Diagnostic écologique et propositions pour le réaménagement, la

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Ligue pour la Protection des Oiseaux
Délégation Sarthe
Maison de l'Eau 43 rue de l'Esterel 72000 LE MANS  02 43 85 96 65
Photo de Jacky MELOCCO
BULLETIN ANNUEL D'ORNITHOLOGIE
De la Délégation LPO Sarthe
N° 6
2006
Le tarier pâtre n°6
(7 €)
Le tarier pâtre n°6
SOMMAIRE

DIAGNOSTIC ECOLOGIQUE ET PROPOSITIONS POUR LE REAMENAGE­
MENT, LA GESTION ET LA MISE EN VALEUR ECOLOGIQUE DE LA CAR­
RIERE DE LA-CHARTRE-SUR-LE LOIR
p 2 à 12
Elodie PEREZ
DONNEES SUR LES LARIDES HIVERNANT ET NICHEURS EN SARTHE
p 13 à 19
Jérôme LACAMPAGNE et Jacky MELOCCO


LES ESPECES INVASIVES NICHEUSES EN SARTHE
p 20 à 23
Jérôme LACAMPAGNE

INVENTAIRE DES AMPHIBIENS DE L’ARCHE DE LA NATURE (72 Sarthe)
Période 1998 – 2006
p 24 à 28
Rodolphe BECAN
Le tarier pâtre n°6
1
Diagnostic écologique et propositions pour le réaménagement, la
gestion et la mise en valeur écologiques de la carrière de
La-Chartre-sur-le-Loir
Face à la raréfaction des zones humides, véritables réservoirs de biodiversité, les carrières en
eau peuvent, si elles sont aménagées et gérées écologiquement, constituer un biotope de substitution
de grand intérêt.
A la demande de la Ligérienne granulats, entreprise d'exploitation de carrières, la LPO de la
Sarthe a, pris en charge en 2006, le projet de réaménagement écologique de la carrière en eau de LaChartre-sur-le-Loir.
Cette étude intervient dans le cadre d'une demande d'autorisation d'extension de la carrière et
de réaménagement, auprès de la commune.
Localisation géographique et configuration du site
(www.hotel-france.com, Institut d'Ecologie Appliquée, 2002)
La présente étude a été réalisée, de mars à décembre 2006, par Elodie Perez, venue effectuer
son stage de Master 2 Gestion de la Biodiversité au sein de l'association durant 5 mois. Sa mission,
avec l'aide de Frédéric Lécureur, chargé d'étude à la LPO 72, fût de réaliser le diagnostic écologique
du site (zone achevée d'exploitation et zone de la future extension) afin de proposer des
aménagements contribuant à la conservation et à l'augmentation de la richesse spécifique
faunistique et floristique. Des propositions d'aménagement quant à l'accueil du public ont également
été émises.
Le tarier pâtre n°6
2
1. Présentation de l'étude
L'élaboration du plan de réaménagement intègre les objectifs écologiques du site par la
détermination des espèces présentes et à accueillir, afin d'établir les habitats à conserver, créer et
gérer. Une première phase de l'étude a ainsi été d'inventorier les différentes espèces animales et
végétales du site, sur la zone en cours de réaménagement comme sur la zone du projet d'extension.
•
Description du site
La carrière de La Chartre est de type alluvionnaire c'est-à-dire qu'il s'agit d'une exploitation de
gisements de granulats en zone fluviatile.
Située dans la plaine alluviale, elle se trouve sur un axe de migration biologique privilégié.
Lors des sorties de terrain effectuées sur le site, nous avons pu déterminer six habitats
caractéristiques sur la partie en cours de réaménagement :
- l’étang d'une superficie d'environ 33 ha
- les berges
- les îlots
- les haies
- la zone sablo-caillouteuse à tendance
steppique, ancienne plate-forme de traitement
- la vasière à substrat argileux, ancien bassin
de décantation.
L'étang de la carrière de LaChartre-sur-le-Loir
(E. Perez/LPO72)
Et sur la zone de la future extension :
- les prairies permanentes méso-hygrophiles
- les arbres têtards : vieux arbres dont le mode de taille
traditionnel a formé des cavités favorables à l'implantation
d'espèces animales et végétales
- les mares permanentes.
Frênes têtards, photo
prise sur le site
(E. Perez/LPO72)
Le tarier pâtre n°6
3
•
Matériel et méthodes
Les groupes systématiques animaux retenus pour l'étude, Batraciens, Oiseaux, Reptiles et
Insectes (Coléoptères saproxylophages), ont été choisis en fonction de leur représentativité par
rapport aux milieux observables mais aussi en fonction du degré de faisabilité (et de cohérence) des
inventaires.
Il a été effectué mensuellement de une à trois sorties sur le site, portant à 16 le nombre total
de journées de prospection. L'identification s'est faite par identification visuelle, auditive ou par
indices de présence, et, dans le cas des reptiles par un protocole de « plaques-refuge ».
Celles-ci ont eu lieu en fonction des périodes de l'année où l'intérêt pour les différents
groupes systématiques est reconnu. L'ensemble des protocoles a pour but une détermination
qualitative des espèces, avec une attention particulière portée sur les espèces ayant un statut de
protection élevé.
Concernant la flore, il n’a pas été réalisé d’inventaire exhaustif, la recherche (une journée en
mai) s'est donc axée sur les espèces protégées et les espèces permettant de caractériser différents
milieux.
2. Résultats
•
Oiseaux
Après trois saisons d'inventaire sur le site de la carrière (printemps, été et automne 2006), la
diversité spécifique constatée est importante : 75 espèces recensées au total à ce jour, dont 54 se
reproduisent de façon certaine ou probable sur le site.
Parmi ce grand nombre d'espèces, 50 sont intégralement protégées au niveau national, dont 10
appartiennent à l'Annexe I de la Directive Oiseaux (Busard des roseaux, Pie-grièche écorcheur,
Grande aigrette...).
Les 75 espèces se sont réparties dans le temps de la façon suivante :
- 44 espèces sont sédentaires sur le département et 38 se
reproduisent de façon certaine ou probable sur le site. Pour les 6
autres, soit elles nidifient à proximité (Mouettes rieuses, Busard
des roseaux...), soit elles utilisent le site uniquement pour
s'alimenter (Héron cendré...).
Busard des roseaux,
Circus aeruginos
(A. Audevard/LPO)
Le tarier pâtre n°6
Bruant des roseaux, Emberiza
schoeniclus
(J. melocco/LPO72)
4
- 24 sont estivantes dont 16 viennent certainement ou probablement se reproduire sur la
carrière. Les 8 espèces restantes ont, soit, niché à proximité du site (Bondrée apivore, Sterne
pierregarin), soit, effectué une halte migratoire sur le site. Dans les deux cas, elles ont utilisé le site
comme zone d'alimentation (hirondelles, Martinet noir, Guifette noire etc.)
Petit gravelot, Charadrius dubius
(J. melocco/LPO72)
Pie-grièche écorcheur, mâle et femelle, Lanius collurio
(P. Houalet/LPO72)
- 7 espèces sont hivernantes avec aussi bien des canards plongeurs que de surface. Cette forte
présence d'hivernants semble résulter, aux premiers abords, de la quiétude du lieu (non chassé) mais
aussi certainement de milieux favorables à leur mode de vie : les divers aménagements d'ors et déjà
réalisés leur offrant des habitats variés (zones d'alimentation, de reproduction convenant à
différentes espèces).
Du point de vue spatial, on constate qu'il y a autant
d'oiseaux sur le plan d'eau réaménagé que sur la
zone d'extension.
Par contre, qualitativement, on trouve, sur la zone
réaménagée, une majorité d'oiseaux d'eau alors que,
sur la zone de la future extension, il s'agit d'espèces
inféodées aux prairies permanentes. Ce cortège, très
intéressant, regroupe de nombreuses espèces
remarquables du fait de leur rareté et/ou de leur
Le tarier pâtre n°6
Canard souchet, Anas clypeata
(J.L. LE Moigne/LPO)
5
statut de protection : Busard des roseaux, Pie-grièche écorcheur, Bruant des roseaux, Alouette des
champs, Bergeronnette printanière, Courlis cendré.
Mais aussi un cortège de « fauvettes paludicoles », Rousserolle effarvate, Cisticole des Joncs,
Locustelle tachetée.
•
Amphibiens
Trois grenouilles appartenant à l'Annexe V de la
Directive Habitat (Grenouille rousse, Grenouille verte et
Grenouille rieuse) ont pu être contactées ainsi que le Crapaud
commun. En considérant la configuration actuelle de
l'ensemble du site, la diversité des espèces de batraciens
pourrait être bien supérieure mais cette absence atteste de la
dégradation de leurs habitats, particulièrement sur la zone
d'extension.
Grenouille rieuse, Rana ridibunda,
photo prise sur le site
(E. Perez/LPO72)
• Reptiles
Malgré la prospection rigoureuse des bâches, les recherches visuelles systématiques, et
l'apparence d'habitats propices, aucun reptile n'a pu être contacté sur le site de la carrière lors des
inventaires.
•
Insectes (Coléoptères saproxylophages)
Une seule espèce a été trouvée sur l'extension. Il s'agit de Dorcus parallelipipedus, espèce en
déclin comme la plupart des insectes saproxylophages sarthois (Lucane cerf-volant, Pic-prune,
Grand capricorne...). Ses habitats de prédilection sont les vieilles souches et le bois à terre, autant
d'éléments très peu présents sur le site. Cet inventaire avait pour but de confirmer la nécessité de
combler cette carence.
•
Flore
Sur la zone réaménagée, on voit apparaître une
mosaïque de milieux formée par 3 cortèges floristiques
différents : une végétation prairiale (prairies, pelouses...),
une végétation aquatique se répartissant entre l'eau libre
et la terre ferme (fossés, bords des eaux...), et en grande
majorité, une végétation pionnière (déblais, terrains
vagues) attestant de la jeunesse du site.
Le site de la future extension présente, lui,
majoritairement une végétation caractéristique du milieu
prairial humide. En effet, on y trouve : Reine des prés,
carex, trèfles, Cresson des fontaines, iris etc. Néanmoins, Pigamon jaune avant la floraison, photo
il faut souligner la présence de deux espèces prise sur le site (E. Perez/LPO72, 2006)
remarquables, l'Oenanthe intermédiaire, Oenanthe
silaifolia, et le Pigamon jaune, Thalictrum flavum, taxons rares au niveau départemental et régional.
Le tarier pâtre n°6
6
3. Analyse
•
Sur la zone réaménagée
L'analyse des résultats montre que le plan d'eau actuel, même s'il est déjà largement fréquenté
par la faune, n'offre pas un panel d'habitats suffisant pour permettre un accueil floristique et
faunistique optimal.
Le projet d'extension est en cela grandement intéressant car il offre l'opportunité de créer de
nouveaux habitats ou de recréer des habitats existants propices.
•
Sur la zone de la future extension
La zone de la future extension comporte des habitats remarquables : prairies alluviales,
buissons, mares... Par conséquent, la destruction d'un tel milieu peut être dommageable. Même si la
mise en eau permettra la création d'aménagements favorables à la biodiversité du plan d'eau, il est
toutefois nécessaire de conserver et d'améliorer une partie des habitats originels de ce site :
- maintenir les parcelles prairiales non exploitées, et en assurer une gestion traditionnelle ;
- créer ou restaurer les milieux dégradés en raison de leur abandon (mares, arbres têtards...).
Le tarier pâtre n°6
7
4. Propositions d'aménagement écologique et gestion des milieux
Les orientations choisies concernant le réaménagement de la carrière de La-Chartre sont
schématisées sous forme d'une carte.
La carrière de La Rougeraie, configuration après réalisation des aménagements proposés
(fond de carte de l'Institut d'Ecologie Appliqué, Orléans, 1999, modifié par E. Perez/LPO72 et C.
Perez, 2006)
Le tarier pâtre n°6
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Afin de clarifier ces propositions, il a été choisi de séparer les milieux favorables à conserver
déjà présents sur le site, de ceux qui, inexistants sur le site, seront à aménager pour accueillir une
biodiversité optimale.
•
Milieux favorables présents sur le site, à maintenir, gérer voire à reproduire sur
l'extension
Comme nous avons pu le voir après analyse de nos résultats, différents milieux existants sur
le site accueillent une faune et une flore riches et variées. Ces milieux doivent donc être maintenus
et gérés écologiquement, et, dans le cadre d'une future extension, certains d'entre eux pourront y
être reproduits :
- berges en pente douce : interface entre le milieu terrestre et le milieu aquatique à déclivité
faible et progressive. Zone primordiale pour l’alimentation des oiseaux, en particulier pour les
canards de surface.
- zone sablo-caillouteuse à tendance steppique :
milieu sablo-caillouteux à végétation rare et basse. Habitat
favorable pour certains oiseaux, notamment le Petit
gravelot, la Bergeronnette grise, mais aussi certains,
insectes et reptiles.
Zone sablo-caillouteuse, photo
prise sur le site
(E. Perez/LPO72)
- berges escarpées : berges érodées par la houle et le vent formant des micro-falaises. Milieu
indispensable à la nidification de l'Hirondelle de rivage et du Martin-pêcheur notamment.
- îlots : étendue de terre émergée de l'étang au couvert végétal plus ou moins dense. Milieu
très favorable à la tranquillité et à la nidification de certains oiseaux qui pondent au sol, Canard
colvert, par exemple.
- saulaie : bosquet de saules offrant un lieu de nidification à certains Passereaux : Hypolaïs
polyglotte, Fauvette grisette par exemple aux anatidés, et d'hibernation à la Grenouille verte.
- arbres têtards : vieil arbre au sommet de tronc renflé, dû à un mode de taille traditionnel se
creusant de nombreuses cavités remplies de terreau. Gamme d'habitats convoités par de nombreuses
espèces animales, en particulier les espèces cavernicoles.
- prairies : terrains enherbés soit fauchés
tardivement, soit pâturés de manière extensive avec
maintien de touffes herbeuses. Milieu propice à de très
nombreuses espèces animales (amphibiens, mammifères,
oiseaux, insectes) et végétales.
Prairie semi-humide de la zone d'extension de la carrière
(E. Perez/LPO72)
Le tarier pâtre n°6
9
- haies : formation arbustive, d'âges, de composition et de structure divers. Milieu de vie très
riche et jouant de nombreuses fonctions écologiques (déplacements, alimentation, reproduction,
écran de protection...).
- mares : petites étendues d’eau stagnante, de surface réduite et de faible profondeur. Faune et
flore riches (plantes et insectes aquatiques, amphibiens, odonates).
•
Milieux favorables non présents sur le site, à créer et gérer pour augmenter la
richesse spécifique
Etant donnés le potentiel de la carrière et les qualité et quantité de certaines populations
avifaunistiques déjà présentes, il est certain que des aménagements écologiques complémentaires
pourraient répondre aux besoins de la faune et flore inféodées aux zones humides.
- radeaux à sternes : structure flottante arrimée à un piquet planté au fond de l'étang et
remplie de graviers favorisant la nidification des sternes.
- saulaie inondée : formation de saules dont les
racines se situent sous la ligne d'eau. Milieu propice à la
tranquillité des oiseaux, en particulier à la nidification des
Ardéidés et à la formation de micro-habitats semiaquatiques variés.
Saulaie en cours de formation, photo prise sur le site
(E. Perez/LPO72)
- accidents topographiques : alternance de caps et de baies le long de la berge, presqu’îles,
hauts-fonds garnis de plantes flottantes diminuant l’intensité de l’érosion des berges. Aménagement
augmentant la capacité d’accueil de l'étang en fournissant des
lieux de repos importants.
- roselière : formation dense de roseaux aménagée de
clairières et chenaux jouant un rôle essentiel pour les espèces
paludicoles, pour les rallidés, les bécassines et les oiseaux d'eau
et qui profite également aux amphibiens et aux insectes.
Phragmitaie (E. Perez/LPO72)
- vasière : étendue argileuse occasionnellement
submergée et riche en invertébrés. Zone privilégiée pour
l'alimentation des limicoles.
Vasière contiguë à une roselière (E. Perez/LPO72)
- prairie pâturée sous verger de hautes tiges : pâturage extensif accueillant une plantation
de pommiers. Agrosystème au fort potentiel écologique mais aussi pédagogique.
Le tarier pâtre n°6
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5. Gestion de la fréquentation du public et mise en valeur du site
Un site réaménagé tel que la carrière de La Chartre-sur-le-Loir doit avoir vocation à être
fréquenté car au-delà de l'intérêt incontestable des aménagements pour la biodiversité, l'ouverture
au public est sans aucun doute un moyen efficace de sensibilisation au respect de la nature.
Cependant, elle suppose la mise en oeuvre de mesures particulières en terme d'accueil et de gestion.
•
Gestion de la fréquentation humaine
Deux entrées permettent l'accès au site. Les zones d'accueil du public, signalées par des
panneaux présentant le site, permettront de restreindre l'accès motorisé vers la zone biologique,
offrant tranquillité et sécurité à la vie sauvage et aux promeneurs. Tout autour de l'étang, un
parcours pédestre pourra être aménagé traversant les différents milieux remarquables du site. A
terme et par endroits, celui-ci pourra ressembler à un « chemin
creux », chemin ombragé typique du paysage sarthois. Afin de
protéger les zones sensibles, des barrières naturelles (haies
d'épineux, buissons denses, hautes herbes...) inciteront les
promeneurs à rester sur le sentier.
Sentier ombragé bordé de haies touffues d’épineux
(E. Perez / LPO 72)
•
Mise en valeur du site
Ces sentiers de découverte, offrant différents aspects du site et des points de vue sur le plan
d'eau, peuvent être agrémentés de divers équipements permettant d'enrichir la visite et donc d'attirer
les promeneurs. Quatre stations d'observation, avec panneaux explicatifs et/ou équipement
d'observation, seront mises en place le long du sentier d'interprétation :
- panorama sur les prairies de fauche ;
- mise en place d'un observatoire de faune donnant sur la roselière, la vasière, les radeaux à
sternes et les arbres têtards ;
- mise en place d'un promontoire permettant l'observation de la prairie sous verger ;
- mise en place d'une palissade pour l'observation de la zone sablo-caillouteuse.
Panneaux signalant la proximité d'un point d'observation, observatoire et panneau d'information
(de gauche à droite : E. Perez/LPO72, E. Perez/LPO72 et J.J. Démotier/LPO72)
Le tarier pâtre n°6
11
Conclusion
L'analyse des résultats atteste du potentiel d'accueil important de la carrière de la Rougeraie.
A l'heure où la diversité biologique est menacée, ce site joue un rôle de zone humide de substitution
de valeur écologique primordiale pour le département. Cependant, on peut ajouter que la
conservation voire l'augmentation de la biodiversité observée sur cette carrière devra passer par la
réalisation d'aménagements écologiques complémentaires.
L'orientation prédominante des propositions données dans cette étude est basée sur une
diversification des milieux et des habitats la plus large possible car c'est la diversité des biotopes qui
engendre la diversité du vivant.
Par ailleurs, la zone d'extension, dans son état actuel, comporte des habitats remarquables :
prairies alluviales, haies, mares, abritant des espèces en déclin en Sarthe (Bruant des roseaux, Piegrièche écorcheur, Busard des roseaux, Courlis cendré, Alouette des champs...) qu'il est essentiel de
protéger. C'est pourquoi, il est prévu, au cours de l'exploitation d'une éventuelle extension de
carrière, le maintien de ces habitats remarquables.
De plus, tout aménagement écologique ne voit passer sa réussite que par une gestion
rigoureuse et permanente du site, autant en période d'exploitation que dès son achèvement et ce, de
façon pérenne. Les efforts menés, autant au niveau de la création, de la valorisation que de la
gestion du site de La-Chartre-sur-Loir, aboutiront à la naissance d'une zone humide riche qui
permettra d'offrir à la vie sauvage, un milieu de vie propice et aux visiteurs, la découverte d'une
nature préservée.
Avec ces objectifs, la LPO Délégation Sarthe s'engage dans une démarche de développement
durable, aussi bien avec les carriers par la mise en oeuvre d'aménagements écologiques, qu'avec le
public par l'éducation à l'environnement.
Elodie PEREZ
Le tarier pâtre n°6
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DONNEES SUR LES LARIDES
HIVERNANTS ET NICHEURS EN SARTHE
1. Présentation générale des Laridés
La famille des Laridés qui comprend 45 espèces regroupe des palmipèdes au bec relativement
fort, les mouettes et les goélands. En règle général leurs plumages comprend quatre teintes, le
blanc, le gris, le brun et le noir, en proportion variable selon l’âge et les espèces.
Ces oiseaux qui vivent majoritairement dans les régions tempérées et froides de l’hémisphère
nord ne sont pas des oiseaux marins mais plutôt des oiseaux côtiers, voir continentaux pour certains
comme la Mouette rieuse Larus ridibundus qui niche jusqu’au centre l’Europe en Bavière (Sueur
1993).
La Sarthe accueille régulièrement trois espèces nicheuses ou hivernantes à savoir :
- la Mouette rieuse Larus ridibundus
- la Mouette mélanocéphale Larus mélanocephalus
- le Goéland Brun Larus fuscus
La Mouette rieuse Larus ridibundus
En France jusque dans les années soixante, la nidification de la Mouette rieuse était limitée à
trois régions d’étangs, la Sologne, la
Brenne, et les Dombes, à la Camargue et
aux étangs du Gard (Yésou &
Isenmann). Son effectif nicheur était
estimé entre 14 000 et 15 000 couples.
A partir des années 1965 les
populations de Mouettes rieuses
connaissent dans toute l’Europe une
progression importante.
Ainsi, en France l’évaluation de
l’enquête de 1998 donne une fourchette de 35 000 à 39 000 couples nicheurs. Depuis, les
populations se sont stabilisées et même ont probablement décrues (Dubois, Le Maréchal, Olioso,
Yésou).
Les colonies qui s’installent à 87,7 % en eau douce sont extrêmement concentrées car 12
Le tarier pâtre n°6
13
colonies regroupaient 68,9% de l’effectif national (Yésou & Isenmann) lors du recensement de
1998.
Les ilôts fluviaux et les musoirs accueillent 37,6% des nicheurs, les lacs et les étangs 30% de
l’effectif, les bassins de décantation 12,2% et les gravières 9,7% (Yésou & Isenmann).
la Mouette mélanocéphale Larus mélanocephalus
L’aire de reproduction de la
Mouette mélanocéphale a longtemps été
limitée aux rives ukrainiennes de la mer
Noire qui abritaient près de 90% de la
population mondiale (Yésou) estimée en
1952 à 6 200 couples. Une augmentation
de l’espèce, accompagnée d’une dispersion à travers l’Europe se sont produits à partir de 1950.
La première nidification en France a eu lieu en Camargue en 1965, puis en Vendée en 1984 en
Maine et Loire en 1987, Le nombre de couples nicheurs a été évalué entre 687 et 793 en 1996
(Yésou). Dans la plupart des cas la Mouette mélanocéphale niche au milieu d’une colonie de
Mouettes rieuses voir de Sternes comme en Camargue.
Par ailleurs, la Mouette mélanocéphale hiverne en France principalement sur le littoral
méditerranéen, aquitain et sur les côtes de la Manche avec un effectif évalué à 8 000 lors du
recensement de l’hiver 2004-2005 (Dubois & Jiguet).
Le Goéland Brun Larus fuscus
Le Goéland brun est un oiseau nicheur sur les côtes ouest
de notre pays. Ses effectifs ont connu une progression pour
atteindre environ 23 000 couples en 1988 (Dubois et al). Depuis
un déclin est noté notamment en Normandie.
Les effectifs hivernants ont eux aussi fortement diminués
(- 43%) entre les deux recensements : 96 657 en 1997-1998,
55 056 individus recensés lors l’enquête 2004-2005 (Dubois & Jiguet).
L’hivernage, rare à l’intérieur des terres s’est développé surtout en Pays de la Loire.
La fermeture progressive des décharges à ciel ouvert est sans doute l’une des explications de
ces fluctuations.
Le tarier pâtre n°6
14
Le Goéland cendré Larus canus
Avec 35 couples estimés en 1990, le Goéland cendré est un nicheur sporadique en France
(Dubois et al). L’espèce hiverne en France avec des effectifs qui augmentent lors des vagues de
froid. La plus grande partie des hivernants sont localisés en Basse Normandie, 25 800 individus sur
58 580 lors du recensement 2004-2005.
2. Le recensement des Laridés hivernants 2004/2005
Au cours de l’hiver 2004/2005, la revue Ornithos a initié un recensement des Laridés. En
effet, les précédents recensements dataient de 1984 et de l’hiver 1995-1996.
Trois raisons ont guidé ce choix:
- la dynamique des populations des Laridés contrastée suivant les espèces.
- la valeur patrimoniale des Laridés notamment pour définir et désigner une zone humide
d’importance régionale, nationale ou internationale.
- l’organisation par les britanniques du BTO d’un recensement hivernal sur trois ans des Laridés ce
qui permettait de comparer, au moins partiellement, les effectifs hivernants de ces deux pays.
Tous les goélands et mouettes, mais aussi les labbes, les sternes et les guifettes faisaient partie de
l’enquête.
Le protocole :
Le protocole prévoyait de compter les laridés au dortoir au moment de leur arrivée, c’est-àdire avant le crépuscule et jusqu’à la nuit :
- par comptage direct du dortoir si possible,
- par comptage sur les différentes voies d’arrivée si le comptage direct n’est pas possible.
La date choisie pour l’enquête a été la période comprise entre le 15 décembre et le 15 janvier et si
possible les week-ends du 11-12 et 18-19 décembre, c'est-à-dire les proches possibles de ceux
choisis en 1996, et ce afin de faire d’éventuelles comparaisons.
L’étude en Sarthe :
Cinq sites, la Ferté Bernard (les Ajeux), La Flèche (La Monnerie), Le Mans (lac des Sablons et port
du Mans), Marçon ont été prospectés pendant la période prévue par le protocole.
Le tarier pâtre n°6
15
Deux sites Connerré (étang Peloin), et Arnage (la Gémerie), ont fait l’objet d’une prospection
quelques semaines après.
Seules trois espèces ont été recensées :
- la Mouette rieuse (Larus ridibundus) avec un effectif global de 3 728 individus, dont 72% des
observations sur deux sites, La Monnerie à la Flèche et Marçon.
- le Goéland brun (Larus fuscus) essentiellement présent sur le plan d’eau de Marçon.
- le Goéland cendré, (Larus canus) un individu à Connerré sur l’Etang Peloin.
SARTHE Hiver 2004-2005
COMMUNE
Lieu-dit
Personnes chargées du
recensement
date du
Mouette Goéland
recensement rieuse
brun
Goéland
cendré
Arnage
La Gémerie
J. Lacampagne
28-janv
500
0
0
Connerré
Etang
Peloin
J. Renoult
24-déc
84
2
1
La Ferté
Bernard
Les Ajeux
F. Jallu
12-déc
34
0
0
La Flèche
La Monnerie C&B. Basoge, A. Breteau
11-déc
1 500
1
0
Le Mans
Lac des
Sablons
A. Charbonnier, J.
Lacampagne, A.Ponton
18-déc
260
0
0
Le Mans
Port du
Mans
M.&J. Melocco
18-déc
150
0
0
Marçon
Plan d'eau
R. Bourguigneau et A. Ponton
18-déc
1 200
550
0
3 728
553
1
Total
La comparaison avec l’enquête de 1996/1997 montre :
- une certaine stabilité des effectifs de Mouette rieuse, 3 500 en 1996/1997, et 3 728 en 2004/2005
si l’on inclus les observations du 24 décembre et du 18 janvier.
- une augmentation du dortoir de Goéland brun de Marçon qui est passé de 90 individus en
1996/1997 à 553 en 2004/2005 soit cinq fois plus.
- quant au Goéland cendré il reste un hivernant rare, 4 en 1996/1997, 1 en 2004/2005.
Le tarier pâtre n°6
16
recensement
Mouette
rieuse
Goéland
brun
Goéland
cendré
1996/1997
3 500
90
4
2004/2005
3 728
553
1
3. La nidification des Laridés en Sarthe
L’enquête menée en 2005 a permis de comptabiliser la nidification régulière de deux espèces
de Laridés, la Mouette rieuse et la Mouette mélanocéphale.
La Mouette rieuse Larus ridibundus
Seuls deux sites situés sur des carrières dans la vallée de la Sarthe, sauf oubli, hébergeaient
une colonie de Mouettes rieuses en 2006. Le total des couples nicheurs s’élevaient à 110.
MOUETTE RIEUSE
Commune / lieu-dit
Date du
recensement
Nombre de
SAO
Nombre de
couples
(estimés)
Milieu utilisé
1
Allonnes / La Rouvelière
08/06/2006
35
50
Ancienne carrière
2
Fercé / Les Mézières
05/06/2006
30
60
Carrière
Total
110
N° de
colonie
En 1997 le précédant recensement indiquait 200 couples nicheurs (GSO). La diminution des
effectifs nicheurs en Sarthe correspond à la tendance observée en Europe. L’envahissement des
zones favorables aux nichées par la végétation, ainsi que la destruction des sites expliquent
probablement cette baisse des effectifs nicheurs.
La Mouette mélanocéphale Larus melanocephalus
La première nidification de l’espèce en Sarthe a été observée en 1997 à Fillé par Hervé Julliot
et Christian Kerihuel. au sein d’une colonie de Mouettes rieuses.
Avec 13 couples recensés en 2005 les effectifs sont donc en progression mais la nidification est
strictement conditionnée au maintien des sites de nidification de la Mouette rieuse.
Le tarier pâtre n°6
17
MOUETTE MELANOCEPHALE
Commune / lieu-dit
Date du
recensement
Nombre de
SAO
Nombre de
couples
(estimés)
Milieu utilisé
1
Allonnes / La Rouvelière
08/06/2006
1
3
Ancienne carrière
2
Fercé / Les Mézières
05/06/2006
6
10
Carrière
Total
13
N° de
colonie
Jérôme LACAMPAGNE et Jacky MELOCCO
Le tarier pâtre n°6
18
BIBLIOGRAPHIE :

GEROUDET P.(1959). Les Goélands et les Mouettes in Les Palmipèdes. Delachaux &
Niestlé. Neufchatel. 189 : 230.

Les Oiseaux nicheurs de la Sarthe (1991). Groupe Sarthois Ornithologique.

SUEUR F. (1993). - La Mouette rieuse. Eveil Editeur, (Angoulème) ; 72 p.

YESOU P. (1997). - Nidification de la Mouette mélanocéphale Larus melanocephalus en
France, 1965 – 1996. Ornithos 4-2 : 54 :62.

CREAU Y. & DUBOIS P.J. (1997). - Recensement des laridés hivernant en France hiver
1996 / 1997. Ornithos 4 – 4 : 174-183.

SADOUL N. & RAVEL P. (1999) Mouette mélanocéphale Larus melanocephalus -in Ro­
camora ,G.G ;& YEATMAN - BERTHELOT, D.(1999) - Oiseaux menacés et à surveiller
en France. Listes rouges et recherches de priorités. Populations. Tendances. Menaces.
Conservation. Société d’Etudes Ornithologiques de France / Ligue Pour la Protection des
Oiseaux. Paris. 242 : 243.

DUBOIS P.J. LE MARECHAL P. OLIOSO G. YESOU P. (2000). Mouette mélanocé­
phale Larus melanocephalus. Inventaire des Oiseaux de France. Nathan. Paris p 184 -185.

DUBOIS P.J. LE MARECHAL P. OLIOSO G. YESOU P. (2000). Mouette rieuse Larus
ridibundus. Inventaire des Oiseaux de France. Nathan. Paris p 188 -189.

DUBOIS P.J. LE MARECHAL P. OLIOSO G. YESOUI P. (2000). Goéland brun Larus
fuscus. Inventaire des Oiseaux de France. Nathan. Paris p 192-193

La Migration des Oiseaux en Sarthe (2000). Groupe Sarthois Ornithologique

YESOU P. & ISENMANN (2001) - La nidification de la Mouette rieuse Larus ridibundus
en France. Ornithos 8-1 :136-149.

DUBOIS P J.& JIGUET F. (2006) – Résultats du 3 ème recensement des laridés hivernant
en France (hiver 2004 – 2005).Ornithos 13 - 3 :146 - 157.

YESOU P. & ISENMANN (2001) – La nidification de la Mouette rieuse Larus ridibun­
dus en France. Ornithos 8-1 :136-149.
Le tarier pâtre n°6
19
LES ESPECES D’OISEAUX ENVAHISSANTES
EN SARTHE EN 2005
Depuis plusieurs années des espèces d’oiseaux non indigènes, le plus souvent introduites par
l’homme, se sont naturalisées en France. Certaines qui nichent régulièrement sont inscrites dans la
catégorie C de la liste des Oiseaux de France.
Cette catégorie rassemble :
-les espèces introduites ou échappées de captivité en France métropolitaine depuis plusieurs
années, qui ont fait souche et qui s'y maintiennent par leur propre reproduction en milieu naturel,
sans apport supplémentaire d'origine humaine.
-les espèces introduites ou échappées de captivité hors de France, qui répondent aux mêmes
critères, et qui sont observées en France lors de leurs déplacements spontanés.
Parfois comme l’Ibis sacré Threskiornis aethiopicus ou l’Erismature rousse, Oxyura
jamaicensis, ces espèces constituent une menace pour la nidification d’autres oiseaux.
Ainsi plusieurs cas de prédations par l’Ibis sacré ont été rapportées, sur des colonies de
Guifettes noires ou de Sternes caugeks.
Quant à l’Erismature à tête rousse, elle menace directement les populations d’Erismature à tête
blanche Oxyra leucocephala d’Espagne
La LPO France a donc décidé de lancer en 2005 une enquête destinée à faire le point sur le
statut, la distribution, les effectifs et leur tendance.
La LPO Sarthe les recherches sur le département.
1 seule espèce parmi celles
répertoriées par l’enquête est nicheuse
dans le département :
La Bernache du Canada
Branta canadensis
La Bernache du Canada est une
espèce originaire d'Amérique du Nord
introduite en Grande Bretagne au
18ème siècle et en Suède dans la
première moitié du 20ème siècle.
Le tarier pâtre n°6
20
Elle s’est depuis répandue dans une partie de l’Europe du nord.
Elle se rencontre à l'état sauvage et surtout dans le nord de l'Europe. En France, elle a été
introduite notamment dans le Pas-de-Calais, en Sologne et sur l'étang de Saint-Quentin-en-Yvelines
(près de Rambouillet).
Le cou, le bec et la tête sont entièrement noirs hormis les joues et la gorge qui sont blancs. La
queue est noire, le croupion et le bas-ventre blancs, le reste du corps brun gris avec des liserés plus
clairs.
Parmi les Bernaches, la Bernache du Canada est la plus grosse espèce représentée en Europe.
L’espèce est connue nicheuse en Sarthe depuis 2003
La première mention de la nidification remonte au 1er mars 2003 avec 7 jeunes et 4 adultes
observés par Roland Pellion. sur les étangs de Loudon (point 1 sur la carte) situés sur la commune
de Parigné l’Evêque.
Il s’agit d’un complexe d’étangs forestiers au sud est du Mans qui abrite sur l’un d’eux une
héronnière d’une soixantaine de nids de Hérons cendrés.
La nidification de la Bernache du Canada se
poursuit sur ce site les années suivantes sur le même
lieu :
En 2004 :
- 1 jeune observé avec deux adultes le 26 avril et le
28 juillet (Christian Kerihuel). A A cette date
tardive, l’importance de la végétation explique peutêtre que les autres jeunes soient passés inaperçus, à
moins qu’il s’agisse d’une prédation.
En 2005 :
- 2 adultes et 6 jeunes sont présents le 25 juillet et toujours sur le site le 14 août. (J.Lacampagne)
En 2006 :
- 2 adultes et deux poussins le 7 mai et 4 adultes et 9 jeunes le 5 juin (J. Lacampagne)
L’espèce est aussi observée en période inter nuptiale :
- le 12 octobre 2003, 35,à St Ouen en Belin, sur l’étang de « Clairefontaine » (point 2 sur la carte)
situé à environ 15 km au sud du Mans (Frédéric Vaidie).
- le 15 octobre 2003 31, à St Gervais en Belin (point 3 sur la carte) s’alimentant dans une éteule de
colza (Jean-Yves Renvoisé). Il s’agit très certainement du même groupe que précédemment.
Le tarier pâtre n°6
21
- le 5 septembre 2004, 21 sur le même site (Jean-Yves Renvoisé)
- le 28 janvier 2005, 40 à Fillé-sur-Sarthe, étang « Le Mortier » (point 4 sur la carte), dont une
leucique (Christophe Corvaisier)
- le 7 mai 2005, 8 à Voivres-les-le
Mans, (point 5 sur la carte) dans une
prairie humide, une ancienne
carrière en voie de comblement
(Jérôme Lacampagne).
- le 26 février 2006, 6 à Fillé-surSarthe, étang « Le Mortier » (Jérôme
Lacampagne)
- le 28 mai 2006, deux couples de 2
et 5 à 6 jeunes sur les étangs de
Loudon (point 1 sur la carte) situés
sur la commune de Parigné l’Evêque
(Raphaël Chaussis)
- le 14 octobre 2006, 30 sur la
commune d’Etival lès le Mans sur
une éteule de maïs (Jérôme
Lacampagne)
L’ensemble des lieux où la Bernache du Canada a été observée en Sarthe sont pour les plus éloignés
distants de 20 km (Loudon – Voivres)
Bernache nonette Branta leucopsis
- 6, le 28 avril 2006 sur le plan d’eau de la Chartre sur le Loir (Benjamin Même-Lafont)
- 1, le 30 octobre 2006 sur le plan d’eau de la Chartre sur le Loir (J.Lacampagne)
Ces deux observations sur le même lieu à 6 mois d’intervalle font penser à des individus acclimatés.
Cygne noir Cygnus atratus
Quelques observations notées, mais probablement d’autres non relevée par les ornithologues locaux
Vallée de l’Huisne à l’est du Mans
- 25 juillet 2003 1 individu sur l’Huisne qui marque son hostilité à notre passage en canoë par des
chuintements (Jean-François Sesma et J. Lacampagne)
- septembre 2004
1 individu sur l’étang Pelloin à Connerré (J.Lacampagne)
Le tarier pâtre n°6
22
A ce jour pas de cas de nidification avérée ou même suspectée.
Ibis sacré Threskiornis aethiopicus
Deux individus échappés du « Jardin des Oiseaux » à Spay (10 km au Sud du Mans) ont été
observés en 2005 aux alentours. Ils auraient été re capturés par la suite.
Bibliographie :
•
PERENNOU, C., (2003).. Protection de l’Erismature à tête blanche Oxyura leucocephala
en France. Ornithos 10-6.
•
VASLIN, M., (2005). Prédation de l’Ibis sacré Threskiornis aethiopicus sur des colonies de
sternes et de guifettes. Ornithos 12-2.
Jérôme Lacampagne
Le tarier pâtre n°6
23
INVENTAIRE DES AMPHIBIENS
DE L'ARCHE DE LA NATURE (72-SARTHE) :
Période 1998 - 2006.
par Rodolphe BÉCAN
3, rue du Château F-72330 La Fontaine-Saint-Martin
[email protected]
Située à proximité de l'agglomération mancelle (bois de Changé et bois de l'Épau), l'Arche
de la Nature s'étend sur près de 450 ha, dont 350 en secteur boisé. Propriété de la collectivité Le
Mans Métropole, le site offre la particularité de présenter divers habitats favorisant ainsi une
biodiversité non négligeable.
Animateur-nature au sein de cette structure, je prospecte et inventorie les Amphibiens
présents sur le domaine depuis 1998. A ce jour, 11 espèces ont été recensées sur les différents
biotopes de l'Arche de la Nature (cf. tableau 1).
Selon une étude Conservatoire du Patrimoine Naturel Sarthois (CPNS), la Sarthe
comptabilise 15 espèces d'Amphibiens : 6 Urodèles et 9 Anoures. L'Arche de la Nature accueillerait
donc 70 % des espèces ce qui en fait un lieu primordial dans la sauvegarde de ces animaux.
Classification
URODELES
ANOURES
Nom scientifique
Nom vernaculaire
Statut régional
Salamandra salamandra
Salamandre tachetée
Triturus helveticus
Triton palmé
Triturus vulgaris
Triton ponctué
Rare
Triturus cristatus
Triton crêté
Vulnérable
Triturus marmoratus
Triton marbré
Vulnérable
Bufo bufo
Crapaud commun
Bufo calamita
Crapaud calamite
Hyla arborea
Rainette verte
Rana dalmatina
Grenouille agile
Rana ridibunda
Grenouille rieuse
Rana kl. esculenta
Grenouille verte
Rare
Tableau 1: Liste des espèces présentes à l'Arche de la Nature.
Les sites de reproduction à Amphibiens offerts par le site appartiennent à trois écosystèmes :
- les fossés et mares forestières,
- les mares bocagères des alentours de la ferme de la Prairie (en y incluant la zone humide),
- la mare et les flaques d'eau temporaires de l'ancienne carrière au lieu-dit La Blanchardière
(ZNIEFF de type 1, n° 40220001).
Le tarier pâtre n°6
24
LISTE COMMENTÉE DES ESPÈCES
Salamandra salamandra (LINNE, 1758)
La salamandre tachetée reste très présente sur le site. Les adultes se rencontrent
essentiellement de janvier à mars dans les mares forestières au moment de leur reproduction. Les
larves sont visibles toute l'année.
Triturus helveticus (RAZOUMOVSKY, 1789)
Le triton palmé reste le triton le plus commun du site. Il est présent aussi bien dans les mares
forestières que dans les mares bocagères.
Triturus vulgaris (LINNE, 1758)
Malgré son nom (vulgaris), le triton ponctué semble être bien rare sur le domaine. Je ne l'ai
rencontré qu'à une seule reprise (1 mâle en mars 2006), dans une mare située sur l'ancienne carrière
de la Blanchardière.
Triturus cristatus (LAURENTI, 1768)
Ce triton a été observé à plusieurs reprises dans les mares bocagères. Présent également dans
la mare de La Blanchardière. Ne semble pas rare.
Triturus marmoratus (LATREILLE, 1800)
Le triton marbré ne se rencontre que dans une seule mare forestière alimentée par une
source, située dans une parcelle dominée par les pins maritimes. L'eau y est très claire et fraîche, la
végétation étant quasi absente. A partir de février, on peut y voir les adultes, les accouplements
s'observant préférentiellement en mars. Plus de 10 adultes sont comptabilisés tous les ans dans cette
mare.
Triturus marmoratus (Mars 2006)
Le tarier pâtre n°6
25
Bufo bufo (LINNE, 1758)
Très présent, le crapaud commun se reproduit en masse en février-mars dans l'étang situé
près du parking de Verger. Chaque année on peut y dénombrer plus de 200 couples. La période des
accouplements ne dure pas plus de 5 jours.
Bufo bufo (Mars 2006)
Bufo calamita (LAURENTI, 1768)
Le crapaud calamite se reproduit exclusivement sur le site de la Blanchardière dans des
mares temporaires peu profondes (5 à 10 cm). Les accouplements ont lieu essentiellement en avril.
Plus de 70 adultes y ont été comptabilisés durant les années 2001 et 2002.
Hyla arborea (LINNE, 1758)
A ce jour, la rainette verte ne semble être présente que sur le site de la Blanchardière. Elle
peut se rencontrer dès mars, mais son activité optimale (chant des mâles) s'observe au début de l'été.
Rana dalmatina (FITZINGER IN BONAPARTE, 1838)
La grenouille agile se rencontre partout. Elle est très abondante en février-mars, au moment
de sa reproduction.
Rana ridibunda (PALLAS, 1771)
En aôut 2006, une grenouille de grande taille a été découverte morte près de la ferme de la
Prairie. Cette dernière a été identifiée par Pierre-André Crochet (CNRS-UMR, Centre d'Écologie
Fonctionnelle et Évolutive, Montpellier) comme appartenant au groupe ridibunda/bedriagae.
Rana ridibunda (Août 2006)
Le tarier pâtre n°6
26
Rana kl. esculenta (LINNE, 1758)
La grenouille verte se rencontre abondamment dans toutes les mares bocagères aux
alentours de la ferme de la Prairie. Il existe probablement plusieurs espèces différentes, mais leur
identification reste problématique. Une étude pourrait être menée sur le sujet.
Hyla arborea (Mars 2006)
Tableau 2 : Espèces rencontrées dans les divers sites de reproduction.
Biotopes
Espèces rencontrées
Mares forestières
Salamandra salamandra, Triturus helveticus,
Triturus marmoratus, Rana dalmatina.
Bufo bufo, Rana dalmatina.
Etang forestier
Mares bocagères
Triturus helveticus, Triturus cristatus, Rana dalmatina,
Rana ridibunda, Rana kl. esculenta.
Flaques temporaires de
La Blanchardière
Triturus helveticus, Triturus cristatus, Bufo calamita,
Rana dalmatina.
Mare de La Blanchardière
Triturus helveticus, Triturus vulgaris, Rana dalmatina.
Tableau 3 : Calendrier d'écoute.
Espèce
Époque favorable
Bufo bufo
Février - Mars
Bufo calamita
Avril
Hyla arborea
Avril - Juin
Rana dalmatina
Mars
Rana kl. esculenta
Mai-Juin-Juillet
Le tarier pâtre n°6
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MENACES ET SENSIBILISATION
Pour la plupart des espèces, la menace principale se situe de février à mars lors des
migrations pour rejoindre les points d'eau. A cette période, en effet, nombre de grenouilles agiles et
crapauds communs sont écrasés sur les deux routes traversant le domaine de l'Arche de la Nature.
Par temps pluvieux et doux, c'est une véritable hécatombe !
Peu de solutions sont envisageables pour enrayer cette forte mortalité. Des expériences sont
réalisées en France pour aider les Amphibiens à traverser les routes (tunnels, capture dans des
seaux, filets de protection le long des routes,…) mais restent onéreuses et demandent une forte
participation humaine.
L'entretien des points d'eau (indispensables à la reproduction) reste primordiale dans la
sauvegarde des Amphibiens. Ainsi, depuis 1998 des mares ont été créées, d'autres nettoyées.
Le site de la Blanchardière est régulièrement nettoyé pour éviter une fermeture du milieu par
l'envahissement des pins maritimes et des ajoncs.
Enfin, il est nécessaire de sensibiliser les visiteurs du site à la connaissance et protection de
ces animaux. A cet effet, l'Arche de la Nature propose au public deux sorties annuelles en soirée.
BIBLIOGRAPHIE CONSULTÉE
ACEMAC coll., Duguet R. & Melki F. ed., 2003 - Les Amphibiens de France, Belgique et
Luxembourg. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 480 p.
CPNS, 2001 - État de prospection des Urodèles dans le département. La lettre de liaison du
Conservatoire du Patrimoine Naturel Sarthois, 7 : 5-7.
CPNS, 2002 - État de prospection des Anoures dans le département. La lettre de liaison du
Conservatoire du Patrimoine Naturel Sarthois, 8 : 5-7.
DIREN Pays de la Loire, 1999 - Liste régionale indicative des espèces déterminantes en Pays de la
Loire. Espèces animales.
MIAUD C. & MURATET J., 2004 - Identifier les oeufs et les larves des Amphibiens de France.
INRA Editions, Paris (France). 206 p.
Le tarier pâtre n°6
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Le tarier pâtre n°6
Le TARIER PATRE - Bulletin édité par la Délégation LPO Sarthe
Adresse : Maison de l'Eau, 43 rue de l'Esterel, 72000 LE MANS
Directeur de publication : J. LACAMPAGNE / Mise en page : J. LACAMPAGNE.
Ont participé à l'élaboration de ce numéro: Rodolphe BECAN, François CUDENNEC, Patrick
HOUALET, Jérôme LACAMPAGNE, Frédéric LECUREUR, Jacky MELOCCO, Elodie PEREZ.
 LPO 2006 La reproduction des textes et illustrations, même partielle et quel que soit le procédé
utilisé, est soumise à autorisation.
Le tarier pâtre n°6
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