Répartition géographique et plantes hôtes Quelques particularités

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Quelques
particularités
La f emelle de Carausius morosus adulte p résente une teinte caractéristique rouge à l'intérieur de
l'articulation de l'épaule des pattes antérieures. Ses antennes, lorsqu 'elles sont entières, sont aussi
longues que ses pattes antérieures (Cliché G. Bouloux - OPIE).
Carte d'identité
Super ordre : Orthopteroidea
Ordre : PhasmopteraJeannel1947
Famille : Lonchodidae
Genre : Carausius
Espèce : morosus (Brünner)
Nom commun:
Bâton du diable, Dixippe morose
Répartition
géographique
et plantes hôtes
Ce phasme, ongmaire des reglons
indo-malaises, a été introduit en
Europe vers 1897 où il est toujours
élevé dans de nombreux laboratoires
et établissements scolaires.
Comme la plupart des Phasmidae,
C. morosus est très polyphage. La lit
térature ne permet pas de retrouver
les plantes nournCleres d'origine,
cependant, en captivité, ce phasme
accepte de consommer le feuillage
de très nombreux végétaux à feuilles
caduques. Les Chênes, l'Aubépine, le
Troène, les Ronces et Framboisiers,
de très nombreuses Rosacées, le persil, ... constituent des aliments très
appréciés par les jeunes tout comme
par les adultes de Carausius morosus, mais lorsque l'hiver arrive, bien
peu d'espèces peuvent encore servir
de plante-hôte. Ainsi, en France, on
utilise le plus fréquemment le lierre
pour alimenter les élevages toute
l'année, cette plante présentant
l'avantage d'avoir des feuilles
épaisses et vernissées qui favorisent
sa bonne tenue dans les enceintes
d'élevage. D'autre part, le lierre
(Hedera helix) est une plante rampante et grimpante commune que
l'on arrive à trouver dans tous les
bois et même en ville.
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Carausius morosus est un "phasmebrindille" aptère dont la longueur
avoisine les 10 centimètres. Cette
espèce présente la particularité de se
reproduire essentiellement par parthénogénèse, et donc de ne présenter (tout au moins en élevage) que
des femelles. L'apparition de mâles
(aux caractéristiques différentes), ou
d'individus intersexués (gynandromorphes à différents degrés) est
exceptionnelle et semble fonction de
la température de conservation des
œufs au début de leur incubation.
L'élevage de Carausius morosus permet d'observer certaines particularités dont la plus visuelle est le mimétisme. En effet, pour échapper à ses
prédateurs, ce phasme a développé
un camouflage très efficace qui
mime la forme d'une brindille. En
plus de cette homomorphie, son
comportement a évolué vers une
activité strictement nocturne. En
plein jour, l'insecte est donc immobile, les pattes étendues le long de son
corps, et plongé dans une sorte de
"sommeil" qui lui confère l'aspect
rigide d'une brindille. L'immobilité
réflexe, comparable à la catalépsie
(thanatose) des animaux supérieurs,
est très développée chez cette espèce et participe au mimétisme.
L'insecte, quand il est malmené, se
rigidifie dans la position de repos
habituelle, les pattes le long du corps
et échappe ainsi à la vigilance de son
prédateur.
Sa couleur verte ou brune est liée
aux conditions d'élevage, la chaleur
et l'humidité favorisant l'apparition
de la couleur verte. Les conditions
inverses (froid et sec) entraînent un
changement de teinte au moment
des mues. Cette homochromie
contribue aussi au succès du mimétisme chez cette espèce.
L'autotomie, qui consiste à perdre
volontairement des membres sous
l'influence d'une contrainte mécanique (prédation), est un comportement très marqué chez cette espèce.
En effet, la manipulation trop vigou-
r-
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reuse des jeunes individus pourra
vous permettre d'observer facilement
cette "amputation" ainsi que le phénomène de régénération progressive qui lui succède au fil des différentes mues jusqu'à l'état adulte.
Conditions
d)élevage
L'élevage de Carausius morosus s'effectue intégralement dans les mêmes
enceintes et dans des conditions climatiques constantes. Une cage grillagée de type garde-manger convient
tout à fait à cet élevage simple. Le
maintien de l'hygrométrie à un taux
suffisant peut s'effectuer en plaçant
des films de plastique transparent sur
la face extérieure de certaines parois.
Il convient de faire en sorte que les
phasmes puissent se déplacer et s'accrocher sur une grande partie des
surfaces de l'enceinte d'élevage. Bien
que munis de papilles adhésives sur
leurs tarses, les phasmes adultes ont
en effet du mal à se déplacer sur les
vitres ou sur d'autres supports lisses
et glissent alors au sol où ils s'entassent, s'entrelacent et se mutilent
(autotomie).
Le sol peut être nu ou garni d'un
décor sans que cela n'ait d'incidence
sur la conduite de l'élevage.
Les conditions abiotiques conseillées
sont les suivantes :
- température : 20 à 25°C, mais cette
espèce supporte des températures
avoisinant 10°C et jusqu'à 30°C,
- hygrométrie : 70%, le feuillage sera
vaporisé une fois par jour, le soir de
préférence. Il faut éviter d'arroser les
jeunes qui risquent de rester collés
sur les parois de la cage et de se
noyer,
- éclairement : un rythme lumineux
est indispensable pour que les
insectes puissent bénéficier de
phases d'alimentation nocturne et de
repos diurne. Il n'est généralement
pas nécessaire d'installer d'éclairage
d'appoint, la luminosité naturelle
ambiante permettant aux insectes de
différencier les deux phases du jour
sans difficulté.
Tous les stades de développement
de l'insecte peuvent être en présence en même temps dans un même
élevage ; on n'observe pas de cannibalisme. Une forte densité d'individus de tous stades semble favoriser
l'activité de prise alimentaire et donc
la réduction de la durée des stades
de développement. Cependant, il
faut faire attention à ne pas trop
charger les élevages pour minimiser
les risques d'autotomie liée à des
gênes trop fréquentes entre les individus. A titre indicatif, nous préconisons de ne pas dépasser la densité
de 30 adultes ou 60 moyens ou 100
jeunes par volumes de 10 litres.
Les plantes-hôtes seront présentées
sous forme de bouquets de branches
coupées dont les extrémités trempent dans l'eau.
Il est nécessaire de vérifier chaque
jour le niveau de l'eau afin que le
feuillage reste de bonne qualité
nutritive. Il doit être changé dès qu'il
commence à faner (une fois par
semaine en moyenne). Il est important de parer aux éventualités de
noyades en interdisant aux phasmes
de descendre dans le pot d'eau à l'aide d'une bourre de coton cardé placée au col du pot d'eau.
Les jeunes phasmes, très mimétiques, peuvent passer inaperçus lors
d'un renouvellement de feuillage.
Une astuce consiste à frapper
quelques coups sur les branches afin
qu'ils se laissent tomber sur le nouveau feuillage.
Le développement
des insectes
en élevage
Les femelles adultes n 'ont pas besoin
d'accouplement pour commencer à
pondre des œufs fertiles près de 15
jours après leur dernière mue.
Les œufs brun chocolat mesurent
près de 1,5 mm de diamètre sur 2
mm de haut. Au sommet, se trouve
un capuchon par lequel sortira la
jeune larve et sur le milieu duquel on
remarque très distinctement un petit
I NSECTES
"bouton" jaune.
Durant toute sa vie adulte (5 à 7
mois), la femelle pondra de 300 à
500 œufs à raison de 1 à 6 par nuit
qu'elle laissera tomber au sol parmi
les déjections.
Lors du nettoyage de la cage, il faut
prendre garde à ne pas jeter l'ensemble des déjections sans avoir
préalablement retiré les œufs qui
pourront être mis de côté dans un
petit récipient en attendant leur éclosion.
90 % des éclosions ont lieu la nuit, 2
à 3 mois après la ponte. Dès sa naissance, le jeune phasme ressemble à
l'adulte en tout point et s'alimente
des mêmes plantes-hôtes. L'œuf vide
reste souvent accroché quelques
jours à une patte ou à l'extrémité de
l'abdomen du jeune phasme.
Selon les conditions de l'élevage
(nature de la plante-hôte, température, hygrométrie ... ) l'adulte apparaît 3
à 5 mois après l'éclosion de l'œuf,
après 6 mues régulièrement espacées de 15 à 20 jours. Les exuvies
sont consommées après chaque
mue.
Durées indicatrices moyennes des
états de développement à 20-23°C :
*Elevage sur lierre
- œufs : 70 à 120 jours
- larves: 120 à 150 jours
- adultes: 180 à 200 jours
*Elevage sur ronces
- œufs : 70 à 120 jours
- larves : 80 à 120 jours
- adultes : 120 à 180 jours
Pour en savoir plus
Chopard L. , 1938 - La biologie
des Orthoptères - Ed. Paul Le
Chevalier
Guilbot R. & Corpet M. , 1978 Fiche Carausius morosus Cahier de liaison n028, Ed. OPIE
Perrier R. , 1923 - Myriapodes
et Insectes inférieurs - Faune de
France Tome III, Ed. Delagrave
Sire M., 1974 - Les élevages des
petits animaux - VoU. Ed. Paul
Le Chevalier
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