude de l’année. La température dépend de la proximité de la mer et de l’altitude.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Vent
Le gouvernorat est assez venté. En effet pus de 60% et 40% des vents sont forts à assez forts à Djerba et Médenine
respectivement. Généralement, les vents soufflants du N, NE, SE sont plus fréquents que ceux du S, O, et SO.
(Chahbani, 1992; Khatteli, 1996). Les printemps est considéré la saison la plus ventée de l’année suivie par l’hiver
et puis l’automne (Khatteli, 1996). En été, les vents chauds soufflant du Sahara (sirocco), localement connus par
chili, sont dominants. A Médenine, une moyenne de 54 jours de sirocco a été enregistrée.
Variabilité et changement climatique
Pluviométrie
Dhaou (2003) et Taamallah et Dhaou (2004) ont adopté plusieurs méthodes et indices pour caractériser et estimer
l’ampleur de la sécheresse au niveau de ces différentes stations, à savoir :
- Indice de l’écart à la moyenne (Em)
- Indice de pluviosité (Ip)
- Analyse fréquentielle
- Indice du nombre d’écarts type
- Persistance de la sécheresse
Tous ces indices ont été appliqués à la série pluviométrique de la station de Médenine (Dhaou, 2003) qui a la série
la plus longue au niveau de la zone d’étude et comptant 96 années d’observation complètes.
Indice de l’écart à la moyenne
Le calcul de l’indice de l’écart à la moyenne de la série pluviométrique de la station de Médenine sud permettent
de montrer que :
• Durant cette longue période d’observation, il a été enregistré 40% d’années excédentaires et 60% d’années
déficitaires.
• Le déficit le plus important retenu de cette série pluviométrique est de l’ordre de – 111, 95 mm en 1935-1936
(soit 75,2% de déficit).
• 16 séquences sèches de plus d’une année dont les plus longues s’étendent respectivement sur 9 années et 7
années consécutives de 1904-1905 à 1913-1914 et de 1960-1961 à 1966-1967,
• La tendance globale, durant la période 1903-1967, est à la sécheresse mais celle ci est entrecoupée de courte
période à tendance humide. De 1967-1968 jusqu’à 1995-1996, la tendance est humide. Par contre, de 19961997 à 2001-2002, il s’agit d’une tendance à la sécheresse.
Tendances pluviométriques
L ’analyse de la sécheresse par la méthode de l’indice de pluviosité et des cumuls des écarts fait apparaître une
alternance de séquences à tendance globale sèche et des séquences à tendance globale humide. Ainsi nous
constatons que :
• de 1903-1904 à 1966-1967, la tendance globale est à la sécheresse. Mais elle est entrecoupée des courtes
périodes à tendance humide dont les plus importantes s’étalent sur trois années consécutives (1926-1928 et
1957-1959).
• de 1967-1968 jusqu’à 1989-1990, la tendance est humide. Par contre, de 1990-1991 à 2001-2002, il s’agit
d’une tendance à la sécheresse. Ce qui confirme les constatations dégagées en se basant sur les observations
de l’écart par rapport à la moyenne.
Analyse fréquentielle
L’application de l’analyse fréquentielle à la série pluviométrique de la station de Médenine permet de donner une
meilleure précision des années normales par rapport aux années déficitaires et excédentaires. Sur les 96 années
d’observation on distingue:
14 années très sèches et déficitaires de 48,2% à 75,2%,
19 années sèches et déficitaires de 21,7% à 47,5%,
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117
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
29 années normales comprises entre 20,8% de déficit et 4,6% d’excédent,
19 années humides et excédentaires de 5,54 % à 34,3%,
15 années très humides et excédentaires de 38,1 % à 269%.
L’analyse de ces données permet de montrer que contrairement à ce qui été dégagé par l’indice de l’écart à la
moyenne, 34% des années d’observations ont été sèches à très sèches et que 30% ont été des années normales.
Cependant, cette analyse ne permet pas de dégager les tendances globales de la pluviométrie au niveau de la
station étudiée.
Persistance de la sécheresse
Suite à l’analyse des années sèches déterminée par la méthode de l’analyse fréquentielle à la station de Médenine,
nous constatons :
• 16 séquences d’une seule année sèche ;
• 4 séquences de deux années sèches successives (1910-1911 à 1911-1912, 1915-1916 à 1916-1917, 1935-1936
à 1936-1937 et 1996-1997 à 1997-1998)
• 3 séquences de trois années sèches successives (1904-1905 à 1906-1907, 1963-1964 à 1965-1966 et 19992000 à 2001-2002).
L’apparition des séquences de trois années consécutives a des répercussions catastrophiques sur tous les secteurs
économiques. Alors qu’une sécheresse isolée d’une année même très sévère, affecte moins fortement la région.
Nous remarquons que les sécheresses isolées prédominent (48,5% des cas) alors que les séquences de deux années consécutives sont moins importantes (24,2% des cas).
Indice du nombre d’écart type
Afin d’estimer la sévérité de la sécheresse vécue dans la région de Médenine, nous avons utilisé le critère de comparaison à la moyenne et à la moyenne moins un ou deux écarts types. Parmi les années déficitaires, 39,7% d’années de sécheresse modérée, 27,6% d’années de sécheresse forte et 32,8% d’années de sécheresse très sévère.
Température
L’analyse des séries de températures issues des deux stations météorologiques de Médenine (1978-2009) et Mellita (1973-2009) montre une légère tendance générale d’augmentation de la température plus visible à Mellita
(presque 6%) qu’à Médenine (presque 5%). En effet, Tmax et Tmin se trouvent augmenter de 6.4% et 4.82%, et
5.88% et 4.88% à Mellita et Médenine respectivement. Les saisons les plus concernées sont en premier lieu l’automne suivi du printemps et de l’été. L’hiver est la saison la moins affectée.
4. Evaluation de la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux face
au changement climatique aux horizons 2020 et 2050 (Etape 2)
Les résultats relatifs à la prédiction de la dynamique et de l’évolution de la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux aux horizons 2020 et 2050, viennent confirmer les craintes et les cris d’alarme des instances nationales et
régionales du fait que la situation actuelle des écosystèmes pastoraux est déjà catastrophique et qu’elle va t’être
aggravée par le changement climatique du moins si le degré de la présente perturbation anthropique (pression
animale) ne fera pas l’objet d’une intervention pour son allègement.
Les résultats obtenus (tableau 2) permettent de classer les unités pastorales (ou formations végétales) du gouvernorat de Médenine en trois grandes classes quant à leur vulnérabilité au changement climatique. La classification
118
s’est basée sur les évolutions des superficies des classes de vulnérabilité retenues (Non vulnérables, peu vulnérable, vulnérable et très vulnérable) de ces unités depuis la situation de référence (2005, année de réalisation de la
carte INFP) jusqu’à l’horizon 2050 tout en passant par celui 2020.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Tableau 2. Variation de quelques indicateurs quantitatifs en fonction du degré de vulnérabilité des écosystèmes pastoraux
du gouvernorat de Médenine en 2005 et aux horizons de 2020 et 2050.
Ecosystème
pastoral
Année
2005
Haloxylon
schmittianum
2020
2050
2005
Halophytes
2020
2050
Classe de
vulnérabilité
Superficie
(ha)
Biomasse
(Kg MS/ha)
Production
pastorale (UF)
1
4801,67
1560542,75
312108,55
2
24817,05
4963410
992682
3
8417,22
631291,5
126258,3
4
2888,47
144423,5
28884,7
Total
40924,41
7299668
1459934
1
19759,82
6421941,5
1284388,3
2
10071,88
2014376
402875,2
3
728,11
54608,25
10921,65
4
10416,67
520833,5
104166,7
Total
40976,48
9011759
1802352
1
24557,63
7981229,75
1596245,95
2
2365,51
473102
94620,4
3
2068,2
155115
31023
4
11922,05
596102,5
119220,5
Total
40913,39
9205549
1841110
1
5407,07
1892474,5
378494,9
2
47796,75
14339025
2867805
3
16145,57
4036392,5
807278,5
4
11034,82
1103482
220696,4
Total
80384,21
21371374
4274275
1
50780,02
17773007
3554601,4
2
13651,79
4095537
819107,4
3
9156,14
2289035
457807
4
3467,1
346710
69342
Total
77055,05
24504289
4900858
1
55142,57
19299899,5
3859979,9
2
14955,23
4486569
897313,8
3
5373,59
1343397,5
268679,5
4
2005
1576,2
157620
31524
Total
77047,59
25287486
5057497
1
1908,44
1049642
209928
2
39613,38
13864683
2772936
3
13125,91
1968886
393777
4
7959,4
397970
79594
62607,13
17281181
3456235
0
0
0
2
5379,55
1882842
376568
3
21152,12
3172819
634564
4
35917,28
1795865
359173
Total
62448,95
6851526
1370305
Total
1
Rhanterium
suaveolens
2020
2050
GIZ-BROCHURE+CCC.indd 119
1
0
0
0
2
529,21
185223
37045
3
12802,99
1920448
384090
4
49158,09
2457905
491581
Total
62490,29
4563576
875671
119
23/05/14 12:21
Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
2005
Psammophytes
2020
2050
2005
Stipa
tenacissima
2020
2050
2005
Rosmarinus
officinalis
2020
2050
1
30,61
9948,25
1989,65
2
60332
13574700
2714940
3
15959,53
1994941,25
398988,25
4
11443,56
572178
114435,6
Total
87765,7
16151768
3230354
1
1960,42
632261,5
126452,3
2
65937,23
14813219,3
2962643,85
3
7158,5
894812,5
178962,5
4
12709,55
635475,5
127095,1
Total
87765,7
16975769
3395154
1
6266,15
2036498,75
407299,75
2
56639,52
12743892
2548778,4
3
4959,81
620101,25
124020,25
4
19900,22
995416,5
199083,3
Total
87765,7
16395909
3279182
1
620,52
217182
43436
2
9238,43
2540568
508114
3
7227,36
1445472
289094
4
1473,11
73655
14731
Total
18559,42
4276877
855375
1
0
0
0
2
0
0
0
3
0
0
0
4
18559,42
922215
184443
Total
18559,42
922215
184443
1
0
0
0
2
0
0
0
3
0
0
0
4
18559,42
922215
184443
Total
18559,42
922215
184443
1
494,47
370852, 5
74170,5
2
1075,56
672225
134445
3
788,06
394030
78806
4
182,09
54627
10925,4
Total
2540,18
1491734,5
298346,9
1
0
0
0
2
60,4
37750
7550
3
1016,41
508205
101641
4
1463,37
439011
87802,2
Total
2540,18
984966
196993,2
1
0
0
0
2
0
0
0
3
537,27
268635
53727
4
2002,91
600873
74170,5
Total
2540,18
869508
127897,5
120
GIZ-BROCHURE+CCC.indd 120
23/05/14 12:21
Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
2005
Artemisia
herba-alba
2020
2050
2005
Anthyllis
henoniana
2020
1
425.62
191529.45
38305.89
2
8996.77
2699031.3
539806.26
3
3639.57
545935.5
109187.1
4
1076.96
53848.1
10769.62
Total
14138.92
3490344.35
698068.87
1
0
0
0
2
0
0
0
3
0
0
0
4
14138.92
706945
141389
Total
14138.92
706945
141389
1
0
0
0
2
0
0
0
3
0
0
0
4
14138.92
706945
141389
Total
14138.92
706945
141389
1
331.85
116147
23229
2
35071.35
7890933
1578187
3
15679.24
1567924
313585
4
4269.08
211877
42375
Total
55351.52
9786881
1957376
1
0
0
0
2
60.45
13600
2720
3
11331.96
1133195
226639
4
43959.12
2181718
436344
Total
55351.52
3328513
665703
0
0
0
1
2050
2005
Gypsophytes
2020
2050
2
0
0
0
3
5119.76
511976
102395
4
50231.76
2493033
498607
Total
55351.52
3005009
601002
1
7.69
1535
307
2
8599.18
1074895
214979
3
15561.93
778096.3
155619.26
4
4949.31
123730
24746
Total
29118.11
1978260
395652
1
0
0
0
2
269.13
33640
6728
3
344.25
17210
3442
4
28504.72
712615
142523
Total
29118.11
763470
152694
1
0
0
0
2
0
0
0
3
0
0
0
4
29118.11
727953
145590
Total
29118.11
727953
145590
* 1: Non vulnérable, 2: Peu vulnérable, 3: Vulnérable, 4 : Très vulnérable
121
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
4.1. Les formations végétales peu vulnérables au changement climatique
Il s’agit des parcours à base d’Haloxylon schmittianum et d’halophytes qui semblent les plus adaptés voire les
plus favorisés par le changement climatique attendu et également les plus résistants à la pression animale. Ces
écosystèmes pastoraux comportent en effet des espèces pérennes xérophiles connues par leur adaptation à la
sécheresse et à l’augmentation des températures en plus de leur large amplitude édaphique d’une part et d’autre
part par leur faible palatabilité réduisant ainsi les effets néfastes de la surcharge animale. Tous ces atouts permettent d’expliquer la faible vulnérabilité de ces parcours particulièrement aux horizons de 2020 et 2050.
4.1.1. Formation à base d’Haloxylon schmittianum
L’évolution de la répartition des classes de vulnérabilité du parcours d’H. schmittianum à entre 2005 et 2020 et
2050 montre une tendance à l’augmentation de la classe « non vulnérable » au dépens des autres classes et ce
au niveau des différentes régions du gouvernorat de Médenine à l’exception de la région naturelle du Dhahar
où les prédictions de la présente étude montrent que ce type de parcours sera très vulnérable aux horizons de
2020 et 2050. La part de la superficie des endroits où le parcours à « beguel » est qualifié non vulnérable gagne
de superficies par rapport aux autres classes. Ceci engendrera une augmentation de la production pastorale
allant de 23.5 à 26% respectivement en 2020 et 2050. L’augmentation de la superficie « non vulnérable » sera
également par une élévation du taux de recouvrement de la végétation (classe 30-40%). Le faible taux de recouvrement (inférieur à 10%) est particulièrement enregistré dans les zones les plus vulnérables à l’instar du
Dhahar de Béni Khedache.
Sur le plan qualitatif ou physionomique, les parcours à base de beguel sont connus par leur faible diversité floristique et ce malgré la diversité des paysages édaphiques et géomorphologiques qu’ils peuvent occuper. En effet,
ils se rencontrent dans les plaines, sur les glacis et plateaux, sur les dunes continentales et parfois même sur certaines collines et montagnes. Toutefois, la dominance semble concerner les milieux les plus xérophytiques à sols
sablonneux grossiers pauvres en matière organique.
La composition du cortège floristique varie beaucoup d’un endroit à l’autre. Ainsi, dans certains endroits d’ElHmada/Djeffara, l’espèce clef de voûte (H. schmittianum) est essentiellement accompagnée par Rhantherium
suaveolens et Koeleria pubescens, alors que dans les Matmata, c’est Thymelea microphylla qui co-domine. Sur les
plateaux du Dhahar et les glacis du versant ouest de la chaîne des Matmatas, qui correspondent à une zone de
transition entre l’aride et le saharien, le beguel s’associe avec Gymnocarpos decander, Atractylis serratuloides et
Helianthemum kahiricum. Ce type de parcours est aussi rencontré dans les oueds du Dhahar et à El Ouara en association avec Retama reatam, Stipagrostis pungens et Anthyllis sericea. La plupart des espèces formant le cortège
floristique de cette formation végétale est de très faible palatabilité et les animaux cherchent plutôt les espèces
annuelles dominant au cours des années pluvieuses. D’ailleurs H. shmittianum n’est broutée que dans une période
limitée de l’année qui coïncide avec le stade de floraison-fructification. Ceci justifie en grande partie la faible vulnérabilité de cette formation végétale.
4.1.2. Formation à base d’halophytes
122
Du fait que ces parcours sont localisés dans des dépressions et en raison du facteur salure, la production et la
dynamique sont quasiment stables et ne réagissent que peu à la nature de l’année. Les plantes halophiles ont,
en effet, la particularité de pouvoir supporter les conditions salines imposées par leur milieu et de développer
des facteurs d’adaptation pour survivre dans des conditions extrêmes comme les sécheresses (par régulation de
l’ouverture des stomates). Aussi, même si les petits ruminants les visitent, ces parcours sont surtout préférés par
les dromadaires qui les fréquentent en hiver pour la cure salée. Toutes ces caractéristiques justifient et confirment
la très faible sensibilité et vulnérabilité de cette formation végétale face au changement climatique.
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23/05/14 12:21
Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Ces parcours ne demandent pas plus qu’une bonne gestion pour les préserver et il faudra surtout éviter toute
perturbation du milieu par des plantations ou des semis. Leur mise en repos n’amènera pas d’importantes améliorations.
4.2. Les écosystèmes pastoraux moyennement vulnérables au changement climatique
4.2.1. Parcours à base de Rhanterium suaveolens
Considérée comme étant la steppe la plus sujette à la perturbation, la plus recherchée pour la mise en culture et
la plus importante des zones arides en matière de diversité de son cortège floristique, cet écosystème pastoral
peut être qualifiée, à travers cette étude, comme étant vulnérable à très vulnérable particulièrement aux horizons
2020 et 2050.
Le tableau 2 montre des changements quantitatifs aussi bien au niveau des superficies qu’au niveau de la production de biomasse et des unités fourragères. Ce tableau montre également une disparition de la classe « non vulnérable » et une importante chute des paramètres de la classe « peu vulnérable » au profit des classes «vulnérables»
et surtout « très vulnérable » en 2020 et 2050. Cette tendance vers des classes plus vulnérables sera accompagnée
par une réduction du taux de recouvrement de cette formation végétale. Les données montrent qu’il existe une
proportionnalité entre le taux de recouvrement de la végétation et son taux de recul vers des classes plus "dégradées", désignant un recouvrement moins important. En effet, plus le taux de recouvrement est faible, plus la
végétation sera sujette aux méfaits de la pression anthropozoïque (piétinement par les troupeaux, broutage, éradication, défrichement, …) et être, par conséquent, exposée aux différents processus de l’érosion hydro-éolienne
(déssouchage des plantes et mise à nu de leurs racines, …) puisqu'elle ne peut pas assurer son "auto-protection" ;
ce qui diminue sa capacité, dans un premier temps de se protéger, mais aussi sa capacité de se régénérer.
Les changements quantitatifs induits par l’augmentation du degré de vulnérabilité des parcours de Rhanterium
suaveolens seront accompagnés par des changements qualitatifs touchant leur physionomie. Ceci se traduit par
une régression en nombre de certaines espèces pastorales qui étaient dominantes en l’occurrence Rhanterium
suaveolens, Stipa lagascae, Plantago albicans et Helianthemum lippii var. sessiliflorum. Ces différentes espèces
de haute palatabilité, vont devenir de moins en moins présentes dans le milieu. D’autres espèces de faible valeur
pastorale et connues par leur meilleure adaptation à la sécheresse (changement climatique) et aux perturbations
anthropiques (particulièrement le surpâturage) deviennent de plus en plus abondantes face à l’augmentation des
effets des facteurs de stress et de perturbations. Parmi ces espèces, il y a lieu de citer Astragalus armatus, Atractylis serratuloides, et au stade ultime Stipagrostis pungens.
4.2.2. Formation à base de psammophytes
Il est bien connu que ce type de parcours se développent essentiellement sur les accumulations sableuses ressentes, mais il n’est pas exclu de les rencontrer sur des sols à surface battante après la déflation du sable qui s’était
accumulé dans ces sites. Ces parcours sont généralement dominés par Laegos (Retama) raetam et Stipagrostis
(Aristida) pungens soit en association soit par une des deux espèces. Les conditions écologiques caractérisant les
aires de répartition de cette formation végétale attestent de la grande adaptation du cortège floristique de ce type
de parcours aux conditions climatiques et édaphiques très difficiles. Le tableau 2 montre que les espaces où la
végétation appartient à la classe peu vulnérable occupent plus de 65% de la superficie totale de l’unité pastorale
et ce aussi bien pour l’année de référence (2005) que pour les années 2020 et 2050. En second lieu vient la classe
«très vulnérable» qui touche un espace occupant de 13 à 22% de la superficie totale de l’unité. Cette classe se situe en grande partie dans la Jeffara. Les classes « non vulnérables » et « vulnérable » occupent des places intermédiaires. Du fait des faibles potentialités pastorales de cette formation végétale, cette variation de la vulnérabilité a
engendré une légère augmentation des productions qui ne dépassera pas 1.5% à l’horizon de 2050.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Stipagrostis pungens, Retama raetam et leur cortège floristique sont très bien connus par leur rusticité du moins
à la sécheresse grâce au phénomène de xérophytisme. La vulnérabilité même faible de cet écosystème pastoral
pourrait être expliquée par conséquent par le surpâturage grâce à la surcharge animale particulièrement au niveau de la région de la Jeffara, où la superficie relativement faible, qui fait l’objet d’un pâturage par un nombre
élevé d’animaux.
4.3. Les écosystèmes pastoraux les plus vulnérables au changement climatique
4.3.1. Formation à base de Stipa tenacissima
Le tableau 2 montre qu’actuellement, les espaces comportant la végétation vulnérable à très vulnérable représentent près de 47% de la superficie totale de l’unité pastorale. Tout cet espace est prévu de passer au stade très
vulnérable et ce depuis l’année 2020. Les productions en biomasse aérienne et en unités fourragères feront l’objet par conséquent d’une chute dépassant 75% ce qui va augmenter davantage le déficit du bilan fourrager déjà
marquant la région.
Cette grande vulnérabilité se traduira par des changements qualitatifs et physionomiques se traduisant par la raréfaction de l’espèce clef de voûte Stipa tenacissima dans tous les endroits de sa répartition actuelle à l’exception
de ceux qui sont plus favorables et pouvant bénéficier d’un supplément d’eau par ruissellement. D’autres espèces
non appétées par les animaux et plus adaptées aux stress thermique et hydrique comme Haloxylon scoparium et
Reaumuria vermiculata auront les potentialités pour dominer.
L’alfa (Stipa tenacissima L.) est une graminée vivace considérée par plusieurs auteurs comme étant l’un des remparts face à l’avancée du désert, et ce, grâce à son système racinaire très développé qui assure la fixation et la
protection du sol. Cette espèce a perdu sa capacité de régénération naturelle à cause de pratiques humaines irrationnelles (défrichement abusif, surpâturage, surcollecte de l’alfa) et surtout d’un bioclimat contraignant avec des
conditions souvent défavorables à la germination et à l’installation de cette espèce et de l’ensemble des espèces
de cette formation végétale.
4.3.2. Formation à base de Rosmarinus officinalis
Les résultats de l’étude montrent, même si à un degré moindre par rapport à l’alfa, la fragilité de cette formation
aussi bien par sa sensibilité aux scénarios climatiques développés pour la région que par sa faible résistance aux
différents types de perturbation (pâturage, coupe, …). Le tableau 2 montre la disparition de la classe non vulnérable depuis l’horizon de 2020, suivie de la classe peu vulnérable à l’horizon de 2050 et une tendance presque
quasi-totale de tout l’espace pastoral vers la classe « très vulnérable ». C’est ainsi qu’il est prévu que les potentialités pastorales connaitront une chute évaluée à 34 et 42% respectivement en 2020 et 2050.
Etant donnée sa superficie limitée et l’existence d’une variété endémique tunisienne (var. troglodotyrum) menacée dont la perte ne peut en aucun cas être évaluée, sa protection et/ou la mise en plan d’un plan de gestion
rationnel s’impose.
4.3.3. Formation à base d’Artemisia herba alba
124
Il semble que l’impact des effets néfastes de l’emprise humaine et du changement climatique semble plus
consenti au niveau des Monts des Matmatas du fait toutes les formations végétales colonisant le jbel, les piedmonts et les glacis semblent être les plus vulnérables. Ce résultat reste valable également pour la formation à
chih (Artemisia herba alba) où la situation sera plus alarmante aux horizons de 2020 et 2050. Le tableau 2 montre
que cette formation végétale passera d’un état relativement peu vulnérable à un état très vulnérable et ce depuis
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
même l’année 2020. Il est prévu que cette tendance va engendrer une perte de l’ordre de 80% de la production
pastorale de ce type de parcours. Ces espaces pastoraux seront de plus en plus gagnés par des espèces envahissantes, agressives et à faible valeur pastorale comme Haloxylon scoparium, Atractylis serratuloides, Astragalus
armatus, etc. Ces faciès voient aussi la surface des sols qu’ils occupent se colmater (pellicule de battance), ce qui
conduit à un blocage généralisé des activités biologiques dont la conséquence immédiate est la raréfaction de
l’armoise blanche et des espèces pastorales accompagnatrices à l’instar de Gymnocarpos decander, et l’espace
sera de plus en dominé par Haloxylon scoparium et/ou Atractylis serratuloides avec des annuelles essentiellement Stipa retorta et Diplotaxis harra qui ne prospèrent qu’en années pluvieuses.
4.3.4. Formation à base d’Anthyllis henoniana
Il est bien connu que ces parcours peuplent les sites sahariens les plus défavorables du point de vue hydrique et
édaphique. Les sols sont souvent maigres, caillouteux, à surface endurée et parfois gypseux, l’effet variation des
pluies est moins important que dans le cas précédent. Cependant malgré ces atouts et contrairement à ce qui est
attendu, les prédictions montrent que la formation à Anthyllis henoniana (espèce xérophile), de faible vulnérabilité actuellement, tend selon les prévisions à être plus vulnérable en 2020 à très vulnérable en 2050.
Les prévisions de cette étude montre que la superficie des unités vulnérables à très vulnérables qui représentent
seulement 36% en 2005, pourraient toucher la totalité de l’espace pastoral du ghizdir aux horizons de 2020 et
2050. Cette vulnérabilité commence à s’accentuer beaucoup plus dans les espaces pastoraux d’El-Ouara que dans
ceux du Dhahar. Ces scénarios engendreront par voie de conséquence, une chute de la production pastorale de
cet écosystème évaluée à environ 70%.
4.3.5. Formation à base de gypsophytes
Dans le gouvernorat de Médenine, les parcours gypseux constituent des ilots éparpillés entre les champs des
cultures et sont généralement soumis à un pâturage libre et continu durant toute l’année par les petits troupeaux
des agropasteurs sédentaires. Ce fait atteste de la vulnérabilité de ce type de parcours même dans la situation
actuelle et qui sera aggravée aux horizons de 2020 et 2050.
Bien que la plupart des espèces (Lygeum spartum, Atractylis serratuloides, Anarrhinum brevifolium, Nitraria retusa, …) formant le cortège floristique de cette formation soient considérées comme étant des xérophytes très
adaptées à la sécheresse, elle s’est avérée très vulnérable au changement climatique du fait que sa répartition
régresse à l’horizon de 2020 pour disparaître à l’horizon de 2050. D’après le tableau 2, les endroits où cet écosystème pastoral est qualifie comme étant vulnérable à très vulnérable représentent 70% de la superficie totale
en 2005. Il est prévu que la quasi-totalité (99%) de cet espace pastoral soit très vulnérable et ce depuis l’an 2020.
Ceci engendrera par voie de conséquence une baisse de la production pastorale évaluée à plus de 60%. Cette
forte vulnérabilité sera accompagnée par des changements au niveau de la physionomie de la végétation et la
dominance-abondance des espèces. C’est ainsi que les espèces de bonne valeur pastorale indicatrices du bon état
du parcours comme Anarrhinum brevifolium, (endémique tunisienne), Lygeum spartum et Helianthemum kahiricum seront menacées par la raréfaction voire la disparition pour être dominées voire même remplacées par des
espèces indicatrices de la dégradation et moins vulnérables a l’instar de Zygophyllum album, Erodium glocophyllum, Pithuranthos chlorantus et Peganum harmala.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
5. Analyse de la valeur économique des différents biens
et services de l’écosystème (5 à 7 pages)
5.1. Identification et typologie des biens et services rendus par l’écosystème pastoral dans
le gouvernorat de Médenine
En se basant sur plusieurs travaux réalisés2 dans le sud tunisien et en particulier dans le gouvernorat de Médenine,
l’élaboration d’une typologie suivant l’approche TEEB des biens et services rendus par l’écosystème pastoral dans
le gouvernorat de Médenine est tentée. Le tableau 3 synthétise cette typologie qui d’une part décrit les types des
services écosystémiques, selon les types d’usage (suivant l’approche VET) et d’autre part identifie les bénéficiaires
et spécifie les types de bénéfices enregistrés.
Tableau 3: Liste des biens et services rendus par l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine
Type de services
(Ref. approche TEEB)
Services
d’approvisionnement
(ou de prélèvement)
Biens et services
Type d’usage
Ref . VET)
Bénéficiaires/
usagers
Type de bénéfices
(1) Production
Usage Direct
pastorale (ressources
fourragères naturelles)
Usagers des parcours
Revenu des éleveurs.
Revenus des acteurs de la
filière.
(2) Plantes
Aromatiques et
Médicinales
Usage Direct
Usagers des parcours
Population locale
Revenu des usagers locaux
(femmes, familles pauvres,
etc.).
Revenus des acteurs
de la filière.
Protection des savoirs
faire locaux.
Santé humaine.
(3) Feuilles
de Gueddim
Usage Direct
Artisans locaux
Revenu des artisans locaux
(nattes, couffins, etc.).
Revenus des acteurs de
la filière.
Protection des savoirs
faire locaux.
(4) Bois de feu
des ligneux
Usage Direct
Usagers des parcours.
Population locale.
Source d’énergie pour
la cuisson.
(5) Miel
Usage Direct
Producteurs du miel.
Population locale.
Revenu des éleveurs.
Revenus des acteurs
de la filière.
(6) Chasse
Usage Direct
Chasseurs
Bien-être des chasseurs
Animation culturelle
Principalement les travaux de recherche de l’IRA, études CNEA, 1991, 2003, études des parcours d’EL Ouara, 2001, 2004 et 2009, étude des
parcours du Dhahar, IRA 2000, Atlas du gouvernorat de Médenine 1999, PARLCD du gouvernorat de Médenine, 1996, Inventaires forestiers,
1995 et 2006, etc.
2
126
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Usage indirect
Population locale.
Société nationale.
Communauté
internationale.
Protection des
aménagements et de
l’infrastructure .
Lutte contre l’érosion
éolienne.
Protection des terres et
des sols.
Usage indirect
Population locale.
Société nationale.
Communauté
internationale.
Protection de la
production agricole.
Lutte contre l’érosion
hydrique.
Protection des terres et
des sols.
Récolte et mobilisation
des ressources en eau
pluviales.
Amélioration des revenus
des agriculteurs locaux.
Protection des
écosystèmes et de
la biodiversité.
(9) Séquestration
du carbone
Usage indirect
Société nationale.
Communauté
internationale.
Atténuation des
effets du CC.
(10) Qualité
du paysage
Usage d’option
Population locale.
Acteurs touristiques.
Société nationale.
Communauté
internationale.
Conservation du
patrimoine naturel
(11) Récréation
(Parc Sidi Toui)
Usage Direct
Services forestiers.
Acteurs touristiques.
Société.
Recettes.
Revenus des acteurs
touristiques.
Diversification des
produits touristiques.
Usage d’option
(12) Valorisation
touristique du paysage
(tourisme écologique
et culturels)
Acteurs touristiques.
Société nationale.
Communauté
internationale.
Revenus des acteurs
touristiques.
Revenus des acteurs
locaux.
Usage d’option
(13) Valorisation
et d’héritage
culturelle (Festivals,
éducation et
recherche scientifique)
Société nationale.
Communauté
internationale.
Générations futures.
Animation culturelle.
Conservation des savoirs
locaux pour les
générations futures.
Valorisation scientifique et
éducationnelles.
(14) Conservation de
Usage d’option
la biodiversité, connue et d’héritage
et inconnue
Société nationale.
Communauté
internationale.
Générations futures.
Protection
des écosystèmes et
de la biodiversité.
(7) Lutte contre
la désertification
(ensablement)
(8) Protection des
bassins versants (CES
et mobilisation des
ressources en eau
Services de régulation pluviales)
(capacité à moduler
dans un sens
favorable à l’homme
des phénomènes
comme le climat par
exemple)
Services culturels
Services de soutien
5.2. Evaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral
dans le gouvernorat de Médenine
L’évaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine dont
les détails sont données par le tableau 4, révèle une valeur économique totale (VET) estimée à 32 606 000 DT/an,
qui sont réparties come suit : 45% (14 662 000 DT/an) pour les services d’approvisionnement, 40% (12 663 000
DT/an) pour les services de régulation, 12% (3 832 000 DT/an) pour les services culturels et 4% (1 449 000 DT/an)
pour les services de soutien. La répartition des bénéfices montre que la population locale et la société profitent le
plus avec respectivement 55,24% (18 012 000 DT/an) et 44,75% (14 590 000 DT/an), le reste 0,01% (4 000 DT/an)
est au profit de l’administration (Figures 2 et 3).
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Figure 2. Evaluation économique des biens et services de l’écosystème
pastoral dans le gouvernorat de Médenine par nature de service (1000 DT/an)
Production pastorale 15% 4898
Conservation de la biodiversité 4% 1449
Valorisation culturelle (Festivals) 2% 478
Plantes aromatiques
et médicinales 16% 5180
Valorisation touristique 10% 3350
Récréation (Parc Sidi Toui) 0% 4
Séquestration du carbone 6% 2095
Feuilles de Gueddim 5% 1467
Remeth 8% 2491
Miel 2% 625
GRN & LCD 32% 10568
Tableau 4 : Evaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine
Unité
Quantité
Prix
(DT)
Valeur
Distribution des bénéfices
(1000 DT)
(1000 DT)
%
Local
4898
15,02
4898
5180
15,89
5180
Gouvernement
Société
1. Services d’approvisionnement
(1) Production pastorale (ressources fourragères naturelles)
UF
16327270
0,3
(2) Plantes Aromatiques et
Médicinales
Kg
2383297
(3) Feuilles de Gueddim
Kg
2934731
0,5
1467
4,50
1467
(4) Remeth
Kg
1245636
2
2491
7,64
2491
(5) Miel
Kg
25000
25
Sous Total 1
625
1,92
625
14662
44,97
14662
10568
32,41
10568
2095
6,42
2095
12663
38,84
12663
2. Services de régulation
(6) Gestion des ressources
naturelles et lutte contre
la désertification
(7) Séquestration du carbone
Tonne
99754
21
Sous Total 2
3. Services culturels
(8) Récréation (Parc Sidi Toui)
Visite
87
50
4
0,01
(9) Valorisation touristique
(tourisme écologique et culturels)
Visite
239273
14
3350
9,20
(10) Valorisation culturelle
(Festivals)
Visite
9555
50
478
1,47
3832
11,75
1449
4,45
1449
1449
4,45
1449
32606
(100%)
100,0
Sous Total 3
4
3350
478
3350
4
478
4. Services de soutien
(11) Conservation
de la biodiversité
Sous Total 4
Total
128
GIZ-BROCHURE+CCC.indd 128
Ha
21315
68
18012
(55,24%)
4
(0,01)
14590
(44,75%)
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Figure 3. Evaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat
de Médenine par type (1000 DT/an)
Services d'approvisionnement 45% 14662
Services de soutien 4% 1449
Services culturels 12% 3832
Services de régulation 39% 12663
5.3. Evaluation de la valeur économique perdue
Selon les figures 4 et 5, les productions des principaux biens et services (approvisionnement et séquestration
de Carbonne) du système pastoral dans le gouvernorat de Médenine seront réduites sous l’effet des scénarios
de CC aux horizons 2020 et 2050. En effet, la réduction la plus importante concernera les PAM avec 78% et 81%
respectivement aux horizons 2020 et 2050. La production pastorale et la séquestration de Carbonne ne seront
cependant réduites que de 23% et 26% respectivement aux horizons 2020 et 2050.
Figure 4. Impact du CC sur la production des principaux Figure 5. Impact du CC sur la production des
biens et services du système pastoral (Quantité)
principaux biens et services du système pastoral (%)
18000000
Production pastorale
PAM
Feuilles de Gueddim
Remeth
Séquestration du carbone
0
16000000
-10
14000000
-20
12000000
-30
10000000
-40
8000000
-50
6000000
-60
4000000
-70
2000000
-80
0
-90
2005
2020
Production
pastorale
-23
PAM
Feuilles
de Gueddim
Remeth
Séquestration
du carbone
-23
-26
-26
-35
-39
-81 -78
-32-32
2020
2050
2050
129
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
En ce qui concerne l’évaluation monétaire de la VET correspondante aux services approvisionnement et de régulation (séquestration de Carbonne) considérée, les figures 5 et 6 montrent une réduction de la VET actualisée
de 59% et 83% respectivement aux horizons 2020 (7 381 000 DT/an) et 2050 (3 048 000 DT/an) par rapport à
la situation de référence (18 002 000 DT/an) (année de base : 2005). Sans actualisation (si on considère que les
préférences futures resteront les mêmes que celles du présent), la VET verra sa valeur chuter d’environ 45% aux
horizons 2020 et 2050 (9 940 000 DT/an). Les services d’approvisionnement et de régulation (séquestration de
Carbonne) considérés suivront les mêmes tendances comme la montre les figures 6, 7, 8 et 9.
Figure 6. Impact du CC sur la VET Figure 7. Impact du CC sur la VET
par type de services (Sans Actualisation)
par type de services (Avec Actualisation)
Services d’approvisionnement
Services de régulation
Total
Services d’approvisionnement
18002
Services de régulation
18002
9920
9940
2095
2095
1554
1614
15907
2005
7381
15907
1201
8386
8306
2020
2050
3048
477
2571
6180
2005
2020
2050
Figure 8. Impact du CC sur la VET par service
Figure 9. Impact du CC sur la VET par service
(Sans Actualisation)
(Avec Actualisation)
7000
Total
Production pastorale
PAM
Feuilles de Gueddim
Remeth
Miel
Séquestration du carbone
7000
6000
6000
5000
5000
4000
4000
3000
3000
2000
2000
1000
1000
0
Production pastorale
PAM
Feuilles de Gueddim
Remeth
Miel
Séquestration du carbone
0
2005
2020
2050
2005
2020
2050
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
6. Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets
et pratiques d’aménagement et de gestion actuelle en rapport
avec les risques liés au changement climatique
La Tunisie et plus particulièrement le gouvernorat de Médenine a connu durant son histoire plusieurs sécheresses à ampleur variable. Certaines ont eu des répercussions négatives, parfois dramatique sur l’économie et les
conditions socio-économiques de la population notamment rurale. La sécheresse de 1977 - 1979 avait été vécue
comme un événement exceptionnel. Les sécheresses plus récentes, celles de 1988 - 1989 et surtout celles de
1999-2003, ont été davantage perçues comme une des manifestations possibles du changement climatique annonçant un retour plus fréquent de ces "anomalies" qui, de statut de catastrophes, pourraient passer au statut de
"normes". Dans l’esprit du grand public, et en accord avec la tendance annoncée par les modélisateurs du climat,
le changement climatique associe à l’augmentation prévue de température une plus grande fréquence d’événements extrêmes comme les cyclones tropicaux, les tempêtes et les précipitations intenses qui leur sont liées et,
à l’opposé, le fort déficit pluviométrique conduisant à des situations de sécheresse. Au niveau du gouvernorat de
Médenine, plus particulièrement, les dernières sécheresses erratiques ayant sévi durant la période 1999-2003 ont
pu montrer jusqu'à quel point l’économie de la région est tributaire des hauteurs des pluies et de leur distribution.
Quoiqu’il soit conscient de l’aggravement de ce phénomène, l’intervention de l’Etat tunisien peut être jugée faible
dans une région, qui à côté de Tataouine et Kébili, abrite tout ce qui reste comme grands espaces pastoraux collectifs en Tunisie et où la sécheresse n’est plus considérée comme un phénomène conjoncturel mais bien structurel
qu’il faut impérativement intégrer dans les stratégies de développement de ces régions. . Cette intervention s’est
limitée à la stratégie nationale de lutte contre l’ensablement et de CES en vue de combattre la désertification,
les processus de dégradation et les effets néfastes de la sécheresse, et à quelques mesures accompagnatrices et/
ou ponctuelles comme celles relatives à la gestion des crises, en particulier de la sécheresse qui semblent autant
plus d’ordre politique que structurel.
6.1. Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets et pratiques
d’aménagement et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au CC
6.1.1. Stratégie nationale d’aménagement et de gestion des parcours naturels
Toutes les interventions menées dans les parcours du gouvernorat de Médenine et notamment dans les régions
de Dahar, d’El Ouara et dans la Jeffara ont porté sur des superficies très limitées comparativement aux potentialités pastorales existantes qui nécessitent un effort considérable d'aménagement et de gestion. Les parcours collectifs non soumis au régime forestier occupant des superficies importantes (212130 ha) n'ont bénéficié d'aucun
effort de réhabilitation. Les efforts d'amélioration pastorale tels que ceux analysés dans le document d'évaluation
de la stratégie nationale pastorale 1990-2000 et les rapports des différents intervenants dans ce secteur, démontrent que le Sud d'une manière générale et le gouvernorat de Médenine en particulier n'ont bénéficié que d'une
faible part de l'investissement consacré au développement pastoral.
A titre indicatif, la superficie totale améliorée par plantations arbustives durant les deux dernières décennies
1993- 2010 au niveau de tout le gouvernorat de Médenine n’a pas atteint les 2000 ha (1710 ha et 265 ha dans les
parcours collectifs et privés respectivement). Celles améliorées par simple mise en défens pour la même période
ont touché environ 61 000 ha (46 431 ha et 14 434 ha dans les parcours collectifs et privés respectivement).
6.1.1.1. Parcours améliorés par plantation d’arbustes fourragers
Les plantations fourragères sont réalisées par l’Arrondissement des Forêts, au niveau des terres domaniales et
collectives, et par l’Office de l’Elevage et des Pâturages, sur les terres privées. En fonction des conditions climatiques, les superficies plantées en arbustes fourragers varient annuellement de 14 à 400 ha, au niveau des terres
collectives et de 0 à 100 ha dans les terres privées. Depuis l’indépendance, une dizaine de périmètres pastoraux,
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
totalisant 641 ont été créés au niveau des terres domaniales et collectives. De même, l’OEP est intervenu chez 161
exploitants sur une superficie de 273 ha dont 165 ha réussie. Le taux d’échec chez les privés a été très important
chez les privés disposant d’un terrain de parcours de superficie très réduite.
L’évaluation des plantations pastorales dans la Gouvernorat de Médenine, réalisée par Abdelkébir et Fechichi
(1999) et Ouled Belgacem et Genin (2003) a montré que :
• les taux de réussite des plantations varient de 40 à 70% du moins au cours des premières trois années lorsqu’elles
sont encore contrôlées par les services de développement;
• les plantations arbustives et notamment les espèces exotiques (Acacia sp, Prosopis sp, Atriplex sp.) ayant des
limites d’adaptation aux conditions arides, ont montré des performances modestes voire très faibles pour inadaptation aux conditions du milieu. Leurs coûts d’entretien sont très élevés.
• si la plupart des anciennes plantations d’arbustes fourragers a disparu des parcours privés suite au surpâturage,
sécheresse ou changement de vocation de la terre (mise en culture), les plantations réalisées dans les parcours
collectifs soumis au régime forestier semblent très âgées et souffrent d’un vieillissement et d’une forte lignification. Celles-ci exigent une exploitation de régénération pour permettre une production de la biomasse verte
plus tendre et plus appréciable par le cheptel
6.1.1.2. Les mises en repos/défens (Gdel)
Dans le cadre de la stratégie nationale, les mises en défens réalisées dans les parcours collectifs soumis au régime
forestier couvrent une superficie de 46 431 dont 16000 ha dans les parcours du Dhahar. Chez les privés, cette
action a concerné 14434 ha au profit de 414 exploitants mais seulement une superficie de 10243 a été respectée
et réussie.
L'analyse des différents programmes mis en œuvre en termes d'impact et de durabilité montre bien que les mises
en repos simples ou associées au scarifiage sont les plus bénéfiques pour la régénération des parcours. L’efficacité de la technique des mises en repos pratiquée à grande échelle est confirmée par des expériences réalisées
sous des conditions très similaires à celles dominant dans les parcours de Médenine (parcours de Tataouine).
Lorsqu’elle est bien respectée, elle permet de doubler l’offre fourragère à la fin de la deuxième année; si elle est
ensuite correctement gérée, elle permet de garder un niveau de production (en UF utiles) au moins égal à 1, 5 fois
de la production à la situation de départ, sous les conditions d’une année normale (Ouled Belgacem et al., 2008).
L’échec dans plusieurs cas de cette technique observé particulièrement dans les parcours privés du gouvernorat
de Médenine est du soit à la pratique de cette technique au niveau des milieux très dégradés qui ont atteint un
seuil d’irréversibilité soit au non respect des règles de la mise en repos par l’agropasteur lui même. En tout cas la
durabilité de cette technique est mise en question du fait que les parcours aménagés font l’objet d’une surexploitation intense avec l’arrêt des subventions accordées par l’OEP. Au contraire, au niveau des parcours collectifs,
la prolongation de la durée de mise en défens parfois en raison de l’évitement des conflits sociaux entre les utilisateurs ayants droit et autres et avec l’administration elle-même, engendre un vieillissement des plantes et un
blocage de la dynamique végétale et une perte de la production pastorale pouvant égaliser celle perdue par une
surexploitation.
Aussi bien au niveau des parcours privés que collectifs, le choix des sites pour la mise en repos où la végétation a
atteint un niveau de dégradation très avancée avec un blocage de la dynamique végétale est une autre raison de
l’échec de cette opération.
6.1.2. Le Programme de Développement Rural Intégré (PDRI)
132
Ce programme, avec ses deux générations (1984-1993, 1994-1999), a visé la mise en valeur les zones rurales du
Gouvernorat et particulièrement, celles à vocation agricole. Il a été basé sur une approche d’intervention classique n’impliquant la population qu’en phase d’exécution des composantes du projets qui sont elles mêmes inspirées des conceptions habituelles des projets de développement à savoir les activités agricoles, les actions non
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
agricoles, l’infrastructure et l’amélioration du niveau de vie. La part des parcours a été négligeable dans la mesure
où le programme n’est intervenu que dans l’aménagement d’une superficie réduite d’environ 270 ha au total. Bien
qu’il ait accentué la pression animale sur les parcours par la donation d’une quantité de 2250 têtes d’ovins et de
caprins aux agropasteurs.
6.1.3. Le Projet de Gestion des Ressources naturelles (PGRN)
Ce projet (1998 – 2004) s’est fixé comme objectifs la gestion durable des ressources naturelles, et plus particulièrement des terres agricoles et des parcours dans les zones fortement dégradées, avec une amélioration de leur
productivité à travers une plus grande participation des usagers dans les programmes de développement. L’approche participative est introduite comme instrument pour une gestion durable de ces ressources.
• Les différentes activités du projet ont été principalement réalisées à travers les UST (Unités Socio-Territoriales)
et sous forme de Plans de Développement Participatif (PDP). Les interventions directes du projet en matière d’amélioration pastorales sont également très limitées et ne dépassant pas 5 ha de plantation d’arbustes
fourragers. Selon le coordinateur du projet, ces plantations ont été soumises à l’échec par inadaptation des
espèces utilisées, le coût élevé de ces plantations en plus du découragement des paysans pour son adoption.
Il voit que d’autres techniques comme la mise en repos et la pratique d’une rotation des pâturages semblent
plus efficaces. Par contre l’instauration par le projet des unités socio-territoriales (UST) et l’organisation des
utilisateurs par la création des groupements de développement agricole (GDA) et l’application d’une approche
participative pourraient dans l’avenir appréhender les problèmes de gestion des parcours collectifs dans le
gouvernorat de Médenine à l’issu de ce qui a été développé dans les parcours collectifs de Tataouine et dans
le Dhahar de Douz dans le cadre du projet PRODESUD. Un autre point positif qui revient également à ce projet c’est l’élaboration d’une étude « Projet de développement intégré et participatif (PDIP) des parcours d'El
Ouara de Ben Guerdane » réalisée par une équipe pluridisciplinaire d’experts qui a aboutit à l’élaboration d’un
plan d’aménagement et de gestion participatif des parcours collectifs d’El Ouara. L’exécution de ce PAGP est
tributaire de la disponibilité d’une source de financement ;
Des mesures accompagnatrices ont été réalisées par le PGRN dans les parcours d’El Ouara et qui peuvent énormément influencer la gestion des parcours et la répartition et la mobilité des troupeaux et qui se résument par :
• la création de deux forages équipés pour l’abreuvement ;
• la création de deux préaux d’ombrage.
6.1.4. Autres mesures accompagnatrices
L’Etat a entrepris un ensemble de mesures pour palier aux diverses insuffisances et faciliter les opérations d’aménagement et de gestion des parcours conformément aux orientations de la stratégie de développement pastoral
2002-2011. Parmi ces mesures, il y’a lieu de mentionner :
• élaboration d’une étude « Projet de développement intégré et participatif (PDIP) des parcours du Dhahar de
Béni Khédache » ;
• à l’issu de tout le pays, élaboration de la carte agricole régionale qui servira d’outil pour délimiter les terrains à
vocation exclusivement pastorale et ceux à vocation agricole ;
• renforcement des capacités de production des pépinières forestières pour produire suffisamment et aux moments opportuns les plants des espèces recommandées (pastorales / à usage multiple) plus adaptées aux
conditions écologiques en particuliers climatique de la région;
• consolidation du programme de l’infrastructure d’hydraulique pastorale (PISEAU) ;
• mise en œuvre d’un plan de sauvegarde du cheptel pour atténuer les effets de sécheresse et réalisation d’une
étude de gestion de la sécheresse.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
6.1.5. Mesures ponctuelles de gestion de la sécheresse
Malgré l’absence d’une stratégie claire d’atténuation de la sécheresse, l’Etat tunisien a entrepris des mesures
ponctuelles chaque fois où une sécheresse prolongée apparaît. Ces «stratégies» temporaires ont été lancées depuis la sécheresse de 1977 – 1979, lorsque la production pastorale, déjà faible, a atteint des niveaux très bas et les
performances animales ont été sévèrement touchées. Les décisions prises à cet égard concernent les principaux
aspects suivants:
- mise à disposition de quantités suffisantes d'aliments pour animaux (autorisation de l'accès des animaux aux
parcours mis en défens, augmentation des superficies des les cultures fourragères irriguées, importation d’aliments concentrés comme l’orge, le son de blé et les bouchons de luzerne) ;
- contrôle et organisation de la des ressources alimentaires (orge et son) et le transport des fourrages grossiers
(exemples : foin d'avoine, les pailles) ;
- subvention des prix des semences de sorgho et d'orge ;
- subvention du transport des fourrages grossiers ;
- exonération des fourrages et des semences importées de taxes douanières et sur la valeur ajoutée ;
- distribution gratuite des quantités d'orge pour les petits éleveurs ;
- contrôle de la santé animale (vaccination subventionnés, la fourniture de médicaments vétérinaires exonéré,
etc.) ;
- des décisions complémentaires (comme l’autorisation de l'abattage des femelles et les animaux de faible productivité, l'augmentation du taux de réforme des animaux).
A côté des décisions ci-dessus indiquées d’autres mesures ponctuelles pour atténuer les impacts négatifs de la
sécheresse sur les moyens de subsistance des agriculteurs, ont été prise par le gouvernement. Il s’agit de à titre
d’exemple:
- Intensification des cultures fourragères en subventionnant les semences surtout pendant les périodes difficiles,
- valorisation des différents sous-produits agro-industriels dans la production des blocks alimentaires ;
- amélioration de la valeur nutritive des pailles par leur traitement à l’urée ;
- mise en œuvre de la stratégie nationale de reboisement, de la conservation eaux et des sols et d’amélioration
pastorale.
Lors des sécheresses de 1999 – 2002 et 2007 (qui coïncident avec la pénurie et l’augmentation sans précédent des
prix du pétrole et des céréales dont celles destinées à l’alimentation animale), ces mesures ont été renforcées par
des décisions dites « présidentielles ».
Cependant cette politique basée sur les subventions et l’importation de concentrés durant les périodes de sécheresse pour conserver en entier le cheptel a entraîné dans pas mal d’endroits y compris dans le gouvernorat
de Médenine, le surpâturage et la dégradation des terres. La stratégie des anciens respecte l’équilibre imposé par
la nature. Durant les années sèches les agneaux sont sacrifiés ou écoulés à bas prix pour éviter le gonflement du
cheptel, atténuer la pression sur les parcours et ne conserver que le capital nécessaire de brebis et moutons en
attendant des jours meilleurs. La conservation d’un cheptel gonflé empêche la reconstitution des parcours.
Cette politique a gravement perturbé voire détruit le savoir faire des éleveurs en matière d’adaptation et de gestion des sécheresses. En effet, les éleveurs adoptaient autrefois, des stratégies anti-risques par des pratiques et
des expédients de type curatif comme les transhumances exceptionnelles et utilisation de terroirs complémentaires, constitution de stocks (gestion d’une sèche à partir d’une année humide), vente régulière des animaux au
marché pour s’approvisionner en aliment complémentaire, associations temporaires...
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
6.1.6. Modalités actuelles d’exploitation et de gestion des parcours
Si le mode de gestion des parcours privés est caractérisé par un système de pâturage libre et continu pouvant
engendrer la dégradation du couvert végétal et la disparition des espèces de bonne valeur pastorale. Ce mode
revient aux propriétaires eux même, qui mènent généralement un élevage sédentaire de subsistance et de taille
réduite pouvant être élevé sur la base d’autres ressources alimentaires comme les sous produits de l’arboriculture
(principalement l’olivier) et de la céréaliculture (paille, chaume, …). Le problème de gestion se pose au niveau des
parcours collectifs où plusieurs acteurs (utilisateurs eux-mêmes, organisations représentatives, administration, …
etc.) sont impliqués et concernés.
Vue la dominance du statut collectif des parcours, les modes d’utilisation des ressources sont restés traditionnels
et obéissant aux seules directives des usagers. Les pacages sont à rythme saisonnier ou à rythme continu sans
respect de charge, de durée et de saison de pacage et de l’état des parcours. Les règles de pacage sont dictées
essentiellement par la tombée des pluies, la disponibilité des points d’eau équipés et des pistes, et l’intérêt individuel des usagers à tirer le maximum du profit de l’espace pastoral.
Au niveau des parcours collectifs d’El Ouara à titre d’exemple, la répartition des troupeaux dans l’espace est régie,
au cours de la période sèche (au moment où les potentialités productives des parcours sont à leurs niveaux les
plus faibles), par les principaux facteurs suivants (PDIP ElOuara, 2004):
• la proximité des points d’eau et des pistes praticables permettant le transport de l’orge et des autres aliments
de bétail au moindre coût ;
• l’accoutumance de certains bergers à certains milieux bien déterminés auxquels ils s’attachent par peur de ne
plus pouvoir y revenir. S’agissant d’un parcours collectif, le vide laissé par le départ d’un berger d’un endroit
déterminé peut théoriquement être comblé par n’importe quel autre berger ;
• les potentialités pastorales des parcours, qui n’interviennent qu’en deuxième ou troisième position.
Au niveau des parcours de Dhahar de Béni Khédache, quoique les terres collectives soient soumises au régime
forestier (Ce statut foncier est de nature à préserver la vocation pastorale et à impliquer l’administration forestière
pour aménager, organiser et assurer la police des parcours), l’accès à ces parcours n’est pas soumis à une autorisation préalable ni de la part de l’autorité administrative ni de la part des institutions communautaires (conseils de
gestion CG et groupement de développement agricole GDA). L’exploitation des parcours de la zone ne se fait pas
dans le cadre d’une organisation collective des pâturages impliquant un partage réglementé des parcours entre
les usagers donnant lieu à une répartition spatiale des troupeaux en fonction des disponibilités fourragères de
la zone. Elle obéit plus à la présence de l’herbe et de l’eau qu’aux structures foncières des terres. Quand l’année
est sèche, l’exploitation des parcours est limitée dans l’espace et dans le temps (recours intense aux achats des
aliments de bétail, certains petits éleveurs vendent leurs cheptels), alors qu’en année pluvieuse, toute une dynamique pastorale est engagée.
6.2. Analyse de la capacité institutionnelle de l’administration
face au changement climatique
6.2.1. Cas de l’Office de l’Elevage et des Pâturages (OEP)
Les interventions de l'OEP dans le domaine des parcours s'intègrent dans le cadre de la Stratégie Nationale de
reboisement, de conservation des eaux et des sols et de lutte contre l’ensablement. Parmi les différents intervenants (OEP, DG Forêts, CES, ODESYPANO), l'OEP a été chargé d'intervenir sur les terres privées. L’approche
est participative (participation de l'adhérent estimée à 25%). L'adhésion de la population à ce programme est
volontaire moyennant une demande adressée à la Direction régionale concernée. Toute demande techniquement
retenue, fera l'objet d'un engagement entre les deux parties (OEP – Bénéficiaire). Les aménagements des par-
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
cours sont suivis et gérés par OEP. Ces aménagements consistent à mettre en défens ou à planter des arbustes
fourragers tout en accordant aux propriétaires des subventions pendant une période de trois ans selon le respect
et la réussite de l’opération. Cette politique de l’Etat a connu un essor considérable, suite aux moyens financiers
importants en matière d’investissement et de compensation dispensés par l’Etat à travers l’OEP pour exciter la
résilience des écosystèmes devenus très vulnérables et mettre à la disposition des éleveurs des réserves fourragères pour faire face aux périodes de disettes devenues de plus en plus fréquentes.
Le principal problème posé face à cette politique, dans les parcours privés du gouvernorat de Médenine, est que
le respect de l’intervention et du modèle de gestion proposé par l’OEP est limité à un lapse de temps (3 ans)
correspondant à la période où cette intervention est soumise aux contrôles des techniciens et aux subventions
accordées. La réussite est dans tous les cas tributaire de la participation des agro-pasteurs qui sont plus suscités
par la rentabilité financière et économique que par les aspects écologiques et de conservation. D’ailleurs, l’expérience a montré que ce sont surtout les non éleveurs qui acceptent de protéger leurs parcelles pour bénéficier des
subventions accordées par l’OEP (Ouled Belgacem et Genin, 2003). La durabilité du modèle de gestion pratiqué
est également mise en question. En absence des subventions et d’une autorité morale soit elle de l’OEP après la
fin du contrat, le système d’exploitation antérieur basé sur le pâturage libre et continue reprend sa place.
6.2.2. Cas de l’Arrondissement des Forêts (AF)
Pour renforcer la résilience des écosystèmes et assurer une meilleure gestion des parcours collectifs particulièrement lors des années de crise (sécheresse prolongée), l’arrondissement des forets a intervenu par les activités
suivantes :
• Au niveau du Dhahar de Béni khedache
Vue les difficultés rencontrées avec les usagers et leurs représentants (conseils de gestion) aucune activité d’aménagement n’a été réalisée par l’arrondissement forestier depuis 1988 (année de soumission des parcours de Dhahar sous régime forestier) jusqu'à l’année 1991. Ce n’est qu’à partir de cette date, après une phase de vulgarisation
et de sensibilisation que l’AF a pu intervenir dans le cadre du projet de développement rural intégré (PDRI) par la
création de 5 forages, la mise en défens de 1000 ha de parcours et l’installation de 5 aires d’ombrage biologique a
raison de 5 ha autour de chaque point d’eau. Vu l’échec de la plantation de 200 ha d’arbustes fourragers par l’OEP
(conditions edapho-climatique non encourageante), l’AF s’est limite a l’utilisation de la technique la plus facile et
la plus bénéfique (mise en repos) avec un amendement d’une fertilisation sur une superficie de 16000 ha. En 1999,
l’AF a impliqué les usagers et a développé le plan d’aménagement de ces espaces.
La durée de la mise en repos varie de 2 à 3 ans avec l’ouverture des parcelles au pacage pendant le printemps et
surtout durant les années pluvieuses. En matière de gestion, l’accès annuel des troupeaux à ces parcelles s’étalait
sur une durée moyenne allant de 1 à 1, 5 mois et n’exigeait le paiement d’aucune redevance. Malheureusement,
cet accès gratuit du troupeau n’a pas permis de contrôler la pression animale et son impact sur l’accentuation du
surpâturage. Les résultats de ce programme de mise en défens de n’ont pas permis de reconstituer durablement
le potentiel pastoral dans les parcelles concernées avec la coïncidence de la succession des années de sécheresse.
Par ailleurs, l’exclusion des éleveurs du parcours de la mise au point du programme de mise en défens, réalisé
par l’arrondissement forêt, constituait une contrainte majeure à l’appropriation des modes de gestion requis par
les usagers. Dans ce contexte, le refus catégorique, de la part des éleveurs, de la notion de mise en défens a été
constaté du fait que cette action est limitative au mouvement du cheptel et aux espaces de pacage. Il en découle,
une nécessité absolue lors de la mise au point du parcellaire relatif à cette étude, de prendre en considération les
déterminants qui sont de nature à faciliter la gestion et la rotation des espaces à mettre en défens.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
• Au niveau des parcours d’El Ouara
L’arrondissement des forêts avoue que ses interventions dans la restauration et la gestions de parcours collectifs
d’El Ouara pour faire face aux différents types de perturbation et renforcer la résilience des écosystèmes face au
changement climatique représenté par des sécheresses de plus en plus fréquentes, restent très limitées.
A l’exception de la création du parc national de Sidi Toui en 1991, Ces interventions n’ont été suivis que d’effets
modestes sinon décevants au regard des efforts investis. Les problèmes posés ne cessent en effet de s’aggraver et
les ressources pastorales de subir une régression inexorable. Les difficultés rencontrées sont multiples :
• milieu physique marginal dont les conditions édaphiques des sites aménagés sont extrêmement sévères. Les
interventions ont coïncidé avec une sécheresse très prolongée ;
• les traditions sociales des usagers sont solidement ancrées. D’ailleurs l’échec de la plupart des interventions
techniques (mises en défens, plantations) à cause de la sécheresse, a engendré une réticence des usagers voire
même des conseils de gestion sur l’utilité de ces interventions. En admettant même le succès de la faisabilité
technique de tels aménagements, leur chance d’acceptabilité par la population dont le comportement est
régie par des modes de raisonnement, par des affinités ethniques et par des stratégies d’alliance et d’organisation pluriséculaires, est relativement faible ;
• échec de l’administration dans la sensibilisation des usagers et des conseils de gestion de l’importance des
mises en défens et de la rotation des pâturages pour garantir la présence de la végétation en attendant sa
régénération à la suite de l’occurrence d’une année pluvieuse.
D’autres contraintes d’ordre foncière, législative sociale et institutionnelle peuvent être également à l’origine
des échecs de l’administration forestière dans l’aménagement et la gestion des parcours collectifs aussi bien d’El
Ouara que du Dhahar :
Les parcours collectifs ou communautaires non soumis ne sont pas sous l’autorité de l’AF et ne bénéficient par
conséquent d’un aucun effort de la part de l’Etat pour l’amélioration et le contrôle de leur gestion. Ces parcours
qui représentent environ le tiers de la superficie totale des terres à pâturages du gouvernorat de Médenine, sont
les plus exploités et les plus dégradés.
Une seconde hypothèse relative à la législation appliquée par le service forestier pour la gestion des parcours
soumis au régime forestier. Cette législation ressort des textes et des décrets du code forestier. La Tunisie dont
le quart de sa superficie totale est occupée par les parcours naturels (la majorité se trouve dans le Centre et le
Sud), n’a, jusqu’à présent, pas élaboré un code pastoral qui pourra faciliter la tache du service concerné du CRDA
(il devra à ce moment être nommé par exemple « Arrondissement des Parcours ») pour bien gérer ces parcours
collectifs. Les spécificités écologique, sociale et historique de la gestion des parcours collectifs par les populations
pastorales diffèrent énormément avec celles en relation avec le domaine forestier et les sociétés forestières.
Le code forestier actuel charge l’administration forestière de gérer et de développer les parcours collectifs soumis
au régime forestier à travers l’élaboration des plans d’aménagement qui comprennent les règlements d’exploitation et les plans de mise en défens. Des études ont montré que ni les usagers ni leurs représentants n’ont été
impliqués dans le choix des sites à aménager ou des techniques de développement des parcours. Ce fait se justifie
par l’absence des conventions et des contrats établis entre l’Etat et les organismes de base (conseils de gestion,
groupement de développement agricole) représentant les agro-pasteurs. D’ailleurs, les quelques plans d’aménagement réalisés, dans les parcours collectifs du Dhahar de Béni Khédache, qui se sont limités le plus souvent à des
mises en défens ont été suivis par la population concernée avec une certaine réticence.
L’administration forestière avec les moyens humains et financiers disponibles actuellement, n’est pas capable de
gérer des grands espaces si-lointains comme Dhahar et El-Ouara. Ceci exige son renforcement par des cadres
qualifiés et des moyens financiers et une implication plus active des usagers et de leurs représentants pour faire
face aux défis de l’aménagement et de la gestion des parcours déjà amplifiés par le changement climatique.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
7. Orientations stratégiques et mesures d’adaptation
pour augmenter la résilience de l’écosystème face au
changement climatique
7.1. Proposition d’orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des stratégies,
des programmes et projets d’aménagement et de gestion des écosystèmes
L’analyse de différentes stratégies et projets en relation avec l’amélioration et la gestion des parcours a montré l’absence d’une stratégie nationale claire d’adaptation des parcours et du secteur de l’élevage spécifique au
changement climatique. Dans ce qui suit nous développons un certain nombre d’orientations pouvant aider à
préserver les écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine et leurs biens et services face au changement
climatique à travers l’augmentation de leur résilience.
7.1.1. Sur le plan politique : Création d’une unité spécifique à la stratégie d’adaptation
L’augmentation de la résilience des écosystèmes pastoraux si vulnérables exigent de dépasser la gestion de crise
à court terme au moyen d’une stratégie d’adaptation aux risques liés au CC et d’intégrer l’adaptation au changement climatique dans toutes les politiques et les programmes relatifs à leur gestion, existants ou à réaliser. Les
plans d’action doivent être suffisamment souples pour pouvoir y intégrer l’amélioration des connaissances sur
les conséquences et les risques potentiels du CC. Ils doivent également accorder la priorité aux actions qui privilégient à la fois l’atténuation et l’adaptation. L’intégration générale de l’adaptation signifie probablement que les
lois, les politiques et les programmes doivent tous être révisés voire modifiés pour tenir compte de l’adaptation
au changement climatique, au besoin. A titre d’exemple les textes et les décrets du code forestier ne semblent
pas dans plusieurs cas répondre aux particularités de la gestion des parcours collectifs dans le sud tunisien. La
création d’un code pastoral intégrant l’adaptation des écosystèmes pastoraux au changement climatique et organisant les modalités de leur gestion s’avère fondamentale.
Le renforcement des aspects politiques et législatifs dépasse même le cas particulier des écosystèmes pastoraux
dans la mesure où l’intégration doit toucher toute la politique agricole et économique du pays. Un comité national ou une direction générale pourrait être créée au niveau du Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement
avec des antennes régionales pour pouvoir coordonner cette intégration. Quoique l’adaptation au changement
climatique dépasse largement le mandat d’un ministère en particulier. Il faut une stratégie d’adaptation et un
plan d’action national et l’appliquer à tous les paliers et dans toutes les instances du gouvernement.
7.1.2. Sur le plan social et institutionnel
138
• Il serait fondamental de souligner que toute politique d’aménagement à appliquer aux écosystèmes dégradés,
doit prendre comme base de réflexion que la population jugée dégradante, continuera d’y demeurer la force
dominante autant dans les écosystèmes naturels que dans les agro-écosystèmes. Les voies de restauration
doivent être choisies en concertation avec les usagers et les ayant droits et leurs représentants.
• L’implication des usagers des parcours depuis la planification jusqu’à la mise en œuvre et la gestion des espaces
objet d’une amélioration (appropriation et prise en charge des acquis) : la stratégie de mise en œuvre repose
sur l’utilisation de l’approche participative et intégrée permettant de durabiliser les acquis. L’expérience du
PRODESUD (projet de développement Agro-pastoral et de promotion des initiatives locales pour le Sud-Est :
Tataouine et la délégation de Douz/Kébili) est un modèle à suivre dans ce contexte. En effet ce projet repose
sur la participation de la communauté pastorale, l’implication des partenaires sociaux (conseils de gestion (CG)
et GDA) et l’intégration des activités (élevage et autres activités pastorales).
• Renforcer les capacités des institutions publiques et de développement (CRDA, OEP, …) et des organisations de
base (Conseils de gestion, Groupements de Développement Agricole) pour améliorer la gestion des parcours
naturels et augmenter leur résilience face au changement climatique ;
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
• Développer et promouvoir des techniques et technologies adéquates en matière d’aménagement et de gestion
des parcours par l’installation des aménagements CES et la collecte des eaux de ruissellement pour préserver
la végétation naturelle et par conséquent accroître la résilience des sols et des ressources en eau contre les
effets du changement climatique ;
• Développer les capacités en vu d’intégrer les préoccupations du changement climatique à long-terme dans les
pratiques durables de gestion de pâturages ;
• Le développement des capacités des populations dépendantes des ressources locales à valoriser les connaissances et le savoir faire locaux pour développer des agro écosystèmes plus durables et résistants aux impacts
du changement climatique.
7.1.3. Sur le plan recherche scientifique
Promouvoir la recherche scientifique, gage de tout développement : Encourager les institutions de recherche
et d’enseignement supérieur à appuyer les organismes de développement à travers la réalisation des analyses,
études et le développement de méthodes et d'instruments d’adaptation des écosystèmes au changement climatique. Il s’agit d’entreprendre des travaux et des études ciblés pour répondre à certaines questions perturbant
l’utilisation des ressources et influençant négativement la productivité des parcours et de chercher soit des nouvelles techniques (relatives à l’augmentation de la résilience des écosystèmes, sélection des espèces pastorales
plus adaptées au changement climatique) soit des techniques déjà existantes mais qui nécessitent d’être valorisées et adaptées au contexte (techniques appropriées de conservation des eaux et des sols, de collecte des eaux
de ruissellement « water harvesting » en milieu pastoral, …).
7.1.4. Sur le plan technique
• La mise en repos
Le concept de la mise en repos, proposé ici, est différent de ceux de la mise en défens et de la réserve fourragère
sur pieds, car il consiste en un mode de gestion basé sur une utilisation régulière des sites retenus (abstraction
faite de la nature de l’année), celle-ci alternant avec des périodes de récupération du couvert végétal de façon
à aider à une remontée biologique de l’écosystème, tout en participant au soulagement d’autres sites soumis à
une forte pression d’utilisation. Cette technique permet d’assurer l’initiation d’une dynamique ascendante des
principaux types de parcours s’apprêtant à pratique et d’asseoir une discipline de gestion basée sur le principe de
la rotation ou du pâturage différé.
La réussite de cette pratique est fortement tributaire du choix du site à mettre en repos. Il faut que l’état de
dégradation n’ait pas atteint le seuil d’irréversibilité. La présence de l’espèce clé de voûte et certaines espèces
très appétées même à un niveau rare à très rare constitue un indicateur de la dynamique de l’écosystème et des
potentialités de régénération.
• Plantations d’arbustes fourragers
L’échec de cette technique observé dans les parcours améliorés revient soit au mauvais chois du site de plantation
(sol très pauvre, milieu très sec) soit au choix des espèces arbustives dont les éxigences écologiques ne sont pas
satisfaites par les conditions locales du site de leur plantation. La plantation d’arbustes fourragers plus adaptés
aux conditions de la région comme Periploca angustifolia, Rhus tripartita, Stipagrostis pungens et Retama raetam
même si elles permettent une production nettement inférieure par rapport aux espèces exotiques (Acacia sp.,
Cactus, Atriplex sp.) est un garant de la réussite de l’opération. Ces plantations doivent être établies dans les sites
recevant un supplément d’eau par ruissellement avec des systèmes appropriés de collecte d’eau pluviale.
• Resemis par réintroduction des espèces pastorales disparues
Le resemis est une technique relativement complexe qui demande un itinéraire technique fin partant de la collecte des semences et arrivant aux façons culturales spécifiques à chaque espèce. De plus le resemis a d’autres
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
objectifs de restauration de l’écosystème et de relance de la dynamique biologique qui peuvent ne pas concerner
l’usager actuel de l’espace. Cependant le grand succès qu’a connu cette technique dans le site d’El Mahmouda,
Dhahar de Douz dans le cadre du projet PRODESUD constitue un appui pour l’appliquer dans les parcours de
Médenine où les conditions écologiques sont meilleures. Les conditions d’utilisation de cette technique se réunissent lorsque les parcours ont atteint un état de dégradation irréversible où les semenciers font défaut et lorsque
la restauration par une simple mise en repos n’est plus possible.
• Renforcement de l’infrastructure
Pour éviter la dégradation des parcours en raison du pâturage libre et continue avec une charge animale excessive, il est fondamental de créer et de prendre des mesures accompagnatrices à l’instar de la création et l’entretien
des infrastructures à l’instar des points d’eau, des aires d’ombrages, des voies d’accès, des centres de services et
de la couverture sanitaire. Seules ces mesures qui peuvent permettre la mobilité des troupeaux et de pratiquer un
modèle de gestion basé sur la rotation des pâturages.
• Valorisation des eaux de ruissellement
Parmi les mesures conseillées par les instances scientifiques et techniques pour l’augmentation de la résilience
des écosystèmes vulnérables (à l’instar de ceux de l’alfa, du romarin et de l’armoise blanche dans les monts de
Béni Khédache) c’est la collecte des eaux de ruissellement qui peuvent alimenter la nappe et conduire à la remontée biologique des espèces végétales lors des saisons exceptionnellement pluvieuses. La maîtrise et la valorisation, dans les parcours, d’une partie de ces eaux, en tant qu’action d’amélioration pastorale, pourraient constituer
une orientation pertinente du fait de sa contribution non négligeable à l’amélioration de l’offre fourragère.
7.2. Proposition de mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience
de l’écosystème face au changement climatique
Comme il été signalé auparavant, au niveau des parcours privés gérés par l’OEP, l’amélioration pastorale a donné
des résultats plus ou moins encourageants. En absence de problèmes institutionnels et fonciers, seules mesures
d’adaptation comportant les actions de développement qui restent valables pour ces types de parcours. Les mesures d’adaptation concrètes relatives aux aspects institutionnels, fonciers et gestion sont orientées vers les parcours collectifs qui sont les plus importants aussi bien au niveau superficies qu’au niveau gestion et importance
socioéconomique.
Les mesures d’adaptions d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème face au changement climatique proposées sont ci-dessous présentées.
7.2.1. Actions de développement
Ces actions concernent diverses interventions, inégalement réparties selon le territoire en fonction de la nature
des parcours et de leurs potentialités et de leur vulnérabilité face au changement climatique. Elles sont conçues
pour faire la part des occurrences de sécheresse en modulant en conséquence les priorités d’actions et les aides
de sauvegarde du cheptel. Elles comprennent des actions de mises en repos, de resemis des parcours, de plantations d’arbustes fourragers autochtones qui peuvent être appliquées soit d’une façon unique soit intégrée selon
la vulnérabilité des formations végétales du gouvernorat de Médenine (tableau 5). Ces actions comprennent également le renforcement des infrastructures pastorales existantes et les propositions relatives à l’utilisation des
parcours. Ces interventions doivent constituer un seul paquet de façon à ce que ces techniques soient complémentaires ou substituables en fonction des conditions du milieu et des paramètres de gestion.
7.2.1.1. Mise en repos
140
Elle doit en priorité être conduite dans les milieux présentant une certaine résilience afin d’obtenir des résultats
rapides et concluants servant à améliorer l’offre fourragère. Dans la région d’étude, cette technique s’apprête à
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
être pratiquée dans toutes les formations végétales en particulier celles évaluées dans la première phase de la
présente étude comme étant les plus vulnérables à l’instar celles a base de Stipa tenacissima, Rosmarinus officinalis et Artemisia herba alba.
L’efficacité de cette technique pourrait être largement améliorée lorsqu’elle est couplée, selon le cas avec l’une
ou l’autre des opérations suivantes :
- le scarifiage qui engendre en effet l'amélioration du bilan hydrique du sol suite à la destruction de la pellicule
de battance ce qui favoriserait l'infiltration de l’eau et provoque par voie de conséquence la remontée biologique en aidant à l'enfouissement des graines et en facilitant la germination. à savoir.;
- les travaux de CES: le rôle des ouvrages anti-erosifs consiste, entre autre, à protéger les pâturages contre l’érosion hydrique (ruissellement) grâce à la construction de petits ouvrages pour arrêter les ravinements tels que
les banquettes, les cordons en pierres sèches et la consolidation des ravins par des seuils en pierres sèches et
en gabions.
A la troisième année, la parcelle mise en repos sera ouverte au pâturage une seule fois durant la saison de dormance végétative pour valoriser les UF cumulées et profiter de l’impact animal (enfouissement des semences,
amélioration de l’infiltration des eaux de pluies, etc.). Ensuite, et à partir de l’année 4, la parcelle sera ouverte
deux fois par an : la première, de courte durée mais à forte charge animale, aura lieu durant la saison de croissance
végétative (de préférence au début); et la seconde de durée plus longue (jusqu’à utilisation quasi totale du tapis
herbacé annuel) aura lieu pendant la période de dormance des principales espèces pastorales. La durée de cette
deuxième pâture et la charge animale dépendront de l’offre fourragère.
Tableau 5. Techniques de restauration et réhabilitation des écosystèmes pastoraux pour l’augmentation de leur résilience
face au changement climatique.
Parcour à base de
Mise en repos
Resemis
Plantation
Rosmarinus officinalis
Eviter la perturbation de ce
type de parcours. Ne mettre
en repos que les faciès très
dégradés par surexploitation
et mettre ceux peu utilisés au
pâturage contrôlé.
Le resemis est
techniquement
déconseillé
Les plantations sont à
déconseiller, sauf dans le
cas où des pieds mères de
Periploca leavigata et de
Rhus tripartitus pourraient
être plantés et bien conduits
dans les talwegs avec la mise
en place des petits ouvrages
anti-érosifs.
Stipa tenacissima
Eviter la perturbation de ce
type de parcours. Ne mettre
en repos que les faciès très
dégradés par surexploitation
et mettre ceux peu utilisés au
pâturage contrôlé.
Le resemis est
techniquement
déconseillé
Les plantations sont à
déconseiller, sauf dans le
cas où des pieds mères de
Periploca leavigata et de
Rhus tripartitus pourraient
être plantés et bien conduits
dans les talwegs avec la mise
en place des petits ouvrages
anti-érosifs.
Artemisia herba alba
instaurer la mise en repos
de deux ans qui est l’une
des meilleures techniques
pour développer et restaurer
les différents faciès de
dégradation de l’armoise
blanche
Le resemis doit d’abord
commencer par les faciès les
plus dégradés de l’armoise en
utilisant la même espèce. Il
serait préférable de rajouter
Salaola vermiculata, et Stipa
parviflora. Les sites à ressemer
doivent favoriser les glacis
plats et les dépressions où
le bilan d’eau est rendu
favorable par les apports de
ruissellement.
Atriplex nummularia convient
bien aux sites dégradés
se développant sur des
sols encroûtés et pouvant
recevoir un surplus d’eau de
ruissellement. Il faudra pour
ce faire démanteler la croûte
avant de planter. D’autres
espèces comme Periploca
leavigata et des Acacia
épineux
peuvent convenir.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Anthyllis henoniana
La mise en repos doit
concerner uniquement les
sites où il y a un voile éolien
et là où Stipa parviflora,
Gymnocarpos decander et
Helianthemum ssp sont
rencontrées.
Le ressemis direct doit être
envisagé uniquement dans
les sites les plus dégradés et
là où le sol et les conditions
hydriques sont favorables.
Les plantations sont à
déconseiller dans ce type de
milieu.
Gypsophytes
La mise en repos ne devra
concerner que les endroits
peuplés par Helianthemum
kahiricum et Lygeum spartum.
Il est inutile de semer
Les plantations sont
à déconseiller
Rhantherium suaveolens
Les faciès incluant Stipa
parviflora, Stipa lagascaea,
Plantago albicans,
Echiochilon fruticosum,
Helianthemum lippii
sessiliflorum, répondent
très rapidement et
substantiellement aux mises
en repos de deux années
successives au maximum
Les faciès ensablés
conviennent au semis direct
de plusieurs espèces de
Rhanterium suaveolens,
Stipa lagascae, Stipagrostis
pungens. Les faciès dégradés
sur sol sablo-limoneux
peuvent être semés par
Salsola vermiculata,
Echiochilon fruticosum,
Argyrolobium uniflorum, etc.
C’est inutile comparée à
l’efficacité surtout de la mise
en repos.
Psammophytes
Les mises en repos donnent
des résultats substantiels dès
la première saison, mais le
rétablissement des milieux
très détériorés nécessiterait
des mises en repos plus
prolongées ou du moins une
utilisation très limitée dans le
temps chaque année.
Le resemis n’est pas
indispensable car il y a un
bon stock de graines dans le
sol. Le semis de différentes
espèces pérennes est possible
à condition de profiter des
années pluvieuses pour
installer des foyers de
semenciers.
Eviter les plantations
Haloxylon schmittianum
Les faciès se développant sur Eviter le resmis
des sols plus ou moins fixes
et où Helianthemum lippii,
Helianthemum kahiricum,
Stipa parviflora, Aristida
plumosa, etc. sont rencontrées
même à faible densité
conviennent aux mises en
repos.
Eviter les plantations
Halophytes
La mise en repos n’est pas
conseillée.
Eviter les plantations
Les espèces existantes sont
bien acclimatées et il n’y a pas
besoin de resemer
7.2.1.2. Plantations d’arbustes fourragers autochtones
Les plantations d’arbustes fourragers permettront écourter la période de soudure chronique, augmenter rapidement le disponible fourrager, stabiliser les fluctuations inter-annuelles et stimuler la dynamique de régénération
naturelle. Ces plantations participeront à une atténuation de l’impact des années plutôt sèches et des mises en
repos, à la remontée biologique et à la réhabilitation des espèces pastorales herbacées.
Les techniques de plantations sont connues des techniciens, mais l’on veillera à choisir les sites les plus favorables. Pour le choix des espèces à planter, la priorité sera donnée aux espèces autochtones comme Periploca
laevigata (Halleb) et Rhus tripartita (Jderi) dans les fonds d’oueds, les dépressions et là où un appoint d’eau de
ruissellement peut être obtenu ; et Laegos raetam, Stipagrostis pungens, Calligonum sp., Genista saharaea, etc.
dans les zones ensablées.
7.2.1.3. Resemis
142
A l’instar du site El Mahmouda (Dhahar de Douz), le resemis sera établi sous forme d’îlots à l’intérieur de zones
favorables à la dissémination naturelle. Les sites resemés correspondront ainsi à des foyers de contamination à
partir desquels les semences gagneront progressivement d’autres espaces. Pour ce faire, les sites à considérer
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
sont ceux où le sol est meuble et où existe un voile éolien plus ou moins mobile. Cette opération doit être effectuée dans les sites mis en repos.
Les techniques de semis varient selon les espèces considérées. Ainsi les plantes autochtones colonisant les milieux sableux, comme Retama raetam, Stipagrostis pungens, Calligonum comosum, Calligonum sp, doivent être
semées directement en favorisant les endroits où des reliques de ces espèces existent encore. Concernant les
ligneux bas comme Rhanterium suaveolens et Salsola vermiculata, la technique consiste à scarifier le sol d’abord
puis à épandre les semences sur la surface travaillée; alors que l’on doit semer d’abord puis scarifier le sol pour
des espèces comme Argyrolobium uniflorum, Stipa lagascae, Plantago albicans, etc.
L’époque de semis se situe entre début septembre et fin novembre, c’est à dire durant les pluies automnales et
lorsque la température du sol est encore suffisamment élevée pour favoriser la germination. Les quantités de
semences à l’ha varient avec l’espèce (environ 5 à 7 kg/ha de semences pures pour Argyrolobium uniflorum et
Plantago albicans).
7.2.1.4. Mesures d’accompagnement
Un grand effort a été déployé par le CRDA de Médenine dans mise en place de l’infrastructure dans les grands
espaces pastoraux du gouvernorat. Il est nécessaire d’entretenir périodiquement les voies d’accès, les aires d’ombrages et surtout les points d’eau. Des centres de services sont à créer. Le renforcement de l’infrastructure est
en effet en étroite relation avec une meilleure mobilité des troupeaux. Il faut que les actions de développement
ci-dessus indiquées (mise en repos, resemis, plantations) ne soient pas une contrainte pour l’accès à cette infrastructure.
7.2.1.5. Mobilité des troupeaux et pâturage différé
Une meilleure gestion des parcours implique la prise en compte des conditions climatiques dont en particulier les
fluctuations pluviométriques et leur inégale répartition dans l’espace pastoral et dans le temps. La variation intra
annuelle peut être considérable. Les précipitations ont lieu normalement en automne et au printemps; toutefois
ces saisons peuvent être complètement sèches ou humides. Ces fluctuations sont imprédictibles, ce qui constitue
un facteur d’insécurité permanente et de perturbation constante des systèmes de production. Les points d’eau
conditionnent toute la stratégie de gestion des parcours. De plus les techniques de restaurations et de réhabilitation proposées ((mise en repos, resemis, plantations) visent principalement à côté de l’amélioration de l’état du
couvert végétal et sa résilience, l’introduction d’un mode de gestion fondé sur la rotation des parcours et sur le
pâturage différé. Cette technique repose sur le principe de faire admettre aux usagers de retarder le pâturage des
parcours de quelques semaines à la suite des premières pluies automnales pour garantir l’installation des jeunes
plantules et des nouvelles émergences..
Ce domaine est, par excellence, celui où les GDA peuvent tester et roder leurs mécanismes de fonctionnement et
exercer leur autorité morale sur leurs adhérents. Par conséquent, une longue concertation, à ce sujet, est indispensable. Elle doit en outre, être continue afin d’apporter les ajustements imposés en particulier par la répartition
spatio-temporelle de la pluviométrie et du calendrier d'exploitation des parcours aménagés.
7.2.2. Appui institutionnel et modalités de gestion
7.2.2.1. Le renforcement des capacités du CRDA de Médenine et la création d’une Unité spécifique
d’adaptation au changement climatique
La principale institution opérant dans la zone du projet est le Commissariat Régional au Développement Agricole
(CRDA). C’est l’institution en charge du développement agricole dans le gouvernorat de Médenine, et intervient à
travers le programme national et le programme régional de développement. Ses objectifs se focalisent autour de
l’amélioration des conditions de vie et de revenu de la population agricole, et de la mobilisation et la sauvegarde
des ressources naturelles.
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
Le renforcement des capacités du CRDA de Médenine exige l’appui de son adaptation et de ses méthodes de travail aux exigences de l’approche participative et intégrée et de le renforcer par des moyens de travail additionnels
pour qu’il s’acquitte convenablement de ses nouvelles tâches et missions qui lui seront dévolues dans le cadre de
cette stratégie d’adaptation au changement climatique des parcours naturels. Les types d’appuis concerneront
particulièrement les domaines de : (i) l’ajustement organisationnel du CRDA de Médenine à travers la mise en
place d’une unité pluridisciplinaire de gestion des ressources naturelles entre des parcours bien formée en matière de gestion des risques et l’adaptation au changement climatique. Cette unité pourrait être présider par le
chef d’Arrondissement des Forets et travaille en étroite collaboration avec les autres arrondissements y compris
ceux de CES, de statistique et des affaires socioéconomiques, …, (ii) l’adaptation du système d’information du
CRDA au besoin de la stratégie (fluidité de l’information entre l’unité et ses partenaires techniques), (iii) renforcement du CRDA en matériel de travail et moyens humains, et (iv) formation du personnel technique y compris
y compris les membres de l’unité a créer et les partenaires qui ne relèvent pas du CRDA de Médenine (autorités,
services techniques et membres des organisations de base (GDA, CG…) dans divers domaines en liaison avec les
exigences de la stratégie (adaptation au changement climatique, approche participative, gestion des ressources
collectives, …).
La nouvelle unité qui intervient au titre de représentant du CRDA à l’échelle régionale mais également de la Direction Générale d’adaptation au changement climatique à l’échelle nationale, est appelée à jouer pleinement la
carte du partenariat et de la participation en particulier avec ses principaux partenaires, les GDA et les CG. Ceci
est d’autant plus nécessaire que l’unité devrait céder la place au GDA à moyen et long terme et ce afin de garantir
la durabilité des interventions réalisées dans le cadre de la stratégie d’augmentation de la résilience des écosystèmes face au changement climatique. Ceci exige le soutien par l’unité de l’action du GDA et le considérer comme
un véritable partenaire et une structure porteuse de la stratégie.
7.2.2.2. Groupements de Développement Agricole (GDA)
Les compétences des GDA selon la loi sont très larges:
• la protection des ressources naturelles du périmètre de son intervention et la rationalisation de leur utilisation;
• la sauvegarde, le traitement et la garde des plantations et des cultures;
• contribuer à l'apurement des situations agraires;
• l'augmentation de la productivité des exploitations agricoles;
• le développement des systèmes de parcours et des techniques d'élevage;
• l'accomplissement de toute mission visant le renforcement de l'intérêt collectif et ses adhérents”.
L'adhésion au GDA se fait d’une façon volontaire et individuelle. Les GDA ne sont donc pas sensé représenter une
collectivité comme les conseils de gestion. Ils disposent cependant d'un territoire qui doit être connu mais dont
la délimitation n'est pas explicitement exigée. Le décret sur les statuts-type précise que : “peuvent adhérer au
groupement tous les propriétaires, exploitants agricoles et pêcheurs de son périmètre d'intervention”. Il n'est donc
pas nécessaire que ceux-ci soient présents. Les GDA sont dirigés par des conseils de gestion composés de 3 à 6
membres. Les pouvoirs du conseil d'administration sont assez étendus pour permettre une gestion souple des
GDA avec un recours limité aux assemblées générales. Le conseil d'administration est renouvelé par tiers tous les
ans.
7.2.2.3. Les conseils de gestion
Les conseils de gestion des terres collectives les plus impliques dans l’exécution d’une stratégie d’adaptation
des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine face au changement climatique sont en nombre de 27.
Douze (12) appartiennent à la délégation de Benguerdane et 16 à la délégation de Béni Khedache).
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Les activités des conseils de gestion se limitent à l'attribution, à titre privé, des terres collectives et à la défense
des parcours collectifs contre les empiètements extérieurs. Leurs structures et leur organisation et aussi leurs
traditions ne les habilitent pas à jouer un rôle dynamique dans le développement. Par ailleurs, la législation les
concernant ne leur donne pas une grande latitude en matière d'activités de développement agricole et rural, no-
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Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique
tamment pour ce qui est de la gestion financière. Ces conseils sont soumis à une forte tutelle qui n’encourage pas
la responsabilité et l'initiative collectives. Nonobstant ces limitations, on ne peut pas envisager l'aménagement et
la gestion des parcours collectifs dans le cadre des GDA sans recevoir l'aval des conseils de gestion. La solution la
plus adéquate consiste à inclure un représentant de chaque conseil dans le Bureau du GDA ou assurer le concours
de tous les conseils de gestion au conseil d’administration du groupement de développement pour garantir l’adhésion de tous les usagers du parcours. Cette représentativité est souhaitable car le GDA sera nécessairement le
représentant de la population usagère des parcours et assurera les négociations et tout le travail participatif avec
l’unité de gestion de la stratégie d’adaptation. D’ailleurs, ceci permettra de créer une synergie entre les GDAs et
les conseils de gestion qui est de nature à résorber les conflits, faciliter la mise en œuvre du plan d’aménagement
et permettre la mise en place d’un schéma d’autogestion des parcours.
7.2.2.4. Modalités pratiques pour l’exécution des différentes composantes de la stratégie
Les GDAs et l’unité spécialisée de la stratégie d’adaptation au changement climatique définissent conjointement
les solutions techniques et les modalités pratiques pour la mise en œuvre des différentes composantes de la
stratégie. Ce partenariat est basé sur les principes suivants :
- le diagnostic participatif des besoins exprimés;
- la négociation et le choix des solutions, des lieux et des actions à entreprendre;
- la définition conjointe des responsabilités spécifiques de chacun des deux partenaires;
- la cogestion et le suivi de la mise en œuvre.
• Rôle des GDAs
Le rôle des GDAs consiste à : 1) contribuer à la définition des priorités et du programme d’action pluriannuel
et annuel de la stratégie, 2) valider la hiérarchisation des priorités, 3) définir les groupes et les zones cibles, 4)
contribuer à la définition des modalités pratiques pour la mise en œuvre des actions, 5) garantir la mobilisation
des agriculteurs et des éleveurs concernés, 6) assurer l’encadrement des agriculteurs et éleveurs engagés dans
une opération liée à cette stratégie, 7) prendre en charge la réalisation de certaines opérations de développement
dans le cadre de conventions établies avec l’administration conformément à la réglementation en vigueur (marché de gré à gré), 8) garantir à terme la pérennisation des actions entreprises dans le cadre de la stratégie.
Pour la réalisation de toutes ces taches, les GDA du Dhahar et d’El Ouara seront amenés:
- à solliciter de la part des Conseils de gestion respectifs, qui ont juridiquement la responsabilité d’exploitation
des parcours de leurs zones, une sorte de délégation de pouvoir pour représenter les intérêts des ayants droit
pour la mise en œuvre de cette opération de développement.
- à trouver les modalités pratiques pour assurer une adhésion et une mobilisation des éleveurs pour la réalisation des objectifs de la strategie.
• Rôle de l’unité chargée de la mise en œuvre de la stratégie
Son rôle consiste à: 1) contribuer à la définition des priorités et du programme d’action annuel de la strategie,
2) identifier des solutions techniques appropriées, 3) contribuer à la définition des modalités pratiques pour leur
mise en œuvre, 4) garantir et suivre la réalisation matérielle sur terrain (en régie ou à l’entreprise), 5) assurer l’appui et l’encadrement technique et institutionnel aux GDAs, 6) faciliter à terme l’affirmation de la responsabilité
des GDAs dans la conduite des actions et l’organisation des éleveurs concernés.
Le système de partenariat qui sera mis en place entre les GDAs et l’Unite bénéficiera d’une action de facilitation,
de modération et d’appui méthodologique qui sera confiée à une équipe de spécialistes dans le cadre du programme d’accompagnement de recherche-développement.
Sur le plan pratique, un programme d’action pluriannuel et un plan d’opération annuel de la stratégie définissant
à la fois les activités à entreprendre, les moyens à mettre en œuvre et la contribution des différents partenaires,
seront élaborés conjointement par les deux partenaires.
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7.2.3. Développement des compétences et formation
7.2.3.1. Formation du personnel technique du CRDA
(Unité chargée de la mise en œuvre de la stratégie)
Dans le but de renforcer les capacités des différents services techniques du CRDA, aussi bien au niveau régional
que local, qui sont appelés à assurer l’encadrement nécessaire à la mise en œuvre et le suivi de la stratégie relative
a l’adaptation des parcours au changement climatique, deux types de formation sont envisagés pour le personnel
de ces services :
• Une formation complémentaire : Ce type de formation est dispensé sous forme de sessions de recyclage qui
sont limitées dans le temps (une semaine) et qui s’adressent à des techniciens de base (techniciens supérieurs)
notamment les membres de l’unité. Ces sessions portent sur des thématiques ponctuelles qui sont en rapport
direct à la fois avec les objectifs de la stratégie (mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience
de l’écosystème face au changement climatique) et ses modalités de mise en œuvre.
• Une formation de mise à niveau : Il s’agit d’une formation de mise à niveau et de perfectionnement qui vise à
doter le CRDA d’un personnel compétent ayant les qualifications nécessaires pour concevoir, mettre en œuvre
et suivre des opérations de développement participatif a la lumière du changement climatique.
7.2.3.2. Formation des membres et du personnel des GDAs
Il est fondamental d’assurer une formation spécifique visant le développement des capacités des responsables et
des employés du GDA en matière de gestion et de conduite des actions de développement tout intégrant les nouveaux défis impliqués par le changement climatique. Ce programme prévoit aussi des visites à des structures similaires dans certains Gouvernorats du Sud et du Centre du pays ayant acquis une certaine expérience en matière de
gestion participative du développement local. Cette formation portera sur les cinq principaux axes suivants : 1) le
fonctionnement du GDA et les relations avec les adhérents; 2) la gestion des ressources naturelles en milieu pastoral à la lumière du changement climatique; 3) la conduite des opérations techniques prévues par le projet; 4) les
relations avec l’environnement administratif et institutionnel; 5) les relations avec l’environnement économique.
7.2.4. Recherche scientifique
Comme il a été signalé auparavant la recherche scientifique est la gage de tout développement. Le rôle de la recherche devient primordial pour appuyer les services techniques et les aider à trouver les meilleures solutions aux
problèmes quotidiens qu’ils rencontrent dans la gestion des parcours surtout avec les risques alarmants induits
par le changement climatique sur la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux. Il est fondamental pour l’établissement de la stratégie d’adaptation au changement climatique, d’associer les institutions de recherche a l’instar de
l’IRA de Médenine et les considérer comme partenaires en raison de la nouveauté de la thématique et prévoir un
financement sur le budget de la stratégie pour financer les activités de recherche demandées. Les thèmes prioritaires avec lesquels la recherche doit commencer à aborder sont les suivants :
• thème 1 : Identification des modes de pâturage permettant l’augmentation la résilience des écosystèmes pastoraux face au changement climatique ;
• thème 2 : Identification et sélection des espèces pastorales autochtones plus adaptées au changement climatique ;
• thème 3 : Amélioration pastorale par le développement des ouvrages anti-érosifs et des systèmes appropriés
de collecte des eaux pluviales.
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8. Conclusion
Les principales conclusions qui peuvent être dégagées de cette étude montrent que les écosystèmes pastoraux du
gouvernorat de Médenine sont très fragilisés par la pression humaine et sont par conséquent en danger face au
changement climatique. Actuellement surexploités, ils seraient plus dégradés sous la même pression pastorale et
sous des conditions d’aridité plus forte. Les conséquences directes iront de la chute de la production pastorale,
l’accentuation du déficit du bilan fourrager et de l’appauvrissement en espèces de haute valeur pastorale qui
s’avèrent les plus vulnérables aux effets combinés du changement climatique et du surpâturage. L’étude a permis
de mettre en évidence la présence de trois différentes classes d’écosystèmes pastoraux quant à leur vulnérabilité
au changement climatique :
- les écosystèmes des monts des Matmatas de la délégation de Béni Khédache (Stipa tenacissima, Rosmarinus
officinalis et Artemisia herba alba) sont les fragiles et les plus vulnérables au changement climatique. Les formations à base d’Anthyllis henoniana et de gypsophytes, caractéristiques des sols caillouteux et gypseux ont
également présenté une grande vulnérabilité ;
- les écosystèmes pastoraux à base de Rhanterium suaveolens et de psammophytes (Stipagrostis pungens et Retama raetam), caractérisant les sols sablonneux fixes et mobiles respectivement, se sont avérés moyennement
vulnérables ;
- étant relativement les moins perturbés et les plus adaptées aux conditions climatiques précaires, les parcours
à beguel (Haloxylon schmittianum) et ceux salés (à base d’halophytes) semblent être les plus moins vulnérables
au changement climatique en présentant une très faible vulnérabilité.
Malgré cette situation alarmante, tous les indicateurs montrent que les écosystèmes pastoraux du gouvernorat de
Médenine n’ont pas encore atteint le seuil d’irréversibilité et du non retour. Les changements quantitatifs (superficies des classes de vulnérabilité, les taux de recouvrements, la densité des espèces indicatrices, …) et qualitatifs
(physionomie, structure, présence des espèces clefs de voute et palatables, …) ayant eu lieu sous l’effet combiné
du climat et de la mauvaise gestion, ne semblent pas profondément toucher la capacité de résilience de la plupart
de ces écosystèmes ce qui pourra leur permettre à revenir à un état antérieur proche à celui initialement existant
en cas où une gestion plus rationnelle des ressources pastorales sera pratiquée.
Ces parcours, surtout les plus vulnérables et gardant encore une certaine capacité de résilience nécessitent
par conséquent des aménagements et une régénération naturelle, mais également une gestion réglementée et
contrôlée permettant l’adéquation entre les besoins du cheptel et les disponibilités fourragères. Le succès de ces
interventions exige forcément l’implication des acteurs locaux (usagers, GDAs, administration, …).
L’évaluation économique effectuée a été basée sur l’application de l’approche TEEB et les données et les informations disponibles auprès des institutions de recherche notamment l’Institut des Régions Arides et les services
techniques compétents en particulier le CRDA de Médenine et l’ODS. Evidemment le présent travail n’a pas la
prétention d’être complet, bien au contraire, c’est un travail pionnier certes mais qui est sensiblement perfectible.
Plusieurs biens et services très intéressants n’ont pas pu être pris en compte, en particulier la chasse, la valorisation du paysage, les activités de recréation traditionnelle comme les activités de tente et de randonnées désertiques effectuées par des centaines de familles pendant les saisons clés surtout le printemps. Les prélèvements de
bois de chauffe, le charbonnage n’ont pas été évalués également. D’autres biens n’ont été évalués que partiellement comme les PAM, les dépenses de protection, les services culturelles (beaucoup de festivals n’ont pas pu être
pris en compte). Certaines évaluations monétaires nécessitent des investigations spécifiques et l’application de
méthodes appropriées qui demandent des moyens importants en termes de temps et d’efforts, lesquels ne sont
pas disponibles dans le cadre de ce travail. Les laboratoires de l’IRA pourront dans ce sens proposer et mettre en
œuvre des programmes de recherche/développement en partenariat avec les services et acteurs de développement notamment le CRDA, l’ODS, l’environnement, les ONGs et les institutions locales.
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Quant à la tentative d’évaluation de la valeur économique perdue des différents biens et services de l’écosystème
pastoral sous l’effet du CC, les résultats ont confirmé l’hypothèse que le CC aura un effet négatif sur la VET de
l’écosystème, pastoral dans le gouvernorat de Médenine. Cet impact négatif se traduira par des pertes économiques d’autant plus importantes à l’horizon 2050. Les services d’approvisionnement et de régulation subiront
une dégradation continue de leur potentiel notamment pour les principales plantes aromatiques et médicinales.
Ces impacts auront sans doute des conséquences sensibles sur les revenus de la population et son bien être social, qui aura des effets négatifs sur les niveaux de pauvreté, l’emploi et la création des richesses pouvant affecter
le potentiel de développement économique et social aussi bien au niveau local que régional.
Les résultats ont révélés également l’intérêt et la pertinence de l’action face à l’inaction dont les impacts pourraient être lourdement facturés à la société actuelle mais surtout aux générations futures. Par conséquent, la mise
en œuvre des stratégies appropriées d’adaptation à court, moyen et long termes se justifient amplement. Des
efforts d’affinement de ce type de travaux et leur couplage à des actions de planification et de mise en œuvre de
stratégies d’adaptation et d’atténuation au CC s’imposent et deviennent plus qu’une nécessité. Laquelle nécessité
impose à la communauté nationale et internationale d’agir et de mobiliser les fonds suffisants pour plaider en
faveur de l’action.
L’analyse de différentes stratégies et projets en relation avec l’amélioration et la gestion des parcours a montré l’absence d’une stratégie nationale claire d’adaptation des parcours et du secteur de l’élevage spécifique au
changement climatique et ce malgré les grands efforts déployés par le CRDA et l’OEP en matière de restauration
et réhabilitation des parcours et la mise en place une infrastructure pastorale (points d’eau, aires d’ombrage,
voies d’accès, …). Les résultats de ces interventions n’ont pas été au niveau des attentes ni au niveau des moyens
financiers dépensés. Ceci en étroite relation avec les contraintes environnementales (conditions édaphiques et
climatiques très difficiles) mais surtout aux modes de gestion adoptés et aux problèmes fonciers et institutionnels
rencontrés particulièrement dans les parcours collectifs.
Les orientations et la mise en place d’une stratégie d’augmentation de la résilience face au changement climatique des écosystèmes pastoraux qualifiés vulnérables à très vulnérables nécessitent d’entreprendre les mesures
suivantes :
Le renforcement des aspects politiques et législatifs dépasse même le cas particulier des écosystèmes pastoraux
dans la mesure où l’intégration doit toucher toute la politique agricole et économique du pays. Un comité national ou une direction générale pourrait être créée au niveau du Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement
avec des antennes régionales pour pouvoir coordonner une intégration de l’adaptation au changement climatique
dans toutes les politiques et les programmes de gestion des ressources naturelles. Les plans d’action doivent
être suffisamment souples pour pouvoir y intégrer l’amélioration des connaissances sur les conséquences et les
risques potentiels du CC. Par ailleurs les cadres relevant des services de développement y compris ceux des unités
chargées de la mise en œuvre cette activité et intégration nécessitent une mise à niveau de leurs connaissances à
travers des sessions de formation régulière.
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L’application de toute politique d’aménagement à appliquer aux écosystèmes dégradés, doit prendre comme
base de réflexion que la population jugée dégradante, continuera d’y demeurer la force dominante et amplifie par
conséquent la vulnérabilité des écosystèmes au changement climatique. Les voies de restauration doivent être
choisies en concertation avec les usagers et les ayant droits à travers les organisations de base qu’ils les représentent. Ces organisations (GDAs et Conseils de gestion) nécessitent une habilitation par selon un programme de
formation touchant tous les aspects de fonctionnement et de gestion des ressources naturelles à la lumière du
changement climatique. Ces organisations doivent être impliqués dans les différentes phases de la stratégie dès
la conception jusqu’à l’exécution.
Les actions de développement sont celles utilisées par les organismes de développement mais qui exigent la réunion des conditions de leur réussite aussi bien sur le plan technique que social. Les formations végétales les plus
vulnérables devront avoir la priorité quant aux interventions.
La recherche scientifique est le gage de tout développement. La nouvelle stratégie exige de promouvoir la recherche scientifique et encourager les institutions de recherche à s’investir dans la recherche des techniques
permettant d’augmenter la résilience des écosystèmes face au changement climatique (sélection des taxons plus
adaptés, modèles des pâturage, systèmes appropriés de collecte des eaux pluviales dans les parcours, …).
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9. références bibliographiques
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El Hamrouni A. 1978 : Etude phytoécologique et problèmes d’utilisation et d’aménagement dans les forêts
de pin d’Alep de la région de Kasserine (Tunisie centrale).
5. El Hamrouni A . 1979 : Etudes et recherches effectuées sur l’alfa en Tunisie.
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7. El Hamrouni A. 1992 : Végétation forestière et pré-forestière de la Tunisie: typologie et éléments pour la
gestion.
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16. Ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire/DGAT. Stratégie nationale d’aménagement rural, Rapports de phase I et phase II. COMETE Engineering. 1997.
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19. Lloret A.S.1961 : Rapport sur les nappes alfatières tunisiennes.
20. Boudy 1950 : Guide du forestier en Afrique Nord-Africain.
1.
2.
3.
4.
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avec l’appui de la
Ministère de l’Agriculture
Institut des Régions Arides
CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine
Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes
tunisiens face au changement climatique
Publié par : Siège de la société : Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH
Bonn et Eschborn
Bureau de Tunis
B.P. 753, 1080 Tunis-Cédex, Tunisie
T +216 71 967 220
F +216 71 967 227
www.giz.de/en/worldwide/326.html
Email: [email protected]
Mandaté par : Ministère fédéral de la Coopération économique et le Développement et de la République
Fédérale de l’Allemagne
Institutions partenaires :
Ministère de l’Agriculture,
Institut des Régions Arides, CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine
GIZ-BROCHURE COUV+CCC.indd 1
Équipe de travail :
Ghazi Gader, Abdelmajid Jemai, Helmi Sabara, Maike Potthast et Ali Abaab : GIZ
Azaiez Ouled Belgacem, Mongi Sghaier et Mohamed Ouessar : Institut des Régions Arides, Médenine
Ali Aloui : Consultant en phytoécologie et aménagement des forêts
Kamel Tounsi : Consultant en SIG et bases
de données
Hamed Daly-Hassen : Consultant en économie forestière
Mise à jour : Décembre 2014
• L’écosystème subéraie
• L’écosystème alfatier dans le gouvernorat de Kasserine
• L’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine
Rapport de synthèse
Impression/Conception : Kréa - 1002 Tunis
Le contenu de la présente publication relève de la responsabilité de la GIZ.
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