7152_C10 26/07/06 13:02 254 Chapitre 10 Page 254 Structure de l’ADN et analyse hélice dépourvue de guanine. Ces deux formes ont également moins de paires de bases par tour : respectivement 8 et 7. En 1979, une autre forme d’ADN, l’ADN-Z, a été découverte par Andrew Wang, Alexander Rich et ses collègues, lors de l’observation d’une petite molécule d’ADN constituée uniquement des bases C et G. L’ADN-Z possède une conformation de double hélice gauche très particulière (voir figure 10.17). Comme l’ADN-A et –B, l’ADN-Z consiste en deux brins antiparallèles maintenus ensemble par un appariement de bases du type Watson-Crick. L’ADNZ reste cependant très différent. La douADN-B ble hélice gauche a un diamètre de 18 Å et contient 12 bases par tour, et sa conformation est en zigzag (d’où son nom). Le grand sillon présent dans l’ADN-B est inexistant dans l’ADN-Z. Des recherches plus récentes, effectuées par Jean-François Allemand et ses collègues, ont montré que si l’ADN était artificiellement étiré, il se présentait sous une autre forme, l’ADN-P (en hommage à Linus Pauling). L’ADN-P est différent de l’ADN-B : la molécule est plus longue, plus étroite, et les groupements phosphate, situés à l’extérieur pour l’ADN-B, sont à l’intérieur de la molécule d’ADN-P. Les bases azotées, présentes à l’intérieur de l’hélice dans l’ADN-B, sont serrées contre la surface externe de l’hélice dans l’ADN-P, et il y a 2,62 bases par tour, contre 10,4 bases par tour pour l’ADN-B. L’intérêt des formes alternatives d’ADN, comme les formes Z et P, vient de l’hypothèse que l’ADN peut avoir d’autres formes que la forme B afin d’assurer ses fonctions de support de l’information génétique. Pendant la réplication et la transcription (quand l’ARN est synthétisé), les brins de la molécule doivent se séparer pour permettre l’accès aux enzymes ainsi qu’aux autres protéines impliquées dans ce processus. Il est possible que des changements dans la forme de la molécule puissent faciliter ces opérations. Des conformations uniques de l’ADN pourraient ainsi être reconnues au niveau moléculaire par les protéines. Quoi qu’il en soit, il est d’abord nécessaire de démontrer l’existence de ces formes alternatives de l’ADN in vivo. À vous de réfléchir Le problème 10.36 vous demande d’analyser l’ADN d’un échantillon jusque-là inconnu. Indice : Souvenez-vous qu’au début, la nature et la composition relative en bases azotées de l’ADN, jusqu’alors inconnues, ont été des informations expérimentales particulièrement importantes. ADN-A ADN-B ADN-Z ADN-A FIGURE 10.17 La moitié supérieure de la figure illustre les modèles en trois dimensions de l’ADN-B (à gauche), de l’ADN-A (au centre) et de l’ADN-Z (à droite). En dessous, représentation schématique de l’orientation des paires de bases dans l’ADN-B et –A (notez que dans l’ADN-B les paires de bases sont orthogonales à l’axe de l’hélice, alors que dans l’ADN-A elles sont légèrement inclinées et décalées). 10.9 Structure de l’ARN : chimiquement identique à celle de l’ADN, mais simple-brin La seconde catégorie d’acides nucléiques est l’acide ribonucléique, ou ARN. La structure de cette molécule est similaire à celle de l’ADN, mais avec d’importantes différences. L’ARN possède une seule chaîne de polynucléotides, le sucre ribose remplace le désoxyribose et la base azotée uracile remplace la thymine. Une autre différence importante est que l’ARN est la plupart du temps simple-brin, sauf pour deux exceptions. La première : les molécules d’ARN sont parfois capables de se replier sur elles-mêmes pour former des régions double-brin avec des bases complémentaires. La deuxième : certains virus animaux ont, comme matériel génétique, de l’ARN sous forme d’hélice double-brin. Il existe donc quelques cas où l’ARN n’est pas sous forme strictement linéaire simple-brin.