avec l’appui de la Ministère de l’Agriculture Institut des Régions Arides CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens face au changement climatique Publié par : Siège de la société : Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Bonn et Eschborn Bureau de Tunis B.P. 753, 1080 Tunis-Cédex, Tunisie T +216 71 967 220 F +216 71 967 227 www.giz.de/en/worldwide/326.html Email: [email protected] Mandaté par : Ministère fédéral de la Coopération économique et le Développement et de la République Fédérale de l’Allemagne Institutions partenaires : Ministère de l’Agriculture, Institut des Régions Arides, CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine GIZ-BROCHURE COUV+CCC.indd 1 Équipe de travail : Ghazi Gader, Abdelmajid Jemai, Helmi Sabara, Maike Potthast et Ali Abaab : GIZ Azaiez Ouled Belgacem, Mongi Sghaier et Mohamed Ouessar : Institut des Régions Arides, Médenine Ali Aloui : Consultant en phytoécologie et aménagement des forêts Kamel Tounsi : Consultant en SIG et bases de données Hamed Daly-Hassen : Consultant en économie forestière Mise à jour : Décembre 2014 • L’écosystème subéraie • L’écosystème alfatier dans le gouvernorat de Kasserine • L’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine Rapport de synthèse Impression/Conception : Kréa - 1002 Tunis Le contenu de la présente publication relève de la responsabilité de la GIZ. 23/05/14 12:18 Publié par la Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens face au changement climatique • L’écosystème subéraie • L’écosystème alfatier dans le gouvernorat de Kasserine • L’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine Rapport de synthèse Ministère de l’Agriculture Institut des Régions Arides CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine GIZ-BROCHURE+CCC.indd 1 23/05/14 12:20 Étude de la vulnérabilité de l'écosystème Subéraie face au changement climatique avec l’appui de la GIZ-BROCHURE+CCC.indd 3 Ministère de l’Agriculture et de l’environnement 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Sommaire 4 1. Introduction 7 2. Description de l’approche méthodologique 9 3. Analyse de l’état actuel de l’écosystème 3.1. Description de l’état actuel des différentes unités identifiées 3.2. Identification et analyse des facteurs influençant l’état des différentes unités de la subéraie tunisienne 3.2.1. Facteurs biophysiques (Sol, pente, exposition) 3.2.2.Les facteurs socio-économiques et les perturbations anthropozoogènes 3.2.2.1.Vulnérabilité de la subéraie aux feux des forêts 3.2.2.2. Vulnérabilité des subéraies à la pression pastorale 3.2.3. Analyse climatique rétrospective 3.2.3.1. Tendances actuelles des précipitations 3.2.3.2. Tendances Thermiques 3.2.3.3. Identification des variables climatiques les plus déterminantes dans l’évolution de l’état des différentes unités de l’écosystème. 11 15 23 23 24 25 25 30 30 31 32 4. Analyse de la vulnérabilité de la subéraie face au CC aux horizons 2020 et 2050. 4.1. Projection des variables climatiques identifiées 4.2. Définition des principaux risques directs et indirects menaçant la durabilité de l’écosystème et induits par le CC. 4.3. Évaluation des effets des CC sur les subéraies Etat en 2020 Scénario A2 et B2 Etat en 2050 Scénario A2 Etat en 2050 Scénario B2 35 35 5. Analyse de la valeur économique des différents biens et services de l’écosystème 5.1. Identification des différents biens et services de l’écosystème 5.2. Méthodes d’évaluation des biens et services de l’écosystème chêne liège 5.3. Estimation de la valeur économique de l’écosystème chêne liège en 2005 5.4. Évaluation de la perte en valeur économique des différents biens et services de l’écosystème sous l’effet du CC en 2020 et 2050. 5.5. Méthodes d’évaluation des pertes des biens et services sous l’effet du CC 5.6. Évaluation de la perte en valeur économique 5.7. Conclusion 45 6. Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au CC 6.1. Analyse des pratiques de sylviculture et d’aménagement de la subéraie 6.2. Analyse de la stratégie actuelle de développement de la subéraie 6.3. Analyse de la capacité institutionnelle de l’administration forestière GIZ-BROCHURE+CCC.indd 4 40 43 44 44 44 46 46 47 48 48 48 49 51 52 53 55 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique 7. Orientations stratégiques et mesures d’adaptation pour augmenter la résilience de l’écosystème face au CC 7.1. Proposition d’orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des stratégies, des programmes et projets d’aménagement et de gestion des écosystèmes 7.2. Proposition de mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème face au CC. 7.3. Proposition d’une composante transversale d’adaptation au changement climatique dans la stratégie de développement durable de la subéraie. 57 57 57 61 8. Conclusions 63 Références bibliographiques 65 Liste des acronymes BIK-F Biodiversität und Klima - Forschungszentrum CCChangement Climatique CCC/GIZ Projet d’appui à la mise en œuvre de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique CCNUCCConvention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique CLChêne Liège DGACTADirection Générale de l’Aménagement et de la Conservation des Terres Agricoles DGEQVDirection Générale de l’Environnement et de la Qualité de la Vie DGFDirection Générale des Forêts DGBTHDirection Générale des Barrages et des Travaux Hydrauliques ETPEvapo-Transpiration Potentielle FAOOrganisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture GIZDeutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GTZDeutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit HADCM3 Modèle de circulation générale du Hadley Center IFPNInventaire Forestier et Pastoral National INRGREFInstitut National de Recherche en Génie Rural, Eaux et Forêts INSInstitut National des Statistiques ISPInstitut Sylvo-Pastoral Lutte Contre la Diversification LCD MAE Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement MARH Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques MAXENT Maximum Entropy Modeling of Species Geographic Distributions ODESYPANO Office de Développement Sylvo Pastoral du Nord Ouest RURéserve utile SIGSystème d’Information Géographique GIZ-BROCHURE+CCC.indd 5 5 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Introduction L es concentrations en CO2 atmosphériques, et plus généralement en gaz à effet de serre augmentent d’une manière continue depuis le début de la période industrielle (de 280 ppm à 355 ppm de CO2), et de manière exponentielle depuis la fin du 20ème siècle. Le dernier rapport du Groupement Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) de 2007 estime cette augmentation entre 1970 et 2004 à 70% dont 24% imputée à la période 1990-2004. Certains scénarios du GIEC prédisent une augmentation supplémentaire de cette concentration de 30 à 90% pour les 30 prochaines années. Cette forte concentration de ces gaz provoque un échauffement de l’atmosphère terrestre induisant une modification dans la circulation atmosphérique générale et des régimes des précipitations à l’échelle mondiale et régionale. La région méditerranéenne apparait comme un point chaud (Hot spot) climatique (Giorgi, 2006). Son système écologique, coincé entre les milieux arides du Sud et les milieux tempéré du Nord, semble très sensible à ces perturbations climatiques (Lavorel et al.1998). La région méditerranéenne étant reconnue comme subissant des changements climatiques particulièrement intenses, il semble important d’étudier et d’anticiper les conséquences de ces changements sur les écosystèmes méditerranéens, et en particulier les écosystèmes forestiers qui jouent un rôle important dans les cycles hydrologiques et biogéochimiques et dans la structure des paysages. Comme la disponibilité en eau est la principale contrainte climatique agissant sur la végétation méditerranéenne et que cette contrainte est appelée à se renforcer avec la diminution des précipitations et l’augmentation des températures, c’est à cet aspect particulier du changement climatique que cette étude s’intéressera. La tendance générale est une diminution des précipitations annuelles. Le troisième rapport du GIEC (2001) prévoit une diminution comprise entre 10 à 20% dans cette région (Sarris et al. 2007). Pour la Tunisie les 2 scénarii climatiques retenus A2 et B2 du HadCM3 (GTZ/MARH, 2007) bâtis sur un maillage géographique de 0.5°X0.5° (55Km x 55Km) pour un pixel d’information a compartimenté la Tunisie en plusieurs carreaux sur lesquels on prévoit pour la Kroumirie et les Mogods, l’aire potentielle de la subéraie, l’évolution climatique suivante : Pour le scénario A2 En 2020 une augmentation +0.8°C sur les températures moyennes et une diminution de 6% sur les précipitations moyennes annuelles En 2050 l’augmentation des températures moyennes annuelles est estimée à 1.8°C et la diminution des précipitations annuelles est estimée à -11%. Pour le scénario B2 En 2020 les modèles prévoient +0.9° d’augmentation des températures moyennes et -4% de diminution sur les précipitations moyennes annuelles. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 7 7 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique En 2050, ce scénario plus optimiste que le premier prévoit une augmentation des températures moyennes de 1.6°C et une diminution seulement de -8% sur les précipitations moyennes annuelles. Dans ce rapport on s’intéressera à la question du degré de vulnérabilité de la subéraie Tunisienne face à ce changement climatique faisant suite à l’étude stratégique plus générale sur l’Agriculture Tunisienne et les écosystèmes naturels face au changement climatique (GTZ/MARH, 2007). Un premier travail d'analyse de vulnérabilité des écosystèmes face au CC y compris l'écosystème Subéraie, a été déjà entrepris par la GIZ et le Centre de Recherche sur la Biodiversité et le Climat de Francfort (BIK-F), en partenariat avec les acteurs concernés. Cette analyse a été faite selon l'approche de modélisation des niches écologiques qui a permis de mettre en évidence la sensibilité de cet écosystème face au CC. La présente étude propose une nouvelle approche dite approche spatiale mutifactorielle qui analyse l'ensemble des facteurs de vulnérabilité de l'écosystème et leur évolution sous différents scénarii de CC à différents horizons. Les principaux objectifs de cette étude sont (i) d’estimer le degré de vulnérabilité de la subéraie du Nord de la Tunisie à la diminution des précipitations et à l’augmentation des températures et de prévoir sa dynamique aux horizons 2020 et 2050 sur deux scénarii différents. (ii) de déterminer si l’amplitude du changement attendu est de nature à accroitre la vulnérabilité des différentes subéraies classées par série forestière (Unité d’aménagement en foresterie) à la sécheresse, et enfin (iii)de classer ces séries en fonction de leurs degré de vulnérabilité afin d’y proposer des mesures possibles d’adaptation. L’approche utilisée pour répondre à ces objectifs n’est pas expérimentale mais descriptive et utilise principalement des observations archivées tirées de l’inventaire forestier national pour caractériser les subéraies, des cartes de synthèses bioclimatiques et climatiques, des données puisées de la carte nationale agricole pour décrire les paramètres édaphiques (texture, profondeur et réserves utiles des sols), des données climatiques archivées disponibles concernant la subéraie, des données archivées sur les incendies des subéraies et enfin des données socioéconomiques pour dégager les pressions humaines qui vont se superposer sur l’action climatique majeure. On caractérisera l’état actuel (2000) et on projettera cet état sur le moyen terme en 2020 et le long terme en 2050 sur la base de deux scénarii A2 et B2 de projection climatique du modèle HadCM3 adopté par le rapport sur la stratégie d’adaptation de l’agriculture Tunisienne au changement climatique (GTZ/MARH, 2007). 8 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 8 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Description de l’approche méthodologique C ette étude a porté sur l’analyse de l’état actuel de la subéraie dans le but de la classer en unités distinctes exprimant les facteurs sous jacents qui expliquent cet état afin d’y dégager sa vulnérabilité au changement climatique. L’unité de base traitée étant la série forestière parce qu’elle est considérée comme une unité d’aménagement sur laquelle les forestiers appliquent un traitement sylvicole exprimé par un règlement d’exploitation et un règlement de travaux selon la fonction principale de la forêt. Cette unité de base n’a pas été respectée pour les subéraies de Béja et de Bizerte puisqu’on ne dispose pas du fond cartographique numérisé à l’échelle de la série forestière et par conséquent on n’a distingué qu’une unité de subéraie à Béja et une unité à Bizerte regroupant plusieurs séries forestières chacune. Dix classes de subéraies écologiquement homogènes ont été distinguées et ont permis de saisir les facteurs écologiques principaux qui commandent la dynamique de la forêt. Les données de base pour décrire ces différentes unités sont synthétisées à partir de l’inventaire forestier national (DGF, 2003) de l’échelon Jendouba comprenant les forêts des gouvernorats de Jendouba, Béja et Bizerte. Les données écologiques, bioclimatiques et pédologiques sont extraites et synthétisées à partir de la carte agricole et d’autres cartes synthétiques sur le climat et les sols. Les informations sur les populations forestières sont extraites du recensement national de 2004 et les informations de base sur les exploitations agricoles des 3 gouvernorats. Les informations sur les incendies des forêts sont relatives à la période 1980-2004 provenant du service de protection des forêts de la DGF. Les archives de la Régie d'Exploitation Forestière (REF) concernant la vente des produits forestiers ont permis d’évaluer les différentes valeurs économiques des subéraies. Les données climatiques des températures et des précipitations ont été établies à partir des données climatiques de base de la période de référence 1960-1990 et projetées en 2020 et 2050 selon les scénarios A2 et B2 du centre HadCM3 disponibles pour la Tunisie. Sur chaque unité forestière des extrapolations ont été élaborées pour caractériser les températures et les précipitations à partir des stations météorologiques les plus proches et à partir des gradients pluviométriques et thermiques dans ces régions. Pour chaque unité et par scénario les données climatologiques ont été transformées en nombre de jours mensuels successifs de bilan hydrique négatif au niveau des sols après détermination de la réserve utile du sol à partir de la carte agricole, de l’évapotranspiration potentielle journalière et mensuelle en utilisant la formule de Riou. Ces calculs au niveau de chaque série étaient effectués sur 2 points à deux niveaux altitudinaux extrêmes (haut et bas) pour déterminer une moyenne relative à toute la série. Cette période relative de stress hydrique exprime la vulnérabilité de la subéraie au facteur climatique et varie en fonction de la localisation géographique de chaque unité, ses caractéristiques climatiques et édaphiques et n’exprime qu’une valeur potentielle relative permettant de comparer entre unités dans l’espace et dans le temps sans tenir compte des apports possibles d’eau provenant des nappes phréatiques à travers l’enracinement profond. Quatre classes GIZ-BROCHURE+CCC.indd 9 9 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique de vulnérabilité au stress hydrique ont été définies : la première classe non vulnérable correspond à une période de moins de 105 jours, soit la période de sècheresse normale en région méditerranéenne, un mois en plus a été ajouté à chaque classe supérieure de telle sorte que la dernière classe la plus vulnérable a une période de stress au moins égale à 165 jours. Cette dernière valeur a été observée durant les années successives sèches de 1987 à 1990 et avait occasionné des dépérissements dans la subéraie. Les autres facteurs étudiés, seuillés en 4 classes de vulnérabilité par facteur et cartographiés à l’état de référence puis projetés en 2020 et 2050 sont la pression pastorale avec 2 scénarios de développement du cheptel, les feux des forêts avec un seul scénario, l’état de vieillissement des peuplement variable dans le temps et les conditions biophysiques stationnelles stables dans le temps (pentes, expositions, types et profondeurs des sols). La combinaison de ces facteurs a permis de détailler l’état de vulnérabilité à cause du changement climatique comme forçage principal surimprimé successivement par le vieillissement des peuplements, la surcharge pastorale, les feux des forêts et enfin les conditions biophysiques. Ces combinaisons de facteurs projetés en 2020 et 2050 sur la base des scénarios A2 et B2 a permis une nouvelle cartographie de la subéraie permettant d’y dégager la majorité des facteurs pouvant influencer et aggraver la vulnérabilité de la subéraie. La cartographie de l’état de vulnérabilité de la subéraie dans l’espace et dans le temps a permis de dégager les subéraies les plus sensibles qui pourraient probablement subir des dépérissements partiels ou totaux suite à des années successivement sèches accidentelles. Les données de base que nous avions traités n’ont pas permis de prévoir les baisses de productivités et de fertilités des stations afin d’en tenir compte dans l’évaluation de toutes les pertes économiques. La lecture des anciennes pratiques forestières à l’intérieur des subéraies et de la stratégie actuelle de développement durable de la subéraie a permis de les réorienter vers des pratiques et des stratégies mieux adaptées aux changement climatique. 10 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 10 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Analyse de l’état actuel de l’écosystème L a subéraie tunisienne est une formation forestière cantonnée principalement en Kroumirie sur substrats acides de l’oligocène et en bioclimat humide méditerranéen. Secondairement elle s’étend aux Mogods sur des étendues restreintes sur ses franges bioclimatiques humides sur substrats acides. Accessoirement on la retrouve sur des aires plus réduites au Cap Bon et sur la Dorsale Tunisienne sur le versant Nord du Serdj mais ici comme une curiosité botanique et phytogéographique à haute valeur écologique et historique mais aussi comme réserve génétique de valeur. Selon l'Inventaire Forestier et Pastoral National (2005), , le chêne-liège occupe une superficie de 90.423 ha dont 70.000 ha à l’état pur et 20.000 ha en mélange principalement avec le chêne Zen, suivi par les pins (maritime, pignon, alep). Evolution des superficies des peuplements de chêne liège. Peuplement forestier Superficie (ha) DGF, 2005 DGF, 1995 Chêne liège 70 208 45 456 Chêne liège + Chêne zeen 13 920 Chêne liège + Eucalyptus 80 Mélange de Chênes 571 Mélange de feuillus 1 815 Chêne liège + mélange de pins 408 Chêne liège + pin d’Alep 233 Chêne liège + pin maritime 2 023 Chêne liège + pin pignon 1 165 Chêne liège en mélange ((Feuillus/Résineux) 5, 6% 1 037 41, 7% 12 675 TOTAL 90 423 59 168 La subéraie tunisienne se présente sous forme de deux faciès principaux : Subéraie Orientale: (Mogods et Nefza en partie) avec un faciès généralement pauvre et dégradé, réduite à l’état actuel et le plus souvent à un maquis dont la valeur économique est faible. Actuellement elle couvre 27.500 ha (DGF, 1995). Cette forêt dégradée, fait l’objet de projets de reforestation, par le chêne liège en mélange avec d’autres espèces. Subéraie Occidentale: (Nefza en partie et Khroumirie) avec un faciès relativement en bon état qui couvre 45.500 ha (DGF, 1995). Cette forêt, quoique encore productive, 80.000 à 100.000 quintaux du liège par an; demeure constamment menacée par la dégradation. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 11 11 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Il en résulte que sur les 150.000 ha de l’aire du chêne-liège, il ne reste que 73.000 ha dont 45.500 Ha sont productifs et 27.500 ha constituent des forêts dégradées (DGF, 1995). Répartition des superficies (ha) des peuplements chêne liège à l’état pur. Gouvernorat Superficie (ha) Taux (%) Jendouba 49 142, 397 71 Béja 14 066, 821 20 Bizerte 6 139, 221 9 Total 69348, 439 100 Source : (DGF, 2003). Les peuplements de chêne liège à l’état pur couvrent 69.348 ha, répartis à 71%, 20% et 9% respectivement dans les gouvernorats de Jendouba, Béja et Bizerte. Répartition des superficies (ha) des peuplements mixtes de chêne liège. Gouvernorat Chêne liège Chêne liège Chêne zen Pin maritime Eucalyptus Ha Jendouba 13 904, 150 1 957, 766 339, 491 31, 339 16 232, 746 2, 917 15, 798 - - 18, 715 12, 643 49, 236 60, 685 49, 431 171, 995 13 919, 717 2 022, 800 400, 176 80, 770 Béja Bizerte Total Chêne liège Pin Chêne liège Total 16 423, 456 Source : (DGF, 2003). Les peuplements mixtes de chêne liège couvrent 16.423 ha, localisés essentiellement dans le gouvernorat de Jendouba. L’état des différentes strates de la subéraie a été décrit dans les 3 gouvernorats subéricoles (Jendouba, Béja et Bizerte) comme suit (DGF, 2003): La strate est considérée pure si le couvert de l’espèce principale dépasse 80%. Une strate n’est distinguée que si elle occupe un espace minimal de 4 ha. Une strate n’est considérée forestière que si son couvert arboré est égal ou supérieur à 10%. Les strates adoptées sont les suivantes : Strates pures ou mélangées de chêne-liège par gouvernorat avec 5 classes de couvert : 75% de couvert et plus, 50à75%, 25-50%, 25-10% et 5-10%. Le maquis arboré à chêne liège et le maquis non arboré. Les mélanges distingués sont : les peuplements à chêne-liège et chêne zeen et les mélanges avec d’autres résineux ou feuillus que nous avions nommé mélanges avec d’autres espèces qui sont généralement des plantations mixtes de chêne-liège et d’autres espèces résineuses en général. Nous avons distingué le mélange chêne-liège et pin maritime qui comprend principalement les subéraies naturelles en mélange avec le pin maritime naturel de Tabarka. En plus de ces distinctions par le taux de couvert des qualifications ont été données pour ces strates : Chêne liège très dense, dense et moyennement denses. Ces qualifications semblent des interprétations puisqu’elles n’ont pas de critères définis par l’inventaire et ne sont pas cartographiées mais elles ont permis aux auteurs de déduire les structures des peuplements pour les nouvelles classes créées et de les exploiter dans le calcul des productions. Nous avons gardé ces structures telles qu’elles sont publiées pour les premières classes de recouvrement (très dense, dense et moyennement denses) : 12 Pour chaque strate on a calculé : La densité à l’hectare, le diamètre moyen, la surface terrière moyenne, le couvert moyen, le volume sur pied à l’hectare et le volume total sur pied de la strate. L’accroissement moyen en volume à l’ha et l’accroissement moyen annuel total de toute la strate a été déduit par l’utilisation de la formule des différences de tarif de GIZ-BROCHURE+CCC.indd 12 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Meyer en supposant un accroissement annuel sous écorce de 0.4 cm/an (cet accroissement a été choisi parmi les plus faibles pour ne pas surestimer la production). L’âge moyen du peuplement a été estimé sur la base d’un accroissement moyen sur écorce de 0, 7 cm/an et en le déduisant du diamètre moyen du peuplement. De la même façon la production potentielle de liège de reproduction par ha a été déduite en se basant sur une rotation fixe de 12 ans et sur une masse de liège produite de 6, 5 kg par m2 de surface latérale déliégée. Le coefficient de déliégeage utilisé dans notre estimation est de 2. Le liège de reproduction récolté correspond à la production des arbres de 25 cm de diamètre et plus. Dans cette estimation nous avons négligé les lièges mâles provenant des premiers démasclages et ceux provenant des hausses de démasclage. Pour chaque strate on a considéré qu’annuellement le 1/12ème de sa superficie est récolté respectant ainsi la rotation de déliégeage utilisée. Les volumes sur pieds et leurs accroissements annuels sont transformés en biomasse sur la base d’une densité de bois de chêne liège de 0, 86. Les biomasses des maquis et les biomasses racinaires de la subéraie à 30 cm de profondeur ont été estimées sur la base des résultats d’une publication sur la séquestration du carbone par la subéraie et ses différentes formations de dégradation et de substitution dans la région de Tabarka (Askri, 2006). La production fourragère des subéraies et des maquis par unité de surface a été estimée sur la base des données de l’inventaire forestier et pastoral national 1995. Pour dessiner l’état futur de la structure des strates nous avons utilisé un coefficient de mortalité naturelle de 1, 2 % par an exprimant la compétition entre individus et l’effet d’autres facteurs biotiques (Galoux, 1970 in Dajoz, 1974 ; Aloui et Kouja, 2005 et 2006). La croissance en diamètre des arbres estimée fixe et égale à 0, 4 cm par an sous écorce et 0, 7 cm sur écorce nous a permis de redéfinir les nouvelles classes de diamètres qui en 2020 et 2050 constitueraient l’ossature des structures des peuplements en ne tenant compte que de la croissance naturelle en grosseur des arbres. Ces hypothèses sur la croissance naturelle en grosseur des arbres, sur les pertes des effectifs des populations par compétition naturelle entre individus ou d’autres causes biotiques naturelles nous ont permis de redessiner les profils des strates actuelles aux horizons 2020 et 2050 . Les différentes strates décrites et analysées occupent les superficies suivantes : Types de peuplements et couvert (R en %). Superficie en Ha Superficie en % Superficie cumulée en % 20676 22, 02 22, 02 2 CL + CZ TD de Jendouba R>75% 11200 11, 93 39, 95 3 CL pur D de Jendouba R entre 50-75% 11099 11, 82 45, 78 1 CL pur TD de Jendouba R>75% 4 CL pur MD de Jendouba R entre 25-50% 7827 8, 34 54, 11 5 MNA de Jendouba 7703 8, 21 62, 32 6 CL pur MD de Jendouba R entre 10-25% 6366 6, 78 69, 10 7 CL pur TD de Béja R>75% 3984 4, 24 73, 34 8 CL pur D de Béja R entre 50-75% 2938 3, 13 76, 47 9 CL pur MA de Béja R entre 5-10% 2487 2, 65 79, 12 10 CL pur MA de Jendouba R entre 5-10% 2170 2, 31 81, 43 11 CL pur MA de BIzerte R entre 5-10% 2170 2, 31 83, 74 12 CL et autres TD de Jendouba R>75% 1660 1, 77 85, 51 13 MNA de Bizerte 1477 1, 57 87, 09 14 CL + CZ D de Jendouba R entre 50-75% 1397 1, 49 88, 57 15 CL et autres D de Jendouba R entre 50+75% 1397 1, 49 90, 06 16 MNA de Béja 1322 1, 41 91, 47 17 CL pur MD de Bizerte R entre 25-50% 1245 1, 33 92, 80 18 CL pur D de Bizerte R entre 50-75% 1163 1, 24 94, 04 19 CL+PM D de Jendouba R entre 50-75% 1060 1, 13 95, 16 20 CL pur TD de Bizerte R>75% 1006 1, 07 96, 23 21 CL pur MD de Bizerte R entre 10-25% 935 1, 00 97, 23 22 CL+PM TD de Jendouba R>75% 771 0, 82 98, 05 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 13 13 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique 23 CL et autres MD de Jendouba R entre 25-50% 542 0, 58 98, 63 24 CL + CZ MD de Jendouba R entre 25-50% 25 CL et autres TD de Béja R>75% 300 0, 32 98, 95 250 0, 27 99, 00 26 CL et autres D de Bizerte R entre 50-75% 194 0, 21 99, 00 27 CL+PM MD de Jendouba R entre 25-50% 115 0, 12 99, 00 28 CL et autres TD de Bizerte R>75% 93 0, 10 99, 00 29 CL et autres MD de Bizerte R entre 25-50% 91 0, 10 99, 00 30 CL + CZ MD de Jendouba R entre 10-25% 76 0, 08 99, 00 31 CL+PM MD de Bizerte R entre 10-25% 49 0, 05 99, 00 32 CL et autres D de Béja R entre 50-75% 39 0, 04 99, 00 33 MA de CL+PM de Jendouba R entre 5-10% 27 0, 03 99, 00 34 CL et autres MD de Bizerte R entre 10-25% 17 0, 02 99, 00 35 CL+PM TD de Béja R>75% 14 0, 01 99, 00 36 CL + CZ D de Bizerte R entre 50-75% 13 0, 01 99, 00 8 0, 01 100, 00 93.881 Ha 100% 37 CL + CZ TD de Béja R>75% Superficie totale Légende : CL (chêne-liège), CZ (Chêne zeen), PM (Pin maritime), D (dense), TD (très dense), MD (moyennement dense), MA (maquis arboré), Autres (autres espèces), MNA (maquis non arboré). • La répartition géographique des strates à l’échelle des forêts et séries d’aménagement sur la base du couvert montre que ce critère ne reflète pas une répartition écologique mais une dynamique soit sous l’effet de la sylviculture ou une dynamique régressive anthropique. Le principe de classement des subéraies adopté est basé hiérarchiquement sur la fraicheur des stations. Cette fraicheur est estimée par le degré d’occupation de l’espace par le Zeen : autrement dit l’ampleur de l’ambiance de la zeenaie ou de la subéraie dans l’occupation de l’espace forestier. • Les 10 classes distinguées sont les suivantes (la superficie totale des forêts de toute les classes dépasse la superficie de la subéraie étant donné que des peuplements d’autres espèces et des formations de dégradation sont comptabilisés dans les unités d’aménagement). Groupe Classe Superficie en Ha Superficie en % Type Plus de 50% de C Zeen pur. 1 4857 4.3 C Zeen et C liège > 75% 2 8956 8 Zeenaie dominante 1 C Zeen et C liège entre 50- 75% 3 22704 20.5 Zeenaie dominante 2 C Zeen et C liège entre 25- 50% 4 28480 25.7 subéraie dominante 1 C Zeen et C liège entre 10- 25% 5 15014 13.5 subéraie dominante 2 C Zeen et C liège <10 % 6 8890 8.1 Subéraie exclusive 1 C Zeen en trace 7 5534 5 Subéraie exclusive 2 C Zeen en trace (subéraies de Bizerte) 8 7094 6.4 Subéraie exclusive 3 C Zeen en trace (subéraies de Béja) 9 14771 13.3 Subéraie exclusive 4 10 16043 14.5 Subéraie à PM C Zeen en trace et pin maritime naturel présent (Subéraies à pin maritime de Tabarka) Total 132343 Zeenaie à CL 100% 14 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 14 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique 3.1. Description de l’état actuel des différentes unités identifiées Classe 1 : 5.620 ha Elle regroupe les forêts où le chêne Zeen à l’état pur dépasse 50% de la superficie forestière .Cette classe est représentée par 2 séries forestières : El Feija II et Ain Zana. Le chêne liège pur dans cette classe ne représente que 18% de l’occupation de l’espace dominé en premier lieu par le chêne zeen pur (65%) puis un mélange de Chêne zeen–chêne liège (17%). L’ambiance de la zeenaie couvre 82% de l’occupation forestière. Les 2 séries forestières appartiennent à l’étage bioclimatique humide supérieur tempéré d’altitude, l’altitude des 2 forêts est dans la tranche 900-1000 m. La pluviométrie moyenne annuelle est comprise entre 1200-1500 mm, la pluviométrie printanière est supérieure à 300 mm à Feija II et comprise entre 200-300 mm à Ain Zana (période 1930-1960). Les 2 forêts appartiennent au groupement écologique humide supérieur à Quercus canariensis, Les sols appartiennent au groupe des sols bruns lessivés hydromorphes à Feija et au groupe des sols calcimorphes, des sols rouges méditerranéens des sols bruns faiblement lessivés et des vertisols topolithomorphes modaux à Ain Zana. Cette classe de subéraie sera vieille sur 93% de sa superficie en 2050. Composition en strate de la classe 2 Superficie (ha) des strates en 2000 CL › 75% 1338 CL 75-50% 88 CL 50-25% 152 CL 25-10% 217 CL 10-5% 70 CL-cz › 75% 674 CL-cz 50-75% 30 CL-cz 50-25% 187 CZ 3292 REB 180 REB CL et PIN 22, 5 MAQ NA 29, 5 mA CL 30 Composition en Ha de la classe 2 en 2000 CL Age ‹ 20 CL-CZ CZ 22 Age de 20-40 1426 Age de 40-60 469 Age de 60-80 3292 891 Age de 80-100 Caractéristiques Superficie totale en Ha V tiges total sur pied en m3 Accroissement total des tiges m3/an Etat 2000 6310 665466 17882 Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 635656 Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 245730 Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 16888 Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 32249 Production totale d’UF 2877360 Superficie potentielle déliégée (ha/an) 526 Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 201 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 15 15 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Classe 3 : 25.760 ha Elle regroupe les forêts de Feija I, Oued Zeen II et Ain Draham IV où le paysage dominant est une subéraie mélangée à du chêne Zeen. Une ambiance de Zeenaie d’altitude domine à Feija I et Ain Draham IV alors qu’à Oued Zeen IV la zeenaie est plutôt ripicole. Dans les 2 cas la fraîcheur du sol caractérise les 2 milieux permettant au chêne zeen de dominer encore l’espace. Cette classe de subéraie vivant dans une ambiance proche de celle de la zeenaie est relativement fraîche comparée à la subéraie pure. Elle doit être moins vulnérable au réchauffement climatique ; si le réchauffement se maintient au niveau de 2°C les peuplements mélangées de Chêne liège et de chêne zeen laisseraient leurs places à une subéraie pure après la disparition naturelle progressive du chêne zeen sauf dans les massifs ripicoles d’Oued Zeen II. Les 2 forêts de Feija I et Ain Draham IV appartiennent à l’étage Bioclimatique humide supérieur tempéré d’altitude, l’altitude des 2 forêts est dans la tranche 900-1000 m. La pluviométrie moyenne annuelle est comprise entre 1200-1500 mm, la pluviométrie printanière est supérieure à 300 mm dans les 3 forêts (période 1930-1960). Une tendance perceptible de baisse de 1% /an entre 1969 et 2003 réduirait cette quantité d’eau saisonnière à 170 mm en 1950 et doublerait le déficit hydrique actuel. Les forêts d’ADIV et Feija I appartiennent au groupement écologique humide supérieur à Quercus canariensis, la série d’oued Zen II appartient au groupement de chêne liège à cytise de l’humide inférieur tempéré. Les sols appartiennent au groupe des sols bruns lessivés hydromorphes dans les 3 forêts. Cette classe de subéraie sera vieille sur 77% de sa superficie en 2050. Composition en strate de la classe 3 Superficie (ha) des strates en 2000 CL › 75% 5310 CL 75-50% 1740 CL 50-25% 1478 CL 25-10% 394 CL 10-5% 127 CL-cz › 75% 8522 CL-cz 50-75% 1614 CL-cz 50-25% 111 CZ 3362 REB 1839 REB CL et PIN 222 MAQ NA 518 mA CL 477 Composition en Ha de la classe 3 en 2000 CL Age ‹ 20 222 Age de 20-40 7080 Age de 40-60 2476 Age de 60-80 CL-CZ CZ 10136 3362 891 Age de 80-100 16 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 16 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Caractéristiques Etat 2000 Superficie totale en Ha 25714 V tiges total sur pied en m3 2612831 Accroissement total des tiges m3/an 66448 Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 2378868 Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 999168 Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 59590 Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 122646 Production totale d’UF 11725584 Superficie potentielle déliégée (ha/an) 2143 Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 1950 Classe 4 : 34.000 ha Elle regroupe les forêts d’ADIII et VI, Amdoun I, Mekna I, Hamdia, Feija VI, Chihia I à III. Dans cette classe la zeenaie pure s’étend sur 10% de l’espace forestier, la subéraie pure sur 57% et la subéraie mélangée à du chêne Zeen sur 24% de cet espace. L’ambiance de la zeenaie ne couvre que 34% de l’espace total de la classe. L’ambiance de la subéraie commence à dominer. Cette classe s’étend sur plus du 1/3 de la subéraie Tunisienne. Les sols dominants sont de types brun à brun lessivé hydromorphe avec apparition de sols bruns peu lessivés et quelques vertisols. Dans les forêts de Chihia et rarement à Hamdia et Mekna I vont apparaitre des sols calcimorphes et des sols rouges méditerranéens. Quelques tâches du groupement de l’humide supérieur avec le groupement à Quercus canariensis et la majorité des forêts appartiennent à l’étage humide inférieur avec le groupement à Quercus suber à cytise et à basse altitude le groupement à Quercus suber à Pistacia lentiscus et Erica arborea. La pluviométrie annuelle est comprise entre 1000 et 1200 mm pour la majorité de la classe et 1500 mm et plus pour les séries d’Ain Draham ; la tranche printanière est de plus de 300 mm dans les forêts d’Ain Draham et de 200 à 300 mm dans les forêts de MeknaI, Hamdia et Chihia. Les forêts de cette classe seront vieilles sur 78% de la superficie de leurs peuplements principaux à l’horizon 2050. Composition en strate de la classe 4 Superficie (ha) des strates en 2000 CL › 75% 11900 CL 75-50% 3052 CL 50-25% 1999 CL 25-10% 1183 CL 10-5% 383 CL-cz › 75% 5833 CL-cz 50-75% 978 CL-cz 50-25% 142 CZ 3010 REB 2735 REB CL PUR 99 REB CL et PIN 328 MAQ NA 665 mA CL 1704 Composition en Ha de la classe 4 en 2000 CL Age ‹ 20 Age de 20-40 14952 Age de 40-60 5269 Age de 60-80 CL-CZ CZ 6811 3010 427 142 17 Age de 80-100 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 17 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Caractéristiques Etat 2000 Superficie totale en Ha 34011 V tiges total sur pied en m3 3001026 Accroissement total des tiges m3/an 90115 Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 2668064 Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 1320781 Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 78933 Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 174301 Production totale d’UF 15509244 Superficie potentielle déliégée (ha/an) 2834 Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 2107 Classe 5 : 22.389 ha Formée par les forêts de Mekna IV et V, Tegma III, Feija III, V et VII, ADX et Amdoun II. L’ambiance de la zeenaie ne couvre que 19% de l’occupation forestière et c’est l’ambiance de la subéraie qui domine. Les sols des forêts de Feija sont essentiellement rouges méditerranéens et rouges hydromorphes avec des vertisols en bandes étroites; à Feija III s’ajoutent des sols calcimorphes. Les sols de Tegma III et ADX sont de la famille des sols bruns et bruns lessivés avec des bandes de vertisols et quelques tâches de sols calcimorphes. A Mekna IV et V et Amdoun II dominent des sols bruns lessivés, des vertisols et des tâches de sols calcimorphes assez grandes sur Amdoun II. L’étage de végétation dominant est l’humide inférieur avec le groupement à Quercus suber à cytise. L’étage bioclimatique supérieur à Quercus canariensis apparaît en tâches étroites sur les sommets.La pluviométrie annuelle est de plus de 1500 mm à Tegma III et Ain draham X avec une pluviométrie printanière de plus de 300 mm et entre 1200 à 1500 mm à Feija II, V et VII et Amdoun II et Mekna IV et V avec une pluviométrie printanière de 200 à 300 mm. Composition en strate de la classe 5 Superficie (ha) des strates en 2000 CL › 75% 6693 CL 75-50% 2640 CL 50-25% 1661 CL 25-10% 776 CL 10-5% 343 CL-cz › 75% 2089 CL-cz 50-75% 171 CL-cz 50-25% 116 CZ 463 REB 3306 REB CL PUR 5 REB CL et PIN 59, 4 MAQ NA 2177 mA CL 1828 Composition en Ha de la classe 5 en 2000 CL Age ‹ 20 CZ 2260 463 64 Age de 20-40 9334 Age de 40-60 4608 Age de 60-80 CL-CZ 116 Age de 80-100 18 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 18 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Caractéristiques Etat 2000 Superficie totale en Ha 22328 V tiges total sur pied en m3 1608217 Accroissement total des tiges m3/an 51912 Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 1379877 Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 864166 Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 44084 Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 105310 Production totale d’UF 10181522 Superficie potentielle déliégée (ha/an) 1861 Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 1131 Classe 6 :13.666 ha Elle est représentée par les forêts d’Ain Draham VII, Feija VIII, Tegma III et Ouled Ali II. L’ambiance de la zeenaie ne couvre que 3 % de l’occupation forestière et celle de la subéraie 97%. Le bioclimat dominant est l’humide inférieur ave apparition de l’humide supérieur sur les sommets, La pluviométrie annuelle est de 1500 mm pour les forêts de Ain Draham VII et VIII avec une pluviométrie printanière de 300 mm et 1200 à 1500 mm pour le reste des forêts de la classe avec une pluviométrie printanière comprise entre 200 et 300 mm . Les sols sont de la famille des sols bruns et bruns lessivés avec apparition de sols calcimorphes à Ouled Ali II et des vertisols à Tegma III. Le groupement végétal dominant est celui du chêne liège à cytise de l’humide inférieur et quelques tâches de l’humide supérieur à chêne zeen à Tegma III. A l’horizon 2050 46% des peuplements seront vieux. Composition en strate de la classe 6 Superficie (ha) des strates en 2000 CL › 75% 4297 CL 75-50% 1523 CL 50-25% 1757 CL 25-10% 935 CL 10-5% 174 CL-cz › 75% 141 CL-cz 50-75% 0 CL-cz 50-25% 42 CZ 141 REB 2207 REB CL PUR 39 REB CL et PIN 110 MAQ NA 1500 mA CL 820 Composition en Ha de la classe 6 en 2000 CL Age ‹ 20 Age de 20-40 5820 Age de 40-60 3686 Age de 60-80 CL-CZ CZ 28 141 463 42 141 Age de 80-100 19 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 19 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Caractéristiques Etat 2000 Superficie totale en Ha 13686 V tiges total sur pied en m3 858589 Accroissement total des tiges m3/an 30020 Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 720491 Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 529262 Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 25130 Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 63602 Production totale d’UF 6240816 Superficie potentielle déliégée (ha/an) 1141 Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 531 Classe 7 : 11.955 ha Cette classe est composée des forêts de Fernana I et II Mekna II et III, Tegma I et Ouled Ali III. Elle est dominée à 100% par une subéraie pure sans trace notable de la zeenaie. Les forêts de Mekna II et III appartiennent à l’étage bioclimatique humide inférieur chaud et celles de Fernana I et II, Tegma I, Ouled Ali III appartiennent à l’étage bioclimatique humide inférieur à variante tempérée. Le groupement du chêne liège à lentisque domine, seulement à Tabarka III s’ajoute le groupement du chêne liège à chêne Kermes. Les sols dominants sont bruns lessivés, des vertisols s’ajoutent à Fernana et Tegma et des sols peu évolués sur dunes à Tabarka III et des sols calcimorphes à Ouled Ali. Composition en strate de la classe 7 Superficie (ha) des strates en 2000 CL › 75% 2481 CL 75-50% 1163 CL 50-25% 748 CL 25-10% 1098 CL 10-5% 44 REB 3141 REB CL PUR 39 REB CL et PIN 110 MAQ NA 2258 mA CL 1009 Composition en Ha de la classe 7 en 2000 CL Age ‹ 20 149 Age de 20-40 3644 Age de 40-60 2899 CL-CZ CZ Age de 60-80 Age de 80-100 Caractéristiques Superficie totale en Ha V tiges total sur pied en m3 Accroissement total des tiges m3/an 20 Etat 2000 12092 634077 22391 Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 514347 Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 465209 Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 18162 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 20 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 50292 Production totale d’UF 5513724 Superficie potentielle déliégée (ha/an) 1008 Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 338 Classe 8 : 7.094 ha Elle regroupe les subéraies de Sejenane : forêts de Tamra, Choucha, Mhibeus, El Hania. Pure à 100% .On ne retrouve les traces de la zeenaie que dans les ravins et les dépressions humides. Ces forêts occupent l’étage bioclimatique humide inférieur chaud avec une pluviométrie moyenne annuelle comprise entre 800 et 1000 mm et une pluviométrie moyenne saisonnière du printemps de 160 à 200 mm. Le groupement végétal dominant est celui du chêne liège à lentisque et celui à chêne Kermès. Les sols sont de la famille des sols bruns et bruns lessivés et surtout des sols hydromorphes à pseudogley. Le déficit hydrique estimé dans la région est compris entre 106 à 120 jours. 57% de cette subéraie sera probablement vieille en 2050. Composition en strate de la classe 8 Superficie (ha) des strates en 2000 CL › 75% 1043 CL 75-50% 1186 CL 50-25% 1215 CL 25-10% 984 CL 10-5% 722 CZ 13 REB 2207 REB CL PUR 28 REB CL et PIN 443 mA CL 1450 Composition en Ha de la classe 8 en 2000 CL Age ‹ 20 471 Age de 20-40 2229 Age de 40-60 4371 CL-CZ CZ 13 Age de 60-80 Age de 80-100 Caractéristiques Superficie totale en Ha V tiges total sur pied en m3 Accroissement total des tiges m3/an Etat 2000 7084 364292, 4 12055 Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 312302 Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 276220 Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 10288 Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 27464 Production totale d’UF 3230304 Superficie potentielle déliégée (ha/an) 590 Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 206 Classe 9 : 14.771 ha Regroupe les subéraies de Béja : forêts de Bellif, Ouchtata, Khorgalia, Msid-Tabouba et Amdoun El Jouza en partie. Elle est composée à 100% de chêne liège avec quelques traces de la zeenaie sur les ravins et en altitude à Amdoun El Jouza. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 21 21 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Ces forêts occupent l’étage bioclimatique humide inférieur doux avec une pluviométrie moyenne annuelle comprise entre 1000 et 1200 mm et une pluviométrie moyenne saisonnière du printemps de 160 à 200 mm. Le groupement végétal dominant est celui du chêne liège à lentisque et celui à chêne Kermès. Les sols sont de la famille des sols bruns et bruns lessivés qui dominent. Composition en strate de la classe 9 Superficie (ha) des strates en 2000 CL › 75% 3968 CL 75-50% 2919 CL 50-25% 3156 CL 25-10% 1660 CL 10-5% 700 CL-cz › 75% 3 CZ 370 REB CL et PIN 267 mA CL 1728 Composition en Ha de la classe 9 en 2000 CL Age ‹ 20 CL-CZ CZ 3 370 14 Age de 20-40 6887 Age de 40-60 7244 Age de 60-80 Age de 80-100 Caractéristiques Superficie totale en Ha V tiges total sur pied en m3 Accroissement total des tiges m3/an Etat 2000 14771 995448 33244 Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 861901 Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 576069 Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 28702 Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 67361 Production totale d’UF Superficie potentielle déliégée (ha/an) Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 6735576 1231 727 Classe 10 : 13.591 ha Subéraie surtout mélangée à du pin maritime naturel regroupant les séries I à IV des forêts de Tabarka. Le chêne zeen est présent dans les ravins ou les dépressions humides. Les forêts de cette classe appartiennent au bioclimat humide inférieur chaud pour les séries I, II et IV et tempéré pour la série III. Les groupements végétaux sont ceux du chêne liège à lentisque et bruyère arborescente et le groupement du pin maritime et bruyère à balai. Les sols lessivés localement hydromorphes dominent, les sols bruns et bruns lessivés hydromorphes sont cantonnés surtout à la série III de Tabarka. La pluviométrie annuelle est comprise entre 1000 et 1200 mm, les pluviométries printanières sont comprises entre 200 et 300 mm. 22 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 22 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Composition en strate de la classe 10 Superficie (ha) des strates en 2000 CL › 75% 1736 CL 75-50% 2442 CL 50-25% 2433 CL 25-10% 458 CL 10-5% 76 CL-cz › 75% 605 CL-cz 50-75% 163 CL-PM › 75% 109 CL-PM 50-75% 98 REB 1112 REB CL PUR 15 REB CL et PIN 100 MAQ NA 713 mA CL 342 Composition en Ha de la classe 10 en 2000 CL Age ‹ 20 115 Age de 20-40 4178 Age de 40-60 2967 CL-CZ CZ 109 768 98 Age de 60-80 Age de 80-100 Caractéristiques Superficie totale en Ha V tiges total sur pied en m3 Accroissement total des tiges m3/an Etat 2000 10402 795417 24789 Biomasse totale aérienne des tiges en tonnes 677510 Biomasse aérienne totale du maquis sous peuplement en tonnes 403405 Accroissement annuel en biomasse aérienne des tiges en tonnes 20983 Accroissement annuel total en biomasse aérienne et souterraine du peuplement et du maquis en tonnes 55730 Production totale d’UF 4743084 Superficie potentielle déliégée (ha/an) 867 Récolte potentielle annuelle de liège en tonnes 614 3.2.Identification et analyse des facteurs influençant l’état des différentes unités de la subéraie tunisienne 3.2.1. Facteurs biophysiques (Sol, pente, exposition) Les facteurs biophysiques analysés sont principalement des facteurs géographiques stationnels et édaphiques. Pour chaque unité d’aménagement ou série forestière on a relevé les expositions dominantes, les pentes dominantes, les types de sols et les profondeurs des sols selon les descriptions et la terminologie de la carte nationale agricole. on a constitué des groupes homogènes qu’on a classé en 3 sous unité : 1 classe favorable au développement de la subéraie, 2 classe moyenne et 3 classe défavorable. Chaque classe a été notée (1, 2 ou 3) selon qu’elle est favorable ou défavorable puis les notes étaient pondérées par un coefficient entre 4 et 1 (4 pour les expositions, 3 pour les pentes, 2 pour les profondeurs des sols et 1 pour les types des sols). Une note finale a été attribuée à chaque unité forestière. La pondération a été attribuée sur la base de l’influence du facteur sur la végétation mais aussi sur le degré de précision du descripteur. Le coefficient 4 a été attribué à l’exposition parce GIZ-BROCHURE+CCC.indd 23 23 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique que le facteur est déterminant en bioclimat et microclimat et en même temps il est assez précis, 3 pour la pente qui est déterminante pour l’eau dans le sol, la profondeur des sols et aussi pour sa précision, 2 pour la profondeur des sols parce que nous pensons que la carte agricole n’est pas très précise pour décrire les profondeurs des sols forestiers et 1 pour le type de sol et les facteurs édaphiques contraignants parce que les nuances entre catégories ne sont pas très bien délimitées. La synthèse de ces différents facteurs stationnels et édaphiques nous a permis de regrouper les séries forestières en 4 grandes classes : la première étant la plus favorable à la subéraie et la dernière la moins favorable. Les résultats de ce classement sont présentés sur le tableau suivant : Classement des subéraies selon leurs conditions biophysiques Conditions très favorables (25% des unités) Ain Draham II Mekna II Mekna III Mekna IV Oued Zeen III Subéraies de Bizerte Subéraies de Béja Tabarka III Tegma I Amdoun II Amdoun I Feija II Conditions assez favorables (47% des unités) Ain Draham I Ain Draham III Ain Draham IV Ain Draham IX Ain Draham X Tegma II Chihia I Chihia II Oued Zen II Oued Zen IV Tabarka I Tabarka II Hamdia Mekna I Fernana I Farnana II Ouled Ali III Feija III Feija VII Feija VIII Conditions moyennement favorables (12% des unités) Tabarka IV Mekna V Oued Zen I Chihia III Feija IV Feija VI Conditions défavorables (16% des unités) Ain Draham V Ain Draham VII Ain Draham VIII Tegma III Ouled Ali I Ouled Ali II Feija I Feija V Ce classement des subéraies est fixe puisque les conditions biophysiques restent relativement stables dans le temps. 3.2.2. Les facteurs socio-économiques et les perturbations anthropozoogènes Ces facteurs sont analysés sur la base des ressources statistiques sur les populations rurales vivant autour des subéraies exprimés par la densité des ménages ruraux au Km2 et surtout leurs relations avec les parcours forestiers et les problèmes des feux des forêts. Deux variables ont été utilisées : le rapport de la charge pastorale observée à la charge pastorale d’équilibre par unité forestière et la vulnérabilité aux feux ont été estimées en combinant les fréquences moyennes annuelles des feux aux superficies moyennes annuelles brûlées par unité d’aménagement (série forestière). L’évolution du rapport entre charge pastorale observée et charge d’équilibre prévue en 2020 et 2050 a été étudiée en adoptant les taux d’accroissement du cheptel utilisé par la planification agricole : 1% (scénario B2) et de 1.5% (scénarios A2). Pour l’étude de l’évolution des fréquences et des superficies moyennes annuelles des feux de forêts aux horizons 2020 et 2050 aucune hypothèse n’a été retenue et on a considéré que les forêts se comporteraient en moyenne comme sur la période observée 1980-2004. 24 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 24 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis des facteurs biophysiques 3.2.2.1.Vulnérabilité de la subéraie aux feux des forêts Classe 1 : Forêt extrêmement vulnérable aux feux des forêts Le risque annuel des feux des forêts dépasse 100 ha annuellement, ce risque très fort est actuellement localisé à une seule série forestière celle de Feija II. Classe 2 : très vulnérable aux feux des forêts Le risque annuel est compris entre 20 et 100 ha avec une moyenne de 46 ha par an. Ce niveau de risque est localisé à Tabarka I et III, les maquis arborés de Bizerte, Ain Draham I, Feija IV, VII, V et VIII. Classe 3 : Forêts moyennement vulnérables aux feux des forêts Le risque annuel reste très limité entre 1 et 10 ha/an soit une moyenne de 5 ha/an. Les forêts qui composent cette classe sont : Hamdia, Mekan IV, Ain Draham II, III et X, les forêts de Béja (Tabouba), Tegma II, Chihia I, Amdoun I et II, Ouled Ali I et II, Fernana II, Feija I, III, VI et VII, Bizerte-Sejenane (Choucha, Tamera, Mhibeus, Mouaden). Classe 4 : Forêts peu vulnérables aux feux des forêts Le risque annuel est de moins de 1 Ha/an soit une moyenne de 0.5 ha/an : Ce groupe comprend les forêts de Ain Draham IV, V, VI, VII, VIII et IX, Feija I, II, III, V, VI, VIII, Mekna I, II, III, IV, V, Fernana I, Tegma I et III, Ain Zana, Chihia III, Mekna I, II, V, Oued Zen I, II, III et IV, Tabarka IV, Fernana I et II, Béja (Nefza, Msid, Bellif, Ouchtata), Bizerte (Tamera, Choucha) Chihia II, Ouled Ali III. 3.2.2.2. Vulnérabilité des subéraies à la pression pastorale Les quatre classes distinguées de vulnérabilité à la pression pastorale sur la subéraie sont les suivantes: Les subéraies non vulnérables à l’activité pastorale où le rapport entre besoins des animaux et productivité potentielle des parcours est inférieur à 1. Les besoins des animaux sont normalement totalement couverts par cette production potentielle. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 25 25 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Les subéraies peu vulnérables sont composées par les subéraie où ce rapport est compris entre 1 et 1.5 exprimant des besoins de 1.5 fois supérieurs à la production potentielle. Cette surcharge peut être couverte en cas de productivité plus forte relative à des années de bonnes glandées ou en cas de diminution provisoire des effectifs des animaux. Les subéraies moyennement vulnérables sont caractérisées par un rapport besoins/ productivité compris entre 1.5 à 2. Les subéraies vulnérables à l’activité pastorale sont composées par les subéraies où ce rapport dépasse 2. Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis des feux de forêts - Situation 2000 26 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 26 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Vulnérabilité de la subéraie à la pression pastorale subéraies non vulnérables subéraies peu vulnérables subéraies moyennement vulnérables subéraies vulnérables Etat actuel en 2000 Chihia I et II, Ain Draham I, II, IV et VIII, Tegma I et III, Feija I et III, Amdoun I et II, Oued Zen I, II, III et IV, Fernana I, Tabarka I et les subéraies de Bizerte. (42% des subéraies) Béja, Ouled Ali I, Ain Draham III, VII, X et IX, Feija IV, Mekna II, IV et V, Tabarka II, IV et Tegma II. ( 31% des subéraies ) Fernana II, Ouled Ali III, Mekna I et III, Ain Draham IV, V, Feija II, V, VI, VII et VIII, Tabarka III et Chihia III. (21% des subéraies) Etat en 2020 Scénario B2 Subéraie de Bizerte, Tabarka I, Chihia II, Fernana I, Oued Zen I, II, III, IV, Ain Draham IV (18% des subéraies) Etat en 2020 Scénario A2 Tabarka I, Chihia II, Fernana I, Oued Zen I, II, III, IV. (14% des subéraies) Etat en 2050 Scénario B2 Bizerte, Tabarka I, Chihia II, Fernana I, Oued Zen I à IV et Ain Draham IV. (19% des subéraies) Ain Draham I, II, V, VIII, X, Amdoun I, II, Chihia I, Feija I, II, III, Tegma I, III, Fernana II, Béja, Ouled Ali I (30% des subéraies) Aucune Ain Draham I, II, IV, VIII et X, Amdoun I et II, Chihia I, Tegma I et III, Feija I et III. (25% des subéraies) Ain Draham III, VII, IX, Feija IV, Mekna II, IV, V, Tegma II, Tabarka II, IV, et Ouled Ali III. (23% des subéraies) Hamdia, Mekna III, Ain Zana et Ouled Ali II. (6% des subéraies) Mekna I, III, Ain Draham VI, Feija V, VI, VII, VIII, Tabarka III, Chihia IIII, Hamdia, Ain Zana, Ouled Ali II. (25% des subéraies) Ain Draham III, V, VII et IX, Feija II et IV, Fernana II, Béja, Ouled Ali I, Mekna II, IV et V, Tegma II, Tabarka II et IV. (31% des subéraies) Ouled Ali II et III, Feija V, VI, VII et VIII, Ain Zana, Mekna I et III, Tabarka III, Hamdia, Ain Draham VI, Chihia III. (27% des subéraies) Etat en 2050 Scénario A2 Bizerte (Sejenane) (2%des subéraies) Tabarka I, Chihia II, Fernana I, Oued Zen I, II, III, IV. (14% des subéraies) Ain Draham I, II, V, Aucune subéraie VIII, X, Amdoun I, II, Chihia I, Feija I, II, III, Tegma I, III, Fernana II, Béja, Ouled Ali I. (33% des subéraies) Ain Draham III, VI, VII, IX, Feija IV à VIII, Mekna I à V, Tegma II, Tabarka II à IV, Ouled Ali II et III, Chihia III, Hamdia, Ain Zana. (48% des subéraies) Ain Draham I à X., Amdoun I et II, Chihia I à III, Feija I à VIII, Tegma I à III, Béja, Fernana II, Ouled Ali I, II, III, Mekna I à V, Tabarka II à IV, Hamdia, Ain Zana. (84% des subéraies) 27 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 27 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de la pression pastorale - Situation en 2000 Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de la pression pastorale - Situation en 2000 - Scénario B2 28 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 28 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de la pression pastorale - Situation en 2000 - Scénario A2 Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de la pression pastorale - Situation en 2050 - Scénario A2 29 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 29 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de la pression pastorale - Situation en 2050 - Scénario B2 3.2.3. Analyse climatique rétrospective 3.2.3.1. Tendances actuelles des précipitations L’examen des séries pluviométriques annuelles entre 1901 et 2003 sur les 3 principales stations de la subéraie (Ain Draham, Tabarka et El Feija) montre une tendance générale à la diminution statistiquement non significative. Cette diminution parait très légère à Ain Draham (pente de la droite de tendance de -0.24), plus exagérée à Tabarka (pente de -2.13 dix fois plus grande que celle d’Ain Draham) et encore plus exagérée à El Feija (pente de -4.1, deux fois plus grande que celle de Tabarka et 20 fois plus grande que celle d’Ain Draham) Il semble que plus que la subéraie s’enfonce vers le Sud plus elle s’assèche. Sur les franges Est de la subéraie aux Mogods et sur des séries plus courtes entre 1969 et 2004 on remarque le même phénomène : une tendance à la diminution légère à Sejnane (pente de la droite de tendance de - 1.8) et de la même façon à la limite Est des Mogods à Tinja où la pente de la droite de tendance est de -2.0. D’une façon générale on peut dire qu’on est sur un début de diminution des précipitations qui serait plus exagéré sur les limites Sud de la subéraie à El Feija et à l’Est de la subéraie aux Mogods. Seule la station d’Ouchtata parait non touchée ! 30 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 30 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Pluviométrie annuelles entre 1900 et 2004 (tendances actuelles). Pluviométrie annuelles entre 1970 et 2004 (tendances actuelles) Station d’Ain Draham Station d’Ouchtata Station de Tabarka Station de Sejenane Station d’El Feija Station de Tinja 3.2.3.2. Tendances Thermiques Toutes les séries examinées à l’intérieur de la subéraie (Beni Métir) et à ses limites Nord à 20 km de Tabarka, à sa limite Sud à Jendouba et El Munchar à Béja, soit sur les séries des moyennes thermiques annuelles, des maximales ou des minimales annuelles montrent une tendance générale à une augmentation élevée des températures. A Béni Métir on passe d’une température moyenne annuelle de 16.5°C en 1901 à une moyenne de 18.5 en 2003, une augmentation de 2°C en 1 siècle. La même tendance sur la même période et une même augmentation de 2°C sur un siècle à 20 km au Nord des subéraies de Tabarka et au Sud de la subéraie à Béja sur la même période 2°C en 1 siècle. Les mêmes tendances sur des séries plus courtes au Sud de la subéraie à Jendouba, une augmentation de 0.5 degré en 30 ans sur les températures minimales entre 1975 et 2004 et une augmentation de 3°C sur les températures annuelles moyennes maximales en 30 ans. Le réchauffement est bien là avec une recrudescence à chaque fois qu’on avance dans le temps. Un emballement effectif et une augmentation exponentielle plutôt que linéaire est actuellement observée. 31 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 31 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Tendances thermiques actuelles Températures moyennes annuelles Ben Mtir Tabarka Béja Températures minimales et maximales moyennes annuelles à Jendouba Températures minimales moyennes Températures maximales moyennes 3.2.3.3. Identification des variables climatiques les plus déterminantes dans l’évolution de l’état des différentes unités de l’écosystème. Pour définir les périodes potentiellement stressantes pour la subéraie on a émis l’hypothèse suivante : A la limite de 105 jours de stress hydrique du sol on considère que la végétation dans ces conditions est adaptée à cette durée de stress et donc non vulnérable dans les conditions méditerranéennes normales (3, 5 mois de sècheresse). Entre 105 jours et 135 jours la végétation est peu vulnérable étant donné que selon les années il ya possibilité que la saison sèche méditerranéenne se prolonge d’un mois au début ou à la fin de la saison sèche. Entre 135 et 165 jours de stress la végétation est considérée moyennement vulnérable subissant un début de stress un mois plus tôt que la saison sèche normale et un mois plus tard que la saison sèche normale. Entre 165 jours et plus, c’est-à-dire plus de 5 mois de réserve utile nulle on a considéré qu’on sort des limites des fluctuations du climat méditerranéen et on entre dans un type de milieu proche des milieux tropicaux secs à saison sèche supérieure à 6 mois. Pour s’adapter à des conditions pareilles il faut un autre type de végétation s’apparentant à la savane sèche tropicale. La végétation méditerranéenne n’étant pas composée par des espèces de la savane Africaine devient donc très vulnérable dans ces conditions. 32 Pour estimer cette période relative de stress on a caractérisé chaque série forestière par son type de sol dominant, une texture dominante et une profondeur dominante. Cette information est puisée directement de la carte agricole nationale. La variabilité stationnelle à l’intérieur d’une même série forestière n’est pas prise en compte étant donné qu’on n’a retenu que les caractéristiques édaphiques dominantes moyennes de chaque unité d’aménagement. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 32 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Sur la base de cette réserve utile moyenne des sols de chaque série forestière et sans tenir compte des possibilités d’exploitation par les racines des eaux plus profondes on a calculé les consommations moyennes potentielles d’eaux relatives à chaque mois tenant compte des précipitations mensuelles et des réserves en eau accumulées du sol sur sa profondeur utile connue et de l’ETP mensuelle. L’ETP mensuelle calculée et déduite des apports mensuels en eaux et des réserves utiles du sol permettait de calculer le bilan hydrique du sol. Lorsque le bilan est positif et la réserve en eau du sol n’est pas entamée, aucun déficit n’est enregistré ; la somme des bilans négatifs successifs nous a permis de calculer le nombre de journées par mois où les besoins de l’évaporation potentielle ne sont plus satisfaits par rapport à la demande potentielle d’eau (ETP moyenne journalière des mois à bilan négatif). Pour ne pas compliquer les calculs de l’ETP et utiliser des formules qui nécessitent des bases de données non disponibles pour nous, on a choisi d’utiliser une formule simple testée en Tunisie ne tenant compte que de la situation latitudinale du lieu (un point central dans chaque série forestière) et la température maximale moyenne du mois le plus chaud et de la situation de la forêt par rapport aux vents (très ventée ou peu ventée). Selon Charles Riou (1960) une formule simple ne tenant compte que de la température maximale moyenne du mois n et de la latitude en degré et dixième de degré du lieu est suffisante pour donner une estimation correcte de l’ETP d’une région quelconque : Le calcul de I’ETP d’une station de latitude (Lat) en degrés décimaux et de température maximale moyenne du mois n : Tn et du mois suivant T n+1 se résume en cette démarche simple : (1) Calcul pour le mois de rang n : Gn = (Tn + 2*Tn+1)/3 (2) Calcul de b = 7,1 - 0,1*Lat. (3) On ajoute 0, 2 (0,1 à 0, 3) à b si la station est relativement abritée du vent . (4) ETP = 0, 31 Gn - b. Cette formule nous a permis de calculer les ETP mensuelles de chaque série forestière en fonction de sa latitude et de sa température moyenne mensuelle maximale. Les estimations des températures à l’échelle de chaque série sont extrapolées à partir des données thermiques moyennes des stations d’Ain Draham pour les forêts entourant Ain Draham et El Feija et de la station de Tabarka pour les forêts entourant Tabarka, Nefza et Sejnane en adoptant un gradient thermique de 0.4°C par 100 m d’élévation en altitude. Les données thermiques de base étant celles relatives à la période 1960-1990 Les précipitations mensuelles utilisées pour caractériser la situation initiale par unité d’aménagement étant celles de la période 1960-1990 des stations de Tabarka et unités proches, de la station d’Ain Draham et unités proches et de la station d’El Feija et unités proches .De la même manière les précipitations mensuelles par série forestière ont été extrapolées à partir de ces 3 stations de base en fonction de l’altitude moyenne de chaque série et en utilisant un gradient pluviométrique de 20 mm par 100 m d’altitude à partir des stations de référence (Tabarka, Ain Draham et El Feija) . Sachant qu’une partie des précipitations n’atteigne jamais les horizons des sols, on a utilisé la précipitation efficace (PE) définie ainsi par la FAO : PE = (0.8* P) - 8 où P désigne la précipitation mensuelle incidente. 33 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 33 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Classement des unités d’aménagement de la subéraie selon leur vulnérabilité au stress hydrique en 2000 (état de référence) Non vulnérables 22% des unités Peu vulnérables 68% des unités Moyennement vulnérables 10% des unités Très vulnérables Ain Zana, Chihia III, Ain Draham II, III, IV et IX, Chihia II et Fernana I Ouled Ali I II et III, Hamdia, Tabarka II III et IV, Feija V, VI et VIII, Fernana II, Ain Draham I, V, VII, VI et X, Mekna I, II, IV, V, Feija I, III et IV, Tegma I, II et III, Chihia I, Amdoun I et II, Bizerte, Oued Zen I, II, III, IV Feija II, Feija VII, Mekna III, Béja, Tabarka I, Aucune Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis du déficit hydrique - Situation en 2000 34 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 34 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Analyse de la vulnérabilité de la subéraie face au CC aux horizons 2020 et 2050. 4.1. Projection des variables climatiques identifiées La vulnérabilité de la Subéraie face au CC est étudiée ici selon les scénarios climatiques A2 et B2 du modèle HadCM3 et leurs projections aux années 2020 et 2050. Les 2 scénarios prévoient des hausses de température et des baisses des précipitations. Élévations des températures (°C) moyennes annuelles du modèle HadCM3 (scénarioA2) à l’horizon 2020 (gauche) et à l’horizon 2050 (droite) par rapport à la période de référence 1960-1990. 35 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 35 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Baisses (en %) des précipitations moyennes annuelles du modèle HadCM3 (scénario A2) à l’horizon 2020 (gauche) et à l’horizon 2050 (droite) par rapport à la période de référence 1960-1990. Récapitulation des Scénarios utilisés pour déterminer le stress hydrique édaphique de la subéraie aux horizons 2020 et 2050. Augmentation des températures moyennes par rapport à la période de référence 19601990 +0.8°C +0.9°C +1.8°C +1.6°C Diminution des précipitations annuelles par rapport à la période de référence 1960-1990 -6% -4% -11% -8% Sur la base de ces scénarios on a recalculé le bilan hydrique mensuel des sols des différentes unités d’aménagement et on a déterminé pour chaque série la période relative de stress hydrique aux horizons 2020 et 2050. 36 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 36 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Les résultats de ces calculs sont récapitulés sur le tableau suivant : Classement des unités d’aménagement de la subéraie selon leur vulnérabilité au stress hydrique aux horizons de 2020 et 2050 Ain Draham VIII, IX, X Ain Draham IV Chihia II Ain Zana Chihia II, III Ain Draham II, III, IV, VIII, IX Fernana I 2% des unités 21% des unités 0% 6% des unités Ain Zana Ain Draham VI, III, V VII, IX, I, X, II, VIII Chihia III, I Amdoun I Feija I, IV O Ali II, I, III Feija V Fernana II Mekna V Tegma II, III, Amdoun II Bizerte Oued Zen I, II, III, IV Hamdia Tabarka II, III, IV Feija I, III, IV, V, VI, VII, VIII Ain Draham I, V, VI, VII, X, Chihia I Amdoun I, II O Ali I, II, III Fernana II Mekna I, II, IV, V Bizerte O Zen I, II, III, IV Tegma I, II, III Ain Zana Chihia I, II, III Ain Draham IV, IX, X Oued Zen II Tegma III Fernana II Ouled Ali III Chihia I, II Ain Draham I, II, IV, V, VII Tegma II, III Ouled Ali III Fernana II Oued Zen I, II, III 59% des unités 71% des unités 22%des unités 37% des unités Feija III, II, VII, VIII Tabarka I, II, III, IV Feija VI Hamdia Mekna I, II, III, IV Béja Tegma 1 Fernana I Feija II Béja Tabarka I Mekna III Ain Draham I, II, III, V, VI, VIII Amdoun I, II Ouled Ali I, II Tegma II Mekna V Fernana I Oued Zen I, III, IV Feija I, II, III, IV, V, VI Feija VII, VIII Hamdia Tabarka I, II, III IV Amdoun I, II Béja Ouled Ali I, II MeknaI, II, III, IV, V Tegma I Bizerte Fernana I Oued Zen IV 39% des unités 8% des unités 34% des unités 57% des unités Feija I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII Tabarka I, II, III, IV Hamdia Béja Mekna I, II, III, IV Tegma 1 Bizerte 0% 0% 40% des unités 0% 37 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 37 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis du déficit hydrique - Situation en 2020 - Scénario B2 Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis du déficit hydrique - Situation en 2050 - Scénario B2 38 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 38 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis du déficit hydrique - Situation en 2020 - Scénario A2 Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis du déficit hydrique - Situation en 2050 - Scénario A2 39 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 39 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique 4.2. Définition des principaux risques directs et indirects menaçant la durabilité de l’écosystème et induits par le CC. Pour définir ces risques on a regroupé les unités d’aménagement en classes homogènes de vulnérabilité en combinant l’ensemble des facteurs : 1.De la vulnérabilité de la forêt au stress hydrique (notée 1, 2, 3 ou 4) 2.De l’état de vieillissement de ses peuplements (notée 1, 2, 3 ou 4) 3.De sa vulnérabilité à la pression pastorale (notée 1, 2, 3 ou 4) 4.De sa vulnérabilité aux feux (notée 1, 2, 3 ou 4) 5. De ses conditions biophysiques (notée 1, 2, 3 ou 4) Un indice composée de 5 chiffres caractérise chaque unité où chaque chiffre exprime une note de 1 à 4 attribuée respectivement à chacun des facteurs cités ci haut permettait en premier lieu de distinguer la vulnérabilité climatique basée sur le stress hydrique et de la seuiller selon 4 autres niveaux pondérés selon leur apparition de gauche à droite sur l’indice (1 facteur climatique (stress hydrique), 2 état de vieillissement de la subéraie, 3 état de la pression pastorale, 4 état de vulnérabilité aux feux et 5 conditions biophysiques moyennes de l’unité). Les facteurs 1, 2 et 3 varient dans le temps (changement climatique, âge des peuplements, développement économique des populations rurales) et les facteurs 4 et 5 sont fixes dans le temps parce qu’on n’a pas pu modéliser la dynamique des feux en fonction du climat et des pressions humaines et pour le facteur 5 les conditions biophysiques (sol, pente, exposition) sont considérées stables dans le temps à part la perte de fertilité du sol non estimée dans cette étude. Chaque unité forestière a été notée sur cette base pour la situation de référence et pour les projections 2020 et 2050 sur les scénarios A2 et B2. Exemple: l’indice Veut dire : 4 4 4 4 4 • Subéraie très vulnérable aux CC. • Très vieille (80% ou plus de ses peuplements ont un âge de 80 à 100 ans ou plus). • Très forte charge pastorale besoins des animaux > 2 fois la production pastorale. • Très vulnérable aux feux ou le risque d’avoir un feu annuel sur 100 ha et plus est habituellement grand. • Conditions biophysiques très défavorables: Exposition Sud, pente très forte, sols peu profond, de classe pédo-génétique défavorable à la subéraie. UN MODELE D’INDICE SYNTHETIQUE DE VULNERABILITE Ces résultats sont exprimés sur les cartes suivantes : 40 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 40 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de l'indicateur climatique Situation en 2000 Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de l'indicateur climatique - Situation en 2020 - Scénario B2 41 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 41 23/05/14 12:20 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de l'indicateur climatique - Situation en 2020 - Scénario A2 Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de l'indicateur climatique - Situation en 2050 - Scénario B2 42 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 42 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Carte des niveaux de vulnérabilité des séries forestières à chêne liège vis à vis de l'indicateur climatique - Situation en 2050 - Scénario A2 4.3. Evaluation des effets dU CC sur les subéraies Dans le but d’évaluer les effets du changement climatique sur les subéraies, nous avons recalculé les déficits hydriques des années sur lesquelles on a noté des dépérissements localisés dans la subéraie : 1987-1988-1989 et 1990 avec la même méthode qui nous a permis de classer les forêts selon leurs vulnérabilité aux déficits hydriques .Le site analysé est celui de Ain Draham I où on a recalculé ces déficits dans 2 cas : sols peu profonds avec seulement 25 mm de réserve utile dans le sol et sols moyennement profonds avec 100 mm de réserves utiles dans le sol. Les résultats de nos calculs sont résumés sur le tableau suivant : Année Température maximale (Moy /an en °C) Précipitation annuelle en mm. ETP-P /an en mm Nombre de mois successifs à bilan en eau du sol négatif (RU 100 mm) Nombre de mois successifs à bilan en eau du sol négatif (RU25mm) Stress hydrique en jours (RU 100 mm) Stress hydrique en jours (RU 25 mm) 1987 25.3 1551 -381 6 7 154 165 1988 26 1211 -855 7 7 170 182 1989 25.4 1186 -829 6 7 127 134 1990 25.5 1453 -599 7 7 196 210 La lecture des résultats de l’analyse montre que sur sols à réserve utile de 100 mm, les 2 années 1988 et 1990 sont classées très vulnérables aux stress hydriques pour la subéraie et sur sols à réserve utiles de 25 mm les années 1987, 1988 et 1990 sont classées très vulnérables aux stress hydrique pour la subéraie avec dans les 2 cas une période de 6 à 7 mois de sol complètement à sec. 43 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 43 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Sur cette base et comparativement à cette situation, on considère que des stress continus de plus de 165 jours causeraient des dépérissements généralisés dans des conditions semblables. Toutes les subéraies classées très vulnérables au changement climatique pourraient probablement subir des dépérissements semblables à ceux de la période 1987-1990 au moins pour les subéraies en conditions biophysiques défavorables en premier lieu et en second lieu sur celles considérées très vieilles. C’est sur cette base qu’on a repéré les subéraies pouvant subir probablement un dépérissement généralisé. Hors des situations classées très vulnérables nous considérons que les sites classées moyennement vulnérables pourraient en cas de périodes sèches prolongées (augmentation continue et prolongée des températures et baisse continue et prolongée des précipitations) basculer dans des conditions très vulnérables. Les 2 scénarios A2 et B2 du modèle HadCM3 prévoient en Kroumirie 2 périodes de ce genre : 2019 à 2028 et 2045-2050 où on retrouve cette situation de baisse continue des précipitations et d’augmentation continue des températures moyennes annuelles. Durant ces 2 périodes la subéraie pourrait subir des dépérissements sur les sites considérés moyennement vulnérables au stress hydrique. Ces dépérissements pourraient occasionner des dégâts à chaque fois sur 20% des individus composant les subéraies au moins similaires aux dégâts subis lors des dépérissements de la période 1987-1990. C’est sur cette base que les dégâts seraient estimés : Mortalité de 100.000 arbres dont 50 % répartis sur les forêts d’El Feija et Ouled Ali et 50% sur le reste des forêts. Pour estimer les superficies équivalentes perdues on a considéré que la densité moyenne d’un hectare de subéraie est de 300 tiges. Etat en 2020 Scénario A2 et B2 Aucune forêt n’est classée très vulnérable au CC dans le scénario A2. Par contre 17 unités forestières sont classées moyennement vulnérables. Sur ces 17 unités forestières il est possible de classer 3 d’entre-elles pouvant basculer dans la classe très vulnérable à cause de leurs conditions biophysiques défavorables : Feija VI, Feija VII et Tabarka IV ou à cause de leur vieillissement : Feija II. Le Scénario B2 ne place aucune forêt dans une situation de vulnérabilité. Vu qu’aucune période sèche prolongée n’est prévue aucun dépérissement partiel ou généralisé n’est prévisible (la période sèche probable prévisible entre 2018 et 2026 ne donnerait ses effets qu’après 1920 sauf si on ramène ses résultats prévisibles de 2026 à 2020). Etat en 2050 Scénario A2 Entre 2020 et 2050 2 périodes sèches prolongées sont prévisibles : 2018 à 2026 et 2045 à 2050. 20 forêts sont classées très vulnérables dont 10 dans des situations biophysiques défavorables et qui peuvent subir des dépérissements généralisés en 2050 après 2 dépérissements partiel avant cette date : Feija I, II, IV, V et VI et VII, Hamdia, Mekna I, Tabarka I, II et IV. Seulement 2 dépérissements partiels à cause de conditions biophysiques défavorables : forêts de Béja et Tabarka III. Des forêts classées moyennement vulnérables mais sur conditions biophysiques défavorables ou vieillissement avancé et qui pourraient subir aussi 2 dépérissements partiels sont : Ouled Ali I et II, Ain Draham III, V, VI, VII et VIII, Amdoun I et Mekna V. Etat en 2050 Scénario B2 Dans ce Scénario aucune forêt n’est classée très vulnérable donc aucun dépérissement généralisé n’est prévisible. 27 forêts sont considérées moyennement vulnérables dont 17 dans des conditions biophysiques défavorables ou très vieillies et qui pourraient subir 2 dépérissements partiels suite aux 2 longues périodes sèches signalées : Feija I, II, IV, V, VI et VII, Ouled Ali I et II, Hamdia, Mekna I et V, Amdoun I, forêts de Béja, et Tabarka I, II, III et IV. 44 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 44 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Analyse de la valeur économique des différents biens et services de l’écosystème L e changement climatique affecte le dépérissement de la subéraie, sa capacité à fournir des produits, à séquestrer du carbone, la disponibilité et la qualité de l’eau, le contrôle de l’érosion du sol aussi bien que la diversité de l’écosystème avec le risque de disparition de certaines espèces endémiques et les risques accrus des feux incontrôlés, d’attaques de ravageurs et de maladies. Cette perte de biens et services va avoir des répercussions sur l’économie nationale et le bien être de la population en général. Ce travail a pour objectifs de montrer l’importance de la valeur économique des biens et services rendus par la subéraie, et d’apprécier la valeur économique potentiellement perdue des différents biens et services sous l’effet du changement climatique. La méthode de travail consiste d’abord à identifier les biens et services de la subéraie. L’approche utilisée, adoptée par le Millenium Ecosystem Assessment en 2005, définit les biens et services en tant qu’avantages procurés aux individus (bien être humain) et les distingue en quatre catégories : services d’approvisionnement, services de régulation, services culturels et services de soutien. Ensuite, la valeur économique des biens et services est estimée pour l’année 2005 en utilisant des approches d’évaluation basées sur le prix de marché, le prix des produits de substitution, la fonction de production et les coûts. Enfin, la valeur économique perdue sous l’effet du CC est estimée selon les données disponibles en matière de perte de production des biens et services aux horizons 2020 et 2050 en utilisant diverses méthodes d’évaluation. La valeur des biens et services est estimée à 24, 439 millions DT en 2005. Cette valeur est composée principalement de la valeur du liège (24, 9%), le fourrage (31, 3%), la séquestration du carbone (16%), le bois (9, 9%), la réduction de la sédimentation des barrages (7, 2%) et les autres produits forestiers non ligneux (6%). L’analyse de la vulnérabilité de l’écosystème chêne liège au CC menée par la GIZ a montré qu’il n’y aurait pas de pertes en superficie en 2020. Par contre, il y aurait une perte par dépérissement en 2050 d’une superficie de 1196 ha selon le scénario B2, et de 18369 ha selon le scénario A2. En utilisant ces données, les coûts des dommages actualisés en 2011 sont estimés à 2, 475 millions DT selon le scénario B2 (en utilisant un taux d’actualisation de 2%), soit une réduction de la valeur de la production cumulée sur la période 2010-2050 de 0, 4%, et de 38, 021 millions DT selon le scénario A2, soit une réduction de la valeur de la production cumulée sur la période 2010-2050 de 5, 6%. Ces pertes sont composées principalement des valeurs du liège (43%), des émissions de carbone (24%), du bois (15%) et des ressources en eau (11%). L’application des approches économiques suppose la disponibilité d’informations précises sur l’effet du changement climatique sur la dégradation / l’amélioration des biens et services, et d’une définition claire des relations entre les aspects biophysiques et socio-économiques. Ainsi, de meilleures connaissances sur le CC et la vulnérabilité des écosystèmes permettront d’affiner ce type d’évaluation économique. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 45 45 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique 5.1. Identification des différents biens et services de l’écosystème Les écosystèmes procurent de nombreux biens et services contribuant au bien être humain. Les services sont considérés à travers leur soutien ou protection des activités humaines de production ou consommation, ou leur affectation du bien-être en général. L’Evaluation des écosystèmes pour le Millénaire a définit quatre catégories de biens et services selon les avantages procurés au bien être humain. Les biens et services de l’écosystème chêne liège ont été ainsi identifiés en utilisant cette classification et le type de bénéficiaire. La perte des biens et services de l’écosystème sous l’effet du CC peut affecter différemment les bénéficiaires. - Services d’approvisionnement : produits issus des écosystèmes Gouvernement : Liège, champignons, myrte, bois de feu des forêts, chasse. Ces services procurent des revenus aux acteurs des filières concernées, à l’exportation, et contribuent au bien-être des chasseurs et procurent des recettes touristiques. Usagers des forêts : fourrages, glands, bois de feu du maquis, escargots, pollen, autres plantes aromatiques et médicinales (PAM). Ces services procurent des revenus aux éleveurs et aux apiculteurs. Le bois de feu est utilisé comme source d’énergie pour la préparation du pain et la cuisson, les PAM sont utilisées notamment pour les soins traditionnels. - Services de régulation issus de la régulation des processus des écosystèmes Communauté nationale : La conservation des sols et la régulation des eaux contribuent à la réduction de la sédimentation des barrages et à la protection de la production agricole des terres en aval ; Communauté globale : La séquestration du carbone contribue à la régulation du climat et à l’atténuation des effets néfastes du CC. - Services culturels : Ce sont les bénéfices immatériels issus des écosystèmes Communauté nationale : La qualité du paysage, les cultures et les traditions permettent d’établir des bonnes relations sociales, et constituent des opportunités d’extérioriser les valeurs récréatives, culturelles et spirituelles contribuant aux loisirs, à la réduction des dépenses de santé liées aux activités physiques. - Services de soutien : ce sont les services nécessaires à l’octroi de tous les autres services fournis par les écosystèmes Communauté nationale et globale : Ce sont les services permettant la conservation des espèces, habitats et écosystèmes qui contribuent au maintien des autres services tels que la conservation de la biodiversité (connue et inconnue) et des habitats. 5.2. Méthodes d’évaluation des biens et services de l’écosystème chêne liège En terme économique, la valeur économique d’une unité d’un bien se mesure par la disposition à payer des individus (la société en général) pour cette unité, même s’ils n’en font aucun usage. Alors que les biens marchands sont évalués selon le prix de marché, plusieurs méthodes ont été développées pour l’évaluation des services non marchands. 46 Les valeurs de production de liège, de récolte et de collecte bois, de collecte de champignons et d’escargots, et de récolte des brindilles de myrte ont été évaluées selon le prix de marché (adjudications publiques), la valeur du miel est estimée selon le prix de marché (région de Ain Draham), les valeurs des productions fourragère et de glands de chêne liège sont estimées à partir du prix des produits de substitution (foin) à 0,2 DT l’unité fourragère (UF). La valeur de la chasse est estimée à partir de la valeur des licences et taxe d’abattage. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 46 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique La conservation des bassins versants a été estimée à travers son effet sur la réduction de la sédimentation des barrages. En se référant au taux de sédimentation annuel observé dans les barrages de la région de Jendouba (8 m3/ha/an ; DGBTH, 2005), un différentiel de taux de sédimentation de 10,7 m3/ha et par an entre un couvert non forestier et forestier est obtenu, il est attribué aux services rendus à la forêt de chêne liège. Il en découle que la forêt aurait contribué à réduire la sédimentation de 967.526 m3 par an, ce qui correspond à une perte évitée de disponibilité en eaux pour l’irrigation actuelle et future (durant les années de sècheresse sur une période de 40 ans). La valeur de l’eau est estimée à son coût d’opportunité, soit 0,2 DT m3 (MARH, 2005). La valeur du carbone est estimée sur la base du prix international de 4 $ par tonne de CO2 (Banque mondiale). Les accroissements en biomasse de la forêt de chêne liège et du maquis observés dans la région de Ain Snoussi (Sebai, 2009) ont été utilisés pour estimer la quantité de carbone fixée. La valeur récréative est estimée par la méthode de transfert des bénéfices. La valeur par visite obtenue pour le parc Ichkeul (4,5 DT par visite en 1994) a été utilisée et actualisée. La valeur des bénéfices liés à la conservation de la biodiversité est supposée au moins égale au coût des mesures préventives et au manque à gagner pour sa conservation. La forêt de chêne liège (2900 ha) du parc El-Feija n’est pas exploitée, ce qui induit un manque à gagner en termes de production annuelle de liège, fourrages, glands, bois, champignons, chasse, escargots et myrte. 5.3. Estimation de la valeur économique de l’écosystème chêne liège en 2005 La valeur totale des bénéfices liés aux services d’approvisionnement est estimée à 18,159 millions DT en 2005, soit 200,8 DT/ha en moyenne sur la base d’une superficie de 90423 ha de forêt de chêne liège et une densité moyenne de 345 arbres par ha (DGF, IFN, 2005). Le fourrage (84,7 DT/ha) est le principal bénéfice suivi par le liège (67,4 DT/ha). Le bois de feu, les glands et les autres PFNL représentent le reste des bénéfices. En ce qui concerne la distribution des bénéfices privés, l’Etat bénéficie de 40,3% alors que la population locale profite du reste, 59,7%. La valeur de conservation des bassins versants a été estimée à 1,764 million DT, sur la base des observations effectuées des années sèches durant la période 1980-2005 et d’un taux d’actualisation de 2%. La valeur relative à la fixation de carbone a été estimée à 3,915 millions DT, après avoir évalué la quantité de carbone à 205323t (Sebai). La valeur liée à la conservation des sols contre l’érosion n’a pas pu être estimée. La valeur liée aux servies culturels est estimée à 18800 DT en se référant au nombre de visites au parc El Feija (3000 visites par an; CRDA Jendouba) pour des activités récréatives. Le. Figure 1 : Répartition des bénéfices estimés de l’écosystème chêne La valeur des bénéfices liés à la conservation liège en 2005 de la biodiversité est estimée quant à lui à Biens et services 443500 DT par an. Il en découle que la valeur des bénéfices de la forêt de chêne liège est estimée à 24,439 millions DT, composée de services d’approvisionnement (74,3%), de services de régulation (23,3%), de services culturels (0,1%) et de services de soutien (2,4%) (cf. Figure 1). Les bénéficiaires sont la population locale (44,4%), l’Etat (29,9%) et à la société tunisienne et la communauté internationale en général (25,7%). Conservation 2,4% Récréation 0,1% Réduction de la sédimentation 7,2% Séquestration du carbone 16,0% Chasse 1,1% Autres PFNL 7,0% Bois 9,9% GIZ-BROCHURE+CCC.indd 47 Liège 24,9% Fourrages 31,3% 47 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique 5.4. Evaluation de la perte en valeur économique des différents biens et services de l’écosystème sous l’effet du CC en 2020 et 2050. Selon l’analyse de la vulnérabilité de l’écosystème chêne liège au CC, les pertes sont exprimées en termes de superficie en 2020 et 2050 selon les deux scénarios B2 et A2. Il n’y aurait pas de pertes prévues selon les deux scénarios en 2020, par contre, les pertes par dépérissement seraient de 1196 ha selon le scénario B2, et de 18369 ha selon le scénario A2 en 2050. 5.5. Méthodes d’évaluation des pertes des biens et services sous l’effet du CC Deux méthodes sont utilisées pour l’évaluation des coûts de dégradation des forêts de chêne liège : - La méthode des coûts de dommages (1) : pertes de production de liège, de bois et de glands, sédimentation des réservoirs, émissions de carbone. Ces pertes sont considérées pour l’année en cours ainsi que dans le futur (période de 40 ans), et sont actualisées à un taux de 2%. Elles sont distribuées selon les acteurs : Gouvernement, population locale et communauté nationale et internationale. - La méthode des coûts de remplacement (2). Les coûts de restauration constituent une base d’évaluation des dommages réalisés. En se basant sur les coûts de plantation et autres activités liées à la conduite de peuplement de chêne liège (clôture, regarnis, gardiennage, binage, entretien, éclaircie, élagage, création et entretien de parefeux), le coût de restauration par ha serait de 4011 DT en 2005, en utilisant un taux d’actualisation de 2% pour un cycle de production de 138 ans. Cette étude a retenu un taux d’actualisation de 2%. L’application d’un tel taux d’actualisation faible tient compte de la croissance relative de la valeur des services environnementaux. En effet, la valeur des biens de l’environnement peut s’accroître plus rapidement que le revenu car les préférences de la société pour l’environnement augmentent avec l’amélioration du niveau de vie et que certaines ressources sont épuisables (eau, espèces, écosystèmes). 5.6. Evaluation de la perte en valeur économique En terme économique, les pertes sont concentrées en 2050 (cf. Figure III-1). La valeur actualisée (2005) des pertes serait de 2, 475 millions DT selon le scénario B2, alors qu’elle serait de 38, 021 millions DT selon le scénario A2. Elle correspond à une réduction de la valeur de la production cumulée 2010-2050 de 0, 4% selon le scénario B2 et de 5, 6% selon le scénario A2. Les coûts de remplacement, estimés aussi sur la base d’un taux d’actualisation de 2%, sont légèrement moins élevés : soit 1, 40 968 millions DT pour le scénario B2 et 30, 222 millions DT pour le scénario A2. On peut ainsi 20 déduire une marge d’incertitude assez forte sur les effets du CC, et que la perte significative 0 risque de se manifester dans un horizon un 2005 2020 2050 peu lointain, en 2050. -20 Figure 2 : Valeur des pertes dues au CC selon les -40 scénarios A2 et B2 comparées aux bénéfices des biens et services sans effet CC -60 (prix réels - millions DT) -80 48 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 48 -100 Pertes dues au CC (scénario B2) Pertes dues au CC (scénario A2) Bénéfices annuels sans CC 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Ces pertes sont composées principalement des valeurs du liège (42, 9%), des émissions de carbone (23, 9%), du bois (14, 8%) et des ressources en eau (10, 8%) (cf. Figure 3). Ainsi, environ un tiers de la valeur de ces pertes est attribué au coût des services environnementaux. Par ailleurs, les pertes sont subies en premier lieu par l’Etat, propriétaire des forêts, à hauteur de 57, 7%, la population locale avec une proportion de 7, 5%, la société tunisienne en général (10, 8%) et la communauté internationale (23, 9%). Figure 3 : Importance relative des biens et services de l’écosystème chêne liège qui Emissions de carbone 23,9% Liège 42,9% risquent d’être perdus sous l’effet du CC en 2020 et en 2050 Part (%) Ces coûts attendus des effets du CC devraient être comparés avec des scénarios d’adaptation dans le cadre dans une analyse coût- avantages. Les effets de distribution devraient être également pris en compte. Sédimentation 10,8% Glands 7,5% Bois 14,8% 5.7. Conclusion Cette étude a contribué à montrer les risques des dommages dus au CC pour l’écosystème chêne liège. En plus de son apport pédagogique et de sensibilisation, cette étude pourra être utilisée en tant qu’instrument de négociation budgétaire pour l’administration forestière auprès des décideurs politiques. La faible superficie risquant d’être perdue en 2020 selon les deux scénarios du CC d’une part, et la grande marge d’incertitude sur les pertes en 2050 d’autre part, conduit à privilégier des solutions d’adaptation de non regret qui seraient peu couteuses mais pourront avoir des impacts positifs à long terme. La principale mesure d’adaptation proposée (Système Dehesa avec un taux de recouvrement de 25%, amélioration pastorale sur une période de 40 ans) s’avère rentable à un taux d’actualisation inférieur ou égal à 7%. Toutefois, si cette intervention serait conduite immédiatement, elle entraînerait un gain pour la population locale (Bénéfice net actualisé sur 40 ans : 2603 DT/ha, taux d’actualisation: 7%), mais des pertes pour le gouvernement (-2095 DT/ha) et la communauté globale (-485 DT/ha). Globalement, la période d’intervention n’a pas d’effet significatif sur la rentabilité économique. En effet, la faible superficie risquant d’être perdue à moyen terme selon les deux scénarios d’une part, et la concentration des pertes en 2050 selon le scénario A2 d’autre part, permet de planifier cette intervention pour les peuplements faisant l’objet de dépérissement ou les plus vulnérables en fonction des besoins en ressources fourragères. Cette évaluation a utilisé les travaux scientifiques les plus récents. Toutefois, les estimations effectuées ainsi que les hypothèses de travail méritent d’être vérifiées surtout en ce qui concerne les effets du CC sur l’écosystème en termes physiques et biologiques, ainsi que de leurs conséquences en termes de pertes de services d’approvisionnement et de régulation et de biodiversité. Afin d’avoir une évaluation précise de l’importance économique des services environnementaux, des quantifications devraient être faites sur l’impact de la subéraie sur les ressources en eau, la réduction de l’érosion des terres, la sédimentation des réservoirs, la quantité de carbone fixé annuellement. Aussi, cette étude n’a pas pris en compte la valeur intrinsèque ou patrimoniale et la valeur liée au maintien sur place de la population locale. En effet, le coût social de la migration peut être assez élevé se traduisant souvent par l’augmentation du chômage dans les cités urbaines. Ceci peut se faire dans le cadre d’un programme de recherche à long terme par les institutions de recherche à l’échelle nationale et en région méditerranéenne. 49 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 49 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au CC D ans ce cadre il faut mentionner qu’aucune stratégie, programme ou projet n’était orienté directement ou indirectement vers l’adaptation des écosystèmes forestiers au changement climatique ou l’atténuation de son effet. Seule l’étude stratégique sur le changement climatique et ses effets sur l’agriculture tunisienne, l’eau et les écosystèmes a traité cette question dans une phase de diagnostic et de recommandations générales stratégiques. Les points clef retenus de cette stratégie peuvent être résumés comme suit : • Dimension institutionnelle : réhabiliter la capacité de résilience des écosystèmes en renforçant les programmes • • forestiers et en tenant compte des parcours naturels. Lien avec l’économie de l’aménagement du territoire : placer en plus de la valeur directe des produits des forêts et des autres écosystèmes, une valeur économique sur les fonctions climatiques régulatrices des écosystèmes (conservation de l’eau, recharge des aquifères, protection des sols, atténuation des impacts en cas de fortes pluies et d’inondation, protection des barrages contre l’envasement…). Lien avec l’agriculture et la société : encourager les agriculteurs à préserver et entretenir les services fournis par les écosystèmes. Définir à l’échelle nationale les services requis dans le cadre de la politique agricole. Aucune stratégie ou action d’envergure n’a été prise jusqu’à maintenant pour répondre à ces orientations. Du point de vue technique on continue de traiter les écosystèmes forestiers avec les mêmes méthodes classiques avec souvent des variantes qui tentent de faire participer les populations forestières dans les prises des décisions sans aucun appui juridique nouveau. Les institutions spécialisées dans la gestion forestière manquent de plus en plus de moyens humains, matériels et financiers. Les programmes forestiers planifiés ne sont réalisés le plus souvent que partiellement. Une stratégie de développement durable de la subéraie a été préparée, bien qu’elle avait négligé le problème d’adaptation au changement climatique, elle a proposé des orientations stratégiques et des actions pour la réhabiliter, la réaménager et améliorer les conditions de vie des populations forestières. 51 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 51 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique 6.1. Analyse des pratiques de sylviculture et d’aménagement de la subéraie A ce stade, ni les divisions en unités d’aménagement, ni les classements de ces unités selon leurs fonctions principales, ne tiennent compte de l’effet du changement climatique sur ces forêts. Les retards accumulés dans les révisions des anciens aménagements ont limité l’action des forestiers sur les peuplements même pour les interventions courantes à effet sanitaire ou d’amélioration des peuplements. Les méthodes d’aménagement n’ont pas donné satisfaction en considérant leurs résultats sur le maintien de la subéraie, son rajeunissement et l’amélioration de sa productivité. Il serait essentiel dans l’avenir de revoir ces techniques d’aménagement et d’y intégrer le forçage climatique comme un facteur principal lors du choix de la fonction principale de la forêt afin d’y adapter les interventions nécessaires pour s’y adapter ou atténuer ses effets. La sylviculture appliquée au sein de la subéraie n’a pu qu’assainir les peuplements forestiers sans pour autant réussir à les rajeunir. La perte de temps accumulée depuis les années soixante sur cette action de rajeunissement nous offre actuellement des subéraies à capital réduit et composées par une majorité de peuplements vieillis très sensibles et peu productifs et donc très vulnérables. Les régénérations n’étaient obtenues que par voie asexuée lors des recépages forcés des arbres brûlés n’ayant pas dépassé leur capacité vitale d’émettre des rejets. Les peuplements vieux, ayant perdu cette capacité de rejeter, sont transformés souvent en maquis arborés ou non arborés dont certains avaient été substitués par des plantations résineuses ou d’Eucalyptus. Le forçage climatique actuel impose aux peuplements des conditions climatiques souvent plus difficiles qui ne faciliteraient ni les conditions de maintien, ni de rajeunissement ni d’amélioration de leurs productivités. Les difficultés de réintroduction par plantation ou semis du chêne liège, sa faible croissance juvénile et la faible valeur monétaire du liège pendant la période des premiers aménagements avaient orienté la sylviculture de la période 1960-1990 vers la transformation par substitution en partie de la subéraie par l’introduction d’exotiques à croissance rapide et à installation relativement facile. Ces substitutions avaient permis de maintenir une occupation forestière correcte dans les subéraies dégradées et évité une dégradation possible des sols ou même leurs pertes par l’effet de l’érosion. La reconstitution des subéraies dégradées par des résineux à croissance rapide a contribué à séquestrer plus de carbone que dans les formations de dégradation issues de la subéraie mais a potentiellement augmenté les risques de propagation des feux et leurs fréquences. Actuellement toutes les subéraies sont destinées principalement à produire du liège de reproduction et par conséquent sont traitées par les mêmes techniques sans aucune adaptation propre en relation avec leurs conditions biophysiques ou bioclimatiques. Aucune fonction adaptée n’est relevée dans les consignes des aménagements passés et actuels de la subéraie. La durée de renouvellement des peuplements doit théoriquement coïncider avec la limite de vitalité des arbres en compatibilité avec la production de liège de reproduction de bonne qualité. Cette limite aussi ne doit pas dépasser la capacité des arbres de se reproduire si on compte sur la régénération naturelle des peuplements. A la première limite on conçoit actuellement que l’arbre ne doit pas être déliégé plus que sept fois. Dans le choix de cette durée de renouvellement ou en d’autres termes de l’exploitabilité on remarque que toute la subéraie est traitée de la même manière sans aucune particularité tenant compte des fertilités des stations. Le climat actuel ou futur n’avait jamais constitué une base d’analyse intégrée dans la fixation du terme d’exploitabilité des subéraies 52 qui pourrait changer selon les fertilités des stations et selon leurs vulnérabilités au facteur climatique. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 52 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique La méthode de régénération naturelle par des coupes progressives a été adoptée pour renouveler la subéraie tunisienne. A cause de l’échec constaté de la régénération naturelle de la subéraie, le réchauffement climatique actuel et futur rend les conditions naturelles d’installation du semis plus aléatoires. Des techniques plus adaptées devraient être recherchées pour faciliter le rajeunissement naturel partiel de la subéraie. L’échec des régénérations naturelles qu’on attribuait surtout à des causes anthtropozoogènes mais aussi à d’autres aléas et prédations incontrôlables sur la période de 24 ans réservée à la régénération a poussé les services forestiers à s’orienter vers les régénérations artificielles par semis ou par plantation. Le recours actuel aux plantations artificielles pour régénérer les subéraies doit être orienté actuellement vers une sélection plus poussée des peuplements producteurs de glands afin de constituer ainsi des vergers à graines par région forestière et traiter ces vergers pour qu’ils puissent produire le maximum de glands. Le rajeunissement de 2000 ha par an au moins de subéraies productives, la réhabilitation des subéraies dégradées et la transformation progressive des subéraies substituées vont constituer dans l’avenir l’ossature du programme de rénovation de la subéraie Tunisienne. Avec le forçage climatique actuel et prévisible il serait peu probable que des réussites majeures soient obtenues dans cette action sans aucune innovation et sans aucune adaptation technique aux conditions de vulnérabilité climatique de la subéraie. Entre la naissance de la subéraie et son renouvellement naturel ou artificiel des opérations sylvicoles permettant d’améliorer la qualité des peuplements sont prévues. Il serait plus logique dans l’avenir d’adapter l’intensité des éclaircies aux conditions de vulnérabilité au stress hydrique des subéraies et aux conditions de fertilité des stations subéricoles et d’y adapter les prélèvements aux conditions de vulnérabilité ou de fertilité des stations. Les techniques de la subériculture presque standardisées pour des peuplements différents doivent s’adapter aux spécificités des peuplements et des conditions futures prévisibles des subéraies. Il serait intéressant d’édicter des règles spécifiques par niveau de vulnérabilité de la subéraie au changement climatique. 6.2. Analyse de la stratégie actuelle de développement de la subéraie En rapport avec les éléments de diagnostic de la situation et conformément à une « approche de planification par objectif », le « Programme de développement durable de la subéraie » (DGF et FAO, 207) est sérié en trois 3 sous programmes et une composante transversale. Sous programme 1 > Développement intégré et gestion des subéraies à fort potentiel Sous programme 2 > Réhabilitation et développement sylvicole et pastoral des zones à subéraies dégradées Sous programme 3 > Aménagement Sylvo-pastoral et développement de l’élevage dans les zones marginales de la subéraie Composante transversale > Appui institutionnel pour le développement des capacités nationales Dans cette stratégie, le problème des changements climatiques et leurs effets sur la subéraie tunisienne n’étaient pas abordés directement dans les quatre sous programmes. Il est par contre vrai que certains objectifs et résultats prévus pourraient contribuer à atténuer les effets des changements ou sont considérés comme pouvant adapter la subéraie à leurs effets : L’objectif « Contribution au développement de la Tunisie à travers le développement et la gestion durable de ses subéraies » doit conduire vers une adaptation générale prônant la gestion durable de la subéraie qui normalement est l’équivalent d’un processus qui doit respecter l’ensemble des critères suivants : GIZ-BROCHURE+CCC.indd 53 53 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique 1.Conservation de la diversité biologique de la subéraie 2. Maintien et amélioration de l’état et de la productivité de l’écosystème subéraie 3.Conservation des sols et de l’eau dans la subéraie 4. Maintien de l’apport de l’écosystème subéraie aux grands cycles biologiques 5. Maintien des avantages socio-économiques multiples que la subéraie procure à la société 6. Prise en compte des valeurs et des besoins exprimés par les populations concernées dans les choix de développement La stratégie de développement durable de la subéraie telle qu’elle est présentée répond en partie aux critères 2, 4, 5 et 6 : La réhabilitation de la subéraie, l’amélioration de son état et de sa productivité ainsi que le maintien de l’apport de la subéraie aux cycles biologiques sont indirectement des mesures qui pourraient atténuer les effets des changements climatiques. La prise en compte des besoins des populations et le maintien des avantages économiques multiples sont aussi considérées comme des adaptations aux facteurs d’adversités pour accroître sa résistance au forçage du climat et diminuer sa vulnérabilité. Les objectifs intermédiaires de la stratégie sont les suivants: 1.Rajeunissement de la subéraie pour son développement durable 2. Recolonisation progressive des superficies enrésinées dans la subéraie 3. Protection et valorisation de la biodiversité de l’écosystème de la subéraie 4. Protection et valorisation de la biodiversité de l’écosystème de la subéraie et des parcours pastoraux 5. Amélioration de la situation socioéconomique des populations locales Le rajeunissement, la recolonisation, la protection et la valorisation de la biodiversité à l’intérieur de la subéraie sont aussi des mesures d’atténuation et d’adaptation de la subéraie au changement climatique. Les subéraies rajeunies et bien protégées sont plus adaptées aux adversités de toutes sortes que les subéraies vieilles et mal protégées. Dans les résultats escomptés on retrouve les prévisions suivantes : 1. Prévention efficace contre les incendies et autres facteurs de dépérissement de la forêt assurée au niveau de la subéraie 2.Capacité technique et opérationnelle d’intervention rapide améliorée pour lutter contre les incendies de forêts et les autres facteurs de dépérissement de la subéraie 3. Environ 22 500 hectares de subéraie dégradée (de couvert compris entre 10 et 50 %) réhabilités en 15 ans par le reboisement à travers la plantation de chêne liège de faible densité 4. Exploitation de la subéraie diversifiée et quantitativement améliorée (au moins, doublement des quantités produites de liège et de PFNL 5. Capacité technique et opérationnelle d’intervention rapide améliorée pour lutter contre les incendies de forêts et les autres facteurs de dépérissement de la subéraie 6. Micro entreprises locales et activités génératrices de revenus encouragées à travers des mécanismes de financement et d’appui appropriés 7.Un « Centre technique du liège et des produits de la subéraie » institué et fonctionnel, en complémentarité avec les autres structures de recherches/Développement) 8. Recherches sur la subéraie développées et résultats de recherches vulgarisés. 54 Sur la base de ces différents résultats escomptés on pourrait avancer que la subéraie serait plus adaptée au changement climatique et pourrait atténuer leurs effets. Il serait plus intéressant d’ajouter à ces quatre composantes du programme une cinquième composante transversale ayant pour objectif principal « l’adaptation de la subéraie au changement climatique » par des actions directes à travers des techniques adaptées aux différents niveaux de vulnérabilité de la subéraie. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 54 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique 6.3. Analyse de la capacité institutionnelle de l’administration forestière Les capacités institutionnelles de l’administration forestière qui s’occupe de la subéraie sont actuellement très limitées du point de vue capacité de gestion adaptée aux problèmes spécifiques de la subéraie dont ceux relatifs à l’adaptation au changement climatique. La recherche forestière travaille actuellement sur des problèmes relatifs au changement climatique mais sur des programmes très limités et éparpillés. La formation forestière, bien qu’elle commence à s’occuper au niveau de la recherche, de ces problèmes relatifs au changement climatique et ses relations avec les écosystèmes forestiers, n’a pas encore développé dans ses cursus des programmes orientés vers ce sujet. 55 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 55 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Orientations stratégiques et mesures d’adaptation pour augmenter la résilience de l’écosystème face au CC 7.1. Propositions d’orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des stratégies, des programmes et projets d’aménagement et de gestion des écosystèmes La stratégie nationale de développement durable de la subéraie n’a pas étudié la question des effets du changement climatique mais a proposé dans ses programmes des activités pour diminuer les risques des feux des forêts, de récolte de biomasse et de taille de branches de chêne et des activités destinés à améliorer l’entretien et le rajeunissement de la subéraie. La normalisation des activités et le respect d’un code de bonnes pratiques sylvicoles dans la subéraie doit assurer la durabilité du système. Ces activités ont été appuyées par l’amélioration des autres produits de la subéraie : les parcours forestiers et les PFNL. Des améliorations des capacités de l’administration, de la recherche forestière et des populations locales sont aussi prévues pour une meilleure durabilité du système subéricole tunisien. Nous pensons que cette stratégie, bien appliquée, pourrait réhabiliter les fonctions de la subéraie tunisienne si on tient compte aussi de sa vulnérabilité due au changement climatique. Une composante transversale ayant pour objectif l’adaptation de la subéraie au changement climatique doit accompagner cette stratégie. 7.2. Proposition de mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème face au CC. Pour traiter les mesures probables d’adaptation on a préféré travailler sur le scénario A2 de 2050 soit le scénario le plus pessimiste. Ce scénario prévoit que 41000 ha de subéraie seraient classées très vulnérables au changement climatique sur la base du déficit hydrique au niveau du sol. La moitié de cette superficie (18000 ha) risque un dépérissement total suite à des périodes longues de sécheresse sur 4 ou 5 années sur les stations les plus vieilles et dans des conditions anthropiques et biophysiques très défavorables. Si on considère les risques sur les 41000 ha il est possible de distinguer trois catégories principales de subéraie sur la base de l’écologie de cet écosystème : GIZ-BROCHURE+CCC.indd 57 57 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Forêts très vulnérables au changement climatique et orientations de leurs aménagements en 2050 selon le scénario A2 Série ou forêts Superficies en ha Classe de subéraie Selon la présence du chêne Zeen Productivité de liège en Q/ha/an Production moyenne annuelle de liège en Q Feija II 680 1 0.3 475 Feija I 680 2 0.3 355 Feija IV 1671 3 0.7 310 Feija VI 695 4 0.1 730 Hamdia 1315 4 0.7 1869 Mekna I 1552 4 0.9 1675 Feija V 952 5 0.7 568 Feija III 1148 5 1.1 2102 Feija VIII 1016 6 0.6 603 Mekna II 833 7 0.6 1100 Tegma I 724 7 0.3 248 Bizerte 4992 8 0.8 1133 10189 9 0.9 5283 Tabarka I 1957 10 0.2 95 Tabarka II 4743 10 0.6 1224 Tabarka III 4705 10 0.3 1034 Tabarka IV 3809 10 0.2 636 Béja Total 41661 Ha Orientations d’adaptation Possibilités de migration assistée de la subéraie vers la Zeenaie et transformation en Déhésa sur 3031 Ha. Possibilités de maintenir une subéraie claire jusqu’à 25 % de couvert et de s’orienter vers un système type: « Déhesa » ou « Montado » sur 24387 Ha Evolution vers une pinède mixte de pin maritime à chêne liège où le chêne liège joue surtout un rôle de protection et d’amélioration des stations (Taillis sous futaie de pin et de chêne liège) sur 15214 ha 19440 Q 58 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 58 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Carte des conduites adaptatives proposées pour les séries forestières à chêne liège à l'horizon 2050 - Scénario A2 Pour le reste des subéraies on peut continuer à appliquer les mêmes règles de sylviculture et d’aménagement tout en veillant à appliquer les règles de bonnes pratiques sylvicoles et subéricoles selon des systèmes standardisés et adaptés puisque la stratégie vise à certifier toutes les pratiques dans la subéraie. Les aménagements sur 100000 ha de subéraies devraient tenir compte des possibilités de diminution de la croissance des arbres et réviser ainsi les rotations des coupes et des déliégeages. Ces aménagements permettraient de reprendre les interventions sylvicoles dans la subéraie avec une cadence normale et surtout permettre rapidement leurs rajeunissements pour assurer la durabilité de l’écosystème et améliorer la régularité de sa production. Adaptation au changement climatique des techniques d’aménagement et de sylviculture de la subéraie très vulnérable au déficit hydrique. Degré de vulnérabilité Type d’aménagement Traitement sylvicole subériculture Subéraies très vulnérables avec zeenaie dominante limitrophe. Déhésa irrégulière avec exploitabilité physique des arbres. Fonction pastorale, cynégétique ou récréative. Possibilité de migration assistée de la subéraie dans la zeenaie. Peuplements irréguliers clairs avec régénération artificielle. Plantation d’arbres par bouquets avec protection individuelle. Débroussaillement régulier et tailles très fortes des arbres. Activité secondaire. Déliégeage plus précoce avec coefficient faible de démasclage (1.5-2) et rotation adaptée. Futaie jardinée de pin et taillis simple de chêne-liège. Débroussaillage régulier et dépressage du taillis. Activité secondaire. Déliégeage plus précoce avec coefficient faible de démasclage (1.5-2) et rotation adaptée. Subéraies très vulnérables Taillis sous futaie de chêne mélangées à du pin maritime liège à pin maritime. naturel Fonction principale : production ligneuse de pin. 59 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 59 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Subéraies très vulnérables sans zeenaie ni pinède naturelle Déhésa irrégulière avec exploitabilité physique. Fonction pastorale, cynégétique ou récréative. Peuplements irréguliers clairs. Régénération artificielle d’arbres par bouquets avec protection individuelle. Débroussaillement régulier et tailles plus fortes des arbres Activité secondaire. Déliégeage plus précoce avec coefficient faible de démasclage (1.5-2) et rotation adaptée. Subéraies très vulnérables substituées par des pins ou des Eucalyptus Déhésa irrégulière avec exploitabilité physique .Fonction pastorale, cynégétique ou récréative après coupes des plantations actuelles et enrichissement par du Chêne-liège en bouquets très clairs sans perturbation des sols Transformation en futaie irrégulière par bouquets clairs de chêne-liège réintroduit. Activité secondaire après une période d’une trentaine d’année nécessaire pour la mise en valeur de la nouvelle subéraie. Subéraies très vulnérables dégradées en maquis et en maquis arborés Déhésa irrégulière avec exploitabilité physique. Fonction pastorale, cynégétique ou récréative après enrichissement par du Chêne-liège en bouquets très clairs et sans perturbation des sols. Enrichissement en bouquets clairs des maquis arborés et maquis par du chêneliège avec d’autres feuillues adaptées. Activité secondaire après une période d’une trentaine d’année nécessaire pour la mise en valeur de la nouvelle subéraie et après reconstitution. Adaptation au changement climatique des techniques d’aménagement et de sylviculture à la subéraie moyennement vulnérable au déficit hydrique. Degré de vulnérabilité et catégorie de subéraie Méthode d’aménagement Traitement sylvicole Subériculture Subéraie avec zeenaie dominante limitrophe En conditions biophysiques défavorables subéraie traitée en futaie irrégulière et exploitabilité physique à fonction principale pastorale, récréative ou cynégétique. En conditions normales futaie régulière à fonction de production de liège à affectation ou groupe strict de régénération. Futaie irrégulière claire en conditions biophysiques difficiles. En conditions moins difficiles, futaie régulière claire avec éclaircie forte et débroussaillement et élagage régulier. Régénération progressive en groupe de préparation et artificielle par bouquet en groupe de régénération avec enrichissement avec des nouvelles provenances Activité secondaire en conditions difficiles avec jardinage obligatoire. En conditions biophysiques favorables subériculture en coupons réglés avec adoption de déliégeage précoce et des coefficients de démasclage entre 1.5 à 2. nouvelles rotations de déliégeage. Subéraie sans zeenaies ni pinèdes naturelles en mélange ou limitrophes En conditions biophysiques défavorables subéraie traitée en futaie irrégulière et exploitabilité physique à fonction principale pastorale, récréative ou cynégétique. En conditions normales futaie régulière claire à fonction de production de liège. Régénération artificielle par bouquet et âge d’exploitabilité adaptée. Futaie irrégulière claire en conditions biophysiques difficiles. En conditions biophysiques favorables, futaie régulière claire avec éclaircie forte et débroussaillement et élagage réguliers. Régénération progressive en groupe de préparation et artificielle par bouquet en groupe de régénération avec enrichissement avec des nouvelles provenances. Activité secondaire en conditions difficiles avec jardinage obligatoire. En conditions biophysiques favorables subériculture en coupons réglés avec adoption de déliégeage précoce et des coefficients de démasclage entre 1.5 à 2. Adaptation à des nouvelles rotations de déliégeage. 60 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 60 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Subéraie substituée par des plantations de pins ou d’Eucalyptus Transformation par substitution des plantations anciennes par des bouquets clairs de chêne-liège en conditions biophysiques défavorables pour une fonction principale pastorale, récréative ou cynégétique. Transformations en futaies régulière claires par réintroduction de bouquets de chêne-liège en conditions favorables pour une fonction de production de liège. Futaie irrégulière claire en conditions biophysiques difficiles. En conditions biophysiques favorables, futaie régulière claire avec éclaircie forte et débroussaillement et élagage réguliers. Régénération progressive en groupe de préparation et artificielle par bouquet en groupe de régénération avec enrichissement avec des nouvelles provenances. Activité secondaire en conditions difficiles avec jardinage obligatoire après 30 ans. Après 30 ans en conditions biophysiques favorables subériculture en coupons réglés avec adoption de déliégeage précoce et des coefficients de démasclage entre 1.5 à 2. Adaptation à des nouvelles rotations de déliégeage. Subéraie dégradée en maquis et maquis arboré Transformation des maquis par plantation de bouquets clairs de chêneliège sans perturbation des sols pour une fonction principale pastorale, récréative ou cynégétique en conditions défavorables ou de production de liège en conditions favorables. Futaie irrégulière claire en conditions biophysiques difficiles. En conditions biophysiques favorables, futaie régulière claire avec éclaircie forte et débroussaillement et élagage réguliers. Régénération progressive en groupe de préparation et artificielle par bouquet en groupe de régénération avec enrichissement avec des nouvelles provenances. Activité secondaire en conditions difficiles avec jardinage obligatoire après 30 ans. Après 30 ans en conditions biophysiques favorables subériculture en coupons réglés avec adoption de déliégeage précoce et des coefficients de démasclage entre 1.5 à 2. Adaptation à des nouvelles rotations de déliégeage. 7.3. Proposition d’une composante transversale d’adaptation au changement climatique dans la stratégie de développement durable de la subéraie. Objectif principal Atténuer les coûts socio-économiques et environnementaux des perturbations aggravées par le changement climatique et maintenir les valeurs sociales des systèmes écologiques et économiques actuels de la subéraie afin de préserver les économies liées au liège et les moyens de subsistance des populations qui en dépendent. Objectif intermédiaire 1 : Favoriser la diversité à tous les niveaux (gènes, espèces, communautés et paysages). Objectif intermédiaire 2 : adapter les pratiques sylvicoles appropriées dans la subéraies. Objectif intermédiaire 3 : L’adaptation par le renforcement de la résilience sociale des populations forestières vivant dans la subéraie Objectif intermédiaire 4 : Renforcement des capacités en matière d’adaptation Objectif intermédiaire 5 : Développer un cadre institutionnel et politique favorisant l’appui de développement durable et des options d’adaptation au CC de la subéraie par des mesures juridiques et réglementaire, des mesures financières et économiques et des mesures d’encouragement de la participation du public. 61 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 61 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Conclusions L a présente étude a permis de synthétiser nos connaissances sur l’état actuel de la subéraie tunisienne dans ses différentes unités d’aménagement (séries forestières) dans les subéraies du gouvernorat de Jendouba; ces unités non cartographiées à l’échelle du gouvernorat de Béja et de Bizerte n’ont pas permis de traiter leurs subéraies à l’échelle de l’unité d’aménagement. Ces différentes unités d’aménagement ont été regroupées en 10 classes par rapport à la fraicheur de leurs sols estimée par l’importance de l’ambiance de la zeenaie dans les subéraies les plus fraiches, l’isolement du chêneliège dans les ambiances les plus sèches ou son mélange avec du pin maritime dans une ambiance plus sèche dominée par la dynamique des feux des forêts. Ces différentes classes permettent d’orienter les stratégies et les actions relativement à ce facteur qui limite ou aggrave la vulnérabilité de la subéraie face au changement climatique. Ces différentes classes ont été décrites écologiquement et caractérisées par leurs structures en classe d’âge, leurs compositions et leurs productivités. Dans le but de caractériser leurs vulnérabilités vis-à-vis du changement climatique on a choisi d’exprimer cette vulnérabilité par l’importance relative de la période à bilan hydrique nul dans le sol. Pour chaque unité d’aménagement ce facteur a été estimé après avoir déterminé le type de sol et ses réserves hydriques utiles en fonction de sa profondeur et de sa texture. Les consommations relatives potentielles ont été estimées équivalentes au pouvoir évaporant de l’air estimé par l’évapotranspiration potentielle mensuelle et variant en fonction de la température et la vitesse du vent. Le capital mensuel d’eau utile est la somme des pluies incidentes sans le ruissellement et l’eau retenue par le sol. Les bilans mensuels négatifs successifs relativement à la demande potentielle d’eau journalière nous a permis d’estimer la longueur de la période en jours de stress hydrique qui exprime l’effet du climat sur la forêt. La vulnérabilité au stress hydrique a été seuillée en 4 classes : 3.5 mois et moins (non vulnérable), entre 3.5 mois et 4.5 mois (peu vulnérable), entre 4.5 et 5.5 mois (moyennement vulnérable) et supérieur à 5.5 mois (très vulnérable). Dans le but d’apprécier cette vulnérabilité en fonction du changement climatique on a calculé cette durée de stress pour chaque subéraie pendant l’année de référence 2000 avec les moyennes thermiques et pluviométriques de la période 1960-1990 et on a projeté ces calculs aux années 2020 et 2050 selon les scénarios A2 et B2 du HadCM3 relatif à la Tunisie. Ces projections nous ont permis de prévoir les conditions de stress hydriques des subéraies aux horizons 2020 et 2050 afin de situer leurs vulnérabilités au changement climatique à ces horizons. Ces projections montrent que des conditions écologiques sur certaines forêts permettraient entre 2018 et 2026 d’avoir des dépérissements partiels pouvant faire disparaitre 20% de l’effectif des arbres (équivalent de 1800 ha) et entre 2046 et 2050 des conditions écologiques sur certaines subéraies pouvant occasionner des dépérissements totaux généralisés pouvant emporter des peuplements entiers sur des superficies importantes qui pourraient être limitées seulement aux subéraies dans des conditions biophysiques défavorables ou très vieilles (sur au moins GIZ-BROCHURE+CCC.indd 63 63 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique 18 000 ha). Afin de mieux affiner ces conditions de vulnérabilité au niveau de l’unité d’aménagement les études de réaménagement de la subéraie devraient préciser cette vulnérabilité au niveau de la station ou de la parcelle. L’application de la stratégie de développement durable de la subéraie tunisienne n’est pas encore mise en application et aucune action n’est actuellement programmée. Il serait d’un grand intérêt de tenir compte de nos résultats pour asseoir les adaptations nécessaires afin d’en tenir compte du changement climatique. L’étude projetée dans ces sens par la DGF devrait préciser ces adaptations nécessaires avec plus de détails au niveau de la parcelle vu l’ampleur du projet. L’ajout dans la stratégie d’une composante transversale d’adaptation au changement climatique est une nécessité au vu des dégâts probables que pourrait subir cet écosystème particulier sous le forçage du climat futur et vu la valeur économique totale de cette subéraie. 64 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 64 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique Références bibliographiques 1. 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Annales de l’INRGREF (No. spécial). 17.Isabel C. and Montero G., 2002- The influence of cork oak pruning on the yield and growth of cork. Ann. For. Sci. 59 (2002) 753–760. 18.Louro G., 1999 - Avaliaçaõ da aplicação de programas de apoio à floresta na região doalgarve, Direcção Geral das Florestas (DGF-Lisboa), Portugal, 1999. 19.MARH et GTZ, 2007- Etude des changements climatiques et leurs effets sur l’économie tunisienne et les stratégies d’adaptation pour le secteur agricole et les ressources hydrauliques. 20.Marta Pardos, M. Dolores Jiménez Ismael Aranda, Jaime Puértolas and José A. Pardos, 2005 - Water relations of cork oak (Quercus suber L.) seedlings in response to shading and moderate drought. Ann. For. Sci. 62 (2005) 377-384. 21.Merouani H., Acherar M., Istanbouli A., 1998-Recherche de quelques contraintes biotiques et abiotiques à la régénération naturelle du chêne liège Quercus suber L., Séminaire Méditerranéen sur la Régénération des Forêts de Chêne Liège. Tabarka, 22–24 octobre 1996, Annales de l’INRGREF (No. spécial) (1998) 225–243. 22.Merouani H., Carmen Branco, Maria Helena Almeida and Joao S. Pereira , 2001- Comportement physiologique des glands de chêne liège (Quercus suber L.) durant leur conservation et variabilité inter-individus producteurs . Ann. For. Sci. 58 (2001) 143-15. 23.Messaoudène M., 1984 - Résultats des essais de semis directs du chêne liège à Melata, Rapport interne, Institut National de Recherche Forestière (INRF-Algérie), 1984, 10 p. 24.Montero, G., Vazquez, F.M., Canellas, I., Torres, E., Suarez, M.A., 1996 -.Estudio de la regeneracion natural del alcornoque (Q. suber L.): experiencias en Cortes de la Frontera, Parque Nacional de Donana, Parque Natural de Monfrague y Finca El Deheso´n del Encinar. In: Procork Concerted Action AIR3-CT93-1591: Workshop 3, Madrid. 25.Montero G. et Isabel Cañellas, 2003-Selvicultura de los Alcornocales en España. Silva Lusitana 11(1): 1 - 19, 2003. 26.Natividade V., 1956 - Subériculture, Nancy, ENGREF, 1956, p. 125. 66 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 66 23/05/14 12:21 Analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique 27.Nsibi, R, 2005 - Sénescence et rajeunissement des Suberaies de Tabarka - Ain Draham avec approches écologiques et biotechnologiques. Thèse de Doctorat en Sciences Biologiques. Faculté des Sciences de Tunis. 170 p. 28.Sardin, T; Bourdenet, P, et Argillier, C , 2001 - Amélioration des techniques de reconstitution en espèces feuillues de la forêt méditerranéenne.revue forestière Française.V.53(5) p.542-556. 29.Sharp, W. M.; Sprague, V.G. 1967 -.Flowering and fruiting in the white oaks. Pistillate flowering, acorn development, weather, and yields. Ecology. 48: 243-251. 30.Sondergaard P., 1991- Essais de semis de chêne liège (Quercus suber L.), dans la foret de Bab Azhar, une subéraie de montagne au Maroc. Ann. Rech. Forest. 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Plusieurs partenaires ont été impliqué dans la réalisation de cette étude ; à savoir : Au niveau National - La Direction Générale des Forêts - L’Institut de Recherche en Génie Rural, Eau et Forêts - La Direction Générale de l’Environnement et de la Qualité de la Vie Au niveau Régional : - L’arrondissement des Forêts de Jendouba - L’arrondissement des Forêts de Ain Draham - L’arrondissement des Forêts de Béja - L’arrondissement des Forêts de Bizerte - L’Office de Développement Sylvo-pastoral du Nord Ouest - L’Institut Sylvo-Pastoral de Tabarka - Le WWF - L’ONG APEL 67 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 67 23/05/14 12:21 Étude de la Vulnérabilité de l'écosystème Alfatier face au changement climatique dans le gouvernorat de Kasserine avec l’appui de la GIZ-BROCHURE+CCC.indd 69 Ministère de l’Agriculture et de l’environnement 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique Sommaire 1. CONTEXTE DE L’ETUDE 73 2. METHODOLOGIE 74 3. RESULTATS DE L’ANALYSE DE L’ETAT ACTUEL DE L’ECOSYSTEME ALFATIER 3.1. Facteurs liés è la gestion des nappes alfatières 3.2. Facteurs biotiques 3.2.1. Caractères botaniques et syntaxonomiques de l’alfa 3.2.2.Etages bioclimatiques 3.3. Facteurs physiques influençant l’état des nappes alfatières dans le gouvernorat de kasserine 3.3.1. Hydromorphie 3.3.2. Salure du substrat 3.3.3. Profondeur du sol 3.3.4. Texture du sol 3.3.5. Réserve utile du sol 3.3.6. Pente du terrain 3.3.7. Altitude 3.4. Facteurs anthropiques et socioéconomiques 3.4.1. Densité des agglomérations 3.4.2. Population humaine projetée aux horizons 2020 et 2050 3.4.3. Possibilités pastorales annuelles 3.4.4. Besoins annuels du cheptel et bilan fourrager 3.4.5. Evolution des superficies de l’alfa à l’échelle nationale 3.4.6. Evolution des superficies de l’alfa dans les gouvernorats alfatiers 3.4.7. Répartition spatiale des nappes alfatières par CRA du gouvernorat de Kasserine (INFP 2005) 3.4.8. Récoltes d’alfa et incidences sur la SNCPA et sur l’emploi 75 75 75 75 77 78 78 78 78 78 79 79 80 80 80 81 82 82 83 83 83 85 4. VULNERABILITES DES NAPPES ALFATIERES ET PROJECTIONS AUX HORIZONS 2020 ET 2050 87 4.1.Vulnérabilités factorielles moyennes des nappes alfatières des cras du gouvernorat de kasserine 87 4.2.Vulnérabilité factorielle moyenne synthètique des nappes alfatières dans le gouvernorat de kasserine 88 4.3. Projection des précipitations moyennes annuelles (p) et des températures moyennes annuelles (t) et calcul des rapports p/t correspondants aux horizons 2020 et 2050 selon le modèle hadcm3/scénarios a2 et b2 89 70 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 70 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 5. PROJECTION CLIMATIQUE AUX HORIZONS 2020 ET 2050 SELON LE MODELE HadCM3 ET INCIDENCES SUR LA STRUCTURE DES NAPPES ALFATIERES ET LES PERTES EN PRODUCTIONS PASTORALES ET EN BIOMASSES FOLIAIRES 5.1. Devenir des nappes alfatières aux horizons 2020 et 2050 et projection des pertes en possibilités pastorales et en biomasses foliaires selon le modele hadcm3/scenarios a2 et b2 5.1.1. Productivités pastorales moyennes annuelles des nappes alfatières en 2005 et projetées dans les CRA du gouvernorat de Kasserine 5.1.2. Pertes en possibilités pastorales 5.2. Projection des récoltes en feuilles d’alfa en tonnes aux horizons 2020 et 2050 selon le modèle hadcm3/scenarios a2 et b2 5.3. Taux de couverture des besoins de la sncpa par les recoltes projetees de feuilles d’alfa présumées en 2020 et 2050 dans le gouvernorat de kasserine selon les trois hypothéses et selon hadcm3/scenarios a2 et b2 90 90 90 92 92 6. RESULTAT DE L’ANALYSE RETROSPECTIVE DES STRATEGIES ET DES CAPACITES 6.1. Etudes antérieures 6.2. Gestion des nappes alfatières dans le gouvernorat de kasserine 6.2.1. Contexte antérieur 6.2.2. Contexte actuel 6.2.3. Problèmes entravant la gestion rationnelle des nappes alfatières 6.3. Analyse de la capacité institutionnelle de l’administration forestière 94 94 94 95 95 95 95 95 7. PRINCIPALES ORITATIONS STRATEGIQUES ET MESURES RECOMMANDEES 7.1. Orientations stratégiques 7.1.1. Orientations générales 7.1.2. Orientations spécifiques 7.2. Mesures à entreprendre 96 96 97 97 8. Conclusions 99 9. références bibliographiques 96 151 71 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 71 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique VULNERABILITE DE L’ECOSYSTEME ALFATIER FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LE GOUVERNORAT DE KASSERINE 1. CONTEXTE DE L’ETUDE Le climat de la région de Kasserine est typiquement méditerranéen caractérisé par des fluctuations inter-saisonnières et interannuelles des facteurs climatiques. Lors des dernières décennies, la tendance du climat a connu une accélération du réchauffement climatique se manifestant par une augmentation de la température et une régression des précipitations. La continuation de ces fluctuations et de ces tendances ont nécessairement des répercussions sur le devenir des écosystèmes d’aujourd’hui. Actuellement, les variations climatiques qui s’opèrent depuis plusieurs décennies, et celles projetées par les scientifiques pour le reste du XXIème siècle sont souvent liées aux activités humaines associées aux phénomènes naturels atmosphériques d’origines cosmiques. En vu de s’adapter aux circonstances climatiques et socioéconomiques désastreuses qui peuvent survenir, l’analyse raisonnée des stratégies et des pratiques actuelles et passées vis-à-vis du changement climatique est une nécessité absolue. En 2007, le Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement en collaboration avec la GTZ, dans le cadre de l’élaboration d’une stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture tunisienne et des écosystèmes au changement climatique, ont pu projeter la température et précipitations moyennes annuelles de l’ensemble de la Tunisie aux horizons 2020 et 2050 selon le modèle hadCM3 et les deux scénarios A2 et B2. Le premier illustre une situation climatique sévère le second témoigne d’une circonstance modérée du climat. La présente étude s’intègre dans le cadre du Projet CCC/GIZ ayant pour mission d’appuyer la Tunisie pour la mise en œuvre de l’UNFCCC aussi bien au niveau national que régional. L’analyse de la vulnérabilité de l’écosystème alfatier dans le Gouvernorat de Kasserine face au changement climatique est entreprise dans le cadre du projet dans le but d’identifier les mesures adéquates d’adaptation permettant de mettre en œuvre des projets concrets de préservation de la biodiversité et de la productivité de l’écosystème et d’orienter la décision pour son amélioration. Dans cette étude plusieurs étapes analytiques ont été parcourues : • La première a posé les problématiques du secteur alfatier en relation avec le changement climatique ; • La seconde a traité l’aspect biologique de l’alfa ; • Dans une troisième étape, à travers les données statistiques officielles, on a pu apprécier le degré de vulnéra• bilité de l’écosystème alfatier dans le gouvernorat de Kasserine ; Sur la base des résultats des travaux antérieurs (DGF 2004, INFP 1995 & 2005, MAE et GIZ 2007, ...), on a pu GIZ-BROCHURE+CCC.indd 73 73 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique • • évaluer le devenir probable des productions projetées des nappes alfatières aux horizons 2020 et 2050 dans la région de Kasserine. Dans le but d’élaborer un outil d’aide à la décision on a également analysé les stratégies et pratiques de gestion des nappes alfatières actuelles et passées. Suite à ces « analyses hypothético-déductives », dans l’espoir d’aboutir à une gestion efficace des nappes alfatières on a proposé des orientations et des mesures d’adaptation face au changement climatique. Le long du présent rapport synthétique seront élaborés les résultats discursifs des différentes analyses sur la vulnérabilité des nappes alfatières vis-à-vis du changement climatique. Seront également présentées les recommandations nécessaires d’une gestion raisonnée des nappes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine. 2. METHODOLOGIE La méthodologie utilisée est fondée sur les explorations bibliographiques relatives à l’évolution de l’écosystème alfatier depuis les temps reculés (dynamique bioécologique, recouvrement et évolution des superficies, productivités, ...). La caractérisation de l’écosystème alfatier de la région de Kasserine et ailleurs, a été élucidée sur la base des synthèses des travaux antérieurs, en particuliers ceux de H. N. Le Houérou 1969, Ghrab 1981, El Hamrouni 1993, Hanifi 1998, Raddaoui et Chaabane 2009, Rhanem 2009, ...). Elle est variée, de différents niveaux d’ordres biologiques, éco-physiologiques, phytosociologiques, productivité primaires, ... Pour l’étude de la dynamique et de l’état des peuplements alfatiers dans le gouvernorat de Kasserine on s’est référé aux données officielles de la DGF 2004, INFP 1995 & 2005. Les données météorologiques utilisées sont celles provenant de l’ONM 1990. En se référant aux résultats de l’INFP 2005 et à la carte agricole, l'évaluation de la vulnérabilité à travers l'Indice de Vulnérabilité (IV) sera basée sur l’importance en ha et le taux de recouvrement de l’alfa dans les Cellules de Rayonnement Agricole (CRA). S. d’alfa du type de recouvrement IV par type de recouvrement = x 100 S. totale de l’alfa du même type de recouvrement dans le gouvernorat de Kasserine Il s’agit d’un pourcentage représenté par la surface de la nappe d’un type de recouvrement par rapport à la surface totale du même type de recouvrement dans le gouvernorat de Kasserine. Avec, 74 IV : 0 à 3 > les nappes alfatières sont extrêmement vulnérables (EV) IVG : 3 à 6 > les nappes alfatières sont très vulnérables (TV) IVG : 6 à 9 > les nappes alfatières sont vulnérables (V) IVG : 9 à 12 > les nappes alfatières sont moyennement vulnérables (MV) IVG : > 12 > les nappes alfatières sont peu vulnérables (PV) Dans la région de Kasserine, vu la rusticité élevée de l’alfa, son mode de régénération difficile et sachant que la détérioration du climat n’a pas d’effet prévisible direct sur la létalité de l’alfa mais il a un effet aggravant variable selon la prédominance des facteurs écologiques et anthropiques. Le calcul du IV des nappes alfatières a été fait dans chaque CRA (unité de gestion correspondant à la Cellule de Rayonnement Agricole). En réalité la diminution du recouvrement de l’alfa résulte de la combinaison de l’effet du climat, des facteurs écologiques et anthropiques qui prédominent. Pour ces raisons on a opté dans chaque CRA pour calculer le degré de vulnérabilité factorielle GIZ-BROCHURE+CCC.indd 74 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique des nappes alfatières (croisement du facteur écologique selon la carte agricole couplé avec les IV de la nappe alfatière au sein de chaque CRA.). Neuf facteurs ont été analysés : étages bioclimatiques (i), hydromorphie (ii), salure du substrat (iii), profondeur du sol (iv), texture du sol (v), réserve utile dans le sol (vi), pente du terrain (vii), altitude (viii), pression anthropique (ix). Pour le calcul de l’IV moyen des nappes vis-à-vis de plusieurs facteurs combinés on procède au calcul de la moyenne arithmétique de l’ensemble des IV des nappes vis-à-vis des facteurs analysés. De même pour le calcul de l’IV moyen des nappes d’une CRA on procède au calcul de la moyenne arithmétique de l’ensemble des IV de toutes les classes du recouvrement de l’alfa dans la CRA. La projection des données climatiques aux horizons 2020 et 2050 a été réalisée en s’appuyant sur le modèle HadCM3 qui utilise des mailles de 0.5° × 0.5° selon les deux situations différentes la première A2 (scénario sévère), la seconde B2 (scénario modéré). La classification de la production en Unités Fourragères (UF) et en tonnes en 2005 des nappes alfatières, ainsi que celle projetée en 2020 et 2050, est répartie par CRA. 36 CRAs alfatiers dans le gouvernorat de Kasserine identifiées. Au plan cartographique, ce sont les bases de données relatives à la carte agricole d’une part et à l’INFP de 2005 d’autre part qui ont été utilisées. A travers la bibliographie, les différents contacts avec les autorités régionales et nationales et à la lumière des discussions lors des ateliers de présentations des résultats de l’étude à Kasserine et à Tunis, on a pu apporter des analyses critiques des stratégies et pratiques actuelles et passées, et la proposition des stratégies et mesures d’adaptation au changement climatique. 3. RESULTATS DE L’ANALYSE DE L’ETAT ACTUEL DE L’ECOSYSTEME ALFATIER 3.1. Facteurs liés à la gestion des nappes alfatières Dans les années 1970, il y a eu création de l’arrondissement alfatier et par la suite aménagement de 39 séries alfatières. Après expiration de leur durée d’aménagement les nappes alfatières sont laissées à leur sort (sans révision depuis). 3.2. Facteurs biotiques 3.2.1. Caractères botaniques et syntaxonomiques de l’alfa L’alfa (Stipa tenacissima L.) est une Gramineae vivace cespiteuse qui se présente sous la forme de touffes plus ou moins circulaires ayant une partie aérienne constituée de feuilles et de panicules florales et une partie souterraine formée par de rhizomes et de racines adventives. Les rhizomes sont caractérisés par des entre-nœuds très courts, portant chacun des bourgeons qui peuvent soit se développer et donner des rameaux, soit rester en dormance et n’entrer en activité que lorsque la touffe est exploitée. Ils présentent des racines adventives très ramifiées dont la biomasse dépasse de 25 à 50% celle de la partie aérienne. Le dépérissement des parties centrales ou «fatras» entraîne un évidement de la touffe et une extension centrifuge des innovations et des nouvelles feuilles. Ce phénomène, est spécifique chez les plantes cespiteuses, appelé «circination». Il est lié à l’encombrement du centre de la touffe par du «fatras» formé par les débris de feuilles et GIZ-BROCHURE+CCC.indd 75 75 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique de hampes florales. Cet encombrement asphyxie les bourgeons du rhizome et empêche tout développement par ramification axillaire. Seule se maintient la multiplication périphérique qui confère à la touffe un développement centrifuge. Le centre s’entrouvre de plus en en plus et la touffe devient annulaire. L’anneau se fragmente et se forme par affranchissement plusieurs petites touffes qui vont à leur tour s’évider et se fragmenter. C’est le mode de régénération le plus fréquent chez l’alfa. L’alfa est une plante steppique, typiquement méditerranéenne très résistante à la sécheresse. Elle possède une amplitude écologique très large et participe dans l’édification de phytocénoses variées et à grandes envergures. On peut les rencontrer depuis le présaharien où elles peuvent être représentées par entre autres Stipo (tenacissimae)Hammadetum scopariae El Hamrouni 1992 et Fagonio (microphyllae)-Echietum trigorrhyzi stipetosum tenacissimae El Hamrouni 1992 relevant des Ononido-Rosmarinetea Br.-Bl. 1947, jusqu’aux formations préforestières telles que Junipero (turbinatae)-Quercetum rotundifoliae coronilletosum minimae Kadi Hanifi 1998 relevant des Pistacio-Rhamnetalia alaterni Rivas Martinez 1975 et des Quercetea ilicis Br.-Bl. 1947. La comparaison de la richesse spécifique des phytocénoses alfatières telles que sont décrites par H. N. Le Houérou 1969 avec celles décrites par Raddaoui et Chaabane en 2009 a montré que sous l’effet du climat et de la pression anthropozoique, les syntaxa alfatiers de la région de Kasserine ont subi et subissent encore des transformations profondes se manifestant par leur banalisation par des thérophytes et par des xérophytes et la régression spectaculaire des nanophanérophytes, des chaméphytes et des hémicryptophytes cespiteuses. Il s’agit d’une menace réelle de la biodiversité au sein des phytocénoses alfatières comme le montre le tableau ci-après : Tableau : Stratégies adaptatives des phytocénoses alfatières à travers les types biologiques dans la région de Kasserine Type biologique des espèces accompagnatrices de l’alfa 76 Situation des nappes alfatières en 1969 Situation des nappes alfatières en 2009 Appréciations de la dynamique des phytocénoses des nappes Somme des fréquences relatives Fréquences en % Somme des fréquences relatives Fréquences en % Nano-Phanérophytes 3 14 6 4 Régression des Nano-Phanérophytes Chaméphytes 22 51 49 31 Régression des Chaméphytes Hémicryptophytes-Cespiteuses 7 16 16 10 Régression des HémicryptophytesCespiteuses Hémicryptophytes 8 19 27 17 Régression des Hémicryptophytes Hémicryptophytes en Rosettes 0 0 8 5 Perturbation élevée des nappes et dégradation du couvert Thérophytes 0 0 48 30 Banalisation par les thérophytes (anthropzoogénisation et perturbation élevées) Géophytes 0 0 4 3 Stress écologique et détérioration du couvert Total (%) - 100 - 100 - De cette analyse on peut déduire que les nappes alfatières de la région de Kasserine sont soumises à une pression anthropozoïque élevée aggravée par le règne des conditions écologiques difficiles (climat, milieu édaphique, ...). En effet, on assiste à la régression des types biologiques évolués et la banalisation des phytocénoses alfatières par des types xérophiles et anthropiques dénotant une perturbation élevée. Il s’agit d’une dynamique régressive spectaculaire, se manifestant par : GIZ-BROCHURE+CCC.indd 76 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique • Régression des Nano-Phanérophytes dénotant une pression importante sur le couvert ligneux ; • Régression des Chaméphytes montrant une surexploitation des buissons ; • Régression des Hémicryptophytes-Cespiteuses indiquant une dégradation alarmante des nappes alfatières en • • • • particuliers ; Régression des Hémicryptophytes sous l’effet du surpâturage ; Perturbation élevée des nappes et dégradation du couvert témoignées par la relative haute fréquence des Hémicryptophytes en rosettes ; Banalisation par les thérophytes qui montre une anthropzoogénisation et une perturbation élevées (liée au degré d’artificialisation élevé du milieu) ; Stress écologique et détérioration du couvert indiqués par la haute fréquence relative des géophytes. 3.2.2. Etages bioclimatiques Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec les étages bioclimatiques Bioclimat R(5-10%) R(10-25%) R(25-50%) R(50-75%) R ›75% Aride supérieur frais 94 92 Aride inférieur frais 2 1 93 2 95 1 27 ‹1 Aride supérieur tempéré 1 ‹1 ‹1 - - Semi-aride supérieur frais d‘altitude - - ‹1 - - Semi-aride moyen frais d‘altitude ‹1 ‹1 ‹1 6 ‹1 Semi-aride moyen frais 2 1 ‹1 3 Semi-aride inférieur frais ‹1 5 6 62 5 Semi-aride inférieur frais d‘altitude. - ‹1 ‹1 ‹1 - Dans le gouvernorat de Kasserine, l’optimum de développement de l’alfa est cantonné à l’aride supérieur frais (75%) et pouvant prospérer jusqu’au semi-aride inférieur frais (16%) et à l’aride inférieur frais (6%). La carte ciaprès illustre la distribution spatiale de l’alfa en relation avec les étages bioclimatiques. Carte de distribution spatiale de l’alfa en fonction des étages bioclimatiques dans le gouvernorat de Kasserine 77 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 77 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 3.3. Facteurs physiques influençant l’etat des nappes alfatieres dans le gouvernorat de Kasserine 3.3.1. Hydromorphie Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur hydromorphie Type d’hydromorphie Indication R ›75% R(50 à 75)% R(25 à 50)% R(10 à 25)% R(5 à 10)% Hydromorphie absente Favorable à l’alfa 99% 99% 99% 99% 86% Hydromorphie permanente Impropre à l’alfa 0% 1% 0% 0% 0% Hydromorphie temporaire Moyennement favorable à l’alfa 1% 0% 1% 1% 14% Cette analyse montre que l’alfa redoute l’hydromorphie. En effet, plus de 96% des nappes sont cantonnées dans des milieux où l’hydromorphie est absente. 3.3.2. Salure du substrat Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur salure du substrat Type de salure Indication R ›75% R(50 à 75)% R(25 à 50)% R(10 à 25)% R(5 à 10)% Salure faible à nulle Favorable à l’alfa 99% 99% 99% 99% 99% Salure moyenne Moyennement favorable à l'alfa 0% 0% 0% 0% 0% Salure importante Impropre à l’alfa 1% 1% 1% 1% 1% 99% des nappes alfatières sont localisées sur substrat à salinité faible à nulle. L’alfa redoute la salure. 3.3.3. Profondeur du sol Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur profondeur du sol Type de profondeur du sol R ›75% R(50 à 75)% R(25 à 50)% R(10 à 25)% R(5 à 10)% Très peu profond 46% 54% 59% 64% 67% Peu profond 24, % 24% 23% 17% 16% Moyennement profond 7% 6% 6% 8% 7% Profond 14% 8% 6% 3% 5% Très profond 9% 8% 6% 8% 5% L’alfa est indifférent à la profondeur du sol quoi qu’il soit plus fréquent (78%) dans les sols très peu et peu profonds 3.3.4. Texture du sol Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur texture du sol Type de texture du sol R ›75% R(50 à 75)% R(25 à 50)% R(10 à 25)% R(5 à 10)% Texture grossière 10% 10% 10% 14% 9% Texture moyenne 72% 82% 86% 79% 80% Texture fine 18% 8% 4% 7% 11% L’alfa préfère les textures moyennes et redoute les sables mouvants et les textures fines (sols compacts). 80% des nappes sont situées dans des sols à texture moyenne quoi qu’il tolère les textures grossière (10%) et fine (10%). 78 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 78 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 3.3.5. Réserve utile du sol Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur réserve utile du sol R ›75% R(50 à 75)% R(25 à 50)% R(10 à 25)% R(5 à 10)% RU ‹ 50 Réserve utile (5 ‹ RU ‹ 330) 46% 54, 50% 59% 64% 67% RU (50-100) 25% 24% 23% 17% 16% RU (100-150) 6% 5, 50% 5% 6% 5% RU (150-200) 8% 9, 50% 8, 50% 8% 5% RU (200-250) 11% 2% 1% 1, 50% 3% RU › 250 4% 4, 50% 3, 50% 3, 50% 4% Carte de la distribution de l’alfa en fonction de la réserve utile des sols dans le gouvernorat de Kasserine 58% des nappes sont cantonnées dans les sols où la réserve utile est ‹ 50, 21% dans les sols dans les substrats où la réserve utile variant entre 50 et 100. L’alfa est une espèce franchement xérophile. 3.3.6. Pente du terrain Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur pente du terrain Pente % R ›75% R(50 à 75)% R(25 à 50)% R(10 à 25)% R(5 à 10)% 96% 86% 85% 85% 87% Pente (10-25%) 2, 50% 10% 10% 12% 10% Pente › 25% 1, 50% 4% 5% 3% 3% Pente ‹10% L’alfa préfère les pentes faibles où le risque de son déchaussement par l’érosion hydrique est faible. 88% des nappes alfatières sont cantonnées sur les pentes faibles. 79 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 79 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 3.3.7. Altitude Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec le facteur altitudinal R ›75% R(50 à 75)% R(25 à 50)% R(10 à 25)% R(5 à 10)% 300-500 m Classe d'altitude 1% ‹1% 3% ‹1% 2% 500-700 m 39% 45% 37% ‹1% 42% 700-900 m 56% 49% 51% ‹1% 35% 900-1000 m 3% 5% 8% 55% 15% 1000-1100 m 1% 1% 1% 27% 5% 1100-1200 m 0% ‹1% ‹1% 13% ‹1% 1200-1300 m 0% ‹1% ‹1% 4% 0% 1300-1400 m 0% 0% 0% ‹1% 0% 1400-1500 m 0% 0% 0% 0% 0% Selon la répartition spatiale de l’alfa dans le gouvernorat de Kasserine le développement de l’alfa se situe entre 500 et 1100 m d’altitude. Plus de 70% des nappes sont localisées entre 500 et 900 m d’altitude. 3.4. Facteurs anthropiques et socioéconomiques 3.4.1. Densité des agglomérations Tableau : Importance des nappes alfatières en % par types de recouvrements en relation avec la pression anthropique appréciée selon la densité en nombre d’agglomérations par 100 km² dans le gouvernorat de Kasserine Densité (douars/100 km2) R ›75% R(50 à 75)% R(25 à 50)% R(10 à 25)% R(5 à 10)% 10 à 16 0% 1% ‹1% ‹ 1% 0% 5 à 10 18% 21, 50% 12% 6, 50% 4% 1à5 40% 45% 53% 58, 50% 55% 0 42% 32, 50% 35% 35% 41% Carte de distribution spatiale des agglomérations humaines (en nombre de douars/100 km2) 80 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 80 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique En considérant que la densité en nombre d’agglomérations par 100 km² constitue un facteur qui indique fidèlement « la pression anthropique » qui s’exerce sur les nappes alfatières, 87% des nappes alfatières sont localisées les zones moins habitées par l’homme où la densité des agglomérations est inférieure à 5. Ces résultats montrent que la pression anthropique est très prépondérante dans la détérioration des nappes alfatières. En effet, là où la densité est › à 5/100 km² l’alfa est sous représenté. L’alfa est cantonné dans les contrées sous habitées. Le facteur anthropique paraît très influant dans la menace de l’écosystème alfatier. En effet dans les zones où la densité des agglomérations est élevée les nappes alfatières ont été détériorées par la population depuis longtemps. 3.4.2. Population humaine projetée aux horizons 2020 et 2050 Comme le montre les travaux de l’ODCO 2009, au rythme d’un accroissement annuel de 5992 habitants/an la population globale de du gouvernorat de Kasserine sera le double de celle de 2004 à l’horizon de 2073. Il s’agit d’un indicateur montrant que la pression sur l’écosystème alfatier dans le futur est préoccupante. Tableau : Population projetée aux horizons 2020 et 2050 selon le rythme d’évolution de la population humaine des délégations du gouvernorat de Kasserine (ODCO 2009) Délégation Années 1975 Kasserine Nord 54472 Kasserine Sud 1984 Acc. Ann. 1994 2004 Population projetée en 2020 et 2050 2020 2050 59213 52394 58343 133 60471 64483 20245 196498 21139 45 21859 23195 Sbeitla 38051 48536 645643 69539 1086 86915 119485 Sbiba 22084 27954 38702 42091 690 53131 73826 Jedliane 21847 11051 13614 13205 -298 8437 0 13483 17692 18634 258 22762 30481 41853 34959 36619 34508 -253 30460 22857 9750 9854 8716 -52 7884 6338 Foussana 25099 31409 39415 41240 557 50152 66843 Feriana 35093 26048 40493 45787 369 51691 62750 15311 19443 21909 330 27189 37084 El Ayoun Thala Haïdra Mjel Bel Abbas Hassi El Frid 15557 16890 133 19018 23022 Ezzouhour 18834 20277 144 22581 26915 386908 412278 5992 462550 557279 Total du gouvernorat 238499 297959 Au rythme d’un accroissement annuel de 5992 habitants/an la population globale du gouvernorat de Kasserine sera le double de celle de 2004 à l’horizon de 2073. On signale l’enregistrement des accroissements annuels négatifs à Jedliane (-298), Thala (-253) et à Haïdra (-52) qui sont attribués à l’exode de la population vers l’étranger et les grandes villes de Tunisie. 81 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 81 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 3.4.3. Possibilités pastorales annuelles Tableau : Possibilités pastorales annuelles des délégations du gouvernorat de Kasserine (ODCO 2009) Délégation Kasserine Nord Kasserine Sud Sbeitla Sbiba Jedliane El Ayoun Thala Haïdra Foussana Feriana Mjel Bel Abbas Hassi El Frid Total du gouvernorat Possibilités pastorales en UF Parcours (ha) Possibilités pastorales en UF Total (ha) Total (UF) 362000 3729400 5875000 2227900 1460200 1636000 4543000 2062700 3848700 4422200 3914100 3081400 Forêts et steppes alfatières (ha) 1944 38187 40847 11162 6181 16301 13078 16521 40812 47453 44432 59175 349920 6873660 7352460 2009160 1112580 2934180 2354040 2973780 7346160 8541540 7997760 10651500 2716 9760 7196 11435 7012 6175 11593 7216 7276 726 3908 6489 543200 1952000 1439200 2287000 1402400 1235000 2318600 1443200 1455200 145200 781600 1297800 8280 85241 106793 44876 27795 38836 70101 44364 86575 92401 87481 96478 1255120 12555060 14666660 6524060 3975180 5805180 9215640 6479680 12650060 13108940 12693460 15030700 37162600 336093 60496740 81502 16300400 789221 113959740 Terres labourables (ha) Possibilités pastorales en UF 3620 37294 58750 22279 14602 16360 45430 20627 38487 44222 39141 30814 371626 Dans le gouvernorat de Kasserine, les possibilités pastorales annuelles sont relativement faibles. Elles sont estimées à 114 millions d’UF dont 33 millions d’UF proviennent des nappes alfatières soit 29%. 3.4.4. Besoins annuels du cheptel et bilan fourrager Tableau : Besoins annuels du cheptel des délégations du gouvernorat de Kasserine (ODCO, 2009) Délégation Bovins (têtes femelles) Kasserine Nord 847 Kasserine Sud 270 Sbeitla 350 Sbiba 488 Jedliane 75 El Ayoun 400 Thala 410 Haïdra 120 Foussana 280 Feriana 750 Mjel Bel Abbas 1340 Hassi El Frid 95 Total du 5425 gouvernorat Besoins en UF 1270500 405000 525000 732000 112500 600000 615000 180000 420000 1125000 2010000 142500 Ovins (têtes femelles) 6500 37000 35000 18000 14000 20000 24000 18000 30000 40000 36500 21000 8137500 300000 Besoins Camélidés Besoins Equidés en UF en UF Besoins en UF 1950000 11100000 10500000 5400000 4200000 6000000 7200000 5400000 9000000 12000000 10950000 6300000 Caprins (têtes femelles) 600 4500 6500 4000 3500 4000 5500 5500 5400 6000 6500 4200 150000 1125000 1625000 1000000 875000 1000000 1375000 1375000 1350000 1500000 1625000 1050000 4 12 6000 18000 90 960 1180 1645 1280 400 1400 328 1610 589 1400 1808 90000 960000 1180000 1645000 1280000 400000 1400000 328000 1610000 589000 1400000 1808000 90000000 56200 14050000 16 24000 12690 12690000 124 901500 Besoins en UF Besoins totaux Les besoins annuels du cheptel du gouvernorat de Kasserine sont estimés à 125 millions d’UF. Les possibilités pastorales annuelles (114 millions d’UF) sont en-deçà des besoins du cheptel. En s’appuyant sur ces données, on a enregistré d’un déficit annuel de 11 millions d’UF/an soit 9% des besoins comme l’indique le bila fourrager suivant : Bilan fourrager = 124 901 500 – 113 959 740 = 10 941 760 UF/an soit 9% de déficit 82 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 82 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 3.4.5. Evolution des superficies de l’alfa à l’échelle nationale A l’échelle nationale, depuis les temps reculés, les nappes alfatières de Tunisie sont en régression continue passant de 1 350 000 ha en 1989 à 452 625 en 2005 comme le montre le tableau ci-après : Tableau : Evolution des superficies de l’alfa en Tunisie (de 1889 à 2005) Année Superficie (ha) Régression en ha/an Auteur 1889*** 1895* 1945* 1995** 2005**** 1 350 000 Trabut in Marion 1 112 000 -14875 Monchicourt 950 000 -22240 Debierre 743 306 -4134 DGF/INFP 1995 452 625 -29068 DGF/INFP 2005 - * Sassi Ghrab 1981 ** DGF/INFP 1995 *** Trabut in Marion (revue forestière française) **** DGF/INFP 2005 L’examen du tableau montre que la régression des nappes alfatières est perpétuelle devenue très accélérée durant la dernière décennie (1995/2005) avec une diminution annuelle d’environ 29000 ha. A ce rythme de régression, à partir de l’année 2005, les nappes alfatières pourront disparaître totalement au bout de 16 ans soit à l’horizon de 2021. Cette situation aura nécessairement des répercussions désastreuses sur devenir de la Société Nationale de Cellulose et Pâte d'Alfa (SNCPA) et sur l’emploi dans le secteur alfatier. Sachant qu’actuellement, la SNCPA offre de l’emploi en temps partiel à la cueillette de l’alfa, pour la vente aux centres d’achat de la SNCPA, à environ 6000 familles. Elle offre également près de 1200 emplois permanents. 3.4.6. Evolution des superficies de l’alfa dans les gouvernorats alfatiers Tableau : Evolution des superficies des nappes alfatières dans les gouvernorats alfatiers (INFP 1995/2005) Gouvernorat S. des nappes alfatières en ha (1995) S. des nappes alfatières en ha (2005) Régression annuelle en ha/an Kairouan 57 798, 55 18322 3947, 655 Kasserine 179 234, 90 146046 3318, 89 Sidi Bouzid 152 674, 56 99541 5313, 356 Gafsa 161 803, 09 95174 6662, 909 L’optimum de développement des nappes alfatières semble être à Kasserine et à Sidi Bouzid. Au Nord de ces deux gouvernorats l’alfa est perturbé par l’excès d’humidité. Au sud l’alfa est fragilisé par la xéricité accentuée du milieu. Durant la décennie de 1995 à 2005 on assiste à des régressions spectaculaires en surface d’alfa. A Kasserine en particulier, au rythme d’une régression de 3319 ha/an les nappes alfatières inventoriées seront complètement disparues à l’horizon 2049. 3.4.7. Répartition spatiale des nappes alfatières par CRA du gouvernorat de Kasserine (INFP 2005) Le gouvernorat de Kasserine est divisé en délégations (unités administratives) et en cellules de rayonnements agricoles ou CRAs (unités de gestion). Selon l’INFP 2005, la répartition spatiale des nappes alfatières par CRA et par type de recouvrement est comme l’indique le tableau ci-après : Tableau : Importance en ha des nappes alfatières par Délégation et par CRA dans le gouvernorat de Kasserine CRA Délégation 5 à 10% Hassil El Frid Nord El Gonna Talabet Hassi Lefrid Sbitla Feriana Majel Bel Grouôa Ejjedra Abbes Om Ali Feriana Bousaffa Kasserine Sud GIZ-BROCHURE+CCC.indd 83 Recouvrement en % 10 à 25% 25 à 50% 50 à 75% S. totale (ha) %/gouvernorat 12944 8, 46 2857 3701 1, 87 2, 42 > 75% 577 1566 5716 4754 331 509 48 1905 452 1133 2358 154 1317 3083 3685 536 121 8742 5, 71 606 113 1995 564 3577 13123 814 3963 319 6992 18082 4, 57 11, 82 83 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique Esskhirat Om Lagsab Feriana Majel Bel Abbes Hassi Hassi Lefrid Lefrid Sud Ain Khmeissia Sbiba Ouled Foussana Mahfoudh El Hechim Hassi Lefrid Hidra Hidra Eddachra Thala Echrayôa Sbitla Lajred Hidra Foussana Foussana Thala Thala Boulahnech Thala El Ayoun Bouhjar Jedliene Jedliane El Ayoun El Ayoun El Ayoun Tiwecha Bouzguem Kasserine Nord Errakhmet Sbitla El Grôa Sbitla el Hamra Sbitla Sbitla El Mziraa Foussana Kasserine Nord Kasserine Nord Kasserine Sud Kasserine Sud Mejel Bel Majel Bel Abbes Abbes Ettahamed Sbiba Sbiba Sbiba Feriana Feriana Total % global par type de recouvrement 849 1606 2541 2852 726 8574 5, 6 533 2994 6872 7751 893 19042 12, 45 1156 4264 7483 10739 361 24003 15, 69 167 145 313 0, 2 758 0, 5 6675 178 13 4742 3 1898 673 652 4 192 10 619 4764 4238 4, 36 0, 12 0, 01 3, 1 0, 002 1, 24 0, 44 0, 43 0, 002 0, 13 0, 007 0, 4 3, 11 2, 77 216 0, 14 1, 98 0, 18 0, 74 2, 54 43 392 52 272 80 12 638 75 3061 51 435 839 308 84 100 524 170 212 25 347 587 370 714 2902 2503 41 13 3274 3 976 340 552 4 192 10 225 3533 528 62 92 62 42 134 4 1080 122 865 789 37 117 393 194 53 79 170 8 1222 1737 151 941 1416 196 387 3025 277 1137 3891 2640 2861 278 6684 4, 37 61 188 4729 396 196 6076 152567 0, 26 0, 13 3, 97 100 3 183 6448 587 23487 2555 61174 335 196 2564 56733 4 15 40 37 32 L’examen du tableau montre que les CRAs les plus alfatiers sont dans l’ordre Hassi Lefrid Sud (16%), Om Lagsab et Bousaffa (chacune 12%) suivie par Hassi Lefrid Nord (8%) totalisant près de la moitié des nappes alfatières du gouvernorat. On peut également remarquer que les recouvrements alfatiers les plus représentés sont compris entre 25 et 75% et représentent 77% des nappes alfatières du gouvernorat. La carte ci-contre illustre l’importance des nappes alfatières en superficie par CRA du gouvernorat de Kasserine Tous types de recouvrements confondus 84 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 84 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 3.4.8. Récoltes d’alfa et incidences sur la SNCPA et sur l’emploi Tableau : Production moyenne récoltée d’alfa dans le gouvernorat de Kasserine de 1939 au 2009 (Arrondissement alfatier 2010) Période Production moyenne annuelle récoltée d’alfa en tonnes Evolution de la production récoltée en tonnes/an 1939/1945 6191 - 1945/1950 94606 +88415 -21299 1950/1955 73307 1955/1960 72874 -433 -10074 1960/1965 62800 1965/1970 72933 +10133 -20944 1970/1975 51989 1975/1980 60558 +8569 -25946 1980/1985 34612 1985/1990 30318 -4294 +5331 1990/1995 35649 1995/2000 39997 +4348 -10176 2000/2005 29821 2005/2009 20000 -9821 La fluctuation des récoltes (cf. Tableau plus haut et graphique ci-après) est liée à divers évènements qui ont touché le secteur alfatier. Les périodes qui ont connu une augmentation des récoltes correspondent à l’amélioration de l’exportation de l’alfa, l’installation des usines de transformation (SNCPA actuelle et SNTC et STPA d’auparavant), création de l’arrondissement alfatier, et la bonne initiative de l’aménagement des nappes alfatières, .... Les périodes qui ont connu une diminution des récoltes sont attribuées aux déficiences des aménagements, aux défrichements des nappes pour la mise en culture, au surpâturage et la fragilisation des nappes sous l’effet du climat et de l’érosion. En effet, faute de moyens, les aménagements expirés n’ont pas été révisés d’où un manque de vigilance contre les agents causaux de la détérioration des nappes alfatières. Depuis la fin de la 2ème guerre mondiale (1945), sous l’effet de facteurs cités, le tonnage récolté de l’alfa a diminué énormément. Il a passé de 94 606 tonnes/an durant la période de 1945/1950 à 20 000 tonnes/an durant la période de 2005/2009 soit une récolte 5 fois plus faible. Selon ce rythme de détérioration, les récoltes pourront devenir nulles à l’horizon de l’année 2027. Ces régressions des récoltes sont probablement liées à l’Homme et à son troupeau et qui pourront être aggravées par les sécheresses climatiques. Il s’agit d’une situation très préoccupante pour le ravitaillement de la SNCPA en alfa et pour l’emploi de la main d’œuvre dans le gouvernorat de Kasserine. En effet la récolte annuelle actuelle (20 000 tonnes) ne peut couvrir environ qu’un quart de la capacité de l’usine de la SNCPA (76000 tonnes/an). GIZ-BROCHURE+CCC.indd 85 85 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique Prodction moyenne annuelle des nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine (en tonnes) Histogramme de la production annuelle des nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine en tonnes de feuilles d’alfa Tonnes/an Le graphique ci-après illustre l’évolution des récoltes d’alfa enregistrées dans le gouvernorat de Kasserine depuis 1939. 100000 90000 80000 70000 60000 50000 40000 30000 20000 10000 19 39 19 /19 45 45 19 /19 50 50 19 /19 55 55 19 /19 60 60 19 /19 65 65 19 /19 70 70 / 19 197 75 5 19 /19 80 80 19 /19 85 85 19 /19 90 90 19 /19 95 95 20 /20 00 00 20 /20 05 05 /2 01 0 0 Il semble que la régression des récoltes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine est en partie liée à la xéricité du milieu qui est devenue accentuée rendant l’alfa plus vulnérable aux phénomènes de dégradation (décapage et déchaussement facies, défrichement pour la mise en culture et pour l’affouragement du bétail). Egalement la régression des nappes alfatières peut être attribuée à plusieurs autres facteurs tels que : • L’absence de régénération qui est le corollaire d’une dégradation continue ; • Le défrichement des nappes pour l’installation de l’arboriculture et de cultures épisodiques ; • La surexploitation des nappes pour les besoins de la SNCPA, en particulier autour des centres de collecte de l’alfa et dans les nappes les plus accessibles (DGF 2004). Il s’agit d’un problème lié à la gestion et l’aménagement des nappes alfatières ; • Le surpâturage qui est le résultat d’une surcharge en cheptel ; • L’intérêt insuffisant accordé aux fonctions environnementales des nappes alfatières ; • La détérioration des conditions écologiques rendant les nappes alfatières vulnérables aux agents de dégradation (sécheresses climatiques, pertes de fertilité des sols, déchaussement des touffes sous l’effet de l’érosion hydrique, …) ; • La cueillette de l’alfa pour des fins industrielles reste encore non rémunératrice pour la population usagère des nappes alfatières (10 DT/quintal). Pour cette raison, il n’est pas rare d’observer des paysans extirper les touffes d’alfa pour la mise en bottes et sa commercialisation pour l’affouragement du troupeau. Ces mauvaises pratiques contribuent énormément à la détérioration des nappes notamment pendant les périodes de disettes où la touffe d’alfa devient vulnérable. Bien que l’alfa soit un fourrage grossier, son exploitation abusive pour l’affouragement du bétail est devenue une pratique courante. 86 A côté de la régression perpétuelle des superficies on assiste à des pertes en production et en productivité. D’après la DGF 2004, la productivité potentielle moyenne des nappes alfatières des gouvernorats alfatiers est passée de 4, 5 Qx/ha en 1976 à 3, 4 Qx/ha en 2003, correspondant à une régression de 1, 1 Qx/ha soit une régression des quantités d’alfa à récolter de 4 kg/ha/an. Ces pertes en productivités pourront compromettre l’avenir de la SNCPA et les possibilités d’emploi dans le secteur alfatier. Elles touchent également d’autres domaines tels que la sparterie, l’environnement, la biodiversité, la fixation des sols et le pastoralisme. Les pertes en récoltes sont attribuées aux pressions anthropozoïques d’une part aggravées par les sécheresses climatiques d’autre part. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 86 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique Cette étude pourra mettre à la disposition des acteurs du développement, un outil d’aide à la décision pour affronter les impacts du changement climatique et des métamorphoses socioéconomies qui peuvent menacer l’écosystème alfatier. D’où l’élaboration d’un indice de vulnérabilité des nappes alfatières vis-à-vis du changement climatique est d’une grande nécessité. 4. VULNERABILITES DES NAPPES ALFATIERES ET PROJECTIONS AUX HORIZONS 2020 ET 2050 La méthodologie suivie pour l’évaluation de l’indice de la vulnérabilité factorielle des nappes alfatières a été présentée plus haut au deuxième paragraphe de cette étude. Il est fastidieux de présenter l’ensemble des résultats de l’analyse ; on se limite ici aux synthèses et aux récapitulations. 4.1. Vulnérabilités factorielles moyennes des nappes alfatières des cras du gouvernorat de kasserine Le classement des CRAs du gouvernorat de Kasserine a été apprécié selon le degré de vulnérabilité factorielle. Neuf facteurs ont été couplés avec le type de recouvrement relatif ou pondéré des nappes alfatières. En considérant que le degré de recouvrement de l’alfa est la résultante fidèle du degré de fragilité de la nappe alfatière. Les résultats de cette analyse sont résumés dans les points suivants : - Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec les étages bioclimatiques : Sachant que 75% des nappes alfatières sont cantonnées dans l’étage bioclimatique aride supérieur frais. Le calcul de la vulnérabilité factorielle vis-à-vis du bioclimat a montré que mis à part Om Lagsab où les nappes sont « peu vulnérables », suivie par Esskhirat « moyennement vulnérables » et par GrouÔ Ejjedra « vulnérables », les nappes alfatières du reste des CRAs sont classées « extrêmement vulnérables à très vulnérables ». - Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec l’hydromorphie du substrat : Partant du tempérament de l’alfa qui redoute l’hydromorphie, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables », à l’exception d’Esskhirat où elles sont « moyennement vulnérables » suivie par Om Lagsab, GrouÔ Ejjedra et Hassi El Ferid Sud «vulnérables». - Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur lié à la salinité du sol: Partant du tempérament de l’alfa qui redoute la salinité et en relation avec les types de son recouvrement, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables ». Seulement Om Lagsab où les nappes sont « peu vulnérables » suivie par Esskhirat « moyennement vulnérables », Om Lagsab et Hassi El Ferid Sud «vulnérables». - Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur lié à la profondeur du sol : Bien que l’alfa est indifférent à la profondeur sol, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont en totalité extrêmement à très vulnérables. - Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur textural : Sachant que l’optimum du développement de l’alfa dans le gouvernorat de Kasserine est situé sur des sols à texture moyenne, les nappes alfatières sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables ». Seulement à Hassi El Ferid Sud et à Om Lagsab où les nappes sont « vulnérables ». - Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur lié à la réserve utile du sol : Bien que l’alfa est une espèce franchement xérophile, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont en totalité « extrêmement à très vulnérables ». GIZ-BROCHURE+CCC.indd 87 87 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique - Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur lié à la pente du terrain : Bien que l’alfa est une espèce qui préfère les sols bien drainés, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont en totalité « extrêmement à très vulnérables ». - Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur altitudinal : Bien que l’optimum de développement de l’alfa est située à des altitudes modestes (500 à 900 m), les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart « extrêmement à très vulnérables ». Seulement les nappes d’Om Lagsab sont « moyennement vulnérables » suivies par celles d’Hassi El Ferid Sud qui sont « vulnérables ». - Croisement des recouvrements relatifs des nappes alfatières en relation avec le facteur liés à la pression anthropique appréciée selon la densité en nombre d’agglomérations par 100 km² dans le gouvernorat de Kasserine : Sachant que l’alfa est plus agressé dans les zones les plus peuplées par l’homme. Vis-à-vis du facteur lié au nombre d’agglomération/100km², les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine sont dans la plupart extrêmement à très vulnérables. A l’exception des nappes et de Hassi El Ferid Sud et d’Om Lagsab où les nappes sont « peu vulnérables » suivies par celles d’Esskhirat (moyennement vulnérables) et de Grouô Ejjedra, d’Hassi El Ferid Nord, de Bousaffa et d’Om Ali qui sont « vulnérables ». 4.2. Vulnérabilité factorielle moyenne synthétique des nappes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine Tableau : Indice de vulnérabilité moyenne synthétique (IVMS)/CRA dans le gouvernorat de Kasserine CRA A´n khema´ssia 88 Vulnérabilité factorielle moyenne synthétique CRA IVFMS Appréciation notation 0, 180 Ev 1 Foussana Vulnérabilité factorielle moyenne synthétique IVFMS Appréciation Notation 0, 501 Ev 1 Bou lahnech 0, 582 Ev 1 Grouô ejjedra 5, 794 Tv 2 Bousaffa 3, 467 Tv 2 3, 566 Tv 2 Bouzguem 1, 011 Ev 1 7, 507 V 3 Djedliane Echrayô 0, 297 1, 726 Ev Ev 1 1 Hassi el ferid nord Hassi el ferid sud Hidra Kasserine nord 0, 133 1, 684 Ev Ev 1 1 Eddachra 0, 022 Ev 1 Kasserine sud 1, 897 Ev 1 El bouajer 0, 007 Ev 1 Lajred 0, 005 Ev 1 El ayoun 0, 012 Ev 1 Majel bel abbes 2, 932 Ev 1 El garôa El hamra El gonna El hechim 0, 056 Ev 1 Om ali 3, 233 Tv 2 0, 927 2, 384 Ev Ev 1 1 8, 433 0, 491 V Ev 3 1 El m’zirôa Errakhmet Esskhirat Ettahamed Feriana 0, 056 1, 123 6, 214 0, 205 2, 661 Ev Ev V Ev Ev 1 1 3 1 1 Om lagsab Ouled Mahfoudh Sbiba Sbitla Thala Thelebet Tiouecha 0, 206 0, 862 0, 330 2, 325 0, 166 Ev Ev Ev Ev Ev 1 1 1 1 1 L’examen du tableau montre que mis à part Hassi El Ferid Sud, Om Lagsab et Esskhirat qui sont classées « vulnérables » le reste des CRAs du gouvernorat de Kasserine sont rangées « extrêmement à très vulnérables ». Cela dénote que l’écosystème alfatier est dans une situation préoccupante. Ces indices montrent que le secteur alfatier est sérieusement affecté. Ce sont des précurseurs d’élimination de l’emploi et du tarissement de la matière première pour l’industrie et de l’artisanat. Dans le gouvernorat de Kasserine, le devenir proche de la population humaine et de la SNCPA est en grand danger. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 88 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 4.3. Projection des precipitations moyennes annuelles (p) et des températures moyennes annuelles (t) et calcul des rapports p/t correspondants aux horizons 2020 et 2050 selon le modèle HadCM3/scenarios a2 et b2 La projection des données climatiques du gouvernorat de Kasserine aux horizons 2020 et 2050 a été fondée sur la base des résultats des travaux du Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement en collaboration avec la GIZ en 2007 : Le modèle utilisé pour la Tunisie est celui de HadCM3 avec deux scénarios le premier A2 (variante sévère), le second B2 (variante modérée). Partant des données météorologiques de 1961 à 1990 et selon le modèle HadCM3 les projections de P , T et P/T aux horizons 2020 et 2050 figurent dans deux tableaux ci-après. Tableau : Projection des données climatiques du gouvernorat de Kasserine Facteurs climatiques Scenarii Scénario A2 Scénario B2 rT. en 2020 (°C) 1, 2 1, 1 rP. en 2050 (°C) -7% -4% rT. en 2050 (°C) 2, 7 +2 , 1 rP. en 2050 (°C) -16% -10% T. projetée 2020 16, 7+1, 2=17, 9 proche de Sidi Bouzid 16, 7+1, 1=17, 8 proche de Sidi Bouzid P. projetée 2020 302, 5-21, 175=281, 325 proche de Sidi Bouzid 302, 5-12, 1=290, 4 proche de Kairouan P/T projeté 2020 15, 72 proche de Kairouan 16, 31 proche de Kairouan T. projetée 2050 16, 7+2, 7=19, 4 proche de Kairouan 16, 7+2, 1=18, 8 proche de Gafsa P. projetée 2050 302, 5-48, 4=254, 1proche de Sidi Bouzid 302, 5-30, 25=272, 25 proche de Sidi Bouzid P/T projeté 2050 13, 1 proche de Sidi Bouzid 14, 48 proche de Sidi Bouzid Les résultats de ces projections du gouvernorat de Kasserine ont été comparés avec les facteurs climatiques enregistrés durant la période allant de 1961 à 1990 des gouvernorats septentrionaux et méridionaux par rapport à celui de Kasserine. Fautes de données aboutissant à des corrélations étroites entre la projection du climat et la structure des nappes alfatières, et partant du postulat que les changements climatiques prévisibles ne sont pas létaux pour l’alfa mais ayant un effet fragilisant permettant à d’autres facteurs de dégradation d’agir (pression anthropozoïque en particulier) et en considérant l’hypothèse qu’aux horizons 2020 et 2050, les superficies de l’alfa du gouvernorat de Kasserine, resteront inchangées, on peut dire que le CC va influencer uniquement la structure des nappes alfatières. En gardant les mêmes superficies, dans le gouvernorat de Kasserine, les structures et les productivités projetées sont assimilées identiques à celles enregistrées en 2005 (d’après l’INFP) au niveau des nappes alfatières des gouvernorats méridionaux et septentrionaux qui ont en 1990 des facteurs climatiques (T, P et P/T) proches de celles du gouvernorat de Kasserine projetées en 2020 et 2050. Tableau : Précipitation moyenne annuelle (P) et Température moyenne annuelle (T) et P/T des gouvernorats alfatiers de Tunisie (d’après ONM de Tunisie 1961 à 1990) Facteurs climatiques Gouvernorat Kairouan Kasserine Sidi Bouzid Gafsa P. moy. annuelle (mm) 305, 8 302, 5 273, 4 173, 7 T. moy. annuelle (°C) 19, 5 16, 7 18, 5 18, 8 P./ T. 15, 68 18, 11 14, 78 9, 24 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 89 89 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique De cette analyse on déduit les résultats suivants : -Du point de vue climatique, le gouvernorat de Kasserine pourra être assimilé très proche de Kairouan actuel (en 1990) à l’horizon 2020 et à Sidi Bouzid à l’horizon 2050. -Du point de vie biologique l’alfa possède un tempérament très rustique, par conséquent, le climat sera considéré comme un facteur aggravant de la vulnérabilité des nappes alfatières. - Partant des hypothèses qu’aux horizons 2020 et 2050, le climat du gouvernorat de Kasserine, sera assimilé identique respectivement aux climats actuels (1990) de Kairouan (en 1990) à l’horizon 2020 et de Sidi Bouzid à l’horizon 2050. Et, en l’absence de l’effet des facteurs anthropozoïques, les surfaces alfatières restent inchangées et seulement les structures et « la productivité primaire » exprimée en possibilités pastorales et en biomasses foliaires de l’alfa seront changées. Donc, le devenir des structures des nappes alfatières aux horizons 2020 et 2050 et l’évaluation des possibilités pastorales, ainsi que l’estimation de la productivité en biomasses foliaires d’alfa seront abordées comme si, en gardant les mêmes superficies, les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine auront les mêmes structures et productivités primaires de Kairouan à l’horizon 2020 et de Sidi Bouzid à l’horizon 2050. 5. PROJECTION CLIMATIQUE AUX HORIZONS 2020 ET 2050 SELON LE MODELE HadCM3 ET INCIDENCES SUR LA STRUCTURE DES NAPPES ALFATIERES ET LES PERTES EN PRODUCTIONS PASTORALES ET EN BIOMASSES FOLIAIRES 5.1. Devenir des nappes alfatières aux horizons 2020 et 2050 et projection des pertes en possibilitès pastorales et en biomasses foliaires selon le modèle HadCM3/scenarios a2 et b2 5.1.1. Productivités pastorales moyennes annuelles des nappes alfatières en 2005 et projetées dans les CRA du gouvernorat de Kasserine Tableau : Productivités pastorales en UF des gouvernorats alfatiers (Kasserine, Kairouan et Sidi Bouzid) Productivité pastorale moyenne annuelle des nappes alfatières en 2005 tous recouvrements confondus dans les CRA du gouvernorat de Kasserine en UF/ha 223, 52 Productivité pastorale moyenne annuelle projetée en 2020 des nappes alfatières tous recouvrements confondus dans les CRA du gouvernorat de Kasserine équivalente à la productivité moyenne annuelle en 2005 des nappes alfatières du gouvernorat de Kairouan en UF/ha 80, 74 Productivité pastorale moyenne annuelle projetée en 2050 des nappes alfatières tous recouvrements confondus dans les CRA du gouvernorat de Kasserine équivalente à la productivité moyenne annuelle en 2005 des nappes alfatières du gouvernorat de Sidi Bouzid en UF/ha 78, 63 Compte tenu des hypothèses des projections indiquées plus haut (cf. § 4.3.1. 6), aux horizons 2020 et 2050, les structures et les productivités pastorales des nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine vont baisser de près de 2/3 par rapport à la productivité de 2005. Cette situation aura nécessairement des graves incidences sur l’élevage extensif dans la région. Dans le tableau ci-après sont compilées les pertes projetées en UF pour l’ensemble des CRAs alfatiers du gouvernorat de Kasserine aux horizons 2020 et 2050. 90 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 90 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique Tableau : Production pastorale en UF projetée par CRA du gouvernorat de Kasserine en 2020 et 2050 selon le modèle HadCM3/scénarios A2 et B2 CRA S. (ha) Production en UF (2005) Production en UF (2020 A2 et B2) Production en UF (2050 A2 et B2) Perte projetée en UF en 2020 Perte projetée en UF en 2050 Ain Khemaissia 368 82255, 36 29708, 64 28932, 16 -52546, 72 -53323, 2 Bou Lahnech 652 145735, 04 52635, 96 51260, 24 -93099, 08 -94474, 8 Bousaffa 14037 3137550, 24 1133207, 01 1103588, 94 -2004343, 23 -2033961, 3 Bouzguem 2635 588975, 2 212723, 55 207163, 7 -376251, 65 -381811, 5 Djedliane 192 42915, 84 15500, 16 15095, 04 -27415, 68 -27820, 8 Echrayaa 5262 1176162, 24 424801, 26 413698, 44 -751360, 98 -762463, 8 Eddachra 13 2905, 76 1049, 49 1022, 06 -1856, 27 -1883, 7 El Bouajer 4 894, 08 322, 92 314, 48 -571, 16 -579, 6 El Ayoun 10 2235, 2 807, 3 786, 2 -1427, 9 -1449 El Garaa El Hamra 98 21904, 96 7911, 54 7704, 76 -13993, 42 -14200, 2 El Gonna 2895 647090, 4 233713, 35 227604, 9 -413377, 05 -419485, 5 El Hechim 7690 1718868, 8 620813, 7 604587, 8 -1098055, 1 -1114281 El M’zirÔa 202 45151, 04 16307, 46 15881, 24 -28843, 58 -29269, 8 Errakhmet 3770 842670, 4 304352, 1 296397, 4 -538318, 3 -546273 Esskhirat 8877 1984187, 04 716640, 21 697909, 74 -1267546, 83 -1286277, 3 Ettahamed 331 73985, 12 26721, 63 26023, 22 -47263, 49 -47961, 9 Feriana 5313 1187561, 76 428918, 49 417708, 06 -758643, 27 -769853, 7 Foussana 1420 317398, 4 114636, 6 111640, 4 -202761, 8 -205758 Grouaa Ejjedra 9001 2011903, 52 726650, 73 707658, 62 -1285252, 79 -1304244, 9 Hassi El Ferid Nord 11912 2662570, 24 961655, 76 936521, 44 -1700914, 48 -1726048, 8 23725 5303012 1915319, 25 1865259, 5 -3387692, 75 -3437752, 5 Hidra 173 38668, 96 13966, 29 13601, 26 -24702, 67 -25067, 7 Kasserine Nord 600 134112 48438 47172 -85674 -86940 Kasserine Sud 3226 721075, 52 260434, 98 253628, 12 -460640, 54 -467447, 4 3 670, 56 242, 19 235, 86 -428, 37 -434, 7 6122 1368389, 44 494229, 06 481311, 64 -874160, 38 -887077, 8 Hassi El Ferid Sud Lajred Majel Bel Abbes Om Ali 6472 1446621, 44 522484, 56 508828, 64 -924136, 88 -937792, 8 Om Lagsab 18578 4152554, 56 1499801, 94 1460602, 36 -2652752, 62 -2691952, 2 Ouled Mahfoudh 1123 251012, 96 90659, 79 88290, 26 -160353, 17 -162722, 7 Sbiba 197 44033, 44 15903, 81 15488, 14 -28129, 63 -28545, 3 Sbitla 4035 901903, 2 325745, 55 317231, 7 -576157, 65 -584671, 5 Thala 558 124724, 16 45047, 34 43869, 96 -79676, 82 -80854, 2 Thelebet 3289 735157, 28 265520, 97 258581, 18 -469636, 31 -476576, 1 Tiouecha 449 100360, 48 36247, 77 35300, 38 -64112, 71 -65060, 1 32015216, 64 11563119, 36 11260899, 84 -20452097, 28 -20754316, 8 Total 91 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 91 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 5.1.2. Pertes en possibilités pastorales Tableau : Pertes en possibilités pastorales en UF/CRA du gouvernorat de Kasserine en 2020 et 2050 selon le modèle HadCM3/scénarios A2 et B2 Année Production pastorale globale projetée des nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine (UF) Pertes globales en possibilités pastorales du gouvernorat de Kasserine (UF) 2005 selon l’INFP 2005 32015216, 6 - Projection en 2020 (HadCM3/scénarioA2 et B2) 11563119, 4 -20452097, 28 Projection en 2050 (HadCM3/scénarioA2 et B2) 11260899, 8 -20754316, 8 Pour ces projections, sur la base des hypothèses posées considérant que les surfaces des nappes alfatières des CRA de Kasserine restent inchangées et que le changement climatique n'affecte que la structure des nappes alfatières et leur productivité pastorale, de façon à ce qu'aux horizons 2020 et 2050, la structure et la productivité pastorale de Kasserine deviendront similaires respectivement à celles de Kairouan et de Sidi Bouzid en 2005. L’examen des deux tableaux précédents montre que dans le gouvernorat de Kasserine, les pertes projetées en possibilités pastorales sont importantes de l’ordre de 20 millions d’UF en 2020 et de 21 millions d’UF en 2050. Il résulte que l’avenir du pastoralisme va être sérieusement touché. 5.2. Projection des récoltes en feuilles d’alfa en tonnes aux horizons 2020 et 2050 selon le modèle HadCM3/scénarios a2 et b2 D’après la DGF 2004, les récoltes potentielles des nappes alfatières des gouvernorats alfatiers ont été évaluées à 0, 34 tonnes/ha/an avec une baisse annuelle de récoltes de 4 kg/ha. Une telle baisse aura des répercussions désastreuses sur l’avenir de la SNCPA dont les besoins annuels s’élèvent à 76337 tonnes par an. On peut envisager trois hypothèses, la première (1) à récolte de prélèvement élevé (à raison d’un repos d’une année qui suit l’opération d’arrachage), la seconde (2) à récolte de prélèvement moyen (à raison d’un repos de deux ans) et la troisième (3) à récolte de prélèvement faible (à raison d’un repos de trois ans). 92 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 92 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique Selon ces hypothèses, la projection des récoltes en feuilles d’alfa aux horizons 2020 et 2050 est comme l’indique le tableau ci-après : Tableau : Projection des récoltes globales de feuilles d’alfa en tonnes par CRA du gouvernorat de Kasserine aux horizons 2020 et 2050 selon HadCM3/scénarios A2 et B2 CRA S. (ha) Hypothèse 1 en 2005 en 2020 Hypothèse 2 en 2050 en 2005 en 2020 Hypothèse 3 en 2050 en 2005 en 2020 en 2050 Ain Khemaissia 368 61, 1 50, 0 28, 0 40, 7 33, 4 18, 6 30, 5 25, 0 14, 0 Bou Lahnech 652 108, 2 88, 7 49, 6 72, 2 59, 1 33, 0 54, 1 44, 3 24, 8 Bousaffa 14037 2330, 1 1909, 0 1066, 8 1553, 4 1272, 7 711, 2 1165, 1 954, 5 533, 4 Bouzguem 2635 437, 4 358, 4 200, 3 291, 6 238, 9 133, 5 218, 7 179, 2 100, 1 Djedliane 192 31, 9 26, 1 14, 6 21, 2 17, 4 9, 7 15, 9 13, 1 7, 3 Echrayaa 5262 873, 5 715, 6 399, 9 582, 3 477, 1 266, 6 436, 7 357, 8 200, 0 Eddachra 13 2, 2 1, 8 1, 0 1, 4 1, 2 0, 7 1, 1 0, 9 0, 5 El Bouajer 4 0, 7 0, 5 0, 3 0, 4 0, 4 0, 2 0, 3 0, 3 0, 2 El Ayoun 10 1, 7 1, 4 0, 8 1, 1 0, 9 0, 5 0, 8 0, 7 0, 4 El Garaa El Hamra 98 16, 3 13, 3 7, 4 10, 8 8, 9 5, 0 8, 1 6, 7 3, 7 El Gonna 2895 480, 6 393, 7 220, 0 320, 4 262, 5 146, 7 240, 3 196, 9 110, 0 El Hechim 7690 1276, 5 1045, 8 584, 4 851, 0 697, 2 389, 6 638, 3 522, 9 292, 2 El M’zirÔa 202 33, 5 27, 5 15, 4 22, 4 18, 3 10, 2 16, 8 13, 7 7, 7 Errakhmet 3770 625, 8 512, 7 286, 5 417, 2 341, 8 191, 0 312, 9 256, 4 143, 3 Esskhirat 8877 1473, 6 1207, 3 674, 7 982, 4 804, 8 449, 8 736, 8 603, 6 337, 3 Ettahamed 331 54, 9 45, 0 25, 2 36, 6 30, 0 16, 8 27, 5 22, 5 12, 6 Feriana 5313 882, 0 722, 6 403, 8 588, 0 481, 7 269, 2 441, 0 361, 3 201, 9 Foussana 1420 235, 7 193, 1 107, 9 157, 1 128, 7 71, 9 117, 9 96, 6 54, 0 Grouaa Ejjedra 9001 1494, 2 1224, 1 684, 1 996, 1 816, 1 456, 1 747, 1 612, 1 342, 0 Hassi El Ferid Nord 11912 1977, 4 1620, 0 905, 3 1318, 3 1080, 0 603, 5 988, 7 810, 0 452, 7 Hassi El Ferid Sud 23725 3938, 4 3226, 6 1803, 1 2625, 6 2151, 1 1202, 1 1969, 2 1613, 3 901, 6 Hidra 173 28, 7 23, 5 13, 1 19, 1 15, 7 8, 8 14, 4 11, 8 6, 6 Kasserine Nord 600 99, 6 81, 6 45, 6 66, 4 54, 4 30, 4 49, 8 40, 8 22, 8 Kasserine Sud 3226 535, 5 438, 7 245, 2 357, 0 292, 5 163, 5 267, 8 219, 4 122, 6 Lajred 3 0, 5 0, 4 0, 2 0, 3 0, 3 0, 2 0, 2 0, 2 0, 1 Majel Bel Abbes 6122 1016, 3 832, 6 465, 3 677, 5 555, 1 310, 2 508, 1 416, 3 232, 6 Om Ali 6472 1074, 4 880, 2 491, 9 716, 2 586, 8 327, 9 537, 2 440, 1 245, 9 Om Lagsab 18578 3083, 9 2526, 6 1411, 9 2056, 0 1684, 4 941, 3 1542, 0 1263, 3 706, 0 Ouled Mahfoudh 1123 186, 4 152, 7 85, 3 124, 3 101, 8 56, 9 93, 2 76, 4 42, 7 Sbiba 197 32, 7 26, 8 15, 0 21, 8 17, 9 10, 0 16, 4 13, 4 7, 5 Sbitla 4035 669, 8 548, 8 306, 7 446, 5 365, 8 204, 4 334, 9 274, 4 153, 3 Thala 558 92, 6 75, 9 42, 4 61, 8 50, 6 28, 3 46, 3 37, 9 21, 2 Thelebet 3289 546, 0 447, 3 250, 0 364, 0 298, 2 166, 6 273, 0 223, 7 125, 0 Tiouecha 449 74, 5 61, 1 34, 1 49, 7 40, 7 22, 7 37, 3 30, 5 17, 1 23776, 5 19479, 6 10885, 6 15851, 0 12986, 4 7257, 1 11888, 3 9739, 8 5442, 8 Besoins de la SNCPA (tonnes/an) 76337 76337 76337 76337 76337 76337 76337 76337 76337 % de couverture des besoins de la SNCPA 31, 1 25, 5 14, 3 20, 8 17, 0 9, 5 15, 6 12, 8 7, 1 Total (tonnes) Ce tableau montre que l’avenir de la SNCPA est préoccupant ainsi pour l’emploi provenant du secteur alfatier dans le gouvernorat de Kasserine. En effet dans les meilleurs des cas le taux de couverture des besoins annuels de la SNCPA ne dépasse pas les 40%. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 93 93 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 5.3. Taux de couverture des besoins de la sncpa par les récoltes projetées de feuilles d’alfa présumées en 2020 et 2050 dans le gouvernorat de Kasserine selon les trois hypothèses et selon le modèle HadCM3/scénarios a2 et b2 Selon les trois hypothèses indiquées, les taux de couverture des besoins de la SNCPA présumés réalisables en 2020 et 2050 dans le gouvernorat de Kasserine, par les récoltes d’alfa, selon HadCM3/scénarios A2 et B2, sont réunis dans le tableau récapitulatif ci-après. Tableau : Projection des récoltes globales de feuilles d’alfa en tonnes de l’ensemble du gouvernorat de Kasserine aux horizons 2020 et 2050 selon HadCM3/scénarios A2 et B2 Hypothèses ou scenarii 2003 (tonnes) 24 828 32 146 046 (ha) 16 552 22 12 414 16 9 931 Hypothèse (1) Hypothèse (2) Récoltes en tonnes et % de couverture des besoins de la SNCPA S. de l’alfa dans le gouvernorat de Kasserine Hypothèse (3) % de couverture % de couverture 2050 (tonnes) 19 862 26 11 099 14 13 242 17 7 400 10 13 5 550 7 2020 (tonnes) % de couverture Pour toutes les hypothèses, l’avenir de la production est préoccupant. Les baisses spectaculaires des récoltes alfatières vont compromettre sérieusement le ravitaillement de la SNCPA en feuilles d’alfa. Actuellement l’usine de la SNCPA, travaille à environ ¼ de sa capacité. Sachant que la SNCPA possède une capacité de transformation des feuilles d’alfa de 76337 tonnes par an. On signale également que la détérioration de la productivité de l’alfa a des répercussions sur plusieurs domaines : • socio-économique (ravitaillement de la SNCPA, balance commerciale de Tunisie, emploi, artisanat, parcours, migration de la population et conflits démographiques, ...) ; • environnementale (biodiversité, protection du substrat, richesse cynégétiques, ...) ; Pour faire face à ces problèmes complexes, accentués par le changement climatique, une analyse critique des stratégies et des pratiques d’aménagement et de gestion des nappes alfatières s’imposent ainsi que la nécessité de songer à des réflexions aboutissant à la proposition d’orientations et de mesures adéquates sont urgentes. 6. RÉSULTAT DE L’ANALYSE RÉTROSPECTIVE DES STRATÉGIES ET DES CAPACITÉS 6.1. Etudes antérieures 94 La pertinence des stratégies, des programmes, des projets et des pratiques d’aménagement et de gestion des nappes alfatières, réside dans l’efficacité des actions à entreprendre sur le terrain pour l’atténuation des effets directs et indirects face au changement climatique. En Tunisie et ailleurs, plusieurs études ont été élaborées dans ce sens. Vu l’aspect nouveau et la complexité du phénomène du CC, ces études sont restées globales, au niveau du diagnostic et au stade d’élaboration des méthodologies. Les études spécifiques sur les nappes alfatières sont relativement rares. Il importe de citer une étude prospective des nappes alfatières en Tunisie, qui a été réalisée par la DGF en 2004. Elle a analysé en détail les problèmes et des menaces qui pèsent sur le secteur alfatier dans sa globalité y compris les impacts probables du CC à l’horizon 2020. L’étude a débouché sur la proposition de 3 scénarios (tendanciel, souhaitable et de crise). Pour chaque scénario, l’auteur a proposé des réflexions fondées sur l’état végétatif des nappes alfatières en relation avec la pression des récolteurs de feuilles d’alfa. Il propose également l’importation de l’alfa algérien en vu de soulager les nappes alfatières tunisiennes en leur permettant une amélioration végétative. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 94 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 6.2. Gestion des nappes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine A côté des stratégies liées au changement climatique et particulièrement on incidence sur l’écosystème alfatier, il est utile de faire une analyse critique de la gestion antérieure des nappes alfatières. Il est évident qu’à travers la gestion qu’on peut aborder les actions d’atténuation des incidences du CC sur les nappes alfatières. 6.2.1. Contexte antérieur Pour faire face aux problèmes de la dégradation des nappes alfatières, l’administration tunisienne a entamé de bonnes initiatives, relativement précoces, ayant pour but de développer et de préserver le secteur alfatier. C’est ce genre de réforme qui pourra maîtriser les problèmes et les menaces qui entravent la préservation et le développement des nappes alfatières tout en tenant compte des aléas climatiques qui peuvent survenir. C’est dans les années 1970, qu’il y a eu création d’un arrondissement spécifique pour bien gérer les nappes alfatières. Suite à la création de l’arrondissement, 39 séries alfatières ont été aménagées dont 19 au sein du gouvernorat de Kasserine et réunissant 196 parcelles de surface totale de 170916 ha (surface aménagée). 6.2.2. Contexte actuel Après expiration de la durée des aménagements, les nappes alfatières sont laissées à leur sort (sans révision depuis). Actuellement, dans le gouvernorat de Kasserine, d’après l’INFP 2005, la superficie totale de l’alfa ne couvre que 146 046 ha. A côté de l’abandon des aménagements des nappes alfatières, il est à signaler que le manque de moyens humains et matériels contribue énormément à la détérioration des nappes alfatières. Cette dégradation est spectaculaire au niveau des pertes en surfaces et en productivités pastorales et en biomasses d’alfa. Les causes de la décadence du secteur alfatier sont en grande partie liées à la déficience dans la gestion (manque de moyens de suivi et de contrôle, disfonctionnements socioéconomiques, manque d’approches participatives intégrant tous les partenaires dans le secteur : gestionnaires, population locale, industriels, ... Ces constats et analyses montrent que la région de Kasserine a atteint le niveau ultime du déclin (dégradation irréversible des nappes alfatières, gestion déficitaire, effervescence sociale et pauvreté extrême, ...) aggravé par l’accélération du réchauffement climatique qui est devenu à nos jours une réalité confirmée par les scientifiques. A défaut de mesures drastiques pour atténuer les impacts du CC sur l’écosystème alfatier on peut s’attendre à des catastrophes socioéconomiques et environnementales insurmontables. D’où l’urgence pour la mise en œuvre de stratégies pour faire face au CC et prendre les mesures nécessaires rationnelles à fin de préserver les nappes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine. 6.2.3. Problèmes entravant la gestion rationnelle des nappes alfatières A l’issue des travaux antérieurs et des analyses réalisées le long de la présente étude, plusieurs déductions peuvent être retenues : - Le réchauffement climatique est une actualité confirmée. Son impact direct sur l’alfa se manifeste par l’augmentation de sa vulnérabilité au décapage et au déchaussement. Quant à l’influence indirecte, qui est la plus prépondérante, est la pression anthropozoïque à travers les défrichements et le surpâturage. -L’explosion démographique qui pèse sur les écosystèmes alfatiers, engendre une demande accrue de terres pour la mise en culture (défrichement des nappes déjà fragilisées par l’effet du réchauffement climatique). - Par manque de moyens humains et logistiques, et, à défaut d’une surveillance rigoureuse, la sous valorisation des prix attribués à l’alfa et ses dérivés, incite la population à défricher d’avantage les nappes alfatières pour leur mise en culture. -Le surpâturage excessif, en particulier durant les périodes de disettes, l’utilisation de l’alfa, déjà fragilisé par l’effet de la sécheresse, pour l’affouragement du bétail est une pratique devenue courante et elle a des répercussions désastreuses sur l’avenir de l’écosystème alfatier. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 95 95 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique - Actuellement la reconstitution des nappes alfatières en plein champ est une tâche difficile voire impossible: l’alfa est un fossile vivant, bien qu’il est rustique, toute touffe disparue, elle ne pourra en aucun cas d’être renouvelée (déficience de la recherche appliquée). -La tendance actuelle vers l’imposition de changer la période de récolte en été au lieu qu’elle soit en automne et en hiver, est une pratique pouvant contribuer à augmenter l’acuité des effets du changement climatique sur les touffes d’alfa. 7. PRINCIPALES ORITATIONS STRATEGIQUES ET MESURES RECOMMANDEES L’adaptation efficace des écosystèmes face au changement climatique doit intégrer systématiquement tous les domaines liés de loin ou de près à l’écosystème en question. 7.1. Orientations stratégiques 7.1.1. Orientations générales Avec une population rurale supérieure à 60%, Kasserine compte parmi les gouvernorats de Tunisie qui souffrent d’un taux de chômage chronique (20%) dû au manque de diversification du secteur économique (OSS 2009). Cette situation fait du gouvernorat de Kasserine l’une des régions les moins outillées pour combattre les impacts négatifs du changement climatique. En effet, il s’agit d’un gouvernorat où la pauvreté est assez exacerbée par le changement climatique. Le paysan se trouve poussé à s’orienter vers la surexploitation de l’alfa (défrichement, décapage pour l’affouragement, surpâturage, utilisation comme combustible, ...) ; On peut déduire que les principaux problèmes qui accentuent l’impact du changement climatique sur les nappes alfatières peuvent être compilés dans le développement socioéconomique et le degré de pauvreté des habitants. Il en résulte que, pour être efficace, les orientations stratégiques face au changement climatique doivent tenir compte des aspects socioéconomiques et du bien être social. 96 Dans ce sens plusieurs orientations peuvent être envisagées en touchant à divers domaines socioéconomiques : • L’encouragement de l’écotourisme, l’agritourisme, tourisme archéologique, tourisme pastoral et rationalisation de l’artisanat et du savoir faire local, pourront contribuer à améliorer le niveau de vie de la population rurale et la préservation de l’environnement y compris l’écosystème alfatier ; • En vu d’alléger la charge pastorale sur les nappes alfatières fragilisées par la sécheresse climatique et d’améliorer la rentabilité de la production animale, la conduite progressive de la stabulation entravée est à recommander ; • La valorisation et la manufacture, sur place, des ressources locales (marbres, ciments, papeterie, conserves agricoles, ...) constituent des créneaux prometteurs pour atténuer la pauvreté ; • La consolidation de l’artisanat et du savoir faire local (sparterie, sculpture, ...) peut contribuer au bien être des paysans et des artisans ; • Les techniques de l’économie de l’eau (goutte à goutte, ouvrages de CES, techniques culturales adéquates, choix des espèces et des spéculations convenables, ...) sont à encourager et à vulgariser. • Amélioration des infrastructures de base (voierie, moyens de communication, hôpitaux, universités, aérodrome, ...) est la condition nécessaire pour l’essor socioéconomique ; • La reconstitution des forêts naturelles est une nécessité à multiples intérêts. On cite particulièrement : - les forêts naturelles du gouvernorat de Kasserine constituent un réservoir des formations alfatières au niveau du sous bois - l’assistance de la reconstitution des forêts est bénéfique pour l’emploi de la main d’œuvre, la remontée biologique, la production ligneuse et divers produits forestiers non ligneux. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 96 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 7.1.2. Orientations spécifiques En vu d’améliorer la vigueur et de stimuler la circination des touffes d’alfa plusieurs stratégies sont à combiner pour faire face aux effets des sécheresses climatiques qui peuvent survenir : • Le respect d’une charge pastorale d’équilibre est recommandé ; • L’encouragement de la stabulation entravée est une stratégie favorable à l’amélioration de la vigueur des touffes et permet la reconstitution des nappes alfatières à long terme à travers la circination de l’alfa (intensification de l’élevage) ; • Du point de vu administratif la consolidation de l’arrondissement alfatier par des moyens humains (techniciens, gardiens, ...) et logistiques ; • Devant la menace du changement climatique, il faut se hâter à aménager les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine : la vitesse des pertes en surfaces et en productivités primaires, risquent la disparition de la ressource d’une façon irréversible ; • Sensibiliser les jeunes et le grand public aux problèmes qui peuvent survenir des effets du changement climatique (suivi et conduites des actions appropriées par des écoliers et des écoles primaires avec une rémunération d’encouragement symbolique, augmenter les séances de sensibilisation sur les impacts du changement climatique sur l’écosystème alfatier, ...) ; • Encouragement et ciblage des programmes de recherches appliquées quitte à instaurer des contrats-programmes pour accomplir les recherches appliquées nécessaires pour assurer la régénération alfatière ; 7.2. Mesures à entreprendre Les mesures d’atténuation des impacts du changement climatique sur les nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine doivent être nécessairement réalisées à travers des aménagements durables, intégrés et participatifs. En effet, ce type d’aménagement permet la valorisation rationnelle des ressources d’une façon durable et également la responsabilisation de tous les partenaires liés à la gestion des nappes alfatières (population, administration, gestionnaires, ONGs, industriels, artisans, communautés scientifiques, etc.). A ce propos il convient de mentionner que le gardiennage et le respect des plannings des rotations de récoltes dans les parcelles des séries alfatières, ainsi que l’application d’une charge pastorale rationnelle, constituent la clef de voûte de toute gestion sérieuse. Pour plus d’efficacité, il est important de souligner la nécessité d’un recrutement de gardiens même en surnombre (sacrifice nécessaire). Ce gardiennage doit être accompli selon un cahier de charge signé par les gardiens. Il s’agit d’un type de « contrat-programme » qui précise la cartographie exacte des nappes alfatières. Ce contrat signé doit responsabiliser les gardiens sur les pertes en surfaces qui doivent être contrôlées annuellement par un suivi rigoureux. Les rotations de récoltes doivent tenir compte de l’état de dégradation des nappes alfatières et des conjonctures climatiques. A l’issue de cette étude, toutes les orientations stratégiques ont tourné autour de l’aménagement durable intégré et participatif des nappes alfatières. On peut proposer que la série alfatière doit être assimilée à l’unité de gestion qui est la CRA (retenu comme unité de base). Toute CRA contenant une superficie supérieure à 1000 ha d’alfa fera l’objet d’une série entière. Le reste des nappes alfatières sera géré dans des suites de parcelles appartenant à des séries spécifiques pouvant chevaucher sur plusieurs CRAs voisines. Chaque série sera divisée en parcelles plus ou moins homogènes constituant les unités d’exploitation de l’alfa selon une rotation de durée variable selon l’état des nappes alfatières. Cette proposition reste à titre indicatif : l’aménagement proprement dit devra être fondé sur des analyses diagnostics précises sur le terrain. Le tableau ci-après réunit les surfaces d’alfa du gouvernorat de Kasserine par CRA avec les N° d’ordre indicatifs des séries alfatières. 97 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 97 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique Tableau : Superficies des séries alfatières projetées CRA S. (ha) N° Série CRA S. (ha) N° Série Ain Khemaissia 368 Suite de parcelles Foussana 1420 9ème Bou Lahnech 652 Suite de parcelles Grouaa Ejjedra 9001 10ème Bousaffa 14037 1ère Hassi El Ferid Nord 11912 11ème Bouzguem 2635 2 Hassi El Ferid Sud 23725 12ème Djedliane 192 Suite de parcelles Hidra 173 Suite de parcelles Echrayaa 5262 3ème Kasserine Nord 600 Suite de parcelles Eddachra 13 Petite parcelle Kasserine Sud 3226 13ème El Bouajer 4 Petite parcelle Lajred 3 Petite parcelle El Ayoun 10 Petite parcelle Majel Bel Abbes 6122 14ème El Garaa El Hamra 98 Suite de parcelles Om Ali 6472 15ème El Gonna 2895 4ème Om Lagsab 18578 16ème El Hechim 7690 5ème Ouled Mahfoudh 1123 17ème El M’zirÔa 202 Suite de parcelles Sbiba 197 Suite de parcelles Errakhmet 3770 6ème Sbitla 4035 18ème Esskhirat 8877 7ème Thala 558 Suite de parcelles Ettahamed 331 Suite de parcelles Thelebet 3289 19ème Feriana 5313 8ème Tiouecha 449 Suite de parcelles ème De ce tableau découle qu’on peut envisager 19 séries alfatières, chacune de surface supérieure à 1000 ha. Les CRAs où la surface de l’alfa est inférieure à 1000 ha sont au nombre de 15 totalisant 3850 ha. Ces nappes fragmentaires peuvent être annexées aux alfas forestiers et pré-forestiers ou bien dans des séries spécifiques supplémentaires. Elles peuvent être associées aux nappes du sous-bois des forêts de pin d’Alep et de genévriers (131000 ha véritables réservoirs et refuges pour l’alfa). Ces nappes alfatières qui n’ont pas été comptabilisées par l’INFP de 2005, peuvent participer à l’augmentation des récoltes d’alfa pour la SNCPA. A raison d’une productivité annuelle de 0, 34 tonnes/ha et selon une rotation bisannuelle, les 19 séries alfatières du gouvernorat de Kasserine peuvent rapporter une production annuelle de 23 695 tonnes/an soit près de 1/3 de la capacité de l’usine de la SNCPA. Le déficit pourra être comblé par l’apport des autres gouvernorats alfatiers et l’importation de l’alfa algérien. A long et à moyen terme, l’aménagement durable, participatif et intégré des nappes alfatières du gouvernorat de Kasserine qui vise en particuliers l’amélioration végétative des touffes d’alfa et la reconstitution des nappes d’alfa par l’intermédiaire de la circination, pourra aboutir à une amélioration notable de leur productivité. 98 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 98 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique 8. CONCLUSIONS A l’issue de cette étude plusieurs conclusions ont été déduites : • Le gouvernorat de Kasserine est la plus alfatière de toute la Tunisie. Sa participation nationale dans le ravitaillement de la SNCPA s’élève à 80%. Bien que la zone a de très bonnes aptitudes alfatières, sous l’effet des divers agents de dégradation aggravés par les sécheresses climatiques, la quasi majorités des nappes alfatières ont été démontrées « extrêmement à très vulnérables ». La situation de l’écosystème alfatier parait être en danger, nécessitant des interventions urgentes. • Le réchauffement climatique est une réalité confirmée, mais son influence sur le devenir des nappes alfatières n’est pas directe. Son effet constitue un effet aggravant rendant l’alfa plus fragile aux agents de dégradation notamment la pression anthropozoïque. • Vu le tempérament de l’alfa, la cause de la détérioration des nappes alfatières paraît être liées à l’action anthropique intensifiée par l’effet des sécheresses climatiques. • Compte tenu de la biologie de l’alfa, des déficiences de la maîtrise de sa régénération en plein champ, le peu d’intérêt accordé à la ressource, le manque de moyens humains et matériel, l’absence d’aménagement, ... les pertes en surfaces des nappes alfatières sont jugées irréversibles -situation précaire- incitant tout le monde à penser à la sauvegarde de ce qui reste de ce patrimoine avant qu’il ne soit pas trop tard. • La détérioration du secteur alfatier et de sa productivité a des répercussions sur plusieurs domaines : - socio-économique (ravitaillement de la SNCPA, emploi, artisanat, parcours, migration et conflits démographiques, ...) ; - environnementale (biodiversité, protection du substrat, richesse cynégétiques, ...). Il est à noter que devant les pertes spectaculaires irréversibles en surfaces des nappes alfatières dans le gouvernorat de Kasserine, les baisses énormes des récoltes d’alfa, l’avenir de la SNCPA est très préoccupant. En plus des répercussions désastreuses sur la balance commerciale de Tunisie et sur l’emploi dans la région. Malgré les stratégies et les bonnes initiatives entreprises par les autorités tunisiennes en matière de gestion à travers l’aménagement de 19 séries alfatières et la création d’un arrondissement spécifique pour l’alfa, le secteur alfatier a été énormément négligé. Cette négligence se manifeste par : • l’abandon des aménagements des nappes alfatières et de leurs renouvellements ; • aucune révision n’a été accomplie après expiration de la durée d’aménagement et les séries alfatières sont laissées à leur sort ; • le manque flagrant de moyens humains et matériel pour le suivi et la sauvegarde des nappes alfatières ; Pour faire face à ces problèmes complexes, il est plus rationnel d’apporter des mesures reposant sur la consolidation de l’arrondissent alfatier et de l’aménagement des 19 séries alfatières proposées (cf. § 7.2.). Également, la révision des prix de l’alfa et de ses dérivés constitue un élément déterminant pour une valorisation juste. L’aménagement alfatier doit être intégré et participatif avec des contrats-programmes signés par l’ensemble des partenaires (gestionnaires, population locale, industriels, artisans,et société civile.) ; GIZ-BROCHURE+CCC.indd 99 99 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème alfatier face au changement climatique A côté des mesures liées à la gestion, pour faire face aux effets du changement climatique sur le devenir des nappes alfatières, sur l’avenir de la population humaine et de la SNCPA, on doit consolider les actions adaptées aux sécheresses climatiques qui peuvent survenir (usages d’espèces rentables et xérophiles, économie de l’eau, travaux de CES, utilisation des spéculations adaptées, réhabilitation et reconstitution des écosystèmes forestiers et pré-forestiers endommagés, ...). Pour que les mesures soient efficaces, les décideurs doivent avoir une vision globale des problèmes. Ils doivent avoir toujours dans l’esprit la présence du devoir du combat pour l’extirpation de la pauvreté, pour l’assurance du bien être social. Également une politique visant des réformes structurelles est nécessaire. Ces réformes toucheront en particuliers l’éducation, la recherche scientifique et appliquée, la participation du citoyen dans la prise de décision. Ce sont les meilleurs garants de toutes mesures rationnelles. Ces mesures et réformes permettront de s’adapter aux circonstances liées au changement climatique qui peuvent survenir et d’apporter les solutions rationnelles nécessaires. 100 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 100 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique dans le Gouvernorat de Médenine avec l’appui de la GIZ-BROCHURE+CCC.indd 101 Ministère de l’Agriculture et de l’environnement 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Sommaire 1. Introduction 105 2. Description de l’approche méthodologique 2.1. Choix et description générale du modèle 2.2. Approche méthodologique globale 2.2.1.Les bases de données utilisées 2.2.2. Simulation 2.2.3. Restitutions des résultats 2.2.4.Evaluation économique des biens et des services 106 106 107 107 108 108 109 3. Potentialités pastorales actuelles 3.1. Répartition et production des écosystèmes pastoraux 3.1.1. Les parcours à base de Rosmarinus officinalis 3.1.2. Parcours à base de Stipa tenacissima 3.1.3. Parcours à base d'Artemisia herba-alba 3.1.4. Parcours à base d’Haloxylon schmittianum (Beguel) 109 109 3.1.5. Parcours à base d'Anthyllis henoniana (Ghizdir) 3.1.6. Parcours à base de Rhanterium suaveolens (Arfej) 3.1.7. Parcours à base de gypsophytes 3.1.8. Parcours à base d'halophytes 3.1.9. Parcours à base de psammophytes 3.2.Facteurs influençant l’état des écosystèmes pastoraux 3.2.1. Facteurs biophysiques 3.2.1.1. Ressources en sol 3.2.1.2. Les associations végétales 3.2.2. Facteurs socioéconomiques 3.2.2.1. Mode d’exploitation des parcours 3.2.2.2. Excès de la charge pastorale 3.2.3. Facteurs climatiques 3.2.3.1. Précipitations 3.2.3.2. Température 3.2.3.3. Vent 3.2.3.4. Variabilité et changement climatique 3.2.3.4.1. Pluviométrie 3.2.3.4.2. Température 110 110 111 111 111 112 112 112 113 113 113 113 114 115 115 116 116 116 116 117 117 117 118 102 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 102 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 4. Evaluation de la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux face au changement climatique aux horizons 2020 et 2050 4.1. Les formations végétales peu vulnérables au changement climatique 4.1.1. Formation à base d’Haloxylon schmittianum 4.1.2. Formation à base d’halophytes 4.2. Les écosystèmes pastoraux moyennement vulnérables au changement climatique 4.2.1. Parcours à base de Rhanterium suaveolens 4.2.2. Formation à base de psammophytes 4.3. Les écosystèmes pastoraux les plus vulnérables au changement climatique 4.3.1. Formation à base de Stipa tenacissima 4.3.2. Formation à base de Rosmarinus officinalis 4.3.3. Formation à base d’Artemisia herba alba 4.3.4. Formation à base d’Anthyllis henoniana 4.3.5. Formation à base de gypsophytes 118 122 122 122 123 123 123 124 124 124 124 125 125 5. 126 Analyse de la valeur économique des différents biens et services de l’écosystème 5.1. Identification et typologie des biens et services rendus par l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine 5.2. Evaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine 5.3. Evaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine 126 127 129 6. Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au changement climatique 131 6.1. Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au changement climatique 131 6.1.1. Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au changement climatique 131 6.1.1.1. Parcours améliorés par plantation d’arbustes fourragers 131 6.1.1.2. Les mises en repos/défens (Gdel) 132 6.1.2. Le Programme de Développement Rural Intégré (PDRI) 132 6.1.3. Le Projet de Gestion des Ressources naturelles (PGRN) 133 6.1.4. Autres mesures accompagnatrices 133 6.1.5. Mesures ponctuelles de gestion de la sécheresse 134 6.1.6. Modalités actuelles d’exploitation et de gestion des parcours 135 6.2. Analyse de la capacité institutionnelle de l’administration face au changement climatique 135 6.2.1. Cas de l’Office de l’Elevage et des Pâturages (OEP) 135 6.2.2. Cas de l’Arrondissement des Forêts (AF) 136 103 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 103 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 7. Orientations stratégiques et mesures d’adaptation pour augmenter la résilience de l’écosystème face au changement climatique 138 7.1. Proposition d’orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des stratégies, des programmes et projets d’aménagement et de gestion des écosystèmes 138 7.1.1. Sur le plan politique : Création d’une unité spécifique à la stratégie d’adaptation 138 7.1.2. Sur le plan social et institutionnel 138 7.1.3. Sur le plan recherche scientifique 139 7.1.4.Sur le plan technique 139 7.2. Proposition de mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème face au changement climatique 140 7.2.1. Actions de développement 140 7.2.1.1. Mise en repos 140 7.2.1.2. Plantations d’arbustes fourragers autochtones 142 7.2.1.3. Resemis 142 7.2.1.4. Mesures d’accompagnement 143 7.2.1.5. Mobilité des troupeaux et pâturage différé 143 7.2.2. Appui institutionnel et modalités de gestion 143 7.2.2.1.Le renforcement des capacités du CRDA de Médenine et la création d’une Unité spécifique d’adaptation au changement climatique 143 7.2.2.2.Groupements de Développement Agricole (GDA) 144 7.2.2.3. Les conseils de gestion 144 7.2.2.4. Modalités pratiques pour l’exécution des différentes composantes de la stratégie 145 7.2.3. Développement des compétences et formation 146 7.2.3.1. Formation du personnel technique du CRDA (Unité chargée de la mise en œuvre de la stratégie) 146 7.2.3.2. Formation des membres et du personnel des GDAs 146 7.2.4. Recherche scientifique 146 8. Conclusions 104 147 Remerciements : L’équipe chargée de la réalisation de cette étude tiennent à remercier vivement: - le Professeur Houcine Khatteli, DG de l’IRA pour son appui et ses encouragements et pour l’intérêt particulier qui a accordé à cette étude. - Mr Ammar Zerrim, technicien en télédétection et SIG à l’IRA pour sa contribution active dans la modélisation Maxent et la production des différentes cartes ; - les différents services du CRDA de Médenine et la direction régionale de l’OEP à Médenine pour leur appui, leurs commentaires constructifs lors des ateliers d’information et pour toutes les informations qui ont mis à la disposition de l’équipe pour mener à bien ce travail ; - toute l’équipe du projet « Appui à la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur le Changement Climatique » CCC/GIZ qui a invité les membres de l’équipe à toutes les manifestations et les ateliers de formation et d’information se rapportant à l’adaptation au changement climatique, ainsi que leurs critiques et commentaires constructifs lors des différentes phases de la présente étude. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 104 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Introduction L es parcours du gouvernorat de Médenine sont, plus ou moins, marqués par l’ampleur de l’impact des diverses activités humaines. Il s’agit surtout du surpâturage et de l’extension des cultures pluviales qui dénudent le sol pendant les périodes sèches et accélèrent ainsi son érosion. La sécheresse climatique, qui a marqué le début de ce siècle (1999-2003), a fortement perturbé l’équilibre des écosystèmes de cette région. Les effets d'une période de sécheresse dépendent essentiellement de sa durée se mesurant souvent en nombre d’années sèches consécutives. Les connaissances relatives à la prédictibilité, l'intensité et les effets de telles successions d’années sèches demeurent insuffisantes. Les impacts d’une sécheresse climatique sont d’autant plus néfastes que les écosystèmes sont plus fragilisés par les perturbations anthropiques. Les parcours du gouvernorat de Médenine sont plus ou moins dégradés sous l'effet de différents stress et perturbations. Les conséquences de cette dégradation sont assez visibles non seulement sur le couvert végétal naturel mais aussi sur le milieu physique. Il est parfois difficile de faire la part des différents facteurs qui sont à l'origine de la dégradation quantitative et qualitative de la couverture végétale et dont les effets se conjuguent ce qui amplifie davantage leur pouvoir dégradant. La situation serait elle plus grave quant à l'avenir de l'élevage extensif, qui marquait l'économie de la région depuis plusieurs siècles, particulièrement à la lumière du changement climatique où les prévisions montrent des sécheresses plus fréquentes, une augmentation des températures plus nettes et une variabilité saisonnière plus importante. Compte tenu de l’état de dégradation atteint par certains écosystèmes et de la sécheresse qualifiée comme ‘sans précédent’ qui a sévi en Tunisie méridionale au cours des années 1999 à 2003, la projection des températures et des précipitations sur la Tunisie et particulièrement sur le gouvernorat de Médenine, est très alarmante pour la résilience des écosystèmes tunisiens. Les conséquences iront de la dégradation des sols à un déclin des produits traditionnels en passant par un appauvrissement des services écologiques, par exemple la protection des ressources en eau et des sols. L’étude et l’analyse de la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine deviennent par conséquent une nécessité en vue de développer des stratégies d’adaptation au changement climatique. Une telle adaptation doit se concentrer sur la construction et le renforcement de la résilience des écosystèmes. La présente étude s’intègre dans le cadre du projet CCC/GIZ qui a pour mission d’appuyer la Tunisie pour la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC) aussi bien au niveau national que régional. La première étape a consisté en l’élaboration de la stratégie nationale d'adaptation du secteur agricole au CC. Les étapes suivantes appréhendent carrément la mise en œuvre de la convention via le passage à des niveaux plus approfondis et plus détaillés par l'élaboration des plans/stratégies régionaux (au niveau des gouvernorats) permettant le développement des mesures d'adaptation. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 105 105 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Dans le cadre de sa tache d’appui à l’élaboration et à la mise en œuvre des stratégies sectorielles, la GIZ lance trois études simultanées se rapportant à l’analyse de la vulnérabilité des écosystèmes face au changement climatique. Si la première et la deuxième études concernent la subéraie (Nord du pays) et les nappes alfatières (Tunisie centrale), la présente étude concerne les écosystèmes pastoraux, un archétype de grande importance dans le sud de la Tunisie et particulièrement dans le Gouvernorat de Médenine en vue de fournir une base solide d'information sur les stimulus du climat, impacts climatiques, les vulnérabilités, et les options de réponse (adaptation) permettant de répondre aux besoins des groupes cibles (décideurs, institutions, ONGs). Elle vise, par conséquent, l’analyse de la vulnérabilité de ces écosystèmes face au changement climatique et ce en vue d’identifier les écosystèmes les plus vulnérables et d’identifier des mesures adéquates d’adaptation permettant de mettre en œuvre des projets concrets de préservation de la biodiversité et de la productivité des écosystèmes. L'étude est conduite en une deux phases qui comportent quatre étapes complémentaires: - la première étape est consacrée à la capitalisation et l'analyse des données disponibles se rapportant aux caractéristiques biophysiques et socioéconomiques, à l’analyse de l’état actuel des écosystèmes pastoraux et à l’identification et l’évaluation de la valeur économique des différents biens et services des écosystèmes pastoraux ; - la deuxième étape est consacrée à la mise en œuvre de l'approche méthodologique proprement dite. Cette approche est basée sur la modélisation des niches écologiques moyennant (Modèle Maxent: «Maximum Entropy Modeling of Species Geographic Distributions») combinée avec des analyses des perturbations anthropiques moyen SIG. Les différentes couches (physiques et socioéconomiques) de la carte agricole (CA) du gouvernorat de Médenine et de l’inventaire national pastoral et forestier et de l’Atlas de Médenine servent comme outils de cette analyse ; - la troisième étape consistera en une analyse des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et de gestion des parcours en rapport avec les risques liés au changement climatique ; - une fois les outputs de la modélisation identifiés, la quatrième étape sera consacrée au développement des propositions des orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des programmes et projets pour l’aménagement et la gestion des parcours et identifier des mesures d’adaptation pour augmenter la résilience de chaque unité pastorale face au changement climatique. La réalisation de ces différentes étapes est couronnée par l'organisation des ateliers de concertation et de restitution/validation des résultats de l'étude avec les acteurs et partenaires concernés par cet archétype à savoir l’Institut des Régions Arides, le CRDA de Médenine, l’OEP, l’URAP, des GDA en plus de la GIZ. 2. Description de l’approche méthodologique 2.1. Choix et description générale du modèle 106 La méthodologie adoptée fait intervenir l’utilisation des couches thématiques (climatiques et environnementales) vectorielles et raster fournies par différentes sources (INFP, Cartes agricoles, www.wordclim.org et www.gisweb. ciat.cgiar.org). La modélisation est réalisée avec les logiciels ARC-GIS et MAXENT. Le premier logiciel est nécessaire aussi bien en amont de la modélisation (préparation des couches et conversion des extensions) qu’en aval pour la conversion (ascii en raster et vecteur), la classification et la valorisation des résultats. Quant au logiciel MAXENT (méthode d'entropie maximale pour la modélisation des distributions géographiques des espèces/écosystèmes), le choix a été dicté par les performations de ce modèle dans l’évaluation et la simulation de la répartition géographique des espèces/écosystèmes tout en se basant sur la notion de la niche écologique (besoins environnementaux de l’existence d’une telle espèce). Ce modèle permet de produire une carte de répartition de l’espèce/écosystème avec différentes classes de probabilités. Celles-ci reflètent en d’autres termes les classes de sensibilité de l’espèce/ écosystème face aux variations pouvant toucher les paramètres environnementaux (exigences écologiques de l’es- GIZ-BROCHURE+CCC.indd 106 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique pèce). Pour aboutir aux classes de vulnérabilité, une couche vectorielle socioéconomique représentée par une carte de répartition des coefficients de surpâturage, a été croisée aux cartes de sensibilité issues de la modélisation des variables environnementales ou biophysiques. 2.2. Approche méthodologique globale Le schéma global de l'approche méthodologique permettant d’évaluer la vulnérabilité des formations végétales au changement climatique, est présenté dans la figure 1. Scénarios CC 2020-2050 INFP (2005) Carte actielle des formations végétales Socioéconomique Carte de sensibilité au CC (2005, 2020, 2050) Paramètres climatiques (actuels) Réponses, Impacts, Stratégies, d'adaptation World Clim Cartes de vulnérabilité Altitude Modélisation Maxent Carte agricole - Profondeur - Texture - Salinité Biophysique Charge animale réelle Coefficients de surpâturage Capaciré de charge Figure 1. Schéma général décrivant les différentes phases de l’approche méthodologique globale adoptée dans l’étude de la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine au changement climatique. 2.2.1. Les bases de données utilisées Inventaire national forestier et pastoral : La carte des formations végétales du gouvernorat de Médenine a été extraite à partir de cet inventaire (MARHP, 2005). La carte agricole : A partir de la carte agricole du gouvernorat de Médenine (MARH, 2002), nous avons utilisé la couche des sols (profondeur, texture et salinité). Données bioclimatiques : Des 19 variables bioclimatiques disponibles, le choix a été fait sur les 8 les plus pertinents pour notre cas d'étude à savoir: GIZ-BROCHURE+CCC.indd 107 107 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Température Pluviométrie - BIO1: Température moyenne annuelle (°C), - BIO12: Précipitation annuelle (mm) - BIO4: Température saisonnière (Ecart type, %), - BIO13:Précipitation du mois le plus pluvieux (mm), - BIO5: Température maximale du mois le plus chaud (°C), - BIO14: Précipitation du mois le plus sec (mm), - BIO6: Température minimale du mois le plus froid (°C), - BIO15: Précipitation saisonnière (Coefficient de variation, mm) Le climat actuel du gouvernorat de Médenine a été décrit en utilisant les 8 variables climatiques de Bioclim susindiquées, tirées des strates du climat mondial de la base de données WORLDCLIM. Cette base de données a également fourni des informations sur l’aire altitudinale de la répartition des écosystèmes de la région. Les données (Format ESRI Grid, 2.5 Arc minute) et l'altitude ont été téléchargées à partir du site Worldclim http://worldclim.org/current Les projections climatiques ont été réalisées pour les années 2020 et 2050 à l’aide de la moyenne des prédictions relatives au modèle de circulation globale largement utilisé (HADCM3), dans le cadre du scénario A2 d’émissions de CO2 le plus pessimiste. Les données (format Grid, 2.5 min de résolution) ont été téléchargées à partir du site: http://gisweb.ciat.cgiar.org/GCMPage/download_b2.html Pour la variable socioéconomique ; le coefficient de surpâturage est défini comme étant : S (%) = 1-Ce/Cr (avec Ce : Charge d’équilibre et Cr : Charge animale réelle) La charge d’équilibre ou capacité de charge a été estimée à partir des potentialités pastorales actuelles alors que la charge réelle a été calculée à partir des effectifs des animaux répartis dans les délégations (CRDA Médenine, 2010). 2.2.2. Simulation La simulation nécessite tout d’abord de préparer les différentes couches suivantes : - la carte de répartition actuelle de chaque espèce/écosystème et qui sera convertie en fichier *.csv ; - les cartes thématiques climatiques (les 8 variables de la situation actuelles et celles des années 2020 et 2050) et leur conversion du type raster en fichiers ascii ; - les cartes biophysiques (profondeur, texture et salinité des sols, altitude) et leur conversion du type vecteur en fichiers ascii. Une fois toutes les couches sont prêtes, le modèle est lancé pour effectuer les corrélations. 2.2.3. Restitutions des résultats Pour chaque formation, les classes de sensibilité suivantes ont été adoptées: Probabilité Classe Classe <0.25 1 Peu sensible 0.25-0.5 2 Moyennement sensible 0.5-0.75 3 Sensible >0.75 4 Très sensible Les classes de vulnérabilité (non vulnérable, peu vulnérable, vulnérable, très vulnérable) ont été obtenues après croisement des couches de sensibilité avec la couche des coefficients de surpâturage renfermant à son tour 3 classes (légèrement surpâturée, surpâturée et très surpâturée). Il est à signaler que seuls les données climatiques qui ont été projetées aux horizons de 2020 et 2050. La pression animale a été supposée comme constante. 108 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 108 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 2.2.4. Evaluation économique des biens et des services Conformément aux objectifs de l’étude, l’évaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral est déclinée en trois étapes principales : i. 1ère étape : identification des biens et services de l’écosystème pastoral : il s’agit d’analyser et d’identifier de façon qualitative les différents biens et services de l’écosystème pastoral (listes des services éco-systémiques); ii. 2ème étape : évaluation économique de l’écosystème pastoral : il s’agit d’analyser et d’identifier de façon quantitative les valeurs économiques des différents services de l’écosystème pastoral et de présenter des directives pour une meilleure évaluation de la valeur économique totale de l’écosystème. iii.3ème étape : évaluation de la valeur économique perdue des différents biens et services de l’écosystème pastoral sous l’effet du CC : le travail consiste à évaluer la valeur économique perdue des différents biens et services de l’écosystème sous l’effet du CC et ce en se basant sur l’évaluation de la vulnérabilité de l’écosystème face au CC aux horizons 2030 et 2050. L’évaluation économique a été basée sur l’application de l’approche TEEB « les services rendus par les écosystèmes sont les bienfaits que les gens retirent des écosystèmes. En voici quelques exemples: denrées alimentaires, eau douce, bois, régulation du climat, protection contre les risques naturels, contrôle de l’érosion, ingrédients pharmaceutiques et loisirs » (CE, 2008). L’approche TEEB (Economics of Ecosystems and Biodiversity) ou Economie des écosystèmes et de la biodiversité (EEB), a été développée dans le cadre de l’initiative internationale qui a engagé depuis 20071 suite aux idées développées dans l’Evaluation des Ecosystèmes pour le Millénaire (EEM). Afin de procéder à l’évaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine, il a été fait recours à diverses méthodes qui ont été identifiées en fonction de la disponibilité des données et de la nature du service en question. Ainsi, les principales méthodes utilisées sont inhérentes aux prix de marché pour les biens et services marchands, la méthode de coût de déplacement, la méthode des dépenses de protection, la méthode basée sur les coûts et la méthode d’évaluation contingente. 3. Potentialités pastorales actuelles (étape 1) 3.1. Répartition et production des écosystèmes pastoraux La superficie exacte des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine varie d’une source à l’autre (IFPN, Carte agricole, Atlas de Médenine, …). S’agissant d’une étude se rapportant exclusivement aux parcours, il a été convenu en commun accord entre les différents partenaires impliqués dans ce secteur (Laboratoire d’Ecologie Pastorale de l’IRA, les services du CRDA, l’OEP, l’URAP et les experts de la GIZ), d’adopter les résultats de l’inventaire forestier et pastoral national (IFPN) réalisé conjointement par la Direction Générale des Forêts (DGF) et le Centre National de la Télédétection (CNT) qui est d’ailleurs le plus récent (2005, non encore publié). Cet inventaire n’a concerné qu’une superficie de 407535 ha des parcours du gouvernorat de Médenine qui couvrent d’après d’autres sources (MEDD et PNUD, 2006) une superficie totale de 626815 ha. La carte des unités pastorales du gouvernorat a permis d’identifier neuf (9) grands types de parcours si on exclut les formations ripicoles qui sont très peu représentées, avec seulement 250 ha (tableau 1). La nomination de chaque type, est dans la plupart des cas, basée sur l'espèce la plus abondante dans l'unité d'échantillonnage ou sur le groupe d'espèces caractérisant un milieu édaphique spécifique. 1 À la suite d’une discussion qui s’est tenue lors de la rencontre des ministres de l’environnement du G8+5, organisée à Potsdam en mai 2007 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 109 109 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Tableau 1. Superficies (ha) des principaux types de parcours du gouvernorat de Médenine et variation de leurs productions pastorales en fonction de la pluviométrie. Parcours à base de: Superficie Année normale Année sèche Année humide ha % UF/ha Total UF UF/ha Total UF UF/ha Total UF Haloxylon schmittianum 41242,76 10,12 40 1649710, 6 15 618641,477 65 2680779,73 Rhantherium suaveolens 63203,63 15,51 70 4424254, 6 30 1896109,14 110 6952400,17 Gypsophytes 31548,13 7,74 25 789070,07 10 315628,03 40 1262512,12 Halophytes 85976,94 21,10 60 5158616,9 50 4298847,42 70 6018386,38 Psammophytes 87983,90 21,59 45 3959275,8 25 2199597,66 65 5718953,9 247,2 0,06 105 25953,448 60 14830,542 150 37076,355 Stipa tenacissima 18759,83 4,60 55 1031790,7 40 750393,28 70 1313188,24 Rosmarinus officinalis 2540,18 0,62 125 317522,86 100 254018,29 150 381027,435 Anthyllis henoniana 61644,44 15,13 45 2774000 20 1232888,99 70 4315111,47 Artemisia herba alba 14387,65 3,53 60 863259,5 30 431629,74 90 1294889,22 Total 407534,7 100 Formations ripicoles 20993455 12012584,5 29974325 D’après le tableau 1, les parcours à base de psammophytes (Stipagrostis pungens et/ou Retama raetam) et d’halphytes sont les plus représentées dans le gouvernorat de Médenine et couvrent ensemble plus de 43% de la superficie pastorale. Les parcours à base de Rhanterium suaveolens qui couvraient autrefois, toute la Jeffara et une partie d’El-Ouara, sont devenus de mois en mois représentés (seulement 15%) en raison de la pression de l’emprise agricole continue. Les parcours de montagne représentés essentiellement par El-Gueddim (Stipa tenacissima) et à moindre degré de Chih (Artemisia herba alba) et Klil (Rosmarinus officinalis) sont les moins représentés en raison de limite de leur répartition éco-géographique. Les parcours à base de Beguel (Haloxylon schmittianum) et de Ghezdir (Anthyllis henoniana) qui marquent la physionomie des grands espaces pastoraux collectifs du Dhahar et El Ouara, sont moyennement représentés (10 et 15% respectivement). La production pastorale varie d'un type de parcours à l'autre du simple au double et ce en fonction de la pluviosité de l'année. Ces parcours fournissent, en année à pluviométrie moyenne (120 à 140 mm), une production fourragère dépassant 20 millions d'UF (tableau 1). 3.1.1. Les parcours à base de Rosmarinus officinalis Appelés encore groupements de dégradation de la forêt claire de Juniperus phoenicea, il s'agit de garrigues, résultant de dégradation suite à des coupes, des incendies ou du surpâturage de formations forestières à base de génevrier rouge. Ces groupements sont cantonnés dans les jbels de Béni Khédache et occupent des étendues restreintes (2540 ha, soit 0.62% de la superficie pastorale du gouvernorat). Avec un taux de recouvrement allant de 25 à 50%, le cortège floristique de ces parcours est représenté essentiellement par: Rosmarinus officinalis, Helianthemum hirtum, Stipa tenacissima, Globularia alypum, Thymus hirtus, Periploca laevigata, Ballota hirsuta, Rhus tripartitum, Pituranthos scoparius, Ruta chalepensis, Ferula tunetana, Phagnalon rupestre, Genista monocephala. La contribution globale à l’offre fourragère est de l’ordre de 317522 UF en année moyenne et de 254018 et 381027 UF en année sèche et humide respectivement. 110 L'intérêt médicinal et aromatique de la plupart des espèces de ce type de parcours constitue parfois le plus important service rendu par cet écosystème. En terme de biodiversité végétale, cet écosystème se caractérise par la présence d'un certain nombre d'espèces endémiques comme Rosmarinus officinalis var. troglodytorum et Genista monocephala. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 110 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 3.1.2. Parcours à base de Stipa tenacissima Les parcours à base de Stipa tenacissima couvrent environ 18897 ha (près de 5% de la surface totale pastorale du gouvernorat. Ils se rencontrent dans les reliefs (montagne) de Béni Khédache. Dans la région des Dahars, ce type de parcours colonise les montagnes, glacis, plateaux et oueds. Ils sont très faiblement représentés dans la région de Jeffara-Ouara. Le recouvrement total de la végétation varie de 22 à 54%. La composition floristique de ce type de parcours est la suivante : Stipa tenacissima ; Lygeum spartum; Linaria aegyptica; Anthyllis sericea ; Artemisia herba-alba; Gymnocarps decander ; Reaumuria vermiculata…L’offre fourragère de ce type de parcours est donc de 1039337 UF en année normale, 755882 et 1322793 UF en année sèche et humide respectivement. 3.1.3. Parcours à base d'Artemisia herba-alba Ces pâturages couvrent une superficie de l’ordre de 14387 ha, soit seulement 3.5% de la superficie totale des parcours du gouvernorat. Ils se développent dans les zones à texture fine et colonisent les montagnes, les plateaux, les glacis et rarement les dépressions. La couverture végétale, peut en fonction de la pluviométrie de l’année osciller entre 5 et 40%. Les principales espèces qui caractérisent ce parcours sont : Artemisia herba-alba, Hamada scoparia, Ajuga iva, Herniaria fontanesii, Salvia aegyptiaca, Aristida ciliata, Asteriscus pygmaeus. Dans les situations les plus dégradées, la plupart des faciès, qui le forment, sont dominés par Hamada scoparia et correspondent à des stades plus ou moins avancés de dégradation avec un taux de recouvrement qui varie entre 7.2 à 16.9% (dont 10.3% la part du Rmeth). L’offre fourragère de ce type de parcours est alors de 863259 UF en année normale, 431629 et 1294889 UF en année sèche et humide respectivement. En plus de son rôle fourrager et environnemental, il y a lieu de signaler le rôle aromatique et médicinal du chih et industriel du Remeth "fabrication du neffa"). 3.1.4. Parcours à base de Haloxylon schmittianum (Baguel) Les parcours à base de Haloxylon schmittianum (Hammada shmittiana) ou Beguel couvrent environ 41242 ha (plus de 1o % de la surface totale pastorale du gouvernorat). Ces parcours colonisent essentiellement les plateaux et les glacis et forment une végétation steppique claire à clairsemée. Dans la région de Jeffara-Quara et les Dhahars, Haloxylon schmittianum s'associe à Gymnocarpos decander et la composition floristique peut être également marquée surtout par Rhantherium suaveolens et Koeleria pubescens. A El Ouara, le beguel s'associe à Stipa lagascae et Traganum nudatum découlant du parcours d'Anthyllis henoniana, Helianthemum kahiricum et Gymnocarpos decander par dégradation. Toutefois, la dominance semble concerner les milieux les plus xérophytiques à sols sablonneux grossiers pauvres en matière organique. La composition du cortège floristique varie beaucoup d’un endroit à l’autre. S'agissant d'une zone de transition entre l’aride et le saharien, Hammada schmittiana s’associe avec Gymnocarpos decander, Atractylis serratuloides et Helianthemum kahiricum. Au niveau des oueds, ce type de parcours est aussi rencontré en association avec Laegos reatam, Stipagrostis pungens et Anthyllis sericea. La couverture végétale est généralement faible et varie de 10 à 30%. La production globale de ce type de parcours est donc de l’ordre de 1649710 UF en année moyenne, 618641 en année sèche et 2680779 en année humide. 3.1.5. Parcours à base d'Anthyllis henoniana (Ghizdir) Ces parcours couvrent environ 61644 ha, soit plus de 15% de la superficie pastorale du gouvernorat. Ils sont couramment considérés comme des parcours sahariens du fait qu’ils peuplent les sites les plus défavorables du point de vue hydrique et édaphique avec des sols squelettiques à croûte souvent recouverte d’un voile de sable. Il s'agit d'un parcours médiocre mais qui peut donner une bonne production à base d’annuelles après des automnes ou des printemps pluvieux. Ils sont plus particulièrement rencontrés au niveau d’El Ouara et Dhahar. Le recouvrement est en général faible et oscille entre 10 et 30%. La valeur pastorale varie en fonction de la composition GIZ-BROCHURE+CCC.indd 111 111 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique floristique des faciès de dégradation et elle dépend beaucoup de la présence des herbacées pérennes comme Stipa parviflora, Aristida plumosa, etc (qui contribuent dans certains cas pour près de 70% à la biomasse totale produite), des ligneux bas à haute valeur pastorale comme Gymnocarpos decander et Helianthemum kahiricum et des annuelles dans les milieux couverts d’un voile éolien. La production globale de ces parcours est d’environ 1232889 UF en année sèche, 2774000 en année moyenne et 4315111,5 en année humide. Plus de 60% de l’offre fourragère reste disponible le long de l’année. 3.1.6. Parcours à base de Rhanterium suaveolens (Arfej) Couvrant une superficie de 63203 ha, ces parcours se développent sur les sols alluviaux sableux profonds et sur les sables grossiers subéoliens plus ou moins profonds de la Jeffara (Médenine, Zarzis, Ben Gardane) et du Dhahar. D'ailleurs, la principale caractéristique de ce type de parcours est l’extrême vulnérabilité des sols qu’il occupe à l’érosion éolienne. Selon l’état de dégradation, la couverture végétale est comprise entre 15 et 60%. Sur le plan physionomique, ces parcours qui constituent un bon pâturage sont dominés par Rantherium suavolens qui couvre jusqu’à 60% du sol. Lorsqu'il n'est pas dégradé, cet écosystème pastoral présente les meilleurs indices de biodiversité végétale. Les principales espèces caractéristiques de ces parcours sont : Rhanterium suaveolens, Artemisia campestris, Stipa lagascae, Atractylis flava, Salsola brevifolia, Paronychia arabica, Polygonum equisetiforme, Retama raetam, Stipagrostis pungens, Nolletia chrysocomoides, Helianthemum lippii, Plantago albicans, Argyrolobium uniflorum, Echiochilon fruticosum. La production totale de ce type de parcours est de l’ordre de 4424254 UF en année moyenne, 1896109 et 6952400 UF respectivement en année sèche et humide. 3.1.7. Parcours à base de gypsophytes Ces parcours sont généralement à base d'Anarrhinum brevifoluim, Atracylis serratuloides et Lygeum spartum. Ces parcours qui occupent une superficie de 31410 ha, soit 8% de la superficie totale des écosystèmes pastoraux du gouvernorat. Ils se développent sur les sols présentant une croûte gypseuse ou un encroûtement calcarogypseux. Au niveau de la composition floristique, ce groupement se caractérise par la dominance d' Atractylis serratuloides, Gymnocarpos decander, Helianthemum kahiricum, Herniaria fontanesii, Zygophyllum album, Lygeum spartum, Anarrhinum brevifoluim, Erodium glaucophyllum, Launaea angustifolia, Anabasis oropediorum. La couverture végétale est généralement faible (10 à 30%). La contribution globale à l’offre fourragère est de l’ordre de 785272 UF en année moyenne et de 314109 et 1256436 UF en année sèche et humide respectivement. 3.1.8. Parcours à base d'halophytes 112 Colonisant les dépressions salées et les sebkhas, les parcours à halophytes couvrent une importante superficie du gouvernorat (85977 ha, soit 22% de la superficie pastorale). La composition floristique est généralement dominée par Nitraria retusa, Salsola sieberi, Zygophyllum album, Suaeda mollis, Lygeum spartum, Limoniastrum guyonianum, Traganum nudatum et Suaeda fruticosa. Cette végétation est exploitée comme parcours par les dromadaires. Dans les lieux de forte salinité on rencontre Salicornia arabica, Arthrocnemum indicum, Halocnemum strobilaceum Halopeplis Amplexicaulis. Dans la plupart des cas les parcours à base d'halophytes ont un taux de recouvrement important qui peut dépasser 50 à 60%. Dans les lieux où la salure des sols est de moindre degré (bords des sebkhas et dépressions périodiques), les petits ruminants pâturent également. Les dromadaires peuvent pâturer dès le début de l’automne jusqu’à la fin de l’hiver. La période de pâturage des petits ruminants se limite à la période automnale, ce qui réduit l’utilisation de ces parcours. La contribution globale à l’offre fourragère est de l’ordre de 5158617 UF en année moyenne et de 4298847 et 6018386 UF en année sèche et humide respectivement. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 112 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 3.1.9. Parcours à base de psammophytes Couvrant près de 87983 ha, soit 22% de la superficie pastorale du gouvernorat, ce parcours est concentré dans sa majorité dans les lits d’oueds, les dépressions, sur les accumulations sableuses récentes, mais il n’est pas exclu de les rencontrer sur des sols à surface battante après la déflation du sable qui s’était accumulé dans ces sites. Ces parcours sont généralement dominés par Retama raetam et/ou Stipagrostis pungens avec un taux de recouvrement généralement inférieur à 20%. La composition floristique est relativement riche et variée lorsque la formation végétale évolue sur des sols sableux fixés et profonds. Cutandia dichotoma, Lolium rigidum, Koelerea pubescens et Schismus barbatus sont les principales graminées annuelles rencontrées, mais elles sont souvent accompagnées par des herbacées pérennes comme Aristida plumosa et par des ligneuses basses comme Helianthemum lippii sessiliflorum, Echiochilon fruticosum, Argyrolobium uniflorum, etc. L’ensemble constitue un pâturage d’hiver et de printemps. L’offre fourragère de ce type de parcours est donc de 3959275 UF en année normale, 2199597 et 5718954 UF en année sèche et humide respectivement. 3.2. Facteurs influençant l’état des écosystèmes pastoraux 3.2.1. Facteurs biophysiques Ressources en sol Dominés par les sols d’apport, cette ressource se montre très fragile et vulnérable à toutes formes de perturbations. Quatre grandes classes peuvent y être distinguées (MARH, 2006): • Les sols minéraux bruts et les sols peu évolués : Il s’agit de sols non évolués sur matériau minéral érodé ou récemment mis en place. Dans cette catégorie de sol qui occupent une superficie d’environ 554 057 ha (60,44%), constitués soit de : - des lithosols et des régosols qui sont des sols squelettiques peu profonds occupant essentiellement les zones de Beni Khedache, Sidi Makhlouf, Koutine etc. S’agissant de roches géologiques affleurantes, généralement à accès difficile, ces sols ne pourront servir que pour le pâturage ou des impluviums pour les aménagements de CES. - des sols d’érosion sur croûte calcaire démantelée qui occupent une superficie relativement importante du Gouvernorat et sont répartis principalement dans la zone de Jeffara, Hamada et la partie nord de l’Ouara de Médenine. - des sols minéraux bruts d’apport qui d’origine éolienne et se présente soit sous forme des dunes mobiles et des nebkhas dans la zone de Jeffara et de l’Ouara de Médenine, soit sous forme de cordons dunaires au niveau des côtes Est de l’île de Jerba. - des sols peu évolués d’apport colluvial ou alluvial qui se localisent au niveau des lits d’oueds, des zones d’épandage et derrière les ouvrages de CES (les Jessour). Sous cette classe, on peut ajouter les loess de Matmata qui sont des sols limoneux très profonds de couleur beige et rouge selon le secteur (Mtimet, 1994). • Les sols isohumiques à pédo-climat frais : Dans cette classe, qui occupent une surface de 234 980 ha (25,63%), on rencontre essentiellement des sols bruns jeunes (Siérozems). Cette classe de sols, bien représentée dans le Gouvernorat, se rencontre dans l’île de Jerba, la Jeffara, et une partie de l’Ouara de Médenine. • Les sols calcimagnésiques : Il s’agit principalement des sols à un seul horizon (les rendzines) de profondeur faible (20 cm) surmontant une croûte ou un encroûtement calcaire ou gypseux. Ces types de sols, qui s’étendent sur une superficie de 49.220 ha (5,37%), se rencontrent particulièrement dans le piedmont de la chaîne de Matmata (versant Est : zone de Béni Khédache et de Médenine) et parfois associé à des sols bruns jeunes de la Jeffara. • Les sols halomorphes : Cette unité de sols est rencontrée essentiellement au niveau des sebkhas (El Malah, Bou Jemel, M’habeul etc.) où elle occupe une superficie de 78 450 ha (8,56). La vocation essentielle de cette catégorie de sol est le pâturage de camelins. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 113 113 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Les associations végétales Vu la diversité des paysages écologiques entre et au niveau des grandes régions naturelles caractérisants le gouvernorat de Médénine, nous présentons dans ce qui suit les principales associations végétales (ou faciès ou groupement écologiques) par région naturelle. Au niveau des Monts de Béni Kédache –Un matorral bas à Rosmarinus officinalis au niveau des hauts sommets des jebels Matmata. Cette unité est une variante endémique de l’association à Genista microcephala var. tripolitana et Teucrium alopecurus, –Une pseudo-steppe à Genista microcephala, Thymus algeriensis et Rosmarinus officinalis représentée par l’association portant le même nom et dominée par Genista microcephala var. tripolitana, Thymus algeriensis, Stipa tenacissima, Rosmarinus officinalis var. troglodytarum, –Une steppe graminéenne à Stipa tenacissima représentant un stade de transition entre la garrigue méditerranéenne et la steppe à chamaephytes dans laquelle subsiste encore un faciès de graminées à Stipa tenacissima en bon état faisant partie de l’association à Artemisia herba-alba et Hammada scoparia. Elle marque aussi le passage sensible de l’étage bioclimatique méditerranéen aride supérieur à celui inférieur signalé notamment par la disparition de Rosmarinus officinalis var. troglodytarum et Genista microcephala var. tripolitana du paysage. –Une steppe à Artemisia herba-alba, Hammada scoparia et Helianthemum kahiricum représentée par le faciès typique de l’association à Artemisia et Hammada scoparia et résulte de la dégradation de la steppe graminéenne à Stipa tenacissima, –Une steppe dégradée à Gymnocarpos decander et Atractylis serratuloides représentée par la sous-association Gymnocarpos decander de l’association à Artemisia herba-alba et Hammada scoparia. Au niveau de la Jeffara Les groupements qui caractérisent les plaines sablo-limoneuses et gypseuses. Il s’agit de : –Une steppe à Rhanterium suaveolens représentée par la variante typique de l’association à Rhanterium suaveolens et Artemisia campestris et qui subit une grande pression agropastorale et est toujours menacée par l’ensablement de ses terres. –Une pseudo-steppe dégradée à Calycotome villosa et Astragalus armatus se localisant au niveau du village d’Arram et s’étendant sur environ 1 200 ha. Elle constitue un faciès dégradé de l’association steppique à Rhanterium suaveolens et Artemisia campestris mais qui est dominé par Calycotome villosa rappelant la garrigue méditerranéenne. –Une unité dégradée à Astragalus armatus et Lygeum spartum représentée par la sous-association à Atractylis serratuloides, la sous-association à Lygeum spartum et le faciès à Astragalus armatus ssp. tragacanthoides. Elle est souvent dégradée, dominée par des espèces de faible valeur pastorale avec un cortège floristique assez pauvre. –Unité post-culturale à Deverra tortuosa et Artemisia campestris représentée par la sous-association à Retama raetam de l’association à Rhanterium suaveolens et Artemisia campestris, l’association à Deverra tortuosa et Haplophyllum vermiculare (Le Houérou, 1959) et sa sousassociation à Atractylis serratuloides, Lygeum spartum et Retama raetam (Boukhris et Lossaint, 1972). Elle est composée essentiellement par une strate herbacée dominée par Deverra tortuosa, Artemisia campestris. Les groupements qui caractérisent les plaines à encrûtements gypseux, il y a lieu de signaler : – Une steppe à Zygophyllum album et Anarrhinum brevifolium représentée par la variante typique de l’association à Zygophyllum album et Anarrhinum brevifolium (Le Houérou, 1959). Elle est totalement exploitée en tant 114 que parcours. – Une unité dégradée à Ononis natrix et Helianthemum lippii var. intricatum représentée par la sous-association à Ononis natrix ssp. falcata et le faciès à Lygeum spartum de l’association à Zygophyllum album et Anarrhinum brevifolium accompagnés par la sous-association à Atractylis serratuloides, Lygeum spartum et Retama raetam GIZ-BROCHURE+CCC.indd 114 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique (Boukhris et Lossaint, 1972) de l’association à Deverra tortuosa et Haplophyllum vermiculare (Le Houérou, 1959). Elle diffère sensiblement de la précédente par l’existence de quelques centimètres de sable grossier plus ou moins éolien sur l’encroûtement gypseux. Au niveau du Dhahar et El-Ouara Le couvert végétal y est caractérisé par la dominance de deux types de formations steppiques à savoir les steppes à chaméphytes et les steppes à graminées (hémicryptophytes). La composition floristique est très diversifiée et est répartie d’une manière hétérogène. En effet les sols sableux fixes montrent la dominance de Hammada schmittiana tandis que ceux des milieux sableux dégradés ou d´origine éolienne sont envahis par Stipagrostis pungens. Les steppes à sols squelettiques (rencontrées à l’est de la région) sont dominées par Anthyllis sericea et Gymnocarpos decander. Quant aux dépressions, on y remarque l’abondance de Retama raetam. De point de vue phytosociologie, Le Houérou (1959, 1969) a pu identifier les associations suivantes : - Association à H. schmittiana, Calligonum comosum et R. raetam ; - association à Rhanterium suaveolens et Asphodelus refractus ; - association à C. comosum et Anthyllis sericea ; - sous association à Stipa lagascae de l’association à A. sericea et Gymnocarpos decander ; - sous association à Helianthemum lippii var intricatum de l’association à A. sericea et G. decander ; - groupement à Stipagrostis pungens et Scrofularia saharae ; - groupements à espèces moyennement ou fortement halophiles : Salicornia sp., Arthrocnemum indicum, Halocnemum strobilaceum, Halopeplis amplexicaulis ; 3.2.2. Facteurs socioéconomiques Outre leur rôle environnemental, les parcours naturels jouent un rôle primordial dans l’amélioration de la productivité du cheptel qui, à son tour, permet de satisfaire les besoins des populations locales en viande, en lait, en cuir et en laine. En plus ils permettent une augmentation des revenus des populations rurales et une amélioration de leur niveau de vie. Il en résulte une diminution du taux de chômage, de pauvreté et de l’exode rural. Il a été démontré que dans les mêmes conditions, le pastoralisme est 2 à 10 fois plus productif que l'élevage commercial des fermes. Toutefois la valeur de la production pastorale peut être souvent fortement sous estimée dans la mesure où un fort pourcentage du commerce passe en-dehors des circuits officiels. Le développement économique et social d’une région est subordonné à une gestion tant raisonnée que rationnelle de son environnement physique, biologique et socio-économique. Mode d’exploitation des parcours Si les parcours privés sont connus par leurs superficies très réduites et généralement soumis à un pâturage continu et libre, le schéma général de l’exploitation des parcours collectifs (Dhahar et El-Ouara) est dicté par différents facteurs dont principalement la pluviométrie, l’état du couvert végétal, l’accessibilité et la présence de points d’eau équipés. L’existence des troupeaux sur parcours ne reflète pas souvent l’abondance des ressources pastorales puisqu’en année sèche les éleveurs font recours aux complémentations pour entretenir leurs troupeaux. Compte tenu de la faiblesse généralisée des ressources dans le même parcours, la transhumance reste possible pour quelques grands troupeaux d’un parcours vers un autre (de Dhahar vers l’Ouara et vice-versa). Il faudrait signaler qu’aussi bien pour les parcours privatisés, collectifs soumis ou non au régime forestier, la gestion des parcours est restée anarchique et n’obéit à aucune règle épargnant les ressources. Pour les parcours collectifs soumis au régime forestier, les plans d’aménagement élaborés par les services forestiers n’ont pu être mis en application que sur une faible portion et ce pour des contraintes purement sociales. L’augmentation du nombre de petits troupeaux et l’extinction des formes d’association des petits éleveurs sont des facteurs qui font augmenter la pression animale sur ces parcours. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 115 115 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Excès de la charge pastorale La dégradation des écosystèmes pastoraux s’est visiblement accélérée au cours des dernières décennies en raison d’un déséquilibre flagrant entre les besoins alimentaires du cheptel et les potentialités productives des parcours. Au niveau des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine, la charge animale varie de 0.77 à 4.49 UO/ ha/an. Elle est très excessive et dépasse de loin la capacité de charge réellement permise par la production de la végétation pastorale qui varie de 0.01 à 0.2 UO/ha/an. Ce déficit engendre une dégradation de la plupart des espaces pastoraux du gouvernorat puisque ces parcours sont tous surpâturés même si c’est à des degrés variables. 3.2.3. Facteurs climatiques Le gouvernorat de Médenine, qui se trouve dans le sud-est du pays, se trouve ainsi imprégné par le Golfe du Gabès au nord et au nord-est et la présence de la chaîne montagneuse et du Grand Erg Oriental au sud au sud-ouest: l’été chaud et sec dure 4 à 5 mois, l'hiver frais et irrégulièrement pluvieux, l’automne et le printemps y sont très variables. Exception faite à l’été, qui est une saison stable et calme, le climat de la région est caractérisée par une extrême irrégularité dont les traits essentiels sont les suivant (Floret et Pontanier (1982) : - des pluies peu abondantes mais très variables tombant pendant la période froide et une sécheresse quasi absolue entre mai et septembre, - un régime thermique très contrasté avec des hivers tempérés à doux et des étés chauds à très chauds, - une forte évaporation, - des vents dominants de secteurs O, NO et SO (novembre à avril ; très violents secs et froids) ; de mai à octobre, les vents du secteur marin (E, NE, SE) ; et durant la période estivale, se sont les vents secs et chauds du secteur SO (sirocco) qui prédominent. Selon Le Houérou (1969) a distingué les variantes climatiques suivantes: -Climat aride inférieur à hivers doux qui intéresse la totalité de la plaine de la Jeffara et où la pluviométrie moyenne annuelle varie de 100 à 200 mm, -Climat aride inférieur à hivers tempéré qui intéresse principalement la chaîne montagneuse des Matmatas et se caractérisent par des précipitations plus importantes (150 à 250 mm), - Climat aride supérieur à hiver doux intéresse une partie de la Jeffara côtière (Jerba-Zarzis) (200 à 250 mm). Précipitations C’est le courant méditerranéen du nord-est qui fournit à la région l’essentiel des précipitations qu’elle reçoit à cause de la large ouverture du golf du Gabès qui expose la bande littorale et une partie de la zone continentale aux grandes perturbations régénérées par le vaste plan d’eau peu profond du golfe (Mzabi, 1988). Toutefois, les perturbations sahariennes du sud-ouest et de l’ouest sont également responsables de quelques pluies dans la région (Bousnina, 1977). • Pluviométrie annuelle Ouessar et al. (2006) ont rapporté ce qui suit: - la pluviométrie décroît du nord vers le sud et de la côte vers le continent, - il y a un surcroît de la pluviométrie sur les reliefs des Matmatas dû à l’effet d’altitude connu par l’effet de Foehn, - le maximum de la pluviométrie est observé le long du littoral et sur les zones montagneuses. • Pluviométrie mensuelle et saisonnière Généralement, le mois le plus arrosé de la région est décembre. Les mois de janvier, octobre et novembre viennent en deuxième position Par contre, les mois de mai, juin, juillet et août sont presque secs. Température 116 La moyenne thermique annuelle au niveau de la région de Zeuss-Koutine est de 20°C. Les mois de Décembre, Janvier et Février sont les plus froids avec des gelées occasionnelles. La période Juillet, Août et Septembre est la plus chaude de l’année. La température dépend de la proximité de la mer et de l’altitude. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 116 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Vent Le gouvernorat est assez venté. En effet pus de 60% et 40% des vents sont forts à assez forts à Djerba et Médenine respectivement. Généralement, les vents soufflants du N, NE, SE sont plus fréquents que ceux du S, O, et SO. (Chahbani, 1992; Khatteli, 1996). Les printemps est considéré la saison la plus ventée de l’année suivie par l’hiver et puis l’automne (Khatteli, 1996). En été, les vents chauds soufflant du Sahara (sirocco), localement connus par chili, sont dominants. A Médenine, une moyenne de 54 jours de sirocco a été enregistrée. Variabilité et changement climatique Pluviométrie Dhaou (2003) et Taamallah et Dhaou (2004) ont adopté plusieurs méthodes et indices pour caractériser et estimer l’ampleur de la sécheresse au niveau de ces différentes stations, à savoir : - Indice de l’écart à la moyenne (Em) - Indice de pluviosité (Ip) - Analyse fréquentielle - Indice du nombre d’écarts type - Persistance de la sécheresse Tous ces indices ont été appliqués à la série pluviométrique de la station de Médenine (Dhaou, 2003) qui a la série la plus longue au niveau de la zone d’étude et comptant 96 années d’observation complètes. Indice de l’écart à la moyenne Le calcul de l’indice de l’écart à la moyenne de la série pluviométrique de la station de Médenine sud permettent de montrer que : • Durant cette longue période d’observation, il a été enregistré 40% d’années excédentaires et 60% d’années déficitaires. • Le déficit le plus important retenu de cette série pluviométrique est de l’ordre de – 111, 95 mm en 1935-1936 (soit 75,2% de déficit). • 16 séquences sèches de plus d’une année dont les plus longues s’étendent respectivement sur 9 années et 7 années consécutives de 1904-1905 à 1913-1914 et de 1960-1961 à 1966-1967, • La tendance globale, durant la période 1903-1967, est à la sécheresse mais celle ci est entrecoupée de courte période à tendance humide. De 1967-1968 jusqu’à 1995-1996, la tendance est humide. Par contre, de 19961997 à 2001-2002, il s’agit d’une tendance à la sécheresse. Tendances pluviométriques L ’analyse de la sécheresse par la méthode de l’indice de pluviosité et des cumuls des écarts fait apparaître une alternance de séquences à tendance globale sèche et des séquences à tendance globale humide. Ainsi nous constatons que : • de 1903-1904 à 1966-1967, la tendance globale est à la sécheresse. Mais elle est entrecoupée des courtes périodes à tendance humide dont les plus importantes s’étalent sur trois années consécutives (1926-1928 et 1957-1959). • de 1967-1968 jusqu’à 1989-1990, la tendance est humide. Par contre, de 1990-1991 à 2001-2002, il s’agit d’une tendance à la sécheresse. Ce qui confirme les constatations dégagées en se basant sur les observations de l’écart par rapport à la moyenne. Analyse fréquentielle L’application de l’analyse fréquentielle à la série pluviométrique de la station de Médenine permet de donner une meilleure précision des années normales par rapport aux années déficitaires et excédentaires. Sur les 96 années d’observation on distingue: 14 années très sèches et déficitaires de 48,2% à 75,2%, 19 années sèches et déficitaires de 21,7% à 47,5%, GIZ-BROCHURE+CCC.indd 117 117 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 29 années normales comprises entre 20,8% de déficit et 4,6% d’excédent, 19 années humides et excédentaires de 5,54 % à 34,3%, 15 années très humides et excédentaires de 38,1 % à 269%. L’analyse de ces données permet de montrer que contrairement à ce qui été dégagé par l’indice de l’écart à la moyenne, 34% des années d’observations ont été sèches à très sèches et que 30% ont été des années normales. Cependant, cette analyse ne permet pas de dégager les tendances globales de la pluviométrie au niveau de la station étudiée. Persistance de la sécheresse Suite à l’analyse des années sèches déterminée par la méthode de l’analyse fréquentielle à la station de Médenine, nous constatons : • 16 séquences d’une seule année sèche ; • 4 séquences de deux années sèches successives (1910-1911 à 1911-1912, 1915-1916 à 1916-1917, 1935-1936 à 1936-1937 et 1996-1997 à 1997-1998) • 3 séquences de trois années sèches successives (1904-1905 à 1906-1907, 1963-1964 à 1965-1966 et 19992000 à 2001-2002). L’apparition des séquences de trois années consécutives a des répercussions catastrophiques sur tous les secteurs économiques. Alors qu’une sécheresse isolée d’une année même très sévère, affecte moins fortement la région. Nous remarquons que les sécheresses isolées prédominent (48,5% des cas) alors que les séquences de deux années consécutives sont moins importantes (24,2% des cas). Indice du nombre d’écart type Afin d’estimer la sévérité de la sécheresse vécue dans la région de Médenine, nous avons utilisé le critère de comparaison à la moyenne et à la moyenne moins un ou deux écarts types. Parmi les années déficitaires, 39,7% d’années de sécheresse modérée, 27,6% d’années de sécheresse forte et 32,8% d’années de sécheresse très sévère. Température L’analyse des séries de températures issues des deux stations météorologiques de Médenine (1978-2009) et Mellita (1973-2009) montre une légère tendance générale d’augmentation de la température plus visible à Mellita (presque 6%) qu’à Médenine (presque 5%). En effet, Tmax et Tmin se trouvent augmenter de 6.4% et 4.82%, et 5.88% et 4.88% à Mellita et Médenine respectivement. Les saisons les plus concernées sont en premier lieu l’automne suivi du printemps et de l’été. L’hiver est la saison la moins affectée. 4. Evaluation de la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux face au changement climatique aux horizons 2020 et 2050 (Etape 2) Les résultats relatifs à la prédiction de la dynamique et de l’évolution de la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux aux horizons 2020 et 2050, viennent confirmer les craintes et les cris d’alarme des instances nationales et régionales du fait que la situation actuelle des écosystèmes pastoraux est déjà catastrophique et qu’elle va t’être aggravée par le changement climatique du moins si le degré de la présente perturbation anthropique (pression animale) ne fera pas l’objet d’une intervention pour son allègement. Les résultats obtenus (tableau 2) permettent de classer les unités pastorales (ou formations végétales) du gouvernorat de Médenine en trois grandes classes quant à leur vulnérabilité au changement climatique. La classification 118 s’est basée sur les évolutions des superficies des classes de vulnérabilité retenues (Non vulnérables, peu vulnérable, vulnérable et très vulnérable) de ces unités depuis la situation de référence (2005, année de réalisation de la carte INFP) jusqu’à l’horizon 2050 tout en passant par celui 2020. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 118 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Tableau 2. Variation de quelques indicateurs quantitatifs en fonction du degré de vulnérabilité des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine en 2005 et aux horizons de 2020 et 2050. Ecosystème pastoral Année 2005 Haloxylon schmittianum 2020 2050 2005 Halophytes 2020 2050 Classe de vulnérabilité Superficie (ha) Biomasse (Kg MS/ha) Production pastorale (UF) 1 4801,67 1560542,75 312108,55 2 24817,05 4963410 992682 3 8417,22 631291,5 126258,3 4 2888,47 144423,5 28884,7 Total 40924,41 7299668 1459934 1 19759,82 6421941,5 1284388,3 2 10071,88 2014376 402875,2 3 728,11 54608,25 10921,65 4 10416,67 520833,5 104166,7 Total 40976,48 9011759 1802352 1 24557,63 7981229,75 1596245,95 2 2365,51 473102 94620,4 3 2068,2 155115 31023 4 11922,05 596102,5 119220,5 Total 40913,39 9205549 1841110 1 5407,07 1892474,5 378494,9 2 47796,75 14339025 2867805 3 16145,57 4036392,5 807278,5 4 11034,82 1103482 220696,4 Total 80384,21 21371374 4274275 1 50780,02 17773007 3554601,4 2 13651,79 4095537 819107,4 3 9156,14 2289035 457807 4 3467,1 346710 69342 Total 77055,05 24504289 4900858 1 55142,57 19299899,5 3859979,9 2 14955,23 4486569 897313,8 3 5373,59 1343397,5 268679,5 4 2005 1576,2 157620 31524 Total 77047,59 25287486 5057497 1 1908,44 1049642 209928 2 39613,38 13864683 2772936 3 13125,91 1968886 393777 4 7959,4 397970 79594 62607,13 17281181 3456235 0 0 0 2 5379,55 1882842 376568 3 21152,12 3172819 634564 4 35917,28 1795865 359173 Total 62448,95 6851526 1370305 Total 1 Rhanterium suaveolens 2020 2050 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 119 1 0 0 0 2 529,21 185223 37045 3 12802,99 1920448 384090 4 49158,09 2457905 491581 Total 62490,29 4563576 875671 119 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 2005 Psammophytes 2020 2050 2005 Stipa tenacissima 2020 2050 2005 Rosmarinus officinalis 2020 2050 1 30,61 9948,25 1989,65 2 60332 13574700 2714940 3 15959,53 1994941,25 398988,25 4 11443,56 572178 114435,6 Total 87765,7 16151768 3230354 1 1960,42 632261,5 126452,3 2 65937,23 14813219,3 2962643,85 3 7158,5 894812,5 178962,5 4 12709,55 635475,5 127095,1 Total 87765,7 16975769 3395154 1 6266,15 2036498,75 407299,75 2 56639,52 12743892 2548778,4 3 4959,81 620101,25 124020,25 4 19900,22 995416,5 199083,3 Total 87765,7 16395909 3279182 1 620,52 217182 43436 2 9238,43 2540568 508114 3 7227,36 1445472 289094 4 1473,11 73655 14731 Total 18559,42 4276877 855375 1 0 0 0 2 0 0 0 3 0 0 0 4 18559,42 922215 184443 Total 18559,42 922215 184443 1 0 0 0 2 0 0 0 3 0 0 0 4 18559,42 922215 184443 Total 18559,42 922215 184443 1 494,47 370852, 5 74170,5 2 1075,56 672225 134445 3 788,06 394030 78806 4 182,09 54627 10925,4 Total 2540,18 1491734,5 298346,9 1 0 0 0 2 60,4 37750 7550 3 1016,41 508205 101641 4 1463,37 439011 87802,2 Total 2540,18 984966 196993,2 1 0 0 0 2 0 0 0 3 537,27 268635 53727 4 2002,91 600873 74170,5 Total 2540,18 869508 127897,5 120 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 120 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 2005 Artemisia herba-alba 2020 2050 2005 Anthyllis henoniana 2020 1 425.62 191529.45 38305.89 2 8996.77 2699031.3 539806.26 3 3639.57 545935.5 109187.1 4 1076.96 53848.1 10769.62 Total 14138.92 3490344.35 698068.87 1 0 0 0 2 0 0 0 3 0 0 0 4 14138.92 706945 141389 Total 14138.92 706945 141389 1 0 0 0 2 0 0 0 3 0 0 0 4 14138.92 706945 141389 Total 14138.92 706945 141389 1 331.85 116147 23229 2 35071.35 7890933 1578187 3 15679.24 1567924 313585 4 4269.08 211877 42375 Total 55351.52 9786881 1957376 1 0 0 0 2 60.45 13600 2720 3 11331.96 1133195 226639 4 43959.12 2181718 436344 Total 55351.52 3328513 665703 0 0 0 1 2050 2005 Gypsophytes 2020 2050 2 0 0 0 3 5119.76 511976 102395 4 50231.76 2493033 498607 Total 55351.52 3005009 601002 1 7.69 1535 307 2 8599.18 1074895 214979 3 15561.93 778096.3 155619.26 4 4949.31 123730 24746 Total 29118.11 1978260 395652 1 0 0 0 2 269.13 33640 6728 3 344.25 17210 3442 4 28504.72 712615 142523 Total 29118.11 763470 152694 1 0 0 0 2 0 0 0 3 0 0 0 4 29118.11 727953 145590 Total 29118.11 727953 145590 * 1: Non vulnérable, 2: Peu vulnérable, 3: Vulnérable, 4 : Très vulnérable 121 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 121 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 4.1. Les formations végétales peu vulnérables au changement climatique Il s’agit des parcours à base d’Haloxylon schmittianum et d’halophytes qui semblent les plus adaptés voire les plus favorisés par le changement climatique attendu et également les plus résistants à la pression animale. Ces écosystèmes pastoraux comportent en effet des espèces pérennes xérophiles connues par leur adaptation à la sécheresse et à l’augmentation des températures en plus de leur large amplitude édaphique d’une part et d’autre part par leur faible palatabilité réduisant ainsi les effets néfastes de la surcharge animale. Tous ces atouts permettent d’expliquer la faible vulnérabilité de ces parcours particulièrement aux horizons de 2020 et 2050. 4.1.1. Formation à base d’Haloxylon schmittianum L’évolution de la répartition des classes de vulnérabilité du parcours d’H. schmittianum à entre 2005 et 2020 et 2050 montre une tendance à l’augmentation de la classe « non vulnérable » au dépens des autres classes et ce au niveau des différentes régions du gouvernorat de Médenine à l’exception de la région naturelle du Dhahar où les prédictions de la présente étude montrent que ce type de parcours sera très vulnérable aux horizons de 2020 et 2050. La part de la superficie des endroits où le parcours à « beguel » est qualifié non vulnérable gagne de superficies par rapport aux autres classes. Ceci engendrera une augmentation de la production pastorale allant de 23.5 à 26% respectivement en 2020 et 2050. L’augmentation de la superficie « non vulnérable » sera également par une élévation du taux de recouvrement de la végétation (classe 30-40%). Le faible taux de recouvrement (inférieur à 10%) est particulièrement enregistré dans les zones les plus vulnérables à l’instar du Dhahar de Béni Khedache. Sur le plan qualitatif ou physionomique, les parcours à base de beguel sont connus par leur faible diversité floristique et ce malgré la diversité des paysages édaphiques et géomorphologiques qu’ils peuvent occuper. En effet, ils se rencontrent dans les plaines, sur les glacis et plateaux, sur les dunes continentales et parfois même sur certaines collines et montagnes. Toutefois, la dominance semble concerner les milieux les plus xérophytiques à sols sablonneux grossiers pauvres en matière organique. La composition du cortège floristique varie beaucoup d’un endroit à l’autre. Ainsi, dans certains endroits d’ElHmada/Djeffara, l’espèce clef de voûte (H. schmittianum) est essentiellement accompagnée par Rhantherium suaveolens et Koeleria pubescens, alors que dans les Matmata, c’est Thymelea microphylla qui co-domine. Sur les plateaux du Dhahar et les glacis du versant ouest de la chaîne des Matmatas, qui correspondent à une zone de transition entre l’aride et le saharien, le beguel s’associe avec Gymnocarpos decander, Atractylis serratuloides et Helianthemum kahiricum. Ce type de parcours est aussi rencontré dans les oueds du Dhahar et à El Ouara en association avec Retama reatam, Stipagrostis pungens et Anthyllis sericea. La plupart des espèces formant le cortège floristique de cette formation végétale est de très faible palatabilité et les animaux cherchent plutôt les espèces annuelles dominant au cours des années pluvieuses. D’ailleurs H. shmittianum n’est broutée que dans une période limitée de l’année qui coïncide avec le stade de floraison-fructification. Ceci justifie en grande partie la faible vulnérabilité de cette formation végétale. 4.1.2. Formation à base d’halophytes 122 Du fait que ces parcours sont localisés dans des dépressions et en raison du facteur salure, la production et la dynamique sont quasiment stables et ne réagissent que peu à la nature de l’année. Les plantes halophiles ont, en effet, la particularité de pouvoir supporter les conditions salines imposées par leur milieu et de développer des facteurs d’adaptation pour survivre dans des conditions extrêmes comme les sécheresses (par régulation de l’ouverture des stomates). Aussi, même si les petits ruminants les visitent, ces parcours sont surtout préférés par les dromadaires qui les fréquentent en hiver pour la cure salée. Toutes ces caractéristiques justifient et confirment la très faible sensibilité et vulnérabilité de cette formation végétale face au changement climatique. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 122 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Ces parcours ne demandent pas plus qu’une bonne gestion pour les préserver et il faudra surtout éviter toute perturbation du milieu par des plantations ou des semis. Leur mise en repos n’amènera pas d’importantes améliorations. 4.2. Les écosystèmes pastoraux moyennement vulnérables au changement climatique 4.2.1. Parcours à base de Rhanterium suaveolens Considérée comme étant la steppe la plus sujette à la perturbation, la plus recherchée pour la mise en culture et la plus importante des zones arides en matière de diversité de son cortège floristique, cet écosystème pastoral peut être qualifiée, à travers cette étude, comme étant vulnérable à très vulnérable particulièrement aux horizons 2020 et 2050. Le tableau 2 montre des changements quantitatifs aussi bien au niveau des superficies qu’au niveau de la production de biomasse et des unités fourragères. Ce tableau montre également une disparition de la classe « non vulnérable » et une importante chute des paramètres de la classe « peu vulnérable » au profit des classes «vulnérables» et surtout « très vulnérable » en 2020 et 2050. Cette tendance vers des classes plus vulnérables sera accompagnée par une réduction du taux de recouvrement de cette formation végétale. Les données montrent qu’il existe une proportionnalité entre le taux de recouvrement de la végétation et son taux de recul vers des classes plus "dégradées", désignant un recouvrement moins important. En effet, plus le taux de recouvrement est faible, plus la végétation sera sujette aux méfaits de la pression anthropozoïque (piétinement par les troupeaux, broutage, éradication, défrichement, …) et être, par conséquent, exposée aux différents processus de l’érosion hydro-éolienne (déssouchage des plantes et mise à nu de leurs racines, …) puisqu'elle ne peut pas assurer son "auto-protection" ; ce qui diminue sa capacité, dans un premier temps de se protéger, mais aussi sa capacité de se régénérer. Les changements quantitatifs induits par l’augmentation du degré de vulnérabilité des parcours de Rhanterium suaveolens seront accompagnés par des changements qualitatifs touchant leur physionomie. Ceci se traduit par une régression en nombre de certaines espèces pastorales qui étaient dominantes en l’occurrence Rhanterium suaveolens, Stipa lagascae, Plantago albicans et Helianthemum lippii var. sessiliflorum. Ces différentes espèces de haute palatabilité, vont devenir de moins en moins présentes dans le milieu. D’autres espèces de faible valeur pastorale et connues par leur meilleure adaptation à la sécheresse (changement climatique) et aux perturbations anthropiques (particulièrement le surpâturage) deviennent de plus en plus abondantes face à l’augmentation des effets des facteurs de stress et de perturbations. Parmi ces espèces, il y a lieu de citer Astragalus armatus, Atractylis serratuloides, et au stade ultime Stipagrostis pungens. 4.2.2. Formation à base de psammophytes Il est bien connu que ce type de parcours se développent essentiellement sur les accumulations sableuses ressentes, mais il n’est pas exclu de les rencontrer sur des sols à surface battante après la déflation du sable qui s’était accumulé dans ces sites. Ces parcours sont généralement dominés par Laegos (Retama) raetam et Stipagrostis (Aristida) pungens soit en association soit par une des deux espèces. Les conditions écologiques caractérisant les aires de répartition de cette formation végétale attestent de la grande adaptation du cortège floristique de ce type de parcours aux conditions climatiques et édaphiques très difficiles. Le tableau 2 montre que les espaces où la végétation appartient à la classe peu vulnérable occupent plus de 65% de la superficie totale de l’unité pastorale et ce aussi bien pour l’année de référence (2005) que pour les années 2020 et 2050. En second lieu vient la classe «très vulnérable» qui touche un espace occupant de 13 à 22% de la superficie totale de l’unité. Cette classe se situe en grande partie dans la Jeffara. Les classes « non vulnérables » et « vulnérable » occupent des places intermédiaires. Du fait des faibles potentialités pastorales de cette formation végétale, cette variation de la vulnérabilité a engendré une légère augmentation des productions qui ne dépassera pas 1.5% à l’horizon de 2050. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 123 123 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Stipagrostis pungens, Retama raetam et leur cortège floristique sont très bien connus par leur rusticité du moins à la sécheresse grâce au phénomène de xérophytisme. La vulnérabilité même faible de cet écosystème pastoral pourrait être expliquée par conséquent par le surpâturage grâce à la surcharge animale particulièrement au niveau de la région de la Jeffara, où la superficie relativement faible, qui fait l’objet d’un pâturage par un nombre élevé d’animaux. 4.3. Les écosystèmes pastoraux les plus vulnérables au changement climatique 4.3.1. Formation à base de Stipa tenacissima Le tableau 2 montre qu’actuellement, les espaces comportant la végétation vulnérable à très vulnérable représentent près de 47% de la superficie totale de l’unité pastorale. Tout cet espace est prévu de passer au stade très vulnérable et ce depuis l’année 2020. Les productions en biomasse aérienne et en unités fourragères feront l’objet par conséquent d’une chute dépassant 75% ce qui va augmenter davantage le déficit du bilan fourrager déjà marquant la région. Cette grande vulnérabilité se traduira par des changements qualitatifs et physionomiques se traduisant par la raréfaction de l’espèce clef de voûte Stipa tenacissima dans tous les endroits de sa répartition actuelle à l’exception de ceux qui sont plus favorables et pouvant bénéficier d’un supplément d’eau par ruissellement. D’autres espèces non appétées par les animaux et plus adaptées aux stress thermique et hydrique comme Haloxylon scoparium et Reaumuria vermiculata auront les potentialités pour dominer. L’alfa (Stipa tenacissima L.) est une graminée vivace considérée par plusieurs auteurs comme étant l’un des remparts face à l’avancée du désert, et ce, grâce à son système racinaire très développé qui assure la fixation et la protection du sol. Cette espèce a perdu sa capacité de régénération naturelle à cause de pratiques humaines irrationnelles (défrichement abusif, surpâturage, surcollecte de l’alfa) et surtout d’un bioclimat contraignant avec des conditions souvent défavorables à la germination et à l’installation de cette espèce et de l’ensemble des espèces de cette formation végétale. 4.3.2. Formation à base de Rosmarinus officinalis Les résultats de l’étude montrent, même si à un degré moindre par rapport à l’alfa, la fragilité de cette formation aussi bien par sa sensibilité aux scénarios climatiques développés pour la région que par sa faible résistance aux différents types de perturbation (pâturage, coupe, …). Le tableau 2 montre la disparition de la classe non vulnérable depuis l’horizon de 2020, suivie de la classe peu vulnérable à l’horizon de 2050 et une tendance presque quasi-totale de tout l’espace pastoral vers la classe « très vulnérable ». C’est ainsi qu’il est prévu que les potentialités pastorales connaitront une chute évaluée à 34 et 42% respectivement en 2020 et 2050. Etant donnée sa superficie limitée et l’existence d’une variété endémique tunisienne (var. troglodotyrum) menacée dont la perte ne peut en aucun cas être évaluée, sa protection et/ou la mise en plan d’un plan de gestion rationnel s’impose. 4.3.3. Formation à base d’Artemisia herba alba 124 Il semble que l’impact des effets néfastes de l’emprise humaine et du changement climatique semble plus consenti au niveau des Monts des Matmatas du fait toutes les formations végétales colonisant le jbel, les piedmonts et les glacis semblent être les plus vulnérables. Ce résultat reste valable également pour la formation à chih (Artemisia herba alba) où la situation sera plus alarmante aux horizons de 2020 et 2050. Le tableau 2 montre que cette formation végétale passera d’un état relativement peu vulnérable à un état très vulnérable et ce depuis GIZ-BROCHURE+CCC.indd 124 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique même l’année 2020. Il est prévu que cette tendance va engendrer une perte de l’ordre de 80% de la production pastorale de ce type de parcours. Ces espaces pastoraux seront de plus en plus gagnés par des espèces envahissantes, agressives et à faible valeur pastorale comme Haloxylon scoparium, Atractylis serratuloides, Astragalus armatus, etc. Ces faciès voient aussi la surface des sols qu’ils occupent se colmater (pellicule de battance), ce qui conduit à un blocage généralisé des activités biologiques dont la conséquence immédiate est la raréfaction de l’armoise blanche et des espèces pastorales accompagnatrices à l’instar de Gymnocarpos decander, et l’espace sera de plus en dominé par Haloxylon scoparium et/ou Atractylis serratuloides avec des annuelles essentiellement Stipa retorta et Diplotaxis harra qui ne prospèrent qu’en années pluvieuses. 4.3.4. Formation à base d’Anthyllis henoniana Il est bien connu que ces parcours peuplent les sites sahariens les plus défavorables du point de vue hydrique et édaphique. Les sols sont souvent maigres, caillouteux, à surface endurée et parfois gypseux, l’effet variation des pluies est moins important que dans le cas précédent. Cependant malgré ces atouts et contrairement à ce qui est attendu, les prédictions montrent que la formation à Anthyllis henoniana (espèce xérophile), de faible vulnérabilité actuellement, tend selon les prévisions à être plus vulnérable en 2020 à très vulnérable en 2050. Les prévisions de cette étude montre que la superficie des unités vulnérables à très vulnérables qui représentent seulement 36% en 2005, pourraient toucher la totalité de l’espace pastoral du ghizdir aux horizons de 2020 et 2050. Cette vulnérabilité commence à s’accentuer beaucoup plus dans les espaces pastoraux d’El-Ouara que dans ceux du Dhahar. Ces scénarios engendreront par voie de conséquence, une chute de la production pastorale de cet écosystème évaluée à environ 70%. 4.3.5. Formation à base de gypsophytes Dans le gouvernorat de Médenine, les parcours gypseux constituent des ilots éparpillés entre les champs des cultures et sont généralement soumis à un pâturage libre et continu durant toute l’année par les petits troupeaux des agropasteurs sédentaires. Ce fait atteste de la vulnérabilité de ce type de parcours même dans la situation actuelle et qui sera aggravée aux horizons de 2020 et 2050. Bien que la plupart des espèces (Lygeum spartum, Atractylis serratuloides, Anarrhinum brevifolium, Nitraria retusa, …) formant le cortège floristique de cette formation soient considérées comme étant des xérophytes très adaptées à la sécheresse, elle s’est avérée très vulnérable au changement climatique du fait que sa répartition régresse à l’horizon de 2020 pour disparaître à l’horizon de 2050. D’après le tableau 2, les endroits où cet écosystème pastoral est qualifie comme étant vulnérable à très vulnérable représentent 70% de la superficie totale en 2005. Il est prévu que la quasi-totalité (99%) de cet espace pastoral soit très vulnérable et ce depuis l’an 2020. Ceci engendrera par voie de conséquence une baisse de la production pastorale évaluée à plus de 60%. Cette forte vulnérabilité sera accompagnée par des changements au niveau de la physionomie de la végétation et la dominance-abondance des espèces. C’est ainsi que les espèces de bonne valeur pastorale indicatrices du bon état du parcours comme Anarrhinum brevifolium, (endémique tunisienne), Lygeum spartum et Helianthemum kahiricum seront menacées par la raréfaction voire la disparition pour être dominées voire même remplacées par des espèces indicatrices de la dégradation et moins vulnérables a l’instar de Zygophyllum album, Erodium glocophyllum, Pithuranthos chlorantus et Peganum harmala. 125 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 125 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 5. Analyse de la valeur économique des différents biens et services de l’écosystème (5 à 7 pages) 5.1. Identification et typologie des biens et services rendus par l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine En se basant sur plusieurs travaux réalisés2 dans le sud tunisien et en particulier dans le gouvernorat de Médenine, l’élaboration d’une typologie suivant l’approche TEEB des biens et services rendus par l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine est tentée. Le tableau 3 synthétise cette typologie qui d’une part décrit les types des services écosystémiques, selon les types d’usage (suivant l’approche VET) et d’autre part identifie les bénéficiaires et spécifie les types de bénéfices enregistrés. Tableau 3: Liste des biens et services rendus par l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine Type de services (Ref. approche TEEB) Services d’approvisionnement (ou de prélèvement) Biens et services Type d’usage Ref . VET) Bénéficiaires/ usagers Type de bénéfices (1) Production Usage Direct pastorale (ressources fourragères naturelles) Usagers des parcours Revenu des éleveurs. Revenus des acteurs de la filière. (2) Plantes Aromatiques et Médicinales Usage Direct Usagers des parcours Population locale Revenu des usagers locaux (femmes, familles pauvres, etc.). Revenus des acteurs de la filière. Protection des savoirs faire locaux. Santé humaine. (3) Feuilles de Gueddim Usage Direct Artisans locaux Revenu des artisans locaux (nattes, couffins, etc.). Revenus des acteurs de la filière. Protection des savoirs faire locaux. (4) Bois de feu des ligneux Usage Direct Usagers des parcours. Population locale. Source d’énergie pour la cuisson. (5) Miel Usage Direct Producteurs du miel. Population locale. Revenu des éleveurs. Revenus des acteurs de la filière. (6) Chasse Usage Direct Chasseurs Bien-être des chasseurs Animation culturelle Principalement les travaux de recherche de l’IRA, études CNEA, 1991, 2003, études des parcours d’EL Ouara, 2001, 2004 et 2009, étude des parcours du Dhahar, IRA 2000, Atlas du gouvernorat de Médenine 1999, PARLCD du gouvernorat de Médenine, 1996, Inventaires forestiers, 1995 et 2006, etc. 2 126 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 126 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Usage indirect Population locale. Société nationale. Communauté internationale. Protection des aménagements et de l’infrastructure . Lutte contre l’érosion éolienne. Protection des terres et des sols. Usage indirect Population locale. Société nationale. Communauté internationale. Protection de la production agricole. Lutte contre l’érosion hydrique. Protection des terres et des sols. Récolte et mobilisation des ressources en eau pluviales. Amélioration des revenus des agriculteurs locaux. Protection des écosystèmes et de la biodiversité. (9) Séquestration du carbone Usage indirect Société nationale. Communauté internationale. Atténuation des effets du CC. (10) Qualité du paysage Usage d’option Population locale. Acteurs touristiques. Société nationale. Communauté internationale. Conservation du patrimoine naturel (11) Récréation (Parc Sidi Toui) Usage Direct Services forestiers. Acteurs touristiques. Société. Recettes. Revenus des acteurs touristiques. Diversification des produits touristiques. Usage d’option (12) Valorisation touristique du paysage (tourisme écologique et culturels) Acteurs touristiques. Société nationale. Communauté internationale. Revenus des acteurs touristiques. Revenus des acteurs locaux. Usage d’option (13) Valorisation et d’héritage culturelle (Festivals, éducation et recherche scientifique) Société nationale. Communauté internationale. Générations futures. Animation culturelle. Conservation des savoirs locaux pour les générations futures. Valorisation scientifique et éducationnelles. (14) Conservation de Usage d’option la biodiversité, connue et d’héritage et inconnue Société nationale. Communauté internationale. Générations futures. Protection des écosystèmes et de la biodiversité. (7) Lutte contre la désertification (ensablement) (8) Protection des bassins versants (CES et mobilisation des ressources en eau Services de régulation pluviales) (capacité à moduler dans un sens favorable à l’homme des phénomènes comme le climat par exemple) Services culturels Services de soutien 5.2. Evaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine L’évaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine dont les détails sont données par le tableau 4, révèle une valeur économique totale (VET) estimée à 32 606 000 DT/an, qui sont réparties come suit : 45% (14 662 000 DT/an) pour les services d’approvisionnement, 40% (12 663 000 DT/an) pour les services de régulation, 12% (3 832 000 DT/an) pour les services culturels et 4% (1 449 000 DT/an) pour les services de soutien. La répartition des bénéfices montre que la population locale et la société profitent le plus avec respectivement 55,24% (18 012 000 DT/an) et 44,75% (14 590 000 DT/an), le reste 0,01% (4 000 DT/an) est au profit de l’administration (Figures 2 et 3). GIZ-BROCHURE+CCC.indd 127 127 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Figure 2. Evaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine par nature de service (1000 DT/an) Production pastorale 15% 4898 Conservation de la biodiversité 4% 1449 Valorisation culturelle (Festivals) 2% 478 Plantes aromatiques et médicinales 16% 5180 Valorisation touristique 10% 3350 Récréation (Parc Sidi Toui) 0% 4 Séquestration du carbone 6% 2095 Feuilles de Gueddim 5% 1467 Remeth 8% 2491 Miel 2% 625 GRN & LCD 32% 10568 Tableau 4 : Evaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine Unité Quantité Prix (DT) Valeur Distribution des bénéfices (1000 DT) (1000 DT) % Local 4898 15,02 4898 5180 15,89 5180 Gouvernement Société 1. Services d’approvisionnement (1) Production pastorale (ressources fourragères naturelles) UF 16327270 0,3 (2) Plantes Aromatiques et Médicinales Kg 2383297 (3) Feuilles de Gueddim Kg 2934731 0,5 1467 4,50 1467 (4) Remeth Kg 1245636 2 2491 7,64 2491 (5) Miel Kg 25000 25 Sous Total 1 625 1,92 625 14662 44,97 14662 10568 32,41 10568 2095 6,42 2095 12663 38,84 12663 2. Services de régulation (6) Gestion des ressources naturelles et lutte contre la désertification (7) Séquestration du carbone Tonne 99754 21 Sous Total 2 3. Services culturels (8) Récréation (Parc Sidi Toui) Visite 87 50 4 0,01 (9) Valorisation touristique (tourisme écologique et culturels) Visite 239273 14 3350 9,20 (10) Valorisation culturelle (Festivals) Visite 9555 50 478 1,47 3832 11,75 1449 4,45 1449 1449 4,45 1449 32606 (100%) 100,0 Sous Total 3 4 3350 478 3350 4 478 4. Services de soutien (11) Conservation de la biodiversité Sous Total 4 Total 128 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 128 Ha 21315 68 18012 (55,24%) 4 (0,01) 14590 (44,75%) 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Figure 3. Evaluation économique des biens et services de l’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine par type (1000 DT/an) Services d'approvisionnement 45% 14662 Services de soutien 4% 1449 Services culturels 12% 3832 Services de régulation 39% 12663 5.3. Evaluation de la valeur économique perdue Selon les figures 4 et 5, les productions des principaux biens et services (approvisionnement et séquestration de Carbonne) du système pastoral dans le gouvernorat de Médenine seront réduites sous l’effet des scénarios de CC aux horizons 2020 et 2050. En effet, la réduction la plus importante concernera les PAM avec 78% et 81% respectivement aux horizons 2020 et 2050. La production pastorale et la séquestration de Carbonne ne seront cependant réduites que de 23% et 26% respectivement aux horizons 2020 et 2050. Figure 4. Impact du CC sur la production des principaux Figure 5. Impact du CC sur la production des biens et services du système pastoral (Quantité) principaux biens et services du système pastoral (%) 18000000 Production pastorale PAM Feuilles de Gueddim Remeth Séquestration du carbone 0 16000000 -10 14000000 -20 12000000 -30 10000000 -40 8000000 -50 6000000 -60 4000000 -70 2000000 -80 0 -90 2005 2020 Production pastorale -23 PAM Feuilles de Gueddim Remeth Séquestration du carbone -23 -26 -26 -35 -39 -81 -78 -32-32 2020 2050 2050 129 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 129 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique En ce qui concerne l’évaluation monétaire de la VET correspondante aux services approvisionnement et de régulation (séquestration de Carbonne) considérée, les figures 5 et 6 montrent une réduction de la VET actualisée de 59% et 83% respectivement aux horizons 2020 (7 381 000 DT/an) et 2050 (3 048 000 DT/an) par rapport à la situation de référence (18 002 000 DT/an) (année de base : 2005). Sans actualisation (si on considère que les préférences futures resteront les mêmes que celles du présent), la VET verra sa valeur chuter d’environ 45% aux horizons 2020 et 2050 (9 940 000 DT/an). Les services d’approvisionnement et de régulation (séquestration de Carbonne) considérés suivront les mêmes tendances comme la montre les figures 6, 7, 8 et 9. Figure 6. Impact du CC sur la VET Figure 7. Impact du CC sur la VET par type de services (Sans Actualisation) par type de services (Avec Actualisation) Services d’approvisionnement Services de régulation Total Services d’approvisionnement 18002 Services de régulation 18002 9920 9940 2095 2095 1554 1614 15907 2005 7381 15907 1201 8386 8306 2020 2050 3048 477 2571 6180 2005 2020 2050 Figure 8. Impact du CC sur la VET par service Figure 9. Impact du CC sur la VET par service (Sans Actualisation) (Avec Actualisation) 7000 Total Production pastorale PAM Feuilles de Gueddim Remeth Miel Séquestration du carbone 7000 6000 6000 5000 5000 4000 4000 3000 3000 2000 2000 1000 1000 0 Production pastorale PAM Feuilles de Gueddim Remeth Miel Séquestration du carbone 0 2005 2020 2050 2005 2020 2050 130 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 130 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 6. Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au changement climatique La Tunisie et plus particulièrement le gouvernorat de Médenine a connu durant son histoire plusieurs sécheresses à ampleur variable. Certaines ont eu des répercussions négatives, parfois dramatique sur l’économie et les conditions socio-économiques de la population notamment rurale. La sécheresse de 1977 - 1979 avait été vécue comme un événement exceptionnel. Les sécheresses plus récentes, celles de 1988 - 1989 et surtout celles de 1999-2003, ont été davantage perçues comme une des manifestations possibles du changement climatique annonçant un retour plus fréquent de ces "anomalies" qui, de statut de catastrophes, pourraient passer au statut de "normes". Dans l’esprit du grand public, et en accord avec la tendance annoncée par les modélisateurs du climat, le changement climatique associe à l’augmentation prévue de température une plus grande fréquence d’événements extrêmes comme les cyclones tropicaux, les tempêtes et les précipitations intenses qui leur sont liées et, à l’opposé, le fort déficit pluviométrique conduisant à des situations de sécheresse. Au niveau du gouvernorat de Médenine, plus particulièrement, les dernières sécheresses erratiques ayant sévi durant la période 1999-2003 ont pu montrer jusqu'à quel point l’économie de la région est tributaire des hauteurs des pluies et de leur distribution. Quoiqu’il soit conscient de l’aggravement de ce phénomène, l’intervention de l’Etat tunisien peut être jugée faible dans une région, qui à côté de Tataouine et Kébili, abrite tout ce qui reste comme grands espaces pastoraux collectifs en Tunisie et où la sécheresse n’est plus considérée comme un phénomène conjoncturel mais bien structurel qu’il faut impérativement intégrer dans les stratégies de développement de ces régions. . Cette intervention s’est limitée à la stratégie nationale de lutte contre l’ensablement et de CES en vue de combattre la désertification, les processus de dégradation et les effets néfastes de la sécheresse, et à quelques mesures accompagnatrices et/ ou ponctuelles comme celles relatives à la gestion des crises, en particulier de la sécheresse qui semblent autant plus d’ordre politique que structurel. 6.1. Analyse de la pertinence des stratégies, programmes, projets et pratiques d’aménagement et de gestion actuelle en rapport avec les risques liés au CC 6.1.1. Stratégie nationale d’aménagement et de gestion des parcours naturels Toutes les interventions menées dans les parcours du gouvernorat de Médenine et notamment dans les régions de Dahar, d’El Ouara et dans la Jeffara ont porté sur des superficies très limitées comparativement aux potentialités pastorales existantes qui nécessitent un effort considérable d'aménagement et de gestion. Les parcours collectifs non soumis au régime forestier occupant des superficies importantes (212130 ha) n'ont bénéficié d'aucun effort de réhabilitation. Les efforts d'amélioration pastorale tels que ceux analysés dans le document d'évaluation de la stratégie nationale pastorale 1990-2000 et les rapports des différents intervenants dans ce secteur, démontrent que le Sud d'une manière générale et le gouvernorat de Médenine en particulier n'ont bénéficié que d'une faible part de l'investissement consacré au développement pastoral. A titre indicatif, la superficie totale améliorée par plantations arbustives durant les deux dernières décennies 1993- 2010 au niveau de tout le gouvernorat de Médenine n’a pas atteint les 2000 ha (1710 ha et 265 ha dans les parcours collectifs et privés respectivement). Celles améliorées par simple mise en défens pour la même période ont touché environ 61 000 ha (46 431 ha et 14 434 ha dans les parcours collectifs et privés respectivement). 6.1.1.1. Parcours améliorés par plantation d’arbustes fourragers Les plantations fourragères sont réalisées par l’Arrondissement des Forêts, au niveau des terres domaniales et collectives, et par l’Office de l’Elevage et des Pâturages, sur les terres privées. En fonction des conditions climatiques, les superficies plantées en arbustes fourragers varient annuellement de 14 à 400 ha, au niveau des terres collectives et de 0 à 100 ha dans les terres privées. Depuis l’indépendance, une dizaine de périmètres pastoraux, GIZ-BROCHURE+CCC.indd 131 131 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique totalisant 641 ont été créés au niveau des terres domaniales et collectives. De même, l’OEP est intervenu chez 161 exploitants sur une superficie de 273 ha dont 165 ha réussie. Le taux d’échec chez les privés a été très important chez les privés disposant d’un terrain de parcours de superficie très réduite. L’évaluation des plantations pastorales dans la Gouvernorat de Médenine, réalisée par Abdelkébir et Fechichi (1999) et Ouled Belgacem et Genin (2003) a montré que : • les taux de réussite des plantations varient de 40 à 70% du moins au cours des premières trois années lorsqu’elles sont encore contrôlées par les services de développement; • les plantations arbustives et notamment les espèces exotiques (Acacia sp, Prosopis sp, Atriplex sp.) ayant des limites d’adaptation aux conditions arides, ont montré des performances modestes voire très faibles pour inadaptation aux conditions du milieu. Leurs coûts d’entretien sont très élevés. • si la plupart des anciennes plantations d’arbustes fourragers a disparu des parcours privés suite au surpâturage, sécheresse ou changement de vocation de la terre (mise en culture), les plantations réalisées dans les parcours collectifs soumis au régime forestier semblent très âgées et souffrent d’un vieillissement et d’une forte lignification. Celles-ci exigent une exploitation de régénération pour permettre une production de la biomasse verte plus tendre et plus appréciable par le cheptel 6.1.1.2. Les mises en repos/défens (Gdel) Dans le cadre de la stratégie nationale, les mises en défens réalisées dans les parcours collectifs soumis au régime forestier couvrent une superficie de 46 431 dont 16000 ha dans les parcours du Dhahar. Chez les privés, cette action a concerné 14434 ha au profit de 414 exploitants mais seulement une superficie de 10243 a été respectée et réussie. L'analyse des différents programmes mis en œuvre en termes d'impact et de durabilité montre bien que les mises en repos simples ou associées au scarifiage sont les plus bénéfiques pour la régénération des parcours. L’efficacité de la technique des mises en repos pratiquée à grande échelle est confirmée par des expériences réalisées sous des conditions très similaires à celles dominant dans les parcours de Médenine (parcours de Tataouine). Lorsqu’elle est bien respectée, elle permet de doubler l’offre fourragère à la fin de la deuxième année; si elle est ensuite correctement gérée, elle permet de garder un niveau de production (en UF utiles) au moins égal à 1, 5 fois de la production à la situation de départ, sous les conditions d’une année normale (Ouled Belgacem et al., 2008). L’échec dans plusieurs cas de cette technique observé particulièrement dans les parcours privés du gouvernorat de Médenine est du soit à la pratique de cette technique au niveau des milieux très dégradés qui ont atteint un seuil d’irréversibilité soit au non respect des règles de la mise en repos par l’agropasteur lui même. En tout cas la durabilité de cette technique est mise en question du fait que les parcours aménagés font l’objet d’une surexploitation intense avec l’arrêt des subventions accordées par l’OEP. Au contraire, au niveau des parcours collectifs, la prolongation de la durée de mise en défens parfois en raison de l’évitement des conflits sociaux entre les utilisateurs ayants droit et autres et avec l’administration elle-même, engendre un vieillissement des plantes et un blocage de la dynamique végétale et une perte de la production pastorale pouvant égaliser celle perdue par une surexploitation. Aussi bien au niveau des parcours privés que collectifs, le choix des sites pour la mise en repos où la végétation a atteint un niveau de dégradation très avancée avec un blocage de la dynamique végétale est une autre raison de l’échec de cette opération. 6.1.2. Le Programme de Développement Rural Intégré (PDRI) 132 Ce programme, avec ses deux générations (1984-1993, 1994-1999), a visé la mise en valeur les zones rurales du Gouvernorat et particulièrement, celles à vocation agricole. Il a été basé sur une approche d’intervention classique n’impliquant la population qu’en phase d’exécution des composantes du projets qui sont elles mêmes inspirées des conceptions habituelles des projets de développement à savoir les activités agricoles, les actions non GIZ-BROCHURE+CCC.indd 132 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique agricoles, l’infrastructure et l’amélioration du niveau de vie. La part des parcours a été négligeable dans la mesure où le programme n’est intervenu que dans l’aménagement d’une superficie réduite d’environ 270 ha au total. Bien qu’il ait accentué la pression animale sur les parcours par la donation d’une quantité de 2250 têtes d’ovins et de caprins aux agropasteurs. 6.1.3. Le Projet de Gestion des Ressources naturelles (PGRN) Ce projet (1998 – 2004) s’est fixé comme objectifs la gestion durable des ressources naturelles, et plus particulièrement des terres agricoles et des parcours dans les zones fortement dégradées, avec une amélioration de leur productivité à travers une plus grande participation des usagers dans les programmes de développement. L’approche participative est introduite comme instrument pour une gestion durable de ces ressources. • Les différentes activités du projet ont été principalement réalisées à travers les UST (Unités Socio-Territoriales) et sous forme de Plans de Développement Participatif (PDP). Les interventions directes du projet en matière d’amélioration pastorales sont également très limitées et ne dépassant pas 5 ha de plantation d’arbustes fourragers. Selon le coordinateur du projet, ces plantations ont été soumises à l’échec par inadaptation des espèces utilisées, le coût élevé de ces plantations en plus du découragement des paysans pour son adoption. Il voit que d’autres techniques comme la mise en repos et la pratique d’une rotation des pâturages semblent plus efficaces. Par contre l’instauration par le projet des unités socio-territoriales (UST) et l’organisation des utilisateurs par la création des groupements de développement agricole (GDA) et l’application d’une approche participative pourraient dans l’avenir appréhender les problèmes de gestion des parcours collectifs dans le gouvernorat de Médenine à l’issu de ce qui a été développé dans les parcours collectifs de Tataouine et dans le Dhahar de Douz dans le cadre du projet PRODESUD. Un autre point positif qui revient également à ce projet c’est l’élaboration d’une étude « Projet de développement intégré et participatif (PDIP) des parcours d'El Ouara de Ben Guerdane » réalisée par une équipe pluridisciplinaire d’experts qui a aboutit à l’élaboration d’un plan d’aménagement et de gestion participatif des parcours collectifs d’El Ouara. L’exécution de ce PAGP est tributaire de la disponibilité d’une source de financement ; Des mesures accompagnatrices ont été réalisées par le PGRN dans les parcours d’El Ouara et qui peuvent énormément influencer la gestion des parcours et la répartition et la mobilité des troupeaux et qui se résument par : • la création de deux forages équipés pour l’abreuvement ; • la création de deux préaux d’ombrage. 6.1.4. Autres mesures accompagnatrices L’Etat a entrepris un ensemble de mesures pour palier aux diverses insuffisances et faciliter les opérations d’aménagement et de gestion des parcours conformément aux orientations de la stratégie de développement pastoral 2002-2011. Parmi ces mesures, il y’a lieu de mentionner : • élaboration d’une étude « Projet de développement intégré et participatif (PDIP) des parcours du Dhahar de Béni Khédache » ; • à l’issu de tout le pays, élaboration de la carte agricole régionale qui servira d’outil pour délimiter les terrains à vocation exclusivement pastorale et ceux à vocation agricole ; • renforcement des capacités de production des pépinières forestières pour produire suffisamment et aux moments opportuns les plants des espèces recommandées (pastorales / à usage multiple) plus adaptées aux conditions écologiques en particuliers climatique de la région; • consolidation du programme de l’infrastructure d’hydraulique pastorale (PISEAU) ; • mise en œuvre d’un plan de sauvegarde du cheptel pour atténuer les effets de sécheresse et réalisation d’une étude de gestion de la sécheresse. 133 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 133 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 6.1.5. Mesures ponctuelles de gestion de la sécheresse Malgré l’absence d’une stratégie claire d’atténuation de la sécheresse, l’Etat tunisien a entrepris des mesures ponctuelles chaque fois où une sécheresse prolongée apparaît. Ces «stratégies» temporaires ont été lancées depuis la sécheresse de 1977 – 1979, lorsque la production pastorale, déjà faible, a atteint des niveaux très bas et les performances animales ont été sévèrement touchées. Les décisions prises à cet égard concernent les principaux aspects suivants: - mise à disposition de quantités suffisantes d'aliments pour animaux (autorisation de l'accès des animaux aux parcours mis en défens, augmentation des superficies des les cultures fourragères irriguées, importation d’aliments concentrés comme l’orge, le son de blé et les bouchons de luzerne) ; - contrôle et organisation de la des ressources alimentaires (orge et son) et le transport des fourrages grossiers (exemples : foin d'avoine, les pailles) ; - subvention des prix des semences de sorgho et d'orge ; - subvention du transport des fourrages grossiers ; - exonération des fourrages et des semences importées de taxes douanières et sur la valeur ajoutée ; - distribution gratuite des quantités d'orge pour les petits éleveurs ; - contrôle de la santé animale (vaccination subventionnés, la fourniture de médicaments vétérinaires exonéré, etc.) ; - des décisions complémentaires (comme l’autorisation de l'abattage des femelles et les animaux de faible productivité, l'augmentation du taux de réforme des animaux). A côté des décisions ci-dessus indiquées d’autres mesures ponctuelles pour atténuer les impacts négatifs de la sécheresse sur les moyens de subsistance des agriculteurs, ont été prise par le gouvernement. Il s’agit de à titre d’exemple: - Intensification des cultures fourragères en subventionnant les semences surtout pendant les périodes difficiles, - valorisation des différents sous-produits agro-industriels dans la production des blocks alimentaires ; - amélioration de la valeur nutritive des pailles par leur traitement à l’urée ; - mise en œuvre de la stratégie nationale de reboisement, de la conservation eaux et des sols et d’amélioration pastorale. Lors des sécheresses de 1999 – 2002 et 2007 (qui coïncident avec la pénurie et l’augmentation sans précédent des prix du pétrole et des céréales dont celles destinées à l’alimentation animale), ces mesures ont été renforcées par des décisions dites « présidentielles ». Cependant cette politique basée sur les subventions et l’importation de concentrés durant les périodes de sécheresse pour conserver en entier le cheptel a entraîné dans pas mal d’endroits y compris dans le gouvernorat de Médenine, le surpâturage et la dégradation des terres. La stratégie des anciens respecte l’équilibre imposé par la nature. Durant les années sèches les agneaux sont sacrifiés ou écoulés à bas prix pour éviter le gonflement du cheptel, atténuer la pression sur les parcours et ne conserver que le capital nécessaire de brebis et moutons en attendant des jours meilleurs. La conservation d’un cheptel gonflé empêche la reconstitution des parcours. Cette politique a gravement perturbé voire détruit le savoir faire des éleveurs en matière d’adaptation et de gestion des sécheresses. En effet, les éleveurs adoptaient autrefois, des stratégies anti-risques par des pratiques et des expédients de type curatif comme les transhumances exceptionnelles et utilisation de terroirs complémentaires, constitution de stocks (gestion d’une sèche à partir d’une année humide), vente régulière des animaux au marché pour s’approvisionner en aliment complémentaire, associations temporaires... 134 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 134 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 6.1.6. Modalités actuelles d’exploitation et de gestion des parcours Si le mode de gestion des parcours privés est caractérisé par un système de pâturage libre et continu pouvant engendrer la dégradation du couvert végétal et la disparition des espèces de bonne valeur pastorale. Ce mode revient aux propriétaires eux même, qui mènent généralement un élevage sédentaire de subsistance et de taille réduite pouvant être élevé sur la base d’autres ressources alimentaires comme les sous produits de l’arboriculture (principalement l’olivier) et de la céréaliculture (paille, chaume, …). Le problème de gestion se pose au niveau des parcours collectifs où plusieurs acteurs (utilisateurs eux-mêmes, organisations représentatives, administration, … etc.) sont impliqués et concernés. Vue la dominance du statut collectif des parcours, les modes d’utilisation des ressources sont restés traditionnels et obéissant aux seules directives des usagers. Les pacages sont à rythme saisonnier ou à rythme continu sans respect de charge, de durée et de saison de pacage et de l’état des parcours. Les règles de pacage sont dictées essentiellement par la tombée des pluies, la disponibilité des points d’eau équipés et des pistes, et l’intérêt individuel des usagers à tirer le maximum du profit de l’espace pastoral. Au niveau des parcours collectifs d’El Ouara à titre d’exemple, la répartition des troupeaux dans l’espace est régie, au cours de la période sèche (au moment où les potentialités productives des parcours sont à leurs niveaux les plus faibles), par les principaux facteurs suivants (PDIP ElOuara, 2004): • la proximité des points d’eau et des pistes praticables permettant le transport de l’orge et des autres aliments de bétail au moindre coût ; • l’accoutumance de certains bergers à certains milieux bien déterminés auxquels ils s’attachent par peur de ne plus pouvoir y revenir. S’agissant d’un parcours collectif, le vide laissé par le départ d’un berger d’un endroit déterminé peut théoriquement être comblé par n’importe quel autre berger ; • les potentialités pastorales des parcours, qui n’interviennent qu’en deuxième ou troisième position. Au niveau des parcours de Dhahar de Béni Khédache, quoique les terres collectives soient soumises au régime forestier (Ce statut foncier est de nature à préserver la vocation pastorale et à impliquer l’administration forestière pour aménager, organiser et assurer la police des parcours), l’accès à ces parcours n’est pas soumis à une autorisation préalable ni de la part de l’autorité administrative ni de la part des institutions communautaires (conseils de gestion CG et groupement de développement agricole GDA). L’exploitation des parcours de la zone ne se fait pas dans le cadre d’une organisation collective des pâturages impliquant un partage réglementé des parcours entre les usagers donnant lieu à une répartition spatiale des troupeaux en fonction des disponibilités fourragères de la zone. Elle obéit plus à la présence de l’herbe et de l’eau qu’aux structures foncières des terres. Quand l’année est sèche, l’exploitation des parcours est limitée dans l’espace et dans le temps (recours intense aux achats des aliments de bétail, certains petits éleveurs vendent leurs cheptels), alors qu’en année pluvieuse, toute une dynamique pastorale est engagée. 6.2. Analyse de la capacité institutionnelle de l’administration face au changement climatique 6.2.1. Cas de l’Office de l’Elevage et des Pâturages (OEP) Les interventions de l'OEP dans le domaine des parcours s'intègrent dans le cadre de la Stratégie Nationale de reboisement, de conservation des eaux et des sols et de lutte contre l’ensablement. Parmi les différents intervenants (OEP, DG Forêts, CES, ODESYPANO), l'OEP a été chargé d'intervenir sur les terres privées. L’approche est participative (participation de l'adhérent estimée à 25%). L'adhésion de la population à ce programme est volontaire moyennant une demande adressée à la Direction régionale concernée. Toute demande techniquement retenue, fera l'objet d'un engagement entre les deux parties (OEP – Bénéficiaire). Les aménagements des par- GIZ-BROCHURE+CCC.indd 135 135 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique cours sont suivis et gérés par OEP. Ces aménagements consistent à mettre en défens ou à planter des arbustes fourragers tout en accordant aux propriétaires des subventions pendant une période de trois ans selon le respect et la réussite de l’opération. Cette politique de l’Etat a connu un essor considérable, suite aux moyens financiers importants en matière d’investissement et de compensation dispensés par l’Etat à travers l’OEP pour exciter la résilience des écosystèmes devenus très vulnérables et mettre à la disposition des éleveurs des réserves fourragères pour faire face aux périodes de disettes devenues de plus en plus fréquentes. Le principal problème posé face à cette politique, dans les parcours privés du gouvernorat de Médenine, est que le respect de l’intervention et du modèle de gestion proposé par l’OEP est limité à un lapse de temps (3 ans) correspondant à la période où cette intervention est soumise aux contrôles des techniciens et aux subventions accordées. La réussite est dans tous les cas tributaire de la participation des agro-pasteurs qui sont plus suscités par la rentabilité financière et économique que par les aspects écologiques et de conservation. D’ailleurs, l’expérience a montré que ce sont surtout les non éleveurs qui acceptent de protéger leurs parcelles pour bénéficier des subventions accordées par l’OEP (Ouled Belgacem et Genin, 2003). La durabilité du modèle de gestion pratiqué est également mise en question. En absence des subventions et d’une autorité morale soit elle de l’OEP après la fin du contrat, le système d’exploitation antérieur basé sur le pâturage libre et continue reprend sa place. 6.2.2. Cas de l’Arrondissement des Forêts (AF) Pour renforcer la résilience des écosystèmes et assurer une meilleure gestion des parcours collectifs particulièrement lors des années de crise (sécheresse prolongée), l’arrondissement des forets a intervenu par les activités suivantes : • Au niveau du Dhahar de Béni khedache Vue les difficultés rencontrées avec les usagers et leurs représentants (conseils de gestion) aucune activité d’aménagement n’a été réalisée par l’arrondissement forestier depuis 1988 (année de soumission des parcours de Dhahar sous régime forestier) jusqu'à l’année 1991. Ce n’est qu’à partir de cette date, après une phase de vulgarisation et de sensibilisation que l’AF a pu intervenir dans le cadre du projet de développement rural intégré (PDRI) par la création de 5 forages, la mise en défens de 1000 ha de parcours et l’installation de 5 aires d’ombrage biologique a raison de 5 ha autour de chaque point d’eau. Vu l’échec de la plantation de 200 ha d’arbustes fourragers par l’OEP (conditions edapho-climatique non encourageante), l’AF s’est limite a l’utilisation de la technique la plus facile et la plus bénéfique (mise en repos) avec un amendement d’une fertilisation sur une superficie de 16000 ha. En 1999, l’AF a impliqué les usagers et a développé le plan d’aménagement de ces espaces. La durée de la mise en repos varie de 2 à 3 ans avec l’ouverture des parcelles au pacage pendant le printemps et surtout durant les années pluvieuses. En matière de gestion, l’accès annuel des troupeaux à ces parcelles s’étalait sur une durée moyenne allant de 1 à 1, 5 mois et n’exigeait le paiement d’aucune redevance. Malheureusement, cet accès gratuit du troupeau n’a pas permis de contrôler la pression animale et son impact sur l’accentuation du surpâturage. Les résultats de ce programme de mise en défens de n’ont pas permis de reconstituer durablement le potentiel pastoral dans les parcelles concernées avec la coïncidence de la succession des années de sécheresse. Par ailleurs, l’exclusion des éleveurs du parcours de la mise au point du programme de mise en défens, réalisé par l’arrondissement forêt, constituait une contrainte majeure à l’appropriation des modes de gestion requis par les usagers. Dans ce contexte, le refus catégorique, de la part des éleveurs, de la notion de mise en défens a été constaté du fait que cette action est limitative au mouvement du cheptel et aux espaces de pacage. Il en découle, une nécessité absolue lors de la mise au point du parcellaire relatif à cette étude, de prendre en considération les déterminants qui sont de nature à faciliter la gestion et la rotation des espaces à mettre en défens. 136 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 136 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique • Au niveau des parcours d’El Ouara L’arrondissement des forêts avoue que ses interventions dans la restauration et la gestions de parcours collectifs d’El Ouara pour faire face aux différents types de perturbation et renforcer la résilience des écosystèmes face au changement climatique représenté par des sécheresses de plus en plus fréquentes, restent très limitées. A l’exception de la création du parc national de Sidi Toui en 1991, Ces interventions n’ont été suivis que d’effets modestes sinon décevants au regard des efforts investis. Les problèmes posés ne cessent en effet de s’aggraver et les ressources pastorales de subir une régression inexorable. Les difficultés rencontrées sont multiples : • milieu physique marginal dont les conditions édaphiques des sites aménagés sont extrêmement sévères. Les interventions ont coïncidé avec une sécheresse très prolongée ; • les traditions sociales des usagers sont solidement ancrées. D’ailleurs l’échec de la plupart des interventions techniques (mises en défens, plantations) à cause de la sécheresse, a engendré une réticence des usagers voire même des conseils de gestion sur l’utilité de ces interventions. En admettant même le succès de la faisabilité technique de tels aménagements, leur chance d’acceptabilité par la population dont le comportement est régie par des modes de raisonnement, par des affinités ethniques et par des stratégies d’alliance et d’organisation pluriséculaires, est relativement faible ; • échec de l’administration dans la sensibilisation des usagers et des conseils de gestion de l’importance des mises en défens et de la rotation des pâturages pour garantir la présence de la végétation en attendant sa régénération à la suite de l’occurrence d’une année pluvieuse. D’autres contraintes d’ordre foncière, législative sociale et institutionnelle peuvent être également à l’origine des échecs de l’administration forestière dans l’aménagement et la gestion des parcours collectifs aussi bien d’El Ouara que du Dhahar : Les parcours collectifs ou communautaires non soumis ne sont pas sous l’autorité de l’AF et ne bénéficient par conséquent d’un aucun effort de la part de l’Etat pour l’amélioration et le contrôle de leur gestion. Ces parcours qui représentent environ le tiers de la superficie totale des terres à pâturages du gouvernorat de Médenine, sont les plus exploités et les plus dégradés. Une seconde hypothèse relative à la législation appliquée par le service forestier pour la gestion des parcours soumis au régime forestier. Cette législation ressort des textes et des décrets du code forestier. La Tunisie dont le quart de sa superficie totale est occupée par les parcours naturels (la majorité se trouve dans le Centre et le Sud), n’a, jusqu’à présent, pas élaboré un code pastoral qui pourra faciliter la tache du service concerné du CRDA (il devra à ce moment être nommé par exemple « Arrondissement des Parcours ») pour bien gérer ces parcours collectifs. Les spécificités écologique, sociale et historique de la gestion des parcours collectifs par les populations pastorales diffèrent énormément avec celles en relation avec le domaine forestier et les sociétés forestières. Le code forestier actuel charge l’administration forestière de gérer et de développer les parcours collectifs soumis au régime forestier à travers l’élaboration des plans d’aménagement qui comprennent les règlements d’exploitation et les plans de mise en défens. Des études ont montré que ni les usagers ni leurs représentants n’ont été impliqués dans le choix des sites à aménager ou des techniques de développement des parcours. Ce fait se justifie par l’absence des conventions et des contrats établis entre l’Etat et les organismes de base (conseils de gestion, groupement de développement agricole) représentant les agro-pasteurs. D’ailleurs, les quelques plans d’aménagement réalisés, dans les parcours collectifs du Dhahar de Béni Khédache, qui se sont limités le plus souvent à des mises en défens ont été suivis par la population concernée avec une certaine réticence. L’administration forestière avec les moyens humains et financiers disponibles actuellement, n’est pas capable de gérer des grands espaces si-lointains comme Dhahar et El-Ouara. Ceci exige son renforcement par des cadres qualifiés et des moyens financiers et une implication plus active des usagers et de leurs représentants pour faire face aux défis de l’aménagement et de la gestion des parcours déjà amplifiés par le changement climatique. 137 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 137 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 7. Orientations stratégiques et mesures d’adaptation pour augmenter la résilience de l’écosystème face au changement climatique 7.1. Proposition d’orientations stratégiques en vue d’améliorer l’élaboration des stratégies, des programmes et projets d’aménagement et de gestion des écosystèmes L’analyse de différentes stratégies et projets en relation avec l’amélioration et la gestion des parcours a montré l’absence d’une stratégie nationale claire d’adaptation des parcours et du secteur de l’élevage spécifique au changement climatique. Dans ce qui suit nous développons un certain nombre d’orientations pouvant aider à préserver les écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine et leurs biens et services face au changement climatique à travers l’augmentation de leur résilience. 7.1.1. Sur le plan politique : Création d’une unité spécifique à la stratégie d’adaptation L’augmentation de la résilience des écosystèmes pastoraux si vulnérables exigent de dépasser la gestion de crise à court terme au moyen d’une stratégie d’adaptation aux risques liés au CC et d’intégrer l’adaptation au changement climatique dans toutes les politiques et les programmes relatifs à leur gestion, existants ou à réaliser. Les plans d’action doivent être suffisamment souples pour pouvoir y intégrer l’amélioration des connaissances sur les conséquences et les risques potentiels du CC. Ils doivent également accorder la priorité aux actions qui privilégient à la fois l’atténuation et l’adaptation. L’intégration générale de l’adaptation signifie probablement que les lois, les politiques et les programmes doivent tous être révisés voire modifiés pour tenir compte de l’adaptation au changement climatique, au besoin. A titre d’exemple les textes et les décrets du code forestier ne semblent pas dans plusieurs cas répondre aux particularités de la gestion des parcours collectifs dans le sud tunisien. La création d’un code pastoral intégrant l’adaptation des écosystèmes pastoraux au changement climatique et organisant les modalités de leur gestion s’avère fondamentale. Le renforcement des aspects politiques et législatifs dépasse même le cas particulier des écosystèmes pastoraux dans la mesure où l’intégration doit toucher toute la politique agricole et économique du pays. Un comité national ou une direction générale pourrait être créée au niveau du Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement avec des antennes régionales pour pouvoir coordonner cette intégration. Quoique l’adaptation au changement climatique dépasse largement le mandat d’un ministère en particulier. Il faut une stratégie d’adaptation et un plan d’action national et l’appliquer à tous les paliers et dans toutes les instances du gouvernement. 7.1.2. Sur le plan social et institutionnel 138 • Il serait fondamental de souligner que toute politique d’aménagement à appliquer aux écosystèmes dégradés, doit prendre comme base de réflexion que la population jugée dégradante, continuera d’y demeurer la force dominante autant dans les écosystèmes naturels que dans les agro-écosystèmes. Les voies de restauration doivent être choisies en concertation avec les usagers et les ayant droits et leurs représentants. • L’implication des usagers des parcours depuis la planification jusqu’à la mise en œuvre et la gestion des espaces objet d’une amélioration (appropriation et prise en charge des acquis) : la stratégie de mise en œuvre repose sur l’utilisation de l’approche participative et intégrée permettant de durabiliser les acquis. L’expérience du PRODESUD (projet de développement Agro-pastoral et de promotion des initiatives locales pour le Sud-Est : Tataouine et la délégation de Douz/Kébili) est un modèle à suivre dans ce contexte. En effet ce projet repose sur la participation de la communauté pastorale, l’implication des partenaires sociaux (conseils de gestion (CG) et GDA) et l’intégration des activités (élevage et autres activités pastorales). • Renforcer les capacités des institutions publiques et de développement (CRDA, OEP, …) et des organisations de base (Conseils de gestion, Groupements de Développement Agricole) pour améliorer la gestion des parcours naturels et augmenter leur résilience face au changement climatique ; GIZ-BROCHURE+CCC.indd 138 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique • Développer et promouvoir des techniques et technologies adéquates en matière d’aménagement et de gestion des parcours par l’installation des aménagements CES et la collecte des eaux de ruissellement pour préserver la végétation naturelle et par conséquent accroître la résilience des sols et des ressources en eau contre les effets du changement climatique ; • Développer les capacités en vu d’intégrer les préoccupations du changement climatique à long-terme dans les pratiques durables de gestion de pâturages ; • Le développement des capacités des populations dépendantes des ressources locales à valoriser les connaissances et le savoir faire locaux pour développer des agro écosystèmes plus durables et résistants aux impacts du changement climatique. 7.1.3. Sur le plan recherche scientifique Promouvoir la recherche scientifique, gage de tout développement : Encourager les institutions de recherche et d’enseignement supérieur à appuyer les organismes de développement à travers la réalisation des analyses, études et le développement de méthodes et d'instruments d’adaptation des écosystèmes au changement climatique. Il s’agit d’entreprendre des travaux et des études ciblés pour répondre à certaines questions perturbant l’utilisation des ressources et influençant négativement la productivité des parcours et de chercher soit des nouvelles techniques (relatives à l’augmentation de la résilience des écosystèmes, sélection des espèces pastorales plus adaptées au changement climatique) soit des techniques déjà existantes mais qui nécessitent d’être valorisées et adaptées au contexte (techniques appropriées de conservation des eaux et des sols, de collecte des eaux de ruissellement « water harvesting » en milieu pastoral, …). 7.1.4. Sur le plan technique • La mise en repos Le concept de la mise en repos, proposé ici, est différent de ceux de la mise en défens et de la réserve fourragère sur pieds, car il consiste en un mode de gestion basé sur une utilisation régulière des sites retenus (abstraction faite de la nature de l’année), celle-ci alternant avec des périodes de récupération du couvert végétal de façon à aider à une remontée biologique de l’écosystème, tout en participant au soulagement d’autres sites soumis à une forte pression d’utilisation. Cette technique permet d’assurer l’initiation d’une dynamique ascendante des principaux types de parcours s’apprêtant à pratique et d’asseoir une discipline de gestion basée sur le principe de la rotation ou du pâturage différé. La réussite de cette pratique est fortement tributaire du choix du site à mettre en repos. Il faut que l’état de dégradation n’ait pas atteint le seuil d’irréversibilité. La présence de l’espèce clé de voûte et certaines espèces très appétées même à un niveau rare à très rare constitue un indicateur de la dynamique de l’écosystème et des potentialités de régénération. • Plantations d’arbustes fourragers L’échec de cette technique observé dans les parcours améliorés revient soit au mauvais chois du site de plantation (sol très pauvre, milieu très sec) soit au choix des espèces arbustives dont les éxigences écologiques ne sont pas satisfaites par les conditions locales du site de leur plantation. La plantation d’arbustes fourragers plus adaptés aux conditions de la région comme Periploca angustifolia, Rhus tripartita, Stipagrostis pungens et Retama raetam même si elles permettent une production nettement inférieure par rapport aux espèces exotiques (Acacia sp., Cactus, Atriplex sp.) est un garant de la réussite de l’opération. Ces plantations doivent être établies dans les sites recevant un supplément d’eau par ruissellement avec des systèmes appropriés de collecte d’eau pluviale. • Resemis par réintroduction des espèces pastorales disparues Le resemis est une technique relativement complexe qui demande un itinéraire technique fin partant de la collecte des semences et arrivant aux façons culturales spécifiques à chaque espèce. De plus le resemis a d’autres GIZ-BROCHURE+CCC.indd 139 139 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique objectifs de restauration de l’écosystème et de relance de la dynamique biologique qui peuvent ne pas concerner l’usager actuel de l’espace. Cependant le grand succès qu’a connu cette technique dans le site d’El Mahmouda, Dhahar de Douz dans le cadre du projet PRODESUD constitue un appui pour l’appliquer dans les parcours de Médenine où les conditions écologiques sont meilleures. Les conditions d’utilisation de cette technique se réunissent lorsque les parcours ont atteint un état de dégradation irréversible où les semenciers font défaut et lorsque la restauration par une simple mise en repos n’est plus possible. • Renforcement de l’infrastructure Pour éviter la dégradation des parcours en raison du pâturage libre et continue avec une charge animale excessive, il est fondamental de créer et de prendre des mesures accompagnatrices à l’instar de la création et l’entretien des infrastructures à l’instar des points d’eau, des aires d’ombrages, des voies d’accès, des centres de services et de la couverture sanitaire. Seules ces mesures qui peuvent permettre la mobilité des troupeaux et de pratiquer un modèle de gestion basé sur la rotation des pâturages. • Valorisation des eaux de ruissellement Parmi les mesures conseillées par les instances scientifiques et techniques pour l’augmentation de la résilience des écosystèmes vulnérables (à l’instar de ceux de l’alfa, du romarin et de l’armoise blanche dans les monts de Béni Khédache) c’est la collecte des eaux de ruissellement qui peuvent alimenter la nappe et conduire à la remontée biologique des espèces végétales lors des saisons exceptionnellement pluvieuses. La maîtrise et la valorisation, dans les parcours, d’une partie de ces eaux, en tant qu’action d’amélioration pastorale, pourraient constituer une orientation pertinente du fait de sa contribution non négligeable à l’amélioration de l’offre fourragère. 7.2. Proposition de mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème face au changement climatique Comme il été signalé auparavant, au niveau des parcours privés gérés par l’OEP, l’amélioration pastorale a donné des résultats plus ou moins encourageants. En absence de problèmes institutionnels et fonciers, seules mesures d’adaptation comportant les actions de développement qui restent valables pour ces types de parcours. Les mesures d’adaptation concrètes relatives aux aspects institutionnels, fonciers et gestion sont orientées vers les parcours collectifs qui sont les plus importants aussi bien au niveau superficies qu’au niveau gestion et importance socioéconomique. Les mesures d’adaptions d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème face au changement climatique proposées sont ci-dessous présentées. 7.2.1. Actions de développement Ces actions concernent diverses interventions, inégalement réparties selon le territoire en fonction de la nature des parcours et de leurs potentialités et de leur vulnérabilité face au changement climatique. Elles sont conçues pour faire la part des occurrences de sécheresse en modulant en conséquence les priorités d’actions et les aides de sauvegarde du cheptel. Elles comprennent des actions de mises en repos, de resemis des parcours, de plantations d’arbustes fourragers autochtones qui peuvent être appliquées soit d’une façon unique soit intégrée selon la vulnérabilité des formations végétales du gouvernorat de Médenine (tableau 5). Ces actions comprennent également le renforcement des infrastructures pastorales existantes et les propositions relatives à l’utilisation des parcours. Ces interventions doivent constituer un seul paquet de façon à ce que ces techniques soient complémentaires ou substituables en fonction des conditions du milieu et des paramètres de gestion. 7.2.1.1. Mise en repos 140 Elle doit en priorité être conduite dans les milieux présentant une certaine résilience afin d’obtenir des résultats rapides et concluants servant à améliorer l’offre fourragère. Dans la région d’étude, cette technique s’apprête à GIZ-BROCHURE+CCC.indd 140 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique être pratiquée dans toutes les formations végétales en particulier celles évaluées dans la première phase de la présente étude comme étant les plus vulnérables à l’instar celles a base de Stipa tenacissima, Rosmarinus officinalis et Artemisia herba alba. L’efficacité de cette technique pourrait être largement améliorée lorsqu’elle est couplée, selon le cas avec l’une ou l’autre des opérations suivantes : - le scarifiage qui engendre en effet l'amélioration du bilan hydrique du sol suite à la destruction de la pellicule de battance ce qui favoriserait l'infiltration de l’eau et provoque par voie de conséquence la remontée biologique en aidant à l'enfouissement des graines et en facilitant la germination. à savoir.; - les travaux de CES: le rôle des ouvrages anti-erosifs consiste, entre autre, à protéger les pâturages contre l’érosion hydrique (ruissellement) grâce à la construction de petits ouvrages pour arrêter les ravinements tels que les banquettes, les cordons en pierres sèches et la consolidation des ravins par des seuils en pierres sèches et en gabions. A la troisième année, la parcelle mise en repos sera ouverte au pâturage une seule fois durant la saison de dormance végétative pour valoriser les UF cumulées et profiter de l’impact animal (enfouissement des semences, amélioration de l’infiltration des eaux de pluies, etc.). Ensuite, et à partir de l’année 4, la parcelle sera ouverte deux fois par an : la première, de courte durée mais à forte charge animale, aura lieu durant la saison de croissance végétative (de préférence au début); et la seconde de durée plus longue (jusqu’à utilisation quasi totale du tapis herbacé annuel) aura lieu pendant la période de dormance des principales espèces pastorales. La durée de cette deuxième pâture et la charge animale dépendront de l’offre fourragère. Tableau 5. Techniques de restauration et réhabilitation des écosystèmes pastoraux pour l’augmentation de leur résilience face au changement climatique. Parcour à base de Mise en repos Resemis Plantation Rosmarinus officinalis Eviter la perturbation de ce type de parcours. Ne mettre en repos que les faciès très dégradés par surexploitation et mettre ceux peu utilisés au pâturage contrôlé. Le resemis est techniquement déconseillé Les plantations sont à déconseiller, sauf dans le cas où des pieds mères de Periploca leavigata et de Rhus tripartitus pourraient être plantés et bien conduits dans les talwegs avec la mise en place des petits ouvrages anti-érosifs. Stipa tenacissima Eviter la perturbation de ce type de parcours. Ne mettre en repos que les faciès très dégradés par surexploitation et mettre ceux peu utilisés au pâturage contrôlé. Le resemis est techniquement déconseillé Les plantations sont à déconseiller, sauf dans le cas où des pieds mères de Periploca leavigata et de Rhus tripartitus pourraient être plantés et bien conduits dans les talwegs avec la mise en place des petits ouvrages anti-érosifs. Artemisia herba alba instaurer la mise en repos de deux ans qui est l’une des meilleures techniques pour développer et restaurer les différents faciès de dégradation de l’armoise blanche Le resemis doit d’abord commencer par les faciès les plus dégradés de l’armoise en utilisant la même espèce. Il serait préférable de rajouter Salaola vermiculata, et Stipa parviflora. Les sites à ressemer doivent favoriser les glacis plats et les dépressions où le bilan d’eau est rendu favorable par les apports de ruissellement. Atriplex nummularia convient bien aux sites dégradés se développant sur des sols encroûtés et pouvant recevoir un surplus d’eau de ruissellement. Il faudra pour ce faire démanteler la croûte avant de planter. D’autres espèces comme Periploca leavigata et des Acacia épineux peuvent convenir. 141 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 141 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Anthyllis henoniana La mise en repos doit concerner uniquement les sites où il y a un voile éolien et là où Stipa parviflora, Gymnocarpos decander et Helianthemum ssp sont rencontrées. Le ressemis direct doit être envisagé uniquement dans les sites les plus dégradés et là où le sol et les conditions hydriques sont favorables. Les plantations sont à déconseiller dans ce type de milieu. Gypsophytes La mise en repos ne devra concerner que les endroits peuplés par Helianthemum kahiricum et Lygeum spartum. Il est inutile de semer Les plantations sont à déconseiller Rhantherium suaveolens Les faciès incluant Stipa parviflora, Stipa lagascaea, Plantago albicans, Echiochilon fruticosum, Helianthemum lippii sessiliflorum, répondent très rapidement et substantiellement aux mises en repos de deux années successives au maximum Les faciès ensablés conviennent au semis direct de plusieurs espèces de Rhanterium suaveolens, Stipa lagascae, Stipagrostis pungens. Les faciès dégradés sur sol sablo-limoneux peuvent être semés par Salsola vermiculata, Echiochilon fruticosum, Argyrolobium uniflorum, etc. C’est inutile comparée à l’efficacité surtout de la mise en repos. Psammophytes Les mises en repos donnent des résultats substantiels dès la première saison, mais le rétablissement des milieux très détériorés nécessiterait des mises en repos plus prolongées ou du moins une utilisation très limitée dans le temps chaque année. Le resemis n’est pas indispensable car il y a un bon stock de graines dans le sol. Le semis de différentes espèces pérennes est possible à condition de profiter des années pluvieuses pour installer des foyers de semenciers. Eviter les plantations Haloxylon schmittianum Les faciès se développant sur Eviter le resmis des sols plus ou moins fixes et où Helianthemum lippii, Helianthemum kahiricum, Stipa parviflora, Aristida plumosa, etc. sont rencontrées même à faible densité conviennent aux mises en repos. Eviter les plantations Halophytes La mise en repos n’est pas conseillée. Eviter les plantations Les espèces existantes sont bien acclimatées et il n’y a pas besoin de resemer 7.2.1.2. Plantations d’arbustes fourragers autochtones Les plantations d’arbustes fourragers permettront écourter la période de soudure chronique, augmenter rapidement le disponible fourrager, stabiliser les fluctuations inter-annuelles et stimuler la dynamique de régénération naturelle. Ces plantations participeront à une atténuation de l’impact des années plutôt sèches et des mises en repos, à la remontée biologique et à la réhabilitation des espèces pastorales herbacées. Les techniques de plantations sont connues des techniciens, mais l’on veillera à choisir les sites les plus favorables. Pour le choix des espèces à planter, la priorité sera donnée aux espèces autochtones comme Periploca laevigata (Halleb) et Rhus tripartita (Jderi) dans les fonds d’oueds, les dépressions et là où un appoint d’eau de ruissellement peut être obtenu ; et Laegos raetam, Stipagrostis pungens, Calligonum sp., Genista saharaea, etc. dans les zones ensablées. 7.2.1.3. Resemis 142 A l’instar du site El Mahmouda (Dhahar de Douz), le resemis sera établi sous forme d’îlots à l’intérieur de zones favorables à la dissémination naturelle. Les sites resemés correspondront ainsi à des foyers de contamination à partir desquels les semences gagneront progressivement d’autres espaces. Pour ce faire, les sites à considérer GIZ-BROCHURE+CCC.indd 142 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique sont ceux où le sol est meuble et où existe un voile éolien plus ou moins mobile. Cette opération doit être effectuée dans les sites mis en repos. Les techniques de semis varient selon les espèces considérées. Ainsi les plantes autochtones colonisant les milieux sableux, comme Retama raetam, Stipagrostis pungens, Calligonum comosum, Calligonum sp, doivent être semées directement en favorisant les endroits où des reliques de ces espèces existent encore. Concernant les ligneux bas comme Rhanterium suaveolens et Salsola vermiculata, la technique consiste à scarifier le sol d’abord puis à épandre les semences sur la surface travaillée; alors que l’on doit semer d’abord puis scarifier le sol pour des espèces comme Argyrolobium uniflorum, Stipa lagascae, Plantago albicans, etc. L’époque de semis se situe entre début septembre et fin novembre, c’est à dire durant les pluies automnales et lorsque la température du sol est encore suffisamment élevée pour favoriser la germination. Les quantités de semences à l’ha varient avec l’espèce (environ 5 à 7 kg/ha de semences pures pour Argyrolobium uniflorum et Plantago albicans). 7.2.1.4. Mesures d’accompagnement Un grand effort a été déployé par le CRDA de Médenine dans mise en place de l’infrastructure dans les grands espaces pastoraux du gouvernorat. Il est nécessaire d’entretenir périodiquement les voies d’accès, les aires d’ombrages et surtout les points d’eau. Des centres de services sont à créer. Le renforcement de l’infrastructure est en effet en étroite relation avec une meilleure mobilité des troupeaux. Il faut que les actions de développement ci-dessus indiquées (mise en repos, resemis, plantations) ne soient pas une contrainte pour l’accès à cette infrastructure. 7.2.1.5. Mobilité des troupeaux et pâturage différé Une meilleure gestion des parcours implique la prise en compte des conditions climatiques dont en particulier les fluctuations pluviométriques et leur inégale répartition dans l’espace pastoral et dans le temps. La variation intra annuelle peut être considérable. Les précipitations ont lieu normalement en automne et au printemps; toutefois ces saisons peuvent être complètement sèches ou humides. Ces fluctuations sont imprédictibles, ce qui constitue un facteur d’insécurité permanente et de perturbation constante des systèmes de production. Les points d’eau conditionnent toute la stratégie de gestion des parcours. De plus les techniques de restaurations et de réhabilitation proposées ((mise en repos, resemis, plantations) visent principalement à côté de l’amélioration de l’état du couvert végétal et sa résilience, l’introduction d’un mode de gestion fondé sur la rotation des parcours et sur le pâturage différé. Cette technique repose sur le principe de faire admettre aux usagers de retarder le pâturage des parcours de quelques semaines à la suite des premières pluies automnales pour garantir l’installation des jeunes plantules et des nouvelles émergences.. Ce domaine est, par excellence, celui où les GDA peuvent tester et roder leurs mécanismes de fonctionnement et exercer leur autorité morale sur leurs adhérents. Par conséquent, une longue concertation, à ce sujet, est indispensable. Elle doit en outre, être continue afin d’apporter les ajustements imposés en particulier par la répartition spatio-temporelle de la pluviométrie et du calendrier d'exploitation des parcours aménagés. 7.2.2. Appui institutionnel et modalités de gestion 7.2.2.1. Le renforcement des capacités du CRDA de Médenine et la création d’une Unité spécifique d’adaptation au changement climatique La principale institution opérant dans la zone du projet est le Commissariat Régional au Développement Agricole (CRDA). C’est l’institution en charge du développement agricole dans le gouvernorat de Médenine, et intervient à travers le programme national et le programme régional de développement. Ses objectifs se focalisent autour de l’amélioration des conditions de vie et de revenu de la population agricole, et de la mobilisation et la sauvegarde des ressources naturelles. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 143 143 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Le renforcement des capacités du CRDA de Médenine exige l’appui de son adaptation et de ses méthodes de travail aux exigences de l’approche participative et intégrée et de le renforcer par des moyens de travail additionnels pour qu’il s’acquitte convenablement de ses nouvelles tâches et missions qui lui seront dévolues dans le cadre de cette stratégie d’adaptation au changement climatique des parcours naturels. Les types d’appuis concerneront particulièrement les domaines de : (i) l’ajustement organisationnel du CRDA de Médenine à travers la mise en place d’une unité pluridisciplinaire de gestion des ressources naturelles entre des parcours bien formée en matière de gestion des risques et l’adaptation au changement climatique. Cette unité pourrait être présider par le chef d’Arrondissement des Forets et travaille en étroite collaboration avec les autres arrondissements y compris ceux de CES, de statistique et des affaires socioéconomiques, …, (ii) l’adaptation du système d’information du CRDA au besoin de la stratégie (fluidité de l’information entre l’unité et ses partenaires techniques), (iii) renforcement du CRDA en matériel de travail et moyens humains, et (iv) formation du personnel technique y compris y compris les membres de l’unité a créer et les partenaires qui ne relèvent pas du CRDA de Médenine (autorités, services techniques et membres des organisations de base (GDA, CG…) dans divers domaines en liaison avec les exigences de la stratégie (adaptation au changement climatique, approche participative, gestion des ressources collectives, …). La nouvelle unité qui intervient au titre de représentant du CRDA à l’échelle régionale mais également de la Direction Générale d’adaptation au changement climatique à l’échelle nationale, est appelée à jouer pleinement la carte du partenariat et de la participation en particulier avec ses principaux partenaires, les GDA et les CG. Ceci est d’autant plus nécessaire que l’unité devrait céder la place au GDA à moyen et long terme et ce afin de garantir la durabilité des interventions réalisées dans le cadre de la stratégie d’augmentation de la résilience des écosystèmes face au changement climatique. Ceci exige le soutien par l’unité de l’action du GDA et le considérer comme un véritable partenaire et une structure porteuse de la stratégie. 7.2.2.2. Groupements de Développement Agricole (GDA) Les compétences des GDA selon la loi sont très larges: • la protection des ressources naturelles du périmètre de son intervention et la rationalisation de leur utilisation; • la sauvegarde, le traitement et la garde des plantations et des cultures; • contribuer à l'apurement des situations agraires; • l'augmentation de la productivité des exploitations agricoles; • le développement des systèmes de parcours et des techniques d'élevage; • l'accomplissement de toute mission visant le renforcement de l'intérêt collectif et ses adhérents”. L'adhésion au GDA se fait d’une façon volontaire et individuelle. Les GDA ne sont donc pas sensé représenter une collectivité comme les conseils de gestion. Ils disposent cependant d'un territoire qui doit être connu mais dont la délimitation n'est pas explicitement exigée. Le décret sur les statuts-type précise que : “peuvent adhérer au groupement tous les propriétaires, exploitants agricoles et pêcheurs de son périmètre d'intervention”. Il n'est donc pas nécessaire que ceux-ci soient présents. Les GDA sont dirigés par des conseils de gestion composés de 3 à 6 membres. Les pouvoirs du conseil d'administration sont assez étendus pour permettre une gestion souple des GDA avec un recours limité aux assemblées générales. Le conseil d'administration est renouvelé par tiers tous les ans. 7.2.2.3. Les conseils de gestion Les conseils de gestion des terres collectives les plus impliques dans l’exécution d’une stratégie d’adaptation des écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine face au changement climatique sont en nombre de 27. Douze (12) appartiennent à la délégation de Benguerdane et 16 à la délégation de Béni Khedache). 144 Les activités des conseils de gestion se limitent à l'attribution, à titre privé, des terres collectives et à la défense des parcours collectifs contre les empiètements extérieurs. Leurs structures et leur organisation et aussi leurs traditions ne les habilitent pas à jouer un rôle dynamique dans le développement. Par ailleurs, la législation les concernant ne leur donne pas une grande latitude en matière d'activités de développement agricole et rural, no- GIZ-BROCHURE+CCC.indd 144 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique tamment pour ce qui est de la gestion financière. Ces conseils sont soumis à une forte tutelle qui n’encourage pas la responsabilité et l'initiative collectives. Nonobstant ces limitations, on ne peut pas envisager l'aménagement et la gestion des parcours collectifs dans le cadre des GDA sans recevoir l'aval des conseils de gestion. La solution la plus adéquate consiste à inclure un représentant de chaque conseil dans le Bureau du GDA ou assurer le concours de tous les conseils de gestion au conseil d’administration du groupement de développement pour garantir l’adhésion de tous les usagers du parcours. Cette représentativité est souhaitable car le GDA sera nécessairement le représentant de la population usagère des parcours et assurera les négociations et tout le travail participatif avec l’unité de gestion de la stratégie d’adaptation. D’ailleurs, ceci permettra de créer une synergie entre les GDAs et les conseils de gestion qui est de nature à résorber les conflits, faciliter la mise en œuvre du plan d’aménagement et permettre la mise en place d’un schéma d’autogestion des parcours. 7.2.2.4. Modalités pratiques pour l’exécution des différentes composantes de la stratégie Les GDAs et l’unité spécialisée de la stratégie d’adaptation au changement climatique définissent conjointement les solutions techniques et les modalités pratiques pour la mise en œuvre des différentes composantes de la stratégie. Ce partenariat est basé sur les principes suivants : - le diagnostic participatif des besoins exprimés; - la négociation et le choix des solutions, des lieux et des actions à entreprendre; - la définition conjointe des responsabilités spécifiques de chacun des deux partenaires; - la cogestion et le suivi de la mise en œuvre. • Rôle des GDAs Le rôle des GDAs consiste à : 1) contribuer à la définition des priorités et du programme d’action pluriannuel et annuel de la stratégie, 2) valider la hiérarchisation des priorités, 3) définir les groupes et les zones cibles, 4) contribuer à la définition des modalités pratiques pour la mise en œuvre des actions, 5) garantir la mobilisation des agriculteurs et des éleveurs concernés, 6) assurer l’encadrement des agriculteurs et éleveurs engagés dans une opération liée à cette stratégie, 7) prendre en charge la réalisation de certaines opérations de développement dans le cadre de conventions établies avec l’administration conformément à la réglementation en vigueur (marché de gré à gré), 8) garantir à terme la pérennisation des actions entreprises dans le cadre de la stratégie. Pour la réalisation de toutes ces taches, les GDA du Dhahar et d’El Ouara seront amenés: - à solliciter de la part des Conseils de gestion respectifs, qui ont juridiquement la responsabilité d’exploitation des parcours de leurs zones, une sorte de délégation de pouvoir pour représenter les intérêts des ayants droit pour la mise en œuvre de cette opération de développement. - à trouver les modalités pratiques pour assurer une adhésion et une mobilisation des éleveurs pour la réalisation des objectifs de la strategie. • Rôle de l’unité chargée de la mise en œuvre de la stratégie Son rôle consiste à: 1) contribuer à la définition des priorités et du programme d’action annuel de la strategie, 2) identifier des solutions techniques appropriées, 3) contribuer à la définition des modalités pratiques pour leur mise en œuvre, 4) garantir et suivre la réalisation matérielle sur terrain (en régie ou à l’entreprise), 5) assurer l’appui et l’encadrement technique et institutionnel aux GDAs, 6) faciliter à terme l’affirmation de la responsabilité des GDAs dans la conduite des actions et l’organisation des éleveurs concernés. Le système de partenariat qui sera mis en place entre les GDAs et l’Unite bénéficiera d’une action de facilitation, de modération et d’appui méthodologique qui sera confiée à une équipe de spécialistes dans le cadre du programme d’accompagnement de recherche-développement. Sur le plan pratique, un programme d’action pluriannuel et un plan d’opération annuel de la stratégie définissant à la fois les activités à entreprendre, les moyens à mettre en œuvre et la contribution des différents partenaires, seront élaborés conjointement par les deux partenaires. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 145 145 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 7.2.3. Développement des compétences et formation 7.2.3.1. Formation du personnel technique du CRDA (Unité chargée de la mise en œuvre de la stratégie) Dans le but de renforcer les capacités des différents services techniques du CRDA, aussi bien au niveau régional que local, qui sont appelés à assurer l’encadrement nécessaire à la mise en œuvre et le suivi de la stratégie relative a l’adaptation des parcours au changement climatique, deux types de formation sont envisagés pour le personnel de ces services : • Une formation complémentaire : Ce type de formation est dispensé sous forme de sessions de recyclage qui sont limitées dans le temps (une semaine) et qui s’adressent à des techniciens de base (techniciens supérieurs) notamment les membres de l’unité. Ces sessions portent sur des thématiques ponctuelles qui sont en rapport direct à la fois avec les objectifs de la stratégie (mesures d’adaptation concrètes pour augmenter la résilience de l’écosystème face au changement climatique) et ses modalités de mise en œuvre. • Une formation de mise à niveau : Il s’agit d’une formation de mise à niveau et de perfectionnement qui vise à doter le CRDA d’un personnel compétent ayant les qualifications nécessaires pour concevoir, mettre en œuvre et suivre des opérations de développement participatif a la lumière du changement climatique. 7.2.3.2. Formation des membres et du personnel des GDAs Il est fondamental d’assurer une formation spécifique visant le développement des capacités des responsables et des employés du GDA en matière de gestion et de conduite des actions de développement tout intégrant les nouveaux défis impliqués par le changement climatique. Ce programme prévoit aussi des visites à des structures similaires dans certains Gouvernorats du Sud et du Centre du pays ayant acquis une certaine expérience en matière de gestion participative du développement local. Cette formation portera sur les cinq principaux axes suivants : 1) le fonctionnement du GDA et les relations avec les adhérents; 2) la gestion des ressources naturelles en milieu pastoral à la lumière du changement climatique; 3) la conduite des opérations techniques prévues par le projet; 4) les relations avec l’environnement administratif et institutionnel; 5) les relations avec l’environnement économique. 7.2.4. Recherche scientifique Comme il a été signalé auparavant la recherche scientifique est la gage de tout développement. Le rôle de la recherche devient primordial pour appuyer les services techniques et les aider à trouver les meilleures solutions aux problèmes quotidiens qu’ils rencontrent dans la gestion des parcours surtout avec les risques alarmants induits par le changement climatique sur la vulnérabilité des écosystèmes pastoraux. Il est fondamental pour l’établissement de la stratégie d’adaptation au changement climatique, d’associer les institutions de recherche a l’instar de l’IRA de Médenine et les considérer comme partenaires en raison de la nouveauté de la thématique et prévoir un financement sur le budget de la stratégie pour financer les activités de recherche demandées. Les thèmes prioritaires avec lesquels la recherche doit commencer à aborder sont les suivants : • thème 1 : Identification des modes de pâturage permettant l’augmentation la résilience des écosystèmes pastoraux face au changement climatique ; • thème 2 : Identification et sélection des espèces pastorales autochtones plus adaptées au changement climatique ; • thème 3 : Amélioration pastorale par le développement des ouvrages anti-érosifs et des systèmes appropriés de collecte des eaux pluviales. 146 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 146 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 8. Conclusion Les principales conclusions qui peuvent être dégagées de cette étude montrent que les écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine sont très fragilisés par la pression humaine et sont par conséquent en danger face au changement climatique. Actuellement surexploités, ils seraient plus dégradés sous la même pression pastorale et sous des conditions d’aridité plus forte. Les conséquences directes iront de la chute de la production pastorale, l’accentuation du déficit du bilan fourrager et de l’appauvrissement en espèces de haute valeur pastorale qui s’avèrent les plus vulnérables aux effets combinés du changement climatique et du surpâturage. L’étude a permis de mettre en évidence la présence de trois différentes classes d’écosystèmes pastoraux quant à leur vulnérabilité au changement climatique : - les écosystèmes des monts des Matmatas de la délégation de Béni Khédache (Stipa tenacissima, Rosmarinus officinalis et Artemisia herba alba) sont les fragiles et les plus vulnérables au changement climatique. Les formations à base d’Anthyllis henoniana et de gypsophytes, caractéristiques des sols caillouteux et gypseux ont également présenté une grande vulnérabilité ; - les écosystèmes pastoraux à base de Rhanterium suaveolens et de psammophytes (Stipagrostis pungens et Retama raetam), caractérisant les sols sablonneux fixes et mobiles respectivement, se sont avérés moyennement vulnérables ; - étant relativement les moins perturbés et les plus adaptées aux conditions climatiques précaires, les parcours à beguel (Haloxylon schmittianum) et ceux salés (à base d’halophytes) semblent être les plus moins vulnérables au changement climatique en présentant une très faible vulnérabilité. Malgré cette situation alarmante, tous les indicateurs montrent que les écosystèmes pastoraux du gouvernorat de Médenine n’ont pas encore atteint le seuil d’irréversibilité et du non retour. Les changements quantitatifs (superficies des classes de vulnérabilité, les taux de recouvrements, la densité des espèces indicatrices, …) et qualitatifs (physionomie, structure, présence des espèces clefs de voute et palatables, …) ayant eu lieu sous l’effet combiné du climat et de la mauvaise gestion, ne semblent pas profondément toucher la capacité de résilience de la plupart de ces écosystèmes ce qui pourra leur permettre à revenir à un état antérieur proche à celui initialement existant en cas où une gestion plus rationnelle des ressources pastorales sera pratiquée. Ces parcours, surtout les plus vulnérables et gardant encore une certaine capacité de résilience nécessitent par conséquent des aménagements et une régénération naturelle, mais également une gestion réglementée et contrôlée permettant l’adéquation entre les besoins du cheptel et les disponibilités fourragères. Le succès de ces interventions exige forcément l’implication des acteurs locaux (usagers, GDAs, administration, …). L’évaluation économique effectuée a été basée sur l’application de l’approche TEEB et les données et les informations disponibles auprès des institutions de recherche notamment l’Institut des Régions Arides et les services techniques compétents en particulier le CRDA de Médenine et l’ODS. Evidemment le présent travail n’a pas la prétention d’être complet, bien au contraire, c’est un travail pionnier certes mais qui est sensiblement perfectible. Plusieurs biens et services très intéressants n’ont pas pu être pris en compte, en particulier la chasse, la valorisation du paysage, les activités de recréation traditionnelle comme les activités de tente et de randonnées désertiques effectuées par des centaines de familles pendant les saisons clés surtout le printemps. Les prélèvements de bois de chauffe, le charbonnage n’ont pas été évalués également. D’autres biens n’ont été évalués que partiellement comme les PAM, les dépenses de protection, les services culturelles (beaucoup de festivals n’ont pas pu être pris en compte). Certaines évaluations monétaires nécessitent des investigations spécifiques et l’application de méthodes appropriées qui demandent des moyens importants en termes de temps et d’efforts, lesquels ne sont pas disponibles dans le cadre de ce travail. Les laboratoires de l’IRA pourront dans ce sens proposer et mettre en œuvre des programmes de recherche/développement en partenariat avec les services et acteurs de développement notamment le CRDA, l’ODS, l’environnement, les ONGs et les institutions locales. GIZ-BROCHURE+CCC.indd 147 147 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique Quant à la tentative d’évaluation de la valeur économique perdue des différents biens et services de l’écosystème pastoral sous l’effet du CC, les résultats ont confirmé l’hypothèse que le CC aura un effet négatif sur la VET de l’écosystème, pastoral dans le gouvernorat de Médenine. Cet impact négatif se traduira par des pertes économiques d’autant plus importantes à l’horizon 2050. Les services d’approvisionnement et de régulation subiront une dégradation continue de leur potentiel notamment pour les principales plantes aromatiques et médicinales. Ces impacts auront sans doute des conséquences sensibles sur les revenus de la population et son bien être social, qui aura des effets négatifs sur les niveaux de pauvreté, l’emploi et la création des richesses pouvant affecter le potentiel de développement économique et social aussi bien au niveau local que régional. Les résultats ont révélés également l’intérêt et la pertinence de l’action face à l’inaction dont les impacts pourraient être lourdement facturés à la société actuelle mais surtout aux générations futures. Par conséquent, la mise en œuvre des stratégies appropriées d’adaptation à court, moyen et long termes se justifient amplement. Des efforts d’affinement de ce type de travaux et leur couplage à des actions de planification et de mise en œuvre de stratégies d’adaptation et d’atténuation au CC s’imposent et deviennent plus qu’une nécessité. Laquelle nécessité impose à la communauté nationale et internationale d’agir et de mobiliser les fonds suffisants pour plaider en faveur de l’action. L’analyse de différentes stratégies et projets en relation avec l’amélioration et la gestion des parcours a montré l’absence d’une stratégie nationale claire d’adaptation des parcours et du secteur de l’élevage spécifique au changement climatique et ce malgré les grands efforts déployés par le CRDA et l’OEP en matière de restauration et réhabilitation des parcours et la mise en place une infrastructure pastorale (points d’eau, aires d’ombrage, voies d’accès, …). Les résultats de ces interventions n’ont pas été au niveau des attentes ni au niveau des moyens financiers dépensés. Ceci en étroite relation avec les contraintes environnementales (conditions édaphiques et climatiques très difficiles) mais surtout aux modes de gestion adoptés et aux problèmes fonciers et institutionnels rencontrés particulièrement dans les parcours collectifs. Les orientations et la mise en place d’une stratégie d’augmentation de la résilience face au changement climatique des écosystèmes pastoraux qualifiés vulnérables à très vulnérables nécessitent d’entreprendre les mesures suivantes : Le renforcement des aspects politiques et législatifs dépasse même le cas particulier des écosystèmes pastoraux dans la mesure où l’intégration doit toucher toute la politique agricole et économique du pays. Un comité national ou une direction générale pourrait être créée au niveau du Ministère de l’Agriculture et de l’Environnement avec des antennes régionales pour pouvoir coordonner une intégration de l’adaptation au changement climatique dans toutes les politiques et les programmes de gestion des ressources naturelles. Les plans d’action doivent être suffisamment souples pour pouvoir y intégrer l’amélioration des connaissances sur les conséquences et les risques potentiels du CC. Par ailleurs les cadres relevant des services de développement y compris ceux des unités chargées de la mise en œuvre cette activité et intégration nécessitent une mise à niveau de leurs connaissances à travers des sessions de formation régulière. 148 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 148 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique L’application de toute politique d’aménagement à appliquer aux écosystèmes dégradés, doit prendre comme base de réflexion que la population jugée dégradante, continuera d’y demeurer la force dominante et amplifie par conséquent la vulnérabilité des écosystèmes au changement climatique. Les voies de restauration doivent être choisies en concertation avec les usagers et les ayant droits à travers les organisations de base qu’ils les représentent. Ces organisations (GDAs et Conseils de gestion) nécessitent une habilitation par selon un programme de formation touchant tous les aspects de fonctionnement et de gestion des ressources naturelles à la lumière du changement climatique. Ces organisations doivent être impliqués dans les différentes phases de la stratégie dès la conception jusqu’à l’exécution. Les actions de développement sont celles utilisées par les organismes de développement mais qui exigent la réunion des conditions de leur réussite aussi bien sur le plan technique que social. Les formations végétales les plus vulnérables devront avoir la priorité quant aux interventions. La recherche scientifique est le gage de tout développement. La nouvelle stratégie exige de promouvoir la recherche scientifique et encourager les institutions de recherche à s’investir dans la recherche des techniques permettant d’augmenter la résilience des écosystèmes face au changement climatique (sélection des taxons plus adaptés, modèles des pâturage, systèmes appropriés de collecte des eaux pluviales dans les parcours, …). 149 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 149 23/05/14 12:21 Vulnérabilité de l’écosystème pastoral face au changement climatique 9. références bibliographiques Aschi Agoubi S. 1978 : Contribution à l’étude physiologique de la germination de l’alfa (Stipa tenacissima L). Rejeb N. 1977 : contribution à l’étude éco-physiologique de l’alfa (Stipa tenacissima). Trabut L. 1889 : Etude sur l’alfa (Stipa tenacissima). El Hamrouni A. 1978 : Etude phytoécologique et problèmes d’utilisation et d’aménagement dans les forêts de pin d’Alep de la région de Kasserine (Tunisie centrale). 5. El Hamrouni A . 1979 : Etudes et recherches effectuées sur l’alfa en Tunisie. 6. El Hamrouni A . 1985 : Les systèmes pastoraux maghrébins face à la désertification. 7. El Hamrouni A. 1992 : Végétation forestière et pré-forestière de la Tunisie: typologie et éléments pour la gestion. 8. Le Houérou H.N. 1969 : La végétation de la Tunisie steppique. 9. Long G. 1954 : Contribution à l’étude de la végétation de la Tunisie centrale. 10. Monchicourt Ch .1906 : La steppe tunisienne chez les Frachiches et les Madjers. 11. Ministère de l’Agriculture/DGF : Aménagement des nappes alfatières de Kasserine, Sbeitla, Fériana, Kairouan, Gafsa, Sidi Bouzid. SCET. 1976-1979 . 12. Ministère de l’Agriculture/DGF : Etude d’aménagement des nappes alfatières dans le Gouvernorat de Gabès. CNEA. 1994 . 13. Ministère de l’Agriculture Décembre 1993 : Documents relatifs au Séminaire national sur le rôle de l’alfa dans le développement économique et la conservation de l’environnement. 14. 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Recensement général de la population et de l’habitat, 1994. • Ménages et conditions d’habitat ; • Caractéristiques économiques de la population ; • Caractéristiques d’éducation ; • Projection de la population 1995-2015. Volume III, niveau régional. • Projection de la population active et de la demande additionnelle d’emploi ; 19. Lloret A.S.1961 : Rapport sur les nappes alfatières tunisiennes. 20. Boudy 1950 : Guide du forestier en Afrique Nord-Africain. 1. 2. 3. 4. 151 GIZ-BROCHURE+CCC.indd 151 23/05/14 12:21 avec l’appui de la Ministère de l’Agriculture Institut des Régions Arides CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine Études de la vulnérabilité de trois écosystèmes tunisiens face au changement climatique Publié par : Siège de la société : Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Bonn et Eschborn Bureau de Tunis B.P. 753, 1080 Tunis-Cédex, Tunisie T +216 71 967 220 F +216 71 967 227 www.giz.de/en/worldwide/326.html Email: [email protected] Mandaté par : Ministère fédéral de la Coopération économique et le Développement et de la République Fédérale de l’Allemagne Institutions partenaires : Ministère de l’Agriculture, Institut des Régions Arides, CRDA de Beja, Jendouba, Bizerte, Kasserine et Médenine GIZ-BROCHURE COUV+CCC.indd 1 Équipe de travail : Ghazi Gader, Abdelmajid Jemai, Helmi Sabara, Maike Potthast et Ali Abaab : GIZ Azaiez Ouled Belgacem, Mongi Sghaier et Mohamed Ouessar : Institut des Régions Arides, Médenine Ali Aloui : Consultant en phytoécologie et aménagement des forêts Kamel Tounsi : Consultant en SIG et bases de données Hamed Daly-Hassen : Consultant en économie forestière Mise à jour : Décembre 2014 • L’écosystème subéraie • L’écosystème alfatier dans le gouvernorat de Kasserine • L’écosystème pastoral dans le gouvernorat de Médenine Rapport de synthèse Impression/Conception : Kréa - 1002 Tunis Le contenu de la présente publication relève de la responsabilité de la GIZ. 23/05/14 12:18